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Intervention de Madame Valérie PECRESSE, Ministre de l Enseignement supérieur et de la Recherche

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Intervention de Madame Valérie PECRESSE, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Ouverture de la conférence

« L’assurance-qualité dans les établissements d’enseignement supérieur en Europe »

Strasbourg, 9 septembre 2008

Messieurs les Ministres,

Monsieur le Président, cher Adrien Zeller, Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi tout d’abord de vous dire combien je suis heureuse d’être parmi vous ce matin pour ouvrir cette conférence consacrée à une question décisive aux yeux de la France : celle de l’assurance-qualité dans les établissements d’enseignement supérieur en Europe.

Décisive, cette question l’est également à vos yeux et il suffirait de s’en convaincre d’égrainer les noms des 40 pays qui tout au long de ces deux journées seront représentés par plus de 250 participants eux-mêmes venus de trois continents : aux côtés des Européens présents aujourd’hui, nous avons en effet le plaisir d’accueillir des experts australiens, canadiens et japonais, qui ont accepté de partager avec nous leurs expériences et leurs réflexions.

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Je tenais à les en remercier tout particulièrement, et souhaiter à tous la bienvenue dans l’une des plus belles villes de France, Strasbourg, capitale d’une région qui, par son histoire, sa culture et son tempérament était pour ainsi dire destinée à devenir également l’un des carrefours où s’invente l’Europe de demain et je sais, cher Adrien Zeller, que vous ne démentirez pas !

Je tiens à saluer l’engagement de la ville de Strasbourg, métropole européenne, mais aussi centre universitaire depuis près de cinq siècles, qui depuis un an accompagne le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour organiser cette conférence.

Tout au long de ces deux journées, nous allons travailler ensemble à imaginer les garanties d’assurance-qualité que réclament, partout en Europe, les étudiants et les chercheurs, mais aussi nos universités, désireuses qu’elles sont de disposer de toutes les armes pour affronter une concurrence internationale chaque jour plus vive.

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A l’évidence, la question de l’assurance-qualité est en effet le point où se rencontrent toutes nos préoccupations communes en matière d’enseignement supérieur et c’est donc tout naturellement que la France a choisi de la placer au cœur de sa Présidence de l’Union européenne.

Pour développer la mobilité étudiante en Europe et tirer ainsi tout le parti de l’incroyable diversité culturelle, linguistique, scientifique et intellectuelle de notre continent, il nous faut en effet offrir à chacun de nos étudiants la garantie que les semestres d’études qu’il passera dans une université étrangère s’inséreront parfaitement dans sa scolarité, lui permettant ainsi de suivre un véritable cursus universitaire européen.

Aussi le développement des garanties de qualité des formations est-il le corollaire et donc la condition de l’essor de la mobilité étudiante en Europe.

De la même manière, au moment où l’influence des grands classements internationaux des universités se fait chaque jour plus sentir, il nous faut réfléchir ensemble aux critères qui permettraient de construire un véritable classement européen des universités, qui refléterait mieux que ne le font les palmarès actuels les atouts singuliers des établissements européens d’enseignement supérieur.

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Car s’il nous faut sans aucun doute accepter que des universités étrangères puissent porter un certain regard sur nos formations et sur nos établissements, s’il nous faut également tirer toutes les leçons de cet exercice, quelquefois déstabilisant, mais toujours enrichissant, rien ne justifie que l’Europe n’ait pas encore entrepris de jeter à son tour son propre regard sur les universités du monde. Aussi nous faut-il aller plus loin encore dans l’évaluation, pour donner à ce regard singulier les repères qui lui seront propres.

C’est pourquoi, avant les conférences de Nancy et de Nice qui aborderont en novembre prochain ces deux questions centrales que sont le développement de la mobilité étudiante en Europe et la création d’un classement européen des universités, la France a proposé à l’ensemble de ses partenaires un premier rendez-vous, exclusivement consacré à la réflexion sur l’assurance-qualité dans les établissements européens.

