Le problème
Plus de 11 000 décès par an
3000 par armes à feu, 1200 par médicaments
Plus de 60 000 endeuillés
160 000 tentatives de suicide par an
DES CAUSES MULTIPLES
PAS DE SOLUTION UNIQUE
IMPOSE UNE POLITIQUE DE PETITS PROGRES OU CHACUN AVEC LA COLLECTIVITE PEUT ETRE ACTEUR
Une mobilisation longue à se dessiner
Années 70 : associations
Années 80 : épidémiologie
Années 90 : priorité de santé publique
1997 : conception d’un programme
2000 : annonce d’une stratégie nationale
2001-2002 : circulaires ministérielles pour généraliser les actions
0 20 40 60 80 100 120 140 160
15- 24
25- 34
35- 44
45- 54
55- 64
65- 74
75- 84
>85
H F
Taux de mortalité par suicide
Nombre annuel de décès / 100 000 individus de la tranche d’âge
Programme National de
Prévention du Suicide
0 5 10 15 20 25
15-24 25-34 35-44 45-54 55-64 >65
H F
Part du suicide dans la mortalité % de l'ensemble des décès de la tranche d'âge France métropolitaine (FNORS) - Taux moyen annuel (1995-97)
Programme National
de Prévention du Suicide
12 11 534 167 1206
362
1634 519
1590
618 911 446
919404 1293
513
8099
3040
Nombre de suicides par groupe d'âge et par sexe. France, 1997
Hommes Femmes
22 21
507 96
744 141
742
205 522
158 284
94 189
63 146 34
3156
812
Nombre de suicides par groupe d'âge et par sexe. CANADA, 1995
Hommes Femmes
Taux de tentatives en France
Il existe des variations entre les régions
287 femmes/100 000 habitants à Lyon
405 femmes/100 000 habitants à Boulogne
Les chiffres dépendent des taux d’hospitalisation
Le taux de tentatives augmente dans la plupart des pays
Les taux réels pour les hommes et les femmes seraient en réalité beaucoup plus proches
Les composantes du programme national
Les régions : les programmes régionaux de santé (PRS)
motivation, initiative et réalisme
Le programme national de la Direction Générale de la Santé + Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé avec de nombreux
partenaires institutionnels et associatifs
ampleur, cohérence, légitimité
La coopération France-Québec
accélérateur, connaissance et expérience
Le rôle de l’Europe
obligation communautaire
La conception du programme
Un comité scientifique : les connaissances
Un groupe projet : les actions
Un comité d’institutionnels : les directives et les finances
Un comité méthodologique : conduite de projet et évaluation
Formation des 5 et 6 décembre 2
S
002IDEES
TENTATIVEUN MODELE UN MODELE
POUR
S ’ENTENDRE POUR
S ’ENTENDRE
POUR AGIR POUR AGIR
ET POUR ET POUR
EVALUER
EVALUER
Programme d’actions pour 2000- 2005
Favoriser la prévention par un dépistage accru du risque suicidaire
Limiter l’accès aux moyens
Améliorer la prise en charge des suicidants
Améliorer la connaissance épidémiologique
Une action
Conférence de consensus sur la crise suicidaire en octobre 2000 (DGS, FFP, ANAES)
Une formation de formateurs réalisée pour 80 enseignants de psychiatrie et de psychologie
Des formations régionales pour au moins 9000 professionnels et paraprofessionnels en 3 ans
Les apports de la conférence de consensus
Intervenir en amont du passage à l’acte
Une définition et une description de la progression de la crise suicidaire
Une évaluation du potentiel suicidaire
Un plan d’intervention précis et ordonné
Le modèle de crise
Reconnaître l’état de crise
La personne est submergée par les émotions
La tension émotive provoque un épuisement des ressources cognitives
Elle n’arrive plus à trouver des solutions à ses difficultés
La perception de la réalité est embrouillée
Elle se centre sur des solutions inadaptées
Comment désamorcer une crise
suicidaire avant la phase aiguë ou le passage à l’acte?
