MONDIALISATION
FINANCIÈRE, CRISES ET
RÉGULATION FINANCIÈRES
Cours d’Economie, Sociologie et Histoire du monde contemporain
Jérôme Villion
3/7/22 05:22:36 PM
Evolution des investissements internationaux Evolution des investissements internationaux
Note : Le graphique donne le ratio des investissements internationaux (mesurés par les actifs bruts) au PIB.
L'échantillon comprend les principaux exportateurs de capitaux et d'autres pays qui y sont incorporés au fil du temps.
Source : Taylor A. M. et M. Obstfeld, Global Capital Markets: Integration, Crisis, and Growth (Cambridge:
Cambridge University Press, 2004), repris in Taylor A. M., “La Finance mondiale hier et aujourd’hui”, Finances et Développement, Mars 2004.
Note : les unités sont des milliers de milliards de dollars, en dollars constants de 2010. L’échantillon est constitué de 79 pays.
Lecture : en 2010, le montant total d’actifs monétaires et financiers étrangers dans le monde représente 96 000 milliards de dollars, dont 21 000 milliards de dollars d’IDE, soit 161 % du PIB total des pays de l’échantillon.
Source : Charles Roxburg et al., « Mapping global capital markets », The McKinsey Global Institute, août 2011.
Evolution des actifs monétaires et financiers étrangers dans le monde
Evolution des actifs monétaires et financiers étrangers dans le monde
Intégration commerciale et intégration financière
Intégration commerciale et intégration financière
Le degré d’ouverture financière
(Source : OCDE (2011), « Tirer le Meilleur Parti des flux de capitaux internationaux », in Perspectives économiques de l’OCDE, Vol 2011/1)
Le degré d’ouverture financière
(Source : OCDE (2011), « Tirer le Meilleur Parti des flux de capitaux internationaux », in Perspectives économiques de l’OCDE, Vol 2011/1)
Positions financières extérieures rapportées au PIB mondial, mesurées par la somme des actifs et
engagements extérieurs bruts de tous les pays.
Les flux de capitaux dans les pays émergents
(Source : Institute of International Finance, « Capital Flows to Emerging Markets », 1
eroctobre 2015)
Les flux de capitaux dans les pays émergents
(Source : Institute of International Finance, « Capital Flows to Emerging Markets », 1
eroctobre 2015)
Note : Les « Non-Resident Capital Inflows » mesurent les flux nets de capitaux entrant dans les pays émergents et provenant des autres pays (548 mds $ en 2015). Les « Resident Capital Outflows » mesurent les flux nets de capitaux sortant des pays émergents en direction des autres pays (1 089 mds $ en 2015). Les flux de capitaux regroupent : les IDE, les financements bancaires et les investissements de portefeuille. Pays classés parmi les 30 « Emerging Markets » : Argentine, Brésil, Indonésie, Afrique du Sud, Russie, Arabie Saoudite, Venezuela, Inde, Mexique, Pologne, Turquie, Chine, Malaisie, Corée.
Note : Le montant notionnel est la valeur totale du principal sous-jacent d’un contrat dérivé. Les transactions de gré à gré sont bilatérales entre un acheteur et un vendeur. Les transactions en bourse se font dans un cadre formel, et généralement une autorité de compensation centrale s’interpose entre l’acheteur et le vendeur. Le montant «non ventilés» est une estimation de la Banque des règlements internationaux des positions des contrepartistes ne participant pas à son enquête semestrielle.
Les marché dérivés : + de 700 000 milliards de dollars (encours notionnel)
(Source : Kiff J. (2015), « Une réforme en pointillé », Finances et Développement », Juin 2015)
Les marché dérivés : + de 700 000 milliards de dollars (encours notionnel)
(Source : Kiff J. (2015), « Une réforme en pointillé », Finances et Développement », Juin 2015)
Le système financier français au sein de la globalisation financière
Source : Le Lorier A. (2014), « La politique macroprudentielle en France : exigences et mise en œuvre », Revue de la Stabilité financière, n°18, avril 2014, Banque de France.
Le système financier français au sein de la globalisation financière
Source : Le Lorier A. (2014), « La politique macroprudentielle en France : exigences et mise en œuvre », Revue de la Stabilité financière, n°18, avril 2014, Banque de France.
