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PRO FRIBOURG Septembre 1987 Trimestriel N° 74

Monde paysan:

de I'«idylle» aux réalités

(2)

Sommaire

MONDE PAYSAN : DE L"

1

IDYLLE" AUX REALITES

p. 5 La mémoire courte G. Bourgarel 9 40 ans après

11 D'une crise à l'autre

14 Pius Käser, gardien de la mémoire paysanne B. Boller &

C. Allenspach BILINGUISME EN QUESTION

26 Lettre de lecteur F. Richoz 29 Courgevaux, le bilinguisme dans les G. Bourgarel

faits Maya Loeliger 34 Les liens plus forts que le fossé

CHRONIQUES

36 Elections nationales 38 Petite suite patrimoniale 40 Menace sur le Funi à Fribourg 42 Des utopies pour Fribourg ? CREDIT PHOTOGRAPHIQUE :

Primula Bosshard, Fribourg : p. 14 à 25, 29 à 32.

Page de couverture :

Lith. de Fr. Corminboeuf v. 188o Impr. Frey & Conrad, Zurich G. Bourgarel Th. Urfer

APPEL A NOS LECTEURS :

Nous préparons une publication importante sur la Fête-Dieu : Si vous avez des photos anciennes ou récentes, des cartes postales, des documents sur le sujet, veuillez nous le faire savoir. Nous serions heureux de pouvoir en faire des copies pour réunir la documentation la plus complète possible. D'avance merci !

■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■■H Imprimerie Mauron + Tinguely & Lâchât S.A. Fribourg 4'800 ex

PRO FRIBOURG Secrétariat: Sta/den 14, 1700 Fribourg CCP 17 - 6883-3, Fribourg Cotisation :

Ordinaire: 28 fr.; de soutien 38 fr. avec l'édition de langue allemande (4 numéros par an) supplément 14 fr. Tarif réduit : 18 fr.

(étudiants, apprentis, 3

e

âge)

(3)

Editorial

Ce cahier sert d'introduction à une série à venir sur le monde paysan. Nous croyons à la nécessité d'un équilibre ville-campagne, d'une solidarité nouvelle. Cet équilibre est déjà largement rompu avec la prolifération des banlieues, des lotissements de villas, qui grignotent les terres agricoles en provoquant une pression spé¬

culative grandissante. Non contents d'envahir les campagnes, les citadins ont tendance à vouloir maintenant donner des leçons aux paysans en matière d'environnement et de sauvegarde des paysages.

Le monde paysan voit son outil de travail - la terre - de plus en plus rogné, alors que ses revenus diminuent, que ses rangs sont de plus en plus clairsemés. A l'abri de nos frontières, les instances officielles l'ont poussé à produire toujours plus, à passer en quel¬

ques décennies d'une économie de subsistance à la production indus¬

trielle, pour ensuite ne plus savoir que faire de ses excédents.

Notre société, qui lui doit sa survie en temps de guerre, a-t-elle la mémoire courte ?

Nous pouvons contribuer à instaurer un- dialogue entre citadins et ruraux pour retrouver un équilibre menacé : c'est l'identité même, la personnalité de notre canton qui est en jeu. Il est tentant à Fribourg de jouer les apprentis-sorciers et de promouvoir une muta¬

tion économique et technologique brutale, au risque d'accueillir sans trop de discernement le trop plein des cantons industrialisés.

L'extension des autoroutes accélère ce phénomène et déstructure no¬

tre canton.

Une mégalopole est en train de se former sur le plateau suisse, avec ses pôles d'attraction et ses centres de décision dans le fa¬

meux "Triangle d'Or". Notre canton, dans sa diversité régionale, linguistique et religieuse, est fragile. Il a tout à perdre à deve¬

nir la banlieue, l'arrière-pays des grands centres de la Suisse.

L'élection, l'automne dernier, de Raphaël Rimaz, s'est faite avec l'appui des citadins. C'est la preuve d'une solidarité prête à s' exprimer pour peu que le parler vrai triomphe de la langue de bois politicienne. Nous allons donc, dans de prochains cahiers, donner la parole aux intéressés. Nous traiterons de problèmes actuels tout en contribuant à raviver la "mémoire paysanne" qui est aussi notre mémoire à tous.

Dans ce cahier, nous donnons la parole à un paysan de Fendringen, Pius Käser, qui nous présente son étonnante collection qui restitue le mode de vie des paysans de toujours. Côté actualité, nous avons interrogé les édiles de Courgevaux, un village qui veut maintenir son équilibre sur la frontière des langues et à la limite de l'em¬

prise citadine. Cette ouverture va dans le sens même de l'élargis¬

sement de notre revue à l'ensemble du canton.

Gérard Bourgarel.

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En 1943, les paysannes étaient astreintes à ce travail de fourmis.

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5

n Jtiil.

1946

7 GZ Juil.

1946

7 LZ

CONFÉDÉRATION SUISSE CARTE SUPPLEMENTAIRE DE DENRÉES ALIMENTAIRES

Juillet 1946 Valable du 1" juillet au 6 août 1946 Ritions de la cirte suppl. pour juillet 1946 100 pt. Fromage A 30.

200 gr Graisse comestible . 9.

200 pt. Viande, prod, ou conserves de viande A 45.

A Suivant barème de conversion. 35852 Points 100

Viande Points 100 Viande

I 100 gr is Graisse

£ comestible

| 100 gr

s

Graisse S comestible

La mémoire courte?...

Seul un initié peut se faire une idée exacte de l'importance du travail qui s'accomplit actuellement dans les fermes de Suisse...

Il ne faut pas non plus s'imaginer qu'en tra¬

vaillant ainsi le paysan cherche à profiter de la situation, car, lorsqu'il met le meil¬

leur de ses forces au service de la produc¬

tion, il ne fait que suivre en toute simpli- g cité la voie que lui trace son sentiment du

devoir patriotique.

Rudolf Minger. en 1943.

Le rôle de notre paysannerie a été exalté durant la dernière guerre.

Elle incarnait à elle seule toutes les vertus de la patrie 1

Les 238'OOO exploitations agricoles de 1939 représentaient une force de travail de près de 600'OOO personnes. Les photos suivantes, ti¬

rées d'une publication du Plan Wahlen de 1943, montrent l'ampleur de cet effort humain pour l'extension des cultures : cette mobilisation était tout aussi importante que celle pour la garde des frontières.

La paysannerie a, en ces temps critiques, littéralement porté le pays à bout de bras.

Les autres classes de la société, en cultivant chaque parcelle dispo¬

nible aux abords des villes, en participant à l'effort paysan par du travail volontaire, redécouvraient les valeurs de la société rurale.

Le canton de Fribourg, avec ses 12'600 exploitations agricoles d'a¬

lors, occupant à plein temps plus de 38'OOO personnes, a contribué efficacement à l'approvisionnement du pays en fournissant par exem¬

ple le dixième environ des céréales panifiables.

(6)

6

Ces milliers de bras parvenaient en 1943 ä couvrir le 75 % des be¬

soins en calories de la population contre seulement 52 % en 1938.

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Le développement de la culture des champs en Suisse Répartition du terrain

en 1943

terres improductives 933000 ha.

forêts 1014000 ha.

pâturages et marais à litière 1056000 ha.

terres cultivables ■ ■ 1120500 ha.

