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Relations entre la qualité du liège, sa composition
minérale et la composition minérale des feuilles du
chêne-liège (Quercus suber L.)
Michèle Courtois, Philippe Masson
To cite this version:
Article
original
Relations
entre
la
qualité
du
liège,
sa
composition
minérale
et
la
composition
minérale
des
feuilles
du
chêne-liège
(Quercus
suber
L.)
Michèle Courtois
Philippe
Masson
Laboratoire
d’ingénierie agronomique,
Ensat, avenue del’Agrobiopôle
BP 107, 31326 Castanet-Tolosan cedex, France(Reçu
le 4juin
1998 ;accepté
28 octobre 1998)Abstract -
Relationships
between thequality
of cork, itsinorganic
content and theinorganic
content of the leaves of the cork-oak(Quercus
suber L.). The aim of this work is to set up arelationship
between thequality
of cork, itsinorganic
content and theinorganic
content of the leaves of the cork-oak. The mineral contents of both leaves and cork were identified for a range of elements(nitrogen, phosphorus, potassium,
calcium,magnesium,
iron, copper, zinc andmanganese).
Thequality
of the cork was evaluatedby
experts in the corkindustry
on the basis of visual assessment of cork stoppersresulting
from each tree. Astudy
of correlationsbetween the cork
inorganic
contents and thequality
of cork demonstrates that, among those measures,only
thepotassium
content ofcork is related to the cork
quality.
The corkquality
seems to beindependent
of the leafinorganic
content, which is held to be an indi-cator of the cork-oak mineral nutrition. (© Inra/Elsevier, Paris.)Quercus
suber L / cork/ leaf / inorganic
content/ quality
Résumé - Le but de ce travail est de déterminer
parmi
desanalyses
minérales de feuilles et deliège,
un ouplusieurs
élémentsminé-raux dont la teneur
pourrait
être en relation avec laqualité
duliège.
Lacomposition
minérale des feuilles et duliège
a donc été déter-minée pour un certain nombre d’éléments (azote,phosphore, potassium,
calcium,magnésium,
fer, cuivre, zinc etmanganèse).
Laqualité
duliège
est estimée par des experts de l’industrie duliège
àpartir
des ratios de choix visuels des bouchons obtenus dechaque
arbre. L’étude des corrélations entre les teneurs en éléments minéraux duliège
et saqualité indique
que,parmi
ces mesures, seule la teneur enpotassium
duliège
est liée à laqualité
du matériau. Deplus,
laqualité
duliège
semble êtreindépendante
de lacomposition
minérale des feuilles, considérée comme un indicateur de la nutrition minérale duchêne-liège.
(© Inra/Elsevier, Paris.)Quercus
suber L /liège
/ feuille /composition
minérale /qualité
1. Introduction
La demande de
liège
de lapart
des industries de la bouchonnerie se porte deplus
enplus
sur deslièges
susceptibles
de donner des bouchons de hautequalité
pour une
parfaite
conservation desvins,
notamment des vinsd’appellation.
Les industriels duliège
achètent*
Correspondance
et tirés à partapwagner@t-online.de
chaque
année auxpropriétaires
dechênes-lièges,
ledroit de récolter directement le
liège
sur l’arbre. Lesentreprises
réalisent donc leurs achats directement en forêt enprocédant,
un à deux mois avant la levée, à desprélèvements
d’échantillons deliège
sur desquali-té du
liège
levé. La connaissance exacte de laqualité
duliège
avant la levée est donc essentielle dans la détermi-nation correcte des niveaux depaiement
pour le matériau brut. Mais leliège
est un matériau naturelprésentant
unehétérogénéité
qui
rend difficile toute normalisation.Actuellement,
la classification de laqualité
est faite enutilisant
principalement
desparamètres subjectifs qui
d’unpoint
de vuetechnique
ne sont pas entièrement satisfaisants. Eneffet,
leslièges
sont classés essentielle-mentd’après
desqualités
de textureappréciées
à l’œil et au toucher.L’appréciation
de cettequalité
visuelle repo-seuniquement
surl’expérience professionnelle
del’opé-rateur. Cette méthode de classification demande donc une
longue expérience
et reste assezsubjective.
