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X Maths A MP 2014 — Corrigé
Ce corrigé est proposé par Florian Metzger (ENS Cachan) ; il a été relu par Kévin Destagnol (ENS Cachan) et Guillaume Batog (Professeur en CPGE).
Ce sujet est consacré à l’étude de l’ensembleQ(V)des formes quadratiques non dégénérées définies sur un K-espace vectoriel V de dimension finie n (où Kest un corps commutatif de caractéristique nulle) et de leurs groupes d’isométries, à savoir les ensemblesO(q) ={f ∈GL(V)|q◦f =q}.
• Dans les préliminaires, on démontre des résultats classiques sur les formes qua- dratiques généralisant les résultats du cours sur les espaces préhilbertiens réels ou complexes. On y prouve en particulier que deux formes quadratiques équi- valentes ont des groupes d’isométries isomorphes.
• La première partie établit que toute forme quadratique non dégénérée est équi- valente à la forme quadratique (x1, . . . , xn) 7→ Pn
i=1
aixi2 pour un certain n- uplet(a1, . . . , an)∈(K r{0})n.
• La deuxième partie étudie spécifiquement, pourr∈[[ 0 ; n]], des propriétés al- gébriques et topologiques du groupe orthogonalOr,n−rde la forme quadratique
Qr,n−r(x1, . . . , xn) = Pr
i=1
xi2− Pn
i=r+1
xi2
appelégroupe pseudo-euclidien de signature(r, n−r)et qui englobe le cas du groupe orthogonal euclidien pour r = n. Ces groupes apparaissent en phy- sique relativiste. Une attention particulière est portée au groupeO2,1 dont on dénombre les quatre composantes connexes par arcs et dont on exhibe des gé- nérateurs, avant d’en déduire un morphisme surjectif entre O2,1 et le groupe, dit de Klein,Z/2Z×Z/2Z.
• Enfin, la troisième et dernière partie introduit la notion desomme orthogonale de formes quadratiques non dégénéréesq∈ Q(V)et q′∈ Q(V′):
∀(x, x′)∈V×V′ q⊥q′(x, x′) =q(x) +q(x′)
On y établit des propriétés de la loi⊥, puis la transitivité de l’action deO(q) sur toute ligne de niveau de q: si u, vsont deux vecteurs avecq(u) =q(v)6= 0 alors il existeg∈O(q)telle queg(u) =v. Ces résultats sont mis à profit pour obtenir que, trois formes quadratiques non dégénéréesq,q1,q2 étant données, q1⊥qest équivalente àq2⊥qsi et seulement siq1est équivalente àq2; résultat utile en vue de prouver la décomposition de Witt : toute forme quadratique non dégénérée est équivalente àqan⊥m·hoùqanestanisotrope, c’est-à-dire qu’elle ne s’annule qu’en0, etm·hest la somme orthogonale demcopies de la forme h: (x1, x2)7→x1x2.
Après une première partie abordable car proche du cours, le sujet est de difficulté croissante à l’intérieur des deuxième et troisième parties, dont les dernières questions supposent d’avoir bien compris les résultats précédents, et exigent une certaine matu- rité mathématique. Signalons que le sujet est complètement hors programme à partir de la rentrée 2014. L’énoncé est toutefois suffisamment guidé pour être théoriquement
« faisable » sans avoir suivi de cours sur les formes quadratiques...
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Indications
Préliminaires 2 Penser à la formule de polarisation.
3.a Utiliser l’expression matricielleeq(x, y) = tX ΦB(q)Ye oùXetYsont les matrices des vecteursxet y dans la base canoniqueBdeKn. Penser ensuite à :
det A6= 0 ⇐⇒ A∈GLn(K) 4.a Pourf ∈ L(E)exprimerq]◦f.
4.b Utiliser le lien entre noyau d’une forme linéaire et hyperplan.
4.c Rappelons que F⊕G = V⇐⇒(F∩G ={0} et F + G = V).
5 Utiliser un isomorphismef : V→V′ tel queq′◦f =q.
Partie 1
6.b Écrire la matrice de hdans la base canonique de K2. Fixer ensuite un vecteur isotrope et utiliser la non dégénérescence de qpour construire l’isométrie de q àh; il suffit de la définir sur une base deVqui contient un vecteur isotrope.
6.c Comme en 6.b, fixer un vecteur isotrope et utiliser la non dégénérescence deq.
7.a Montrer queq|{x}⊥ est non dégénérée.
Partie 2 8 DansRon dispose du signe.
9 ÉcrireQ^r,s◦f à l’aide de produits matriciels faisant intervenirMet Ir,s. 10 Utiliser la caractérisation séquentielle des fermés.
11 Commencer par montrer queO(n)est fermé, puis borné. Pour la bijection mon- trer que toute matrice deKr,s s’écrit par blocs sous la forme
Mr A B Ms
avec (Mr,Ms)∈O(r)×O(s),A = 0s,r et B = 0r,s
12 C’est une question de cours de première année.
13.a Remarquer queQ2,1(H) ={−1}.
13.b Pour la partie topologique, utiliser la continuité du déterminant.
14.a SiM =j(f), alorszf = M3,3.