Le développement des diverses cultures plantes oléagineuses betteraves à sucre «w année 1934 1940 1942 194} but fixé

<230 2464 10000 anrié» 1934 1940 1941 J942 1943 but fixé ha, 501 3 127 3426 3869 4770 18000

légumes . pommes de terre-'

année 1934 1940 < 941 1942 1943 but fixé

ha. 817» 11821 15 887 20328 22 530 20 694 année 1934 1940 1941 1942 1943 bu! fixé ha. 45 819 49 534 62 719 75 745 87 824 83 000

céréales

année 1934 1940 1941 1942 1943 but fixé

Ha. 116606 » 38 2S8 174065 192341 216450 357000

L'extension des cultures en pour-cent de la surface cultivable

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8

PAYÉS

POUR NE

RIEN FAIRE?

Manchette "accrocheuse" de l'Hebdo du 9 juillet 1987...

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9 Il (le paysan) espère toutefois fermement que

le peuple suisse et ses autorités ne l'abandon¬

neront pas à son sort quand l'heure des grandes difficultés sera passée, comme ce fut le cas après la dernière guerre mondiale.

R. Minger, en 1943 ...

40 ans après...

L'agriculture suisse a subi, en l'espace de 40 ans, une mutation complète. Protégée par les barrières douanières, elle n'est pas, dans son ensemble, devenue plus compétitive mais infiniment plus productive. Les rendements se sont accrus: ils ont, depuis la fin de la guerre, doublé pour les pommes de terre, presque triplé pour le froment, augmenté de moitié pour les betteraves sucrières. La production de lait et de viande a également progressé fortement.

La productivité de l'agriculture a ainsi augmenté au rythme de 6 % l'an. La paysannerie fait maintenant mieux que de couvrir les be¬

soins, elle produit des excédents. Première face du problème.

Dans le même temps, le poids spécifique de la paysannerie a dimi¬

nué dans des proportions non moins fortes. La population paysanne active, qui représentait encore 40 % à la fin du siècle dernier, a vu cette proportion tomber de moitié à la veille de la dernière guerre: elle n'est plus que de 6 % à peine actuellement. Des chif¬

fres qu'il faut cependant nuancer. Nous ne sommes pas en France où des régions entières se sont vidées de population. En Suisse, l'e¬

xode agricole ne se traduit pas nécessairement en exode rural:

Ceux qui quittent le métier de paysan (le nombre d'exploitations agricoles a passé de 238'000 en 1939 à 120*000 en 1985) ne quittent pas nécessairement leur village ou leur région. Néanmoins, et c'est la deuxième face du problème, le poids politique de la paysannerie du monde rural a diminué au profit du milieu citadin ou suburbain.

Tant que l'agriculture parvient à écouler ses produits sans diffi¬

cultés dans cet espace protégé qu'est le territoire suisse, tout va bien, mais que faire quand se dégagent régulièrement des excédents?

La crise qui en résulte fait alors ressortir le déséquilibre entre gros et petits ou moyens paysans: malgré les aides aux régions de montagne, l'écart de rémunération du travail est grand entre les uns et les autres.

La Suisse se tient à l'écart du Marché commun, mais la réalité qui nous entoure peut-elle être totalement ignorée ? Les prix officiels pratiqués à nos frontières sont, suivant les produits, inférieurs d'un tiers à la moitié. Certes, tant que la prospérité dure, les Suisses accepteront de payer plus cher qu'ailleurs les produits de base. Mais que faire des excédents qui, eux, ne sont pas compétitifs sur le marché international ? Et alors que les pays voisins produi¬

sent, eux aussi, à des coûts moindres, des excédents ?

Le malaise des paysans va grandissant: ils connaissent la fragilité de leur position et subissent la lente érosion de leur revenu. La polémique autour des payements directs (voir ci-contre la scandaleu¬

se manchette de l'"Hebdo") ne doit pas masquer l'importance de l'en¬

jeu: ce projet élaboré par une commission d'experts du Département

fédéral de l'Economie Publique peut apporter une solution au profit

des petits et moyens paysans.

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10

Paysans fribourgeois a la pointe de la lutte...

■ Producteurs de

La soupe

grimace

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„ ,« autorités. , x 08^00 ^300815

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Manifestation paysanne à Gummenen -•

Wcui

Une soupe à vomir pour les cochons Comment sont nourris les cochons des porcheries indus¬

trielles? Avec une soupe de viande dégoûtante et dangereu¬

se, ont répondu hier quelques paysans de l'Union des producteurs suisses (UPS). Pour dénoncer le « scandale », ils étaient une cinquantaine à se rendre devant la porcherie de Gummenen (BE), près de Laupen. Au menu de la manifes¬

tation: discours, film, interception de camions, prises de bec, le tout dans une odeur difficilement soutenable. Résul¬

tat: une plainte pénale du propriétaire, mais surtout la conviction d'avoir fait progresser la cause des petits produc¬

teurs.

tester l'odeur dégagée par la « soupe de viande » fabriquée sur place. Seule une manifestante a pu entrer dans la por¬

cherie elle-même, qui lui a paru norm»- le. Les manifestants ont ensuite pré¬

senté à la presse un film sur la fabrica¬

tion de ta soupe de viande, où entrent toutes sortes de déchets carnés, de cadavres et parfois des résidus d'em¬ ballage.

«Cadavres d'animaux et déchets camés rapportent de (rot sous lorsque les cochons s'en occupent,..» Cest de cette am ère constatation qu'est partie l'action d'hier. Auparavant, l'UPS avait mené une enquête dans plusieurs porcheries industrielles de Suisse

—ixitU Sa conclusion: un fournie La police intervient AWtAe par le propriétaire, la police

monde l'a suivi jusqu'à Laupen, où les manifestants ont demandé ft l'indus¬

triel pourquoi un camion venait inuti¬

lement ft son usine... Mais ils avaient déjft la réponse: «Cest bien qu'il se passe des choses pas très légales dans cette usine», assurent-ils.

Viande et système pourris Gùmmenen n'est que la pointe de l'icebeig. soulignent encore les petits producteurs. «Ce n'est pas seulement la viande qui sert ft nourrir les cochons qui est pourrie, c'est tout le système!»

Selon les manifestants, toutes les gran¬

des porcheries industrielles pratiquent l'alimentation ft la soupe de viande, même si elles y ajoutent du petit lait et

des déchets de pommes de terre. A sentir l'odeur de leur «assiette du

jour», on se demande comment les ques, accusent les paysans romands. acheter une côtelette sans se renseigner porcs ne tombent pas malades: c'est simple, on leur donne des antibioti¬ sur le mode de nutrition de l'animal ?», interroge l'UPS. Pour enrayer le fléeau, l'nrunisation paysanne formule plu- « Lequel d'entre nous pourra encore

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D'une crise à l'autre

11

La population du Canton de Fribourg est essen¬

tiellement agricole, et elle paraît destinée par la nature à conserver toujours ce caractère distinctif. Nous l'en félicitons sincèrement, persuadés que nous sommes que son bonheur n'en sera que mieux assuré.

L'Emulation, septembre 1841.

La déclaration confiante et naive que nous mettons en exergue n'est pas ti¬

rée d'un écrit conservateur, mais bien du numéro-manifeste de l'Emulation qui, à la veille du Sonderbund, regroupait les novateurs fribourgeois, émules et disciples du Père Girard. Ils donneront en 1848 les cadres du régime radical qui contribuera à intégrer Fribourg dans la Suisse moderne !

Pouvait-on, à l'époque, imaginer un canton de Fribourg qui ne soit plus essentiellement agricole ? Le passé in¬

dustriel du Fribourg médiéval était bien lointain et les récentes tentati¬

ves d'industrialisation (indiennerie, horlogerie, verrerie) avaient le plus souvent avorté.