La baisse du taux d’intermédiation financière en France La baisse du taux d’intermédiation financière en France
Note : Le taux d'intermédiation mesure la part prise par les institutions financières résidentes - IF – (banque centrale, établissements de crédit et assimilés, organismes de titrisation, OPCVM, sociétés d'assurance et autres intermédiaires financiers, à l'exclusion des auxiliaires financiers) dans les encours de financement dont bénéficient les agents non financiers résidents – ANF -. Le taux d'intermédiation au sens strict correspond à la part des seuls crédits octroyés par ces IF dans le total des financements des ANF. Le taux d'intermédiation au sens large prend en compte, outre ces crédits, les titres émis par les ANF (titre de propriété ou de créance) et détenus par les IF. (682 signes)
Source : Conseil National du Crédit et du Titre jusqu’en décembre 1994, Comptes nationaux financiers depuis décembre 1994.
Deux types d’intermédiation financière
Source : Philippon, T. (2012), “Has the U.S. Finance Industry Become Less Efficient? On the Theory and Measurement of Financial Intermediation," NBER Working Papers 18077, National Bureau of Economic Research May 2012.
Deux types d’intermédiation financière
Source : Philippon, T. (2012), “Has the U.S. Finance Industry Become Less Efficient? On the Theory and Measurement of Financial Intermediation," NBER Working Papers 18077, National Bureau of Economic Research May 2012.
Note : Dans l’intermédiation bancaire simple (« Originate and hold »), le coût de
l’intermédiation est constitué de la marge d’intérêt de la banque. Dans le modèle « originate
and distribute » (octroi et cession), le coût de l’intermédiation est constitué des commissions
d’examen et de suivi, des commissions de gestion d’actifs et des coûts de couverture du risque
de crédit.
La forte concentration du secteur bancaire français
Source : Le Lorier A. (2014), « La politique macroprudentielle en France : exigences et mise en œuvre », Revue de la Stabilité financière, n°18, avril 2014, Banque de France.
La forte concentration du secteur bancaire français
Source : Le Lorier A. (2014), « La politique macroprudentielle en France : exigences et mise en œuvre », Revue de la Stabilité financière, n°18, avril 2014, Banque de France.
Déterminants de la
globalisation financière
Source : « Globalization and external imbalances », World
Economic Outlook, 2005
Déterminants de la
globalisation financière
Source : « Globalization and external imbalances », World
Economic Outlook, 2005
Indice d’ouverture financière de jure (Chinn-Ito index)
Source : Chinn, M. and H. Ito (2006). "What Matters for Financial Development? Capital Controls, Institutions, and Interactions," Journal of Development Economics (website)
Indice d’ouverture financière de jure (Chinn-Ito index)
Source : Chinn, M. and H. Ito (2006). "What Matters for Financial Development? Capital Controls, Institutions, and Interactions," Journal of Development Economics (website)
L’indice d’ouverture financière de Chinn-Ito mesure le degré d’ouverture du compte de capital. Il est
compris entre -2 (ouverture minimale) et +2,5 (ouverture maximale).
Internationalisation de la détention de la dette publique Internationalisation de la détention de la dette publique
Structure de la dette publique en 2009
En % Résidents
(secteur financier et autres)
Non-résidents
Zone euro France Allemagne Grèce Irlande Portugal
47 30 47 29 15 25
53 70 53 71 85 75
Etats-Unis 70 30
Royaume-Uni 71 29
Japon 92 8
Source : Guillaume Leroy, Qui détient la dette publique ?, Fondation pour l’innovation politique, avril 2011
Pourcentage de la dette publique détenue par les non-résidents, dans la
zone euro, en 2011
Finlande 92
Grèce 79
Allemagne 65
France 67
Espagne 55
Italie 50
Portugal 86,5
Irlande 83
Pays-Bas 76
Belgique 55
Autriche 86
Source : P. Artus, I. Gravet, La crise de l’euro, Armand Colin, 2012
Les interconnections financières dans le monde Les interconnections financières dans le monde
Note : les actifs financiers étrangers concernent les investissements et placements financiers transfrontaliers sous forme de titres de participation (actions et assimilés), de titres de créances (obligations et assimilés), de prêts et dépôts et d’investissements directs à l’étranger.
Lecture : en 2009, le stock d’actifs financiers domestiques de l’Amérique du Nord représente 64 000 milliards de dollars. Le stock total d’investissements et placements financiers transfrontaliers entre l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale représente plus de 10 % du PIB mondial (c'est-à-dire plus de 5800 milliards de dollars).
Source : Charles Roxburg et al., « Mapping global capital markets », The McKinsey Global Institute, août 2011.
Des systèmes bancaires de plus en plus interconnectés Des systèmes bancaires de plus en plus interconnectés
Source : Minoiu C., Kang C., Subrahmanian V.S. et Berea A. (2013), « Does Financial Connectedness Predict Crises? », Working Paper, FMI
L’étude montre que la plus forte interconnexion entre les systèmes bancaires dans le monde
accroît la probabilité des crises (risque systémique).
