ÉTUDE
DE LACOMPOSITION MINÉRALE
DE
QUELQUES ESPÈCES FOURRAGÈRES
INFLUENCE DU STADE DE DÉVELOPPEMENT
ET DU CYCLE DE
VÉGÉTATION
L. GUÉGUEN
Service de Biochimie et de Nutrition, C. N. R. Z., Jouy-en-Josas
(S.-et-O.).
PLAN DU
MÉMOIRE
Introduction.I. - Matériel expérimental.
II. - Méthodes d’analyse.
III. - Résultats. Interprétation et discussion.
IV. - Conséquences pratiques pour l’alimentation des animaux.
Résumé et conclusion.
La
production
intensive del’herbe, qui
résulte de la sélection desespèces botaniques,
de lasimplification
desmélanges
deplantes prai- riales,
del’adaptation
des fumures,permet
d’accroître considérablement la masse desfourrages produits
par unité de surface(en
moyenne laproduction
estdoublée, parfois quadruplée).
Enrevanche,
l’utilisation de cetteherbe,
engénéral
consomméejeune, lorsqu’elle
est riche en eauet en matières
azotées,
etproduite,
en outre, à l’aide d’abondantes fu- mures, pose de nombreuxproblèmes
aux nutritionnistes : effet laxatif entraînant despertes
desodium ;
excès depotassium
et mauvaise assi- milation dumagnésium ;
teneur insuffisante enphosphore
etparfois
encalcium
(graminées) ; rapport phosphocalcique inadéquat (légumineuses).
I,a
composition
minérale desplantes fourragères
est notamment influencée par les méthodes deproduction
intensive. Différents facteurs de variationpeuvent
exercer une influence sur cettecomposition.
Parmiceux-ci, l’espèce botanique,
le stade dedéveloppe ment,
lecycle
devégé-
tation et la fumure
présentent
uneimportance particulière.
L’influence du stade de
développement
et ducycle
devégétation
sur la
composition
minérale desplantes
adéjà
faitl’objet
de nombreux travaux.Cependant
peu de recherches ont été menées sur desespèces
pures de
plantes fourragères.
Encoreplus
rares sont les travaux sur l’évo-lution de la
composition
minérale des différentesparties
de laplante, qui permettent d’étudier,
pourchaque
stade dedéveloppement,
la contri-bution
apportée
par les divers organes aux teneurs de laplante
entièreen éléments minéraux. Citons à ce
sujet
les travaux de BVOODMAN etE
VANS
( 14 )
relatifs auxluzernes,
de BaK!R et coll.(1)
en 1952 pource
qui
concerne lesainfoin ;
nouspossédons
en revanche très peu de données sur lesgraminées, excepté quelques
valeurs rassemblées par MORRISSON(IO).
Dans le dessein de combler cette
lacune,
nous avons dosésystéma- tiquement
P,Ca,
K,Na, Mg
d’unepart
dans leslimbes,
lesgaines,
lestiges
et les fleurs de deuxgraminées,
undactyle
et unefétuque,
àquatre
stades dedéveloppement différents,
et d’autrepart
dans lesfeuilles,
lestiges
et les fleurs de trois variétés de luzerne(Flamande,
Poitou et Pro-vence)
récoltées à trois stades différents durant lesquatre cycles
devégé-
tation de l’année 1957.
Enfin,
lesproportions
relatives(en
matièresèche),
dechaque partie
de la
plante
ont étédéterminées,
cequi permet
de calculer les teneurs minérales de laplante
entière et de comparer l’évolution de sa compo- sition minérale à celle durapport feuilles/tiges
enparticulier.