Les paysans fribourgeois du milieu du siècle dernier formaient la grande masse de la population mais émergeaient à peine d'une longue non-existence po¬

litique.

Ils mettront longtemps à prendre cons¬

cience de leur propre force. Ils reste¬

ront "encadrés". Voyez cette première

"Société fribourgeoise d'agriculture"

créée en 1848 et qui entreprend un uti¬

le travail de vulgarisation : les pré¬

sidents de cette première organisation '"paysanne" s'appellent de Diesbach, de Castella, de Raemy, de Gottrau... et cela sans interruption jusqu'en 1890.

C'est un peu l'ancien régime qui se perpétue.

L'histoire de la paysannerie fribour¬

geoise se confond avec celle de ses crises. La surpopulation de naguère

engendrait, après le service étranger, l'émigration, encore encouragée dans les années 30. Le sous-emploi chroni¬

que était cause de multiples formes d'exploitation (travail à domicile, emplois précaires et mal payés dans les villes).

Le passage, somme toute récent, de l'économie de subsistance à l'agricul¬

ture industrielle engendre une nou¬

velle crise.

De nos jours

Une contestation salutaire se manifeste au sein des petits et moyens paysans fribourgeois. Aux Jeunes Paysans suisses et aux Greffons fribourgeois ont succédé l'Union des Producteurs Suisses et son comité de crise. Des actions "coup de poing" ont alerté l'opinion. Leur effet reste limité car la politique agricole s'élabore à Berne et non dans le canton.

C'est d'ailleurs à Grangeneuve que se situe le centre de gravité de notre pay¬

sannerie et non dans les bureaux du Dé¬

partement de l'Agriculture. Mais ne re- trouve-t-on pas une forme renouvelée de mise sous tutelle dans le mode de nomi¬

nation du nouveau directeur de Grange- neuve ?

Cette nomination "politique" permettra- t-elle à l'Institut de Grangeneuve de se renouveler ? La recherche de perfor¬

mances de rendement n'étant plus priori¬

taire, l'Institut contribuera-t-il à

adapter l'agriculture à la demande du

consommateur, ainsi que Paul Bourqui en

formait le voeu au moment de quitter la

barre ?

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2

1905 : Montée à l'alpage en Gruyère.

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'■4 £ f- .-\j sy> •-«• \îf.»

Fanage à l'Ecole d'agriculture de Grangeneuve, à ses débuts.

Fête à Gruyères

en 1933.

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Pour une mémoire paysanne

Les paysans sont gens "sans histoire" dans la mesure où l'histoire officielle est celle des classes dirigeantes : seigneurs et bour¬

geois ou bourgeois-seigneurs comme ce fut le cas à Fribourg. Une relecture et une réécriture sont donc nécessaires pour seulement imaginer ce que fut la vie de tous les jours du commun des mortels, des paysans formant la grande majorité de la population.

Notre revue aura donc pour but d'attirer l'attention sur les étu¬

des faites et pour en vulgariser l'information historique. Elle s'efforcera aussi de donner la parole aux détenteurs de la "mémoi¬

re paysanne", hors de la sélection esthétique des musées et de 1*

idéalisation folklorique. Le témoignage de Pius Käser que nous pré¬

sentons dans les pages suivantes en est l'exemple même.

Les paysans de nos régions ont dû subir pendant des siècles la vo¬

lonté de leurs maîtres, le flux et le reflux des conquêtes et des luttes religieuses. Ils devinrent Savoyards, puis Sujets bernois ou fribourgeois, et enfin citoyens vaudois ou fribourgeois, catho¬

liques ou protestants sans leur demander leur avis. Ces clivages subsistent de nos jours. Ils étaient cependant "contre nature" à voir la Guerre des Paysans de 1653 qui les retrouva solidaires dans la lutte. L'"ordre" rétabli, cet esprit de révolte restera longtemps dans les mémoires et sera sans doute un ferment des ré¬

voltes locales, de Chenaux en 1781 ou de la guerre des bâtons de 1830.

On retrouve une même parenté par delà les frontières cantonales dans cette culture paysanne qui subsistera intacte, indépendante des modes de la ville, jusqu'au milieu du siècle dernier, avant que l'industrialisation ne nivelle tout. Cette culture paysanne est portée par tout un réseau de contacts et d'échanges qui n'a laissé que peu de traces écrites s fêtes, foires, pèlerinages, colporteurs qui sillonnaient les campagnes.

Si les traditions disparaissent, si le mode de vie se transforme, il en est de même pour l'habitat, le parcellaire et la végétation.

L'inventaire en cours du patrimoine rural intervient un peu au der¬

nier moment, alors que les fermes anciennes sont détruites ou ven¬

dues aux citadins. Là encore les conseils ou les directives n'ont que peu de poids au vu de la nécessaire adaptation à des conditions de vie et de travail nouvelles. La conservation du patrimoine rural pour avoir un sens, doit être le fait des pavsans eux-mêmes. Le ci¬

tadin le mieux intentionné sera toujours celui "qui se penche sur., à 1'encontre de ceux qui vivent la réalité. Le four à pain de Ried près de Kerzers, restauré et exploité par les habitants, est évidem ment le meilleur exemple de mémoire vivante.

Là encore, la seule voie possible est celle du dialogue.

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Pius Käser:

gardien de la mémoire paysanne

Pius Käser est paysan à Fendringen près de Bösingen, où sa famille est établie depuis des générations. La for¬

te tradition familiale l'a poussé à réunir très tôt tout oe oui n'intéres¬

sait plus les gens (à quoi bon ces vieilleries ?) mais qui se rapportait à la vie de tous les jours de sa ré¬

gion, la Singine.

Parmi les innombrables objets amassés, la plupart ne répondent pas aux critè¬

res esthétiques des musées, mais té¬

moignent d'un mode de vie menacé de sombrer dans l'oubli. Un mode de vie qui allait tellement de soi, qu'on y prêtait guère attention.

Sans la patiente recherche de gens tels que Pius Käser, qui sauve des objets de la poubelle ou du carmerce des antiquaires, ces témoins de la vie quotidienne disparaîtraient ou perdraient leur identité et leur si¬

gnification. Car Pius Käser peut en¬

core s'appuyer sur une longue tradi¬

tion orale.

Pius Käser n'est d'ailleurs pas qu'un simple collectionneur, il est aussi un chercheur à qui l'on est redevable de monographies sur les métiers et les coutumes de la région. Il tient à faire partager son savoir et nous a ainsi ouvert les rortes de sa ferme.

L

m

Pius Käser tient en main un sachet de papier béni dont on versait le contenu

dans l'aliment du bétail : c'était une source de revenu pour les moines.

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Monsieur Käser, vous avez réuni au long de dizaines d'années un ncmbre impressionnant d'objets liés à la vie de tous les jours dans les cam¬

pagnes singinoises. Beaucoup au¬

raient été perdus sans votre inter¬

vention, des souvenirs se seraient effacés, car la jeune génération a déjà été élevée dans un autre mode de culture. Qu'est-ce qui vous a incité à entreprendre une telle col¬

lection ?

- Chez nous à la ferme nous avions de vieux meubles. Les an¬

tiquaires s'y sont intéressés mais je ne voulais pas m'en sé¬

parer. Je suis parti de Ici et ensuite, cela n'a fait que s'a¬

jouter. Mais je devais avoir la collection dans le sang !

Cette activité de collectionneur est- elle maintenant bien perçue, reconnue par les gens d'ici ?

