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LIEU D’ABSORPTION DES GRAISSES DANS L’INTESTIN GRÊLE DU PORC
N. Vodovar, Claudine Thieulin, Andrée Pihet, Non Renseigné
To cite this version:
N. Vodovar, Claudine Thieulin, Andrée Pihet, Non Renseigné. LIEU D’ABSORPTION DES
GRAISSES DANS L’INTESTIN GRÊLE DU PORC. Annales de biologie animale, biochimie, bio-
physique, 1965, 5 (2), pp.249-265. �hal-00896287�
LIEU D’ABSORPTION DES GRAISSES DANS L’INTESTIN
GRÊLE DU PORC
N. VODOVAR Claudine THIEULIN Andrée PIHET,
J.FLANZY
Station centrale de Nutrition,
Centre national de Recherches
z ootec h l l i q ues, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
- !!
SOMMAIRE
Trois séries de porcs ont reçu un repas
équilibré
enprotides
etglucides,
maissurchargé
enmatières grasses
(triglycérides
naturels,triglycérides homogènes
ou acides gras libres, suivant lelot),
afin que, sur tout le parcours du nutriment entre lepylore
et la valvule de Bauhin, il reste, dans le contenu intestinal, unequantité
suffisante degraisse
pour quel’absorption puisse
avoir lieu.Les animaux ont été abattus 6 h 30
après l’ingestion
de l’aliment, moment déterminé commeétant celui où l’intestin
grêle,
sur toute salongueur,
estimpliqué
dans le processusd’absorption.
L’observation au
microscope optique
de coupes deparoi
intestinaleprélevées
sur io segmentspris
à des niveaux différents apermis
de constater que les 16 matières grassesexpérimentées
com-mencent à être absorbées au début du duodénum et que leur
absorption
dans les conditions del’expérience
sepoursuit jusqu’à
30cm environ avant la valvule de Bauhin. L’intensité apparente del’absorption
diffère suivant la nature desgraisses ;
si on observe que l’intensitéd’absorption
varieégalement
suivant les segments, ceci peut êtreexpliqué
par le fait que la vitesse de transit, l’étatphysico-chimique
et la concentration desgraisses
sont différents suivant le segment considéré.En conclusion, on peut dire que, dans les conditions de nos
expériences,
iln’y
a pas de lieu électif suivant leur nature pourl’absorption
des différentes matières grasses, mais que celles-ci sont absorbées tout lelong
de l’intestin grêle.I. - INTRODUCTION
Comme RAZUMOV
( 19 6 3 )
l’adémontré,
bien que le tractusdigestif
soitimpliqué,
en
entier,
dans le processus de transformation et detransport
desgraisses après
leuringestion,
les cellulesépithéliales
absorbantes de l’intestingrêle
restent le facteurprincipal
del’absorption. Étudiées
aumicroscope optique,
et si on tientcompte
de leuremplacement
sur les villosités et del’âge
del’animal,
ces cellules sont, chez lePorc,
sur toute lalongueur
de l’intestingrêle, morphologiquement identiques (!’ono-
vax,
I g6 4 ).
Il en est de même pour leur ultrastructure étudiée aumicroscope
électro-nique (V ODOVAR , F!ÉCHON, I g6 4 ). Compte
tenu de cesconstatations,
il reste à savoir si les différentesgraisses peuvent
être absorbées par la muqueuse tout lelong
del’intestin
grêle
et, dansl’affirmative,
si le lieud’absorption
nedépendra
que de leur étatphysico-chimique,
de leur vitesse de transit et de leurconcentration,
ou bien si les différentssegments
de l’intestin les absorbent exclusivement oupréférentielle-
ment suivant leur nature, ce
qui permettrait
de penser que lacytochimie
de la coucheépithéliale
est différente suivant lessegments.
Par l’étude
histologique
de coupes de laparoi
intestinale du Rat,après ingestion
d’huile d’olive ou d’acide
oléique,
FRAZER( 1943 )
retrouve les deux substances dans la muqueuse dujéjunum proximal.
PourB ERN II A xD,
WAGNER et Ri!rznL( I g5 2 ),
c’est
également
dans lapartie proximale du jéjunum
que lesgraisses quittent
la lu-mière intestinale. Les
analyses
du contenuintestinal, prélevé
chezl’Homme,
à diffé-rents
niveaux,
partubage, après ingestion
d’un repaséquilibré
d’huile de maïs, depoudre
delait,
de dextrose et contenant une substance de référencesoluble,
nonabsorbable,
ontpermis
à BoROSrR!M et al.( 1957 ),
àBO R GST R O M , DA HI ,QV I ST
etI,uvD
( 19 6 2 )
de conclure quel’absorption
desgraisses
se fait dans lapartie
distaledu duodénum et les cent
premiers
centimètres dujéjunum.