Le but de cette étude est de trouver des
paramètres
dequalité
duliège plus
facilement mesurables comme desanalyses
minéralesqui permettraient
de mieuxquantifier
laqualité
du matériau. De nombreux éléments minéraux ont été identifiés par Barcelo[1] : Ca, K, Mn, Fe, Al,
Mg,
Na, Ba, Sr, Cu, Li,
Cr et Ti. Le rôle de ces éléments dans le matériauliège
n’est pas encore connu. C’estpourquoi,
il est intéressant de réaliser desanalyses
miné-rales duliège
pour étudier les relations entre sacomposi-tion minérale et sa
qualité.
De
plus,
pour vérifierl’hypothèse
d’une liaison entrecomposition
minérale duliège
et nutritionminérale,
desanalyses
minérales de feuilles deschênes-lièges
sont nécessaires. De nombreux auteurs ont montré que lanutrition minérale du
chêne-liège joue
un rôleimportant
sur la croissance de celui-ci ainsi que sur laproduction
quantitative
deliège.
En1981,
Zeraia[14]
arrive à la conclusion que l’azote favorise la croissance duliège.
Les traitements
sylvopastoraux
ont aussi un effetpositif
significatif
sur la croissance duchêne-liège :
croissanceapicale
et surface foliaire[9].
L’amélioration de cette croissance est attribuée àl’augmentation
de ladisponibi-lité de l’eau et des éléments limitants N et P
[12].
Orgeas
[11]
montreque
la meilleureproduction quantitative
deliège
est liée à uneplus grande
teneur en K et N des feuilles.Donc,
pour savoir si la nutrition de l’arbre aégalement
unerépercussion
sur laproduction
enqualité
du
liège,
desanalyses
minérales de feuilles ont été réali-sées et des études de corrélations entre teneurs en cer-tains éléments etqualité
du matériau brut ont été menées.Le travail
présenté
dans cet article faitpartie
d’une étudeplus
vastecomprenant
également
l’évaluation de laqualité
duliège
par desparamètres physiques
duliège.
Des liaisons
significatives
entrequalité
visuelle duliège
estimée par les experts et massevolumique
duliège
ainsi que force decompression
duliège
ont été trouvées et seront données ultérieurement.2.
Matériel
etméthodes
2.1. Sites
Quatre
sitesreprésentatifs
des zones deproduction
dechênes-lièges
sont sélectionnés : la forêt A enAndalousie
(Espagne,
province
deCadix,
localitéMedina-Sidonia),
la forêt B en Estrémadure(Espagne,
province
deBadajoz,
localitéZahinos),
la forêt C enEstrémadure
(Espagne, province
deCaceres,
localitéAliseda)
et la forêt D enCatalogne
(France,
arrondisse-ment deCéret,
localitéMaureillas).
Ces forêts se situent dans desrégions
à climat méditerranéen : subhumide de tendanceatlantique
pour la forêtA,
semi-aride et chaudpour les forêts B et
C,
subhumide pour la forêt D. Ces sites se trouvent sur sols acides. La nature de la rochemère est siliceuse pour toutes les forêts. Les sites B et C sont des suberaies de
type
« dehesa »,composée
dechênes-lièges
enpeuplements
clairs permettant lapré-sence d’un
sous-étage
herbacé diversifié(graminées,
légumineuses)
ainsi que lepâturage
detroupeaux
de moutons ou de chèvres. Le site A mais surtout le site Dsont
plutôt
de type « forêt » avec une forte densité d’arbres à l’hectare et avec unsous-étage
arbustif dense detype
maquis.
2.2. Méthodes
d’échantillonnage
Un
premier
échantillonnage
a été fait sur ungrand
nombre de
chênes-lièges
(100
arbres parpropriété)
sui-vant uneligne représentative
de latopographie
et dupeuplement
despropriétés.