- Il y a encore 20 ans, cela était encore considéré comme un peu fou. Beaucoup de choses ë- taient alors simplement jetées.

Il faut savoir qu'il y a un siè¬

cle, la misère régnait encore et qu'en Haute-Singine les gens ë- taient affamés. L'irruption de l'ère industrielle a été pour beaucoup une libération. "Loin avec toutes ces vieilleries"

était la réaction courante, car cela rappelait trop de mauvais souvenirs. Il y a 20 ans, lors de liquidations, personne ne s'intéressait plus aux vieilles choses. Maintenant c'en est venu au point que les gens se dispu¬

tent pour les avoir. Il faut par¬

fois procéder à des enchères en¬

tre héritiers, sinon cela donne¬

rait du vilain. C'est ainsi de¬

puis cinq ou dix ans. Dans cha¬

que maison, il y a au moins quel¬

qu'un qui s'y connait. On ne bra¬

de plus ces choses.

Cannent vous procurez-vous ces pièces, vous les donne-t-on ou devez-vous les acheter ?

Cela arrive rarement que les gens

m'apportent quelque chose. Cela arrive parfois quand les gens sa¬

vent qu'il y là quelqu'un qui v prête intérêt. La difficulté vient aussi du fait qu'ils ne se fient pas à un autre paysan, alors que des brocanteurs auront accès sans autre à leur grenier.

Les gens craignent qu'un des leurs puisse constater du désor¬

dre chez eux. Si bien que c'est souvent par ces intermédiaires que j'obtiens quelque chose. Je connais leurs prix. Sur les mar¬

chés aux puces, il est rare que je puisse acheter quoi que ce soit : ils exagèrent les prixl Mais le patrimoine culturel de

la Singine est déjà bien disper¬

sé. Il y des années en arrière, les armoires peintes singinoises trouvaient preneur jusqu'à Zurich et même Paris. C'est pourquoi je fais aussi les marchés au dehors et que je repère des objets de notre région que j'achète. Mais il faut bien connaître !

Est-ce qu'il y a là des choses avec lesquelles vous avez grandi ? Bien sûr, comme paysan ! C'est

l'avantage : un élève à l'école doit d'abord apprendre et décou¬

vrir par lui-même. A 55 ans, j'ai un âge qui m'a fait expérimenter pas mal de choses aujourd'hui dis¬

parues. Mes enfants, eux, n'en sa¬

vent plus rien : ils sont venus dans un monde différent. J'ai en¬

core eu le contact direct avec l'ancien artisanat et ses produits tels que ces poteries : les chif¬

fonniers les donnaient en payement.

Pour d'autres choses, j'ai encore pu questionner les anciens, à quoi cela servait. Pour mes publica¬

tions, j'ai visité des gens de 80 ou 90 ans et j'ai posé question sur question.

Où se situe la différence entre votre collection et ce nue présentent les mu¬

sées régionaux came celui de Tavel ?

- Les musées sont le plus souvent

orientés vers les pièces de haut

(21)

21 niveau artistique. A Tavel ne sont

présentées que des pièces de choix pas tout en vrac comme chez moi.

Tavel a de beaux meubles singinois, d'intéressants ex-votos et des peintures sous verre. Mais il y a pourtant beaucoup d'autres choses!

Je pense qu'on ne devrait pas col¬

lectionner seulement les nièces qui ont cent ou deux cents ans. Il y a eu un tel bouleversement dans les cinquante dernières années.

Avant, tout restait comme au vieux temps, les gens vivaient presque comme il y a trois siècles. Main¬

tenant, nous devons préserver ce qui était en usage il y a cinquan¬

te ans, même si cela n'a aucune valeur, simplement parce que bien¬

tôt on ne les trouvera plus. Le Musée des traditions populaires à Bâle ont ainsi déjà exposé des intérieurs de cuisine d'il y a 60 ans. Je collectionne aussi des choses sans grande valeur artisti¬

que : il y a aussi pas mal de kitsch.

Qu'est-ce qui vous apparaît le plus im¬

portant dans votre démarche ?

- Je m'attache surtout au lien en¬

tre ces choses et la culture et l'histoire de nos ancêtres. Dans chacun de ces vieux objets, je vois le travail artisanal et l'a¬

mour avec lequel on faisait cela.

Prenez par exemple ces boîtes dé¬

corées : si je les collectionne, c'est qu'il y a cent ans, il y a- vait à Laupen la fabrique de car¬

tonnages et les femmes et les en¬

fants de la région travaillaient pour elle à domicile. Ou encore,

j'ai reconstitué tout le proces¬

sus de la culture du lin au tis¬

sage de la toile. J'ai recherché tous les anciens outils jusqu'au rouet et au métier à tisser. Pour le tillage (voir photo en p.23), des hommes descendaient même de Guggisberg, cela aussi c'est de l'histoire. Depuis la 2e guerre, on ne cultive plus le chanvre et le lin que pour confectionner les costumes régionaux.

La vaisselle se rattache aussi à toute une histoire. On voit combien les gens étaient pauvres.

Quand on cassait de la vaisselle, on la mettait soigneusement de côté pour le raccommodeur de faï¬

ence. Ce n'était pas le seul ar¬

tisan ambulant : il y avait aussi le cordonnier et la couturière qui confectionnait à domicile.

Un autre exemple est fourni par ces coffres qui appartenaient aux domestiques. Le jour de la St-Martin, c'est à l'auberge du Belvédère à Fribourg que les con¬

trats se faisaient : le domestir que recevait alors une gratifica¬

tion de son patron et l'année suivante, à la St-Etienne, le paysan ramenait le domestique avec son char qui transportait cette caisse avec son avoir.

Vous avez nanbre d'objets religieux dans votre collection. Y a-t-il encore des maisons où ils sont en usage ? - Plus guère : il y a peut-être encore des vieux qui y restent attachés quand cela vient de leurs parents. On a beaucoup je¬

té au ruclon, bien que cela fit partie des usages anciens. Cette forme de dévotion s'est éteinte déjà à partir des années 20.

J'ai beaucoup de choses en rela¬

tion avec les pèlerinages. Ils se faisaient souvent après un décès familial et les gens rap¬

portaient des souvenirs. On al¬

lait à N.D. des Ermites à Ein- siedeln ou même plus loin, ainsi qu'en témoigne cet Agnus Dei de Rome. Ils étaient ensuite con¬

fiés aux couvents qui en fai¬

saient ces sortes de reliquaires.

Cela s'est perdu : il y a de moins en moins de soeurs dans

les couvents et elles n'ont plus la main pour confectionner ces

"bondieuseries". Si on jette tou¬

tes ces choses, plus personne n'en gardera le souvenir.

(Entretien avec Boris Boller et Chris¬

toph Allenspach. Adaptation française

de Gérard Bourgarel)

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(23)

Sur cette photo du début du siècle, la famille Käser apprête le lin (tillage après rouissage) pour le tissage.

f0

'"m-

'les paysannes et leurs enfants ont fabriqué à dcmicile ces boîtes décorées

travaillant souvent nuit et jour pour quelques francs."

(24)

"Je collectionne aussi des objets qui n'ont pas grande valeur artis¬

tique: il y a aussi pas mal de kitsch." Ici, des couronnes mortuaires.

(25)

25

Cette vieille crèche de Noël avec ses personnages de papier estampé présente un décor exotique, fait à la main.

La ferme de Pius Käser n'est pas un musée i Des visiteurs non annon¬

cés ne peuvent donc y être reçus. Par contre des groupes peuvent

prendre contact avec lui pour fixer un rendez-vous.

