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Construire et vivre dans un écoquartier. Forum Ecoquartier des Vergers, Meyrin

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Texte intégral

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Conference Proceedings

Reference

Construire et vivre dans un écoquartier. Forum Ecoquartier des Vergers, Meyrin

LAMBERT, Cédric

Abstract

A l'occasion du vernissage de l'exposition « Vivre aux Vergers », la Commune de Meyrin a organisé le 18 octobre 2012 une série de tables rondes animées par le journaliste Olivier Delhoume. Thèmes des débats: Pourquoi et comment construire un écoquartier ? Energie, innovations et label Minergie A. Aménagement des espaces publics. Vivre dans un écoquartier

LAMBERT, Cédric. Construire et vivre dans un écoquartier. Forum Ecoquartier des Vergers, Meyrin . Genève : Commune de Meyrin, 2012, 63 p.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:56108

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Sommaire

4

Grandes liGnes et chronoloGie

du projet de l’écoquartier des VerGers

Philippe maag

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pourquoi et comment construire

un écoquartier ? Doris Sfar, Cédric Lambert, Natacha Litzistorf

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définition de l’écoquartier Natacha Litzistorf

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la relation de l’écoquartier des VerGers aVec le projet d’aGGlomé- ration franco-Valdo-GeneVois.

Cédric Lambert

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les VerGers seront-ils une sorte de forteresse isolée du reste de la commune de meyrin ?

Cédric Lambert, Doris Sfar et Philippe maag

23

résultats de l’éValuation

des VerGers par l’outil

« quartier durable by smeo » Gilles Desthieux

27

complément d’information quant

aux places de parkinG

Philippe maag et marie-Paule Thomas

29

la démarche énerGétique :

une innoVation pour l’écoquartier des VerGers

olivier Balsiger

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l’énerGie : innoVations et label minerGie a à l’écoquartier des VerGers

marie-Paule Thomas, rémy Beck, Jean Brasier, olivier Balsiger

37

présentation du projet lauréat

pour l’aménaGement des espaces publics des VerGers

Philippe Convercey

43

l’aménaGement des espaces

publics de l’écoquartier des VerGers

Gilles Vexlard, Jean-Gilles Décosterd, marie-Paule Thomas, Philippe Convercey

50

ViVre dans un écoquartier

anne Labarthe, Stéphane Fuchs, Luca Pattaroni

55

conclusion de

pierre-alain tschudi maire de la Ville de meyrin

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bioGraphies des interVenants

imPreSSum

Ce livret a été imprimé à 500 exemplaires.

rédaction : olivier Delhoume

6 chemin maurice-ravel, 1290 Versoix, 079 687 69 82 – delhoume@bluewin.ch Coordination et suivi du projet : Catherine Pinguet – adrien Fohrer

Conception et réalisation : Brandlift edition : Commune de meyrin

Service de l’urbanisme, travaux publics et énergie.

impression : online Printers

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GraNDeS LiGNeS eT

ChroNoLoGie Du ProJeT De L’éCoquarTier

DeS VerGerS à meyriN

philippe maag, ingénieur communal, chef de service adjoint en charge du projet les Vergers.

Le quartier des Vergers représente une super- ficie de 160’000 m2, soit l’équivalent de 32 ter- rains de football, 152’000 m2 de surface brute de plancher pour 30 bâtiments. Ce qui com- prend 1’250 logements environ pour 3’000 ha- bitants. Soit une augmentation d’environ 15%

de la population meyrinoise. il s’agit donc d’un projet important à l’échelle de la Commune.

Dès 2001, les premières intentions ont été identifiées dans le cadre du plan directeur can- tonal qui a mis en évidence le périmètre des Vergers comme une zone d’urbanisation po- tentielle. Dès cet instant, un plan directeur de quartier a été mis en place. De 2004 à 2005, des études ont été menées. L’adoption de ce plan directeur de quartier en 2006 a permis un projet de modification des limites de zones.

adopté par le Grand Conseil de Genève, il fut validé par le Conseil d’etat en mars 2007. Le Conseil municipal de la commune de mey- rin s’est déterminé, en décembre 2007, dans le cadre d’une résolution qui confirmait l’ad- hésion à ce projet d’écoquartier aux Vergers.

Les études du plan localisé de quartier com- mencées en 2008 furent achevées en 2010. en avril 2011, le Conseil d’etat de Genève adopta le plan localisé de quartier. Des études plus poussées ont pu, alors, être mises en œuvre auprès des différents propriétaires privés et de la Commune. en janvier 2012, le concours sur les aménagements extérieurs a été lancé. Le ré- sultat de cette compétition internationale vient d’être annoncé ce 18 octobre 2012. Le lauréat

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GraNDeS LiGNeS eT ChroNoLoGie Du ProJeT De L’éCoquarTier DeS VerGerS à meyriN

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en est l’agence Territoires. Dès l’adoption par le Conseil d’etat en avril 2011 du plan locali- sé de quartier, nous avons obtenu dans l’année suivante les premières demandes d’autorisa- tion de construire des bâtiments. aujourd’hui, le service de la construction a enregistré des demandes venant de trois propriétaires privés pour un total de 411 logements. Cela repré- sente environ 30% des constructions à venir.

les spécificités de l’écoquartier des Vergers

Les terrains de ce futur quartier sont répartis entre sept propriétaires fonciers dont six pri- vés et la commune de meyrin qui détient 47%

des surfaces à bâtir de l’ensemble de ce projet.

La Commune affirme une volonté forte pour piloter et coordonner l’ensemble des opéra- tions, tant pour les équipements publics à réa- liser (réseaux d’assainissement, routes,…) que pour jouer un rôle moteur de coordination de tous les propriétaires et partenaires présents et actifs sur l’ensemble du quartier. Les rez-de- chaussée seront réservés à des commerces et à

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GraNDeS LiGNeS eT ChroNoLoGie Du ProJeT De L’éCoquarTier DeS VerGerS à meyriN

© Laurent Barlier

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des activités sur une surface de près de 10’000 m2. L’animation du quartier est un paramètre sur lequel nous avons beaucoup travaillé.

l’écoquartier des Vergers : un privilège pour tous

Nous tenons à ce que ce nouveau quartier des Vergers soit une sorte de privilège pour tous.

Tant pour ceux qui y résideront que pour ceux qui y développeront des activités. L’en- semble des meyrinois pourra aussi bénéficier de ce nouveau quartier ouvert sur la nature et riche de nombreux équipements. Les efforts et le soin apportés à ce projet, tant pour les bâtiments que les aménagements extérieurs, favoriseront un bien-vivre ensemble. Confor- mément à la loi genevoise, 60% des logements comprendront quatre pièces ou moins. C’est la possibilité d’accueillir aussi de jeunes couples et de nouvelles familles dans des logements accessibles.

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GraNDeS LiGNeS eT ChroNoLoGie Du ProJeT De L’éCoquarTier DeS VerGerS à meyriN

Plan localisé de quartier Les Vergers

© mSV architectes urbanistes sàrl rue eugène marziano 39 1227 acacias tél. 022 301 70 90

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Pourquoi eT CommeNT CoNSTruire uN

éCoquarTier ?

doris sfar, office fédéral du logement, membre du comité de pilotage du programme fédéral «projets urbains – intégration dans des zones d’habitation»

un des grands enjeux de notre société est la durabilité. Comme nous le savons, la socié- té change extrêmement vite. elle est ainsi confrontée à de nombreux défis. L’écoquartier créé pour durer, peut être considéré comme une garantie pour que les zones urbanisées gardent longtemps une certaine qualité et donc leur valeur.

cédric lambert, sociologue uniGe, conseiller administratif de Versoix

Nous sommes à une période où l’on change le modèle de développement urbain. actuel- lement, on peut souligner les nombreuses critiques au sujet de l’étalement urbain en périphérie des villes, voire en milieu péri-ur- bain ou proche des villages. on a consommé énormément d’espace pour répondre aux de- mandes croissantes de logements. on peut aussi observer un certain « mitage » des ter- ritoires dû aux zones villa qui ne cessent de croître. actuellement, nous avons besoin de créer de nouvelles zones d’habitation. mais n’oublions pas le cœur des villes ! Leur trans- formation est rendue possible par la mise à disposition de friches, conséquence de la dé- sindustrialisation. Ces nouveaux espaces offrent de nouvelles possibilités à ne pas négli- ger. Les pratiques de mobilité liées au travail pourront être accompagnées, principalement, par des infrastructures de transport public.