Diversescaractéristiques
des arbres sont mesurées : diamètre et hauteur del’arbre,
diamètre decanopée,
hauteur dedéliègeage,
épaisseur
duliège
et volume deliège
démasclé. Laqualité
visuelle duliège
est estimée sur des morceaux deliège
de 10 cm sur 10 cmprélevés
sur la face Est dechaque
troncd’arbre,
toujours
à la même hauteur(1,30 m).
Les coefficients de corrélation
(r)
entre laqualité
duliège
et les variables mesurées sur les arbres ont étécal-culés. Il ressort que seule
l’épaisseur
duliège
a unerela-tion
significative
avec laqualité
visuelle de celui-ci(r
=0,64
pour l’ensemble des
forêts).
L’objectif
étant de faire unéchantillonnage
de laqualité intrinsèque
duliège
plutôt qu’un
échantillonnage d’épaisseur
duliège,
le fac-teur «épaisseur
» a été éliminé en choisissant unsous-échantillon de 30 arbres par
propriété
dans les deuxprin-cipaux
calibres deliège
bouchonnable : la classe 13/15 etla classe 15/20
(en
quantité
égale).
C’est sur ce sous-échantillon que sont faits lesprélèvements
de feuilles et deliège
pour lesanalyses
chimiques.
Cesprélèvements
ont lieu dejuin
àjuillet,
dans lapériode
de levée desplanches
deliège
sont transformées en bouchons. Desrameaux de feuilles matures sont
prélevés
au niveau dela
partie
médiane de la couronne dechaque
arbre,
dansquatre
directionsopposées.
Les feuillesâgées
sont jugées
les
plus
favorables à un bondiagnostic
foliaire duchêne-liège
[12].
2.3. Méthodes
d’analyses
minéralesLes
analyses
minérales sont réalisées àpartir
depoudre
résultant d’une part dubroyage
des feuilles séchées et d’autrepart
du ponçage de morceaux deliège
[12].
Les teneurs des macroéléments(N, P, K, Ca,
Mg)
etoligoéléments
(Fe, Cu, Zn, Mn)
sont déterminées par des méthodesclassiques
[12].
L’azote est minéralisé dans l’acidesulfurique
H
2
SO
4
enprésence
d’H
2
O
2
selon la méthode de Lindner[5].
Les autres éléments sont minéralisés par calcination de 2 g de matière sèche à 550 °C selon la méthode de Bonvalet[2].
Les cendres sont dissoutes avec HCl(volume
final 50 mL HCl0,5N).
L’azote et le
phosphore
sont dosés parspectrophotocolo-rimètrie,
en utilisant la méthode au bleud’indophénol
(625
nm)
et lecomplexe
phosphomolybdique
(660
nm)
respectivement.
Les autres macroéléments(Ca,
Mg)
et lesoligoéléments
sont dosés parspectrophotomètrie
d’absorption
atomique
ou d’émissionatomique
(K).
2.4. Méthode industrielle d’estimation de la
qualité
duliège
Les
planches
deliège
échantillonnéessont
laissées un an à l’air libre.Après bouillage
et passage en cave dematuration,
elles sont transformées en bouchons. L’éva-luation de laqualité
duliège
d’un arbre se fait àpartir
des ratios de choix visuels des bouchons. Les choix sont déterminés sur 200 bouchons pararbre,
pris
au hasard.Les choix des bouchons sont classés par ordre de
qualité
visuelle décroissante : super,1,
2, 3, 4, 5,
6 et déchets.Les choix super,
1,
2, 3, 4,
5 et 6 sont fonction dunombre et de la taille des lenticelles ainsi que des
éven-tuels défauts mineurs
présents
sur le bouchon. Le choix dechaque
bouchon est déterminé par desexperts
de l’industrie duliège.
La
répartition
des choix faite sur les bouchons prove-nant dechaque
arbre étudiépermet
de donner laqualité
duliège
de l’arbre entier.Chaque
choix a une valeur basée sur leprix
de vente des bouchons(tableau I).
Unindice de
qualité
est calculé pourchaque
arbre àpartir
des
pourcentages
de tous les choix de bouchons et de leur valeur(moyenne
pondérée).