KNOEBEL et NASSET(1
957
)
ont constaté que, chez les chiensporteurs
d’une fistule de lapartie proximale
du
jéjunum,
un repas d’huile de coton et de mono-linoléine était absorbé avant la fistule dans uneproportion
allantjusqu’à
70p. 100desgraisses
administrées. PourJOHNSTON (1 959 ), l’absorption,
invitro,
de l’acidepalmitique 14 C,
chez leHamster,
se fait
également
au début dujéjunum.
Ces travaux,
qui
semblent démontrer que lesgraisses
de nature différente sont absorbées par lapartie proximale
de l’intestingrêle,
sont controversés : certains auteurs, eneffet, pensent
que c’est lapartie
distale de l’intestinqui absorbe,
depré- férence,
lesgraisses.
En
pratiquant
la résection de différentesparties
del’intestin,
chez leChien, K
p E M E N
,
LINNERet N!r,soN( 1954 )
observent quel’absorption
desgraisses
est moinscomplète quand
lapartie
distale a étééliminée,
cequi rejoint
la conclusion anté- rieure deJE N sn N ius ( I g 45 ).
Pour BENSONet al.( I g56),
CII!!Dr,!R et BENSON( I g56),
l’huile d’olive
marquée
à par¡ etingérée
par des rats, est retrouvée dans lapartie
distale de l’intestin. Des résultats semblables ont été obtenus par
A BERDE E N ,
SHE-PHE
RD et SIMMONDS
( 19 60), puis
par BENNETT et SIMMONDS( 19 6 2 ),
avec l’huilede
coprah
administrée à des rats nonanesthésiés,
à l’aide d’une sonde. Ces résultats concordent avec les observationshistologiques
de lVIcN.!uGxT( 1959 ).
Dans un troisième groupe de travaux, on
peut
classer lesexpériences qui
tendentà démontrer que le lieu
d’absorption dépend
surtout de la nature de la substanceingérée.
Ainsi,
sur des chiens nourris avec de la viandemaigre,
àlaquelle
on aincorporé
de la
triélaïdine,
FAVARG!R( 1949 )
constate laprésence
dephospholipides
dans lesparois
duduodénum,
mais il trouve lesglycérides
et les acides gras dans lesparois
de l’iléon.
A la suite de ses
expériences,
TURNER( 195 8,
a etb)
conclut que, chez l’Homme et leChien,
la trioléine est absorbée par le duodénum et lejéjunum,
tandis que l’acideoléique
est absorbé dans la dernièrepartie
de l’intestingrêle.
Les résultats de GRE-NIER et al.
( 19 6 2 , 19 6 3 ) s’opposent
auxprécédents,
bien que lesexpériences
aientété
pratiquées
sur la mêmeespèce
animale : l’acideoléique
est absorbé dansle jéju-
num
proximal
et la trioléine dans l’iléon.D’autres
expériences
montrent que le lieud’absorption
de différentes substances grassesdépend également
dumélange
danslequel
elles ont étéingéré es.
F AVAR GE
R et G!Rr.ACH
( 1953 ),
en faisantingérer
différentesgraisses
et diffé-rents acides gras
marqués,
constatent que, outre que l’élaïdinedisparaît
dans lespremier
et deuxième tiers et la stéarine dans lapartie
distale del’intestin,
les acidesgras
libres, ajoutés
à desgraisses,
sont absorbésplus rapidement
que dans le cas où ils ne sont pasmélangés
avec destriglycérides.
Cecirejoint l’expérience
de REISER(ig
5
o), qui comparait l’absorption
de l’acidelinoléique
seul à celle de l’acide lino-léique
fixé sur untriglycéride;
celle de BORGSTRÔM(i9!2), qui
constate que les acides gras libresprésents
dans lesgraisses apparaissent
dans lalymphe plus rapidement
que les
graisses
neutres, mais que,ingérés séparément,
ilsapparaissent
bienplus
tardivement que les
triglycérides correspondants.
Il en est ainsi pour l’acideoléique
et l’huile d’olive
(M ALM ,
REEMTSMA etB ARK E R , 195 6).
