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3.4 Unit´ es d’un corps de nombres

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Universit´e P. et M. Curie (Paris VI), Michel Waldschmidt Deuxi`eme semestre 2006/2007 date de mise `a jour:27/03/2007 Master de sciences et technologies 1`ere ann´ee - Mention :Math´ematiques et applications Sp´ecialit´e :Math´ematiques Fondamentales MO11 :Th´eorie des nombres (12 ECTS)

Troisi`eme partie : Arithm´etique des Corps de Nombres

Fascicule 6 : section 3.4 (12 pages)

3.4 Unit´ es d’un corps de nombres

3.4.1 Enonc´´ e du th´eor`eme de Dirichlet

Uneunit´e alg´ebriqueest un ´el´ement inversible de l’anneau des entiers alg´ebriques.

Lemme 3.14. Pour un entier alg´ebriqueαd’un corps de nombresk, les conditions suivantes sont

´equivalentes

(i)αest une unit´e alg´ebrique.

(ii)N(α) =±1.

(iii)Nk/Q(α) =±1.

D´emonstration. .

L’´equivalence entre (ii) et (iii) est banale, puisque N(α) = NQ(α)/Q(α) et que Nk/Q(α) = N(α)[k:Q(α)]

.

Si αest une unit´e alg´ebrique, d’inverse β, et sik est un corps de nombres contenant α, alors on a d’une part Nk/Q(α) ∈ Z et Nk/Q(β) ∈ Z car α et β sont entiers alg´ebriques, et d’autre part Nk/Q(α)Nk/Q(β) = Nk/Q(αβ) = 1 car αβ= 1. Donc Nk/Q(α) est un ´el´ement inversible de Z, ce qui montre (i)⇒(ii).

Enfin siαest un entier alg´ebrique de norme±1, son polynˆome minimal surZs’´ecrit Xn+a1Xn−1+· · ·+an−1X+an ∈Z[X]

avecan =±1, et l’entier alg´ebrique

β =−ann−1+a1αn−2+· · ·+an−1) v´erifieαβ=a2n= 1, doncβ est l’inverse deα.

Notons qu’il existe desnombresalg´ebriques de norme±1 qui ne sont pas des unit´es alg´ebriques : un exemple est

−1 +i√ 15 4

(2)

qui est racine du polynˆome 2X2+X+ 2.

Soientkun corps de nombres etnson degr´e. D’apr`es le th´eor`eme de l’´el´ement primitif1.21, il existeα∈ktel quek=Q(α). On d´ecompose le polynˆome irr´eductibleP ∈Q[X] deαdansR[X] : soientr1 le nombre de facteurs irr´eductibles de degr´e 1 etr2 le nombre de facteurs irr´eductibles de degr´e 2. Ainsir1+ 2r2=n. Notons α1, . . . , αr1 les racines r´eelles deP :

P(X) =

r1

Y

i=1

(X−αj)

r1+r2

Y

j=r1+1

(X2+bjX+cj).

Pourr1+ 1≤j ≤r1+r2 le polynˆomeX2+bjX+cj a deux racines complexes conjugu´ees, que l’on noteαj etαr2+jj. Ainsi la d´ecomposition deP en facteurs irr´eductibles dansCest

P(X) =

n

Y

i=1

(X−αj).

Il y anQ-isomorphismesσ1, . . . , σn dek dansC, qui sont d´etermin´es respectivement par σj(α) =αj (1≤j≤n).

Pour 1 ≤ j ≤ r1 l’image σj(k) de k par σj est dans R, tandis que σr1+j et σr1+r2+j sont complexes conjugu´es pour 1 ≤ j ≤ r2. L’ensemble {σ1, . . . , σr1} des plongements r´eels et celui {σr1+1, . . . , σr1+2r2}des plongements non r´eels ne d´ependent pas du choix de l’´el´ement primitifα.

Leplongement canonique dekest l’applicationQ-lin´eaire injectiveσ:k→Rr1×Cr2 d´efinie par σ(x) = σ1(x), . . . , σr1+r2(x)

.

Le seul choix qui ne soit pas intrins`eque est celui entre un plongement non r´eel et son conjugu´e.