Ces opportunités et le désir de proposer une forme de ville de qualité avec des standards

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Pourquoi eT CommeNT CoNSTruire uN éCoquarTier ?

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environnementaux élevés, avec le souci de permettre une vie de quartier dans un mode de vie moderne, ouvrent de nouvelles perspec- tives. il convient de créer à l’intérieur de ces quartiers des espaces publics adaptés. avec le projet des Vergers et ses 160’000 m2, cela vaut la peine de bien structurer l’environnement extérieur et de veiller à une bonne mixité so- ciale et intergénérationnelle. Pas seulement à l’échelle de l’immeuble mais en agissant sur les tailles et les typologies de logements et par des statuts d’occupation différents de type coopérative, d’utilité publique ou privée.

Tous ces paramètres doivent permettre aux habitants de bien vivre dans la ville, dans leur quartier et de s’y rencontrer dans un environ- nement qui donne envie aux gens d’échanger.

natacha litzistorf, directrice d’equiterre

un écoquartier, c’est vraiment un quartier du- rable pour lequel on travaille sur l’ensemble du spectre. on ne parle pas seulement d’écolo- gie mais aussi beaucoup de social et de santé.

La manière dont on construit les quartiers et

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Pourquoi eT CommeNT CoNSTruire uN éCoquarTier ?

© Laurent Barlier

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les villes permet, ou pas, d’avoir une popula- tion en bonne santé. il y a aussi le pôle écono- mique. il faut que toutes les caractéristiques en cause soient intégrées à une démarche économique possible. Sans prendre en compte l’aspect économique du projet, l’écoquartier promis à un bel avenir peut décevoir ou s’avé- rer irréalisable. on évoque souvent l’équilibre dans un tel projet. mais je préfère parler d’in- terdépendance des paramètres sociaux, envi- ronnementaux et économiques. Si l’on péjore l’un de ces thèmes, c’est l’ensemble du projet qui peut être remis en cause. ainsi, le déve- loppement durable définit mieux une telle dé- marche que la simple appellation d’écoquar- tier. il faut aussi se projeter dans l’avenir de ces nouveaux quartiers durables et dans des perspectives plus larges que celles de la Suisse en général. C’est maintenant une exi- gence et presqu’une obligation de construire de manière durable car la Suisse ne bénéficie que d’un territoire limité. De plus, nos villes ne pourront pas être plus étendues car il faut respecter la richesse de nos paysages. C’est un élément important de notre culture et de notre économie mais aussi un facteur d’at- tractivité pour les entreprises. Ne tuons pas cette « poule aux œufs d’or » ! Depuis ces der- nières années, on sent que les villes sont ac- cusées de tous les maux : pollution, insécurité ou sentiment d’insécurité,… Les quartiers du- rables ou écoquartiers peuvent permettre de faire aimer à nouveau les villes. Nous savons que si nous construisons un environnement urbain de qualité, il y fera bon vivre. Cela peut permettre d’éviter aux familles la tentation lé- gitime de s’installer à l’extérieur des agglo- mérations et les conséquences en termes de consommation du territoire et de transports individuels.

doris sfar

C’est en mettant en œuvre des projets inté- grant tous les paramètres de durabilité que nous pourrons créer de nouvelles zones d’ha-

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Pourquoi eT CommeNT CoNSTruire uN éCoquarTier ?

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bitation, utilisant à bon escient des terrains de construction qui sont limités. il y a beau- coup à faire, tant pour les quartiers existants que pour ceux qui sont en projet. au niveau de la Confédération, on commence à agir dans cette optique, à développer des projets aux- quels concourent divers services fédéraux, apportant chacun sa vision et ses champs de compétence. Ce mode de raisonnement consti- tue un modèle d’avenir.

cédric lambert

La mixité est une composante importante des écoquartiers. on a vu ces dernières an- nées que lorsqu’on construit des logements à grande échelle sous un seul régime comme ce- lui du loyer à bon marché, on crée des formes de ségrégation qui nécessitent, par la suite, des interventions de politique publique assez lourdes en termes d’équipement et d’aide so-

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Pourquoi eT CommeNT CoNSTruire uN éCoquarTier ?

© Blaise Lambert

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ciale. L’idée de la mixité, sans être trop roman- tique ou idéaliste, génère des contacts dans la mesure où l’on offre différents lieux et types de rencontres dans un cadre de proximité. Le quartier n’est pas une entité politique. C’est la Commune ou le Canton qui assurent le pou- voir décisionnel. mais le quartier peut être un milieu de vie qui permet de faire autre chose que de simplement s’y loger. on a eu tendance, durant la forte période de construc- tion des années 50 et 60, à industrialiser le logement pour offrir des conditions mini- males acceptables. mais c’était sans s’intéres- ser aux espaces extérieurs. La cité doit offrir des lieux de rencontres possibles au sein du quartier mais aussi avec les gens qui habitent aux alentours. L’écoquartier des Vergers peut être un morceau de ville dans la ville de mey- rin. Créer ce nouveau quartier, c’est apporter une mixité supplémentaire à la ville existante et favoriser les échanges au sein de la com-

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© Laurent Barlier

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mune. Le canton de Genève a, d’ailleurs, été très favorable à cette approche de mixité dans la mesure où les 3’000 habitants ne viendront pas d’une seule catégorie sociale.

doris sfar

L’office fédéral du logement appuie cette dé- marche de mixité. on sait que le territoire est

« injuste » et induit une occupation différenciée de l’espace : les communes offrant des aménités – vue et ensoleillement, accessibilité, proximité des services, par exemple – offrent un habitat plutôt cher et attirent une population aisée, les communes moins bien notées par rapport à ces points et souvent exposées à des nuisances d’origines diverses sont laissées aux ménages dont les options en matière d’habitat sont li- mitées par les ressources disponibles. Le choix ou les comportements des ménages renforce encore cette tendance à une certaine homogé- néité, car on aime vivre avec des gens qui nous Pourquoi eT CommeNT CoNSTruire uN éCoquarTier ?

© Laurent Barlier

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ressemblent, qui sont comme nous. Ces deux évolutions peuvent être contrecarrées par une offre diversifiée de logements, à la fois quant au nombre de pièces, au standard d’équipe- ment mais aussi au statut des occupants (loge- ments aidés, location libre, PPe).

un manque de solidarité entre communes peut exister. il faut imaginer des mécanismes de péréquation, récompensant les communes prêtes à accueillir les «classes laborieuses»

contribuant au fonctionnement de nos agglo- mérations. il faut la reconnaissance de ce ser- vice rendu de la part des communes aisées. en dehors de cela, il est difficile d’imaginer qu’un correctif se fera tout seul, car peu de villes sont prêtes à devenir un peu moins riches pour aider des communes défavorisées. La Confédération tient à encourager également, et pour des quartiers existants, des projets d’aménagement extérieur avec leurs espaces de rencontre. Cela avec la volonté de favoriser les interactions et d’influer sur l’environne- ment résidentiel. Ces démarches de mixité per- mettent de sentir qu’on vit en collectivité avec des personnes différentes de nous au niveau culturel, générationnel ou plus simplement de goût et de provenance. une collectivité diffé- renciée, par sa richesse, améliore la vie.

