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on n’a jamais trop d’ambition pour l’école

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Academic year: 2021

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on n’a jamais trop d’ambition pour l’école

S u p p l é m e n t à L ’ U S no6 1 5 d u 1 0 f é v r i e r 2 0 0 5

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ONTRIBUTION AU THÈME

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Mettons fin, une bonne fois pour toutes, à la précarité !

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L’art d’enseigner

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L ’efficacité, donc la démocrati- sation de l’enseignement en France, a progressé jusqu’en 1992 puis a régressé, en même temps qu’était généralement abandon- née la pédagogie par groupes de niveaux. N’y a-t-il aucune rela- tion de cause à effet ? Les groupes de niveaux étaient efficaces au moins contre le « décroche- ment ».

Si on veut aller vers davantage de démocratie, l’enseignement obli- gatoire, donc le collège, doit être commun à tous les Français. Le principal obstacle est l’enseigne- ment privé car il est l’enseigne- ment des classes sociales aisées.

Pourtant, d’après l’enquête du SNES de 1994, environ 70 % des enseignants, surtout les jeunes, pensaient que les élèves en grand échec n’ont pas leur place au collège.

Cette dérive n’est-elle pas un effet pervers de la spécialisation ? La monovalence des enseignants du collège a permis d’élever le niveau de formation initiale et de rému- nération. Chaque enseignant nor-

malement recruté est spécialisé, a une connaissance théorique approfondie de sa discipline. Mais ce n’est pas suffisant pour faire réussir ses élèves. La pédagogie (art d’enseigner) est indispensable et primordiale car le but du collège n’est pas de former de bons élèves mais de faire réussir tous les élèves, en réalité d’amener un maximum d’élèves au niveau de fin de Troisième défini par les pro- grammes.

Chaque enseignant-spécialiste a une position confortable face aux élèves, aux parents, à sa hiérar- chie puisqu’il est spécialiste. Mais la tendance naturelle n’est-elle pas de s’enfermer dans sa spécialité, de la promouvoir, d’enseigner son interprétation personnelle du pro- gramme, de juger les élèves d’un seul point de vue et d’évacuer les élèves en grande difficulté ? Si la formation des enseignants est suffisante, la bivalence n’est pas un attentat contre la qualité de l’enseignement. Au contraire, elle permet :

• de conforter l’une par l’autre les

deux disciplines par des exercices interdisciplinaires ;

• de mieux relativiser la place et l’apport des deux disciplines ;

• d’ouvrir sa pédagogie et sa pra- tique personnelle ;

• de varier son activité dans la semaine et de retarder l’envahis- sement de la routine ;

• de favoriser l’évolution person- nelle en multipliant par deux les occasions de se renouveler ;

• d’avoir deux points de vue sur chaque élève ;

• de diminuer le nombre d’inter- venants auprès des élèves, ce qui est plus confortable pour les élèves en difficulté ;

• de favoriser la primauté de la pédagogie aux dépens de l’élitisme récurrent.

Elle n’augmente la charge de tra- vail que pendant la formation ini- tiale.

La bivalence est, certes, moins sécu- risante pour les enseignants du col- lège mais améliore leur efficacité et favorise la démocratisation de l’en- seignement. ■

Yves Lejault

C inq ans après la mise en place de la loi Sapin, tirons le bilan de celle-ci afin d’avancer sur nos revendications. Tout d’abord l’ob- jectif de résorption de la précarité n’a pas été atteint, loin de là : 12 705 non-titulaires ont été titu- larisés par examen professionnel et concours réservé, mais cela ne concerne que, environ, 40 % des ayant droits. Et on ne peut pas dire, comme le fait le SNES (cahier de préparation du congrès n° 2, page 9), que c’est seulement la politique du gouvernement actuel qui a compromis le succès de cette loi. Son échec était dans le contenu de la loi elle-même, et c’est pour cela que l’École Éman- cipée a dénoncé sa signature. En

effet, des milliers de non-titulaires ont été exclus du plan : un grand nombre de contractuels n’ont jamais capitalisé l’ancienneté requise et nombre de candidats ont subi des examens profession- nels « couperets » (seulement

50,5 % d’admis en moyenne).

Aujourd’hui, alors qu’il ne reste plus qu’une « session Sapin », le nombre de non-titulaires dans l’éducation n’a pas diminué, il est le même qu’en 2000, c’est-à-dire de 30 000 à 40 000 ! Par contre, ce qui a changé, ce sont les condi- tions « d’emploi » des non-titu- laires. La précarité ne recule pas, mais en plus sa nature s’aggrave.

Depuis la rentrée, l’alternative pour des milliers de non-titulaires est le chômage ou/et la vacation.

Le ministère est responsable d’un plan de licenciement à faire pâlir de jalousie les patrons « casseurs ».

Cela suffit, les différents plans mis

en place ces dernières années ont

montré leurs limites. Contrairement

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à ce que pense la direction du

SNES (et de la FSU), ce n’est pas la titularisation immédiate des pré- caires qui menacerait nos statuts, mais bien le maintien de la préca- rité. Celle-ci représente une véri- table machine de guerre, un « che- val de Troie » contre nos statuts.

En réponse à une directive euro- péenne (encore une !) qui demande aux États de prendre des

mesures pour « limiter » la préca- rité, le ministre de la Fonction publique propose d’institutionna- liser celle-ci (une précarité moins sauvage !) en créant des CDI (« statut » inconnu dans la Fonc- tion publique actuellement) après une période « probatoire » de deux CDD maximum. Cette notion de contrat constitue une véritable déréglementation de nos emplois

statutaires. Pour l’École Émanci- pée, la seule revendication pos- sible pour mettre fin une bonne fois pour toutes à la précarité dans l’Éducation nationale reste la titu- larisation immédiate des non-titu- laires, en poste ou au chômage et dans le même temps, l’arrêt du recours à l’emploi précaire, quelle que soit sa forme ! ■

Alain Ponvert

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Contre la précarité, une seule réponse :

la titularisation immédiate sans conditions

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La hors-classe : une victoire ?

O n cherchera en vain dans le thème 2 « Quels personnels pour

quelle école ? », une partie consé-

quente concernant la lutte contre la précarité. Pourtant la direction du SNES le reconnaît : « L’État a recruté entre 1999 et 2001 plus de non titulaires que de titulaires » (congrès national, cahier n° 1, paragraphe 2. 1. 5. page 10). Dans les « Compléments pour appro- fondir », on trouve un texte

« Résorption de la précarité : bilan du plan Sapin »

(cahier n° 2, page 9) où on peut lire :

« En baissant drastiquement le nombre des postes de plus de 1 500 en deux ans, ce gouvernement a com- promis le succès de cette loi de résorp- tion de la précarité. »

Et quelles sont les luttes que la direction du SNES entend mener contre la précarité ? Quelles revendications entend-elle porter ? On trouve deux réponses : un

« mandat d’étude sur les listes com- plémentaires type premier degré » (s’imagine-t-on mettre ainsi fin au recrutement de vacataires et de contractuels ?) et « des mesures de titularisation pour tous les non-titu- laires en poste ou au chômage » (cahier n° 1, pages 10 et 12). Le flou des propositions masque mal la réalité de ce que le SNES veut défendre : un nouveau plan de titularisation, type loi Sapin, mais dont le succès serait assuré par un gouvernement honnête, qui ne réduirait pas « drastiquement » le nombre de places aux concours.

Aucun plan de titularisation par concours n’a jamais enrayé la montée de la précarité. Chacun peut le mesurer aujourd’hui, ces plans se sont à chaque fois accom- pagnés d’une précarité croissante prenant de nouvelles formes tou- jours plus régressives au plan des droits sociaux des personnels pré-

caires. Un concours spécifique signifie obligatoirement des condi- tions à remplir pour être candi- dat, des candidats qui réussissent, et d’autres, les plus nombreux, qui échouent mais que l’on juge tout de même en capacité d’être recru- tés comme précaires.