On identifieC `a R2 parz=<(z) +i=(z) et on note encore σl’applicationQ-lin´eaire de kdans Rn qui envoiex∈ksur

σ1(x), . . . , σr1(x),< σr1+1(x)

,= σr1+1(x)

, . . . ,< σr1+r2(x)

,= σr1+r2(x) .

La structure du groupe des unit´esZ×k d’un corps de nombreskest donn´ee par leTh´eor`eme de Dirichlet:

Th´eor`eme 3.15. Soientk un corps de nombres,n son degr´e, r1 le nombre de plongements r´eels deket2r2 le nombre de plongements complexes deux-`a-deux conjugu´es complexes. Alors le groupe des unit´esZ×k dekest un groupe de type fini et de rangr=r1+r2−1.

Dire queZ×k est un groupe ab´elien de type fini et de rangrsignifie que d’une part son groupe de torsion, qui est le groupektors× des racines de l’unit´e contenues dansk, est fini, et d’autre part que le quotientZk/ktors× est isomorphe `aZr: il existerunit´es1, . . . , rdansZ×k, qui sont lin´eairement ind´ependantes dansZ×k (on ditmultiplicativement ind´ependantespuisque la loi est multiplicative), telles que toute unit´e deks’´ecrive de mani`ere unique

ζa11· · ·arr

avecζracine de l’unit´e etai∈Z(1≤i≤r). On dit que (1, . . . , r) est un syst`eme fondamental d’unit´es dek si cette propri´et´e est v´erifi´ee, c’est-`a-dire si les images de1, . . . , r modulo torsion forment une base du groupe ab´elien libreZ×k/ktors× .

La d´emonstration du th´eor`eme 3.15 n´ecessite quelques pr´eliminaires sur les sous-groupes de Rn.

(3)

3.4.2 Sous-groupes de Rn

Des exemples de sous-groupes deRsont d’une part

{0}, Z et plus g´en´eralementZxpourx∈R et d’autre part

Z+Z√

2, Q et R.

Les sous-groupes de la premi`ere liste sont discrets dansR: un sous-groupeGdeRnestdiscret si pour tout compactK deRn, l’intersectionG∩K est finie. Ceux de la deuxi`eme liste sont denses.

On remarquera que l’adh´erence d’un sous-groupe deRn est encore un sous-groupe de Rn. QuandG1 etG2sont deux sous-groupes deRn1 etRn2 respectivement, le produitG1×G2est un sous-groupe deRn avecn=n1+n2.

Nous allons voir que, dans une certaine mesure, ces remarques permettent de d´ecrire tous les sous-groupes deRn.

Nous commen¸cons par d´ecrire les sous-groupes discrets de Rn.

Lemme 3.16. Un sous-groupe GdeRn est discret dans Rn si et seulement s’il existe un ouvert U deRn contenant 0 tel queG∩U soit discret.

D´emonstration. Si G est discret on peut prendre U = Rn. Inversement, si G n’est pas discret, il existe un ´el´ement z ∈ Rn qui est un point d’accumulation d’´el´ements de G : pour tout > 0 il existe x∈ G tel que 0 < |z−x| < et il existe y ∈ G tel que 0 < |z−y| < |z−x|. Alors 0<|x−y|<2, ce qui montre que 0 est point d’accumulation deG.

Exercice. 1. Montrer qu’un sous-groupe non discret deRest partout dense.

2. En d´eduire la liste des sous-groupes ferm´es de R.

3. SoitGun sous-groupe de type fini deR. Donner une condition n´ecessaire et suffisante sur son rang pour queGsoit dense dansR.

4. Soitθ∈R. Donner une condition n´ecessaire et suffisante sur θpour que le sous-groupeZ+Zθ soit dense dansR.

Proposition 3.17. SoitGun sous-groupe discret deRn. Il existe un entiertdans l’intervalle0≤ t≤net des ´el´ementse1, . . . , etdeG, lin´eairement ind´ependants surR, tels queG=Ze1+· · ·+Zet. En particulier e1, . . . , etsont lin´eairement ind´ependants sur Z, donc Gest libre de rangt. Le nombretest la dimension duR-sous–espace vectoriel deRn engendr´e parG. La proposition3.17 montre que dans un sous-groupe discret deRn, des ´el´ements lin´eairement ind´ependants surZsont automatiquement lin´eairement ind´ependants surR.

