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L évolution de la population active : une augmentation depuis la fin du 18 ème La croissance de la population active dépend de deux éléments :

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2. Les facteurs de la croissance

Après avoir vu les caractéristiques de la croissance depuis la fin du 18ème siècle, revenons sur les facteurs de la croissance. À long terme, la croissance repose sur une augmentation des capacités de production qui s’explique par deux éléments : la hausse du volume des facteurs de production et la hausse de leur efficacité ou de l’efficacité de leur combinaison. Ce sont ces deux éléments que nous allons examiner successivement dans ce point 2.

Remarque préalable : par convention, quand on se demande quelles quantités de facteurs peuvent être mobilisés pour produire, on retient le travail et le capital. Il ne faut cependant pas oublier qu’il y a d’autres facteurs qui entrent dans la production et qui peuvent expliquer son niveau : ressources naturelles, consommations intermédiaires, la terre. Ainsi, le rôle des ressources naturelles dans la croissance est important et peut conduire à remettre en cause l’objectif même de croissance pour une économie développée. C’est l’argumentaire développé en 1972, à l’initiative du Club de Rome (fondation créée en 1968) publie le rapport Meadows, « Halte à la croissance », qui prône un objectif radical de croissance zéro pour limiter l’épuisement des ressources non renouvelables.

Cette remarque préalable étant faite, nous allons nous contenter d’étudier ici le rôle du travail, du capital et de la productivité globale des facteurs dans la croissance observée depuis la révolution industrielle.

2.1. Le rôle du travail dans la croissance

Nous allons montrer que sur le long terme la croissance s’explique non pas par l’augmentation de la quantité de travail mais par sa plus grande efficacité.

Le lien entre la production sur une année et le travail est donné par la relation suivante : Production = quantité annuelle de travail x productivité horaire du travail

Ce que l’on peut également décomposer ainsi :

Production = population active occupée x durée annuelle moyenne du travail x productivité horaire du travail

Cette équation indique que nous devons étudier trois éléments pour mettre en évidence le rôle du travail dans la croissance :

- l’évolution de la population active

- l’évolution de la durée annuelle moyenne du travail - l’évolution de la productivité du travail

L’évolution de la population active : une augmentation depuis la fin du 18ème La croissance de la population active dépend de deux éléments :

L’évolution de la population en âge de travailler, qui est elle même déterminée par l’accroissement naturel de la population et le solde migratoire

Nous l’avons vu concernant les 30 Glorieuses en France, la croissance a un impact direct sur le solde migratoire (la pénurie de main d’œuvre a provoqué une vague d’immigration). Mais la variable essentielle (celle qui peut être un facteur ou au contraire un frein à la croissance) est l’accroissement naturel de la population (nous avons là encore identifié cet élément comme un facteur potentiel pour expliquer le retard français au moment de la révolution industrielle)

L’évolution du taux d’activité par âge, c’est-à-dire la durée de la vie active

C’est un élément très important d’évolution de la population active, notamment en raison de la modification du comportement d’activité des femmes à partir des 30 Glorieuses (attention avant cette période les femmes travaillent mais leur contribution à l’activité économique est invisible car en grande partie non déclarée comme une activité salariée).

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Les effets conjugués de ces deux éléments expliquent que le vieillissement de la population en France ne se traduit pas forcément par une baisse de la population active. Quelques données :

- Données sur la population active :

En 1870, la population active occupée atteignait en France 17.8 millions de personnes et était alors supérieure à celle des États-Unis. En 2016, il y a 26,6 millions d’actifs occupés. Selon les projections de population active de l’INSEE, le nombre d’actifs (attention pas le nombre d’actifs occupés car on ne peut pas connaître l’évolution du chômage) devrait augmenter en moyenne de 45 000 actifs supplémentaires par an entre 2015 et 2070 ce qui porterait à le nombre d’actifs à 31,2 millions en 2040 et 32,1 millions en 2070.