Tous ces auteurs concluentà une
absorption
moindre etplus
lente de l’acide libre.Les
résultats,
toutrécents,
de B!N!r!TT(i 9 6 4 )
montrent que, chez leRat,
les acides gras àlongueurs
de chaînes différentes sont absorbés indifféremment parn’importe quel segment
dujéjunum-iléon.
Comme on vient de le
voir,
laplupart
desexpériences
concernant le lieud’absorp-
tion desgraisses
ont été faites sur leRat, quelquefois
sur leChien,
rarement surl’Homme,
avec des méthodesdifférentes,
souvent dans des conditionsphysiologiques susceptibles
de provoquer desperturbations complètes
oupartielles
del’absorption.
Les résultats obtenus sont rarement
concordants,
souvent contradictoires. Dansaucun des cas, il n’est
possible
de savoirquels
sont les facteurs déterminants dans le processusd’absorption
des matières grassesingérées.
La solution de ce
problème présente
un intérêtévident,
tant dans le domaine de la recherchebiochimique
que dans celui de la médecine. C’est cequi
nous a amenéà faire une série
d’expériences
sur un vertébrésupérieur monogastrique
tel que le Porc.II. -
MATÉRIEL
Les animaux sacrifiés pour ces
expériences
étaient des porcs en croissance, depoids
vifcompris
entre 5o et 60
kg,
de race Large White, en bon état sanitaire et audéveloppement
normal.On a utilisé les corps gras suivants : des
triglycérides
naturels (huile decoprah,
huile d’olive,huile de coton, huile de maïs et
saindoux),
destriglycérides homogènes (triburyrine,
trilaurine,tripalmitine,
tristéarine ettrioléine),
ainsi que des acides gras(acide laurique,
acidepalmitique,
acide
stéarique,
acideoléique
et acidelinoléique),
lesproduits fabriqués
ayant été fournis par les laboratoires Rhône-Poulenc, et la Nutritional BiochemicalCorporation
Au moyen de coupes
histologiques,
on étudie le lieu et l’intensité apparente depénétration
dedifférents
lipides
naturels, detriglycérides homogènes
et de différents acides gras dans la muqueuse intestinale du Porc,après ingestion
d’un repasauquel,
àchaque
fois, il a étéincorporé
une desgraisses
à étudier.
A. Essais
préliminaires
Avant d’aborder la
partie expérimentale
proprement dite, il a été nécessaire d’établir : 10 La durée du transit intestinal nécessaire pour que la
première
fraction du repasingéré
par- vienne à la valvule de Bauhin, defaçon
que l’intestingrêle
des animaux, au moment del’abattage,
soit
impliqué
sur toute salongueur
dans les processus dedigestion
etd’absorption,
avant que l’estomac ne soit entièrement vidé. Ce temps est d’environ 6 heures, pour le repas choisi, mais pouréchapper
aux variations individuelles, lesabattages
ont été faits 6 h 3oaprès l’ingestion.
2
0 La
quantité
degraisse
àincorporer
au repas pour que, à tous moments et sur toute la lon- de l’intestingrêle,
existe dans le bol alimentaire une surcharge suffisante de cette substance, afinque la cellule
épithéliale
absorbantepuisse
exercer sa fonctiond’absorption
au niveau de tous lessegments où elle est apte à le faite. Cette
quantité
a été fixée uniformément à 100g : elle est suffi- sante pour toutes les matièresexpérimentées,
sans êtretoujours
nécessaire,exception
faitepour
latributyrine,
pourlaquelle
lacapacité
absorbante de l’intestingrêle
s’est révéléesupérieure.
Pour ces essais
préliminaires,
des animaux de mêmepoids
vif( 5 o
à 60kg)
ont été sacrifiés àintervalles
réguliers, après ingestion
d’un repas-type de 50o g,équilibré
enprotéines
et englucides
mais
surchargé
en graisses.B. -
Expérimentation
Les porcs ont été soumis à un
régime
sanslipides,
durant 48 heures ;puis,
sans que leur nutri- tion en soit pour autantperturbée,
au repas précédantl’abattage,
il a étéincorporé
100g soit d’untriglycéride
naturel, soit d’untriglycéride homogène,
soit d’un acide libre(les expériences
n’ont pas été faites avec desmélanges).
6 h 30après l’ingestioii,
les animaux ont été sacrifiés :abattages, pré-
lèvements et fixations ont été
pratiqués
suivant lestechniques
décrites précédemment(VoDOVAR, r964).