D´efinition. Un sous-groupe discret deRnde rang maximalnest appel´er´eseau (en anglaislattice) deRn.

D´emonstration de la proposition3.17. Soitf1, . . . , ftune partie deGlibre surRmaximale. C’est une base du sous-espace vectorielV deRn engendr´e parG. De plusG0 =Zf1+· · ·+Zftest un sous-groupe deG. Montrons que G0 est d’indice fini dansG.

SoitK un compact deRn contenant

{u1f1+· · ·+utft; 0≤ui<1 (1≤i≤t)}.

(4)

Soitx∈G. Alorsx∈V, donc on peut ´ecrirex=x1f1+· · ·+xtft avecxi∈R. Soit mi= [xi] la partie enti`ere dexi :

mi∈Z, 0≤xi−mi<1 (1≤i≤n).

Posonsx0=m1f1+· · ·+mtft. Alorsx0∈G0 et x−x0 ∈G∩K. CommeGest discret,G∩K est fini. Donc le groupe quotientG/G0 est fini etG0 est d’indice fini dansG.

Soitsl’ordre deG/G0 et soitfi0=fi/s (1≤i≤t). On a

G0=Zf1+· · ·+Zft⊂G⊂Zf10 +· · ·+Zft0, ce qui permet de conclure grˆace `a la proposition3.13.

Th´eor`eme 3.18 (Structure des sous-groupes de Rn). SoitGun sous-groupe additif de Rn. Il existe un plus grand sous-espace vectorielV deRn surRcontenu dans l’adh´erence deG. Soient dla dimension deV etd+tla dimension de l’espace vectoriel engendr´e parGsurR. Posons enfin G0 =G∩V. Alors il existe un sous-groupe discret G00 de G, discret de rang t, tel que G soit la somme directe deG0 etG00.

D´emonstration. Pour% >0 notons

B(0, %) ={x∈Rn; kxk ≤%}

la boule euclidienne de rayon%et soitV% leR-espace vectoriel engendr´e parG∩B(0, %) dansRn. Posons

V = \

%>0

V%.

L’application%7→dimV%est croissante `a valeurs enti`eres≥0, donc il existe%0>0 tel queV =V%

pour 0< %≤%0.

Montrons queG0=G∩V est dense dansV. Soit >0 et soitx∈V. Posons%= min{/d, %0} et soit{e1, . . . , ed}une base deV surRavecei∈G∩B(0, %). On ´ecritx=x1e1+· · ·+xded, on posemi = [xi] (1≤i≤d) ety=m1e1+· · ·+mded. Alorsy∈G0 v´erifiekx−yk ≤.

Soit maintenant W le sous-espace deRn engendr´e parG. Comme il contient V sa dimension estd+t avect≥0. SoitV0 un suppl´ementaire deV dansW et soitp:W →V0 la projection de noyauV.

Montrons que p(G) est un sous-groupe discret de V0. Sinon il existerait z ∈ p(G) tel que 0<kzk< avec=%0/2. Soitw∈Gtel quez=p(w) ; on au=w−z∈V. CommeG0 est dense dansV il existew0 ∈G0 tel que ku−w0k< . Alors kw−w0k< %0 etp(w−w0) =z6= 0, ce qui signifie quew−w0∈Gv´erifiew−w06∈V et contredit le fait queV =V%0.

Alorsp(G) est un sous-groupe discret deV0 de rangt, donc un r´eseau deV0. On en prend une basep(y1), . . . , p(yt) et on poseG00=Zy1+· · ·+Zyt. AinsiG=G0⊕G00.

Enfin comme G00 est discret, V est le plus grand sous-espace vectoriel de Rn contenu dans l’adh´erence deG.

Le th´eor`eme3.18permet de pr´eciser la structure des sous-groupes ferm´es de Rn :

(5)

Corollaire 3.19. SoitGun sous-groupe ferm´e deRn. Il existe un plus grand sous-espace vectoriel V contenu dans G; si W est un sous-espace vectoriel de Rn suppl´ementaire de V, alors W ∩G est un sous-groupe discret deRn, etGest somme directe de V et deW ∩G.