« Ces dernières décennies, la part du secteur financier dans le PIB est passé de 2,5 % à 8 % aux États-Unis. Il est certes impossible d’avoir une économie qui fonctionne bien sans un système financier efficace. Mais l’essor du secteur bancaire et financier ne s’est pas traduit par une économie plus performante. Nous avons dû subir en 2008 une grave crise
financière, et ces dernières années ont été marquées par une croissance faible et une forte hausse des inégalités. Pendant ce temps, les salaires dans la finance ont
considérablement augmenté, et les banques se sont rendues coupables de pratiques abusives, en particulier auprès des populations les plus pauvres.
L’essentiel du débat porte sur la régulation et vise à limiter les préjudices causés par le
secteur financier. Mais presque personne ne parle d’un point pourtant fondamental : quelle est l’utilité du secteur financier ? Il faut revenir aux fonctions essentielles, à savoir collecter l’épargne des ménages et fournir des financements aux entreprises pour qu’elles puissent croître et créer plus d’emplois.
Le secteur bancaire et financier n’a pas rempli correctement ses fonctions. Les autorités de régulation ont également failli. »
Le développement du secteur financier a-t-il eu des effets bénéfiques ?
Conférence de Joseph Stiglitz en octobre 2019 (The Conversation)
Le développement du secteur financier a-t-il eu des effets bénéfiques ?
Conférence de Joseph Stiglitz en octobre 2019 (The Conversation)
La globalisation financière a permis aux pays émergents
« d’exporter de l’épargne, et non d’en importer »
Source : Brender et Pisani, La Crise de la finance globalisée
La globalisation financière a permis aux pays émergents
« d’exporter de l’épargne, et non d’en importer »
Source : Brender et Pisani, La Crise de la finance globalisée
La finance a-t-elle dirigé l’épargne vers les bons investissements ?
Source : Artus (2018), « La finance finance-t-elle les bons investissements, les bonnes dépenses ? », Flash économie, 29 octobre 2018
La finance a-t-elle dirigé l’épargne vers les bons investissements ?
Source : Artus (2018), « La finance finance-t-elle les bons investissements, les bonnes dépenses ? », Flash économie, 29 octobre 2018
« On voit que la seule utilisation efficace de la finance [dans les pays de l’OCDE] a été le financement des entreprises de 1980 à 1989. Depuis 1990, toutes les
utilisations de l’épargne ont été inefficaces. »
Entrées massives de capitaux et crises financières
(probabilités, en %, de crise bancaire ou d’arrêt brutal des flux de capitaux)
Entrées massives de capitaux et crises financières
(probabilités, en %, de crise bancaire ou d’arrêt brutal des flux de capitaux)
Note : 268 épisodes d’entrées massives (pays émergents et développés) sur la période 1970- 2007. Un épisode d’entrées massives de capitaux est défini par un écart important du ratio entrées nettes de capitaux/PIB par rapport à sa tendance historique.
Source : OCDE (2011), « Tirer le meilleur parti des flux de capitaux internationaux ».
Développement financier et croissance : une courbe en cloche
Source : Finances & Développement, Fonds Monétaire International, Septembre 2019 et Sahay R. et al. (2015), « Rethinking Financial Deepening: Stability and Growth in Emerging Markets », IMF Staff Discussion Note
Développement financier et croissance : une courbe en cloche
Source : Finances & Développement, Fonds Monétaire International, Septembre 2019 et Sahay R. et al. (2015), « Rethinking Financial Deepening: Stability and Growth in Emerging Markets », IMF Staff Discussion Note
Bulle Eléments descriptifs
Spéculation sur les Tulipes aux Pays-Bas (1630-1636) Le prix des bulbes (censés donner des tulipes qui seraient vendues à prix d’or au printemps 1937) augmente de plusieurs centaines de pourcent à
l’automne 1636 South Sea Bubble (1710-1720)
Bulle du Mississippi (1717-1720)
Boom du Chemin de fer aux Etats-Unis (1868-1873) Bulle boursière américaine (1920-1929)
Bulle boursière américaine (1960-1969) Bulle boursière américaine (1982-1987)
Bulle immobilière et boursière japonaise (1985-1990) L’indice Nikkei passe de 6000 au début des années 1980 à 40000 à la fin de 1989
Bulle immobilière et boursière dans les pays nordiques (Finlande, Norvège, Suède) (1985-1990)
Bulle asiatique (1990-1997) Afflux de capitaux en provenance des pays développés (Japon notamment).
En Thaïlande, en Malaisie et en Indonésie, le cours des actions augmente entre 300 et 500% dans la première moitié des années 1990.