La progression de la crise :
État de crise
État de
vulnérabilité État
d’équilibre
Désorganisation Récupération Phase aiguë - Passage à l ’acte
Crise psychosociale et crise psychiatrique
Crise psychosociale Crise psychiatrique
État de crise
État de
vulnérabilité
État
d’équilibre
Cadre théorique et limites du modèle de crise
Un modèle conceptuel qui correspond à une période définie dans le temps, offre un appui théorique à une intervention d’urgence
Ce modèle ne saurait se substituer à des modèles théoriques de la psychopathologie
Il est important d’éviter de placer toutes les personnes en crise dans la même catégorie diagnostique et offrir un traitement unique
Crise suicidaire
Période où, pour un sujet donné, le suicide devient une solution pour mettre fin à sa souffrance actuelle
Cette période marquée par la souffrance et la tension dure souvent de 6 à 8 semaines
Une tentative de suicide peut survenir : après la crise est encore présente et le risque de récidive élevé
Modélisation de la crise suicidaire
Solution
Suicide
Suicide
Suicide
Suicide
Passage à l ’acte
Ruminations
Cristallisation Plan suicidaire
Recherche de moyens Idées fréquentes
Baisse d ’estime de soi
Flash Messages Recherche
active de
Solution Solution Solution
Solution
Solution
Solution
? ? ?
Solutions inefficaces ou inadéquates
Rapport entre la prévalence annuelle de
suicide, de tentative de suicide et d’idéation suicidaire
(d’après A Lesage)
Idéation : 4000 pour 100 000 personnes
Détection-protection
Tentative : 600 pour 100 000 personnes
Détection-protection
Suicide : 19 pour 100 000 personnes
L’intervention de crise suicidaire
L ’intervention de crise
Objectif :
L’intervention vise un retour à l’équilibre par : l’expression des émotions, la compréhension cognitive des événements qui ont mené à la crise (recadrage cognitif) et l’apprentissage de nouvelles habilités de résolution de problème
Comment désamorcer ?
Évaluation du potentiel suicidaire
Formulation de la crise
Arrêt du processus auto-destructeur
Intervention immédiate
La personne en crise suicidaire peut être empressée et motivée à recevoir de l’aide afin de réduire son niveau d’angoisse
L’intervention doit être immédiate puisqu’elle se situe à un moment ou l’individu est ambivalent, impulsif et fait preuve de rigidité cognitive
Pistes d’intervention
Aborder directement les intentions suicidaires
« Est-ce que vous souffrez au point de vouloir vous suicider ? »
« Est-ce que vous avez pensé à la manière dont vous pourriez vous suicider ? »
« Avez-vous décidé quand vous allez le faire ? »
Écouter et permettre l’expression des émotions
« Dites-moi ce qui vous fait souffrir au point de vouloir vous suicider. »
Faire preuve de respect et être directif
Se centrer sur la crise actuelle
Stratégies et séquences d’intervention
1. Établissement d’un lien de confiance entre l ’intervenant et la personne suicidaire
2. Évaluation rapide et efficace du risque, de
l’urgence et de la dangerosité du scénario suicidaire 3. Évaluation du facteur précipitant
4. Encourager l’exploration et l’expression des émotions afin de diminuer la détresse
Stratégies et séquences d’intervention
5. Formulation de la crise
6. Briser l’isolement, soutenir la famille et les proches, et mettre en place des structures de protection
auprès de la personne suicidaire
7. Arrêt du processus autodestructeur et établissement d’ententes avec la personne suicidaire afin d’assurer un suivi, du moins à court ou à moyen terme
8. L’après-crise
Offrir des alternatives valables consiste à :
1- Identifier et préciser avec la personne suicidaire les éléments positifs de sa vie qu’elle n’est plus en mesure de percevoir elle-même;
2- Rechercher des ressources adéquates et accessibles qui correspondent aux besoins de la personne suicidaire;
Offrir des alternatives valables consiste à :
3- Planifier des démarches simples et réalistes que la personne peut entreprendre et dont elle peut rendre compte
4- Accompagner et soutenir la personne suicidaire pour qu’elle évite des échecs difficiles
Évaluation du potentiel suicidaire
Triple évaluation du potentiel suicidaire
L’évaluation du potentiel suicidaire permet de déterminer le degré de perturbation de l’individu afin d’instaurer une intervention appropriée
Évaluation comprend celle du risque, de l’urgence et de la dangerosité
Pour des fins cliniques, le potentiel suicidaire peut s’évaluer selon qu’il est faible, moyen ou élevé
Évaluation du risque suicidaire
L’évaluation du risque permet de considérer les éléments du passé pouvant influencer la survenue du décès par suicide dans les 2 ans à partir des facteurs individuels, familiaux, psychosociaux
C’est une estimation à partir des connaissances de l’épidémiologie sur les facteurs de risque et de protection vis à vis du suicide et non des tentatives de suicide
Prédicteurs
Au niveau socio-culturel
- Religion - Anomie (désorganisation sociale) - Chômage - Média - Lois
Environnement immédiat Famille
- Violence physique/sexuelle - Abus de substances - ATC psychiatriques - Manque de cohésion familiale