- Données sur les comportements d’activité

Entre 2006 et 2016, le taux d’activité des 15-64 ans a progressé de 1,9 point (il atteint 67,6 % en 2016).

Ce taux d’activité place la France en dessous de la moyenne européenne, loin derrière des pays comme la Suède ou le Danemark dont les taux d’activité atteignent respectivement 82,1 % et 80,0 %. Le taux d'activité des femmes en France est toutefois supérieur à la moyenne de l’UE.

Il faut également noter que le taux de chômage lui-même et la croissance économique ont une influence sur la variation de la population active : c’est l’effet d’aubaine qu’entraîne un taux de chômage décroissant ou la reprise de la croissance. De ce fait, il y a une relation circulaire entre population active et croissance économique : une augmentation de la population active est source de croissance et la croissance augmente la population active.

La baisse de la durée du travail - Les faits

Une fois mesurée l’évolution de la population active, on connaît donc (en enlevant les chômeurs) le niveau de l’emploi. Mais pour connaître le volume de travail disponible dans l’économie, il faut tenir compte de la durée du travail. En effet :

Quantité annuelle de travail = Niveau de l’emploi x durée annuelle du travail.

C’est ce qui explique qu’à long terme, la quantité globale de travail a diminué malgré l’augmentation de la population active : le total des heures travaillées est passé en France de 55,5 milliards en 1896 à 36,6 milliards en 1996.

Selon l'INSEE la durée annuelle du travail des salariés est de 1400 heures en 2012 contre plus de 1500 en 1990 et 1900 en 1950.

Cette réduction du temps de travail constitue un mouvement séculaire, constaté dans tous les pays développés (seul le Japon se distingue par une diminution moins sensible qu’ailleurs tout comme les États-Unis selon Maddison). Comment expliquer cette baisse ?

- Les explications

Plusieurs facteurs peuvent être avancés : - la progression du temps partiel

- la salarisation croissante sachant que les salariés ont une durée annuelle du travail plus faible que les non salariés (par exemple en 2006 1441 heures en moyenne pour les salariés contre 1541 heures en moyenne pour les non salariés)

- la mise en place des congés payés (en France deux semaines en 1936, trois en 1956, quatre en 1968 et cinq en 1981)

- les transformations de la durée légale du travail (en France : semaine de 40 heures en 1936, 39 heures en 1982, 35 heures avec les lois Aubry mises en place à partir de 2000 et leur assouplissement par la loi Fillon de 2003 et la loi El Khomri de 2016.

Comment expliquer alors la forte croissance de la production, si on la rapproche de la diminution du volume d’heures travaillées ? Par la croissance de la productivité du travail.

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L’augmentation de la productivité du travail

Attention lorsqu’on isole un des facteurs de production pour évaluer sa productivité, on parle de productivité apparente, ici c’est à la productivité apparente du travail que nous allons nous intéresser.

De plus, quand on mesure la productivité du travail, c’est du travail direct dont il s’agit (le nombre d’heures par exemple nécessaires à la production d’un bien) mais le plus souvent l’augmentation de la productivité a été rendue possible – comme dans l’exemple du détour de production de Böhm- Bawerk – grâce à du travail indirect (fabriquer un seau pour aller chercher l’eau trop loin) c’est-à- dire du travail utilisé à construire des outils, à inventer des procédés, permettant de rendre plus efficace le travail direct. En toute logique il faudrait mesurer la productivité de l’effort productif total c’est-à-dire prendre en compte le travail indirect nécessaire à la production des moyens de production par ex. Mais on ne le fait pas, d’où une mesure partielle de la productivité du travail, même si cela n’est jamais précisé dans les données statistiques portant sur cette variable.

Généralement, dans le cadre d’études à long terme la productivité du travail se mesure ainsi : production/nombre d’heures de travail.