Exercice. Soitx= (x1, . . . , xn)∈Rn. On consid`ere le sous-groupe

G=Zn+Zx={(a1+a0x1, . . . , an+a0xn) ; (a0, . . . , an)∈Zn+1} deRn.

1.Montrer queGest discret dansRn si et seulement six∈Qn. 2.En d´eduire que les conditions suivantes sont ´equivalentes.

(i) 0 est un point d’accumulation deG

(ii) Pour tout >0 il existe des entiers p1, . . . , pn,q, avecq >0, tels que 0< max

1≤i≤n|qxi−pi|< . (iii) L’un au moins desnnombresx1, . . . , xn est irrationnel.

3.Montrer queGest dense dansRn si et seulement si les nombres 1, x1, . . . , xn sont lin´eairement ind´ependants surQ.

En d´eduire que pour tout (ξ1, ξ2)∈R2 et pour tout >0 il existe des entiers rationnelsp1,p2 et qavec

1−p1−q√

2| ≤ et |ξ2−p1−q√ 3| ≤.

Exercice. On appelle caract`ere deRn tout homomorphisme continu deRn dansR/Z(ou dans le groupe multiplicatifUdes nombres complexes de module 1, cela revient au mˆeme).

1.V´erifier que tout homomorphisme continu du groupe additifRdans lui-mˆeme est une application R-lin´eaire, c’est-`a-dire de la formex7→λx, pour unλ∈R. En d´eduire d’abord que tout homo- morphisme continu du groupe additifRdans le groupe multiplicatifR× est de la formex7→eλx, ensuite que tout homomorphisme continu du groupe additifRdans le groupe multiplicatifUest de la formex7→eiλx. En d´eduire que tout homomorphisme continu χ:R→R/Zse factorise en χ=s◦h:

R −−−−−→h R χ&

 y

s

R/Z

o`us:R→R/Zest la surjection canonique eth:R→Rest une application lin´eaire.

2.Quanduest un ´el´ement deRn, l’applicationψu deRndansUdonn´ee parx7→e2iπu·x(o`uu·x est le produit scalaire standard dansRn) est un caract`ere de Rn. V´erifier qu’on les obtient tous ainsi. Le noyau deψu est{x∈Rn; u·x∈Z}.

3.En d´eduire que l’application de HomR(Rn,R) dans le groupe des caract`eres de Rn qui, `a une forme lin´eaireϕ, associeχϕ: x7→e2iπϕ(x), est un isomorphisme de groupes. Le noyau de χϕ est ϕ−1(Z).

4.SoitGun sous-groupe de type fini deRn. Montrer que les conditions suivantes sont ´equivalentes.

(i)Gest dense dansRn.

(ii) Pour tout sous-espace vectorielV deRn distinct deRn, on a rangZ(G/G∩V)>dimR(Rn/V).

(6)

(iii) Pour tout hyperplanH deRn, on a rangZ(G/G∩H)≥2.

(iv) Pour toute forme lin´eaire non nulleϕ:Rn −→Ron aϕ(G)6⊂Z.

(v) Pour tout caract`ere non trivialχ deRn, on aχ(G)6={1}.

(vi) Choisissons des g´en´erateurs g1, . . . , g` de Gsur Zet ´ecrivons les coordonn´ees desgj dans la base canonique deRn :

gj = (g1j, . . . , gnj), (1≤j≤`);

pour tout (s1, . . . , s`) dansZ` distinct de (0, . . . ,0), la matrice

g11 · · · g1`

... . .. ... gn1 · · · gn`

s1 · · · s`

est de rangn+ 1.

Montrer aussi que dans le cas`=n+ 1, la condition (vi) est ´equivalente `a la suivante : (vii) Lesn+ 1 nombres r´eels

h= det gij

1≤i≤n 1≤j≤n+1, j6=h

, (1≤h≤n+ 1) sont lin´eairement ind´ependants surQ.

Voici une caract´erisation des r´eseaux parmi les sous-groupes discrets d’un sous-espace vectoriel de Rn.

Lemme 3.20. Soient V un sous-espace vectoriel de Rn et soit G un sous-groupe discret deRn contenu dansV. Pour que Gengendre V sur R, il faut et il suffit qu’il existe un ensemble born´e B deV tel que

V = [

g∈G

(B+g).