Contre la précarité il n’y a qu’une seule revendication cohérente : la titularisation immédiate et sans conditions de concours ni de nationalité de tous les personnels précaires et l’arrêt de leur recrute- ment. La précarité n’est nullement spécifique à l’enseignement secon- daire, même si elle y revêt des aspects particuliers. Pour gagner, il ne peut y avoir qu’une seule stra- tégie : la lutte unitaire de tous les personnels des trois fonctions publiques et des travailleurs des secteurs privés. ■

Raymond Jousmet, Émancipation

L es nouvelles modalités d’accès à la hors-classe (HC) des certifiés préfigurent les futurs projets de gestion de carrière des personnels : individualisation, mérité, pouvoir des chefs d’établissement, volonté d’affaiblissement du contrôle syn-

dical. En ces périodes de remise en cause des statuts des personnels et de renouvellement de la pro- fession, il est important de tirer les leçons du passé pour affiner nos revendications.

La hors-classe des certifiés a été

mise en place en 1989, alors que

Lionel Jospin était ministre de

l’EN, à la suite d’une lutte impor-

tante des personnels de Second

degré. Cette lutte faisait suite à

celle des infirmières de 86, des ins-

tits contre le projet de mise en

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A près un an d’existence, le bilan de l’Atelier Relais est plutôt positif.

En effet, le fait d’accueillir entre 4 et 6 jeunes en voie de décrochage scolaire, relevant de la PJJ, permet un suivi individuel selon leur per- sonnalité, leur âge, leur vécu, leur situation familiale, leur niveau scolaire, et un cursus souvent très décousu.

Après une durée d’accueil d’envi- ron 3 mois, notre objectif est que l’élève construise un projet d’orientation solide, et intègre l’idée de renouer avec une struc- ture scolaire.

Des horaires allégés, des ensei- gnements diversifiés (math, fran- çais, technologie, atelier d’écri- ture, arts...), une situation géographique excentrée au collège, et le suivi quotidien d’au moins un éducateur et un adulte référent permettent de prendre le temps de viser une véritable réinsertion.

Cependant, nos élèves, très hété- rogènes, à la limite de l’illettrisme ont des comportements déviants.

Cela demande à l’équipe pédago-

gique une grande disponibilité (réunions fréquentes), une grande écoute, et surtout de la motivation qui ne peut être le résultat que du volontariat, (à ne pas confondre tout de même avec le bénévolat !) mais aussi une capacité d’adapta- bilité car le plus souvent, l’éduca- tif prend le pas sur l’instruction.

Bien que nous ayons réussi à trou- ver une solution scolaire pour la majorité de nos élèves, il nous

semble que cette réponse à la déscolarisation précoce ne peut être que ponctuelle.

La structure est un lien entre l’ab- sence de scolarité, et le scolaire, mais ne peut être envisagée pour des élèves qui n’ont jamais quitté l’école. ■

Gaëlle Le Berre, Marina Loritte Collège Paul-Cézanne Mantes-la-Jolie (78)

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place des « maîtres directeurs ».

Sans avoir l’ampleur des mobili- sations de 2003, ni même de 2000, cette lutte de 89 marqua le milieu par sa détermination, ses modalités d’action (AG de per- sonnels, coordinations…). Il y eut des débats importants au sein du SNES. Les négociations avec le ministre se sont traduites par un avancement général plus rapide de carrière de deux ans pour tous, une accélération de carrière pour les premiers échelons, un allonge- ment pour les derniers et des mesures particulières, dont la hors-classe. L’argument de la direction du SNES était : nous allons élargir la brèche, obtenir le maximum de garanties d’accès à la HC pour permettre au plus grand nombre de collègues d’y accéder.

Ce qui fut fait. Aujourd’hui, de nombreux collègues en ont béné- ficié. Mais la HC reste une HC, c’est-à-dire non accessible à tous.

Accepter cette HC, c’était refuser de voir que c’était mettre le doigt dans un engrenage dangereux. Ce fut le premier pas de brisure de solidarité actifs-retraités : alors que jusque-là, toutes les mesures acquises par les actifs étaient répercutées sur les retraités, les retraités de l’époque, eux, ne pou- vaient évidemment pas accéder à la HC ! Ce fut une brisure de soli- darité entre actifs par la hiérar- chisation induite par la création d’une HC.

On est passé d’un système dit

« cylindrique », où tous les per- sonnels accèdent en fin de car- rière au 11

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échelon dans un corps à une seule classe, à un système dit

« pyramidal » ou seuls quelques- uns accèdent au sommet de la pyramide dans un corps à deux classes. Dès le début, les recteurs ont obtenu des quotas de hors- classe hors barème et régulière- ment les gouvernements successifs

ont voulu restreindre l’accès à la HC.

Nous militions à l’époque, à l’École Émancipée, pour une autre solu- tion : la redistribution de la masse salariale en points d’indice redon- nés à tous les personnels sous une forme à déterminer (échelon sup- plémentaire accessible à tous avec suppression du 1

er

échelon ou autre). Outre son aspect plus éga- litaire, sa remise en cause en aurait été plus difficile car soumise aux règles (encore !) communes des corps à une seule classe.

Soyons très attentifs dans l’élabo- ration de nos revendications en gardant le cap de la défense col- lective des personnels. Il s’agit de permettre à chacun d’avoir un déroulement de carrière indépen- dant des contraintes et hiérarchies locales avec l’objectif d’une fin de carrière qui soit la même pour tous. ■

Micheline Petitpas

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Une expérience en atelier relais

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Langues régionales

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Niveau de recrutement

ou niveau de qualification ?

P lusieurs mesures prises récem- ment par le ministère de l’Éduca- tion nationale fragilisent l’ensei- gnement des langues régionales.

Il y a eu la baisse brutale du nombre de postes au CAPES en 2004, confirmée pour 2005 (pour l’occitan, par exemple, de 14 postes (en 2003) à 4), qui bloque toute perspective de développe- ment dans le secondaire, dévalo- rise tout le cursus, du primaire jusqu’à l’Université, et décourage les étudiants qui auraient souhaité préparer ce concours.

Ensuite, il y a la dévalorisation des langues régionales aux examens.

Au baccalauréat, si les langues anciennes et l’allemand, en tant qu’options facultatives, sont reva- lorisées à juste titre et rendues plus attractives par un coefficient 3, on a « oublié » d’appliquer le même traitement aux langues régionales, ce qui risque d’entraîner leur abandon par les élèves. Elles ont été de même « oubliées » dans la liste des épreuves facultatives du nouveau brevet des collèges.

Enfin, le projet de loi d’orienta- tion daigne encore mentionner la possibilité d’organiser un ensei- gnement de langue régionale à tous les niveaux, mais « oublie » de préciser que cet enseignement peut être dispensé en langue régio- nale dans les sites bilingues. Et à l’école primaire, la langue vivante enseignée dans le « socle com- mun » ne peut être qu’étrangère,

alors que jusqu’ici la langue régio- nale avait aussi sa place. Parmi les enseignements qui viennent en supplément du « socle commun », et que le projet souhaite valoriser, manquent une fois de plus les langues régionales.

Il faudrait parler aussi des moyens (dans la DGH ou sur crédits spé- cifiques), et des recrutements attribués aux langues régionales, car, dans le contexte général de baisse qui affecte toutes les matières, ces langues sont parti- culièrement touchées.

Bref, au lieu de développer l’offre d’enseignement des langues et cul- tures régionales pour « préserver cet élément essentiel du patri- moine national » – comme disent tant de textes officiels –, le minis- tère organise depuis plus d’un an la réduction de l’attractivité et de l’utilité de cet enseignement, et la diminution de la demande.