natacha litzistorf

Pour mettre en œuvre un projet de quartier durable, equiterre initie des démarches par- ticipatives avec la population. on a peut-être manqué, par le passé, des occasions de bien expliquer ce que l’on souhaite proposer pour une meilleure qualité de vie. C’est une mis- sion importante que l’on doit assumer. on est conscient de la crainte de la population quant à une densification des villes qui fait encore peur. La difficulté première, à partir de nos discours et de nos objectifs, est d’assurer une mission pédagogique par le dialogue. Faire de la densification pour économiser le sol et les ressources, sauvegarder les paysages néces- site de prendre le temps et de consacrer des

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moyens pour provoquer une bonne prise de conscience. C’est probablement la première difficulté pour réaliser un nouveau quartier d’habitation. Le deuxième défi est de com- prendre que toutes les ressources ne doivent pas être réservées à la construction de nou- veaux quartiers. il ne faut pas oublier que la réhabilitation du cœur des villes constitue un grand enjeu pour la Suisse. C’est très bien de s’enthousiasmer pour la construction des nouveaux quartiers, ainsi que le font souvent les média, mais il ne faut pas laisser de côté ceux qui habitent au cœur de villes vieillis- santes. Les villes sont prises dans un étau.

il leur est parfois périlleux de conserver une identité forte avec ce qu’on leur demande dans le cadre de la politique des agglomérations et des relations entre les communes, les nou- velles gouvernances et la montée des quar- tiers sans reconnaissance institutionnelle.

doris sfar

Le programme Projets urbains, voulu par la Confédération et qui soutient des projets de développement de quartier, a été pensé, au départ, comme une mesure d’intégration. La participation de la population est une chance.

C’est un levier qui constitue une nouvelle res- source. on peut considérer cela comme un instrument de bonne gouvernance. Parmi les projets que soutient le programme, je prends l’exemple de trois quartiers construits dans les années 70. exemplaires et modernes pour l’époque, ils incarnaient le progrès et promet- taient un avenir radieux. Ces quartiers sont devenus problématiques. Ce qui prouve que la conception et l’aménagement de nouvelles zones d’habitation peuvent favoriser ou péjo- rer le bien-être de la population. Les envies, les besoins et les idées progressent. Prendre tout cela en compte n’est possible qu’avec la population. La qualité doit être adaptée et les habitants doivent pouvoir s’approprier le pro- jet. Cela ne se décrète pas, ni par la Confédé- ration, ni par la Commune. L’implication de

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la population est fondamentale. La Confédéra- tion a bien vu l’intérêt de ces projets-là.

cédric lambert

La concertation entre les professionnels et les autorités a constitué une étape fondamentale.

elle a permis, avec des professionnels d’ex- périence, de définir le quartier dans le cadre des politiques publiques. ensuite, toute la ré- flexion a été abordée comme un scénario et pas seulement comme une simple programmation de logements et d’équipements. Les proces- sus de participation attachés à des périmètres définis ont amené chacun à se prononcer sur le déroulement d’une démarche souhaitable.

maintenant, les choses peuvent se concrétiser.

La notion de prise de risques partagée par tous les acteurs permet de prendre le temps de pré- ciser ce que l’on veut pour l’avenir. Cette plani- fication directrice localisée de quartier fut une pratique nouvelle à Genève. Jusqu’à mainte- nant, on avait plutôt l’habitude de partir d’un plan directeur vers un plan d’affectation abou- tissant à un plan localisé de quartier. ainsi, on avançait avec une méthode assez pyramidale.

Pour les Vergers, on a pu passer un peu plus de temps en amont pour définir les besoins, les attentes et les possibilités. même si l’on ne connaissait pas encore précisément les futurs habitants du quartier. Cette planification des Vergers a plutôt bien fonctionné en comparai- son avec d’autres projets à Genève. Cette ré- flexion qui a duré près de douze ans, sans trop de blocages, a permis d’aborder des thèmes d’une certaine complexité tels que l’extension de la zone sportive, l’assainissement et l’écou- lement des eaux de ruissellement.

natacha litzistorf

Depuis quelques années, on a certainement fait de grands progrès pour la concertation et la réflexion préalable. il ne faut pas porter de jugement de valeur sur ce qui a été fait par le passé. Cela correspondait à une certaine

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époque, à une gouvernance et à une manière de travailler assez différentes d’aujourd’hui. il y avait, dans les années 70, une certaine ur- gence à loger les familles avec des coûts éco- nomiques raisonnables. aujourd’hui, on est sorti de cette manière de faire car l’exigence sociale est forte et les gens concernés ont en- vie de participer au projet. mais il ne faut pas écarter les spécialistes et les professionnels sous prétexte de vouloir permettre la concer- tation en accordant un rôle important aux fu- turs habitants et usagers. il convient donc de mixer les apports des professionnels avec ceux de la population car on sait que le meilleur des projets va naître de la confrontation des idées des uns et des autres. Cette démarche est né- cessaire pour que les gens s’approprient leur futur quartier. Sans cela, le projet pourrait se révéler décevant. Dans la manière de faire, il y a ces démarches participatives dont on parle beaucoup mais il y a aussi des outils d’aide à la décision qui ont leur importance et auxquels equiterre reste attaché. Ces mesures d’évalua- tion peuvent être mises entre les mains d’ex- perts mais aussi proposées à la population.

Pour les quartiers durables en construction ou en réhabilitation, equiterre a proposé à l’office fédéral de l’énergie et à l’office de développe- ment territorial un outil appelé « quartier du- rable by Smeo ». avec le bureau d’architecture

« Tribu architecture », nous avons développé cette démarche pour le compte des offices fé- déraux, le canton de Vaud, la ville de Lausanne et le schéma directeur de l’est-Lausannois. Cet outil qui dépassionne les débats grâce à une démarche pragmatique n’est ni trop compli- qué ni trop technique. il permet de mesurer la qualité des espaces publics, et de prendre en compte les aspects sociaux, économiques et en- vironnementaux.

doris sfar

Le bien-être des personnes n’est pas seule- ment généré par la qualité du logement. on pourrait imaginer que l’habitat est une sorte

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d’oignon avec ses différentes couches. Si le cœur du logement n’est pas satisfaisant, ce n’est bien sûr pas un jardin qui suffira à amé- liorer les conditions de vie. mais l’être hu- main est social ; il a besoin d’échanges. C’est pourquoi le logement doit être inclus dans un environnement propice aux rencontres avec des possibilités d’interactions, un cadre visuel agréable et des activités possibles.

C’est dans la mission de l’office fédéral du logement d’accorder une grande attention à ces paramètres. Le « bien habiter » ne s’arrête pas au « chez soi ». Bien se sentir dans son logement va au-delà des quatre murs de son appartement. Si vous habitez dans un lieu sa- tisfaisant mais que vous avez un conflit avec le voisin, vous découvrez que vous n’êtes plus du tout à l’aise chez vous.

cédric lambert

Si le logement est un lieu de ressourcement et d’intimité, il ne suffit pas au bien-être des habitants d’un écoquartier. il faut aus- si pouvoir offrir des formes d’appropria- tion diversifiées des espaces collectifs ou publics. C’est l’objet des espaces de nature, des plantations et des activités telles que les jardins potagers familiaux. Les espaces de jeux extérieurs sont nécessaires au bon développement de l’enfant, à l’exemple des parcs publics ou des jardins robinson. Ces lieux sont favorables à l’éducation et à l’épa- nouissement des plus jeunes. Les personnes âgées qui n’ont plus la force ou l’occasion de sortir, doivent pouvoir rencontrer les autres près de chez elles. C’est l’occasion de développer des liens de solidarité et de rompre avec la solitude. Des lieux d’accueil de proximité favorisent le bien-être. Cela peut se mettre en place dans des espaces en rez-de-chaussée pour y prendre des repas et bénéficier d’activités adaptées. Ces arcades proposées à des associations pour des acti- vités sociales et culturelles favorisent la vie du quartier.