Au niveau personnel Troubles mentaux
Tentatives de suicide Abus d’alcool / drogues Sexe masculin
Difficulté à gérer le stress Impuissance/perte d’espoir Impulsivité/agressivité
Maladie physique
Evénements stressants - Perte d’un être cher
- Séparation - Abandon
- Difficultés financières - Difficulté avec la loi
Facteurs de risque (1)
Gunnel et Frankel, 1994
Groupe RR %suicide
Trouble psychiatrique actuel ou ancien x10 50 Contact actuel ou récent avec psychiatrie 25 4 semaines après la sortie Fx100 10-15
Hx200
Antécédents de tentative de suicide x10-30 30-47 Antécédents familiaux de suicide 4
Facteurs de risque (2)
Gunnel et Frankel, 1994
Groupe RR %suicide
Alcoolisme x20 15-25
Maladie ou handicap sévère 4-32
HIV ou SIDA 1-2
Prisonniers x5 <1
Médecin x2 <0.1
Sans emploi x2 6
Facteurs de risque liés aux troubles mentaux
Anorexie mentale x 22
Dépression x 20
Schizophrénie x 8
Trouble de la personnalité x 7
Autopsie psychologique
« Collecte d’informations visant à reconstruire la vie et le profil psychologique des décédés,
incluant des détails sur les circonstances, les comportements et les événements ayant
précédé la mort de l’individu » - Schneidman et Farberow
Problèmes psychiatriques chez les victimes de suicide (%)
Shafii
(1988) Rich
(1986) Brent
(1988) Runeson
(1989) Marttunen
(1991) Brent
(1993) Apter
(1993) Shaffer (1994)
Troubles indifférenciés 95 96 93 - 94 90 81 91
Troubles affectifs 76 35 63 43 52 49 58 61
Abus de substances
psycho-actives 62 66 41 47 26 27 0 35
Troubles des
conduites - 9 22 - 17 28 5 46
Troubles anxieux - - 15 4 4 12 7 27
Troubles de
l’adaptation - 11 0 14 21 0 7 11
Schizophrénie - 5-17 - 14-17 6 0 7 3
Troubles déficitaires
de l’attention - - 26 - 4 13 - 8
Absence de trouble 5 4 7 2 6 10 19 9
Autopsies psychologiques
Troubles mentaux axe I - à vie pour les autres
42%
58% 58%
11% 13%
64%
30%
3%
17%
30%
17%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
Humeur
Anxiété
Psychotique
Substance
Personnalité
Enfanc e
Suicide Contrôle
n % n % HUM, ANX, SUB, PER 3 6.5
HUM, PSY, SUB, PER 1 2.2
HUM, PSY, SUB 1 2.2
HUM, SUB, PER 5 10.9
HUM, SUB, AUT 2 4.3
HUM, PER, AUT 1 2.2
ANX, SUB, PER 1 2.2
HUM, SUB 6 13.0 4 13.8
HUM, PER 5 10.9
ANX, SUB 1 2.2
PSY, PER 1 2.2
SUB, PER 6 13.0 2 6.9
SUB, AUT 1 2.2
PER, AUT 1 3.4
HUM 2 4.3 1 3.4
PSY 2 4.3
SUB 2 4.3 3 10.3
PER 2 4.3 2 6.9
ANX 1 3.4
AUT 1 3.4
Groupe Suicide
(n=46)
Groupe Contrôle
(n=29)
Troubles mentaux : 6 derniers
chez les sujets décédés mois
Facteurs de risque- décès par suicide
Chez les personnes décédées par suicide
plus de 20 études d’autopsies psychologiques depuis dans les dernières 40 années
suggèrent:
90% des personnes décédées avaient au moins un problème de santé mentale au moment du décès
Trouble affectif
Entre 45 et 60% avaient un trouble affectif majeur au moment du décès
15% des personnes ayant une dépression
majeur se suicident (récemment revisé à 7%
Inspik, 1998)
L ’étude Finlandaise (1994) suggère que 85%
des personnes dépressifs avaient aussi un trouble comorbide
Trouble affectif
Chez les personnes décédées (Isometsa, 1994) plusieurs éditent en contact avec des services professionnels
75% avaient eu des traitements en psychiatrie dont 45% au moment du décès (seulement 3% avaient un traitement adéquat)
18% ont vu un professionnel la journée du décès
39% lors de la semaine précédent le décès
66% lors des trois mois précédent le décès
Trouble bipolaire
Certaines études démontrent que le taux de décès par suicide est plus élevé chez les personnes souffrant de trouble
bipolaire II que chez les personnes souffrant de trouble bipolaire I
Entre 25 et 50% de patients bipolaire font au moins une tentative de suicide (Jamison,
1990)
Abus et dépendance- Alcool
Plus d’hommes que de femmes
Beaucoup de comorbidité associée (particulièrement la dépression)
Le suicide survient après plusieurs années d’alcoolisme
L’événement déclencheur est souvent une perte relationnelle, 6 semaines avant le
suicide (Murphy & al. 1979)
Abus et dépendance- Alcool
Facteurs de risques (Murphy, 1992)
Consommation abusive récente
Menace suicidaire
Peu de soutien social
Présence de dépression majeure
Sans emploi
Vivant seul
Schizophrénie
10% de décès par suicide, souvent durant les première années de la maladie
50% ont fait des tentatives antérieures
Un tiers des suicides se produisent suite à la sortie de l’hôpital et un tiers se produit à l’hôpital
Les périodes dépressives sont souvent associées au geste suicidaire
Schizophrénie
Facteurs de risque: rejet de la part de la famille, épisode dépressive antérieur ou actuelle
Les patients les plus à risque sont ceux qui ont un bon niveau de fonctionnement prémorbide, des attentes de performance élevées et une conscience élevée de la pathologie (Drake & al. 1986)
Troubles de la personnalité
10% des patients avec un trouble de la personnalité de type état limite se
suicident
95% des décès par suicide chez les patients ayant des troubles de la
personnalité avaient aussi un trouble
comorbide (Axe I) : dépression majeure, abus de substance ou les deux.