Le SNES s’est prononcé à maintes reprises, et encore au cours de son dernier congrès (Toulouse 2003) en faveur de l’enseignement des langues régionales. Il nous semble urgent, dans le contexte actuel, de revenir sur le sujet pour demander, outre les revendications aupara- vant avancées :

• le retour à un traitement et une valorisation identique des options facultatives de langues régionales et de langues anciennes au brevet et au baccalauréat ;

• l’augmentation du nombre de

postes aux divers CAPES de langue régionale, comme pour toutes les autres disciplines.

Des moyens, et une vraie politique de développement de ces ensei- gnements. ■

Geneviève Couffin, académie de Toulouse

Patrick Couffin, académie de Toulouse Stéphane Lombardo, académie de Nice Bonetto Mireille, académie de Nice Virginie Bigonnet, académie d’Aix-Marseille Marie Christine Rixte, académie de Grenoble Anne-Marie Sgaravizzi, académie de Nice Cécile Lapeyrin, académie de Toulouse Jean-Marie Sarpoulet, académie de Bordeaux Elian Cellier, académie de Montpellier Gilles Arbousset, académie de Montpellier Miquèla Stenta, académie de Montpellier Yan Lespoux, académie de Montpellier Matthieu Poitavin, académie d’Aix-Marseille Simon Calamel, académie d’Aix-Marseille Pierre Brechet, académie d’Aix-Marseille Dominique Decomps, académie de Limoges

L e SNES revendique une aug- mentation du niveau de recrute- ment à la maîtrise des enseignants et des CPE. La nouvelle configura- tion des diplômes universitaires, le LMD, percute cette revendication et nous impose de revoir ce schéma. Notre objectif est la reva- lorisation de nos professions, la reconnaissance de leur complexité par un haut niveau de recrute-

ment. Cet objectif demeure mais le contexte diffère. Les propositions Fillon s’inscrivent plutôt dans une reconnaissance de la qualification.

Il propose l’attribution du master aux lauréats de l’agrégation et jus- qu’à 2 semestres de master pour ceux ayant effectué 2 années à l’IUFM. Le master serait alors un niveau de qualification des ensei- gnants. Le concours et la forma-

tion seraient des éléments du mas- ter obtenus en fin de formation pour les CAPES et concours CPE (rien dans les textes sur le sort réservé à ces derniers).

Beaucoup de questions restent

ouvertes concernant cette propo-

sition : master de recherche ou

master professionnel, attribué par

qui et sur quelles productions,

indépendant de la validation de

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la formation par l’institut, avec des éléments complémentaires à la formation des maîtres et des CPE ? Notre réflexion syndicale doit ana- lyser ces possibilités au regard des principes liés à notre conception du métier et du cadre statutaire qui le régit. La proposition Fillon d’intégrer le master à la forma- tion peut être envisagée sous un jour favorable sans masquer la logique gouvernementale de réforme de la fonction publique.

La dévalorisation du concours national comme modalité d’accès à la fonction publique garant de l’égalité d’accès en lui substituant un niveau de qualification de type

master d’éducation est-elle un danger réel ? Le concours est la modalité de recrutement de la fonction publique, ce n’est pas un diplôme. L’agrégation quant à elle constitue un grade universitaire.

La question du concours et du recrutement à la licence, désor- mais premier grade universitaire reste donc pertinente. Si nous maintenons cette revendication du recrutement à la maîtrise, nous pouvons la penser comme une étape vers une qualification finale au master. Ce niveau de qualifica- tion sera-t-il un point d’appui pour une revalorisation des car- rières ? Ne risque-t-il pas d’être

un critère de discrimination indi- viduel du mérite ou de la valeur professionnelle dans le cadre de l’individualisation des carrières ? Dans ce contexte de remise en cause du statut de fonctionnaire, le concours est mis à mal, le ministère tente d’élargir les conditions d’ac- cès en valorisant l’expérience au détriment des diplômes, le niveau de qualification pourrait être alors une garantie de la reconnaissance de la complexité de nos métier et du niveau universitaire qu’ils requièrent s’il s’adosse à des condi- tions de délivrance s’inscrivant dans des garanties collectives. ■ Valérie Héraut

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Contre tous les impérialismes : ni impérialisme américain,

ni françafrique !

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Notre syndicat a condamné à juste titre l’impérialisme et les menées militaires américaines en Irak. Il reste en revanche bien silencieux sur l’impérialisme français en Afrique, qui n’a rien à envier à l’impérialisme américain, ni dans les méthodes,

ni dans les effets dévastateurs sur les sociétés africaines.

D epuis les indépendances de façade des années 60, la France soutient dans la plupart de ses

« ex- » colonies (et dans quelques autres pays) des dictateurs « amis de la France », pour la plupart issus de son armée, de ses services secrets ou encadrés par eux. C’est grâce à l’armée française que ces dictatures prédatrices peuvent réprimer les mouvements démo- cratiques et les populations civiles.

En contrepartie, la France dispose d’un vaste terrain d’expérimenta- tions militaires et nucléaires, ainsi qu’un droit de pillage illimité pour ses multinationales sous la forme du détournement des rentes pétro- lières, gazières, minérales, sylvi- coles, etc., par des réseaux frança- fricains saturés d’argent sale.

Pour contrer toute velléité d’éman-

cipation des populations africaines, cette domination est encore ren- forcée par les accords de « coopé- ration », notamment militaires : la France arme et entraîne la plu- part des milices des dictateurs de son pré carré. Quand celles-ci ne sont pas suffisantes, ces accords permettent de fait à la France d’in- tervenir militairement où bon lui semble, sans aucun contrôle par- lementaire, pour défendre ses inté- rêts économiques et réprimer les opposants ou les populations civiles, soit directement, soit sous couvert de mercenaires. La doc- trine militaire (originellement) française de la « guerre totale » ou

« guerre antisubversive », élabo- rée pendant la guerre d’Indochine

et mise en application pendant la guerre d’Algérie, qui est mise en œuvre en Afrique, combinée à la logique ethniste des régimes dicta- toriaux soutenus par la France, peut déboucher sur de vastes opé- rations de purification ethnique (Congo-Brazzaville, 1998-1999), voire sur un nouveau génocide comme ce fut le cas au Rwanda en 1994. Cet épisode mérite une mention particulière puisque c’est la France qui a armé, financé et soutenu diplomatiquement le régime génocidaire, qui l’a incité à terminer le « travail », qui a orga- nisé le repli des tueurs, leur a ensuite assuré une quasi-impunité et continue de les soutenir dans leurs projets de « revanche ».

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Depuis la fin des années 80, le

deal de sous-traitance passé avec les État-Unis pour « gérer » ses anciennes colonies a été rompu.

Pour des raisons économiques et géostratégiques, l’impérialisme français se retrouve confronté à une concurrence accrue de la part des USA (pétrole, minerais, bases militaires, etc.), mais également d’autres pays comme la Chine.

Face à ces nouvelles rivalités, l’im- périalisme française cherche sou- vent à conserver par tous les moyens une relation monopolis- tique de type coloniale.

Le cas de la crise ivoirienne ouverte en 2002 est à ce titre exemplaire :

loin des principes vertueux énoncés à Marcoussy, la France n’a, depuis deux ans, rien fait pour construire une solution de paix durable et de retour à la démocratie. Elle n’a cessé de jouer de la diplomatie parallèle, appuyant telle ou telle faction engagée dans la crise, dans le seul objectif de développer encore ses intérêts. Ni les rebelles ni les supplétifs des forces gouver- nementales n’ont été désarmés comme le prévoyait l’accord. Ni les massacres ni les pillages n’ont été évités, pas plus au Nord qu’au Sud, et des militaires français ont même été pris la main dans le sac dans au moins deux pillages de

banque, avant de s’illustrer par un nouveau massacre de civils en novembre dernier (massacre passé sous silence par les médias français jusqu’à une enquête de la FIDH et un reportage de l’émission 90 minutes de Canal +... censuré à la deuxième diffusion).

