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Vaccins traditionnels et vaccins recombinants
M. Eloit
To cite this version:
M. Eloit. Vaccins traditionnels et vaccins recombinants. Productions animales, Institut National de
la Recherche Agronomique, 1998, 11 (1), pp.5-13. �hal-02694704�
7 avenue du GŽnŽral De Gaulle, 94704 Maisons-Alfort Cedex
traditionnels et vaccins
recombinants
La connaissance des bases molŽculaires de la virulence et du caract•re immunog•ne a permis un progr•s considŽrable dans la mise au point de vaccins. Ainsi, par exemple, on peut sŽparer les fractions
de protŽine (= antig•nes) induisant la rŽponse immunitaire du reste du microorganisme pathog•ne et nÕutiliser que ces fractions
antigŽniques dans la fabrication du vaccin. Cet article prŽsente les diffŽrents types possibles de vaccins et leurs utilisations respectives.
RŽsumŽ
DiffŽrents types de vaccins sont actuellement disponibles ou en cours de dŽvelop- pement. Ils peuvent •tre divisŽs en deux catŽgories : vaccins vivants et vaccins inertes. Les vaccins vivants traditionnels incluent des souches attŽnuŽes par des moyens conventionnels, comme la croissance dans des conditions de culture inha- bituelles (bactŽries), ou dans des cellules ou des animaux vis-ˆ-vis desquels les souches ne sont pas initialement adaptŽes (virus). Les nouvelles gŽnŽrations de vaccins vivants utilisant les techniques de recombinaison gŽnŽtique (vaccins recombinants) peuvent •tre fabriquŽes par mutagŽn•se dirigŽe de g•nes de viru- lence, ou par clonage de g•nes de protŽines immunog•nes dans des vecteurs viraux ou bactŽriens qui poss•dent les propriŽtŽs souhaitŽes dÕinnocuitŽ et dÕeffi- cacitŽ. Les vaccins inactivŽs conventionnels sont fabriquŽs par traitement des microorganismes par des agents physiques ou chimiques. Dans la mesure o• les fractions immunog•nes des microorganismes sont de mieux en mieux connues, elles peuvent •tre utilisŽes pour fabriquer des vaccins ne comprenant que ces fractions immunog•nes majeures (vaccin subunitaires) par purification, ou par expression in vitro de protŽines (un autre type de vaccin recombinant) ou enfin synth•se chimique de peptides. RŽcemment, il a ŽtŽ dŽmontrŽ, chez diffŽrentes esp•ces, que lÕinoculation directe dans le muscle dÕun g•ne codant pour une pro- tŽine immunog•ne (immunisation gŽnŽtique) permettait dÕinduire une rŽponse immune cellulaire et humorale. Cette mŽthode correspond ˆ un dernier type de vaccin recombinant. LÕimmunitŽ systŽmique et muqueuse obtenue apr•s injection de vaccin vivant est comparŽe ˆ celle obtenue apr•s injection de vaccin inerte.
Le principe de la vaccination consiste ˆ administrer ˆ un •tre vivant un principe actif capable dÕinduire une immunitŽ spŽcifique vis-ˆ-vis dÕun agent pathog•ne, ainsi quÕune mŽmoire immunitaire susceptible dÕamplifier plus rapidement la rŽponse immune quÕapr•s primo-infection.