Trouble panique
20% des personnes ayant un trouble
panique ont fait des tentatives de suicide
Le risque de décès chez les patients ayant des états de panique est de 7%
L’étude finlandaise rapporte 1,2% de suicides chez les personnes ayant des états de panique
Facteurs de risque- tentative de suicide
La prévalence de tentative de suicide varie de 1.1 à 4.3 % de la population
(Moscicki, 1988)
Plus de femmes
50% ont moins de 30 ans
Personnes divorcées
Niveau socio-économique plus faible
Histoire de traitement en psychiatrie
Tentative de suicide
50% ont un trouble de personnalité
40% ont un autre désordre psychiatrique, dont la dépression majeure
Une étude (Beautrais, 1990), rapporte que 90%
des patients avaient un désordre psychiatrique, avec des taux élevés de troubles affectifs, abus de substance et personnalité antisociale. 56%
avaient une comorbidité
Tentative de suicide
Facteurs de risque psychosociaux
Désavantage social
Expérience d’adversité durant l’enfance
Perte parentale précoce
Abus sexuel durant l’enfance
Accumulation d’événements de vie (Neugebauer, 1998)
Risque de répétition
40% des personnes faisant une tentative ont déjà de suicide ont fait une tentative antérieure
13 à 35% récidivent sur une période de 2 ans (7% en feront 2; 2.5% en feront 3 ou plus; 1% en feront 5 et plus,
Nordstrom, 1995)
Risque de répétition
Caractéristiques associées;
Problème de consommation d’alcool
Personnalité antisociale
Présence d’impulsivité
Traitement en psychiatrie
Tentative de suicide antérieure
Personne vivant seule
Lien entre tentative de suicide et décès par suicide
Population différente avec chevauchement
1% des personnes ayant fait des
tentatives se suicideront durant l’année suivant la tentative
Le risque de décès varie en fonction de l’âge et du sexe
Lien entre tentative de suicide et décès par suicide
Facteurs associés:
Sans emploi
Séparé, divorcé, veuf
Vivant seul
Santé physique précaire
Trouble psychiatrique
Tentative antérieure avec un moyen violent
Évaluation de l’urgence suicidaire
C’est une évaluation clinique de la probabilité de décéder dans les 48 heures
Elle se fonde sur :
l’idéation suicidaire et son intensité
l’absence d’alternative autre que le suicide
le scénario suicidaire et l’imminence du passage à l’acte,
Faible : pense au suicide, pas de scénario précisFaible
Moyen: scénario envisagé, mais reportéMoyen
Élevé : planification claire, passage à l’acte prévu Élevé pour les jours à venir
Évaluation de la dangerosité du scénario suicidaire
Évaluer la dangerosité du scénario suicidaire : létalité du moyen et son accessibilité
Si l’accès au moyen est facile et
immédiat, il faut considérer la
dangerosité comme extrême et agir
en conséquence
0 5 10 15 20
0 10 20 30 40 50 60 70
Taux de décès par arme à feu pour1000 000 habitants/an
England/
Wales
Australia Ontario British
Columbia
Québec Manitoba
Maritimes
Saskatchewan USA
Alberta
Yukon/Northwest Territories
Les armes à feu
Une arme tue les personnes du foyer
Multiplie par 5 le risque de suicide
Ce risque est réduit à 2.7 si elle est bien entreposée
La létalité est considérable, supérieure à 90% et les séquelles considérables
1 - « FLASHS » OU IDEATIONS 1 - « FLASHS » OU IDEATIONS
SUICIDAIRES SUICIDAIRES
Il s ’agit de l’étape où la personne a ses premières idées suicidaires ; elles sont :
- soit diffuses (ex : idée de mort, idée d’être poussé accidentellement devant le bus, etc.)