Bulle Internet (1995-2000) 1996 : Greenspan parle d’exubérance irrationnelle. Afflux de capitaux après l’éclatement de la bulle asiatique et injections de liquidités par la Fed à partir de la quasi faillite de LTCM (1998). L’indice NASDAQ passe de 1300 en déc 1996 à 5400 en déc 1999, le Dow Jones de 6300 à 11700.
Bulle des subprimes (bulle immobilière et bulle de la titrisation) (2003-2007)
De la bulle des tulipes à la bulle des subprimes
De la bulle des tulipes à la bulle des subprimes
Flora et la nef des fous Flora et la nef des fous
Du peintre néerlandais Hendrick Pot, vers 1637, au moment de l’éclatement de la bulle des
bulbes.
Indice des crises financières pour 18 pays avancés
Source : Reinhart C. et K. Rogoff, Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière
Indice des crises financières pour 18 pays avancés
Source : Reinhart C. et K. Rogoff, Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière
Note : L’indice BCDI (Banque, Change, Dette, Inflation) est un indice composite de crises bancaires, de krachs monétaires, de défauts souverains et d’accès d’inflation. Si un pays ne connaît aucune de ces crises au cours d’une année, son indice de turbulence est de zéro, tandis que dans le pire scénario son indice sera égal à cinq. En 1947, par exemple, l’indice a pris une valeur de quatre pour le Japon (krach monétaire, crise d’inflation, défauts souverains intérieur et extérieur). Cet indice BCDI est ensuite pondéré par la part du revenu du pays dans le revenu mondial pour donner l’indice des crises.
L’indice représenté en pointillé intègre des krachs boursiers.
Indice des crises financières pour l’ensemble du monde
Source : Reinhart et Rogoff, Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière
Indice des crises financières pour l’ensemble du monde
Source : Reinhart et Rogoff, Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière
Note : L’indice BCDI (Banque, Change, Dette, Inflation) a pris, par exemple, une valeur de 5 en 1998 pour la Russie, qui connaissait un krach monétaire, une crise bancaire et d’inflation et un défaut souverain à la fois sur ses obligations
intérieures et étrangères. L’indice BCDI+krach boursier prend une valeur de 2 pour les Etats-Unis en 2008 (crise bancaire et krach boursier), de même que pour l’Australie et le Mexique (crise monétaire et krach boursier).
Crise asiatique
Bulle Internet
Crise des subprimes
Indices boursiers (1995 – 2008)
Indices boursiers (1995 – 2008)
Cycles financiers et cycles économiques aux Etats-Unis
Source : Banque des Règlements Internationaux, Rapport annuel 2013-14, juin 2014
Cycles financiers et cycles économiques aux Etats-Unis
Source : Banque des Règlements Internationaux, Rapport annuel 2013-14, juin 2014
Remarques :
- Les cycles économiques durent de 1 à 8 ans et les cycles financiers de 8 à 30 ans et, depuis la libéralisation financière, de 16 à 20 ans (Borio C. (2013))
- Le rapport crédit (au secteur privé) / PIB et les prix de l’immobilier sont de bons indicateurs du cycle financier (les cours des actions sont davantage corrélés aux fluctuations de court terme du PIB) ; ils permettent de mesurer une « croissance soutenable », notion concurrente de la « croissance potentielle » pour appréhender les écarts de production et les déséquilibres (Ibid.).
Cycle économique : évolutivité et lien avec le cycle financier
Source : Banque des Règlements Internationaux, Rapport annuel 2018
Cycle économique : évolutivité et lien avec le cycle financier
Source : Banque des Règlements Internationaux, Rapport annuel 2018
Depuis le début des années 1980, un certain nombre de changements importants ont renforcé l’incidence des facteurs financiers sur les fluctuations du cycle économique tout en réduisant la pertinence de l’inflation comme indicateur des phases de croissance non durable. D’abord, à cette époque, les marchés financiers ont été libéralisés. Cette ouverture ne s’est pas accompagnée de garde-fous suffisants, ouvrant potentiellement la voie à de plus fortes phases d’expansion, suivies de périodes de contraction du crédit et des prix des actifs – autrement dit, à une plus vaste amplitude des cycles financiers. Ensuite, à peu près au même moment, les régimes monétaires axés sur l’inflation ont commencé à devenir la norme. Se concentrant sur la maîtrise de l’inflation, les banques centrales ont peu à peu minimisé le rôle des agrégats de monnaie et de crédit, s’appuyant quasi-exclusivement sur une surveillance et une régulation d’ordre microprudentiel pour orienter les comportements financiers en phase d’expansion, de façon à réduire ensuite le plus possible les retombées en phase de contraction (chapitre IV). Elles n’avaient donc guère de raison de resserrer leur politique si l’inflation restait faible, même lorsque des déséquilibres financiers s’accumulaient. Enfin, à partir des années 1990, l’entrée de la Chine et des pays de l’ancien bloc communiste dans l’économie mondiale, de même que l’intégration internationale des marchés de produits et les progrès technologiques, ont soutenu l’offre et la productivité mondiales.