I. - MATÉRIEL EXPÉRIMENTAL ET MODE DE TRAITEMENT DES ÉCHANTILLONS
Deux
graminées,
undactyle
et unefétuque,
seméesséparément
dansdes
parcelles
du C. N. R. Z., ont reçu une forte fumure azotée au début de leur croissance(environ
80 unités de N pour ledactyle
et 40 pour lafétuque)
et ont été récoltées durant l’année 1957, aux dates suivantes :Deux variétés de
luzerne,
Poitou et Provence, ont été récoltées dans desparcelles
situées à la ferme de laMinière,
et une troisièmevariété, Flamande,
dans uneparcelle
du C. N. R. A. à Versailles.Les trois stades de
prélèvement correspondent
àl’apparition
desbourgeons,
au début de la floraison et à lapleine
floraison. Les dates deprélèvement
sont rassemblées dans le tableau suivant :I x
es
plantes
dechaque cycle proviennent
des repousses ducycle précédent interrompu
au début de la floraison.Mode de
prélèvement
et de conservation des échantillonsAprès
fau-chage
de laparcelle (surface de 6 m‘-’ au minimum)
à la motofaucheuse,
on
prélève
un échantillonreprésentatif
de 3kg
environ. Laproduction
au m2 est calculée en matière fraîche et en matière sèche.
Après sépara-
tion des feuilles
(légumineuses),
limbes etgaines (graminées), tiges,
fleurset éventuellement débris et
plantes adventices,
on calcule leurs propor- tions relatives enpoids
deplante
fraîche. Puis les échantillons sont séchésau four à circulation d’air
(7!!
Cpendant
iheure, puis
60°c)
et les pro-portions
relatives des organes(en
matièresèche)
sont de nouveau déter-minées
( 1 ).
Les échantillons sont finement
broyés
et conservés en chambrefroide
( 0 - 2 ° c).
Ces échantillons ont été étudiés
indépendamment
parFAUCONNEAU,
pour ce
qui
concerne les acidesorganiques
et les fractionsazotées,
et parJARRrG!
pour lesglucides protoplasmiques
et membranaires.II. -
MÉTHODES
D’ANALYSES UTILISÉESToutes les méthodes utilisées ont été
longuement expérimentées
aupréalable
et notammentéprouvées quant
à laparfaite reproductibilité
des
analyses
effectuées. Les chiffres cités sont les moyennes des résultatsd’analyses
en double.Les éléments minéraux étudiés ont été dosés dans le résidu d’une
prise
d’essai de 500 mg deproduit
calcinée à 500° Cpendant
6 à 8 heures.( 1
) Avec la collaboratioii technique de 3Ii’ieS J. JI-TNG et V. 1&dquo;RANÇOT’;-(’,UUJ(!,N.
Après calcination,
les cendres sontreprises
au bain de sable par 5 ce de HC1 pur,évaporés
à sec pour insolubiliser la silice. Puisl’hydrolyse
est effectuée en
reprenant
par 3 ce deHNO!
à io p. 100 et enportant
à l’ébullitionpendant
5 minutes(cette hydrolyse
estimportante
pour ledosage
duphosphore). Après
filtration oncomplète
à 100 ce avec del’eau bi-distillée.
I,e
phosphore
est dosé par la méthode de Mrssorr, auphosphovanado- molybdate
d’ammoniumadaptée
par la Stationd’Agronomie
d’Antibes.Pour obtenir la coloration
jaune caractéristique,
onajoute
io ce de lasolution
précédente
à io ce de réactifnitrovanadomolybdique ( 100
cede
ntolybdate NH 4
à io p. 100 -f- ioo ce de métavanadatede NH,
à 2,3! g par litre +6 7
ce deNO;¡H
à d =1 , 3 8
-!-- eau q. s. p. 5oocc).
I,’intensité de la
coloration, qui
demeure stable durantplusieurs semaines,
est mesurée auspectrophotomètre
à 430 m[1.; la teneur en P est obtenue parcomparaison
avec une gamme de solutions étalons con-tenant
de 5 3 o
y de P par ce.I,e
sodium,
lepotassium,
le calcium et lemagnésium
sont dosés parspectrophotométrie
deflamme,
à l’aide duphotomètre
à flantme« Eppen-
dorf » par passage direct de la solution obtenue
après incinération ;
onétablit une
comparaison
avec des solutions standards contenant l’élément à doser(en général de zo à 50 y/cc),
en solution pure ou en mélange, compte
tenu des principales
interférences observées (K
sur Na et K
sur
Mg).
Pour lesdosages
de K dans tous lesvégétaux
et de Ca dansles
légumineuses,
il est nécessaire de diluerplusieurs
fois( 5
fois engénéral)
la solution
précédemment
obtenue àpartir
des cendres.Na et K sont dosés dans la flamme air
( 0 ,5 kg/cm 2 )-propane ( 1 6 0
111mcï’eau).