(26)

26

Lettre de lecteur Bilinguisme, source de

malentendus Impressions

d'un romand natif de Fribourg

Même si, en chiffres absolus, la popu¬

lation de la minorité alémanique de la ville de Fribourg n'a pas beaucoup aug¬

menté par rapport à celle de la majori¬

té romande au cours de la dernière dé¬

cennie, on constate toutefois que son influence est ascendante dans tous les domaines : forts de leur bilinguisme, les Singinois se sont progressivement substitués aux romands dans de nombreux ppstes à responsabilité de la politi¬

que, du commerce, de l'administration publique et privée, de l'enseignement et même de la culture. Cette tendance s'accompagne d'une main-mise sournoise, mais réelle, de l'économie d'outre- Sàrine sur notre industrie et notre commerce, sans oublier les ventes d'im¬

meubles à des promoteurs ou propriétai¬

res alémaniques qu'on ne compte plus.

Ces constats donnent aux romands un sentiment de frustration bien naturel et leur inquiétude est encore alimentée par la difficulté toujours croissante qu'ils éprouvent à apprendre une langue dont leurs compatriotes (singinois et autres) s'éloignent de plus en plus pour se complaire dans des dialectes inaccessibles à la plupart des romands.

C'est, quoiqu'on en dise, une barrière énorme qui, paradoxalement, "minorise"

la majorité. Il ne s'agit pas d'ignorer ou de mépriser la richesse des dialec¬

tes alémaniques et l'attachement des populations locales à leurs particula¬

rismes qui ont souvent été mis en exer¬

gue par les média, mais il faut recon¬

naître qu'apprendre une langue qu'ils

n'entendent pas parler est un handicap insurmontable pour beaucoup de romands et que cela les met en état d'infério¬

rité dans de nombreuses situations. Où en serait-on si notre propre idiome n' était qu'un patois ressemblant vague¬

ment au français et différent de celui des Vaudois, des Neuchâtelois, des Ju¬

rassiens, des Valaisans ou des Genevois et que les suisses-allemands devaient apprendre le français en écoutant la cacophonie qui en résulterait ?

Les romands éprouvent donc un sentiment d'amertume assez compréhensible face à une certaine inégalité des chances et cela peut en partie expliquer qu'ils distillent parfois de 1'"anti-alémanis- me" primaire, certes vexant pour ceux qui en sont l'objet, mais pas très dan¬

gereux. Même s'ils se rebiffent ainsi quelque peu, ce n'est paradoxalement pas eux qui se plaignent, du moins offi¬

ciellement.

D'où viennent les doléances ? Les Singinois, se solidarisant de ma¬

nière un peu trop hâtive et absolue avec les alémaniques (non seulement une partie de leurs comportements et de leurs traits de caractère ont des ori¬

gines latines, mais même leur langue a

été influencée par les idiomes proches,

tel le patois gruérien), mènent depuis

belle lurette un combat idéologique

pour faire reconnaître formellement

leurs droits dans la communauté fribour-

geoise. On doit pourtant dire que non

seulement ils sont maîtres chez eux (la

Singine et partiellement le Lac), mais

(27)

27

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4J u Q)

•H fd M ; a TD : ftf A P cu

fdre avertir

le

qu'en ville de Fribourg, la longue ex¬

périence de la cohabitation des deux communautés a abouti petit à petit (et malgré des imperfections indéniables relevées pertinemment dans une "Boîte aux lettres" de la Liberté du mois de juillet dernier par M. Armin Schôni), à une reconnaissance de fait de la mi¬

norité linguistique qui a acquis très naturellement de nombreux avantages in¬

connus ailleurs, tels que le dédouble¬

ment linguistique de toutes les classes d'école, une influence prépondérante à l'Université, une presse autonome d'ex¬

pression allemande (et de bonne qualité), la rédaction de tous les textes officiels en langue allemande, l'accès toujours plus facile à des postes de responsabili¬

té en lieu et place de romands monolin¬

gues, etc... Mais certains alémaniques en veulent plus : l'inscription officiel¬

le de la parité des langues dans la Cons¬

titution cantonale (l'égalité des droits^

de tous et la reconnaissance officiel¬

le d'une deuxième langue parlée par la minorité de la population y sont déjà inscrites, il ne manque plus que la perfection dans l'égalité !), la recon¬

naissance de fait du bilinguisme dans certaines communes limitrophes (rappe- lons-nous les propositions de la nou¬

velle loi scolaire rejetée par le Par¬

lement) , un dédoublement des noms de rues à Fribourg (F. Aebischer); des revendications apparemment innocentes, mais qui, en réalité, essayent sournoi¬

sement de battre en brèche les droits acquis de la majorité et le principe de la territorialité si durement impo¬

sée par exemple aux romands venant s'installer à Zurich (Ecole française interdite aux enfants de confédérés de langue française venant habiter à de¬

meure à Zurich). On ne peut encore ju¬

ger définitivement de l'ampleur des mouvements issus de la "Deutschfreibur- gische Arbeitsgemeinschaft", mais il est à craindre que si certains respon¬

sables continuent d'attiser le feu, nous ne pourrons aboutir ni à la paix, ni à l'ouverture, ni à la compréhen¬

sion préconisés par les discours de politiciens démagogues à court d'argu¬

ments électoraux, mais bien plus pro¬

bablement à l'affrontement, au replie¬

ment et à la haine...

Quels que soient les lointains antécé¬

dents linguistiques de notre ville, quelle que soit la situation "privilé¬

giée" de Fribourg à cheval sur la fron¬

tière des langues et des cultures, quelle que puisse être la "vocation bi¬

lingue" qu'on veut attribuer à notre cité, il existe en son sein une majo¬

rité incontestable qui a le droit d'e¬

xercer démocratiquement sa prépondé¬

rance. Elle est d'ailleurs, à mon avis, indispensable au maintien de notre identité sur le plan cantonal. Mais que l'on m'entende bien ! Les droits de la minorité et des individus qui la représentent ne doivent être l'objet d'aucune restriction et c'est dans le respect et la collaboration réciproque qui a malgré tout le plus souvent exis¬

té dans le passé entre les deux commu¬

nautés, que se consolidera la paix et que s'amélioreront encore les condi¬

tions de cohabitation.

Quel choix pour le futur ? Du temps de mon enfance (début des an¬

nées 40), le bilinguisme était une pra¬

tique "naturelle" qui venait d'ailleurs de loin et qui a donné naissance au

"bolze"; beaucoup de familles dont le père et la mère étaient de langues dif¬

férentes, n'avaient pas le réflexe de choisir vraiment une langue maternelle, de sorte que les enfants s'exprimaient dans un langage curieux où l'on mélan¬

geait allègrement français et allemand dans la même phrase. Inutile de préci¬

ser que les jeunes issus de ces milieux

éprouvaient beaucoup de peine à trouver

leur équilibre et leur identité, sans

compter les difficultés d'insertion Dro-

fessionnelle. Ce bilinguisme-là, plus

(28)

28

personne n'en veut; il n'a plus que la saveur du folklore... Aujourd'hui, les romands de Fribourg sont plus que ja¬

mais préoccupés par le problème du bi¬

linguisme, dans le sens qu'ils souhai¬

tent ardemment qu'on leur donne des moyens efficaces pour apprendre à parler l'allemand. Il n'y a malheureusement pas de miracle, ce qui n'empêche pas que l'on doive consentir de gros efforts, aussi bien sur le plan de la qualité de l'enseignement que sur celui de la pri¬

se de conscience et de la compréhension du problème par la minorité linguistique.