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natacha litzistorf

Pour conclure, je parle avec le cœur mais aus- si avec la raison car un projet d’écoquartier doit répondre à des exigences. il me semble qu’aujourd’hui, on n’a plus d’autres choix que de se développer de manière raisonnée et par- ticipative. il faut penser et intégrer des para- mètres à la fois individuels et collectifs. Sans cela, je crains que les choses ne se passent pas très bien pour nous dans l’avenir. Le « vieillir en ville » que l’on vient d’évoquer doit être un élément essentiel des projets d’aménagement ou de réhabilitation des quartiers. Si l’on re- garde l’évolution de la pyramide des âges, il apparaît important de permettre l’accessibili- té des espaces publics pour tous. La diversité sociale et culturelle à intégrer dans tous ces projets constitue un atout essentiel pour un mieux vivre ensemble.

doris sfar

Les écoquartiers peuvent promouvoir une so- ciété solidaire où l’on vit avec plaisir.

cédric lambert

Promouvoir les écoquartiers, c’est expérimen- ter de nouvelles formes d’habitat. alors que les styles de vie en ville sont extrêmement di- versifiés, il s’agit de les faire cohabiter dans un espace de quartier auquel on peut s’iden- tifier. on doit aussi favoriser les rencontres à travers des pratiques de consommation ou des activités et des engagements plus personnels.

Ces espaces de vie ne doivent pas être dévorés par des nuisances liées au transit. L’aména- gement en surface permet une mobilité douce pour les distances courtes, tout en étant bien connecté aux lieux plus éloignés que l’on fré- quente pour des raisons professionnelles ou de loisir.

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DéFiNiTioN De L’éCoquarTier

par natacha litzistorf

il faut beaucoup d’humilité pour arriver à une dé- finition de ce qu’est un écoquartier. on a évoqué l’écologie, le social et l’économique. on peut rete- nir quelques clés telles que : la mixité sociale, la mixité fonctionnelle comprenant l’habitat, mais aussi les activités professionnelles et de loisir. Du point de vue économique, il faut que ces quar- tiers soient financièrement viables en intégrant des partenariats entre le public et le privé. Cela demande que les élus fassent les bons choix de partenaires, notamment quant à leur structure capitalistique et à leur éthique. Ces éléments font aussi partie de la définition de ce que permet et nécessite un écoquartier. L’outil de mesure que nous avons développé reprend l’ensemble des questions à se poser pour la mise en oeuvre d’un écoquartier. L’approche écologique seule ne suffit pas. Le « bien vivre ensemble », la santé, l’accessi- bilité, la qualité des espaces publics concourent largement à la réussite de ces projets.

DéFiNiTioN De L’éCoquarTier

© Laurent Barlier

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La reLaTioN De

L’éCoquarTier LeS

VerGerS aVeC Le ProJeT D’aGGLoméraTioN

FraNCo-VaLDo-GeNeVoiS.

par cédric lambert

au sein du Grand-Genève, on connaît de plus en plus de déséquilibres malgré les plans dessinés depuis vingt ans. on constate qu’il y a toujours plus de logements en périphérie des villes sur le canton de Genève. C’est aus- si le cas, au-delà de la frontière suisse, avec une forte consommation d’espace en France voisine où les règles d’aménagement sont différentes des nôtres. Les constructions at- tachées aux villages existants sont plutôt des zones pavillonnaires ou de villas mitoyennes.

quant à la contribution genevoise, elle essaie d’inverser un peu la tendance de manque de logements à travers ses PaCa (Périmètres d’aménagement Coordonnés d’aggloméra- tion) du Grand-Genève. Pour répondre à la pénurie sur le Canton sous différentes condi- tions de densité et de qualité architecturale, et sans trop s’attaquer à la sacro-sainte zone agricole, l’écoquartier est une bonne solution.

Les Vergers restent une « goutte d’eau » par rapport aux 60’000 logements qu’il faudrait construire d’ici à 2030. mais c’est déjà une bonne solution pour la création de 3’000 loge- ments dans un avenir proche. Dans le cadre de la planification directrice 2030, 35% du bi- lan logement se fera par une déclassification de la zone agricole. Le verrou en place depuis 1929 semble devoir sauter.

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La reLaTioN De L’éCoquarTier LeS VerGerS aVeC Le ProJeT D’aGGLoméra- TioN FraNCo-VaLDo-GeNeVoiS.

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LeS VerGerS SeroNT-iLS uNe SorTe De ForTereSSe iSoLée Du reSTe De La

CommuNe De meyriN ?

cédric lambert

Des discussions à ce sujet ont eu lieu dès le début de la planification du quartier. Dès les premières concertations, le souci d’être bien connecté à la ville et, notamment au tram, est apparu. Par ailleurs, pour favoriser une bonne intégration, les bâtiments les plus bas seront construits du côté village. ainsi, la continui- té visuelle et urbanistique sera assurée. Pour l’ouverture vers le paysage et la nature, les bâtiments seront implantés perpendiculaire- ment à la crête du Jura. Plus généralement, la perméabilité entre la Cité de meyrin et le quartier des Vergers a été mise au concours donnant comme résultat le Plan des aména- gements extérieurs. La relation avec la zone sportive n’a pas été oubliée avec des accès à pied ou à vélo facilités pour les habitants de l’ensemble de la Commune qui pourront tra- verser les Vergers. il y a donc une volonté d’ouverture, même s’il n’y a pas beaucoup de circulation automobile prévue en dehors des livraisons et des usages de service. ainsi, la perméabilité est offerte par l’ouverture de vues paysagères, par des cheminements et LeS VerGerS SeroNT-iLS uNe SorTe De ForTereSSe iSoLée Du reSTe De La CommuNe De meyriN ?

© Laurent Barlier

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des centres d’intérêt implantés aux Vergers qui concerneront l’ensemble de la population meyrinoise. De plus, l’actuel chemin des ar- bères deviendra une véritable coulée verte qui structurera ce quartier ouvert à tous. Depuis le début du projet, cela correspond à une vo- lonté conjointe des architectes, des urbanistes et des élus. La forme, les circulations et les fonctions apporteront, par leurs implanta- tions, un équilibre avec les autres quartiers de meyrin.

doris sfar

il n’est pas anodin, au sein d’une commune, de créer un quartier avec 3’000 habitants. il est essentiel de conjuguer tous les moyens pour faciliter l’intégration tant au niveau du bâti et des circulations que pour les aspects sociaux. Pour créer de nouveaux liens, il faut prendre en compte les infrastructures et les habitants qui sont déjà là et en profiter pour développer les relations.

philippe maag

Ce nouveau quartier de 3’000 habitants va représenter une augmentation de 15% de la population de la Commune. Nous sommes conscients de l’impact qu’aura ce projet. Nous suivons cette réflexion tous les jours car la Commune possède 47% des droits à bâtir. on a pris le parti d’attribuer les droits à bâtir à des coopératives participatives qui seront une sorte de ciment entre les différents types de population et les quartiers de la ville. Cette dé- marche sera d’une grande utilité pour mener à bien cette opération.

Les Vergers sont aussi une chance pour les meyrinois actuels avec des lieux de prome- nade et d’activités ouverts à tous.

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LeS VerGerS SeroNT-iLS uNe SorTe De ForTereSSe iSoLée Du reSTe De La CommuNe De meyriN ?

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réSuLTaTS De

L’éVaLuaTioN De L’éCo- quarTier LeS VerGerS Par L’ouTiL « quarTier DuraBLe By Smeo »

par Gilles desthieux

Cet outil d’étude est devenu un référentiel adopté par la Confédération suisse dans le cadre du programme national « quartier du- rable ». Le but est d’évaluer les quartiers en projet, selon les différents critères de durabi- lité et au cours des différentes phases de pla- nification. Cette démarche va de l’initiation à la réalisation en passant par les plans direc- teurs localisés de quartier. une fois le quar- tier construit et aménagé, cet outil permet d’assurer un suivi de l’usage du quartier.