Pour que les peuples africains puis- sent réellement prendre leur des- tin en main, il faut que la France cesse de soutenir militairement les pires dictatures et il faut fermer les bases militaires françaises en Afrique ! ■

Raphaël Granvaud, élu Ecole Emancipée à la CA nationale

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Non à l’euro-dérive

de la direction nationale

F idèles aux principes fondateurs d’U&A, nous rejetons le rapport d’activité national et la profession de foi publiée dans L’US au nom de ce courant de pensée.

Nous ne donnons pas quitus à la DN de sa gestion du conflit de 2003. Elle a certes soutenu la grève reconductible une fois que celle-ci se fut généralisée ; mais elle aurait dû sonner l’alarme sur les retraites dès septembre 2002 et appeler dès le début à rejoindre les grévistes du Midi en lutte contre la décentrali- sation.

Par ailleurs, sans valider les cri- tiques irresponsables sur le blo- cage du bac, nous constatons que la DN prend la défense des états- majors confédéraux, restés sourds à l’appel à la grève générale clamé par la manif géante du 25 mai : le 26 mai, les amis de Thibault, Ché- rèque et Blondel ont préféré pava- ner au congrès d’Helsinki de la CES. Celui-ci s’est mué en tribune pour VGE et sa « constitution », au lieu de coordonner les luttes pour les retraites, menées en ordre dispersé dans toute l’UE ! Finis- sons-en avec l’idée d’affilier la FSU à la CES, cette institution du syn- dicalisme d’accompagnement ! En outre, le rapport d’activité élude la question de la constitu- tion européenne, ce texte atten- tatoire au progrès social, au service

public, à la souveraineté nationale (il subordonne la loi nationale aux lois européennes, stérilisant d’avance toute défense de l’Édu- cation nationale), à la démocratie (politique libérale unique), à la laïcité (dialogue avec les églises obligatoire) et à la paix (l’État européen affilié à l’OTAN devra accroître ses dépenses militaires pour construire l’Europe-Puis- sance).

Or, comment fédérer les luttes si l’on cible seulement l’UMP et le MEDEF en « oubliant » l’UE qui orchestre les régressions à l’échelle continentale ? C’est en s’inspirant du credo maastrichtien qu’Allègre a déconcentré le mouvement national, première étape de la régionalisation.

C’est pour appliquer l’accord de Barcelone (privatisation d’EDF, report à 65 ans de la retraite dans l’UE) que Schröder casse les acquis des salariés allemands, comme Raffarin casse les nôtres ! Enfin, comment des syndicalistes laïques soutiendraient-ils une DN qui caresse l’idée de syndiquer à la FSU les profs du privé ? Une direc- tion qui, ralliant le syndicalisme corpo, veut interdire aux militants politiques d’exercer une respon- sabilité syndicale ?

Le SNES doit renouer avec le syn- dicalisme de classe et de masse,

appeler au tous ensemble et en même temps, et dénoncer une intégration européenne tournée de A à Z contre les salariés : c’est urgent ! ■

Georges Gastaud

ancien secrétaire de S1 du lycée

Condorcet de Lens

Jean-François Dejours, membre

du bureau du S1-SNES Condorcet

Casiano Cortes

secrétaire du S1

du lycée Darchicourt

Karine Van Wynendaele

secrétaire du S1 du CES

Michelet, Lens

Vincent Flament

membre du bureau du S1,

lycée Darras, Liévin

Nadia Majdzerkzak, secrétaire

du S1 du CES Jaurès, Lens

Jean-Pierre Sinkiewicz

ancien secrétaire du S1

du lycée Béhal, Lens

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Quelles perspectives pour les retraites ?

R éuni le jeudi 3 février 2005, au siège du S3, à Bordeaux, le S1 des retraités de la Gironde s’est essen- tiellement interrogé sur les trois points ci-dessous.

Ouvert sur une intervention limi- naire, le débat a largement reposé sur l’analyse générale et détaillée de la nouvelle situation des retraités de la fonction publique dont la caractéristique essentielle est une rupture brutale avec le contrat ini- tial qui s’inscrivait dans le statut du fonctionnaire datant de 1948.

Ainsi, l’acharnement méthodique que le MEDEF et la droite auront mis à saccager les grandes conquêtes sociales de l’après- guerre, notamment en matière de retraites et de protection sociale, au nom de la seule rentabilité capita- liste, joliment appelée « libéra- lisme », aura réussi un des plus mauvais coups portés à d’histo- riques conquêtes sociales ! Dans la brèche ouverte, en 1989, qui avait exclu les enseignants retraités de la revalorisation de leur métier, puis, en 1995, par les attaques du gouvernement Balla- dur, à l’encontre du secteur privé, s’est installé, durant plus d’une décennie, un gigantesque concert politico-médiatique visant à conquérir l’opinion publique à l’idée que tous les systèmes de retraites allaient à la faillite s’ils n’étaient pas capables de se réfor- mer d’urgence, structurellement et idéologiquement, face à la mon- dialisation des échanges. Dans ce vaste concert, l’argument « justi- cier » consistant à aligner (par le bas), le public et le privé, n’a pas été le moins démagogique ! La même détermination et la même méthode se sont ensuite appliquées à l’assurance maladie.

Dans les deux cas, l’objectif étant de convaincre chaque citoyen apeuré qu’il était prudent, pour lui, d’adopter une solution indi- viduelle (coûteuse) pour couvrir les risques liés à la maladie et à la vieillesse.

En se bornant, aujourd’hui, à un constat rapide de l’état des lieux, référé au vocabulaire du tennis, on peut dire, sans satisfaction :

« avantage Seillière-Raffarin » ! Mais la partie serait-elle terminée ? Rien n’est moins sûr, comme vien- nent de le montrer les manifesta- tions du 20 janvier et du 5 février où l’on a vu renaître, avec force, l’élan revendicatif et l’indispen- sable unité syndicale (nous étions plus de 20 000 à Bordeaux) ! Et c’est bien dans cette perspec- tive que le SNES doit préparer son congrès 2005 !

...Mais il n’est sûrement pas simple d’y définir l’ordre des priorités quand tout le système éducatif public est attaqué par un pouvoir impatient d’arriver à ses fins, aussi bien à l’encontre des actifs qu’à l’encontre des retraités et, plus généralement, à l’encontre du pro- grès social.

Faut-il voir, chez cette droite arro- gante, une évolution allant de la griserie au délire ou l’idée que, même battue aux futures législa- tive, elle ne craindrait pas de voir se reconstruire ce qu’elle aura démoli ?... Le passé pourrait-il, d’ailleurs, lui ôter cet espoir ?...

Notre culture républicaine et laïque, porteuse des valeurs huma- nistes durables serait-elle donc condamnée à devoir céder la place au règne des valeurs marchandes immédiates, grimées de préten- tions modernistes ou justifiées par du réalisme géopolitique ? En répondant résolument NON ! à cette dernière question, n’en demeure cependant pas moins l’in- terrogation sur la meilleure manière de construire notre opposition ! Et, puisque la fonction d’un congrès est aussi d’analyser le rap- ports des forces dans le but d’adop- ter la stratégie appropriée aux luttes, quelle place les retraités peu- vent-ils occuper dans une telle perspective ? Comment peuvent-ils appréhender leur propre implica- tion dans un contexte inédit pour eux depuis plus d’un demi-siècle ? Serait-ce en raison de cette diffi- culté que les rapports préparatoires au congrès sont aussi discrets sur les revendications exprimées par les retraités, depuis de trop nom- breuses années ? les expressions

« péréquation », « assimilation »,

« réparation des injustices » appar- tiendraient-elles, désormais, à une civilisation disparue ?... C’est encore une question !