- soit plus précises, mais très brèves et non ruminées.
Nous retrouvons également les personnes qui ont déjà pensé au suicide sans toutefois y penser actuellement.
2 - PENSÉES SUICIDAIRES 2 - PENSÉES SUICIDAIRES OCCASIONNELLES
OCCASIONNELLES
La personne dit penser au suicide quelques fois par semaine. La personne y pense, se pose des questions, envisage cette possibilité de plus en plus sérieusement, mais n’est pas encore obsédée quotidiennement par ce choix
3 - PENSÉES SUICIDAIRES 3 - PENSÉES SUICIDAIRES
FRÉQUENTES FRÉQUENTES
La personne pense au suicide régulièrement,
« chaque jour, je me réveille en me demandant si cela vaut la peine de continuer à vivre, si je ne serais pas mieux mort »
4 - LA PLANIFICATION DU SUICIDE EST 4 - LA PLANIFICATION DU SUICIDE EST
EN COURS EN COURS
La personne a décidé que le suicide est la seule solution ou que c’est l’option principale
A ce stade, la personne mentionne qu’elle ne sait pas exactement comment elle va le faire et à quel moment elle va le faire. Il manque un ou des éléments de la planification. (Où, quand, comment, avec quoi ?)
5- LA PLANIFICATION EST COMPLÈTE 5- LA PLANIFICATION EST COMPLÈTE AU DELÀ DE 48 HEURES
AU DELÀ DE 48 HEURES
La personne a le projet de passer à l’acte au-delà de 48 heures. La personne a en main le moyen qu’elle a choisi ou a accès à ce moyen
6 - LA PLANIFICATION EST COMPLÈTE 6 - LA PLANIFICATION EST COMPLÈTE
DANS LES 48 HEURES DANS LES 48 HEURES
La personne a le projet de passer à
l’acte dans les 48 heures. La
personne a en main le moyen qu’elle
a choisi ou a accès à ce moyen
7 - LA PLANIFICATION DU SUICIDE EST 7 - LA PLANIFICATION DU SUICIDE EST
COMPLÈTE ET IMMEDIATE COMPLÈTE ET IMMEDIATE
La personne a le projet de passer à l’acte immédiatement
Le moyen retenu est immédiatement disponible
En cas d’appel téléphonique, par exemple, menace de tenter durant l’appel ou immédiatement après avoir raccroché
8 - LA TENTATIVE EST EN COURS DE 8 - LA TENTATIVE EST EN COURS DE
REALISATION REALISATION
La personne a mis en œuvre son plan d’action (ex : a absorbé des médicaments, a commencé à s’auto mutiler...) A ce stade, l’intervention médicale est nécessaire et il est important de se rappeler que l’intervenant n’a pas à évaluer ou à juger, lui-même, de la létalité du moyen utilisé.
Rappel des principes d’intervention
Aborder les émotions et les valider
Poser des questions ouvertes et éviter les pourquoi
Suivre le rythme de la personne
Aborder directement les intentions suicidaires
« Est-ce que vous souffrez au point de vouloir vous suicider ? »
« Est-ce que vous avez pensé à la manière dont vous pourriez vous suicider ? »
« Avez-vous décidé quand ? »
Intervenir sur le dernier événement et ne pas être obnubilé par l’idée de trouver une solution
Évaluer et réévaluer le degré de tension de la personne
Conduite de l’entretien
Généralités
Chaque entretien est un acte de création
Unique et non duplicable en raison des
engagements réciproques et des données collectées en un temps limité
Le premier entretien permet de collecter des
données essentielles d’autant que les possibilités thérapeutiques existent
Il est déterminant dans l’engagement thérapeutique du patient
L’entretien est le fondement de toute intervention en santé mentale
Définition à partir de
Shawn Christopher Shea
Un entretien est un dialogue verbal et non-verbal entre deux participants, dont les comportements réciproques affectent le style de communication, résultant en un pattern spécifique d’interaction.