Les indices dequalité
du
liège
obtenuspeuvent
se diviser en trois groupes dequalité
visuelle : inférieur à 48(basse
qualité),
de 48 à 114(bonne
qualité),
de 114 à 182(haute
qualité).
2.5. Méthode
d’analyse statistique
Les corrélations entre
qualité
visuelle duliège
etélé-ments minéraux des feuilles et du
liège
sont étudiées à l’aide du coefficient de corrélation linéaire deBravais-Pearson
(coefficient r).
Pour l’étude de l’ensemble desquatre
forêts(120
arbreséchantillonnés),
le coefficient de corrélation estsignificativement
différent de zéro si| r| >
0,18
au seuil de sécurité de 95 %. Pour l’étude por-tant sur une forêt(30
arbreséchantillonnés),
lecoeffi-cient de corrélation est
significativement
différent dezéro
si
|r| >
0,36
au seuil de sécurité de 95 %.3.
Résultats
3.1. Corrélations entre
qualité
visuelle duliège
et éléments minéraux du
liège
Les résultats concernant les
analyses
minérales duliège,
moyennes des 30 arbres parforêt,
sontprésentés
tableau II. L’ordre degrandeur
des teneurs en éléments minéraux duliège
est donné : P :0,03
à0,04
% m.s, K :0,14
à0,27
% m.s, Ca :0,11
à0,20
% m.s,Mg :
0,01
à0,02
% m.s, N :0,47
à0,61
% m.s, Mn : 25 à 52mg/kg
m.s, Cu :
10,6
à16,4
mgkg
-1
m.s, Zn :7,2
à11,0
mgkg
-1
m.s et Fe : 132 à 191 mgkg
-1
m.s.L’écart-type
des mesures reflète engénéral
les différences entre les arbres étudiés : dans le cas de Cu etZn,
la variabilité observée est enpartie expliquée
par la moindreprécision
du pro-cessusanalytique
pour ces élémentsprésents
à de faibles teneurs dans leliège. À
l’heureactuelle,
peu derecherches ont été faites concernant les teneurs en élé-ments minéraux du
liège.
Leonardi[4]
donne les valeurs suivantes pour les macroéléments duliège :
P :0,04
%m.s, K :
0,14
% m.s, Ca :2,45
% m.s,Mg :
0,01
% m.s,N :
0,36
% m.s. Les teneurs trouvées dans cette étude sont donc semblables à celles de Leonardi àl’exception
de la teneur en Ca
qui
estbeaucoup
plus
faible(0,18
%m.s en moyenne
comparée
à2,45
% m.s pourLeonardi).
Cette différence
pourrait
venir d’une différence de teneurs en Ca du sol ou d’une différence dedisponibilité
Les coefficients de corrélation entre indices de
qualité
duliège
et teneurs en P, K,Ca,
Mg,
N,Mn, Cu,
Zn et Fedu
liège
sontprésentés
dans le tableau III. Une corréla-tionpositive
estsignificative,
entre les indices dequalité
du
liège
et la teneur en K duliège
pour la totalité des forêts(r
=0,23).
Laqualité
duliège
augmente avec lateneur en K de celui-ci. En
revanche,
si on considère les forêtsprises
individuellement,
les coefficients de corréla-tion ne sont pas toussignificatifs.
Celasignifie
qu’il
y a une influence descaractéristiques
du site. La corrélation entrequalité
duliège
et teneur en K duliège
estplus
significative
dans la forêt B que dans les autres sites. Eneffet,
cette forêt a été semée de trèfle souterrain et fertili-sée parP
2
O
5
.
Cela a pour effet d’améliorer la teneur en Pet N du sol et par
conséquent
les teneurs des feuilles duchêne-liège
ainsi que duliège.
N et P sont donc nonlimi-tants, ce
qui
a pourconséquence
d’améliorer la corréla-tion entrequalité
duliège
et teneur en K.Quand
onprend
encompte
laglobalité
desforêts,
on efface l’effetsite et on obtient une relation
qui
estintrinsèque
aumaté-riau
liège.