Les
prélèvements
de courts segments de 5 à 10cm d’intestin ont d’abord été effectués au niveau dupylore, puis
àl’angle duodéno-jéjuno-iléal (tabl.
1, 2, 3, A et B),près
de la valvule de Bauhin et à 30cm avant celle-ci(tabl.
1, 2, 3, 1 et!,
enfin sur le reste dujéjunum-iléon,
soit environ sur ii mètres etrespectivement
à i,5o m, 3 m, 4,50m, 6 m, 7,50m et 9maprès l’angle duodéno-jéjuno-
iléal (tabl. 1, 2, 3, C à H).
L’intensité apparente
d’absorption,
évaluée en fonction de lagraisse
trouvée dans la celluleépithéliale
absorbante, estdésignée
par x = très faible, 2 x = faible, 3x = moyenne, 4x = forte,5x = très forte, cette intensité est mesurée par
cytophotomètre
et les valeurscomparatives
sontseules retenues. L’intestin
grêle,
entrel’angle duodéno-jujéno-iléal
et la valvule de Bauhin, est dési-gné
sous le vocable dejéjunum-iléon,
faute d’avoir pu établir une limiteanatomique
valable entrece
qu’on désigne
souvent parjéjunum
et par iléon. Les tissus ont étécoupés
à 6 p parcongélation
au cryostat International
Equipement Company,
soit sans fixation, soitaprès
fixation de 6 à12 heures dans le formol-calcium. La coloration des coupes a été
pratiquée
au Noir Soudan B et car-min aluné, au
Rouge
Soudan III ethématoxyline,
soit à latempérature
du laboratoire, soit à la tem-pérature
de fusion de lagraisse,
et au Bleu de Nil ; le montage a été fait dans lesirop d’Apathy.
Avant d’aborder les résultats de nos
expériences,
nouspensons qu’il
est nécessaire desouligner
que les méthodes
histochimiques,
dont nous avons fait choix, ne sont pas à l’abri descritiques,
commela
plupart
des méthodes d’ailleurs. Ainsi, à l’heure actuelle les déterminationsquantitatives
d’unesubstance
chimique, malgré
lesprogrès
de lacytophotométrie,
ne nous semblent pastoujours
satis-faisantes. C’est
pourquoi
nous nous sommes borné à ne retenir que les valeurscomparatives.
Ce-pendant,
si ces valeurs peuvent être considérées comme très satisfaisantes quand ils’agit
de mesurerl’intensité
d’absorption
de mêmesgraisses
sur des coupesidentiques,
elles le sont moins quand ils’agit de graisses
de nature différente et dont les colorations peuvent varier.L’avantage
de laméthode
histochimique
choisie est surtout depouvoir
affirmer sans contestationpossible, quelles
sont les
parties
de l’intestin oùl’absorption
se fait réellement et de déterminer àquel
momentelle se fait.
IV. - OBSERVATIONS ET
RÉSULTATS
Les observations ont
porté
sur l’intestin de 3 lots de 7 porcs, chacun ayantingéré
un repas
surchargé,
lepremier
entriglycérides naturels,
le deuxième entriglycérides homogènes
et le troisième en acides gras libres.A
l’abattage
desanimaux,
il a été vérifié que l’intestingrêle,
sur toute salongueur,
était
toujours impliqué
dans les processusd’absorption
etqu’en
tous lespoints,
il restait dans le contenu intestinal une
quantité
suffisante degraisse ingérée,
pour quel’absorption
desgraisses
ait pu avoir lieu.L’examen
histologique
des coupes de tissu de l’intestingrêle
duPorc, prélevé
après ingestion
degraisses,
à différents niveauxcompris
entre lepylore
et la valvulede
Bauhin, permet
de situerindiscutablement,
dans les conditionsd’expérience,
le lieu
d’absorption
de ces différentesgraisses.
Ilpermet également
de comparer l’intensitéd’absorptiori apparente,
suivant lessegments,
pour la mêmegraisse,
etentre des
segments correspondants
pour desgraisses
de naturedifférente ;
ilpermet d’apprécier également
la surfaceabsorbante,
ainsi quel’aspect
et lagrandeur
desparticules
dansl’espace
intermicrovilleux et à l’intérieur de la celluleépithéliale
absorbante.
A.