Un des participants qui se désigne ou est désigné comme celui qui conduit l’entretien, tente d’atteindre des objectifs spécifiques, alors que l’autre participants assume généralement le rôle de celui qui « répond aux questions »
Quelques objectifs de l’entretien
Pour établir un engagement profond du patient dans une relation thérapeutique
Pour collecter une base de données valide
Pour développer une compréhension évolutive et empathique du patient
Pour réaliser une évaluation dont découlera une tentative de diagnostic
Pour définir et établir cadre et plan thérapeutiques appropriés
Pour diminuer l’anxiété d’un patient
Enjeux
Un humain tâche de comprendre un autre humain
Explorer une pièce d’une vieille maison familiale avec, pour seule lueur, une bougie portée par la parole du patient
Comment ne pas perturber le décor en allant trop vite
En explorant les ombres, un souffle peut éteindre la flamme
Mais avec patience, on commence à voir plus clair
Les portraits de la famille se dessinent, les
caractéristiques de celui qui les éclaire, le patient, émergent
Enjeux
Les cliniciens doivent conduire ce patient
processus de découverte en suivant des règles souples qui vont faciliter l’entretien et tenter d’éviter l’échec
L’objectif est de permettre au patient de peindre cette pièce, une composition qui a ses couleurs, sa touche, ses perspectives, ses thèmes
Cette composition nous permet de percevoir, de comprendre, de conceptualiser, de traduire et de transmettre (tableau clinique, vignette,
histoire, cas…)
Représentation du processus d’entretien
Initialisation du processus
Collecte des données Compréhension
de la personne Évaluation
et diagnostic
Cadre et plan thérapeutiques
Commentaires
Permet de déterminer les objectifs et de dire s’ils sont atteints
Le processus général est itératif et les sous processus sont parallèles
La compréhension du patient permet de définir ses peurs, ses souffrances et ses souhaits
La progression de l’entretien permet de formuler une évaluation et un diagnostic, incluant le diagnostic différentiel
Vie amoureuse Santé physique
Rôle de parent Les enfants Loisirs
Travail
Santé mentale
Loi Argent
Amis
Les sphères de la vie
et la nécessité de transitions
La conduite
Vous devez conduire l’entretien
Cette conduite doit être la plus naturelle et discrète
Laisser le patient raconter son histoire est la plus belle façon de conduire un
entretien
Comment savoir si l’entretien se déroule bien
L’entretien se déroule comme une conversation
Le contact visuel est établi
Une ambiance de collaboration s’installe
Les informations nécessaires au médecin sont apportées spontanément par le
patient
Comment savoir si l’entretien se déroule mal
Pas de contact visuel, le patient regarde par terre
Le patient soupire
Il se ferme et se replie, il croise les bras
De l’agressivité s’installe
Le patient s’épuise
Comment savoir si l’entretien se déroule mal
Le médecin ne retient pas les informations et les demande plusieurs fois
Le médecin utilise des questions fermées
L’entretien est échevelé et part dans tous les sens
La frustration s’installe de part et d’autre
Comment s’en sortir ?
Éviter les pourquoi,
les « voulez-vous m ’en parler »,
les « comment vous vous sentez au moment où l’on se parle ? »
Essayer les questions ouvertes plutôt que les
questions qui appellent des réponses par oui ou non
Ces dernières appauvrissent le dialogue voire, le rendent menaçant
Comment s’en sortir
Aborder directement les résistances et essayer d’identifier leurs raisons
« C’est difficile de parler de… »
Utiliser une grande combinaison de
questions ouvertes et éviter de revenir à des questions fermées
Suivre les thèmes que le patient évoque et lui laisser le contrôle de l’entrevue
Comment s’en sortir
Éviter, au moins au début les questions trop sensibles
Augmenter le contact visuel et renforcer les incitations à parler
Éviter les longs silences
Utiliser de l’humour bien placé
Mettre en fin d ’entretien les questions de clarification
L’entretien éclaté
Le contenu est caractérisé par des propos tangentiels et des pensées anecdotiques
Le patient se perd dans des détails, il parle beaucoup et pourtant aucun domaine n’est exploré complètement
Le médecin hésite à poser d’autres questions de peur de provoquer des réponses sans fin
L’entretien éclaté
Le contact visuel est bon
Le médecin a tendance à hocher de la tête, à émettre des « hum hum », ce qui
renforce le patient dans son monologue
Le médecin se sent impuissant, souvent épuisé, voire hostile