Les performances et donc en consŽquence les objectifs de la vaccination des animaux sont variables en fonction de la nature des maladies visŽes. Ainsi, la vaccination est de loin la mŽthode de lutte la plus efficace contre des maladies infectieuses aigu‘s qui bŽnŽficient dÕune rŽponse immune post-infec- tieuse stŽrilisante. En effet, il est une r•gle
gŽnŽrale, rarement dŽmentie par les faits expŽrimentaux, qui consid•re que lÕimmunitŽ induite par la vaccination ne peut •tre supŽ- rieure ˆ celle dÕun animal guŽri apr•s infec- tion naturelle. Toutefois, de rares animaux peuvent dŽvelopper un portage chronique gŽnŽralement de courte durŽe (exemple : fi•vre aphteuse). Dans ces cas, la vaccination peut permettre une baisse de lÕincidence et de la prŽvalence de lÕinfection (et donc de la maladie). Au contraire, la vaccination est habituellement moins efficace contre les agents pathog•nes capables de dŽvelopper des infections persistantes chez lÕh™te, du fait quÕils poss•dent des mŽcanismes dÕŽchappe- ment ˆ la rŽponse immune (herpesvirus, len- tivirus, pestivirus, brucelles...). Pour ces infections, il est gŽnŽralement possible dÕob- tenir au travers de la vaccination une dŽfense contre les sympt™mes de la maladie (baisse de la prŽvalence des cas cliniques) alors que lÕefficacitŽ sur la circulation de lÕagent patho- g•ne (incidence de lÕinfection) est habituelle- ment plus limitŽe.
Les modalitŽs dÕobtention des vaccins ont
connu une Žvolution importante au cours des
dix derni•res annŽes. Ces modifications
dŽcoulent directement des amŽliorations des
connaissances sur la structure et la fonction
des constituants des microorganismes et sur
lÕanalyse fine de la rŽponse immune anti-
infectieuse. Ces connaissances ont pu •tre
obtenues par lÕutilisation des techniques de la
biologie molŽculaire dans les laboratoires et
par lÕextrordinaire pouvoir analytique de ces
mŽthodes. CÕest sans doute dans le dŽveloppe-
ment de vaccins viraux que ces mŽthodes ont
pour lÕinstant connu les plus grands dŽvelop-
pements, raison pour laquelle les infections
virales reprŽsenteront une part importante
des exemples que nous choisirons.
1 / Vaccins recombinants et vaccins conventionnels
DiffŽrentes catŽgories de vaccins sont dispo- nibles. La classification prŽsentŽe ici est clas- sique (vaccins vivants et inertes, ainsi que leurs sous-catŽgories respectives). Elle a le mŽrite, comme toute classification opŽration- nelle, de regrouper des vaccins de propriŽtŽs communes. NŽanmoins, sÕappuyant sur le pro- duit final plut™t que sur la logique de sa conception, elle risque de ne pas renseigner le lecteur sur les lignes de force contemporaines en mati•re de vaccinologie et, surtout, de ne pas permettre de mettre les travaux actuels en perspective. CÕest pourquoi nous prŽsente- rons en introduction les diffŽrentes stratŽgies dÕobtention dÕun vaccin.
1 .1 / LÕapport
des biotechnologies
ˆ la dŽfinition des vaccins
Depuis les travaux de Jenner et de Pasteur, le principe de la vaccination que nous avons rappelŽ est toujours restŽ le m•me. Les moda- litŽs initiales dÕobtention des vaccins sont longtemps restŽes comparables dans leur principe : administrer ˆ lÕindividu un agent pathog•ne entier, soit tuŽ (vaccin inactivŽ), soit attŽnuŽ par diffŽrentes techniques dont le rŽsultat Žtait difficilement prŽvisible. Les avancŽes actuelles reposent sur plusieurs causes communes dont nous retiendrons celles qui nous paraissent majeures :
- des progr•s techniques : la dŽcouverte des techniques dÕidentification et de clonage de g•nes ainsi que celle des anticorps monoclo- naux, spŽcifiques non plus dÕun agent patho- g•ne mais dÕune portion dÕune seule protŽine dÕun microorganisme ;
- des progr•s scientifiques, qui dŽcoulent en large partie de ces progr•s techniques : la connaissance des mŽcanismes de multiplica- tion des agents pathog•nes et du dŽtermi- nisme de leur virulence, lÕŽtude des antig•nes importants dans la rŽponse immune et, enfin, de mani•re paradoxalement plus limitŽe compte tenu des immenses progr•s quÕa connus cette discipline en une vingtaine dÕan- nŽes, la progression dans les connaissances en immunologie.