Le quartier des Vergers a été l’un des premiers en Suisse à bénéficier d’une telle évaluation depuis l’étape du Plan localisé de quartier. Cet outil a aidé la Commune et les professionnels à prendre en compte toutes les dimensions de la durabilité. Cela donne aujourd’hui un pro- jet de quartier avec des promesses tangibles et crédibles. Le premier avantage en est la check-list qui permet de n’oublier aucun as- pect de la durabilité. on en mesure aussi les éléments forts par une évaluation de nom- breux critères. Cet outil de pilotage incite à corriger, si nécessaire, la conduite du projet.

une démarche innovante

un premier constat nous indique qu’il s’agit d’une démarche innovante en matière de gou- vernance et de pilotage du projet, surtout pour les phases des deux dernières années. on re- marque qu’un effort particulier a été consenti

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réSuLTaTS De L’éVaLuaTioN De L’éCoquarTier LeS VerGerS Par L’ouTiL

« quarTier DuraBLe By Smeo »

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pour la coordination et la concertation au ni- veau institutionnel, particulièrement avec les services de l’etat de Genève. on sait que les né- gociations ne sont jamais évidentes à conduire mais la Commune a pu faire passer des ambi- tions qui vont au-delà des normes et des cadres légaux. C’est un progrès pour la mobilité et l’énergie.

il faut aussi souligner la concertation avec les opérateurs privés : propriétaires, coopératives et donc avec les futurs habitants et commer- çants. on observe aussi, avec cette démarche, une prise en compte des critères de durabilité dans tous les documents : cahiers des charges, appels d’offres et dans la charte écoquartier.

Tout cela est facilité par le fait que la Commune possède la maîtrise foncière. ainsi, elle peut as- surer un rôle moteur en matière de durabilité.

une nature reconstituée

L’un des aspects forts à souligner est le mandat d’études parallèles pour l’aménagement des es- paces publics et des espaces verts. 60 % de la su- perficie du quartier y seront consacrés. Cela in- tègre des fonctions d’infiltration des eaux ainsi que des fonctions écologiques. S’il est vrai qu’il faudra, dans un premier temps, détruire l’éco-

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réSuLTaTS De L’éVaLuaTioN De L’éCoquarTier LeS VerGerS Par L’ouTiL

« quarTier DuraBLe By Smeo »

© Laurent Barlier

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système de la zone à construire, les résultats de l’étude nous indiquent que nous pourrons ob- tenir un écosystème plus riche en biodiversité que la zone agricole actuelle. C’est très promet- teur. La fonction sociale du quartier n’est pas oubliée, grâce à la création de différents lieux de rencontre tels que les espaces de jeu.

un effort particulier pour la mobilité

Nous voyons qu’un gros effort a été fait pour la mobilité, par rapport au plan localisé de quartier initial. il est possible de minimiser le nombre de places de parking qui se retrouvent concentrées en souterrain. un travail d’optimisation permet de conjuguer les places de résidents et celles ré- servées aux visiteurs. une très bonne desserte en transports publics est prévue, tant en interne qu’en externe.

Le concept énergétique est aussi très innovant.

Nous pouvons également souligner la diversité des logements proposés. ils prennent en compte des typologies variées pour répondre à tous les besoins et favoriser une mixité sociale. Par cette étude, ressort l’importance de la cogestion et de la coproduction des lieux. Dans le cahier des charges du mandant d’études parallèles, on peut souligner la mention de liberté d’appropriation des espaces extérieurs ou communs, pour faire en sorte que tout ne soit pas définitivement figé.

ainsi, les habitants pourront planifier l’usage de leur environnement. Tous les rez-de-chaussée qui donnent sur l’espace public seront affectés suite à un appel d’offres intégrant ces paramètres.

Des commerces pourront s’y installer avec des services dédiés à la question de l’écoquartier : es- paces de conseil, vente de produits locaux,...

en résumé, l’un des points forts est l’identité forte de ce quartier qu’a pu susciter la Commune, tant au sein de la Commune qu’à l’extérieur.

ainsi, l’image perçue se révèle très positive.

D’autres éléments forts sont à noter telle que la gestion des déchets, la gestion économique avec une volonté de maîtriser les coûts sur toute la durée du projet. Tout cela est très prometteur. il restera à vérifier si toutes les promesses seront

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réSuLTaTS De L’éVaLuaTioN De L’éCoquarTier LeS VerGerS Par L’ouTiL

« quarTier DuraBLe By Smeo »

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tenues durant les étapes de concrétisation puis lorsque le quartier sera habité.

une vigilance permanente

Cependant, tout ne peut pas être parfait car lorsqu’on promeut une certaine mesure, elle peut porter atteinte à d’autres paramètres.

Par exemple, le fait de bénéficier d’un espace public libre de voitures pour mieux circuler à vélo ou à pied en toute sécurité, implique d’en- terrer les parkings. La construction d’énormes parkings souterrains sur plusieurs niveaux va générer des mouvements de terre et des exca- vations importantes. Cela n’est pas tout à fait positif du point de vue écologique, même si le caractère écologique du lieu actuel n’est pas d’une grande richesse biologique. un gros ef- fort a été mené pour réduire les places de sta- tionnement mais on reste à environ une place par logement. ainsi, ce projet apparaît assez conservateur pour un emploi traditionnel de la voiture. Dans le nord de l’europe où il y a beau- coup moins de voiture par habitant, un quar- tier si bien desservi par les transports publics aurait pu faire l’économie de grands parkings et favoriser, encore plus, la mobilité douce. Le stationnement des vélos reste modeste mais pourrait être amélioré. Selon ce que propose la commune, une certaine flexibilité est possible pour augmenter les places dédiées aux deux- roues. quant au plantage urbain, la surface reste moyenne mais la Commune assure qu’il reste une évolution possible pour l’améliorer.

parmi les mesures que l’on peut envisager :

• le concept global de mobilité, à l’exemple de ce qui a été entrepris pour l’énergie,

• la charte d’écoquartier que l’on pourrait faire évoluer pour devenir une charte d’usage d’écoquartier afin que les habi- tants en profitent pleinement,

• insister sur la plus-value financière de ces différentes opérations qu’il reste à mettre en avant.

réSuLTaTS De L’éVaLuaTioN De L’éCoquarTier LeS VerGerS Par L’ouTiL

« quarTier DuraBLe By Smeo »

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ComPLémeNT

D’iNFormaTioN quaNT aux PLaCeS De ParkiNG

par philippe maag

La problématique du parking est spécifique à Genève, bien différente de ce qui se passe dans le nord et dans le sud de l’europe. Chaque pays a ses propres habitudes et comportements avec l’automobile. à Genève, on doit s’inscrire dans un cadre légal qui impose, pour notre secteur, un ratio de place de parking de 1, soit ComPLémeNT D’iNFormaTioN quaNT aux PLaCeS De ParkiNG

© Laurent Barlier

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une place de stationnement pour un logement.

Par rapport à l’évolution du plan directeur de quartier et le plan localisé de quartier et pour prendre en compte cette problématique de stationnement généralisée, nous avons pris le parti de faire trois parkings. Cela permet de faire des économies d’échelle et de limiter les circulations en surface. au final, on a réussi à obtenir des dérogations pour les ratios de stationnement afin de les réduire au maxi- mum. Pour faire un effort supplémentaire, on a pu mutualiser les places pour les visiteurs avec les places réservées aux habitants. Ce qui permet de superposer les deux offres pour ré- duire encore le nombre de places de station- nement. initialement au niveau du PLq, nous étions sur une offre globale de 1’700 places.

Nous en sommes arrivés à 1’100 places en souterrain. Ce qui représente une économie totale de 25 à 30 millions de francs. C’est un exemple de ce que la démarche de développe- ment durable peut apporter en matière d’éco- nomie financière. Pour ce qui est des besoins exprimés dans le cadre des appels d’offres auprès des coopératives, ils sont de l’ordre de 0,6 places de parking par logement. C’est une réalité issue des besoins exprimés par les futurs résidents. Cela correspond aussi à un choix de style de vie lorsque l’on sou- haite venir habiter l’écoquartier des Vergers.

marie-paule thomas, sociologue-urbaniste et chercheuse associée au laboratoire de sociologie urbaine, epfl

Le besoin en places de parking dépend de la typologie des résidents. une famille avec en- fant est plus motorisée qu’une personne âgée vivant seule. Selon les revenus, il y a aussi des variations du taux de motorisation. Le style de vie constitue également un facteur important. Choisir de venir habiter aux Ver- gers, c’est adhérer à certaines valeurs et sou- haiter vivre dans un quartier avec moins de voitures. C’est pourquoi les coopératives qui ont répondu aux appels d’offres ont exprimé un besoin limité de places de parking.