D´emonstration. SiGcontient une base{e1, . . . , en} deV surR, alors B={x1e1+· · ·+xnen; 0≤xi<1 (1≤i≤n)}

convient.

Inversement, si G est contenu dans un sous-espace vectoriel V0 de V avec V0 6= V, et si p : V → W est la projection de V sur un suppl´ementaire W de V0 dans V, alors pour toute partieB deV on a

p

 [

g∈G

(B+g)

=p(B).

CommeW =p(V) est de dimension≥1, siB est born´e, alorsp(B)6=p(V), donc [

g∈G

(B+g)6=V.

(7)

SoitGun r´eseau deRn. Pour chaque basee={e1, . . . , en}deGle parall´elogramme Pe={x1e1+· · ·+xnen; 0≤xi<1 (1≤i≤n)}

est undomaine fondamental pourG, c’est-`a-dire un syst`eme complet de repr´esentants des classes moduloG. En ´ecrivant

Rn= [

g∈G

(Pe+g) (3.21)

on obtient une partition deRn.

Le passage d’une base de G`a une autre se fait avec une matrice de d´eterminant ±1, donc la mesure de Lebesgueµ(Pe) dePe ne d´epend pas dee: ce nombre est appel´ele volume du r´eseau Get not´ev(G).

Voici un exemple des r´esultats obtenus par Minkowski au XIX`eme si`ecle comme application de sag´eom´etrie des nombres.

Th´eor`eme 3.22 (Minkowski). Soient G un r´eseau de Rn et B un sous-ensemble mesurable de Rn. On supposeµ(B)> v(G). Alors il existe xet y distincts dans B tels quex−y∈G.

D´emonstration. Grˆace `a (3.21) on peut ´ecrireB comme r´eunion disjointe desB∩(Pe+g) avecg parcourantG. Alors

µ(B) =X

g∈G

µ(B∩(Pe+g)). Comme la mesure de Lebesque est invariante par translation on a

µ(B∩(Pe+g)) =µ((−g+B)∩Pe).

Les ensembles (−g+B)∩Pesont tous contenus dansPe et la somme de leurs mesures estµ(B)>

µ(Pe). Donc ils ne sont pas deux-`a-deux disjoints (c’est une des versions duprincipe des tiroirs de Dirichlet). Il existeg6=g0 dansGtels que

(−g+B)∩(−g0+B)6=∅.

Soientxet y dansB tels que−g+x=−g0+y. Alorsx−y=g−g0∈G\ {0}.

Corollaire 3.23. SoitGun r´eseau deRn et soitB un sous-ensemble mesurable de Rn, convexe et sym´etrique par rapport `a l’origine, tel que µ(B)>2nv(G). AlorsB∩G6={0}.

D´emonstration. On applique le th´eor`eme3.22`a l’ensemble B0= 1

2B={x∈Rn ; 2x∈B}.

On aµ(B0) = 2−nµ(B)> v(G), donc il existex6=ydansB0tels quex−y∈G. Alors 2xet 2ysont dansB, et commeBest sym´etrique−2y∈B. EnfinBest convexe, donc (2x−2y)/2 =x−y∈G∩B.

Remarque. Avec les notations du corollaire3.23, si on suppose queBest une partie compacte de Rn, alors l’in´egalit´e largeµ(B)≥2nv(G) suffit pour obtenir la conclusion. On le voit par exemple en appliquant le corollaire3.23`a (1 +)B avec→0.

(8)

3.4.3 Plongements d’un corps de nombres

Nous utiliserons plusieurs fois la remarque suivante : la somme des modules des coefficients d’un polynˆome

(X−α1)· · ·(X−αn)∈C[X]

est major´ee par

(1 +|α1|)· · ·(1 +|αn|). (3.24) Proposition 3.25. L’image de l’anneau des entiersZk de k par le plongement canoniqueσ est un r´eseau deRn.