Les problèmes de mesure de la productivité du travail

La mesure de la productivité du travail pose différents problèmes de mesure et donc d’interprétation :

- que mettre au numérateur ? la production ou la valeur ajoutée ? La valeur ajoutée paraît mieux parce que cela permet d’éviter de surévaluer la productivité du travail dans une entreprise qui par ex sous-traite (en effet l’augmentation de la productivité vient du fait qu’elle utilise moins de travail)

- que mettre au dénominateur ? la durée légale ou la durée effective du travail ? Il faut prendre en compte la durée effective

- la mesure du volume de travail : jusqu’ici on a considéré que c’était la durée du travail effectif employé mais il faudrait ajouter l’intensité du travail. En effet, un travail plus bref est souvent plus intense donc on pourrait considérer qu’elle varie en sens inverse de la durée du travail, mais on a du mal à la mesurer

- au niveau microéconomique, évaluer les effectifs qui travaillent posent le problème de l’utilisation d’intérimaires si leur travail est compté dans celui de la société d’interim qui les emploient (d’où une surévaluation de la productivité dans l’entreprise où ils ont effectivement travaillé)

- il existe deux effets de structure qui rendent délicate l’interprétation de l’évolution de la productivité du travail :

- Quand il y a déplacement des travailleurs de secteurs à faible productivité vers un secteur à plus forte productivité, la productivité augmente mécaniquement (effet très important au moment de l’accélération de l’industrialisation)

- La mesure de la productivité du travail nécessite la prise en compte de son hétérogénéité (chaque travailleur n’a pas la même productivité). Pour mesure cet effet qualité, on attribue souvent un coefficient de productivité en fonction de l’âge, du sexe et du niveau d’instruction en le basant sur la rémunération. Le souci est que cela conduit par exemple à considérer la productivité des femmes inférieure de 20 % à celle des hommes.

- Il est enfin nécessaire de distinguer l’évolution tendancielle et les variations cycliques de la productivité du travail.

En effet, lors d’un retournement conjoncturel, les entreprises n’ajustent pas immédiatement le niveau d’emploi à l’évolution de la production (elles ne licencient pas immédiatement) ce qui provoque une baisse de la productivité apparente du travail (la production est moindre pour le

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même effectif). À l’inverse lors d’une reprise il n’y a pas d’embauche immédiate d’où une hausse de la productivité apparente du travail.

Conclusion : prudence donc, quand à l’interprétation de l’évolution de la productivité du travail.

Cela étant précisé, comment a-t-elle évolué ? L’augmentation de la productivité du travail

La productivité horaire du travail a fortement augmenté dans les grands pays de 1870 à 1987 : elle a été multipliée par 36 au Japon, 13 en France, 18 en Allemagne et 11 aux États-Unis.

Selon Thélot et Marchand (dans Le travail en France, 1800-2000), on peut distinguer trois accélérations et deux cassures :

- entre 1830 et 1896 le TCAM de la productivité apparente du travail est de 1 % (avant il est quasi nul)

- Entre 1896 et le début des années 1930 il y a une nouvelle accélération avec un TCAM de 2 % (effet de structure avec l’industrialisation et la réduction du temps de travail),

- première cassure dans les années 1930-1940 on retourne à un TCAM de 1 %

- Pendant les 30 Glorieuses le TCAM de la productivité par tête est de 4,7 %, celui de la productivité horaire de 5,1%.

- deuxième cassure entre 1973/74 et 1990 le TCAM de la productivité par tête est de 2,2 % et celui de la productivité horaire de 3,1 %.

Il faudrait ajouter une troisième cassure depuis les années 1990 : selon une étude de France stratégie, (note d’analyse n°38 d’Arthur Sode), le TCAM de la productivité horaire a été : de 3,1 % sur la période 1975-1985, de 2,1 % sur la période 1986-2002 et de 0,7 % sur la période 2003-2014.

L’étude des données sur la contribution du travail à la croissance montre donc que la croissance s’explique à long terme non par l’augmentation de la quantité de travail mais par sa plus grande efficacité. Qu’est-ce qui améliore cette efficacité ?