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Pas de macédoine à la biennoise .'

Mais il existe actuellement des proposi¬

tions pour une nouvelle forme de bilin¬

guisme qui semble avoir la cote dans cer¬

taines sphères intellectuelles et univer¬

sitaires. Il s'agirait de susciter une nouvelle génération de "biculturels".

Je m'explique : si l'on en croit les som¬

mités en la matière, il paraît que Fri¬

bourg devrait avoir la vocation d'engen¬

drer cette nouvelle race d'hybrides.

Nous sommes même avertis que si notre ville ne répond pas à cette vocation, les habitants romands seront taxés d'

"ethnocentristes", c'est-à-dire qu'ils passeront pour des attardés qui valori¬

sent excessivement leur langue et déni¬

grent cejle des autres (voir cahier de

"Pro Fribourg" de septembre 1986 sous la plume de Mlle Brohy). Il faut donc créer des bilingues "biculturels" qui seront bien sûr immédiatement des champions de

l'assimilation rapide sous toutes ses formes. On voit ça d'ici \ Merveilleux la science et la technique : à l'appui

de cette thèse, on vous donnera en pâ¬

ture quelques couples bilingues expéri¬

mentaux qui nous prouveront que tout cela est possible. Et les autres ? Ceux qui n'en veulent pas, les cancres et les allergiques à l'apprentissage des lan¬

gues, qu'en fera-t-on ? Seront-ils les futurs minoritaires méprisés et brimés ? Tout le monde sait que les gens sont très diversement doués pour les langues et qu'un tel bilinguisme profiterait forcément à une minorité de sujets au quotient intellectuel élevé (de la vraie sélection) et à quelques débrouillards qui sauraient en tirer profit; mais que deviendraient ceux qui croient librement et sincèrement à leur identité propre

(celle des bilingues est une forfaiture) et en prorité à leur langue ? On pour¬

rait évidemment prendre les enfants au berceau, les manipuler (scolarisation des enfants dans l'autre langue, grâce à des classes d'"immersion"), c'est-à- dire utiliser des méthodes autoritaires, somme toute très germaniques... Mais comme il paraît que cela marche au Cana¬

da et aux Etats-Unis, on n'a plus rien à dire ! Notez que si ça amuse nos compa¬

triotes de s'appliquer à eux-mêmes des recettes pour créer des bilingues, c'est leur droit, mais les romands ont de leur côté, je pense, une idée plus cohérente et plus exhaltante de ce que représente leur langue et leur culture. Ils ont le droit de les préserver et ils ne peuvent approuver de tels procédés, même s'ils sont chauds partisans de l'ouverture et des échanges entre les cultures et les peuples. Le respect des autres, la com¬

préhension, les contacts, ne peuvent être basés sur de tels malentendus; le

"biculturel", c'est une vue de l'esprit;

on penche tôt ou tard d'un côté ou de 1'autre, même si on ne se 1'avoue pas...

à moins de créer des robots 1

S'ouvrir aux autres ne signifie pas s'i¬

dentifier à eux, car le dynamisme et le progrès trouvent souvent leur source dans les différences culturelles. C'est pourquoi nous ne voulons pas être des produits de l'assimilation ! Sinon pour¬

quoi ne pas relancer 1'"esperanto" et tomber dans de nouvelles illusions...

François Richoz

(29)

29

Chacun connaît (ou croit connaître) la situation particulière du district du Lac.

L'ancien bailliage commun à Berne et Fribourg, le Moratois (Murtenbiet) propre¬

ment dit, a été agrandi par le régime radical de 1348 avec des emprunts aux An¬

ciennes Terres et à la Singine pour former l'actuel district du Lac. Une façon à peine déguisée de l'ancrer plus solidement du côté fribouraeois, après auatre siècles d'influence bernoise prépondérante, à la fois politique, linguistique et religieuse. Traversé par la "frontière linguistique", ce district mixte ne con¬

naît officiellement qu'une commune mixte : Morat - Murten. La réalité, on s'en doute, est plus complexe : des communes classées de langue française ont une po¬

pulation à grande majorité alémanique (Greng, Meyriez) alors que d'autres ont plus ou moins la parité entre les deux langues : Wallenried, Courtaman et Cour- gevaux. Cette situation n'est pas nouvelle : elle était déjà telle il y a un siècle. Pour voir comment les choses se passent dans la vie de tous les jours, nous avons rencontré les responsables de la Commune de Courgevaux.

M. Eddy Werndli, syndic, entouré de deux de ses collègues du Conseil Com¬

munal, Madame Boll in et M, Lauber ont dialogué avec nous, comme ils le font au sein de leur Conseil, chacun dans sa langue, français et ...non pas al¬

lemand ou Schwyzertütsch, mais bien Buretütsch la langue du "terroir".

Chacun(e) comprenant l'autre...

Courgevaux (750 habitants) est offi¬

ciellement de langue française. La réalité de Courgevaux-Gurwolf est

pourtant la plus forte. Depuis une dizaine d'années, si le procès-verbal continue à être rédigé en français, tout se passe naturellement dans les deux langues.

Ce bilinguisme est solidement ancré et personne ne songe à le remettre en cause. Le Syndic en est un vivant exemple : de mère romande et de père alémanique formant un foyer de lan¬

gue française, il est très sensible

au bon équilibre à maintenir entre

(30)

30

les deux langues au sein d'une seule et même communauté. Car les diffé¬

rences de langue et de religion n'ont pas entamé à ce jour la cohé¬

sion du village.

Comme le relève Mme Bol lin, elle- même alémanique établie en Suisse ro¬

mande depuis une vingtaine d'années, il y a d'autant moins de problèmes que les gens ont des contacts entre eux. Les problèmes naissent du man¬

que de relations.

Equilibre ou point de rupture ? Maintenir cet équilibre demande du doigté car rien n'est définitivement acquis dans cette région en pleine mutation. Morat est une voisine qui donne le ton et aspire à atteindre la taille actuelle de Bulle. L'autoroute se prolongeant, la région est mise à portée de Berne, de ses habitants et ...de ses investisseurs. Les édiles de Courgevaux gardent la tête froide et ont bien conscience que l'équili¬

bre actuel ne résisterait pas à une

poussée incontrôlée. Ils favorisent dès lors une croissance douce qui fe¬

rait passer la population des 750 ac¬

tuels à 1000 ou 1200 au plus dans les prochaines vingt années.

Courgevaux tient à préserver ses ter¬

res agricoles tout en attirant de pe¬

tites industries et en développant des zones de villas. Une sorte de Qua¬

drature du cercle si l'on considère que les terrains se prêtant le mieux à l'industrie sont bloqués par ...le stand de tir de Morat, qui n'est nul¬

lement pressée de le déplacer, alors que le Préfet est lui-même fervent tireur...

Autre menace pour l'équilibre : la spéculation. Alors qu'un prix du ter¬

rain aménagé à 100-150 Fr. le m2 pa¬

raissait jusqu'alors une limite raison¬

nable, un groupe d'architectes bernois vient de faire main-basse par voie d'en¬

chères sur une parcelle de 4'000 m2 à 270 Fr. le m2 et l'offrent déjà en ven¬

te à 380 Fr. !

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Mme BOLLIN : Les contacts humains évitent les tensions.