Du fait de cette évolution, et de l’amélioration de la crédibilité des banques centrales, il est devenu plus probable que les tensions inflationnistes demeurent faibles y compris en cas d’accélération de la croissance. Autres conséquences : les phases d’expansion financière peuvent se développer davantage et un retournement du cycle financier – plus qu’une accélération de l’inflation – peut entraîner un ralentissement de l’activité économique.
Ces facteurs étaient manifestement présents aussi durant la période précédant la Grande crise financière. La volatilité de la production à court terme, de même que le niveau et la volatilité de l’inflation, sont restés bas (c’est pourquoi l’on a parlé de la « Grande modération »). Dans le même temps, un accroissement du levier s’est produit tant au sein du système financier qu’en dehors de celui-ci. Lorsque le cycle financier s’est retourné, des tensions sont apparues et l’économie a subi une sévère récession.
Comportements sur les marchés financiers : rationalité, mimétisme…
(Source : hedgeye.com)
Comportements sur les marchés financiers : rationalité, mimétisme…
(Source : hedgeye.com)
« La technique du placement peut être comparée à ces concours organisés par les journaux où les participants ont à choisir les six plus jolis visages parmi une centaine de photographies, le prix étant attribué à celui dont les préférences s’approchent le plus de la sélection moyenne opérée par l'ensemble des concurrents […]. Il ne s’agit pas pour chacun de choisir les visages qui, autant qu’il peut en juger, sont réellement les plus jolis ni même ceux que l’opinion moyenne considérera réellement comme tels. Au troisième degré où nous sommes déjà rendus, on emploie ses facultés à découvrir l’idée que l’opinion moyenne se fera à l’avance de son propre jugement. Et il y a des personnes, croyons-nous, qui vont jusqu’au quatrième ou cinquième degré où plus loin encore. » (Keynes (1936), Théorie Générale de l’emploi, de l'intérêt et de la monnaie)
« Les spéculateurs peuvent être aussi inoffensifs que des bulles d’air dans un courant régulier d’entreprises. Mais la situation devient sérieuse lorsque l’entreprise n’est plus qu’une bulle d’air dans le tourbillon spéculatif. Lorsque dans un pays le développement du capital devient le sous-produit de l’activité d’un casino, il risque de s’accomplir en des conditions défectueuses. Si on considère que le but proprement social des Bourses de valeur est de canaliser l'investissement nouveau vers les secteurs les plus favorables sur la base des rendements futurs, on ne peut revendiquer le genre de succès obtenu par Wall Street comme un éclatant triomphe du laissez-faire capitaliste. » (Keynes (1936), Théorie Générale de l’emploi, de l'intérêt et de la monnaie)
Keynes et les marchés financiers
Keynes et les marchés financiers
« Des milliers de millions de dollars franchissent les frontières. Pourtant, malgré tous nos efforts et des centaines d’études, les économistes ont un mal fou à identifier de quelconques retom- bées positives. Il est tout a fait possible qu’une partie de ces flux soient très utiles, mais il est aussi très possible qu’ils aient surtout profité à certains pans du secteur financier. A tous les autres niveaux, en revanche, ces flux spéculatifs n’ont pas conduit à partager les risques, mais à en créer de nouveaux. »
Sur la restriction des flux internationaux de capitaux par des mesures macroprudentielles ou des contrôles :
« A mon avis, cela profiterait à tout le monde, sauf peut-être a certains acteurs du secteur financier. »
Le point de vue d’Hélène Rey sur la libre circulation des capitaux (
Finances et Développement, FMI, juin 2015)
Le point de vue d’Hélène Rey sur la libre circulation des capitaux (
Finances et Développement, FMI, juin 2015)
La crise des subprimes
(Source : Chavagneux C. et James, « Les Aventuriers de la finance perdue. Le procès de la finance internationale »)
La crise des subprimes
(Source : Chavagneux C. et James, « Les Aventuriers de la finance perdue. Le procès de la finance internationale »)
La titrisation (1) La titrisation (1)
Source : Villion J. (2008), « Les subprimes (1) : de la bulle à la crise financière », Ecoflash, n°231, octobre 2008.