Triglycérides
naturelsL’absorption
destriglycérides
naturelsexpérimentés, (non purifiés), (tabl. i),
commence,
invariablement,
dès lespremiers
centimètresaprès
lepylore.
Le débutde
l’absorption
coïncide avec le débouché du canalcholédoque
dans leduodénum, qui
sesitue,
chez lePorc,
entre le 2e et le 6e centimètreaprès
lepylore (V ODOVAR ,
Fr,.!!zy et
FR!:!Çois, zg6!)
et, auminimum,
12 cm avant le débouché du canalpancréatique (les
animaux sacrifiés n’enpossédaient qu’un).
Elle sepoursuit
surtoute la
longueur
du duodénum et dujéjunum-iléon jusqu’à
environ 30 cm avant la valvule de Bauhin.En
comparant
l’intensitéd’absorption apparente
dechaque triglycéride,
sui-vant les
segments (tabl. z),
on constatequ’au
début duduodénum,
oùl’absorption
commence, l’intensité de celle-ci est
toujours faible ;
la surfaceabsorbante,
à ceniveau,
est située seulement au sommet desvillosités, quels
que soient lestriglycé-
rides.
Dans la
partie
distale du duodénum et sur les deux tiers dujéjunum-iléon
envi-ron,
l’absorption
est d’une intensité relativement uniforme et maximum parrapport
aux autres
segments (fig. i) quelle
que soit la nature destriglycérides.
La surfaceabsorbante est variable suivant les
segments :
elle estimportante
surtout vers lafin du duodénum et sur le
premier
tiers dujujénum-iléon.
Dans cettepartie
del’intestin, l’absorption
sefait,
en moyenne, sur les deux tiers distaux de la villosité.Dans la troisième
partie
dujéjunum-iléon,
l’intensité del’absorption
et la sur-face absorbante diminuent au fur et à mesure
qu’on
serapproche
de la valvule deBauhin.
Si la
comparaison
de l’intensitéd’absorption
d’untriglycéride
sur les différentssegments
de l’intestin est relativementaisée,
celle detriglycérides
différents sur lessegments homologues
d’intestin esttoujours
moinsprécise.
Ceci est dû à la densitéet aux dimensions des
particules
propres àchaque triglycéride,
d’unepart,
à la différence de coloration des différentesgraisses,
d’autrepart.
Ilsemble,
toutefois que le saindoux et l’huile de maïs soient absorbés dans lapremière partie
duduodé_’
num avec
plus
d’intensité que l’huiled’olive,
l’huile de coton et l’huile decoprah
Dans le reste de
l’intestin,
c’est surtout avec l’huile decoprah
que l’intensitéd’absorption apparente
estplus
faible.On remarque que les dimensions des
particules
de tous lesglycérides expéri - mentés,
parvenues dans les espacesintermicrovilleux,
sont relativement uniformes : mesuré à l’oculairemicrométrique,
leur diamètre estégal
ou inférieur à o,3 3 y. C’est pour le saindouxqu’il
est leplus grand,
pour l’huile de maïs leplus petit.
L’aspect
desparticules (qui
ont la forme degouttelettes,
sauf celles d’huile de maïsqui
sont moinscaractéristiques)
et leurgrandeur
à l’intérieur de la cellule absorbante(fig.
4,5 )
sontparticuliers
àchaque triglycéride.
B.
Triglycérides homogènes
Comme pour les
triglycérides naturels, l’absorption
destriglycérides homogènes expérimentés (tabl. 2 )
commence immédiatementaprès
lepylore
et sepoursuit,
sans
discontinuité,
tout lelong
de l’intestingrêle, excepté
sur une courteportion précédant
la valvule de Bauhin.La
tributyrine, elle,
ne se trouveplus
dans laparoi
de l’intestin àpartir
du9
e
mètre. A ceniveau,
laquantité qu’on
en retrouve dans le contenu intestinal est trèsfaible,
cequi
confirme quel’absorption
en a étéplus rapide
que celle des autrestriglycérides.
L’intensité
d’absorption apparente
destriglycérides homogènes,
suivant lessegments
de l’intestin(fig. 2 )
estcomparable
ou inférieure à celle destriglycérides
naturels.