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ComPLémeNT D’iNFormaTioN quaNT aux PLaCeS De ParkiNG

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La DémarChe

éNerGéTique : uNe

iNNoVaTioN Pour L’éCo- quarTier DeS VerGerS

par olivier balsiger, délégué à l’énergie de la commune de meyrin

Le volet énergétique prévu pour le quartier des Vergers a été défini sur la base d’une pro- position des SiG faite en 2009. Cette solution fut, ensuite, formalisée dans un concept éner- gétique joint au plan localisé de quartier. L’op- tion privilégiée vise à réaffecter trois puits existants de 25 mètres de profondeurs situés à Peney. Ces puits pompent, dans la nappe d’accompagnement du rhône, une eau à la température constante de 12°C durant toute l’année. elle sera acheminée au CerN par un réseau de conduites existantes. Cette tech- nique permettra d’apporter des capacités de refroidissement aux installations du CerN : besoin de confort, climatisation de certains bâtiments, expériences physiques,… une fois que cette eau aura circulé au CerN, elle res- sortira un peu plus chaude qu’à son entrée, soit à 18°C. Conduite aux Vergers par un réseau à réaliser, l’eau passera à travers des pompes à chaleur qui permettront de rehaus- ser la température de 18°C à 60°C afin d’as- surer le chauffage des immeubles et la pro- duction d’eau chaude sanitaire. ensuite, l’eau sera restituée à son milieu naturel dans le lac des Vernes. Via le Nant d’avril, l’eau retour- nera au rhône là où elle avait été prélevée.

restituer l’eau à son lieu de prélèvement est une exigence légale. Toute cette organisation permet d’atteindre un taux d’énergie renouve- lable supérieur à 75%.

La réussite énergétique nécessite des bâti- ments performants. L’objectif que nous soute-

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La DémarChe éNerGéTique : uNe iNNoVaTioN Pour L’éCoquarTier DeS VerGerS

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nons est d’atteindre le label minergie a, pour l’ensemble de l’écoquartier des Vergers. Ce nouveau label promulgué en 2011 par l’asso- ciation minergie, impose une approche éner- gétique globale. Les exigences portent sur un bilan énergétique nul. Cela signifie que la to- talité de l’énergie nécessaire pour assurer les besoins de chauffage, d’eau chaude sanitaire et de ventilation doivent être couverts par des énergies renouvelables. avec plus de 75%, nous ne sommes pas loin de notre objectif et le solde de 25% qu’il reste à couvrir le sera par des capteurs solaires photovoltaïques.

D’autres contraintes imposent certaines formes de bâtiments et des implantations spé- cifiques, une qualité d’enveloppe d’isolation des immeubles avec des exigences d’étanchéi- té à l’air, le type d’appareils électriques pour l’électroménager et l’éclairage. reste un cri- tère lié à l’énergie grise pour atteindre un bi- lan global le plus favorable possible.

Toutes ces exigences ont été intégrées aux pro- jets parmi les plus avancés du quartier. No- tamment la tour C2 qui est l’oeuvre de l’archi- tecte meyrinois hervé Dessimoz. il a créé un système de façades actives de nouvelle géné- ration dont les installations photovoltaïques sont intégrées aux parapets des balcons. Ces types de construction permettront d’obtenir le label minergie a.

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La DémarChe éNerGéTique : uNe iNNoVaTioN Pour L’éCoquarTier DeS VerGerS

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L’éNerGie : iNNoVaTioNS eT LaBeL miNerGie a à L’éCoquarTier DeS VerGerS

marie-paule thomas, sociologue-urbaniste et chercheuse associée au laboratoire de sociologie urbaine, epfl

quand on parle d’énergie, de prime abord, on a l’impression que c’est un sujet très tech- nique : concevoir un quartier où tout sera parfait, où chacun sera heureux grâce au

« zéro émission » de gaz à effet de serre avec une énergie propre et renouvelable. mais la question de l’énergie est une question sociale et de comportements. en effet, le nombre de douches que l’on va prendre, la température que l’on va choisir d’avoir dans son logement, le fait de laisser les fenêtres ouvertes trop longtemps ont un impact sur la consomma- tion d’énergie. Si l’on bénéficie du label mi- nergie a, il convient de se méfier des objectifs théoriques de consommation et il n’est pas en- core certain que chacun voudra bien adapter ses comportements. Par exemple, il est préfé- rable de bien aérer une pièce durant un court instant en ouvrant largement sa fenêtre, plu- tôt que de la laisser entre-ouverte une longue partie de la journée. Dans un écoquartier, on a besoin de mettre en place tout un accompa- gnement des habitants pour expliquer le fonc- tionnement des bâtiments minergie car ils sont différents des immeubles classiques. Les résidents doivent comprendre les enjeux d’un écoquartier pour adapter leurs habitudes.

rémy beck, directeur scientifique à l’ocen (ex scane)

Tout d’abord, je pense que le quartier des Ver- gers bénéficie de nombreux atouts car son mi- lieu est très riche en termes de ressources. un

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L’éNerGie : iNNoVaTioNS eT LaBeL miNerGie a à L’éCoquarTier DeS VerGerS

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large choix énergétique est à disposition. il y a de l’eau, du soleil, le CerN,… ainsi, les concepteurs de ce quartier ont l’embarras du choix pour concevoir un système énergétique cohérent avec le milieu. ils ont fait au mieux grâce à cette grande diversité à disposition.

Le premier point à souligner et auquel ils se sont attachés, est de limiter les besoins en prévoyant des enveloppes d’isolation de bonne qualité. De plus, il y a des équipements per- formants et une bonne organisation générale intégrée durablement dans l’environnement.

Ce n’est pas une chance offerte à tous les quar- tiers. il convient de ne pas être « jusqu’au-bou- tiste » mais d’être raisonnable pour travailler conjointement sur les éléments environne- mentaux, sociaux et économiques. C’est donc, ici, l’occasion de tester de multiples options compatibles pour ce qui concerne les compor- tements, la maîtrise des coûts, l’intégration environnementale… ainsi, les Vergers se ré- vèlent comme une opération pilote qui appor- tera de l’expérience pour d’autres projets à ve- nir. De tels projets innovants doivent apporter la preuve que l’on peut aborder la question de l’énergie sous l’aspect de la valorisation lo- cale.

jean brasier, direction de projets domaine thermique, siG

Depuis quelques années, SiG s’est inscrit dans le développement durable, en particu- lier pour la production et la distribution des énergies. avec Les Vergers, il s’agit du qua- trième projet que développe SiG. C’est une réalisation prestigieuse et, comme pour les trois projets précédents, on a commencé par des analyses très précises pour récupérer des sources qui nous permettent de puiser dans des énergies renouvelables. Pour la ther- mique des bâtiments, il est vrai que l’eau est bien plus performante que l’air en étant plus stable à des températures plus élevées en hi- ver. C’est la raison pour laquelle on a travaillé sur ce concept. Par la qualité de construction

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L’éNerGie : iNNoVaTioNS eT LaBeL miNerGie a à L’éCoquarTier DeS VerGerS

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et la bonne organisation, nous arrivons à une dépense d’énergie très faible bénéficiant des labels minergie et minergie a.

Produire de l’énergie thermique directement avec de l’électricité n’est plus recommandé car il y a beaucoup de déperdition en ligne par les réseaux électriques de distribution. en s’inscrivant dans une démarche de développe- ment durable avec une organisation pérenne, SiG peut voir l’avenir sur plusieurs décennies avec confiance. Les équipements et les sys- tèmes nécessaires à cette mise en oeuvre sont éprouvés. C’est particulièrement le cas pour les pompes dont on connaît la fiabilité depuis plus de cent ans.