La titrisation (2) La titrisation (2)
Source : Villion J. (2008), « Les subprimes (1) : de la bulle à la crise financière », Ecoflash, n°231, octobre 2008.
Le marché de l’immobilier aux Etats-Unis (1999-2008)
Le marché de l’immobilier aux Etats-Unis (1999-2008)
Taux de défaut des ménages sur les crédits immobiliers aux Etats-Unis
(Source : Artus P. (2018), « Les crises viennent toujours de la politique monétaire des Etats-Unis », Flash Economie, 18 janvier 2018)
Taux de défaut des ménages sur les crédits immobiliers aux Etats-Unis
(Source : Artus P. (2018), « Les crises viennent toujours de la politique monétaire des Etats-Unis », Flash Economie, 18 janvier 2018)
La Fed face à la crise des subprimes La Fed face à la crise des subprimes
Source : Villion J. (2008), « La Crise des Subprimes (2) : Lutte contre la crise financière et Réglementation », Ecoflash, n°232, novembre 2008.
Asymétrie d’information et rationnement du crédit : le modèle de Stiglitz et Weiss (1981)
Asymétrie d’information et rationnement du crédit : le modèle de Stiglitz et Weiss (1981)
La banque ne peut observer le risque de défaut ni ex ante (=> sélection adverse) ni ex post (=> aléa moral).
L’augmentation du taux d’intérêt attire les ‘mauvais emprunteurs’ potentiels (sélection adverse) et incite les emprunteurs à investir dans des projets plus risqués (aléa moral)
=> il existe un taux d’intérêt optimal pour la banque, d’où la possibilité d’un rationnement du crédit : certaines demandes de crédit ne sont pas satisfaites même si les emprunteurs sont prêts à payer des taux d’intérêt plus élevés (ou à augmenter leurs collatéraux).
La Figure 1 illustre les effets contradictoires du taux d’intérêt sur le rendement du prêt pour la banque. Une augmentation du taux d’intérêt : 1) augmente le rendement du prêt (pour un
risque de défaut donné)
2) augmente le risque de défaut de
l’emprunteur donc diminue l’espérance mathématique de rendement du prêt.
Croissance des inégalités => endettement => crise ?
Source : Bazillier R., Héricourt J. et Ligonnière S (2017), « Les inégalités, un moteur du crédit des ménages », Lettre du CEPII, août 2017. (voir aussi l’interview de Jérôme Héricourt sur XerfiCanal)
Croissance des inégalités => endettement => crise ?
Source : Bazillier R., Héricourt J. et Ligonnière S (2017), « Les inégalités, un moteur du crédit des ménages », Lettre du CEPII, août 2017. (voir aussi l’interview de Jérôme Héricourt sur XerfiCanal)
« Ces résultats pointent le rôle pervers que joue l’accroissement des inégalités vis-à-vis de la stabilité
financière : en alimentant le gonflement du crédit, il accroît les risques de bulles et de crises financières qui
souvent s’ensuivent. Une raison de plus, s’il en était besoin, pour faire de la réduction des inégalités un
objectif majeur des politiques publiques. »
Mouvements internationaux de capitaux et crises bancaires Mouvements internationaux de capitaux et crises bancaires
Carmen M. Reinhart et Kenneth S. Rogoff, Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie
financière, Pearson, 2010.