Ca dans la flamme air( 0 , 5 kg/cin 2 )-acétylène ( 5 6o
mmd’eau)
etéventuellement
oxygène ( 2 litres/mn). Mg
dans la flamme air( 0 ,5 kg/cnt-)- hydrogène (8 00
mmd’eau)-oxygène ( 2 litres/mu).
III. -
RÉSULTATS
OBTENUS1° Le
phosphore
I,es variations des teneurs en P des organes de la
plante
sont,parmi
les variations des teneurs
minérales,
cellesqui
offrent leplus
derégu-
larité dans les différents organes
(fig. 1 ).
l,es tableaux I et II rassemblent les différentes valeurs de la teneur
en I’ des
espèces
étudiées.A. - Composition des différents organes
n)
En cequi
concerne les différences entre les diversesparties
de laplante,
defaçon
trèsgénérale,
les limbes(et
lesgaines
pourles graminées)
sont
plus
riches que lestiges
à stadebotanique équivalent. Cependant
aux stades
jeunes,
du moins dans le cas desgraminées,
toutes lesparties
de la
plante
sontégalement
riches en P. I,a différence entre feuilles ettiges
s’accroîtquand
ons’approche
de la maturité et estbeaucoup plus
sensible pour les luzernes que pour les
graminées.
b)
I,e stade dedéveloppement (comme l’indique
lafigure i)
influede
façon
trèsrégulière
sur la teneur enphosphore,
et, pour les deuxfamilles
étudiées,
tous les organess’appauvrissent
considérablement envieillissant. I4a teneur en P des limbes des
graminées
variebeaucoup
moins que celle des
gaines
et destiges.
Par contrel’appauvrissement
est
comparable
pour les feuilles ettiges
de luzerne.Les résultats moins
significatifs
obtenus pour les luzernes dupremier
cycle s’expliquent
par le fait que lesplantes
se sontdéveloppées
trèslentement, et sont donc «
âgées
» au stadebourgeon (!).
Les inflorescences sont très riches en P, etd’après
les études de WILLIAMS( 195 6)
sur lestranslocations
( 13 )
dans laplante,
il y aurait un véritabledrainage
duphosphore
de tous les organes vers les fleurs et lesgraines,
cequi explique également
la chute brutale de la teneur en P des feuilles et destiges
dèsle début de la floraison.
I,’évolution de la teneur en P dans les différents organes suit les variations de la
proportion
des constituantsprotoplasmiques
et enparti-
culier des matières azotées.
c)
Les variations selon lecycle
devégétation
sont moinsrégulières.
Pour les trois variétés de
luzerne,
les teneursenregistrées
aupremier cycle
sont inférieures à celles obtenues pour lescycles suivants,
et cecipour les deux
premiers
stades étudiés. Dans le cas de la luzerne Fla- mande seulement nous constatons un enrichissementprogressif
très netde tous les organes
jusqu’à
la teneur maximum atteinte au 4ecycle.
Pour les deux autres
variétés,
l’évolution est moinsrégulière ; cependant
les
plantes
du 2eet du 4ecycle
sont lesplus
riches en P.Malgré
lalégère
( 1
) Par suite d’une erreur de prélèvement, la luzerne Flamande du ier cycle, au stade début flo- raison, provient d’une parcelle différente située sur un sol voisin mais non identique. Les résultats obtenus (indiqués sur les tableaux) ne sont donc pas comparables aux autres.
diminution du taux de P observé au 3e
cycle
dans deuxvariétés,
nousn’avons pas constaté la chute brutale du
phosphore
durant la saisonchaude, signalée
par de nombreux auteurs. Unfait,
cette chute duphos- phore
dans laplante
ne seraitparticulièrement marquée
quependant
les
périodes
degrande
sécheresse. Une étude de lacomposition
dudactyle
à
plusieurs cycles
devégétation
estégalement
en cours.B. - Composition de la plante entière
I,e stade de
développement
et lecycle
devégétation
influent sur lacomposition
minérale de laplante,
non seulement par les variations de la teneur en minéraux dechaque
organe de laplante,
mais surtout par les modifications desrapports
enpoids
de ces organes entre eux. C’estpourquoi,
pourpermettre
de mieuxinterpréter
l’évolution de la compo- sition minérale de laplante entière,
nous avonsindiqué
dans les tableaux decomposition,
lapart
absolueapportée
parchaque partie
de laplante
dans la teneur en éléments minéraux de la
plante
entière(voir fig. 2 ), compte
tenu desproportions
relatives de ces organes dans la matière sèche totale de laplante.
