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Un cas de récupération au Néolithique récent : Les pendeloques arciformes du Bassin parisien

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Un cas de récupération au Néolithique récent : Les pendeloques arciformes du Bassin parisien

Angélique Polloni

To cite this version:

Angélique Polloni. Un cas de récupération au Néolithique récent : Les pendeloques arciformes du Bassin parisien. Archéopages : archéologie & société, Inrap, 2010, pp.16-19. �hal-01873541�

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DOSSIER

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ARCHÉOPAGES 2çAVRIL 2010

Un cas de récupération au Néolithique récent

Les pendeloques arciformes du Bassin parisien

Angélique Polloni

Inrap, Umr 7041 « Archéologies et sciences de l’Antiquité »

1. Collier en canines de cerf et vertèbre de loup découvert dans une tombe masculine de la nécropole néolithique de Vignely (Seine-et-Marne).

Les nombreux éléments de parure du

Néolithique récent1 connus dans le Bassin parisien sont variés tant par leur forme que par les

matériaux avec lesquels ils ont été réalisés. Ils proviennent quasi exclusivement de contextes sépulcraux, en l’occurrence de différents types de sépultures collectives. Parmi eux, les pendeloques arciformes retiennent l’attention parce qu’elles sont fabriquées avec des roches exogènes. Ceci les distingue de la majorité des autres éléments de parure confectionnés dans des matériaux locaux et suppose l’existence à cette époque de réseaux de circulation actifs sur de grandes distances. Cependant, l’étude de ces pendeloques singulières nous conduit à les rapprocher des bracelets de la fin du Néolithique ancien, notamment ceux en schiste de la culture du Blicquy-Villeneuve-Saint-Germain (BVSG), dont la production s’est éteinte un millénaire plus tôt.

Plusieurs arguments permettent donc d’envisager que des bracelets entiers ou fragmentés ont fait l’objet d’une récupération au Néolithique récent pour être « recyclés » en pendeloque arciforme.

Distribution des pendeloques arciformes au sein des tombes collectives

Sur les 470 sépultures collectives inventoriées dans le Bassin parisien (Salanova, 2003), la moitié contenait des éléments de parure, chacune en comportant en moyenne une cinquantaine. Perles, pendeloques et appliques sont déposées avec les défunts au moment de leur inhumation et participent à leur « équipement » individuel.

Des pendeloques arciformes ont été découvertes dans 40 sépultures seulement et forment un corpus de 90 exemplaires, dont 78 en schiste, 7 en roche tenace et 5, non étudiés, en roche indéterminée. Chacune de ces tombes n’en contenait qu’un ou deux spécimens, voire trois dans le cas d’une sépulture.

Les tombes collectives ayant livré ce type de parure sont réparties dans tout le Bassin parisien

[ill. 1] et les pendeloques arciformes sont par

conséquent considérées comme l’un des éléments caractéristiques de la parure de la fin du

Néolithique en Bassin parisien (Bailloud, 1974).

Pourtant, ces objets s’avèrent somme toute assez rares et leur forte dispersion dans les tombes suggère que seul un petit nombre d’individus en portait.

Traces d’usure et réparation

Comme la majorité des objets de parure déposés dans les tombes collectives,

les pendeloques arciformes sont pour la plupart très usées. Les plus nombreuses traces d’usure concernent la perforation, généralement déformée par la tension du lien qui maintenait la pendeloque et qui présente sillons, échancrures, voire cassures

[ill. 2]. Elles étaient cependant réparées, puisque de

nombreuses pendeloques présentent des orifices réalisés pour remplacer les perforations devenues

inutilisables [ill. 3]. Ces réparations ont entraîné au fil du temps une diminution de la taille initiale de l’objet. Ce phénomène ne concerne pas que les pendeloques arciformes, mais, parmi tous les types d’objets recueillis dans les tombes, ce sont elles qui ont été le plus fréquemment réparées (Polloni, 2008). La longue utilisation des pendeloques arciformes semble avoir nécessité des réparations successives. Il est envisageable que ces parures se soient transmises entre individus, chaque propriétaire effectuant à son tour les réparations nécessaires. Ces observations laissent penser que ces objets n’étaient pas facilement remplacés ou remplaçables, peut-être en raison de la difficulté de se procurer la matière première nécessaire à leur fabrication et/ou de leur symbolique particulière, liée à la fonction ou à la position dans le groupe des individus qui les portaient.