En consŽquence, deux voies principales sont actuellement utilisŽes, en complŽment plut™t quÕen remplacement des approches tradition- nelles :
- la premi•re consiste en une dŽlŽtion de certains g•nes impliquŽs dans la virulence des micro-organismes de mani•re ˆ isoler des souches vivantes attŽnuŽes de mani•re rai- sonnŽe. Cette voie est peu utilisŽe ;
- la seconde, plus frŽquemment utilisŽe, ne retient de lÕagent pathog•ne quÕune fraction (ou quelques rares fractions) immunog•ne(s) de celui-ci, prŽalablement identifiŽe(s) comme majeure(s).
Habituellement, les immunog•nes viraux majeurs correspondent ˆ des (glyco)protŽines
de structure, de capside (composant interne des virus) ou dÕenveloppe, mais certaines pro- tŽines non structurales, exprimŽes prŽcoce- ment au cours du cycle, pourraient Žgalement
•tre des immunog•nes potentiels (Selvaka- mur et al 1995). Les immunog•nes bactŽriens sont multiples : peptidoglycanes de la paroi des bactŽries Gram+ et polysaccharides de la paroi des bactŽries Gram-, polysaccharides de la capsule (antig•ne K), protŽines de pili et de flagelles (antig•nes H), exotoxines bactŽ- riennes. A partir de cette approche, diffŽrents types de vaccin se dŽclinent en fonction du mode de prŽsentation de ces immunog•nes au syst•me immunitaire : 1) vaccins inertes quand ces antig•nes sont purifiŽs, produits in vitro par des techniques de gŽnie gŽnŽtique, ou que des sous-fractions dÕentre eux sont chi- miquement synthŽtisŽes ; 2) vaccins vivants quand le g•ne de protŽines immunogŽniques est introduit dans dÕautres microorganismes capables de se rŽpliquer (vecteurs) qui seront administrŽs ˆ lÕanimal ; 3) vaccins de nature intermŽdiaire quand ce sont les g•nes de ces protŽines immunog•nes qui sont dŽlivrŽs ˆ lÕanimal, soit par lÕintermŽdiaire de vecteurs viraux incapables de se multiplier, soit sous forme dÕADN nu : ces vaccins sont inertes au sens o• ils ne se multiplient pas chez lÕh™te mais prŽsentent lÕantig•ne au syst•me immu- nitaire de mani•re proche de celle des vaccins vivants.
1 .2 / Des vaccins traditionnels aux vaccins recombinants
Nous retiendrons donc une classification des diffŽrents types de vaccin en vaccins vivants (utilisant une souche capable de se multiplier au moins in vitro) et en vaccins inertes (incapables de se rŽpliquer) (cf. revue gŽnŽrale de McGhee et Kiyono 1993). Les vac- cins recombinants sont obtenus par des tech- niques de clonage molŽculaire du gŽnome des microorganismes, de mani•re ˆ obtenir un principe actif ayant une efficacitŽ vaccinale.
Comme nous le verrons, ils peuvent apparte- nir ˆ plusieurs des catŽgories suivantes.
a / Vaccins vivants
Les vaccins vivants peuvent •tre classŽs en vaccins attŽnuŽs, cÕest-ˆ-dire incluant une souche de lÕagent pathog•ne ou dÕun agent infectieux proche possŽdant un pouvoir patho- g•ne faible ou nul pour lÕesp•ce de destina- tion, et en vaccins vectorisŽs, cÕest-ˆ-dire incluant un agent infectieux non pathog•ne (vecteur) dont le gŽnome a ŽtŽ modifiŽ afin dÕinclure un ou plusieurs g•nes codant pour des protŽines immunog•nes de lÕagent patho- g•ne cible.
Les souches attŽnuŽes
Les souches attŽnuŽes utilisŽes pour fabri- quer des vaccins vivants peuvent provenir de plusieurs origines.