Un duel peut survenir pour la prise de contrôle de l’entretien
Comment s’en sortir
Augmenter lentement et gentiment le ratio de questions fermées
Éviter les sourires, hochements…
Donner des commandements doux
« J’aimerais qu’on aborde pour le moment »
« Comme on a peu de temps… »
Comment s’en sortir
Nommer les points de résistance :
« chaque fois que je pose une question sur votre… vous avez tendance à dévier sur… »
« A quoi est-ce dû ? »
Occasionnellement couper le monologue et restructurer
Les transitions
Les transitions sont utiles à certains moments de l’entretien
Il en existe 4 types :
Transition naturelle
Transition spontanée
Transition par référence
Transition fantôme
Transition spontanée
Le patient spontanément poursuit l’entretien en passant à un autre domaine sans effort
La transition comprend un énoncé et une question de transition
Le médecin doit décider s’il est opportun de changer de thème
Souvent ce n’est utile que lorsque le domaine précédant est épuisé
Transition spontanée
« Je me sens épuisée, déprimée, c ’est sans compter ce qui se passe avec mon mari… »
« Qu’est-ce que vous voulez dire ? »
A utiliser quand le patient à un contenu chargé émotionnellement
Quand il mentionne que ce point est très sensible
Quand soudain des souvenirs émergent
La transition naturelle
Un énoncé
Une question
Ici c ’est le clinicien qui entre dans un
nouveau domaine, relié au vécu du patient
La qualité du lien entre les 2 domaines
peut faire penser que le patient à changé de domaine sur son initiative
Transition naturelle
« J’ai de la difficulté à m’endormir, je me réveille… »
« Avez-vous déjà utilisé des somnifères ? »
On peut utiliser ces transitions pour créer un chemin afin d’explorer des domaines
spécifiques
Psychopathologie>alcool>violence>homicide
Transition par référence
Le médecin utilise un point abordé précédemment et non exploré
Elle présente l’avantage de montrer que le médecin retient ce que dit le patient
« Plus tôt vous m ’avez dit que lorsque vous êtes seul, vous aviez des pensées qui vous faisaient peur. Dites m’en plus !
Transition fantôme
C’est une question qui ne suit pas un énoncé et qui vient sans référence à la conversation antérieure
« Je suis triste, toujours fatigué… »
« Votre père avait-il un problème de consommation d’alcool ? »
Utile avec un patient qui « erre » dans une entrevue éclatée
Transition fantôme
Utile pour surprendre un patient qui aurait préparé son entrevue,
ou très défensif pour mettre à jour les défenses spontanées
A utiliser très peu au risque d’être une forme d’agression ou de style journalistique
Exigences de la thérapie
et exigences de la masculinité Dulac G (Frontières, 2000)
THERAPIE
Dévoiler la vie privée
Renoncer au contrôle
Chercher de l ’aide
Exprimer les émotions
Montrer ses faiblesses
Intimité non sexuelle
Aborder les conflits
Être introspectif
MASCULINITE
Cacher sa vie privée
Maintenir le contrôle
Être indépendant
Cacher ses émotions
Montrer sa force
Sexualisation de l ’intimité
Éviter les conflits
Agir, faire
Les adolescents
Violence physique et sexuelle BSJ
Violence physique
Jeunes avec idéation 16.7%
Jeunes avec TS 16%
Population générale 8.2%
Violence sexuelle
Jeunes avec idéation 7.4%
Jeunes avec TS 15%
Population générale 1.5%
Caractéristiques pouvant accompagner Caractéristiques pouvant accompagner
la manifestation de symptômes la manifestation de symptômes
dépressifs chez les adolescents dépressifs chez les adolescents
1 Comportements d’opposition ou antisociaux 2 Usage d’alcool ou de drogues illicites
3 Sentiment de ne pas être compris - vouloir quitter la maison
4 Nervosité
5 Humeur maussade et agression
6 Bouderie et retrait des activités familiales ou sociales
7 Difficultés scolaires ou refus d’aller à l’école 8 Manque d’attention à l’apparence physique
9 Émotivité marquée et sensibilité à l’égard du rejet
Caractéristiques pouvant accompagner Caractéristiques pouvant accompagner
la manifestation de symptômes la manifestation de symptômes
dépressifs chez les adolescents
dépressifs chez les adolescents
Les personnes âgées
Suicide des personnes âgées à Paris
Données à partir de 155 cas (Costagliola, 1998)
79 hommes (55 % vivant seuls)
76 femmes (70 % vivant seules)
Lieu du suicide
domicile 75%
maison de retraite (7)
hôtel (2)
hospitalisation (5)
domaine public (20)
Suicide des personnes âgées à Paris
(2)Données à partir de 155 cas (Costagliola, 1998)
Mode de suicide
Pour les femmes : défenestration 38 %
Pour les hommes : armes à feu 37 %
Globalement
Pendaison 17 %
Intoxication médicamenteuse 13 %
Noyade 6 %