Ainsi la diminution du rapport
feuilles/tiges,
ou mieux durapport limbes/(Gaines
!-Tiges),
dans le cas desgraminées, joue
un rôleprépon-
dérant dans la chute du taux de
phosphore,
et ceciparticulièrement
chezles
graminées.
Chez leslégumineuses,
cerapport
variebeaucoup moins,
mais nous avons vu par contre que les différences entre feuilles ettiges
sont
plus importantes
dans cette famille. De même, le fait que les der- nières coupes de luzerne soientplus
feuillues que lespremières (comme
l’ont
également remarqué
!,!&dquo;OODMAN etE VAKS )
tend à accentuer l’ac-croissement de la teneur en P de la
plante
entière au cours des dernierscycles.
Les chiffres donnant la
répartition
par organe duphosphore
de laplante
montrent quel’apport prépondérant
se fait par lestiges pendant
les deux
premiers cycles, puis
par les feuillespendant
les deux derniers.Nous remarquons
également
que chez lesgraminées
au 4e stade les fleursapportent
autant ouplus
de P que les limbes ou lesgaines.
Cetapport
par lesfleurs,
moinsimportant
pour lesluzernes,
n’est pasnégligeable,
et contribue v freiner la chute de la teneur en P à la floraison.Nous noterons enfin les différences observées entre
espèces.
I,es deuxgraminées, dactyle
etfétuque,
diffèrent surtout par leurrapport
limbes/tiges, beaucoup plus
faible chez lafétuque
aux derniers stades.Cepen- dant,
comme lestiges
defétuque
sontplus
riches en P que celles dedactyle,
la chute durapport limbes/’tiges
n’accroît pas les différences finales de teneurs entre les deuxespèces (fig. 2 ).
Il y a peu de différences entre les trois variétés de
luzerne,
sinonque la Flamande est la
plus
riche durant les deux dernierscycles.
I,es luzernes étudiées ne sont pas
plus
riches en P que lesgraminées.
2
0 Le Calcium
L’étude du calcium dans les
plantes,
contrairement à celle duphos- phore, impose
de dissocier lesgraminées
et leslégumineuses,
d’une partà cause des très fortes différences de teneurs
(en
moyennerespective-
ment de 3 et 16
°/ oo )
et d’autrepart,
comme nous le verrons, à causedes différences d’évolution avec
l’âge
de laplante.
a)
Comme nous le montrent les tableaux III et IV et lafigure
3, les feuilles sonttoujours plus
riches que lestiges
enCa,
et la différenceest très accentuée dans le cas des luzernes
(de
90 / 0o
en moyenne dans lestiges
à 25 ou 30°/ oo dans
lesfeuilles).
De même les limbes des deux gra- minées sont en moyenne 4 foisplus
riches que lestiges
et les limbes de lafétuque
sont de 2 à 3foisplus
riches que lesgaines.
Cette différence entre organes est accrue aux derniers stadesbotaniques.
l,es fleurs sontrelativement pauvres en calcium.
b)
Au cours de leurdéveloppement,
les feuilles deluzernes,
et les limbes desgraminées
s’enrichissent considérablement en calcium(comme
le montre la
figure 3 ),
tandis que lestiges (et
lesgaines
pour lesgrami- nées)
ont des teneursqui
varient peu, ouqui
diminuentlégèrement.
Chezles
graminées, malgré
l’enrichissement desfeuilles,
la teneur totale de laplante
entière diminue avecl’âge
defaçon
trèssignificative (fig.
3 etq.).
En
effet,
d’unepart
la chute durapport FIT joue plus que l’accroissement
de la teneur des feuilles,
et d’autre part l’apport
de calcium par les fleurs
au dernier stade est faible.
En revanche chez les
légumineuses,
où la diminution durapport F/T
est
moindre,
la teneurglobale
en Ca varie peu avecl’âge,
ouparfois
s’accroît
légèrement.
