Le dipôle électrostatique
I – Définition et approximation dipolaire
On appelle « dipôle électrostatique » un ensemble rigide de deux charges ponctuelles + q et – q (donc globalement neutre), distantes de 2a.
a 2 ) ( q
N − O P ( + q )
z u
zUn tel modèle permet d’étudier :
* Les molécules polaires (par exemple : HCl, H2O)
) ( + δ
H Cl ( − δ )
) 2 ( − δ O
δ
+ + δ
* La polarisation des atomes dans un champ électrique extérieur (phénomène de solvatation des ions)
a 2 ) ( q
N − O P ( + q )
z u
zM
r
θ
On calcule le potentiel puis le champ électrique ( ) créé par le dipôle en un point M de l’espace.
Symétrie de révolution autour de l’axe (Oz) : on choisit M(r,θθθθ) dans le plan des deux charges.
Approximation dipolaire : r >> a (on se place « loin » des charges, c’est-à-dire à des distances bien supérieures à quelques nm).
) (V grad E = −
II – Calcul du potentiel dans le cadre de l’approximation dipolaire
Le potentiel au point M est (principe de superposition) :
a 2 )
( q
N − O P ( + q ) z u
zM
r θ
r
Nr
PN
P
r
q r
M q V
0
0
4
1 4
) 1
( = πε − πε
−
=
N
P
r
q r M
V 1 1
4 ) 1
(
πε
0) :
(avec rP = PM et rN = NM >> a
Calcul des distances rP et rN : D’après la relation de Chasles : En élevant au carré :
a 2 )
( q
N − O P ( + q ) z u
zM
r θ
r
Nr
Pu
za r
OP OM
PM
−
=
−
=
θ cos 2
. 2
2 2
2
2 2
2
ar a
r r
u a r a
r PM
P
z
− +
=
− +
=
On calcule ensuite 1 / rP :
θ cos 2
1 1
2
2
a ar
r
P= r + −
(
2 22 cos ) 1/2
1
−− +
= r a ar θ
r
POn rappelle le développement limité (à l’ordre 1) de :
) ( q
N − O P ( + q ) z u
zM
r θ
r
Nr
POn pose x = a / r (x << 1), alors :
2 / 1 2
2
cos 2
1 1
1
−
+ −
= θ
r a r
a r
r
P( ) ( 1 )
2 1 1
1 + x
−1/2≈ − x x <<
Un DL au 1er ordre en x donne :
+
= 1 1 cos θ 1
r a r
r
PDe la même manière (il suffit de remplacer θθθθ par π π π π −−−− θθθθ et donc cosθθθθ par - cosθθθθ) :
) ( q
N − O P ( + q ) z u
M
r θ
r
Nr
P
−
= 1 1 cos θ 1
r a r
r
NPar conséquent :
θ cos 1 2
1
r
2a r
r
P−
N=
πε cos θ )
2 ( 4
) 1
(
20
r
M aq
V =
D’où le potentiel :
On définit le vecteur moment dipolaire du dipôle électrostatique (vecteur dirigé de la charge négative vers la charge positive) :
) ( q
N − O P ( + q ) z u
zM
r θ
πε cos θ 4
) 1
(
20
r M p
V =
Alors (décroissance du potentiel en 1 / r2) :
NP q
u aq
p =
z= )
2 (
p
En notant :
u
rr / r
=
) cos .
. ( 4
) 1
( 2
0
πε = θ
= r uz ur
r u M p
V
Retour sur la définition du moment dipolaire :
Le vecteur moment dipolaire est une caractéristique du dipôle électrostatique.
p s’exprime en C.m dans le SI.
On définit plutôt le Debye, mieux adapté :
Exemple : la molécule d’eau a un moment dipolaire . En déduire les charges + δδδδ et – 2δδδδ portées respectivement par les atomes d’hydrogène et par l’atome d’oxygène.
Données :
m C D 3 , 33 . 10 .
1 =
−30D pH O 1,85
2 =
nm OH
OH
OH, ) 104 ; 0,096
( = ° = =
= ℓ
α
Le moment dipolaire total de la molécule est :
O
pH
2
) 2 ( − δ O
) ( + δ
H H ( + δ )
2 α pOH
p' OH pH O pOH p'OH
2
= +
Avec : pOH = p'OH = ℓδ
Par conséquent :
cos 2
2 2
δ α
= ℓ
O
pH
On en déduit :
) 10
. 6 , 1 3 (
cos 2 2
19
2 e e C
pH O −
=
≈
= α
δ
ℓ
III – Calcul du champ dans le cadre de l’approximation dipolaire
La relation intrinsèque permet de calculer le champ (en coordonnées polaires) :
a 2 )
( q
N − O P ( + q ) z u
zM
r θ
r r V
E
r∂
− ∂
= ) , ( θ
V grad E = −
θ θ
θ
∂
− ∂
= V
r r
E 1
)
,
(
Par conséquent :
0 3
cos 2
4 1
r
E
rp θ
= πε
0 3
sin 4
1
r
E p θ
θ
= πε
( θ θ
θ)
πε r u u
E p
rsin cos
4 2 1
0 3
+ a =
2 )
( q
N − O P ( + q ) z u
zM
r θ
E
r θE
E
IV – Topographie du champ d’un dipôle
Surfaces équipotentielles :
L’équation de la surface équipotentielle (ΣΣΣΣ0) au potentiel V0 est :
Soit l’équation en coordonnées polaires :
L’allure des lignes équipotentielles est indiquée sur la figure suivante ; l’axe perpendiculaire à (Oz) et passant par O est l’équipotentielle zéro.