Origine des pendeloques arciformes

Comme leur nom l’indique, ces pendeloques sont en forme d’arc de cercle ; elles représentent généralement entre 1/3 et 1/4 d’un anneau et mesurent entre 3 et 10 cm. Elles sont perforées à chaque extrémité pour permettre le passage d’un lien de suspension. Leur forme et leur dimension suggèrent qu’elles ont été confectionnées à partir de fragments d’anneaux, ce qui pourrait également supposer l’existence d’une chaîne opératoire comprenant la fabrication d’anneaux puis leur découpage en fragments. Seulement, aucun des éléments de cette chaîne (anneaux entiers non fragmentés, rejets de fabrication des disques initiaux, etc.) n’est connu dans le Bassin parisien pour la fin du Néolithique. Les pendeloques pourraient alors avoir été produites dans les régions d’origine de cette roche, mais les traces de cette fabrication ou les objets finis sont également inconnus pour le Néolithique récent dans ces régions. De plus, il paraît tout à fait improbable que des bracelets aient été façonnés à la fin du Néolithique dans l’unique but d’être fractionnés pour être transformés en un autre type de parure…

C’est pourquoi l’hypothèse d’une récupération de bracelets ou de fragments de bracelets plus anciens paraît la plus probable, d’autant plus que, dans le Bassin parisien et le nord de la France, les anneaux en schiste sont des objets de parure caractéristiques de la fin du Néolithique ancien, et plus particulièrement de la culture de BVSG.

Produits en grande quantité et largement diffusés, ils ont été découverts dans la majorité des sites BVSG où ils constituent l’élément de parure prédominant (Fromont, 2008).

Comparaison des corpus

Afin de vérifier cette hypothèse, les dimensions des pendeloques arciformes ont été comparées avec celles des bracelets BVSG étudiés par Ginette Auxiette (1989) et Sandrine Bonnardin (2004). Le diamètre extérieur et intérieur ainsi que la largeur et l’épaisseur de la couronne ont été pris en compte.

Yonne

0 100km

Seine

Oise

Marne N

Sépulture avec arciforme en schiste

Sépulture avec arciforme en roche indéterminée Sépulture avec arciforme en roche tenace Sépulture sans pendeloque arciforme

1

16

0 km 100

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On constate que les mesures moyennes des bracelets BVSG et des bracelets « reconstitués » d’après les pendeloques arciformes sont très proches. Près des trois quarts des couronnes des bracelets BVSG ont une largeur comprise entre 1 et 2 cm, ce qui correspond tout à fait à ce qui peut être observé sur les pendeloques arciformes (Polloni, 2008). Les sections ont également été comparées. D’après la typologie de Sandrine Bonnardin, quatre types de section ont été repérés :

« en rectangle », « en D mince », « plate » et

« en ovale ». On observe dans le cas des

pendeloques arciformes une surreprésentation des sections plates ; viennent ensuite les sections en D mince, puis les sections en rectangle et, en très petit nombre, les sections en ovale. La fréquence de représentation des différentes sections des bracelets BVSG suit quasiment le même ordre.

La morphologie et les dimensions des pendeloques arciformes permettent donc de penser que ces éléments ont été produits à partir de fragments d’anneaux. Une fois récoltés, ils ont simplement été munis de deux perforations, les deux petits côtés portant encore sur de nombreux exemplaires des traces de cassure bien visibles.

Nicolas Fromont (2008) a étudié la production et la circulation des anneaux en schiste durant le BVSG. D’après lui, quelques sites producteurs localisés à proximité des gisements de matières premières (massifs armoricains et ardennais) réalisent l’essentiel de la production puis exportent les anneaux, parfois non finis, dans le Bassin parisien vers des « intermédiaires » qui s’occupent des derniers stades de la chaîne opératoire et assurent la distribution des anneaux à l’ensemble de la région. Ce phénomène de fabrication, distribution et utilisation des anneaux prend fin dès le début du Néolithique moyen. Les bracelets entiers ou fragmentés ne sont alors plus

disponibles ailleurs que sur les sites BVSG abandonnés.