Cependant,
le coefficient de corrélation entre la teneur en K duliège
et laqualité
visuelle de celui-ci est faible.La figure
1présente
lediagramme
dedisper-sion,
pour la totalité desforêts,
entre la teneur en K duliège
et les indices dequalité
duliège.
Cediagramme
m.s avec un intervalle de confiance de
(0,10, 0,29).
Pourune bonne
qualité
deliège
(indices
dequalité compris
entre 48 et114),
la moyenne des teneurs en K est de0,24
% m.s avec un intervalle de confiance de(0,22,
0,26).
L’amplitude
des variations danschaque
catégorie
et les recoupements des intervalles sont tropimportants
pourpouvoir
retenir une échelle dequalité
duliège.
On remarque un autre coefficient de corrélation
proche
du seuil designification,
(r
=0,35),
entre la
qua-lité du
liège
et sa teneur enCa,
pour la forêt B.Seulement,
cette liaisonpositive
ne se retrouve pas au niveau des autres forêts. Elle n’est donc pascaractéris-tique
du matériauliège.
Aucune relation
significative
entre laqualité
visuelle duliège
et les teneurs en autres macroéléments duliège,
à
savoir, P,
Mg,
N,
et lesoligoéléments
n’a pu être éta-blie.3.2. Corrélations entre
qualité
visuelle duliège
et éléments minéraux des feuilles
Les teneurs en éléments minéraux des feuilles de
chêne-liège
(tableau IV)
appartiennent
aux fourchettes de valeurs rencontrées dans la littérature existante sur la nutrition minérale duchêne-liège
[10, 12] :
P(0,08
à0,20 %
m.s),
K(0,35
à 1,03 %m.s),
Ca(0,23
à1,06
%m.s),
Mg
(0,09
à0,26
%m.s),
N(1,05
à1,88
%m.s),
Mn(855
à 1 699 mgkg
-1
m.s),
Cu(4,48
à6,29
mgkg
-1
m.s),
Zn(16,6
à26,0
mgkg
-1
m.s)
et Fe(154
à 251 mgkg
-1
m.s).
La
qualité
visuelle duliège
estimée sur bouchons est mise en relation avec les teneurs enP, K, Ca,
Mg,
N,
Mn, Cu,
Zn et Fe contenues dans les feuilles(tableau V).
Un seul coefficient de corrélation est
significatif,
(r
= -0,37),
entre laqualité
duliège
estimée àpartir
desbouchons et la teneur en fer des feuilles de la forêt A.
L’indice de
qualité
duliège
diminuequand
augmente
la teneur en fer des feuilles.Seulement,
ce critère n’a pasété validé pour les autres forêts où les coefficients de
corrélation sont non
significatifs
et où la tendance estquelquefois
inverse(r
positif).
L’influence de la teneur en fer des feuilles sur laqualité
duliège
n’est pas propre au matériauliège
mais estdépendante
du site soit en rai-son des facteurs du milieu soit des facteursgénétiques.
Cette mesurechimique
ne peut donc pas être retenuecomme critère de
qualité
duliège.
On remarque aussi une faible liaison entre teneur en N
des feuilles et
qualité
duliège.
Les coefficients ne sontpas
significatifs
mais ils vont tous dans le même sens : effetpositif
surtout pour les forêts B et C(r
=0,28
/0,26).
Cela nereprésente qu’une
tendancequi
ne peutêtre
prise
pour l’évaluation de laqualité
duliège.
D’autre part, les résultats n’ont pas
permis
d’établir de relationsignificative
entre laqualité
visuelle duliège
et les autres éléments minérauxanalysés
dans les feuilles.D’après
cetteétude,
laqualité
visuelle duliège
sembleindépendante
de lacomposition
minérale des feuilles deschênes-lièges
et de la nutrition minérale de l’arbre.4. Discussion
D’après
lesrésultats,
lacomposition
minérale duliège
est peu corrélée à la teneur en éléments minéraux des feuilles. Pour l’ensemble desforêts,
seules les liaisons entre teneurs des feuilles et teneurs duliège
en N ainsimanque de corrélation peut
s’expliquer
par le fait que la teneur des feuilles estreprésentative
de la nutrition miné-ralecorrespondant
à l’année deprélèvement
tandis que lacomposition
minérale duliège
concerne les dix àdouze années
précédantes.
