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Article p.52 du Vol.29 n°310 (2010)

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Dossier Les microbes de l’extrême

BIOFUTUR 310 • MAI 2010 52

Zoom Les déinocoques,

de la polyextrêmophilie aux biotechnologies

L

’éthanol est actuellement le biocarburant alternatif de référence. Souvent fabriqué à partir de canne à sucre, de maïs ou de blé, il le sera sans doute, dans le futur, en utilisant la biomasse lignocellulosique. Pour devenir énergétiquement rentable et écologiquement responsable, sa production doit d’abord relever trois défis majeurs. Le premier sera de décou- vrir un micro-organisme, par exemple une bactérie, capable de dégrader efficacement la totalité ou quasi-totalité de la bio- masse. Le deuxième consistera en la mise au point d’outils d’ingénierie génétique adaptés à l’optimisation de la souche candidate. Le troisième sera de rendre cet organisme capable de convertir en bioéthanol les sucres issus de la dégrada- tion de la biomasse avec une efficacité maximale dans des conditions compatibles avec une production de masse.

L

a plupart des projets biocarburants reposent sur des micro- organismes bien connus, comme Saccharomyces cerevisiae et Escherichia coli, que l’on a cherché à améliorer au fil des ans. Ces micro-organismes restent limités dans leur capa- cité à résister aux solvants, aux hautes températures et à utiliser la totalité de la biomasse végétale. Pourtant, à ce jour, environ 4 000 espèces bactériennes ont été caractérisées et on estime la biodiversité bactérienne globale entre 2 et 10 millions d’espèces. Nul doute que parmi elles, certaines devraient être plus adaptées à la digestion et à la conversion de la biomasse qu’E. coli et S. cerevisiae.

D

einove s’est associée en 2007 au laboratoire Tamara de Miroslav Radman et Ivan Matic (faculté de médecine Paris Descartes), et au Centre d’étude d’agents pathogènes et bio- technologies pour la santé de Montpellier afin d’explorer la biodiversité de ce phylum bactérien aux propriétés métabo- liques peu étudiées.

P

our la plupart des scientifiques, la bactérie la plus repré- sentative du genre est Deinococcus radiodurans, un polyextrêmophile capable non seulement de reconstituer entiè- rement son génome (lire l’article p. 49)mais également de résister à la déshydratation, à des conditions acides et basiques, au point quelle a été nommée « Conan la bactérie ». Ce genre bactérien est essentiellement vu sous le prisme déformant de sa polyextrêmophilie, et plus de 800 articles à ce jour se focalisent sur D. radiodurans, alors que moins de 50 publi- cations portent sur les autres déinocoques.

D

einove a collecté et classifié les propriétés génomiques et métaboliques de centaines de deinococcales isolés d’échan- tillons de sol, de sources chaudes ou de zones arides afin de mettre en évidence des souches capables d’utiliser efficace- ment des sources de biomasse variées pour produire du bioéthanol. Et la conclusion est surprenante. En effet, grâce

à un procédé de criblage spécifique, il a été observé que cette famille de bactéries présente non seulement une remarquable résistance à de multiples stress (pH, température, solvants), mais également des phénotypes extrêmes divers. Ces bacté- ries sont peu auxotrophes*et capables de digérer efficacement protéines et amidon. Ces propriétés naturelles, associées à leur exceptionnelle robustesse, font des déinocoques le micro-orga- nisme idéal pour mettre au point des procédés innovants.

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ertains déinocoques présentent ainsi des propriétés très recherchées par l’industrie, comme la dégradation de l’hémi- cellulose et de la cellulose à partir de la biomasse végétale, tout en transformant leurs sucres en acide ou en éthanol.

D

einove est maintenant engagée dans un travail de fond en génomique et métabolomique des déinocoques, en collabo- ration avec l’Institut de génomique structurale de Marseille et le Laboratoire d’ingénierie des systèmes biologiques et des procédés de Toulouse, afin de mieux cerner leur mode de vie et d’élaborer les outils génétiques nécessaires à leur optimi- sation industrielle.

Pascale Joseph*, Stéphanie Texier*, Jean-Paul Léonetti**

*Deinove, avenue de l’Europe, Clapiers, 34940 Montpellier Cedex 09

**CNRS Montpellier

*Incapacité d’un organisme à synthétiser une molécule indispensable à son développement

Colonie de déinocoques

52Zoom310_Gab dossier 21/04/10 18:55 Page52

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur biofutur.revuesonline.com

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