Dans cette conférence, je vois toutefois beaucoup plus qu’un prélude dont les succès prépareraient en quelque sorte d’autres avancées, plus importantes encore. A mes yeux, il s’agit au contraire d’ouvrir la réflexion sur l’avenir de notre enseignement supérieur en s’attachant d’emblée à ce qui constitue son cœur : l’ambition de construire des établissements d’excellence, reconnus comme tels par tous et ouverts à ce titre à tous les jeunes Européens.

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Au fondement du processus de Bologne, il y a en effet cette ambition commune aux 46 nations qui s’y sont engagées : celle d’offrir aux 31 millions d’étudiants que comptent nos 5 600 établissements supérieurs la formation d’exception à laquelle ils aspirent et de préparer ainsi l’avenir non seulement de notre jeunesse, mais aussi de nos économies et de nos sociétés.

Unis par ce même objectif, nous avons accomplis ensemble des progrès décisifs au cours des derniers mois : à Londres, où nous avons su faire vivre l’esprit de Berlin et de Bergen en décidant de créer un registre européen d’assurance-qualité pour l’enseignement supérieur ; puis à Bruxelles, où avec les premières inscriptions d’agences nationales, nous avons vu naître ce registre en mars dernier.

Désormais, nous disposons donc d’un instrument exceptionnel pour évaluer et garantir la formation des formations proposées et je suis certaine que, dans les mois à venir, nombreuses seront les agences nationales qui y figureront à leur tour.

Avec ce registre, nous avons en effet choisi de faire de la confiance le premier pilier de l’espace européen de l’enseignement supérieur : de la confiance dans les agences d’évaluation tout d’abord, mais aussi, et par contre-coup de la confiance dans les formations supérieures que ces agences auront évaluées.

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Mais avant d’aller plus loin encore et de franchir les dernières étapes qui nous séparent du but, il nous faut nous arrêter un instant et prendre le temps de la réflexion : en mettant en commun nos expériences et en travaillant ainsi à identifier les solutions plus efficaces, nous pourrons sans aucun doute surmonter les derniers obstacles qui s’offrent encore à nous.

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C’est l’objet même de cette conférence. Tout au long des deux journées qui viennent, vous allez en effet vous pencher sur deux questions essentielles et les réponses que vous nous apporterez, de même que chacune des pistes que vous envisagerez, nous permettront de faire ensemble de nouveaux pas vers notre objectif commun.

Car partout en Europe, l’enseignement supérieur se transforme et se modernise. Dès 2003, nous avions appelé à Berlin les nations européennes à offrir leur autonomie aux universités, tant celle-ci apparaissait à l’évidence être la clef de toute excellence. Mais dans le même temps, nous n’avions eu de cesse de rappeler qu’il n’est pas d’autonomie sans responsabilité et que ces mêmes universités, une fois autonomes, se devraient de rendre compte de l’usage qu’elles faisaient des libertés nouvelles qui leur étaient accordées.

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C’est pourquoi, à Berlin, puis à Bergen, nous avons ensemble choisi de faire de l’évaluation la clef de voûte de la modernisation de nos établissements. Mais pour que cette évaluation n’entre pas en contradiction avec l’autonomie nouvelle des universités, mais en devienne au contraire le premier ferment, nous avons souhaité que cette évaluation soit en premier lieu conduite par l’établissement lui-même : car qu’est-ce que l’autonomie, si ce n’est la liberté de définir une stratégie, d’en évaluer les résultats et de la modifier en conséquence ?

A cette première évaluation, il nous a toutefois paru nécessaire d’en joindre une seconde, externe à l’établissement cette fois- ci, et d’offrir ainsi à nos universités un second regard sur leurs décisions stratégiques et sur leurs choix pédagogiques. Pour qu’une évaluation soit pleinement féconde, elle doit en effet être ouverte et contradictoire, sans quoi elle ne pourrait que tourner à la critique stérile ou au dithyrambe inutile.

Aussi le principe d’une double évaluation, l’une interne, l’autre externe, n’a-t-il rien d’un luxe : c’est au contraire la garantie de la qualité même de l’évaluation.

Reste toutefois une difficulté, sur laquelle j’aimerais que vous vous penchiez plus particulièrement aujourd’hui : quels liens nous faut-il établir entre évaluation interne et externe, afin

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d’éviter que, loin d’être complémentaires, elles ne deviennent concurrentes ou redondantes ?