Notons
également
que l’évolution de certains acidesorganiques,
enparticulier
l’acidecitrique,
dans les divers organes de laplante,
estparallèle
à l’évolution du Ca(FAUCONNEAU, 1059 ).
c)
Lecycle
devégétation
influe sur la teneur en Ca des feuilles de luzerne. Par contre lestiges
des dernierscycles
semblent un peuplus
riches en Ca.
Ainsi, malgré
la diminution de laproportion
destiges
aux derniers
cycles,
lapart qu’elles
fournissent dans la teneur totale de laplante
est assez comstante. Aucontraire,
lapart
fournie par les feuilles s’accroît defaçon
assez nette, et il en résulte que les lu-zernes des derniers
cycles
sont un peuplus
riches en Ca que celles despremiers.
d)
Dans la même famille, il existe des différences entre les deux es-pèces
degraminées.
En effet les limbes et lestiges
de lafétuque
sontbeaucoup plus
riches en Ca que ceux dudactyle. Cependant,
comme lafétuque
estbeaucoup
moins feuillue que ledactyle
aux derniersstades,
la teneur en Ca de la
fétuque
n’est que faiblementsupérieure
à celle dudactyle (fig. 4).
La luzerne Flamande est un peu
plus
riche en Ca que la luzerne du Poitou..P!o!MC!’oM de P et de Ca à l’unité de
surface.
Dans le but de tenircompte
non pas seulement de la richesse dufourrage
en P etCa,
maisaussi du rendement à l’unité de
surface,
nous avons mesuré laproduc-
tion en
poids
de M. S. au m2 de chacune des luzernesprélevées, puis
calculé la
production
de P et de Ca en g par m2. Nous constatons(ta-
bleau
XI)
que, defaçon générale,
le butrecherché,
à savoir la récolte maximum de matière sèche et dephosphore (donc
de matièresazotées),
est atteint dès le début de la
floraison,
etpeut-être
même avantl’appa-
rition des
premières
fleurs.;1
0 Lc Potassium
Pour toutes les
plantes étudiées,
les variations de la teneur en K sontcomparables,
et sont dues à une diminutionsystématique
de lateneur de tous les organes avec
l’âge.
Les tableaux V et VI rassemblent les résultats obtenus.
a)
Les limbes desgraminées
sont engénéral
un peuplus
riches que lesgaines
et lestiges.
Aucontraire,
lestiges
delégumineuses
sont beau-coup
plus
riches que lesfeuilles,
à tous les stades pour la luzerne duPoitou,
aupremier
stade seulement pour la Flamande. Les fleurs desgraminées
sont pauvres en K, tandis que celles deslégumineuses
sontriches par
rapport
aux autres organes.b)
Envieillissant,
lesgraminées s’appauvrissent
très nettement enK,
surtout par
l’importante
diminution de teneur de leurstiges.
En effetles limbes et les
gaines
ont tendance à s’enrichirlégèrement
à lafloraison,
mais ceci ne
peut
compenser l’effet du a la chute durapport hiT.
Tous les organes des deux variétés de luzerne
(sauf
lestiges
de luzernedu Poitou oit les variations sont
irrégulières) s’appauvrissent
en K en vieillissant.Cependant,
comme lestiges,
dont laproportion
augmente,sont
plus
riches que lesfeuilles,
et quel’apport
par les fleurs n’est pasnégligeable,
nous observons une tendancegénérale
très nette vers unminimum de la teneur au 2e stade et un enrichissement au 3e.
c)
L’influence ducycle
est peumarquée. Cependant
lesplantes jeunes
des derniers
cycles
sont engénéral
les mieux pourvues en K.d)
Il existe des différences considérables entrefamilles, espèces
et variétés. Toutd’abord,
comme l’aégalement remarqué
MAGlYŒ enig 4 8 ( 7 ),
il semble que les
graminées
soientplus
riches en K que lesluzernes,
cette différence s’atténuant à la floraison. Lafétuque
estplus
riche que ledactyle
aux derniersstades, plus
pauvre auxpremiers (fig. 5 )
et l’am-plitude
de la diminution de la teneur en K est bienplus prononcée
chezle
dactyle (perte
de 21 g de K parkg
au lieu de 12 g pour lafétuque).