Les deux tiers des achats de terrains à construire sont actuellement le fait d'alémaniques. Cette poussée ne s'exer¬

ce pas seulement à Courgevaux, mais également dans le Vully et la région d'Avenches et demain, peut-être dans celle d'Estavayer, autoroute aidant ! Charbonnier plus maître chez lui ? Face à la poussée spéculative, une com¬

mune n'a guère que l'arme de son plan d'aménagement, pour peu qu'elle en fas¬

se bon usage. La volonté est bien affir¬

mée à Courgevaux de ne pas muer le vil¬

lage en banlieue de Morat. Donc pas de blocs locatifs avec tous les investis¬

sements disproportionnés et les problè¬

mes accrus d'intégration qu'ils entraî¬

nent. On préfère laisser cette forme de développement à Morat qui prévoit dans les sept à dix ans à venir la construc¬

tion de 5 à 600 logements.

Problêmes scolaires épineux

Il ne suffit pas que tout le monde trouve un terrain d'entente au village

pour que les problèmes soient résolus quand tout risque d'être bloqué à l'é¬

chelon supérieur.

L'école en est l'exemple. Courgevaux étant officiellement francophone, la plupart des alémaniques étaient obli¬

gés d'envoyer leurs enfants à leurs frais à Morat. En adoptant une péré¬

quation dans le cadre du cercle sco¬

laire, cette inégalité a pu être répa¬

rée sur le plan financier. Mais la con¬

trainte du déplacement subsiste et est mal supportée. Le Syndic romand voit avec peine ces "petits bouts" de cinq ans prendre le bus scolaire "dont ils escaladent avec difficulté les marches trop hautes pour eux." Il pense sur¬

tout que l'école au village est le fac¬

teur d'intégration par excellence.

Mme Bol lin remarque à ce sujet que si les romands sont familiarisés avec le

"Buretütsch", c'est qu'ils l'ont appris

"dans la rue" au contact des villageois.

Le Syndic, ouant à lui, souhaite un

changement de politique scolaire. Le

Département de l'Instruction Publique

(32)

32

M. LAUBER : Le dialecte est la langue du terroir.

ne tient pas suffisamment compte de la situation particulière de Courgevaux :

"On applique la loi avec trop de rigi¬

dité. Si on pratique le bilinguisme, on est pénalisé. On ne fait pas de dif¬

férence pour nos communes. Le Canton doit faire un effort en ce sens."

La limite imposée de dix élèves au mi¬

nimum par classe est grave de consé¬

quences : "Chaque fois qu'on ferme une classe dans un village, on détruit quelque chose." Et de citer le village voisin de Courlevon, privé d'école de¬

puis dix ans : "Ils en souffrent et en parlent toujours. L'école, c'est la base, nos souvenirs viennent de là.

Sinon c'est l'anonymat. On tue l'esprit des villages pour des économies de bouts de chandelle."

Il y a plus : dans cette situation de bilinguisme de fait, les limites impo¬

sées deviennent des absurdités. Les classes françaises sont elles-mêmes menacées. Le Syndic souhaite garder tous les enfants au village jusqu'à la cinquième année : "Les transports n'ap¬

portent que des inconvénients." La Com¬

mune a, en prévision, acheter un ter¬

rain. Mais, bien sûr, à ce stade, c'est à 1'Etat de jouer.

Le dialecte à sa juste place Si du côté romand l'attachement au français va de soi, de l'autre côté l'attachement au dialecte est viscéral, avec une nuance : la référence, c'est le village, le terroir plus que la Suisse alémanique prise en bloc. Pour M. Lauber, "l'allemand est "aussi" une langue étrangère." L'usage du dialecte ne fait pas obstacle au sein du villa¬

ge. Mais il remarque que les alémani¬

ques nouveaux venus trouvent plus vite le contact à Morat qu'au village.

La conscience est forte que le "bure- tütsch" est à usage interne : l'alle¬

mand est indispensable comme langue de communication. Selon Mme Bol lin, l'en¬

vahissement des médias et de la publi¬

cité par le Schwyzertütsch participe d'une mode.

Le Syndic lui-même souhaite que dans le canton de Fribourg on encourage les élèves à faire leur dixième année d'é¬

tude dans l'autre langue. Il cite 1' exemple de sa fille qui a élargi ainsi le cercle de ses amis et connaissances.

"Cela favorise une meilleure compré¬

hension. Et le romand qui n'apprend

pas l'allemand dès le départ aura des

problèmes toute sa vie : il traînera

un boulet."

(33)

33 Une communauté bilingue

A Courgevaux, le bilinguisme est réel¬

lement vécu. C'est un aspect fondamen¬

tal de la vie communautaire, ce n'est pas le seul. Il y aurait encore à fai¬

re pour encourager la vie associative.

M. Werndli remarque que les gens sont axés sur la TV. fiais il croit o,u'"à l'avenir la recherche de la qualité de la vie primera. Il y a du côté des jeu¬

nes une recherche de contacts. Ce sera une autre génération pour une autre so¬

ciété : les jeunes voudront autre cho¬

se." L'environnement est à ses yeux la préoccupation majeure et il convient déjà de faire l'inventaire de ce qui peut être fait â l'échelle du village.

En quelque sorte, la fondue moitié- moitié est à Courgevaux nullement in¬

digeste. Cela tient sans doute à la qualité des deux composantes : tout tourne finalement entre gens qui se connaissent et se respectent. Mais les édiles de Courgevaux ne prétendent Das pour autant avoir "la" recette. C'est ce qu'ils ont dit à ceux du Vully ve¬

nus les trouver du fait que le problè¬

me du bilinguisme leur tombe littérale¬

ment sur la tête avec 20 à 30 % d'alé¬

maniques. M. Werndli se contente d'é¬

noncer simplement :

"Pour vivre en bonne intelligence, il faut que chacun joue le jeu et respec¬

te 1'autre."

G.B.

(34)

34

Les liens

sont plus forts que le fossé !

Quand on parle de bilinguisme, nombre de romands éprouvent des réti¬

cences, lesquelles reflètent leurs craintes face au dynamisme écono¬

mique de la Suisse alémanique. Ce problême bien réel d'équilibre confédéral ne doit pas faire oublier qu'au sein de notre canton, les deux communautés linguistiques ont contribué dès l'origine à la for¬

mation d'une identité commune. Les réactions d'un lecteur romand sont tempérées par l'exemple de Courgevaux. Sans faire de ce village un "modèle" transposable, nous pouvons en tirer une utile leçon : celle d'apprendre à se mieux connaître et à mettre l'accent sur ce que nous avons en commun tout en acceptant les différences comme un enrichissement.

C'est la démarche que tente maintenant la nouvelle "Communauté fri- bourgeoise, mouvement pour l'égalité des langues", fondée le 29 juin dernier. Cette initiative a été saluée d'un commentaire acerbe dans

"La Liberté", sur lequel nous ne reviendrons pas. Armin Schöni a re¬

mis les choses en place dans une lettre de lecteur . Aussi donnons- nous la déclaration d'intention de la Communauté fribourgeoise, dont notre secrétaire a pris la présidence pour la période de lancement : POURQUOI UNE "COMMUNAUTE FRIBOURGEOISE" ?

Parce que c'est cela même qui est en jeu: cette capacité de vivre ensemble, romands et alémaniques, au sein d'une ville, d'une région et d'un canton où les deux communautés linguistiques sont soit mêlées, soit au contact de¬

puis l'origine. Elles ont fait pen¬

dant des siècles oeuvre commune, ne peuvent plus être dissociées, forment ensemble une réelle çt véritable com¬

munauté fribourgeoise.

Dans une telle communauté, il ne peut y avoir de citoyens de seconde zone.