A l’évidence, pour tirer tout le fruit de cette double évaluation, il nous faut en effet apprendre à les articuler : car une agence qui se pencherait sur chaque programme de formation, sans s’attacher à la politique d’ensemble de l’établissement concerné, sans chercher à en saisir la cohérence, ne remplirait qu’une part infime de sa mission et ne respecterait que fort imparfaitement les principes retenus à Berlin, à Bergen et à Londres.

Au cœur de cette approche, il y a un effet un objectif essentiel, que je rappelais à l’instant : celui de confier à nos universités la responsabilité de porter sur elle-même le regard critique sans lequel nul ne saurait bien longtemps avancer.

Dès lors, l’évaluation externe n’a pas pour but de reprendre d’une main l’autonomie qui vient à peine d’être accordée de l’autre, mais bien d’aider les universités à aiguiser ce regard critique et de garantir ainsi à tous la qualité des formations proposées par nos établissements.

De là naît toute une dialectique qui ne cesse de nous reconduire d’une forme d’évaluation à l’autre et c’est cette dialectique que je vous propose d’explorer aujourd’hui, en

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qui pourront garantir que les dispositifs d’évaluation internes des programmes seront dignes de la confiance que chaque citoyen d’Europe place en eux.

Aussi ne puis-je qu’attendre beaucoup de vos débats à ce sujet : à la lumière de vos expériences, si riches et si diverses, je suis certaine que nous saurons mieux apporter une telle garantie, indispensable pour honorer cette confiance dont nous sommes, et à juste titre, si fiers.

*

C’est pourquoi il est tout aussi essentiel à mes yeux que ces évaluations rendent pleinement justice à nos établissements et aux atouts qui leur sont propres.

Or jusqu’ici, si nous avons su accorder toute notre attention à la qualité des formations et aux liens qu’elles doivent nécessairement entretenir avec l’emploi, nous n’avons encore qu’effleuré une autre question, tout aussi cruciale : quels liens entretiennent une recherche et un enseignement supérieur d’excellence ?

Car à l’évidence, chacune se nourrit de l’autre : depuis toujours, les universités européennes ne sont pas seulement le lieu où se transmettent tous les savoirs, mais aussi celui où s’inventent

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Aussi l’enseignement supérieur ne serait-il pleinement lui- même s’il ne permettait aux découvertes les plus récentes de se diffuser presque immédiatement dans l’ensemble de nos sociétés, permettant ainsi à la société de la connaissance de naître jour après jour.

C’est pourquoi je crois indispensable de prendre mieux en compte, dans l’évaluation de nos universités, la qualité des recherches qui s’y mènent dès lors que celles-ci ne cessent de nourrir les enseignements qui y sont délivrés.

C’est donc ce lien qu’il nous faut apprendre à mieux évaluer.

Car s’il est naturel, il n’est ni nécessaire ni systématique et rendre justice aux formations d’une université suppose alors d’apprécier avec justesse les liens singuliers qu’y entretiennent les activités d’enseignement et les travaux de recherche.

Sur ce point également, j’attends beaucoup de vos travaux : grâce à eux, nous serons en effet en mesure de mieux évaluer la qualité de chacun de nos établissements d’enseignement supérieur et d’élargir ainsi notre vision de l’excellence universitaire, qui ne peut se limiter aux seules formations, mais qui doit aussi prendre en compte les recherches qui se mènent dans chaque établissement.

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Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, vous aurez fort à faire tout au long de ces deux journées. Mais l’ampleur de la tâche qui vous attend n’a d’égale que la confiance qui est ainsi placée en vous : dès le Conseil des ministres de l’éducation de novembre prochain, je me ferai en effet votre porte-parole pour y présenter chacune de vos recommandations.

Aussi ne puis-je que vous souhaiter d’excellents travaux : je sais que, nourris de tant de regards différents et d’expériences si singulières, ils nous permettront de franchir un pas décisif en direction de notre objectif commun : l’excellence universitaire offerte à tous les jeunes Européens.

Je vous remercie.

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