D´emonstration. SiKest un compact deRn, il existe un nombre r´eelC >0 tel que tout (x1, . . . , xn)∈ K v´erifie |xi| ≤C (1 ≤i ≤ n). Si x ∈ k est tel que σ(x)∈ K, alors |σi(x)| ≤ C√

2 pour tout i= 1, . . . , n. De (3.24) on d´eduit que pourx∈Zk∩σ−1(K) la somme des modules des coefficients du polynˆome minimal dexest major´ee par (1 +C√

2)n, donc les polynˆomes unitaires irr´eductibles deZ[X] dont ces xsont racines sont en nombre fini. Ainsiσ(Zk)∩K est fini, et par cons´equent σ(Zk) est un sous-groupe discret de Rn. Comme σest un homomorphisme injectif deZ-modules et queZk est de rangn, son imageσ(Zk) est un sous-groupe de rangndeRn.

Le calcul du volume de ce r´eseau se d´eduit de la proposition suivante :

Proposition 3.26. SoitM un sous-Z-module libre dek de rang net soitx1, . . . , xn une base de M sur Z. Alorsσ(M)est un r´eseau deRn de volume

v σ(M)

= 2−r2

det σi(xj) .

D´emonstration. Soitd un entier positif tel quedxi ∈Zk pour 1 ≤i ≤n. Alors dM ⊂Zk. Donc σ(dM) est un sous-groupe d’indice fini deσ(Zk), et il r´esulte de la proposition3.25queσ(dM) et σ(M) sont des r´eseaux deRn.

Le volume de σ(M) est la valeur absolue du d´eterminant de la matrice n×n dont la i`eme colonne est

σ1(xi), . . . , σr1(xi),< σr1+1(xi)

,= σr1+1(xi)

, . . . ,< σr1+r2(xi)

,= σr1+r2(xi) . Par combinaison lin´eaire des lignes, la valeur absolue de ce d´eterminant est ´egale au module du d´eterminant de la matrice dont lai`eme colonne est

σ1(xi), . . . , σr1(xi), σr1+1(xi),(1/2)σr1+1(xi), . . . , σr1+r2(xi),(1/2)σr1+r2(xi) .

On en d´eduit imm´ediatement :

Corollaire 3.27. Le volume du r´eseau σ(Zk)deRn est 2−r2|Dk|1/2 o`u Dk est le discriminant de k.

(9)

Le plongement canonique d’un corps de nombres est utile pour ´etudier la structure additive de l’anneau des entiers. Pour ´etudier la structure multiplicative on introduit le plongement logarith- mique λdek: c’est l’application dek× dansRr1+r2 qui envoiex∈k× sur

λ(x) = log

σ1(x)

, . . . ,log σr1(x)

,2 log

σr1+1(x)

, . . . ,2 log

σr1+r2(x)

. Comme

Nk/Q(x) =

n

Y

i=1

σi(x),

si s: Rr1+r2 → R est l’application s(t1, . . . , tr1+r2) = t1+· · ·+tr1+r2, alors pour x∈ k× on a s◦λ(x) = log|Nk/Q(x)|.

En particulier un ´el´ement xde k× v´erifie |Nk/Q(x)|= 1, si et seulement siλ(x) appartient `a l’hyperplanH = kersdeRr1+r2 d’´equationt1+· · ·+tr1+r2= 0.

Grˆace au lemme3.14on en d´eduit :

Lemme 3.28. Soitx∈Zk,x6= 0. Les trois propri´et´es suivantes sont ´equivalentes : (i)x∈Z×k

(ii)Nk/Q(x) =±1 (iii)λ(x)∈H.

Le r´esultat suivant, dˆu `a Kronecker, nous permettra de d´eterminer le noyau de la restriction deλ`a Zk\ {0}:

Lemme 3.29. Si un entier alg´ebrique non nulαa tous ses conjugu´es complexes de modules ≤1, alorsαest une racine de l’unit´e.

D´emonstration. L’hypoth`ese surαet la majoration (3.24) impliquent que la somme des modules des coefficients des polynˆomes minimaux des nombresαm,m∈Z,m≥0, est born´ee par 2[Q(α):Q], ind´ependamment de m, donc ces nombresαmforment un ensemble fini : il existem6=m0 tel que αmm0, d’o`u le lemme3.29.

On d´eduit du lemme3.29

Zk∩kerλ=k×tors.

Comme la fonction d’Eulerϕ(n) tend vers l’infini avecn, le groupe de torsion d’un corps de nombres est fini (donc cyclique).