Crise de 1929 et Crise des subprimes :
des points communs, des enchaînements différents Crise de 1929 et Crise des subprimes :
des points communs, des enchaînements différents
Source : Christine Sinapi et al. « L'analyse des crises : Minsky, après Fisher et Keynes », L'Économie politique 4/2010 (n° 48), p. 85-104
Effet de richesse : ↓patrimoine => ↑taux d’épargne
(Source : Bakker B. et Felman J. (2015), « Les riches et la Grande récession », Finances et développement, Juin 2015)
Effet de richesse : ↓patrimoine => ↑taux d’épargne
(Source : Bakker B. et Felman J. (2015), « Les riches et la Grande récession », Finances et développement, Juin 2015)
Toute s banqu
es
Capital Liquidité
Pilier 1 Piliers 2 et 3
Ratio de liquidité à court
terme : Actifs liquides de haute qualité / Engagements à
30 jours >
100% (à partir de 2015)
Ratio de liquidité à long
terme : Ressources stables à 1 an / Engagements à 1 an > 100%
(à partir de 2018)
Qualité et quantité de capital Ratio de levier
Renforcement du processus de
surveillance prudentielle Augmentation
des exigences en matière de communication
financière Core tier
1
Tier 1 (Core Tier 1 inclus)
Tier 1 Tier 2+
Tier 1 / Actifs
> 3%
(période de test de 2013 à
2017) Ratio de solvabilité minimal 4.5%
(à partir de 2013)
6%
(à partir
de 2013) 8%
Matelas de protection 2.5%
(à partir de 2019)
Matelas contracyclique =
(à partir de 2019) 0%-2.5%
Total 7%-9.5% 10.5%-
13%
IFIS
- Exigences supplémentaires en matière de fonds propres et de liquidités - Restrictions plus fortes sur les grands risques
- Renforcement du contrôle prudentiel
Les accords de Bâle III
Les accords de Bâle III
Thème Etats-Unis Europe Renforcement des fonds propres des banques Définitions plus stricte des fonds propres
« durs » ( tier1), levier limité à 15 fois les fonds propres pour les banques systémiques
Directive fonds propres mai 2009
Extension du périmètre de la régulation Enregistrement des hedge funds auprès de la
Fed Directive Hedge Fund de novembre 2011
Organisation de la supervision Banques systémiques supervisées par la Fed,
possibilité de démanteler ces banques Agences spécialisées (banques , assurances, marchés) + Conseil Européen du Risque Systémique
Séparation des activités bancaires Interdiction du trading pour compte propre pour les banques commerciales et les
établissements supervisés par la Fed, limitation de prises de participation dans les hedge funds Marchés de gré à gré de produits dérivés Filialisation obligatoire de certaines de ces
activités, création de chambres de compensation
Projet de chambre de compensation unique pour les dérivés en euros
Protection des consommateurs Création au sein de la Fed d’un bureau de protection financière des consommateurs, réglementation des crédits immobiliers et des cartes de crédit, extenion à 250 000$ de la garantie de dépôt
Réalisée par des agences de supervision microprudentielle
Titrisation Obligation de garder 5% des crédits titrisés au
bilan des banques Obligation de garder 5% des crédits titrisés au bilan des banques
Agences de notation Création d’un bureau de supervision au sein de la Securities and Exchange Commission, possibilité de poursuivre une agence en justice
Obligation de s’enregistrer et de transmettre leurs méthodes
Source : d’après Bénassy-Quéré A. et Capelle-Blancard G., « Régulation financière : arbitrage entre stabilité et croissance », in CEPII, L’économie mondiale 2011, Repères, La Découverte.
La régulation en chantier : le cas des Etats-Unis et de l’Europe
La régulation en chantier : le cas des Etats-Unis et de l’Europe
Europe Global Macro-prudentiel
Europe Par secteur Micro-prudentiel
National (France) Global / Activités de
marché Macro-prudentiel
(ACPR)
Comité Européen du Risque Systémique Président = président de la BCE
Autorité bancaire européenne
Autorité européenne des assurances et des pensions
professionnelles
Autorité européenne des marchés financiers
Autorité de contrôle prudentiel et de résolution ACPR (indépendante mais adossée à la Banque de France)
Autorité des marchés financiers (AMF)
Nouvelle architecture de supervision bancaire et financière en Europe
(Source : Tadjeddine Y. (2015), « 2009-2015 : Quelles avancées en matière de régulation du système financier mondial ? », Ecoflash, n°297, avril 2015)
Nouvelle architecture de supervision bancaire et financière en Europe
(Source : Tadjeddine Y. (2015), « 2009-2015 : Quelles avancées en matière de régulation du système financier mondial ? », Ecoflash, n°297, avril 2015)
Des banques plus « solides » grâce à Bâle III
(Source : ACPR – Banque de France, janvier 2017)
Des banques plus « solides » grâce à Bâle III
(Source : ACPR – Banque de France, janvier 2017)
Les « stress tests » (BCE, octobre 2014)
Les « stress tests » (BCE, octobre 2014)
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
7.3 7.8
3.02
5.8
1.5
6 6.6
4.82
0.16
6.69
0
BNP Paribas Crédit Agricole Groupe Société Générale
Groupe Crédit Mutuel Banque Populaire (puis BPCE à partir de 2009) Caisse d'épargne (jusqu'en 2008)
Les résultats des principales banques françaises (mds €)
(Source : Les Echos, février 2016)
Les résultats des principales banques françaises (mds €)
(Source : Les Echos, février 2016)
Firmes US : 2100 mds $ de profits conservés dans les paradis fiscaux
(Source : Diaporama « Les champions américains de l’exil fiscal », La Tribune, octobre 2015)
Firmes US : 2100 mds $ de profits conservés dans les paradis fiscaux
(Source : Diaporama « Les champions américains de l’exil fiscal », La Tribune, octobre 2015)
Plus de 2.100 milliards de dollars (1.875 milliards d'euros) de profits. C'est ce que détiennent les 500 plus grandes entreprises américaines hors du territoire des Etats-Unis afin d'échapper au fisc. Si elles étaient amenées à rapatrier ces sommes considérables, comme le souhaite le président américain Barack Obama, elles devraient au fisc pas moins de 620 milliards de dollars. Voilà du moins le constat auquel sont parvenues deux organisations non-gouvernementales - le Center for Tax Justice et l'U.S. Public Interest Research Group Education Fund - en s'appuyant sur des documents financiers dans une étude publiée le 6 octobre.