- SpontanŽment avirulentes (figure 1, A) Certaines souches isolŽes du terrain sont spontanŽment avirulentes, en particulier pour
INRA Productions Animales, janvier 1998
6 / M. ELOIT
Certains vaccins
vivants sont
constituŽs de
pathog•nes que
lÕon a attŽnuŽs en
supprimant leurs
g•nes de virulence.
une autre esp•ce cible. Historiquement, d•s 1798, Jenner a pu vacciner lÕhomme contre la variole en utilisant le virus du cowpox des bovins. De la m•me fa•on, lÕherpesvirus du dindon permet de vacciner les volailles contre la maladie de Marek ; le poxvirus du fibrome de Shope est utilisŽ pour vacciner le lapin contre la myxomatose.
- Par des moyens conventionnels (figure 1, A) Le principe de sŽlection de souches virales attŽnuŽes est dÕisoler parmi une population virale initiale un clone de virulence attŽnuŽe.
Au besoin, une procŽdure de mutagŽn•se ˆ lÕaide de diffŽrents agents mutag•nes est par- fois rŽalisŽe sur la population initiale afin dÕaugmenter le nombre de variants prŽsents et de faciliter la sŽlection dÕun variant appro- priŽ. La sŽlection de variants non pathog•nes est rŽalisŽe par diffŽrentes techniques : pas- sage multiples en culture cellulaire, passages sur esp•ce animale diffŽrente de lÕesp•ce cible, multiplication ˆ tempŽrature infŽrieure ˆ 37
o
C permettant dÕobtenir des souches dites thermosensibles, incapables de se multiplier ˆ une tempŽrature corporelle normale... Il est important de comprendre que ces procŽdures sont aveugles et que, dans lÕhypoth•se o• une souche vaccinale potentielle est obtenue, la
raison de son attŽnuation est habituellement inconnue. Il est nŽanmoins parfois possible dÕobtenir des mutants prŽalablement choisis (figure 1, B) : ainsi la multiplication de souches virales en prŽsence dÕun anticorps monoclonal contre une protŽine peut per- mettre dÕobtenir un mutant de dŽlŽtion spŽci- fique ; la croissance en milieu sŽlectif conduit ˆ lÕobtention de mutants dŽfectifs pour le g•ne de la thymidine kinase, de virulence attŽnuŽe (herpesvirus, poxvirus). Dans la mesure o• les modifications gŽnomiques ˆ lÕorigine de lÕattŽ- nuation sont le plus souvent inconnues, il est impossible de prŽvoir la stabilitŽ de lÕattŽnua- tion et les risques de recombinaison avec les souches sauvages. En effet, la modification dÕune seule base ou la dŽlŽtion dÕun g•ne entier peuvent se traduire exactement par le m•me phŽnotype, alors que la stabilitŽ de ces modifications est ˆ lÕŽvidence tr•s diffŽrente.
Bien Žvidemment, diffŽrents essais sont conduits par les fabricants, en conformitŽ avec les normes actuelles dÕenregistrement, pour vŽrifier la stabilitŽ de lÕattŽnuation : nŽanmoins, ces essais ne peuvent •tre conduits quÕˆ une Žchelle limitŽe et ne per- mettent pas dÕŽviter tout risque. Seule lÕutili- sation ˆ large Žchelle dÕune souche vivante Figure 1. Classification des vaccins conventionnels et recombinants. Les différents types de vaccins recombinants sont en rouge.
Epitope immunogène (= fragment de la protéine)
Gène de la protéine immunogène
Gène de virulence Protéine immunogène
Souche pathogène Vaccins vivants
Vaccin atténué obtenu de manière
"aveugle"
Sélection de mutants n’exprimant pas un gène de virulence
Délétion sélective du gène de virulence par des techniques de recombinaison génétique A - Vaccin atténué conventionnel
B - Vaccin atténué par sélection contre le produit d'un gène
C - Vaccin atténué par mutagenèse dirigée
D - Vaccin vectorisé réplicatif
Insertion du gène d’une protéine immunogène dans un microorganisme capable de se multiplier
Vaccins inertes
Vaccins intermédiaires
F - Vaccin inactivé
E - Vaccin vectorisé non réplicatif
Insertion du gène d’une protéine immunogène dans un microorganisme incapable de se multiplier
I - Vaccin génétique Le gène de la protéine immunogène est directement administré à l'animal
Plasmide