Et qu’en sera-t-il de la revalorisa- tion des pensions quand, par exemple, l’augmentation annon- cée est ensuite discrètement gri- gnotée par l’accroissement des pré- lèvements qui lui succèdent ? Quel journal ou quelle émission desti- née au grand public a pu dire que les « 2 % », généreusement accor- dés en janvier dernier se tradui- saient, en fait, par MOINS de 1 %, après que CSG et cotisation mutualiste soient passées par là ? S’il est prévu que les pensions sont désormais référées à l’indice des prix et revalorisées automatique- ment, deux questions apparais- sent alors :

a) Quelle confiance peut-on avoir dans ce genre de référence quand on sait les manipulations dont elle peut être l’objet ?

b) Si l’automaticité ôte toute pos- sibilité de négocier, quel champ d’intervention restera-t-il à notre syndicalisme ?

Malgré ces sérieuses interroga- tions, si nous sommes toujours syndiqués c’est probablement parce que nous voyons encore le syndicat demeurer le meilleur outil pour affronter l’adversaire. À la disparition du lien qui unissait traitements et pensions, sachons ne pas répondre par la rupture de la solidarité entre actifs et retraités mais par des formes nouvelles d’organisation et d’action qui sont à inventer aussi bien dans le cadre du SNES que dans celui de la FSU.

Avec le B.N. des retraités, nous demandons à être reconnus comme syndiqués à part entière, dans toutes les instances déci- sionnelles du syndicat et à être représentés dans les délégations à ses congrès -académique et natio- nal. C’est seulement ensemble, actifs et retraités, que nous réus- sirons à trouver les formes d’or- ganisation et d’action capables d’ouvrir des perspectives encou- rageantes, comme le seront les réunions sur des zones géogra- phiques regroupant, en huit lieux

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du département, l’ensemble des

retraités des syndicats FSU de la Gironde.

Notre souhait est donc que le

congrès national du SNES s’ouvre largement à cette réflexion et aboutisse à des décisions concrètes en matière d’organisation interne,

de façon que les retraités ne soient pas détournés par quelque chants de sirènes !... ■

Rapporteur : René Proust

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Ambiguïtés laïques

À l’exception du « Monde », la presse a souligné la discrétion du gouvernement pour le lancement du centenaire de la loi de 1905. Pour- tant, depuis des mois déjà, certaines organisations laïques ont commencé à le célébrer. D’autres tardent. La situation est ambivalente.

D’un côté les laïques ont d’impor- tants motifs de satisfaction. La laï- cité est un valeur qui monte, en France, et même en Europe et ailleurs. Partout on souligne les apports de la loi française dite de séparation alors que l’anachronisme de certains régimes cléricaux (Pologne, Iran et bien d’autres) est de plus en plus souligné.

D’un autre côté de réels motifs d’in- quiétude demeurent. D’une part la loi de 1905 a subi de graves entorses ces dernières années. Les abus sont si graves que certains considèrent que, jamais, depuis la Libération, l’Église n’a disposé en fait de tels pouvoirs en France et jusqu’au som- met de l’État. Quelques exemples parmi bien d’autres. S’il est nor- mal que l’État ait des rapports avec les religions, est-il pour autant acceptable que l’Église (catholique) ait pu influencer sensiblement la loi sur les fins de vie, celle sur la bioéthique et celle sur l’homopho- bie ? Il faut souligner toutefois que les efforts permanents de prosély- tisme de certaines Églises sont dans leur nature. Les seuls responsables des atteintes à la laïcité sont les

gouvernants et les élus de la nation à tous les niveaux et non pas les ecclésiastiques.

Cette démission de l’État républi- cain est d’autant plus grave que sévit une intense bataille idéolo- gique à l’échelle de la planète. En France le service public (France 2, France 3, France Inter) ne se gêne plus pour développer une propa- gande religieuse sournoise. La nor- malité c’est la croyance, la catho- lique de préférence. Plus d’athées ou d’agnostiques ; la pensée maté- rialiste ou marxiste a quasiment disparu. On a noté que depuis quelques mois l’orientation Kto du

« Monde » (du même groupe que

« La vie ») se donne libre court.

Face à cela, la réaction des orga- nisations laïques traditionnelles en matière de laïcité est faible ou inexistante. Les sections locales restent sans orientation pour com- mémorer. Quelles organisations en dehors de la FSU agissent encore au sujet des problèmes d’Alsace-et-Moselle ? L’absence de réaction au livre de N. Sarkozy est préoccupante. Le présidentiable veut entre autres confier au clergé l’éducation morale des jeunes et les syndicats d’enseignants restent silencieux.

Commémorer la loi de séparation, pour quoi faire ?

Pour approfondir nos connaissances de la loi, certes. Mais le plus impor- tant me semble être de faire sérieu-

sement le point sur l’état de la laïcité en France, la pression des religions, la propagande idéologique. Il faut dénoncer les abus. Il faut recon- quérir le pluralisme dans l’infor- mation. C’est aussi cela la laïcité.

Les questions de laïcité ont atteint à l’échelle mondiale une acuité et une importance sans précédents. Les sites laïques affichent des milliers de pages. Le niveau des débats s’élève mais la culture laïque est souvent bien insuffisante. Devant cette situa- tion, il semble que la plupart des militants syndicaux laïques et ceux des partis de gauche soient trop accaparés pour suivre ces questions difficiles qui sont devenues très complexes. S’y ajoute la course des partis à l’électoralisme le plus sor- dide. Il y a vraiment de quoi être inquiet. Je ne suis pas laïciste et je pense que ce ne sont certainement pas les slogans sommaires dont l’É- glise se délecte qui vont contribuer à redresser la situation. C’est vrai : le SNES, qui a de graves urgences, ne peut consacrer trop de place aux questions de laïcité. Mais dans un tel contexte on ne comprendrait pas que le congrès du Mans ne trouve pas un petit moment pour voter, l’année du centenaire, une résolu- tion ferme sur la situation de la laï- cité en France et dans le monde. ■ Paul Berger, ancien secrétaire de la commission laïcité et politique scolaire polberger@wanadoo.fr

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Le SNES serait-il opposé aux concours de recrutement ?

Q uestion saugrenue ? Hélas, non ! Depuis le congrès de Lille en 1999, toute mention à l’atta- chement du SNES au recrutement par concours a disparu de nos mandats. La phrase qui marque

l’introduction du paragraphe sur la titularisation jusqu’en 1999 (« le congrès rappelle l’attache- ment du SNES au recrutement par concours sous la responsabilité des jurys indépendants »

[1]

) a disparu

au congrès de Strasbourg en 2001.

Elle est remplacée en 2003 par le

sibyllin « le SNES réaffirme son

attachement à la titularisation des

non-titulaires qui ne brade ni le

corps d’accueil ni la formation, ni le

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reclassement, qui reconnaisse l’ex- périence. »

[2]

). Remarquable péri- phrase...

Le concours est la règle

Il est vrai que depuis le milieu des années 1990 (congrès de Saint- Malo et de Reims), le SNES reven- dique une double voie de titulari- sation des précaires : les concours internes, et l’admission directe en deuxième année d’IUFM. Histori- quement, cette deuxième moda- lité de titularisation est pensée comme une voie dérogatoire, exceptionnelle, destinée à un public restreint de précaires ayant une grande ancienneté.

Quelle est aujourd’hui l’orientation du SNES, face à un gouvernement dont la « Réforme de l’État » tend à briser les garanties collectives qu’offre le statut, dont les Straté- gies Ministérielles de Réforme (SMR) font une bonne place à

« l’allègement » des modalités de recrutement, dont le projet de tra- duction en droit français de la direc- tive européenne sur la précarité crée un contrat à durée déterminée (CDI) qui entre en concurrence avec le statut de fonctionnaire ?

Où en est-on en 2005 ?

Il est d’autant plus urgent de redis- cuter de ces questions que le der- nier débat démocratique date de 1999, au congrès de Lille (si ce n’est de 1997...). Depuis, si le rédacteur des motions (le rappor- teur) prend la précaution de rappeler que les mandats « demeu- rent », « réaffirment », « s’inscri- vent »... dans les textes précédents, c’est bien qu’aucun débat sérieux n’a eu lieu sur ces points précis dans les différents congrès.