1er Apple 181,1 mds $
2e General Electric 119,0 mds $
3e Microsof 108,3 mds $
4e Pfizer 74,0 mds $
5e IBM 61,4 mds $
6e Merck 60,0 mds $
7e Johnson & Johnson 53,4 mds $ 8e Cisco Systems 52,7 mds $ 9e Exxon Mobil 51,0 mds $
1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2013 0%
2%
4%
6%
8%
10%
12% (% du patrimoine financier européen)
En Suisse Dans tous les
paradis fiscaux
La richesse des Européens dans les paradis fiscaux
(Source : Zucman G. (2013), La Richesse cachée des nations, La République des Idées, Seuil)
La richesse des Européens dans les paradis fiscaux
(Source : Zucman G. (2013), La Richesse cachée des nations, La République des Idées, Seuil)
La richesse financière dans les paradis fiscaux en 2013
(Source : Zucman G. (2013), La Richesse cachée des nations, La République des Idées, Seuil)
La richesse financière dans les paradis fiscaux en 2013
(Source : Zucman G. (2013), La Richesse cachée des nations, La République des Idées, Seuil)
En 2013, les ménages placent en moyenne à l'échelle mondiale 8 % de leur
patrimoine financier dans les paradis fiscaux, dont un tiers en Suisse
Le trilemme de Rodrik
(Source : « The inescapable trilemma of the world economy », Dani Rodrik’s weblog, 27 juin 2007)
Le trilemme de Rodrik
(Source : « The inescapable trilemma of the world economy », Dani Rodrik’s weblog, 27 juin 2007)
Finally, we can downgrade our ambitions with respect to how much international economic integration we can (or should) achieve. So we go for a limited version of globalization, which is what the post-war Bretton Woods regime was about (with its capital controls and limited
trade liberalization). It has unfortunately become a victim of its own success. We have
forgotten the compromise embedded in that system, and which was the source of its success.
Ce processus [la mondialisation] était apparu dans les années 1990 à la suite de la double révolution provoquée par l’émergence d’Internet et l’extension de la logique de marché, des réseaux productifs et de la finance de marché à la totalité de la planète.
Très net en ce qui concerne les échanges mondiaux de marchandises et les investissements directs internationaux, ce coup d’arrêt se transforme en contraction significative dans le cas des prêts bancaires internationaux, mais aussi des emprunts obligataires internationaux, sur lesquels la crise de la dette publique en Europe a laissé son empreinte.
Quant aux placements boursiers internationaux, ils stagnent depuis 2007 autour de 1 000 milliards de dollars par an et déclinent légèrement en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) mondial.
[…]
La conjoncture n’explique toutefois pas tout […].
Une déglobalisation financière ?
(Source : Adda J. (2017), « La mondialisation est-elle finie ? », Alternatives économiques, 16/11/2017)
Une déglobalisation financière ?
(Source : Adda J. (2017), « La mondialisation est-elle finie ? », Alternatives économiques, 16/11/2017)
Avec l’ouverture de la Chine, de l’ex-bloc soviétique et de l’Inde aux investissements étrangers dans les années 1990, l’accélération des investissements directs internationaux jusqu’à la fin des années 2000 répondait dans une large mesure à une logique de transfert massif des activités vers les pays à bas salaires.
Cette dynamique s’est brisée dans les années 2010, les flux d’investissements directs vers les économies émergentes cessant de progresser en dollars courants. De 50 % en 2010, leur part dans le total mondial est revenue à 40 % en 2016.
[…]
Enfin, […p]our se conformer aux nouvelles règles prudentielles, les banques ont fortement réduit le volume de leurs opérations, à commencer par leurs opérations internationales. Cette tendance, qui est nettement perceptible dans les prêts aux économies émergentes, s’accompagne en Europe d’un mouvement de renationalisation du financement des dettes publiques.
Une synthèse sur la globalisation financière (vidéo 38:25)
(Source : Nocturne de l’économie – Université Paris Nanterre – 30 mars 2017)
Une synthèse sur la globalisation financière (vidéo 38:25)
(Source : Nocturne de l’économie – Université Paris Nanterre – 30 mars 2017)