Les cause de l’augmentation de la productivité apparente du travail - L’importance du stock de capital humain

On insistera sur ce point à l’occasion de l’étude des théories de la croissance endogène (dans la partie II de ce chapitre). Historiquement, le rôle de l’éducation est essentiel dans l’augmentation du capital humain. À long terme, on constate en effet une tendance à l’élévation très nette du niveau de formation. En France, l’élévation du niveau d’instruction débute avec les lois Guizot en 1833 (loi sur l’instruction primaire) et Ferry en 1882, mais il subsiste pendant longtemps deux systèmes éducatifs en parallèle (primaire et secondaire). Quelques données sur l’augmentation du niveau d’instruction : en 1886 le pourcentage de bacheliers dans une génération est de 1,1 %, il est de 20 % en 1968, de 61,5 % en 1997, de 63,6% en 2007 et de 73% en 2013. Cette hausse s’est accélérée à partir des années soixante : c’est la massification scolaire permise par plusieurs réformes décisives des collèges notamment (la réforme Berthoin en 1959 pousse la scolarité obligatoire à 16 ans, la réforme Fouchet en 1963 créé les collèges d’enseignement général, la réforme Haby en 1975 institue le collège unique).

- Le contexte institutionnel

On peut citer par exemple : la mise en place d’un système de protection sociale, l’existence d’un salaire minimum, les conditions de travail, l’investissement au travail qui dépend en partie de la nature des tâches à réaliser, ...

- Mais la productivité du travail dépend aussi d’autres éléments : de l’utilisation de machines, des méthodes de production, des connaissance techniques c’est-à-dire de différentes formes de capital mobilisées dans la production

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Par exemple, si dans un service de comptabilité les gains de productivité provenant de l’achat d’un ordinateur conduisent à la suppression d’un poste de travail alors on observe une augmentation de la productivité du travail et une baisse de la productivité du capital.

2.2. Le rôle du capital dans la croissance Quelques remarques préalables :

- Pour analyser le rôle du capital, il faut définir la notion de capital : on s’intéresse ici au capital fixe (également appelé capital technique) et non au capital circulant ou au capital humain. Cela signifie que lorsque vous mobilisez la notion de capital dans une dissertation, il faut nécessairement préciser à quel(s) type(s) de capital vous vous référez.

- Le capital fixe pose aussi des problèmes de mesure que nous n’aborderons pas ici pour des raisons de temps (exemples : c’est un facteur hétérogène, la mesure de son usure est difficile, il faudrait prendre en compte non pas le capital fixe mais son taux d’utilisation ...).

Comme pour le travail, il faut distinguer l’évolution de la quantité de capital et celle de sa productivité pour analyser sa contribution à la croissance.

L’augmentation de la quantité de capital

On va privilégier ici l’apport du capital fixe, dont l’augmentation se mesure via la FBCF.

A long terme, l’augmentation du volume de capital est indispensable pour produire davantage (le capital fixe est une source de croissance extensive), mais elle a surtout l’intérêt de rendre le travail plus efficace, grâce à la hausse de l’intensité capitalistique. De ce fait, les productivités des facteurs sont liées.

Quelques données : le capital par personne employée (mesure de l’intensité capitalistique) est passé de 16 000 à 85 000 $ aux États-Unis de 1890 à 1987, de 10 000 à 81 000 $ en France entre 1913 et 1987 . Ces données peuvent être complétées avec celles de la ligne « « capital total » du document du point suivant.

De plus, l’augmentation du capital signifie que l’on utilise des machines plus récentes, donc plus efficaces, car elles incorporent davantage de progrès technique : le capital est un vecteur de modernisation.

La baisse paradoxale de l’efficacité du capital

Les données : Les évolutions des ressources productives en France entre 1896 et 1985

Pierre Villa « Productivité et accumulation du capital en France depuis 1896 », Département de la Recherche - INSEE https://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/revue/5-047.pdf

Commentaire de la ligne « productivité du capital total » dans document : On note un « paradoxe » apparent : la productivité du capital a tendance à diminuer, pourquoi ?