3.4.4 Th´eor`eme de Dirichlet

Le th´eor`eme 3.15 de Dirichlet, qui donne la structure du groupe des unit´es d’un corps de nombres, est une cons´equence de l’´enonc´e plus pr´ecis suivant :

Th´eor`eme 3.30. L’imageλ(Zk)de l’anneau des entiers dekpar le plongement logarithmique est un r´eseau de l’hyperplanH.

La d´emonstration du th´eor`eme3.30va utiliser plusieurs lemmes auxiliaires.

Lemme 3.31. Pour tout compactK deRr1+r2 l’ensemble deα∈Z×k tels que λ(α)∈K est fini.

(10)

D´emonstration. La majoration (3.24) montre que si K est un compact de Rr1+r2 les polynˆomes unitaires irr´eductibles de Z[X] dont les ´el´ements de λ−1(K)∩Zk sont racines sont en nombre fini.

Il r´esulte du lemme 3.31queZ×k est un groupe de type fini, produit direct du groupe finik×tors par un groupe libre de type fini et de rangr≤r1+r2−1 :

Z×k 'k×tors×Zr.

Pour compl´eter la d´emonstration des th´eor`emes3.30et3.15il reste `a v´erifier quer=r1+r2−1, c’est-`a-dire queZ×k contient r1+r2−1 ´el´ements multiplicativement ind´ependants, ce qui revient encore `a dire queλ(Z×k) engendre l’hyperplan H sur R. Pour cela on part d’un ´el´ement z de H et on veut montrer qu’il existe un ´el´ement deλ(Z×k) `a distance born´ee de z(pour pouvoir utiliser le lemme3.20). On construit d´ej`a un ´el´ementαdeZk tel queλ(α) ne soit pas trop loin dez, on majore la valeur absolue de la norme de αen utilisant le fait que λ(α) est proche de H, et cela suffit pour approcherλ(α), doncz, par un ´el´ement deλ(Z×k), grˆace au lemme3.32que voici.

Lemme 3.32. Soit κ > 0. Il existe un sous-ensemble fini Γ de Zk tel que tout entier α ∈ Zk

v´erifiant|Nk/Q(α)| ≤κ, puisse s’´ecrire α=γ avec γ∈Γ et∈Z×k.

D´emonstration. Le seul ´el´ement de Zk de norme 0 est 0. Donc si κ <1 le r´esultat est vrai avec Γ ={0}.

Soit m un entier non nul dans l’intervalle −κ ≤m ≤ κ. L’anneau Zk/mZk est fini ; il n’y a donc qu’un nombre fini d’id´eaux deZk qui contiennentmZk. Siα∈Zkv´erifie Nk/Q(α) =m, alors m∈αZk.

Ceci montre qu’il n’y a qu’un nombre fini d’id´eaux principaux deZk ayant un g´en´erateur dont la norme a une valeur absolue≤κ. Pour chacun d’eux on choisit un g´en´erateurγet on prend pour Γ l’ensemble de cesγ (sans oublier 0).

Lemme 3.33. Il existe une constante κ > 0 ayant la propri´et´e suivante : si λ1, . . . λn sont des nombres r´eels positifs v´erifiant λ1· · ·λn =κ etλr1+r2+jr1+j pour 1 ≤j ≤r2, alors il existe α∈Zk tel que

0<|σi(α)| ≤λi pour 1≤i≤n.

D´emonstration. SoitKle compact de Rr1×Cr2 d´efini par

|zi| ≤λi pour 1≤i≤r1+r2. Son volume est

r1

Y

i=1

(2λi)

r1+r2

Y

j=r1+1

πλ2j= 2r1πr2κ.

On prendκ >(2/π)r2|Dk|1/2 de telle sorte que ce volume soit>2r1+r2|Dk|1/2. Comme le volume deσ(Zk) est 2−r2|Dk|1/2(lemme3.27), on aµ(K)>2nv(σ Zk)

et il ne reste plus qu’`a appliquer le th´eor`eme de Minkowski3.23.

Remarque. Sous les hypoth`eses du lemme 3.33, l’´el´ement α qui est donn´e par la conclusion satisfait 1≤ |Nk/Q(α)| ≤κ.