Par rotation autour de (Oz), ces lignes engendrent les surfaces 2 0
0
0
cos
4 ) 1
( :
)
( V
r M p
V M
Pour ∈ Σ = θ =
πε
) (
2
cos
cste A
A
r = θ =
Deux charges ponctuelles (+ q et – q)
(Dipôle
électrostatique) - q + q
Lignes de champs :
a 2 )
( q
N − O P ( + q ) z u
zM
r θ
E
r θE
E
Ligne de champs
Sur la ligne de champ passant par M :
0
∧ E =
r d
θ θ
θ
θu E u
E E
u d
r u
dr r
d
r r
r
+
=
+
=
= 0
− r d E
rE
dr
θθ
Soit :
θ
d
r
dr =
En remplaçant les coordonnées du champ par leurs expressions :
On sépare les variables :
Soit :
θ θ θ sin cos
2
d r dr =
θ θ θ
θ θ
sin
) 2 (sin
sin
2 cos d
r d
dr = =
)) (ln(sin
)
(ln r d θ
2d =
On note r = r0 pour θθθθ = ππππ / 2, alors, en intégrant, on obtient l’équation en coordonnées polaires des lignes de champs (r0 est un paramètre) :
2 0
2
) sin
ln(sin
ln r θ soit r r θ
=
=
Deux charges ponctuelles (+ q et – q)
(Dipôle
électrostatique) - q + q
V – Action d’un champ électrique extérieur sur un dipôle
On considère un dipôle électrostatique plongé dans un champ électrique E0 qui peut être supposé uniforme à l’échelle du dipôle.
Quel est l’effet de ce champ sur le dipôle ? Système étudié : le dipôle (rigide)
Référentiel d’étude : celui du laboratoire (supposé galiléen)
) ( q N −
) ( q P + O
E
0
E
0q
E
0q
−
Le dipôle est soumis aux deux forces et de résultante nulle.
Le dipôle est globalement soumis à un « couple de forces », dont le moment par rapport à O vaut :
E
0q
E
0q
−
) ( q N −
) ( q P + O
E
0
E
0q
E
0q
−
Soit :
)
(
00
ON q E
E q OP
M
O
= ∧ + ∧ −
0
)
0( OP ON q E q NP E
M
O
= − ∧ = ∧
E
0p M
O
= ∧
Sous l’effet d’un champ électrique, le dipôle se met à tourner afin de s’aligner selon le sens du champ (p et E0 dans le même sens, position
d’équilibre stable).
) ( q N −
) ( q P + O
E
0
E
0q
E
0q
−
Soit Étude énergétique :
Soit V le potentiel dont dérive le champ E0 ; l’énergie potentielle du dipôle (rigide) dans ce champ est :
.E
0p E
p
−
= )
( ) (
)
( P q V N
qV
E
p= + −
[ V ( P ) V ( N ) ]
q
E
p= −
On rappelle que (E0 est un champ de gradient) : Par conséquent, avec dV = V(P) – V(N) :
Et donc :
dV r
d
E = −
0
.
NP ON
OP r
d = − = )
. ( E
0NP q
E
p−
=
Application (solvatation des ions) :
+δδδδ
−−−−δδδδ
+ +
−−−−δδδδ
−−−−δδδδ
−−−−δδδδ −−−−δδδδ
−−−−δδδδ +δδδδ
+δδδδ
+δδδδ +δδδδ +δδδδ
Lignes de champs
Ion positif (Na+ par exemple)
Molécule polaire H2O
VI – Quadripôle électrostatique
Exercice (modèle de la molécule de CO2) :
Soit un ensemble de trois charges alignées : 2 q en O, - q en A(+ a,0) et - q en B(- a,0).
Calculer le potentiel V puis le champ E en un point M de l'espace situé à la distance r de O, en supposant r >> a.
u
zM
r θ
On rappelle le développement limité (à l’ordre 2, pour x << 1) de :
( )
1/2 28 3 2
1 1
1 + x
−≈ − x + x
) ( q
B − O ( 2 q )
zA ( − q ) z u
M
r θ
) cos
3 1 4 (
)
(
23 2 0
πε − θ
= r
a M q
V
r r V
E
r∂
− ∂
= ) , ( θ
θ θ
θ
∂
− ∂
= V
r r
E 1
) , (
Topographie : voir diapositive suivante
Trois charges ponctuelles (+ 2q, – q et - q)
(Quadripôle électrostatique) + 2q - q
- q