Dans la
partie proximale
duduodénum,
l’intensité est très faible pour latripal-
mitine et la
tristéarine,
faible pour latributyrine,
la trilaurine et la trioléine. C’est dans le reste du duodénum et les deuxpremiers
tiersdu jéjunum-iléon
que l’intensitéd’absorption apparente
est laplus élevée ;
sur le troisièmetiers;
elle diminue progres- sivement pour l’ensemble destriglycérides expérimentés
dans cette série.Pour tous, la surface
absorbante,
au début duduodénum,
se limite au sommet desvillosités;
pour le tiers distal du duodénum et le tiersproximal
dujéjunum-iléon,
les deux tiers -
approximativement
- des cellulesépithéliales
des villosités contien- nent des substancessoudanophiles, quoique
les surfaces absorbantes diffèrent sui- vant lestriglycérides (elle
sontplus importantes
pour latributyrine
et latrioléine).
Pour le reste de
l’intestin,
la surfaced’absorption
est assez variable.Si on compare l’intensité
apparente d’absorption
des différentstriglycérides homogènes
sur dessegments homologues,
on constate(tabl.
2 etfig. 2 )
que la diffé-rence est très
marquée
entre celle de latrioéline, qui
est laplus élevée,
et celle de latributyrine
et de latrilaurine,
d’unepart,
entre celle de latripalmitine
et cellede la
tristéarine,
d’autrepart,
et que, pour latripalmitine
émulsionnée avantinges- tion,
elle est, surquelques segments, légèrement supérieure
à celle de latripalmitine
non émulsionnée.
L’aspect
de la substancesoudanophile,
dans les espaces intermicrovilleux et intercellulaires(fig. 6, 7 ),
diffère suivant lestriglycérides. L’homogénéité
desparti-
cules dans
l’espace
intermicrovilleux pour chacun destriglycérides
est très caracté-ristique,
cequi
n’est pas le cas pour cellesqui
se trouvent à l’intérieur des cellules.On
peut
remarquer quel’absorption
de latributyrine
est bienplus rapide
que celle des autrestriglycérides homogènes.
Sesparticules,
dont le diamètre est de 0,2 !.environ,
sonttoujours homogènes,
tant dans les espaces intermicrovilleux que dans lecytoplasme
de la celluleépithéliale
et leur acheminement à travers ce dernier est bien distinct de celui des autrestriglycérides homogènes expérimentés.
C. Acides gras
Comme les
triglycérides,
les acides gras(tabl. 3 )
sont absorbés dès le début du duodénum et leurabsorption
nes’arrête,
dans les conditionsd’expérience,
que 30cm environ avant la valvule de Bauhin. Dès le commencement duduodénum,
l’acidelinoléique
et l’acideoléique
sont absorbés avec une intensitéapparente
moyenne etlégèrement supérieure
à celle de l’acidelaurique ; quant
à l’acidepalmitique
et àl’acide
stéarique, l’absorption
en est nettement moins intense et ces observations sont valables pour toute lalongueur
de l’intestin(fig. 3 ).
Pour ces deux derniersacides,
bienqu’ils
se colorent avec moins d’intensité que les autres, même à leurtempérature
de
fusion,
il semble bienqu’ils
se trouventrégulièrement
enquantité
moins abon- dante à l’intérieur de la celluleabsorbante,
tandis que leur concentration dans le contenu intestinal reste constammentplus
élevée. D’unefaçon générale,
il sembleque les acides gras aient une intensité
d’absorption apparente
inférieure à celle destriglycérides correspondants.
Pour l’ensemble des acides gras, la surface absorbante est
comparable
oulégè-
rement inférieure à celle des
triglycérides homogènes.
Les
particules soudanophiles,
que l’on trouve dans les espaces intermicrovilleux et à l’intérieur descellules, présentent
unaspect
peudifférent,
tout en étant carac-téristique
dechaque
acide(fig. 8, 9 ).
Pour les trois séries
d’expériences,
l’intestin des animaux-témoinsn’ayant
pas reçu degraisses
les dernières4 8
heures avant le sacrifice a été examiné et, dans aucun des cas, il n’a été vu de matièressoudanophiles
dans les cellules del’épithélium
intestinal.
- DISCUSSION ET CONCLUSION
Les résultats obtenus dans les conditions
d’expérience
montrent que lesgraisses
de nature différente commencent à être absorbées au début du duodénum
(dès
lespremiers
centimètresaprès
lepylore).