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Les causes

- On peut mettre en évidence le fait que le capital augmente plus vite que la production d’où la diminution de la productivité du capital.

Tout se passe comme si la contribution du capital à la croissance était de moins en moins

« efficace ».

- Le ralentissement de la croissance entraîne mécaniquement une baisse des gains de productivité, tout particulièrement ceux du capital (contrairement au travail, on ne peut pas le licencier).

- La baisse de la productivité du capital provient du moindre degré d’utilisation des équipements

- On constate une augmentation de l’intensité capitalistique (K/L)

L’intensité capitalistique mesure le volume de capital utilisé par travailleur. Elle a beaucoup augmenté depuis la RI avec mécanisation puis ensuite avec l’automatisation (qui visent à rendre le travail plus productif). Or la productivité du capital peut (mesurée par le rapport VA/K) peut s’écrire : VA/L x L/K donc la productivité apparente du capital est ainsi la productivité apparente du travail multipliée par l’intensité capitalistique. Vu ainsi, cela signifie que pour que la productivité apparente du capital progresse il faut que la productivité apparente du travail progresse plus vite que l’intensité capitalistique.

Au total, selon Combemale et Parienty (La productivité, Circa Nathan 1993) la productivité apparente du capital est « un indicateur synthétique partiel, difficile à mesurer » :

- synthétique car il condense les effets de la productivité du travail et celle du capital,

- partiel parce que ses variations ne reflètent pas seulement les variations de la productivité du capital mais aussi des éléments exogènes comme un ralentissement de la production

- et difficile à mesurer car il est complexe de mesurer un stock de capital et son utilisation.

En fait à long terme la productivité du capital serait constante : c’est un des fait stylisés de la croissance selon Kaldor.

Par ailleurs, pour porter un jugement sur l’efficacité d’ensemble du système productif, il est nécessaire de considérer le travail et le capital dans une même mesure, ce que permet la notion de productivité globale des facteurs (mesurée par le rapport entre la production et l’ensemble des facteurs qui ont servi à la réaliser).

2.3. L’efficacité des facteurs de production

Idée de départ : l'augmentation de la production ne vient pas uniquement de la hausse du volume des facteurs (croissance extensive), leur combinaison est aussi plus efficace (croissance intensive).

Afin de bien distinguer la contribution qualitative des facteurs à la croissance, il est nécessaire de mesurer d’abord leur contribution quantitative : la part de la croissance qui demeurera

« inexpliquée » sera alors attribuée aux facteurs qualitatifs.

Mesurer la croissance intensive

Pour cela, on cherche à construire des modèles liant la hausse du volume de facteurs et la croissance, puis on compare leurs résultats avec la croissance réellement observée. Cette approche est utilisée depuis les analyses économétriques de la croissance réalisée par Robert Solow dont on étudiera le modèle de croissance dans la partie II. Dans un article de 1957, il va mettre en place une méthodologie largement utilisée depuis pour mesurer précisément la contribution à la croissance du volume des facteurs, et la partie inexpliquée liée aux facteurs qualitatifs, appelée « résidu ». Pour comprendre sa démarche, il faut d’abord revenir sur la fonction de production, et tout particulièrement l’une d’entre elles, la fonction de Cobb-Douglas.

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À partir de la fonction suivante :

Y=AKαL1−α A représente une composante inexpliquée du niveau de production, c’est-à-dire qui ne vient ni de la quantité de travail ni de la quantité de capital utilisées pour produire

On montre que : ΔY

YΔ K

K +(1−α) Δ L L +Δ A

A

Cette relation signifie que la croissance de la production s’explique par trois éléments : la croissance du stock de capital fixe, la croissance de la quantité de travail et un résidu.

Ainsi, en connaissant la croissance du PIB et le taux de croissance des quantités de travail et de capital, les économistes mesurent la contribution des facteurs de production à la croissance.

Cependant, une partie de la croissance reste alors inexpliquée : un résidu, sorte de mesure de l’ignorance des économistes, appelée productivité globale des facteurs.