L’orientation historique reste donc la même ; pourtant, les textes déri- vent peu à peu et dénaturent la philosophie du syndicat, au point de la rendre floue, ambiguë, et, pour tout dire, discutable.

La dérive des mandats

En 1997, au congrès de Nice, le SNES précise que la revendication d’une entrée directe en deuxième année d’IUFM concerne « les MA

(3)

ayant les diplômes requis, une ancienneté de 5 ans, ainsi qu’une admissibilité à un concours externe ou interne ».

Pour les MA n’ayant pas d’admis- sibilité, l’ancienneté requise n’est

déjà plus rappelée. En 1999, au Congrès de Lille, l’entrée en deuxième année d’IUFM est revendiquée « pour les MA ayant les titres requis et 5 ans d’ancienneté ».

En 2001, au congrès de Stras- bourg, le mandat du SNES

« demeure (sic) la titularisation de tous les non-titulaires par deux voies : le concours interne et l’en- trée en deuxième année d’IUFM ».

Plus aucune condition d’ancien- neté n’est rappelée, le public visé n’est plus constitué des MA, mais des « non-titulaires » : MA, contractuels, vacataires ? Les deux voies de titularisation sont pré- sentées de façon équivalente.

La dispense : une priorité du syndicat !

En 2003, au Congrès de Toulouse, nous nous sommes dotés du man- dat suivant : « Il réaffirme les mandats du congrès de Strasbourg et agira pour faire avancer la demande d’entrée en deuxième année d’IUFM des non-titulaires, c’est-à-dire la dispense des épreuves théoriques des concours et la titularisation par une inspec- tion dans le cadre d’un stage »

[4]

).

Voilà que l’entrée en deuxième année d’IUFM devient une priorité du syndicat !

On comprend mieux pourquoi certains secteurs nationaux du SNES sont opposés à la proposi- tion du SNES Aix Marseille de généralisation au second degré des listes complémentaires telles qu’elles se pratiquent dans le pre- mier degré : les éventuels précaires sont recrutés parmi les admissibles aux concours, exercent pendant un an sur le terrain, avant d’être placés dès l’année suivante en deuxième année d’IUFM en vue de titularisation.

Refonder nos revendications

À l'opposé des revendications démagogiques avancées par cer- tains de titularisation immédiate et sans condition, le SNES doit avoir l’honnêteté intellectuelle de rap- peler que seul le recrutement par concours, avec des jurys indépen- dants, des épreuves anonymes, des programmes basés sur des savoirs reconnus, garantit la qualité du recrutement. Que les garanties col- lectives, le statut, et la reconnais- sance de notre qualification s’ap- puient et se justifient par la qualité

du recrutement. Et qu’en consé- quence, tout dispositif d’ampleur permettant de contourner les concours est une remise en cause de l’avenir de tous, précaires d’au- jourd’hui, titulaires de demain. Ne saurions-nous pas que l’objectif recherché par ce gouvernement est de parvenir à généraliser le recru- tement des personnels, y compris enseignants, par les Chefs d’éta- blissement, à l’instar du dispositif Assistants d’éducation ?

Pour un plan de titularisation

À l’heure où le gouvernement met en place un Contrat à Durée Indé- terminée (CDI) qui, s’il n’est en rien une titularisation des précaires, est bien une remise en cause du statut de fonctionnaire, il faut réac- tiver nos luttes pour un nouveau plan de titularisation, qui articule augmentation du nombre de postes offerts aux concours, aménage- ment des concours internes pour les précaires en exercice et, excep- tionnellement, admission en deuxième année d’IUFM pour les précaires les plus anciens (en pré- cisant l’ancienneté requise). Ce plan de titularisation doit s’ac- compagner d’une garantie de réem- ploi des précaires déjà recrutés. Il doit aussi s’accompagner d’un arrêt du recrutement de précaires.

Ne plus recruter de précaires

Sur ce dernier point, nous savons bien que tous les engagements des pouvoirs publics que nous avons pu obtenir par le passé n’ont jamais été suivis d’effet ! C’est pour cela que nous devons innover. La proposition, émanant du S3 d’Aix Marseille, de transposition dans le second degré du dispositif de listes complémentaires telles qu’elles existent dans le premier degré, est une piste pertinente, qui, tout en s’inscrivant dans le patrimoine commun construit jusqu’en 1997, permet de renouveler notre réflexion sur les modes de recrute- ment. Elle a au moins l’immense intérêt de proposer que l’inscrip- tion et l’admissibilité au concours soit le portail unique d’accès à l’en- seignement. ■

Laurent Tramoni

1. Mandats du Congrès de Nice 1997 : page 24 ; Congrès de Lille 1999 : page 42.

2. Congrès de Toulouse, page 36.

3. MA : maîtres auxiliaires.

4. Congrès de Toulouse, page 36.

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Évolution statutaires de nos métiers

D ans le cadre de la préparation du Congrès, notre Conseil Dépar- temental du 3 février s’est inter- rogé sur les évolutions statutaires qu’il était possible d’envisager pour nos métiers. Le débat s’est rapi- dement centré sur deux questions d’actualité : les remplacements de courte durée et la charge de travail des enseignants.

Concernant le premier point, a d’abord été affirmée la nécessité de continuer à défendre nos revendi- cations sur les TZR (conditions de travail, créations de postes...). En même temps, a été pointée la fai- blesse des propositions du SNES sur les remplacements de courte durée (cf. cahier 2 des rapports pré- paratoires, p. 10) : ceux-ci ne peu- vent être assurés par les TZR et nos mandats renvoient aux seuls per- sonnels d’encadrement et docu- mentalistes la responsabilité d’as- surer la continuité du service public.

Certains membres du Conseil Départemental ont considéré qu’un remplacement au pied levé ne pouvait permettre de mettre en place des conditions satisfaisantes d’enseignement. D’autres ont fait valoir qu’entre le tout et le rien pédagogique existaient des formes d’activité plus profitables aux élèves que l’accumulation d’heures de permanence. Plusieurs collègues ont fait état de pratiques existantes de remplacement court entre enseignants dans leur établisse- ment ; celles-ci permettent de cou- vrir jusqu’à 40 % des absences de courte durée et fonctionnent avec l’assentiment des personnels parce qu’elles offrent certaines garan- ties : respect absolu du volontariat, remplacement dans sa discipline et dans ses propres classes, rémuné- ration sous forme d’HSE ou de crédit temps. Les deux premières ont été considérées comme des conditions en effet essentielles de tout dispositif de remplacement court ; en revanche l’annualisa- tion du service ou le recours aux heures supplémentaires ont été dénoncés comme constituant un nouvel alourdissement de la charge de travail.

Il a été proposé au contraire de relancer une défense ambitieuse de la Réduction du Temps de Tra- vail (abaissement des maxima de service) dont les enseignants ont été exclus au nom d’une annuali- sation comptant leur travail pen- dant les vacances pour rien, alors que les enquêtes du ministère font état d’une moyenne annuelle de 19,4 jours travaillés pendant les congés. Il a alors semblé envisa- geable d’élaborer une définition hebdomadaire du service incluant dans les maxima (actuels, dans un premier temps) un forfait d’heures, non inscrites à l’emploi du temps, correspondant à toutes les tâches périphériques à l’enseignement et à d’éventuels remplacements courts (organisés avec les garanties évoquées précédemment).

D’autre part, le Conseil Départe- mental a considéré qu’il était nécessaire de mieux prendre en compte dans nos mandats la diversité de la charge de travail existant entre le collège et le lycée ou d’une discipline à l’autre. Cette question éminemment polémique est indirectement évoquée dans nos revendications concernant certaines décharges horaires (cf.

cahier n°2, p. 13) : il a été jugé qu’au nom même de sa représen-

tativité, notre organisation ne pouvait ignorer la situation parti- culière et les aspirations réguliè- rement exprimées des professeurs de lettres, dont toutes les enquêtes font apparaître un temps de travail nettement supérieur à la moyenne.