Le début del’absorption,
dont l’intensitéapparente
varie avec la nature de lagraisse,
estgénéralement
faible pourchaque
cellule
absorbante ;
la surfaced’absorption
est presquetoujours
localisée au sommetdes villosités. Il est
intéressant, toutefois,
de constater quel’absorption
commence,tant pour les
glycérides
que pour les acides gras, 10 à 15 cm avant le débouché du canalpancréatique
dans le duodénum. Pour cequi
est destriglycérides,
il faut ad-mettre
qu’ils
ont étépartiellement hydrolysés,
soit avantl’ingestion,
soit dansl’estomac,
ouqu’il
existe un reflux du sucpancréatique
en direction dupylore,
laprésence
d’acides grasayant
été démontrée par la colorationspécifique
au Bleu deNil.
C’est dans la
partie
distale du duodénum et dans les deuxpremiers
tiers dujéjunum-iléon
quel’absorption
est laplus
forte pour chacune desgraisses expérimen- tées,
tant en cequi
concerne son intensitéapparente qu’en
cequi
concerne l’éten-due de la surface absorbante.
Les
expériences
de BORGSTRÔM et al.( 1957 , rg62), qui
montrent que l’huile demaïs, dans un repas
équilibré,
estabsorbée,
chezl’Homme,
dans lapartie
distaledu duodénum et au début du
jéjunum
sont confirmées par lesnôtres,
chez le Porc, à ceciprès,
que, dans nosexpériences,
les repas étantsurchargés
engraisses, l’absorp-
tion continue
plus
loin.Pour FRAZER
(rg.!3),
chez le Rat, l’huile d’olive et l’acideoléique
sont absorbéssur le même
tronçon
dujéjunum proximal :
nos observations sont concordantesen ce
qui
concernel’absorption
de ces substances sur la mêmepartie
del’intestin, mais, probablement
à cause de lacomposition
différente du repas,l’absorption,
chez le
Porc,
commencedéjà
dans le duodénum. Il en est de même pour lesexpé-
riences de
JoHVSTOV (ig5g)
avec l’acidepalmitique.
La constatation
faite,
par BENSON(ig56),
CHANDLERet BENSON(ig56),
à savoirque l’huile d’olive administrée seule est
absorbée,
chez le Rat, dans lapartie
distalede l’intestin
grêle,
celle faite parAs!ttD!!!,
SHEPHERDet Snvt!toxDS(ig6o),
confirméepar BENXETT et StNtrytovDS
( 19 6 2 ),
à savoir que l’huile decoprah
l’estégalement
àcet
endroit,
ainsi quel’expérience
de FAVARGER(rg!g),
sur leChien,
avec la triélaï-dine,
nous ont incité à faireingérer
auPorc,
en marge de nosexpériences,
100g d’huile de maïs, sans autrealiment,
pour déterminer sil’absorption
se ferait de la mêmefaçon.
Dans cesconditions, probablement
à cause d’unepropulsion
stomacaleplus
forte du fait duchangement
dans la nature et le volume du repas,l’absorption
commence non
plus
au début duduodénum,
mais au niveau du deuxièmequart
dujéjunum-iléon
et sepoursuit
sur le reste de l’intestin d’unefaçon
très intenseet
quasi
uniforme. Cette dernière observationpermet
de penser que les résultats obtenus par les auteursprécédents
ne démontrent pas que lapartie
distale de l’in- testingrêle
est un lieud’absorption préférentiel
pour ces troissubstances,
mais que, dans les conditionsd’expérience, l’absorption
n’a pu se faire dans lapartie proximale.
D’ailleurs,
comme nous l’avons ditplus haut,
ABERDEEN asignalé
que, si l’on sup-primait
lapropulsion
exercée par l’estomac endéposant
le repas dans ledudoénum, l’absorption
se faisait bien avant.Les résultats contradictoires obtenus sur le lieu
d’absorption
de la trioléine et de l’acideoléique
par TURNER( 195 8)
d’unepart,
par GRENIER et al.(1962, zg63),
d’autre
part, s’expliquent
par ladivergence
de leurs méthodesexpérimentales.
Dans nos
expériences,
où laquantité
degraisse incorporée
au repas est admi- nistrée ensurcharge,
c’est-à-dire enquantité supérieure
à lacapacité
absorbantede
l’intestin, l’absorption
continue dans la troisièmepartie
de l’intestingrêle jusqu’à
30 cm environ - très
approximativement
- avant la valvule deBauhin,
avec une intensitéapparente,
ainsiqu’une
surfaced’absorption,
moinsimportante
pour cha-cun des corps gras que dans le reste de l’intestin.
