IN MEMORIAM /IN MEMORIAM
Montserrat Sansilbano-Collilieux (1946–2011)
F. Le Mort · A.-M. Tillier
© Société d’anthropologie de Paris et Springer-Verlag France 2011
Montserrat Sansilbano-Collilieux nous a quittés le 19 mars 2011 après des années de lutte contre la maladie, et son départ laisse un grand vide.
Montserrat était née à Barcelone le 23 novembre 1946 et avait passé son enfance tout près de la basilique de la Sagrada Familia de Gaudi. Elle avait suivi un cursus en
sciences biologiques à l’université de Barcelone ; c’est alors qu’est né son intérêt pour l’anthropologie biologique et la paléopathologie.
Arrivée en Normandie en 1969 lors de son mariage, elle n’a pas tardé à rejoindre le laboratoire d’anthropologie de Caen, mis en place par Jean Dastugue. Au cours des années, elle se montra très attentive à l’ouverture et à la reconnais- sance de ce laboratoire, épaulée dans sa démarche par son époux, Alain. Son investissement s’est concrétisé, notam- ment, par la tenue sur place de deux réunions scientifiques : le 3eColloque de l’Association européenne de paléopatho- logie du 26 au 28 septembre 1980, puis la 1766eRéunion de la Société d’anthropologie de Paris les 19 et 20 novembre 1982. C’est à ses profondes convictions que l’on doit la pérennisation du laboratoire d’anthropologie, hébergé aujourd’hui par la faculté de médecine de Caen.
Suite à sa thèse portant sur les nécropoles du Moyen Âge de l’ancien évêché de Poitiers et de Saint-Martin de Cognac, Montserrat s’est impliquée dans de nombreuses études de séries ostéoarchéologiques mises au jour en Normandie.
Ces recherches ont donné lieu à des publications dans des revues de haut niveau ou à des chapitres dans des monogra- phies. La plus récente, parue en 2010, concerne les sépultu- res collectives du Néolithique récent-final de Val-de-Reuil et de Porte-Joie dans l’Eure, dont elle a présenté en mai 2009 quelques aspects lors de la réunion du Groupement des paléopathologistes de langue française (GPLF) à Szeged en Hongrie. Son activité de recherche est aussi sortie du cadre normand, comme en attestent sa participation sur plusieurs années au projet multidisciplinaire mené conjointement par des chercheurs du CRAHAM (Centre Michel de Boüard) et de l’université de Simféropol en Crimée ou bien encore sa collaboration plus ponctuelle à l’analyse de populations paléolithiques d’Europe centrale et néolithiques de Chypre.
Nous avons partagé des moments bien agréables lors de plusieurs missions effectuées dans des musées européens.
Montserrat a significativement contribué au déploiement de l’anthropologie biologique en instaurant un enseignement de la discipline en milieu universitaire, étant chargée de cours durant de nombreuses années à la faculté de médecine de Caen ; plus récemment, cette formation s’était étendue aux étudiants de la faculté des sciences biologiques, un
F. Le Mort (*) UMR 5133 Archéorient,
Maison de l’Orient et de la Méditerranée-Jean Pouilloux, Université Lyon, 27, rue Raulin, 69007, Lyon
e-mail : francoise.le-mort@mom.fr A.-M. Tillier (*)
UMR 5199 PACEA,
A3P-Anthropologie des Populations passées et présentes, Université Bordeaux, 1 Avenue des Facultés, 33405, Talence e-mail : am.tillier@pacea.u-bordeaux1.fr
Bull. Mém. Soc. Anthropol. Paris (2011) 23:223-224 DOI 10.1007/s13219-011-0055-x
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investissement pédagogique qu’elle a maintenu courageuse- ment, en dépit de la fatigue causée par la maladie. Très atten- tive à la formation, Montserrat a accueilli au laboratoire de Caen stagiaires et étudiants, mais également des collègues, toujours prête à mettre à la disposition des visiteurs les col- lections archéologiques en dépôt au laboratoire d’anthropo- logie et à faire partager sa passion. Toutes celles et tous ceux qui y ont séjourné se souviennent de son altruisme et de sa grande perspicacité. Nous n’aurions garde d’oublier ici Alain, ayant de très beaux souvenirs de l’accueil chaleureux que tous deux réservaient aux visiteurs en ouvrant les portes de leur hospitalière maison.
Membre titulaire de la Société d’anthropologie de Paris depuis le 18 mars 1977, Montserrat a toujours porté un grand intérêt à la vie de notre Société, dont elle fut Vice-présidente en 1999, puis présidente en 2001 et 2002. Son engagement sans failles s’est appuyé sur l’intime conviction que la Société avait un rôle de premier plan à jouer dans la défense
de l’anthropologie biologique et de sa diversité. Cette pré- occupation l’a conduite à mener une enquête sur les activités scientifiques de la Société portant sur dix années (1996 à 2005) dont les résultats ont été publiés, en collaboration avec Pierre Darlu, en 2007 dans lesBulletins et mémoires.
Membre actif du conseil d’administration de la Société depuis de longues années, elle n’a manqué aucune des réu- nions, ayant à cœur de défendre notre discipline en prenant une part active, chaque année, à l’organisation des journées.
Montserrat s’est aussi fortement investie dans des responsa- bilités collectives, au sein du comité de rédaction desBulle- tins et mémoireset de la commission des prix.
Montserrat Sansilbano-Collilieux, une amie très chère, une collègue estimée et respectée, nous quitte, mais resteront profondément gravés en nous le soutien qu’elle a, sans relâ- che, apporté à notre Société et le souvenir de son sourire, reflet de son extraordinaire chaleur humaine. Il faut souhaiter que le laboratoire de Caen puisse continuer sonœuvre.
224 Bull. Mém. Soc. Anthropol. Paris (2011) 23:223-224
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