D’autre
part
lestiges
defétuque
sontprès
de deux foisplus
riches en Kque celles de
dactyle.
Enfin la luzerne du Poitou est considérablement
plus
riche en Kque la luzerne Flamande.
Cependant
ces différences ne sont valables que pour lesplantes
étu-diées,
car le sol et la fumurejouent
un rôleconsidérable,
et les essais réalisés par STEWART et HOMMES(r 953 )
montrent que de fortes fumurespotassiques
peuventquadrupler
la teneur en K desplantes.
Notons enfin que les différences observées entre le
dactyle
et lafétuque pourraient s’expliquer
par des différences de vitesse de croissance.I,e
dactyle
abondamment fumé a fourni un rendement très élevé(hau-
teur de i m io à la
floraison),
et il se serait doncproduit
une « dilution »du
potassium
enparticulier,
etpeut-être
du calcium.4
° Le Sodium
Nous trouvons ici les différences les
plus frappantes
entreespèces
et variétés. I,es résultats sont
groupés
dans les tableaux VII et VIII.a)
Dans les deuxfamilles,
les feuilles sontlégèrement plus
richesque les
tiges.
I,es fleurs sont engénéral
pauvres en Na.b)
I,es variations avec le stade dedéveloppement
sont assez irré-gulières
pour les teneurs en Na des organes deslégumineuses. Cependant
les feuilles et
tiges
du 3e stade sont engénéral plus riches,
et la teneuren Na de la
plante entière, après
avoir diminué au 2estade,
s’accroît à la floraison. Cet enrichissement en Na deslégumineuses
aégalement
étéconstaté par THOMAS et coll.
( 12 )
en 1952.I,es feuilles de
graminées
ont une faible tendance à s’enrichir en Naen se
développant,
tandis que lestiges s’appauvrissent.
La teneur en Nade la
plante
entière diminuelégèrement.
c)
r1 stadebotanique équivalent,
lesplantes
des deux dernierscycles
sont les
plus
riches en Na. Le tableau VIII montre d’autrepart
que leplus grand
apport de sodium se fait par lestiges
durant les deuxpremiers cycles, puis
par les feuilles(comme
pourl’apport
dephosphore).
d)
Il existe des différences trèsmarquées
entreespèces
degraminées, quant
à la teneur en Na de laplante
entière. Ainsi ledactyle
est enmoyenne 30 fois
plus
riche que lafétuque (voir fig. 5 ).
Enfin,
ilimporte
de noter les variations durapport K/Na
et lesdifférences
importantes
entreespèces
et variétés. Lerapport K/Na
di-minue
quand
laplante vieillit,
surtout par la diminution de la teneuren K, et
aussi, parfois,
par l’accroissement de la teneur en Na. Il estcurieux de constater que le
rapport K/Na
moyen est de 6 pour le dac-tyle (passant
de 7 à4 )
contre 200 pour lafétuque (passant
de 250’à y o).
De même le
rapport
K!Na moyen pour la luzerne Flamande est de la o(de
14 à8)
contre3 6
pour la luzerne du Poitou(de 3 8
à30 )
etplus
de 50 pour la luzerne de Provence(résultats
non menticmnés sur lestableaux).
Il existerait
donc,
enparticulier
entreespèces
degraminées,
desdifférences considérables dans les teneurs en alcalins.
Cependant,
sachantque le sol et la fumure
peuvent
influer considérablement sur la teneur desplantes
en ceséléments,
il estindispensable
depoursuivre
lesrecherches en ce sens, sur d’autres
types
de sol et avec des fumures variables.5 0
Le
lllagnéaium
1 /
évolution du
magnésium
dans laplante
est engénéral liée
à celledu
calcium,
maisl’amplitude
des variations est bienplus
faible.a)
I!es tableaux IX et X nous montrent que pour toutes lesespèces
étudiées les feuilles sont
plus
riches eu!Ig
que les autres organes. l,es fleurs sont relativement riches enMg.
b)
Suivant le stadebotanique,
les feuilles ont des teneurs assez cons-tantes en
Mg,
surtout chez leslégumineuses.