Les opportunités locales et l’organisation gé- nérale à partir des puits de Peney nous per- mettent d’utiliser, en grande partie, un réseau existant jusqu’au CerN. a l’époque, cette ali-

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L’éNerGie : iNNoVaTioNS eT LaBeL miNerGie a à L’éCoquarTier DeS VerGerS

© Laurent Barlier

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mentation lui permettait la fourniture en eau potable. Cette adduction a été désaffectée, il y a environ dix ans. Des études sur les puits et les conduites ont confirmé que ces équipements sont en parfait état. Les réutiliser comme ré- seau de refroidissement du CerN puis récu- pérer cette énergie pour alimenter les pompes à chaleur des Vergers est une opportunité. La nappe d’accompagnement du rhône fournit une eau qui devient vecteur pour le transport de l’énergie. après son utilisation, cette eau est restituée au fleuve en totalité, selon les principes et réglementations en vigueur.

olivier balsiger, délégué à l’énergie de la commune de meyrin

Les pompes à chaleurs feront passer l’eau ve- nant du CerN de 18°C à 60°C pour le chauf- fage des logements et la fourniture d’eau chaude sanitaire. Le fonctionnement permet, à partir d’une source froide ou tiède, de faire monter la température par un apport élec- trique. C’est le même principe que le réfrigé- rateur mais à l’envers. Pour produire 100% de chaleur nécessaire à une habitation, ce procé- dé n’utilise que 25% d’électricité. Ce qui est très performant.

rémy beck

La mise en œuvre et l’organisation générale de cette production de chaleur ne va pas de soi car la moitié de l’énergie du Canton est produite pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire. a terme, on devra passer par cette mutation. Ce chantier est un véritable défi et les opérateurs concernés ont le devoir de nous démontrer qu’avec les ressources que l’on a autour de nous, il est possible de répondre en grande partie à nos besoins. Non seulement

« le jeu en vaut la chandelle » mais ces dé- marches sont véritablement nécessaires. Les modes de production énergétiques auront à évoluer. Nous devons encore apprendre à en-

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L’éNerGie : iNNoVaTioNS eT LaBeL miNerGie a à L’éCoquarTier DeS VerGerS

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gager notre environnement et nos ressources locales. L’énergie fossile que l’on a l’habitude d’utiliser vient de loin. Le défi d’aujourd’hui consiste à utiliser, dans la durabilité, ce qui est autour de nous. Les Vergers prouvent que cela est possible et peut se matérialiser.

jean brasier

L’eau qui est puisée dans la nappe à une tem- pérature de 12°C sera rejetée, après utilisa- tion par la chaufferie des Vergers, dans le Nant d’avril, via le futur lac des Vernes à une température avoisinant les 16°C. Cela vient du fait que les installations de productions de chaleur auront restitué leurs énergies en produisant du chauffage pour l’écoquartier.

L’ordonnance sur les eaux impose que l’on ne réchauffe pas une rivière de plus de 1,5°C.

Cette contrainte sera parfaitement respectée dans le cadre de l’écoquartier des Vergers.

marie-paule thomas

Les quartiers durables et les valeurs écolo- giques prennent de plus en plus d’importance dans notre société. Ce qui n’était pas le cas il y a trente ans. Les Suisses alémaniques et les allemands ont commencé avant nous avec les quartiers durables. Les réseaux de trans- port public, les bâtiments minergie existent là-bas, depuis longtemps. actuellement, on voit que ces options arrivent dans nos régions et qu’elles constituent des critères de choix pour certaines catégories de la population.

Les gens ont envie de choisir pas seulement un bâtiment mais aussi leur environnement, l’accessibilité et leur mobilité. Les places de stationnement évoquées plus haut sont un vé- ritable débat car il y a de plus en plus de gens qui choisissent de se déplacer en transport public ou à vélo. ils abandonnent la voiture.

Ces valeurs émergentes ne sont pas encore dominantes mais l’évolution des habitudes est notable.

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L’éNerGie : iNNoVaTioNS eT LaBeL miNerGie a à L’éCoquarTier DeS VerGerS

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jean brasier

Concernant le prix de l’énergie pour les consom- mateurs, notre évaluation est en cours mais, par analogie avec un autre écoquartier (La Cha- pelle les Sciers), la pondération au m2 chauffé du prix de l’énergie devrait se situer entre ChF 14.- et 19.- /m2/an, (chauffage et eau chaude sa- nitaire inclus). Pour les habitants des Vergers, la durabilité est un bon investissement puisque la révision du prix se fera sur la main d’œuvre nécessaire à l’entretien et à l’exploitation ainsi que sur l’électricité consommée par les pompes à chaleurs et le transport de l’énergie. Ces révi- sions de prix, par rapport à ceux de l’énergie fos- sile, lissent une progression assez plate et donc un prix stable sur la durée. C’est un avantage à ne pas négliger. il faut noter qu’aujourd’hui, la plupart des projets d’énergie renouvelable ne sont pas rentables. Cela à cause du coût des ré- seaux à construire. avec un amortissement sur trente ans prévu par l’ingénierie financière, le prix de l’énergie pour les Vergers sera dépen- dant du choix de label : minergie ou minergie a, qui imposent des contraintes et donc des in- vestissements différents. minergie a induit un coût supérieur d’environ 30% pour des raisons de compensation totale de la consommation en énergie électrique consommée par les pompes à chaleur. Cela nécessite de financer une pro- duction photovoltaïque locale. aujourd’hui, le choix reste à faire.

rémy beck

Cette nouvelle production d’énergie participe à notre retrait progressif des ressources fos- siles. De nouvelles pratiques sont développées qui génèreront de nouveaux emplois et une dynamique importante pour le Canton. C’est bien de voir d’où vient l’énergie et de ne pas cacher toutes les infrastructures techniques.

Cela à l’image des parapets de balcon pho- tovoltaïques qui deviendront producteurs d’énergie. Les écoquartiers peuvent montrer concrètement les évolutions entreprises.

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L’éNerGie : iNNoVaTioNS eT LaBeL miNerGie a à L’éCoquarTier DeS VerGerS

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PréSeNTaTioN Du ProJeT LauréaT Pour L’améNa- GemeNT DeS eSPaCeS PuBLiCS DeS VerGerS

par philippe convercey, architecte-paysagiste, agence territoires, lauréat du concours d’aménagement des espaces publics de l’écoquartier des Vergers

Notre projet est issu d’un travail en équipe.

Nous avions une certitude : le quartier à amé- nager est situé entre un paysage magnifique, celui du Jura, et une campagne très tou- chante car elle est préservée et possède encore ses règles naturelles. ainsi, nous avons esti- mé que le projet devait s’orienter vers cette PréSeNTaTioN Du ProJeT LauréaT Pour L’améNaGemeNT DeS eSPaCeS PuBLiCS DeS VerGerS

© Territoires

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campagne et non pas vers un projet exotique sorti de l’imagination. ensuite, nous avons constaté que meyrin est rattrapé par la Ville de Genève avec ses liaisons par le tram. il y a donc, dans ce quartier des Vergers, une ren- contre entre la ville et la campagne que nous avons voulu exploiter. Ce projet a donné aussi l’occasion de traiter la question plus générale du rapport au paysage et au territoire. Notre approche a donc dépassé largement le simple périmètre qu’il fallait aménager. D’autre part, la question de l’écologie ne pouvait pas se ré- duire à des dispositifs de toitures végétalisées mais plutôt par la mise en harmonie de ce quartier avec son environnement et par une approche de l’écologie au service de l’homme.