Cela implique une égalité des langues qui doit reposer sur une base légale,

constitutionnelle, sans équivoque.

Notre but est de parvenir à ce résul¬

tat dans un esprit communautaire. Nous n'avons que faire des rivalités, des querelles de clocher linguistiques, de l'esprit de revanche ou de supériorité, de citadelle avancée d'une culture con¬

tre une autre. Nos efforts doivent ten¬

dre à faciliter la vie des gens, à fa¬

voriser leur épanouissement culturel et social et non à créer des difficul¬

tés nouvelles.

C'est bien évidemment là l'originalité de notre démarche qui aboutit à la cré¬

ation d'un mouvement après six mois de

(35)

35 préparation et âe réflexion au sein

d'un groupe de travail. En se faisant, nous ne nions pas l'utilité des asso¬

ciations qui, telles que la Deutsch- Freiburgische Arbeitsgemeinschaft ou la Communauté romande s'efforcent de représenter leur communauté linguisti¬

que: nous nous plaçons simplement sur un autre terrain. Nous ne voulons pas de guerre de positions, de guerre de tranchées qui finiraient par faire croire à l'existence de ce fossé de la Sarine, de ce "rôsti-graben", alors que notre cité est d'abord une ville de ponts, de contacts et d'échanges.

Notre référence, c'est une ville, un canton qui s'est construit, qui a pris figure par 1'action commune de nos deux communautés linguistiques. Nous ne vou¬

lons pas d'un divorce où l'on aurait bien du mal à trancher, à discerner l'apport des uns et des autres. Nous ne voulons pas qu'à force de maladres¬

ses, de préjugés, de routine et de né¬

gligence, on aboutisse à une situation belge. Imaginez-vous que notre Universi¬

té bilingue puisse connaître un jour le sort attristant de l'Université de Louvain-Leuven, scindée irrémédiablement, sa bibliothèque dispersée. Il y a un réel danger pour nous à se référer à la

"Romandie" et à la Suisse alémanique comme à deux blocs antagonistes: à terme, cela ne peut signifier que l'éclatement de notre canton.

C'était déjà le souci de Gonzague de Reynold et de ceux et celles qui, au lendemain de la guerre, créèrent l'Ins¬

titut Fribourgeois et élaborèrent la

"Charte des langues", une étude remar¬

quable qui n'a pourtant pas été prise réellement en compte par nos gouvernants:

elle a été, en bon français de Fribourg,

"schublardisée", mise dans un tiroir.

Depuis lors, le problème a pris une au¬

tre dimension, il s'inscrit dans un con¬

texte différent. Il ne suffit plus de reprendre la "Charte des langues" telle quelle, mais bien plutôt de s'en inspi¬

rer quant à son esprit pour imaginer des solutions adaptées aux conditions réelles de notre époque.

C'est qu'il n'est plus possible de nos jours de raisonner à l'échelle de son clocher; on ne peut plus raisonner au¬

jourd'hui que par "ensembles". Les an¬

ciens découpages administratifs ne cor¬

respondent plus, en cette fin du 20e siè¬

cle, aux "ensembles" qui se forment par le jeu des migrations alternantes (de travail, de scolarisation, de "services") et qui forment le cadre de vie réel des hommes, des femmes de notre temps.

C'est dans ce cadre nécessairement élar¬

gi que doit être trouvé la solution de problèmes linguistiques qui ne sont qu'un aspect d'un problème plus vaste, engendré par la mobilité croissante de nos popula¬

tions, par la dissociation des fonctions, par la dillution des limites ville-campa¬

gne.

Nous n'avons bien entendu pas de solu¬

tions toutes faites à vous proposer : nous pouvons tout au plus, à ce stade, indiquer la direction à suivre, les priorités qui doivent être, non pas celles des romands et des alémaniques, mais bien des "Fribourgeois-Freiburger"

membres d'une seule et même communauté.

La Communauté fribourgeoise entend oeu¬

vrer pour 1'égalité des langues, dans la volonté de mieux se connaître, dans une compréhension réciproque de façon à stimuler également les deux composan¬

tes culturelles et linguistiques d'une seule et même communauté.

Si cette question vous tient à coeur et si vous êtes désireux de contribuer au bon équilibre entre les deux communautés linguisti¬

ques, vous pouvez vous adresser à la

Communauté fribourgeoise, mouvement pour l'égalité des langues,

Case postale 3, 1722 Bourguillon

(36)

36

Elections nationales

Une élection de routine ? Pour une fois l'ambiance est au changement. La vague verte qui a atteint Zurich, Bale, Berne, Lucerne et Genève, risque bien de se ré¬

percuter sur le plan national. Sous le signe d'un tel changement, les associa¬

tions luttant pour l'environnement sont sorties de leur réserve. Elles se sont unies pour présenter un "tarif écologi¬

que" aux candidats de presque tous les cantons.

A Fribourg, cette consultation a été en¬

treprise par une large plateforme de mouvements cantonaux (dont Pro Fribourg) et les réponses des candidat(e)s seront portées à la connaissance du public.

L'élection Tan dernier de Raphaël Rimaz conforte les espoirs que l'électorat est sensibilisé à l'environnement et souhaite des personnalités neuves et engagées. La course à la coupole sera

dans notre canton un peu plus ouverte que d'habitude. Quatre députés sur six se retirent dont l'un pour avoir trébu¬

ché sur sa "route à Rime". Aurons-nous pour autant l'un ou l'autre représen¬

tante) d'une véritable politique de l'environnement, à 1'encontre du triste record détenu par notre représentation à Berne ?

Votre vote peut faire la différence.

Cela demande bien sûr beaucoup de dis¬

cernement pour éliminer les pêcheurs en eau trouble et autres requins d'eau douce.

Le vert est certes à la mode dans pres¬

que toutes les tendances et nuances possibles. Ce n'est généralement qu'un vernis superficiel dont il ne restera pas beaucoup de traces passé le 18 octo¬

bre.

(37)

37 Un triste record fribourgeois

Avons-nous la représentation à Berne que nous méritons ?

Si notre canton s'est fait dans le pays une réputation de conser¬

vatisme extrême, nous le devons pour une grande part à nos con¬

seillers nationaux. Leur politi¬

que de l'environnement est révé¬

latrice. Les associations de protection de l'environnement en Suisse ont recensé les votes des parlementaires lors de 16 scru¬

tins essentiels touchant à l'en¬

vironnement. Les votes fribour¬

geois repoussent notre canton tout au bas de l'échelle. Jean Riesen (PS) contribue pour 4 pts et Paul Zbinden (PDC) pour un seul. Les autres ont fait preuve d'un parfait ensemble : ils n'ont jamais voté dans le sens de l'en¬

vironnement !

Quatre conseillers nationaux se

retirent maintenant, Riesen, Butty (PDC), Rime (PR), et Cottet

(UDC). Savary et Zbinden (PDC) se représentent.

Il serait temps que la nouvelle représentation fribourgeoise té¬

moigne de la sensibilité grandis¬

sante à la protection de l'envi¬

ronnement. Ces jours prochains les associations fribourgeoises pour 1'environnement (WWF, AST, LSPN, Société d'Art Public, Comi¬

té contre la NI, Groupe Velo et, bien entendu, Pro Fribourg) fe¬

ront connaître les résultats de notre consultation des candidats et candidates sur le tarif écolo¬

gique.

Pour le Conseil aux Etats, nous pouvons déjà vivement recommander Otto Piller (PS) pour son engage¬

ment sans faille tant sur le plan social que sur celui de notre en¬

vironnement.

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