Métro 5 %
Suicide des personnes âgées à Paris
(3)Données à partir de 155 cas (Costagliola, 1998)
Antécédents et contexte selon les familles interrogées
tristesse, pessimisme, dépression, idées de suicide sont retrouvées presque constamment
le suicide n’est jamais un acte totalement inattendu
74 personnes expliquent leur geste dans une lettre
très rarement des reproches ou un sentiment d’abandon dans ces lettres
rôle important du déclin physique : handicap visuel ou rhumatologique
Propension à traiter
(Uncapher, 2000)
Enquête auprès de 342 médecins généralistes par courrier
Une vignette clinique est proposée de façon aléatoire à 2 groupes différents
La vignette est un cas de dépression avec idéation suicidaire
Pour une version, l’âge est de 78 ans et l’autre de 38 ans, le reste du texte est identique
Propension à traiter (2)
(Uncapher, 2000)
Les chercheurs mesurent avec une échelle à 21 items la capacité de faire le diagnostic et la propension à soigner
Le diagnostic est fait par 99 % des MG, les idées de suicide détectées par 94 % pour les 2 cas cliniques
Mais la propension à traiter, la dépression et l’idéation suicidaire, est moins élevée pour le plus âgé
Les idées de suicide sont plus souvent reconnues comme normales pour le sujet âgé
Propension à traiter (3)
(Uncapher, 2000)
Les MG croient peu dans dans l’efficacité du traitement de la dépression et encore moins pour une personne âgée
Leur ambivalence vis-à-vis des psychiatres et des psychologues est identique, quel que soit l’âge de la personne
Ils les estiment peu capables d’aider un patient déprimé avec idéation suicidaire
Conférence de consensus sur la crise suicidaire
(octobre 2000)
Recommandations
faire savoir aux professionnels de santé que le risque de suicide augmente avec l’âge
informer de l’atténuation de la crise précédant le suicide avec l’avancée en âge
faire connaître les facteurs de risque de suicide
aborder la question du suicide médicalement assisté
Différents troubles associés au
risque de suicide
Troubles dépressifs Troubles dépressifs
Au moins 5 des 9 symptômes suivants doivent avoir été présents chaque jour pendant au moins deux semaines
Les symptômes 1 ou 2 doivent absolument être présents pour que le diagnostic de dépression majeure soit considéré
Troubles dépressifs Troubles dépressifs
1 Humeur ou irritabilité
2 Diminution notable d ’intérêt ou de plaisir dans la vaste majorité des activités
3 Perte ou gain de poids importants 4 Trouble du sommeil, insomnie ou
hypersomnie
Troubles dépressifs Troubles dépressifs
5 agitation ou ralentissement psychomoteurs 6 énergie réduite ou fatigue
7 sentiment d’inutilité ou de culpabilité
8 diminution de la capacité de penser ou de se concentrer ou indécision
9 pensées fréquentes reliées à la mort ou au suicide
La performance pour le traitement de la dépression
Moins de 20% des déprimés sont correctement traités
Moins de 10% des suicidés ont des
antidépresseurs alors que la dépression est impliquée dans au moins 70% des suicides
Il existe un fort potentiel d’amélioration !
Etapes pour démontrer que le traitement de la dépression est une stratégie efficace de
prévention du suicide dans la population
I. La dépression est associée au suicide
II. Le suicide est une complication de la dépression
III. Il existe des
traitements efficaces de la dépression
IV. Les cas de dépression sont sous-traités
V. Augmenter le traitement de la dépression dans la
population diminue les taux de suicide
VI. Le risque de suicide est diminué chez les cas
traités
Troubles de la personnalité
Axe II du DSM 4 et chapitre 5 de la CIM
DSM 4 : 10 catégories et 3 clusters
A - étranges et originaux : paranoïaques, schizoïdes et schizotypiques
B - dramatisation, émotivité et excentricité : histrioniques, narcissiques, limite/borderline et antisociales
C - anxieux et inhibés : évitantes,
dépendantes et obsessionnelles-compulsives
Comorbidité axe I et axe II
Particulièrement élevée pour borderline, antisociales, évitantes et dépendantes
Troubles psychotiques avec le cluster A
Abus de substance avec le cluster B
Dépression majeure et troubles anxieux avec le cluster C
En général les TP :
rendent plus difficiles les approches pharmacologiques et psychothérapiques
et sont la cause de chronicisation des troubles anxieux et
Prévalence des troubles de la personnalité
Faible en population générale
Entre 3 et 13%
Histrionique : 1.3%
Limite/borderline : 1.1%
Élevée en populations cliniques
Limite/borderline entre 23 et 67% parmi les hospitalisés en psychiatrie (Weissman, 1993)