Les limbes et lesgaines
degraminées
s’enrichissent faiblement à la floraison. Par contre, lestiges s’appauvrissent régulièrement
envieillissant,
et enconséquence,
laplante
entière
s’appauvrit également.
c)
Nous constatons en outre que lesplantes
des deux dernierscycles
sont en
général plus
riches que celles des deuxpremiers.
d)
I,eslégumineuses
que nous avons étudiées ne sont pasplus
richesen
Mg
que lesgraminées,
contrairement aux constatations faites par THOMAS et coll. en I952,qui
trouvent des teneursplus
fortes pour leslégumineuses.
Notonscependant
que lesplantes
des deux familles pro- viennent de solsdifférents,
et que ces différences n’ont doncqu’une
valeur relative.
Dans les taux de
Mg
de laplante,
une faiblepart (environ 15% )
revient au
magnésium
de lachlorophylle.
IV. -
CONSÉQUENCES
PRATIQUESPOUR L’ALIMENTATION DES ANIMAUX
I,es conclusions que nous pouvons tirer d’une telle étude ne peuvent être étendues à la
production fourragère
engénéral.
Eneffet,
de trèsnombreux facteurs interviennent dans la modification de la
composition
minérale des
plantes,
et dans le cadre restreint de cette étude nousn’avons considéré
qu’un type
de sol et untype
de climat.1 !
Phosphore
En comparant les teneurs
( 1 )
en P desplantes
étudiées aux besoinsd’une vache laitière de 600
kg,
nous constatons que lesgraminées
trèsjeunes
couvrent les besoins en P d’uneproduction
deplus
de 30kg
delait,
et la luzerne au stadebourgeons
ceux d’uneproduction
de 20kg
de lait
(selon
les normesexprimées
en g parkg
de M.S.,
citées parJ AR -
PIGE en
i 9j 6).
Enrevanche,
tous cesfourrages
récoltés à lapleine
floraisonne permettent
plus
de couvrir que les besoins d’uneproduction
de 5 àio
kg
de lait.Puisque
la teneur en P desplantes
est étroitement liée à la valeur durapport FIT,
il estnécessaire,
afin de récolter le maximum duphosphore
de laplante,
de déterminer le stade d’utilisation leplus précoce possible compatible
avec un bon rendement et unepérennité satisfaisante,
de récolter convenablement laplante
sansperte
defeuilles,
et enfin d’utiliser rationnellement les dernières coupes
d’automne,
très feuillues et riches en P.Notons par ailleurs que le taux d’azote de la
plante
évolue dans le même sens que le taux de P. Unfourrage
riche en Ppossède
donc unebonne valeur nutritive.
( 1
) l’our comparer les besoins, exprimes eu , par kg de matière sèche de lit ration, aux chiffres donnant la composition des fourrages étudiés, en ! par hh de matière brute séchée, il convient de
majorer ces derniers de 5 p. ioo en moyenne jioiir les teneurs des ;;rxminées et de 8 l’. ioo pour les
légumineuses.
Nous constatons que, pour les
espèces étudiées,
l’accroissement de laproportion
deslégumineuses
dans lefourrage
n’est pas favorable à sonenrichissement en P.
2
°
Calcium
l,es
plus
fortesproductions
laitières ne demandent pasplus
de 6 g de Ca parkg
de matière sèche de la ration.Si les
fourrages composés
seulement degraminées
enpleine
floraisonne
peuvent
couvrir que les besoins en Ca d’uneproduction
laitière de ioà z5
kg
delait,
lesfourrages mixtes,
ou leslégumineuses
seules à tous lesstades de
développement,
fournissent en revanche un gros excès de cal-cium, qui peut
constituer un facteur défavorable pour l’utilisation duphosphore.
Nous pouvons constater, autre coïncidenceheureuse,
que les stades feuilluscorrespondent
auxplus
fortes teneurs en P et auxplus
faibles teneurs en
Ca,
et lerapport Ca/P
s’accroît avecl’âge
de laplante.
3° Potassium
l,es
fourrages
contiennent desquantités
de Klargement
excéden-taires,
même pour les vaches laitières fortesproductrices.
Cecipeut,
selon certaines théories(B ROUWER , 195 6) être nuisible à l’animal en favorisant
l’apparition
de la tétanie d’herbage.