En somme, si on compare les lieux
d’absorption
suivant lessegments
corres-pondants,
entre lepylore
et la valvule deBauhin,
pour les différentesgraisses ingérées
séparément
et administrées d’unefaçon physiologiquement normale,
onpeut
con- clurequ’il
n’existe pas desegments
de l’intestin de Porc, où unegraisse
soit absorbée d’unefaçon préférentielle
parrapport
à une autre. Enoutre,
on constate que, d’unepart,
l’intensitéd’absorption,
pour l’ensemble desgraisses expérimentées,
variesuivant les
segments
et que, d’autrepart,
lesgraisses
de différente naturechimique
sont absorbées avec une intensité
différente,
sur toute lalongueur
de l’intestin oùse fait
l’absorption.
En ce
qui
concerne l’intensitéd’absorption
parsegments,
elle semble être fonc- tion de l’étatphysico-chimique
desgraisses ingérées,
de leur concentration et de la vitesse de transit du bolalimentaire ;
ce dernier semble être conditionné par la quan- tité de nutrimentingéré,
par sacomposition qualitative
etquantitative
et par lafaçon
dont il est administré.Ainsi,
dans lapartie proximale
du duodénumoù,
d’unepart,
la vitesse de transit est accélérée par lapropulsion pylorique,
où d’autrepart,
la transformationphysico- chimique
desgraisses
sous l’action des sels biliaires(dont l’importance
a été miseen évidence par BERNARD
(r8 5 6), plus
récemment par FRÔLICHER(rg 3 6)
et confirméedepuis
par d’autreschercheurs)
et du sucpancréatique
ne fait que commencer,l’absorption,
sans êtreidentique
pour toutes lesgraisses,
esttoujours
faible.Dans le cas de nos
expériences,
lapartie
distale du duodénum et les deux tiersproximaux
dujéjunum-iléon
sont lapartie
de l’intestin où l’intensitéd’absorption
est la
plus
forte et la surfaced’absorption
laplus grande
pour l’ensemble desgraisses expérimentées.
Onpeut
donc penser que c’est dans cettepartie
de l’intestingrêle
que des facteurs tels que vitesse de
transit,
concentration et étatphysico-chimique
des
graisses ingérées
sontoptima,
sans toutefois que lepouvoir
réeld’absorption
de la cellule
épithéliale
absorbante soit en cause.Pour la
partie
distale dujujénum-iléon,
l’intensité del’absorption,
ainsi que l’étendue de la surfaceabsorbante,
deviennent de moins en moinsimportantes
etsont différentes suivant la nature des
graisses ingérées.
Cette diminution del’absorp-
tion ne
peut être,
à notreavis,
considérée comme unsigne
de diminution dupouvoir
absorbant de la cellule
épithéliale,
mais elle est laconséquence
de l’affaiblissement de la concentration engraisses
et del’augmentation
de la densité du contenu intestinal(retenu
par la valvule deBauhin), qui
limitent le contact entre lesparticules
degraisses
et la surface absorbante. Ceci trouve sa confirmation dansl’expérience
citéeplus haut, qui
montre que l’intensité del’absorption
et la surface absorbante sont trèsgrandes
dans lapartie
distale del’intestin, lorsque
l’on faitingérer
de l’huilede maïs en
quantité importante
et sans autre aliment.Pour ce
qui
est del’inégalité
del’absorption
desgraisses
de naturechimique différente,
DEUELetal.,
l’avaientdéjà
constatée(igq.o).
Dans la série des acides gras
expérimentés,
l’acidelinoléique
et l’acideoléique,
insaturés à un
degré différent, puis
l’acidelaurique
àlongueur
de chaîne moyenne, sont absorbésrégulièrement
avec une intensité trèssupérieure
à cellequi
caractérisel’absorption
de l’acidepalmitique
et de l’acidestéarique,
dont la chaîne estlongue
et
saturée,
cequi
confirme les résultats de FAVARGERet de GERLACH(i953),
d’unepart,
et ceux de BENNETT( 19 6 4 ),
d’autrepart, parmi
d’autres.Ces observations sur les acides gras
peuvent
être valablementappliquées
auxtriglycérides homogènes expérimentés :
ainsi lacapacité d’absorption
de l’intestin vis-à-vis de latributyrine
estplus importante
que vis-à-vis de la trilaurine ou de la trioléine et l’intensitéapparente d’absorption
de ces dernières est biensupérieure
à celle de la tristéarine et de la
triplamitine. Cependant,
d’unefaçon générale,
lesacides gras