Des pistes ont donc été suggérées pour prendre en compte cette diversité dans le cadre de maxima de service communs à tous : par exemple, en modulant le temps d’enseignement et le forfait cor- respondant aux tâches périphé- riques (cf. ci-dessus).

Enfin, ont été rappelés les autres axes qui doivent permettre la réduction de la charge de travail : allègement des effectifs des classes et augmentation de certains horaires disciplinaires notamment.

Au terme de ce débat, le mandat ci-dessous a été adopté à l’unani- mité :

Le Conseil Départemental donne mandat à ses représen- tants au Congrès Académique :

• pour relancer le débat sur la RTT des enseignants et l’élaboration de revendications ;

• prenant en compte le temps tra- vaillé pendant les vacances ;

• proposant une définition heb- domadaire du temps de service, dans le cadre, dans un premier temps des maxima actuels, qui inclue un forfait d’heures, non inscrites à l’emploi du temps, pour la concertation, le suivi, l’aide des élèves et le remplacement des absences de courte durée dans sa discipline, dans ses classes et sur la base du volontariat ;

• pour examiner dans ce cadre les possibilités d’une meilleure prise en compte de la diversité des conditions de travail entre lycée et collège, entre les différentes dis- ciplines, de manière à mieux répondre notamment aux aspira- tions des enseignants de lettres, en jouant sur une modulation du temps de service devant les élèves, les horaires disciplinaires, la taille des classes... ■

Bruno Himbert

secrétaire du S2 de Saône-et-Loire

(Académie de Dijon)

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« Recomposition syndicale » : où vont le SNES et la FSU ?

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La « vie scolaire » laboratoire d’expérimentations pour

la gestion des personnels ?

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C ette question est largement posée, or le pré-rapport ne fait que la traiter par le petit bout de la lorgnette : « L’adhésion du SNU CLIAS... a déjà permis d’étendre le registre d’intervention de la FSU et de lui donner un caractère plus géné- ral » (p. 22).

Il faut en discuter largement : au congrès de Perpignan, les direc- tions de la FSU et du SNES se sont lancées dans une stratégie de

« recomposition » tous azimuts, notamment par l’« extension du champ de syndicalisation » aux trois fonctions publiques... en pre- nant donc la responsabilité d’y aggraver la division syndicale.

Il est temps de faire le bilan de cette stratégie :

La FSU a-t-elle changé ses structures et ses pratiques ? Loin d’une évolution vers un syn- dicalisme interprofessionnel, on en reste à une fédération de syn- dicats nationaux catégoriels. C’est une structuration et un fonction- nement qui séparent les différentes catégories de personnels, exacer-

bent les divisions, et même qui paralysent la FSU : au lieu d’un vrai projet cohérent, on se limite à l’addition de points de vues caté- goriels (comme l’a bien montré l’épisode de la « réforme » de la Troisième).

Sortons de cette impasse, en fai- sant de la FSU une organisation regroupant toutes les catégories de personnels sur une base géo- graphique (sections locales, dépar- tementales) et intercatégorielle.

La « recomposition « promue par la direction UA-École Émanci- pée », non seulement ne va pas dans ce sens, mais aurait plutôt tendance à aggraver les défauts actuels de la FSU. Cela la conduit même à envisager des reniements gravissimes, comme la tentative d’intégrer dans la FSU des syndi- cats de l’enseignement privé (heu- reusement sans succès, malgré toute l’aide apportée par « École Émancipée » à UA).

La stratégie choisie a-t-elle permis une unité plus forte des personnels, à la base, tirant les

leçons des pratiques démocra- tiques apparues dans les AG de grévistes, coordinations et comités de grève, collectifs interprofessionnels... ? On en reste, au contraire, à la pratique d’accords de sommet au rabais, combinés à une aggravation de l’émiettement syndical. Un réel mouvement vers une (ré)unifica- tion du syndicalisme passe par la prise en compte des expériences de luttes auto-organisées à la base, dans la perspective de dépasser la division du salariat par la création d’une confédération unique des travailleurs, garantissant la démo- cratie en son sein (droit de ten- dance, limitation et rotation des mandats).

Reconstruire les solidarités, uni- fier vraiment le syndicalisme, refu- ser la stratégie d’appareil comme substitut au développement des luttes... seront aussi des enjeux pour le congrès du SNES ! ■

Quentin Dauphiné (collège H.Nans, 83), Émancipation

L a mise à mal des métiers et des statuts a franchi ces derniers mois une nouvelle étape, après les ATOSS et les CO-Psy, il apparaît que le ministère a décidé d’intro- duire (et de tester ?) ses concep- tions libérales de l’éducation dans le domaine de la « vie scolaire » et des personnels qui la composent : les assistants d’éducation et les CPE.

Moins de deux années après leur création, les assistants d’éduca- tion majoritaires parmi les per- sonnels de surveillance en sont un témoignage explicite : 30 % des AED recrutés ne sont pas étu-

diants, des critères sociaux en perte de vitesse, une très grande hétérogénéité des candidatures (sur le plan quantitatif et qualita- tif) entre les villes universitaires et les communes rurales, un grand nombre de contrats d’une année (au lieu de 3 ans renouvelables). Il faut reconnaître que les décisions votées en CA sont contournables, tout particulièrement lorsque plu- sieurs postulants présentent le même « profil ».

Ces personnels aux garanties sta- tutaires médiocres sont recrutés par les chefs d’établissements selon le principe du « profil de

poste ». Ainsi comme l’indique un article de l’inspection générale « il s’agit là d’un enjeu considérable : ...la déconcentration de la gestion des personnels...fait une entrée modeste mais significative [dans les EPLE] »

(1)

.

Dans les faits apparaît l’idée du

CPE « manager des AED » opposée

à la recherche d’un encadrement

éducatif réellement cohérent et

équitable pour tous les jeunes ?

La même orientation libérale s’ob-

serve à travers le Projet Vie Scolaire

(PVS), une notion très récemment

importée à l’initiative de l’inspec-

tion « établissements et vie sco-

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Statuts : une reflexion essentielle

L e débat statutaire est bien sou- vent relégué au second plan, voire ignoré. Jugés techniques, les statuts sont laissés aux « spécialistes ». À tort !

Parce que les statuts sont la tra- duction en règles des orientations fondamentales du syndicat, reflè- tent – ou non – sa volonté d’ou- verture, la transparence et la démocratie de son fonctionne- ment, permettent – ou non – aux syndiqué/es de se l’approprier.

C’est dans cet esprit que nous pro- posons les modifications statu- taires publiées en dernière page des rapports préparatoires du congrès du Mans :

Féminisation

Désormais, la parité est obliga- toire pour les listes lors d’élections politiques. De plus en plus, les syndicats recherchent la parité femmes/hommes dans leurs ins- tances. Pour combattre les discri- minations dont les femmes sont victimes et avoir une représenta- tion proche de la réalité du milieu et des syndiqué/es (56,7 % des enseignant/es et 62 % des syndi- qué/es du SNES sont des femmes), nous proposons que le SNES aussi en fasse un axe fort de son évolu- tion en l’introduisant dans ses obligations statutaires.

Pluralisme

S’il existe dans les faits, bien qu’iné-

galement, s’il apparaît dans le pré- ambule sur la FSU, le pluralisme, c’est-à-dire la possibilité pour des syndiqué/es défendant des orien- tations différentes de travailler ensemble à la construction et au développement du même syndi- cat, n’est inscrit nulle part dans la partie concernant le SNES lui- même. Nous proposons de pallier cette absence : en ces temps d’émiettement syndical en autant d’organisations que d’orientations, il est important de montrer que le SNES fait le choix inverse du pluralisme et de la démocratie.