Nous pensons qu’elle peut servir une vie plus agréable notamment lors du réchauffement estival. en effet, la verdure peut régler cer- tains problèmes. après cinq mois de travail, une première esquisse a permis de visualiser l’ancrage de ce quartier dans la réalité de son territoire. que ce soit vers le Jura et la cam- pagne mais aussi vers meyrin et ses autres

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PréSeNTaTioN Du ProJeT LauréaT Pour L’améNaGemeNT DeS eSPaCeS PuBLiCS DeS VerGerS

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quartiers. L’un des éléments qui comptent pour nous, c’est le chemin des arbères qui date de plus de 200 ans. C’est un chemin tou- jours emprunté par les promeneurs et les ca- valiers. il nous a semblé que ce chemin pou- vait constituer la colonne vertébrale du projet.

Puis, on a choisi deux typologies végétales ex- traites du paysage. il s’agit des bosquets qui sont fréquents dans la campagne de meyrin.

Nous avons souhaité les introduire comme des zones de biodiversité. Tout un travail a été mené avec des écologues pour comprendre comment on pouvait recréer ces bosquets avec une flore et une faune assez variée. D’autre part, dans la campagne genevoise, nous avons découvert de très beaux alignements constitués de chênes qui, pour nous, sont le symbole d’un territoire maîtrisé et travaillé depuis des siècles. Nous avons proposé de les introduire dans le quartier des Vergers en les implantant presqu’au contact des bâtiments.

Ces éléments font que le projet est devenu un quartier hybride entre la campagne et la ville.

en dernière phase de notre étude, nous avons livré un plan de masse qui reste une esquisse à faire évoluer mais qui met en place une stra- tégie assez simple et cohérente avec l’environ- nement. Le chemin des arbères qui monte vers le Jura constitue un axe majeur du quar- tier. L’esplanade très minérale sera végétali- sée. La promenade des Vergers avec la place des Vergers deviendra un lieu d’articulation entre le quartier, le tram et donc Genève.

Pour ce qui est de l’usage des lieux et de leurs aménagements, nous avons pu travailler avec un sociologue afin de garantir la dimension humaine nécessaire. L’espace public ne peut se contenter d’une esthétique plaisante car il doit répondre aux besoins des habitants. Nous avons attaché de l’importance à l’implantation de bancs entre les arbres pour admirer le pay- sage du Jura et favoriser les rencontres. Nous avons aussi voulu permettre que les habitants puissent boire un verre au bas de leur im- meuble tout en surveillant leurs enfants qui jouent. Notre attention à ces détails fut per-

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PréSeNTaTioN Du ProJeT LauréaT Pour L’améNaGemeNT DeS eSPaCeS PuBLiCS DeS VerGerS

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manente pour rendre la vie agréable.

Ce quartier va être fortement minéralisé par la construction des bâtiments et des équipe- ments publics. il sera aussi venté par temps de bise. Pour améliorer les conditions in- duites, nous avons inventé un système qui filtrera le vent en réduisant les tourbillons et rendra l’esplanade agréable. Des murs vé- gétaux composeront des espaces sur l’espla- nade dont un espace de jeu pour les enfants.

Si les végétaux serviront la faune locale, ces plantations permettront aussi de réguler la température du quartier en été. Nous avons soigné la mise en place des arbres par rapport aux façades et à leurs différentes expositions.

Des serres vont permettre de réduire l’impact visuel des émergences du parking souterrain et d’abriter les vélos. L’hiver par temps froid, ces serres pourraient devenir des refuges ré- servés à des espaces de jeu ou des salles de lecture légèrement chauffés ou, plutôt, tem- pérés. Pour favoriser la rencontre entre les

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© Territoires

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habitants, nous avons proposé le jardin des petits fruits et la création d’un verger. avec le sociologue de notre équipe, nous avons pensé que le geste de la cueillette pouvait devenir un geste de lien social et faire que les gens se ren- contrent ailleurs que dans un parking. Tous ces aménagements se feront progressivement en relation avec les habitants. Nous estimons que ces espaces aménagés peuvent devenir des lieux de lien social. La Commune possède une ligne de crête dont l’un des versants re- garde les alpes et l’autre le Jura. Dans ce qui sera le Jardin du Jura, nous avons invité une palette végétale que l’on trouve dans ses mon- tagnes. Cette démarche est le contre-point au Jardin alpin bien connu à meyrin. un potager sera implanté au cœur du quartier. Nous en avons augmenté la surface initiale car il s’agit d’une proposition importante pour la vie du quartier. il favorisera les échanges entre les jardiniers et les habitants, à l’exemple d’un jardinier qui offre ses fraises aux enfants. La

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surface pourra évoluer au fil des années car il est possible que ce potager connaisse un grand succès. Le jardin des sports et la place des Vergers sont des espaces d’articulation avec le tram. il y aura trois grands bâtiments avec des bureaux. Nous avons considéré qu’il s’agissait d’un espace plus dessiné et plus ur- bain avec la possibilité, pour les employés, de faire leur pause de midi et de se détendre. Ce sera aussi le lieu d’événements festifs. Sur la promenade des Vergers, nous trouverons des commerces. Ce sera un espace qui favorisera la marche et les rencontres. quant aux es- paces interstitiels, liens entre les bâtiments, ils ne nécessitent pas d’intention très forte mais nous avons été attachés à la manière dont les habitants y vivront. ils représentent le seuil entre l’espace public et le logement. ils sont donc importants et seront plantés. Nous prévoyons qu’il y sera possible de partager un apéritif entre voisins au pied de l’immeuble ou d’y laisser ses enfants jouer. La végétalisa- tion générale avec des surfaces engazonnées permettra à l’eau pluviale de ne pas repartir dans des conduites mais servira à alimenter les plantations. Pour cela, nous avons veillé à une bonne perméabilité des sols. La simplicité de notre projet apportera une grande facilité pour l’entretien par les services techniques de la Commune. L’éclairage a été aussi l’une de nos préoccupations avec la volonté de ne pas sur-éclairer le quartier. Certaines zones peu fréquentées le soir resteront plutôt discrètes.

Les parties les plus animées bénéficieront d’un éclairage plus soutenu. ainsi, nous n’aurons pas à subir les 25 lux partout et le rapport au territoire sera respecté. il en est de l’éclairage comme pour l’aménagement global du projet : chaque composante doit être harmonieuse et cohérente avec son environnement.

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PréSeNTaTioN Du ProJeT LauréaT Pour L’améNaGemeNT DeS eSPaCeS PuBLiCS DeS VerGerS

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L’améNaGemeNT DeS

eSPaCeS PuBLiCS De L’éCo- quarTier DeS VerGerS

Gilles Vexlard, architecte paysagiste, bureau latitude nord, président du collège d’experts pour le concours d’aménagement des espaces publics de l’écoquartier des Vergers

J’ai une conscience historique de l’importance des espaces publics car, depuis plusieurs siècles, on a pu constater leur abandon. Ce- pendant, ils sont fondamentaux pour les villes. Le rapport entre l’individu et la socié- té, établi par la ville de manière assez archi- tecturée, a été laissé de côté au fil du temps.

aujourd’hui, on a du mal à faire partager ce thème de l’écoquartier comme un vrai mor- ceau d’une vie future. Par ce projet, on essaie de rétablir la relation entre les gens et leur ville. on nomme espace public ce qui est, en fait, l’espace terrestre. Le 21 juillet 1969 à 3 heures 56 minutes, un homme a mis le pied sur la Lune et a radicalement clos le débat de la conquête de l’homme sur la Terre. avant cette minute, la terre appartenait à l’homme.

après cette minute, l’homme appartenait à la terre. Tout cela parce qu’un homme a vu autrement la Terre et qu’il nous a dit clai- rement : « attention, arrêtez ! il n’y a qu’une Terre ». Nous avons une propension naturelle de conquête dans le champ économique, dans le domaine militaire ou agricole. Par cette conquête permanente, on ne prend pas assez en compte la place de l’homme. ainsi, on est freiné dans l’évolution de la pensée et pour po- ser les signes de celle-ci. La terminologie « éco- quartier » comme celle d’espaces extérieurs, font oublier le thème du paysage qui induit la notion de continuité terrestre. michel Serre nous interroge sur le sens du mot « environ- nement » qui est ambigu, puisqu’il préjuge

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