Au Néolithique récent, soit plus de 1 000 ans après l’arrêt de cette production, des fragments d’anneaux sont pourtant collectés puis

transformés en un nouvel objet de parure.

L’hypothèse que les sites BSVG abandonnés aient pu être considérés au Néolithique récent comme des gisements de matière première pour la fabrication de pendeloques mérite d’être approfondie. Plusieurs sites d’habitat du Néolithique récent de la vallée de la Marne ont récemment fait l’objet d’une étude (Cottiaux et al., à paraître). Il en ressort que ces habitats étaient pour la plupart implantés sur ou à

proximité immédiate d’habitats BVSG. Des fosses creusées au Néolithique récent ont perforé des couches de rejets du Néolithique ancien. Il n’était donc pas difficile pour les individus du Néolithique récent de récupérer des fragments d’anneaux sur le sol ou dans le comblement de fosses des habitats BVSG.

Les fragments d’anneaux en schiste et en roche tenace devaient constituer une matière première exceptionnelle pour les individus du Néolithique récent. Ceci pourrait expliquer la rareté et la dispersion particulière des pendeloques arciformes dans les tombes, ainsi que la manière dont ces objets étaient entretenus afin de maintenir et de prolonger leur usage. La large répartition des pendeloques arciformes dans les sépultures collectives du Bassin parisien montre que la récupération de fragments d’anneaux en schiste ne constitue pas quelques cas isolés, mais qu’elle a été recherchée au Néolithique récent de façon récurrente. En définitive, tout concourt à doter les pendeloques arciformes – leur

répartition, leur petit nombre par tombe, la rareté du matériau – d’un statut vraiment particulier.

3. Pendeloques arciformes en schiste réparées par l’ajout de nouvelles perforations (a. Coizard, Le Razet ; b-c. sépulture indéterminée, collection

« de Baye » ; d. Portejoie, Fosse XIV).

2. Pendeloques arciformes en schiste usées au niveau de leurs perforations (a. Montigny-Esbly ; b. Vauréal, Le Cimetière aux Anglais ; c. Val-de-Reuil, La Butte Saint-Cyr ; d. Le Mesnil-sur-Oger, Les Mournouards 3).

Références bibliographiques

Auxiette G., 1989, « Les bracelets néolithiques dans le nord de la France, la Belgique et l’Allemagne rhénane », Revue archéologique de Picardie, 1-2, p. 13-65.

Bailloud G., 1974, Le Néolithique dans le Bassin parisien, Paris, Cnrs, 2e éd. (Suppl. à Gallia Préhistoire, 2), 433 p.

Bonnardin S., 2004, La parure funéraire du Néolithique ancien en Bassin parisien et rhénan, thèse de doctorat, université Paris 1, 2 vol., 344 p.

Cottiaux R., Brunet P., Bemilli C., Boulenger L., Brunet V., Charamond C., Duplessis M., Durand J., Durbet G., Hadjouis D., Lanchon Y., Monchablon C., à paraître, « Les sites d’habitats du néolithique récent dans la basse vallée de la Marne », Revue archéologique de l’Est.

Fromont N., 2008, « Les anneaux du Néolithique bas-normand et du nord-Sarthe : production, circulation et territoires », Bulletin de la Société préhistorique française, 105, 1, p. 55-86.

Polloni A., 2008, La parure dans les sépultures collectives de la fin du IVe au début du IIe millénaire en Bassin parisien, thèse de doctorat, université Paris 1, 2 vol., 406 p.

Salanova L., 2003, Le IIIe millénaire avant J.-C. dans le Centre-Nord de la France : définitions et interactions des groupes culturels, Bilan de 3 années de recherche, rapport de PCR dactylographié, 3 vol., 146 p.

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