Transparence

Au niveau national, l’activité du SNES est structurée à travers les secteurs. C’est là que va une bonne part des décharges nationales du syndicat. Par ailleurs, la perma- nence de la réflexion et de l’inter- vention est assurée par le Secréta- riat National. Or, ni les secteurs ni le Secrétariat National n’ont d’existence dans les statuts actuels, ce qui n’est pas sans occasionner de vifs débats. Nous proposons là aussi de remédier à cette lacune et de reconnaître officiellement ces deux structures.

Renouvellement

Le renouvellement des « respon- sables » est un problème dans tout le mouvement syndical. Il faut, bien sûr, motiver de nouveaux/elles

militant/es, mais nous pensons que les statuts doivent favoriser cette rotation en en faisant une règle interne. D’où notre proposi- tion de limiter le nombre de man- dats consécutifs à 3. C’est par ailleurs un excellent moyen d’évi- ter que des camarades n’en vien- nent à considérer leur mandat syn- dical comme une seconde carrière dont on ne sortirait qu’à la retraite.

• Fédéralisme

Pour renforcer la dimension fédé- rale, nous proposons deux amen- dements aux statuts actuels : – le premier, dans le préambule, veut mettre les statuts du SNES en conformité avec ceux de la FSU et l’élargissement choisi au congrès de Perpignan ;

– le second, à l’article 6, souligne l’importance, particulièrement res- sentie en 2003, de faire vivre la fédération au plus proche du lieu de travail.

Ces propositions sont bien sûr amendables : notre but est d’abord d’aller vers un SNES plus transpa- rent et plus démocratique. Cette réflexion doit être l’affaire de tou/te/s. Consacrons-lui le temps nécessaire dans les congrès aca- démiques pour que toutes les délé- gations soient mandatées au congrès du Mans. ■

Les élu/es École Émancipée à la CA nationale du SNES laire ». Outil du management

appliqué dans le champ éducatif, ce dispositif prétend par le biais du processus technocratique (dia- gnostic-objectifs-actions-évalua- tion) « optimiser » les tâches du CPE. Il s’agit de faire peser sur lui la responsabilité de tous les domaines de la vie scolaire, assi- milée à une entité autonome, et de le soumettre à des normes de per- formance dont tout indique qu’elles seront décisives pour son avancement (cf. accès à la hors- classe).

Alors que les carences en postes demeurent, dans un contexte de restrictions budgétaires, l’injonc-

tion à la rédaction du PVS aggra- verait les conditions de travail du CPE, l’enfermerait dans un car- can administratif et de définition locale de ses missions.

Dans la volonté affichée de « ges- tion des ressources en vie sco- laire » et d’un « projet » décon- necté du projet d’établissement, cette nouvelle fonction de

« DRH » se traduirait par un repli organisationnel et bureaucratique éloigné de la nécessaire relation aux élèves et de la collaboration avec les enseignants.

En imposant un nouveau mode de gestion de la vie scolaire, le gouvernement abandonne la spé-

cificité du système éducatif qui articule d’un côté la transmission des savoirs et la réussite des élèves, de l’autre la dimension éducative et l’éducation à la citoyenneté.

Ces exemples doivent inciter à combattre avec détermination tous les aspects des « contre-réformes » caractérisées par l’assujettissement de l’éducation à la culture du résultat, la casse des garanties col- lectives et la normalisation des personnels. ■

Patrick Bader, CPE (92)

Régis Rémy, CPE (14)

1. J. Simon, B Toulemonde, Le système éducatif en France, 2003.

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La FSU et l’interpro : quel syndicalisme ?

quelle unité syndicale ?

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L a politique de casse généralisée des acquis sociaux menée en force par le gouvernement pose au syn- dicalisme des questions straté- giques de fond auxquelles la FSU n’échappe pas. L’enjeu est de faire la démonstration que l’outil syn- dical peut être encore utile en terme de protection des salariés et de défense des services publics. Le mouvement de grève du printemps 2003 fut le révélateur du poids de la FSU dans le secteur de l’éduca- tion, mais aussi de ses difficultés à peser dans l’interpro.

Sur une lutte aussi transversale que les retraites et la décentralisa- tion, toutes les cartes ne sont pas entre les mains d’une fédération de l’Éducation nationale, fut-elle majoritaire et combative. Mais le

constater ne doit pas conduire à la tétanie et surtout nous oblige à nous interroger sur la stratégie unitaire : quel arc de force mettre en place, sur quelles bases ? Le mouvement de 2003 a été de ce point de vue un révélateur, et en tirer le bilan est incontournable pour définir notre stratégie. Or le rapport sur le thème 4 passe sous silence le fond du débat : Dire que l’échec du mouvement est révélateur de « l’incapacité du syndicalisme confédéré à faire bas- culer le privé dans le mouvement » tord la réalité, car en a-t-il seule- ment eu l’ambition ? Pour la CFDT, la question ne se pose même pas, mais la CGT ? Cette dernière souhaitait avant tout maintenir l’unité avec la CFDT et

participer à des négociations sur le dossier des retraites, ce pour quoi elle concevait les journées de mobilisation prévues de longue date comme le moyen de faire pression. Le lâchage de la CFDT et le refus du gouvernement de négo- cier a rendu cette tactique caduque : le problème ne se posait plus en terme de pression mais de confrontation avec le gouverne- ment. Or la CGT n’a pas voulu lancer une épreuve de force qui aurait certainement eu des réper- cussions politiques. D’où son refus obstiné d’engager le mouvement vers une grève générale reconduc- tible, y compris en cassant les tentatives de reconduction dans certains secteurs comme les trans- ports même après des journées de

C

ONTRIBUTION AU THÈME

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Retour sur 2003 :

La FSU dans le mouvement

N

OTES

D u fait de son poids dans son champ de syndicalisation, la FSU a une responsabilité particulière pour lancer et organiser la lutte.

Ce qu’elle a fait en 2003 mais avec des difficultés : l’appel national à reconduire la grève intervient le 5 mai, ce qui, pour les académies en grève depuis la fin mars, était plus que temps. Elle a laissé les AG de grévistes ou les directions syndicales locales se débrouiller avec le lancement du mouvement et la gestion de ses rythmes, notamment et surtout pour passer le cap difficile des vacances. S’il est vrai qu’une grève reconduc- tible ne se décrète pas, il est de la responsabilité du syndicat, surtout lorsqu’il est majoritaire, d’en faire

« mûrir » les conditions de faisa- bilité, d’en donner l’impulsion nécessaire et de travailler à l’élar- gissement géographique et inter- professionnel.

Dans le même ordre d’idée, la FSU a eu des difficultés à se positionner par rapport aux structures d’auto- organisation du mouvement, alors même que dans de nombreuses villes et départements ce sont les AG de grévistes, syndiqués ou non, qui ont construit et dynamisé la lutte.

Au-delà de la participation des militants de la FSU à ses struc- tures, les syndicats de la FSU n’y ont pas toujours pris la place qui aurait dû être la leur, relativisant ainsi, voire marginalisant, le poids des AG, ils n’ont pas non plus œuvré à développer la démo- cratie de leur fonctionnement ni à leur coordination régionale et nationale.

En bout de course, cette lacune, érode la confiance que les grévistes ont pu avoir dans le syndicat comme interlocuteur du gouver- nement, capable de porter jus-

qu’au bout les revendications du mouvement.

Le SNES partage ces responsabili- tés, étant l’un des poids lourd de la fédération. La sortie du mouve- ment a été délicate de son point de vue, particulièrement sur la ques- tion du bac : appeler à la grève tout en expliquant qu’il ne fallait surtout pas perturber le bac est contradictoire (le but d’une grève étant forcément de perturber le bon fonctionnement d’une entre- prise ou d’une administration...) et témoigne d’une incapacité à assumer la situation.

Si, au final, la FSU est apparue glo- balement en phase avec la radi- calité du milieu et avec la lutte, les hésitations évoquées ci-dessus et le fait que les résultats du mou- vement furent pour le moins maigres, participent de son relatif affaiblissement actuel. ■

Bernard Deswarte

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