Malheureusement,
dupoint
de vueagronomique,
la teneur en K desplantes
nepeut
êtrediminuée,
car lesapplications
nécessairesd’engrais potassiques
ont un effet très net sur l’enrichissement desplantes.
En outre, McKNAUGHT( 9 ) signale,
en accord avec GERWiG etA HL G REN , ( 5 )
que les meilleures conditions de rendement sont réalisées pour des teneurs de 18°/ oo
de K dans leslégumineuses
et de 16°/ oo
dans lesgraminées.
Une faible teneur en K des
plantes
serait doncincompatible
avec unrendement satisfaisant.
4° Sodium
Les besoins d’une vache laitière moyenne
productrice
sont couverts par une ration contenant de 2 à 3 g de Na parkg
de matière sèche. Par contre, aupâturage,
pour une consommation d’herbejeune,
les besoins s’élèveraient à 6 g de Na parkg
de matière sèche(FAUCONNEAU
etJ AR -
RIGE,
rg5 7 ).
Selon nosrésultats,
et comme l’aégalement
constaté Boscil( 2 )
en 1957, les
fourrages
sonttoujours trop
pauvres en sodium.Bien que le
problème
del’apport
de sodium dans l’alimentation soit facile àrésoudre,
les différences de teneursenregistrées
entreespèces
degraminées permettraient,
enagissant
sur lacomposition botanique
dufourrage,
d’accroître considérablement sa teneur en sodium.Ainsi,
le choix desespèces
riches en Napourrait permettre
d’améliorer lerapport
K/Na toujours trop
élevé dans lesfourrages.
5
°
lIa!Jnésium
I,es besoins en
magnésium
sont mal connus. Des teneurs de 1 à 2g de1Ig
parkg
de matière sèche de la ration semblentcependant
suffi-santes pour couvrir les besoins d’une vache laitière moyenne
productrice.
Les
fourrages
sont engénéral
suffisamment pourvus enMg
et nous savonsd’autre
part
que les accidentstétaniques
sontplus
liés à deshypomagné-
siémies
secondaires,
dues à des troublesmétaboliques, qu’à
une carencemagnésienne
desfourrages.
RÉSUMÉ
ET CONCLUSIONSDans le cadre limité de cette
étude,
nous avons pu mettre en évidence l’évolutiongénérale
des teneurs en macro-éléments minéraux dans deuxespèces
degraminées (fétuque
etdactyle)
et dans trois variétés de luzerne(Flamande, Poitou, Provence)
suivant le stade dedéveloppement
de laplante
et soncycle
devégétation.
l,es deuxgraminées
ont été récoltées àquatre
stades dedéveloppement différents,
et les trois luzernes à troisstades
différents durant les quatrecycles
devégétation
de l’année 1957.Après séparation
deslimbes, gaines (ou
feuilles seulement pour lesluzernes), tiges
etfleurs,
nous avons dosésystématiquement
dans tousles organes, le
phosphore (par
une méthodecolorimétrique
auvanadate),
le
calcium,
lepotassium,
le sodium et lemagnésium (par spectrophoto-
métrie de
flamme).
- Les
feuilles,
riches en constituantsprotoplasmi d ues (matières azotées, composés phosphorés, magnésium, calcium)
ont des teneursplus
élevées que les autres organes en éléments
minéraux, et
enparticulier
enphosphore,
calcium etmagnésium.
Cet écart s’accroît au cours du cléve-1
0
ppement
de laplante.
- Tous les organes des
plantes s’appauvrissent
en éléments miné-raux en
vieillissant,
mis àpart
lesfeuilles, qui
s’enrichissent considéra- blement en Ca. De même les feuilles et lestiges
de luzerne s’enrichissent faiblement en Na. Au cours dudéveloppement
lacomposition
des feuilles varie moins que celle des autres organes.- l,es variations de la
composition
minérale de laplante
entièresont étroitement liées à l’évolution du
rapport feuilles/tiges,
surtout dansle cas des
graminées (par
suite des différences decomposition
entre cesorganes et des variations de leurs
proportions relatives).
’routes lesplantes
étudiéess’appauvrissent
en éléments minéraux envieillissant,
mis à
part
les luzernesqui gardent
une teneur relativement constanteen Ca et s’enrichissent faiblement en Na.
- Il existe des différences considérables entre