14.b Calculer pour t, θ∈R le produit matricielj(rt)j(ρθ)j(f)oùρθ est la rotation d’angleθ et d’axeVect ((0,0,1))qui a pour matrice dans la base canonique
Rθ=
cosθ −sinθ 0 sinθ cosθ 0
0 0 1
Chercher alorst et θ tels quej(rtρθf)fixe le vecteur t( 0,0,1). Si M ∈SO+2,1
alorsM3,3= chtpour unt60.
14.c Montrer, par double inclusion, que SO+2,1=
j(ρθrtρα)|(θ, t, α)∈R3
et utiliser ce fait pour trouver un chemin continu dans SO+2,1 entre deux ma- tricesMet M′ fixées.
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© Éditions H&K Publié dans lesAnnales des Concours 3/27 15 Prouver queM3,36= 0 pour toute matriceM∈O2,1.
16 En utilisant la partition deO2,1suivant ses quatre composantes connexes, trou- ver un ensemble Γ de quatre matrices « simples » de O2,1 telles que chaque composante soit égale à M(SO+2,1) pour une certaine matrice M dans Γ. Puis vérifier queΓest un groupe.
Partie 3
17.b Sif : V′→V′′est un isomorphisme, considérer F :
(V×V′ −→V×V′′
(v, v′) 7−→(v, f(v′))
17.c SiV = V′⊕V′′trouver un isomorphisme deV′×V′′ surV.
18.c Montrer qu’alorsq(w+v)6= 0. Que dire de la conclusion siv=w?
19 C’est la question la plus difficile du sujet. Raisonner par récurrence surdim V3. L’initialisation est le point délicat : commencer par utiliser la question 6.a ainsi que l’hypothèse d’isométrie pour trouver deux vecteurs ayant même image par q2⊥q3 et utiliser la question 18.c en remarquant que le résultat qui y est dé- montré s’applique aussi dans le cas oùv=w. On pourra considérer l’orthogonal du sous-espaceZ = ({0V2} ×Kv)⊥, c’est-à-dire l’ensemble des vecteurs qui sont orthogonaux à tout vecteur de Zet montrer que toute isométrie préserve l’or- thogonalité des sous-espaces vectoriels. Le schéma global est de trouver une isométrie deV1×V3 surV2×V3 qui « fixe »V3, puis en montrant une stabi- lité des orthogonaux, d’établir qu’on a l’isomorphisme attendu. Pour l’hérédité, utiliser la diagonalisation.
20 Pour l’existence, raisonner par récurrence surn= dim Vet faire l’initialisation pour n= 1et n= 2avant de montrer que la propriété au rangn−1entraîne celle au rangn+ 1. En dimension>2on pourra montrer, lorsqueqest isotrope, l’existence d’un plan sur lequel q est isotrope, puis considérer son orthogonal.
Pour l’unicité, montrer d’abord quemest uniquement déterminé en utilisant la simplification démontrée à la question19ainsi que l’isotropie deh.
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Préliminaires sur les formes quadratiques et les isométries
1 Soit(a1, . . . , an)∈(K r{0})n. En notant q=ha1, . . . , anion a alors pour tous x= (x1, . . . , xn)∈Kn,y= (y1, . . . , yn)∈Kn ainsi queλ∈K
q(λx) = Pn i=1
ai(λxi)2=λ2 Pn i=1
aixi2
=λ2q(x)
De plus, il est possible d’utiliser l’identité remarquable(a+b)2=a2+ 2ab+b2grâce à la commutativité deKpour obtenir
2eq(x, y) = Pn i=1
ai(xi+yi)2− Pn i=1
aixi2− Pn i=1
aiyi2= 2 Pn i=1
aixiyi
Comme la caractéristique est nulle,2est inversible dansK, ce qui permet de simplifier l’égalité précédente par2.
C’est ce fait qu’utilise implicitement l’énoncé pour définir q. En caractéris-e tique2, la théorie des formes quadratiques est totalement différente.
De la commutativité de K on déduit la symétrie de eq. Puis les règles de priorité d’opérations surKfournissent pour toutz= (z1, . . . , zn)∈Kn,
e
q(x+λy, z) = Pn
i=1
aixizi+λPn
i=1
aiyizi =q(x, z) +e λq(y, z)e
La linéarité à gauche est établie et entraîne la linéarité à droite par symétrie deq.e Ce fait général est désormais tenu pour acquis dans la suite du corrigé.
Finalement, Pour tout(a1, . . . , an)∈(K r{0})n, l’application ha1, . . . , aniest une forme quadratique surKn.
2 Notons FBS(respectivement FQ) l’ensemble des formes bilinéaires symétriques surV(respectivement quadratiques). Posons pourϕ∈FBS
qϕ:x7−→ϕ(x, x)
Soient maintenantϕ∈FBS, λ∈Ket(x, y)∈V2. Montrons queqϕ ∈FQ. Il vient, en utilisant la bilinéarité deϕ,
qϕ(λx) =ϕ(λx, λx) =λ2ϕ(x, x) =λ2qϕ(x)
puis fqϕ(x, y) = 1
2(qϕ(x+y)−qϕ(x)−qϕ(y))
= 1
2(ϕ(x+y, x+y)−ϕ(x, x)−ϕ(y, y)) f
qϕ(x, y) = ϕ(x, y) (carϕ∈FBS)
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