Données sur la contribution de la productivité globale des facteurs à la croissance Application : Expliquer la croissance des « 30 glorieuses »

Document : La décomposition de la croissance

Remarques sur les contributions du capital et du travail présentées dans ce document : Pour le travail, elles tiennent compte :

- de la croissance de l’emploi

- de la variation de la durée du travail

- de la variation de la qualité du travail (âge, éducation, intensité du travail) Pour le capital elles intègrent :

- la croissance du capital techniques- la durée d’utilisation du capital - le taux d’utilisation du capital.

1. Dans chaque pays, quelle part (en %) de la croissance des 30 Glorieuses est explicable par celle de la productivité globale des facteurs ?

2. Comment peut-on expliquer, le ralentissement de la croissance depuis 1973 ? Justifiez avec des données du document.

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Comment expliquer le ralentissement de la croissance de la productivité globale des facteurs depuis la fin des 30 Glorieuses ?

Les causes du ralentissement de la croissance de la productivité globale des facteurs depuis la fin des 30 Glorieuses

La croissance des « 30 glorieuses » est d’abord une croissance intensive, liée à une hausse de la productivité globale des facteurs dans les PDEM. Les résultats des études économétriques sont tous convergents depuis l’étude pionnière de Carré, Dubois et Malinvaud en 1972, même si les estimations faites par Maddison sont différentes (vous pouvez donc trouver d’autres données dans des manuels parce qu’elles sont tirées d’autres sources que le document ci-dessus).

La fin des « 30 glorieuses » s’interprète également comme un ralentissement de la croissance de la PG jusqu’à aujourd’hui, sans que la contribution des facteurs de production n’ait pris le relais.

C’est le fameux paradoxe de Solow (1987) : « les ordinateurs sont partout, sauf dans les statistiques de productivité ». En fait, le paradoxe s'est résolu de lui même avec le redémarrage de la croissance au cours des années 1990, mais surtout avec la reprise de la hausse de la productivité du travail aux États-Unis à partir de 1995. Aujourd’hui il n’y a plus aucun doute sur le constat de l’augmentation des gains de productivité aux États-Unis depuis le milieu des années 1990 (plus de 2 % par an en moyenne et même 3 % depuis 2000, ce qui correspond aux gains de productivité des années 1960 dans ce pays) alors que la tendance n’est pas la même en Europe.

Différentes raisons expliquent que les effets macroéconomiques de la révolution informatique se soient faits sentir avec retard :

- Dans un premier temps le secteur informatique ne représentait qu’une toute petite part de l’économie américaine :

0,9 % du PIB réel en 1990 (matériels et logiciels) mais en 1999 cette part est passée à 4,2 % ce qui peut expliquer l’impact plus grand sur l’ensemble de l’économie

- L'introduction des NTIC suppose un changement dans l'organisation des entreprises pour en tirer profit ce qui expliquerait ce délai

L’introduction des TIC nécessite par exemple la formation des travailleurs, leur adaptation ce qui perturbe la production et peut même expliquer une baisse temporaire de la productivité observée.

- Les gains de productivité sont plus spectaculaires pour les secteurs qui produisent des ordinateurs que pour ceux qui les utilisent.

Dans un article d'Economie et statistiques de 2000, Philippe Askenazy étudie la productivité globale aux États-Unis en relation avec le degré d'informatisation, et l'évolution organisationnelle des entreprises. La conclusion est sans appel : dès son introduction dans les 1980, l'informatique entraîne une forte hausse de la productivité, mais seulement dans les activités qui ont connu en même temps une réorganisation importante.

Dans Nouvelle économie, nouveau mythe ? Jean Gadrey montre qu'en fait la mesure de la productivité est souvent très inappropriée pour mettre en avant les effets des NTIC. C’est notamment très clair dans le cas du secteur public (pour éducation ou hôpitaux, l'introduction d'ordinateurs représente un coût supplémentaire qui ne se traduit pas par un gain de productivité interprétable).