(11)

D´emonstration du th´eor`eme3.30. Soit (t1, . . . , tr1+r2)∈H. Posonsnj= 1 pour 1≤j≤r1,nj= 2 pourr1< j≤r1+r2,

λj1/netj/nj (1≤j≤r1+r2)

et λr1+r2+j = λr1+j pour 1 ≤ j ≤ r2, o`u κ est la constante dont l’existence est affirm´ee dans l’´enonc´e du lemme3.33. Alorsλ1· · ·λn=κ, donc il existeα∈Zk tel que

0<|σj(α)| ≤λj pour 1≤j≤n

et 1≤ |Nk/Q(α)| ≤κ. Commet1+· · ·+, tr1+r2 = 0 on en d´eduit, pour 1≤j ≤r1+r2,

j(α)|=|Nk/Q(α)| Y

1≤i≤n i6=j

i(α)|−1≥κ−(n−1)/netj/nj.

Cela montre qu’il existe une constanteκ0 telle que, pour tout (t1, . . . , , tr1+r2)∈H, il existeα∈Zk

v´erifiant|Nk/Q(α)| ≤κet

1≤j≤,rmax1+r2

tj−njlog|σj(α)|

≤κ0.

On utilise le lemme3.32: soit Γ un sous-ensemble fini deZktel que tout ´el´ementα∈Zksatisfaisant

|Nk/Q(α)| ≤κs’´ecrive γ avec∈Z×k et γ∈Γ. Alors pour toutt ∈H il existeγ ∈Γ et∈Z×k tels que

kt−λ(γ)−λ()k ≤κ0,

ce qui montre que siB d´esigne la boule deRr1+r2 de centre 0 et de rayon R=κ0+ max

γ∈Γ kλ(γ)k, on a

H ⊂ [

∈Z×k

B+λ() .

Le lemme3.20permet de conclure queλ(Z×k) est un r´eseau deH.

D´efinition. Un syst`eme fondamental d’unit´es d’un corps de nombresk est un ensemble der= r1+r2−1 unit´es 1, . . . , r dans Z×k dont les images modulo k×tors forment une base du groupe Z×k/ktors× .

Cela signifie que toute unit´edekpeut s’´ecrire de mani`ere unique ζa11· · ·arr

avecζ racine de l’unit´e etaj∈Z.

Soitη1, . . . , ηrun ensemble derunit´es dek. On d´efinit ler´egulateurR(η1, . . . , ηr) de ce syst`eme d’unit´es comme le module du d´eterminant d’un mineur r×r de la matrice (r+ 1)×r dont les colonnes sont

λ(ηj), (1≤j ≤r).

Le fait que la norme deηj soit±1 montre que tous ces mineurs ont le mˆeme module. Un syst`eme derunit´es est ind´ependant (dans leZ-moduleZ×k) si et seulement si son r´egulateur n’est pas nul.

(12)

Lemme 3.34. Soit1, . . . , r un syst`eme fondamental d’unit´es dek et soitη1, . . . , ηr un syst`eme ind´ependant der unit´es dek. Alors le quotient

R(η1, . . . , ηr)/R(1, . . . , r)

est ´egal `a l’indice du sous-groupe de Z×k/k×tors engendr´e par les classes deη1, . . . , ηr.

D´emonstration. SoitE le sous-groupe deZ×k engendr´e par η1, . . . , ηr. D’apr`es la proposition3.13 qui donne la structure des modules sur les anneaux principaux, il existe une base x1, . . . , xr de Z×k/ktors× et des entiers positifs a1, . . . , ar tels que a1x1, . . . , arxr soit une base de E/ktors× . Alors l’indice deE/ktors× dansZ×k/k×tors esta1· · ·ar, et le quotient des r´egulateurs aussi.

En particulier le r´egulateur d’un syst`eme fondamental d’unit´es de k est le minimum parmi les r´egulateurs des syst`emes ind´ependants de r unit´es de k, il ne d´epend donc pas du syst`eme fondamental choisi : on l’appelle ler´egulateur de k et on le noteRk. Sir= 0 (c’est-`a-direk=Q ou sik est un corps quadratique imaginaire) on poseRk= 1.

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