On pourrait ajouter le fait que les NTIC nécessitent la mise en place d’un nouveau système technique* cohérent : ce n’est qu’avec internet et le développement d’applications informatiques avancées que l’informatique a pu produire des effets bénéfiques nets. *système technique : organisation du travail + taille des entreprises + utilisation du capital dans la combinaison productive.

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2.4. Synthèse : la décomposition de la croissance par période

Pour finir ce point 2. consacré aux contributions des différents facteurs à la croissance, quelques données par période (tirées de l’article de A. Bergeaud, G. Cette et R. Lecat « Le produit intérieur brut par habitant sur longue période en France et dans les pays avancés : le rôle de la productivité et de l’emploi » paru en 2014 dans le n°474 d’Économie et statistiques) :

Données globales sur la période étudiée

Analyse de ces données (reprise du cours proposé par Philippe Aghion au Collège de France) : - Le moteur de l’augmentation du PIB par tête est l’augmentation de la productivité (cf contribution de la PGF) avec une contribution positive de 1,6 points aux États-Unis et 1,7 points en Europe. Cette productivité traduit l’ensemble des innovations ayant eu lieu au cours du 20ème siècle : électricité, moteurs à combustion, chimie, télécommunication. Elle traduit aussi la hausse niveau d’éducation moyen.

- L’intensité capitalistique contribue également positivement à la croissance, mais de façon moins importante que la productivité : 0,6 point aux États-Unis et 0,8 point dans la zone Euro. Elle contribue davantage au Japon, qui avait un retard important en 1890 de ce point de vue.

- La diminution du temps de travail depuis 1890 a pour conséquence une contribution négative des heures travaillées à la croissance du PIB par tête.

- Enfin, le taux d emploi au sein de la population a une contribution positive ou négative selon les pays. Quoiqu’il en soit, la contribution des heures travaillées ou du taux d’emploi à l’évolution du PIB par tête est bien moindre que celle de la productivité globale des facteurs et de l’intensité capitalistique.

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Décomposition par période

Exercice : caractérisez en une phrase la croissance de chaque période 1890-1913

1913-1950

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1950-1974

1974-1995

(12)

1995-2012

Maintenant que nous avons vu l’histoire de la croissance depuis la RI, la contribution des facteurs de production à la croissance et la décomposition de la croissance proposée par Maddison à partir de la méthodologie de Solow, nous allons nous demander comment la théorie économique explique et modélise le phénomène de croissance :

• Nous avons par exemple vu que l’augmentation de la population active et l’accumulation du capital sont sources d’une croissance extensive.

Comment expliquer cette croissance ? Par exemple quels mécanismes sont à l’origine de l’accumulation du capital ? L’augmentation de la quantité de capital par tête peut-elle se poursuivre dans le temps ?

• Nous avons par ailleurs mis en évidence le fait qu’une partie de la croissance, et notamment une partie de la croissance exceptionnelle de l’après seconde guerre mondiale dans les PDEM, est le résultat de l’amélioration de l’efficacité de la combinaison productive, c’est-à- dire d’une augmentation de la productivité globale des facteurs.

Comment expliquer cette augmentation ? Le progrès technique, qui peut-être considéré comme une source de l’augmentation de la PGF, est-il simplement le résultat d’un heureux hasard qui aurait permis à certains pays de connaître les premiers le phénomène ? Ou, à l’inverse, ne peut-on pas identifier des facteurs spécifiques (des facteurs économiques, institutionnels) à l’origine de la mise au point et de la diffusion de techniques de production plus efficaces ?

L’intérêt d’étudier ce que la théorie économique nous apprend en répondant à ces différentes questions réside aussi dans les clés qu’elle peut nous fournir pour comprendre les écarts de croissance entre les pays et la possibilité d’une réduction des niveaux de richesse.

Nous adopterons dans cette deuxième partie un plan historique parce que les modèles économiques de la croissance se sont en grande partie construits par enrichissements successifs.

Références

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