Ainsi,
la teneur en K desfeuilles n’est pas liée à la
qualité
visuelle duliège malgré
la liaison teneur en K du
liège
etqualité.
D’ailleurs,
iln’y
a pas de liaison entre teneur en K des feuilles et teneur en K duliège.
Cette étude montre que K est le seul élément dont la
teneur semble avoir une liaison
significative
avec la qua-lité duliège quelle
que soit la forêt étudiée. Onpeut
alors se demander dequelle façon
la teneur en K duliège
est liée à laqualité
visuelle de celui-ci. K est connu pourêtre le « maître - cation » de la
plante,
il est un activateurgénéral
du métabolisme. Il se trouve engrande
quantité
dans les organesqui
en ontbesoin,
là où l’activitéphy-siologique
est très intense et où lesprotéines
cellulaires sont en construction. Iljoue
un rôlepositif
dans les divi-sionscellulaires,
d’où sonimportance
dans lesphéno-mènes de croissance
[8]. D’ailleurs,
des étudesprécé-dentes ont montré que les fortes teneurs en K favorisent l’accroissement en
épaisseur
duliège
[11, 13].
Deplus,
même si la nutrition minérale en K ne semble pas influencer directement la
qualité
visuelle,
elle peut déter-miner indirectement laporosité
(donc
laqualité)
à tra-vers son influence sur la croissance. Il se peut aussi queK améliore la
qualité
duliège
en favorisant lefonction-nement du
phellogène.
K aégalement
un rôlespécifique
dans l’économie de l’eau. K
participe
àl’augmentation
de lapression osmotique
et au contrôle des stomates. Enactivant leur
fermeture,
il limite latranspiration
dès que celle-ci tend às’exagérer ;
à
l’inverse,
en activant l’ouverture il favorise laphotosynthèse lorsque
le déficit d’eau n’est pas limitant[7].
En outre, il favorisel’absorption
d’eau par les racines[8].
Kpourrait
doncaméliorer la
qualité
duliège
par son influence sur l’ali-mentation en eau de l’arbre. Parailleurs,
ladisponibilité
de K du soldépend
de la teneur en eau du sol etl’absorption
de K est favorisée par une meilleure alimen-tationhydrique
duvégétal
[7]. Ainsi,
de fortes teneurs enK seraient synonymes de bonne alimentation
hydrique
etde bonne
qualité
deliège.
Al’inverse,
de faibles teneursen K seraient liées à une faible alimentation
hydrique
età une moins bonne
qualité
deliège.
Il serait
également
intéressant de déterminer les para-mètresqui
influencent la teneur en K dans leliège
et ainsi de connaître les facteursqui pourraient
améliorer laqualité
duliège.
Ces facteursqui
contribuent à uneteneur idéale en K dans le
liège
seront néanmoins diffi-ciles à définir.L’hypothèse
de contrôler la teneur en Kdans le
liège
par unapport
en K au sol n’est pas évidente car il a été montré que la teneur en K duliège
n’est passystématiquement
liée à la teneur en K du sol. D’autrepart, les conditions
abiotiques
locales peuvent varier d’arbre en arbre et influencer la nutrition de l’arbre et la croissance duliège.
Deplus,
la variabilité de la teneur enK du
liège
vient sansdoute,
pour une part, de la forte variabilitégénétique
des arbres à l’intérieur d’une faiblepopulation
[6].
Eneffet,
lescaractéristiques
dereproduc-tion sexuée du
chêne-liège,
lesphénomènes
d’hybrida-tion
interspécifique
etd’allogamie
ontpermis
l’existence et le maintien d’unegrande
diversitégénétique
à l’inté-rieur despopulations
[3].
Cette haute diversitégénétique
est conforme à la haute variabilité de laqualité
et de laproduction
deliège
par leschênes-lièges.
Laqualité
duliège
tiendrait, donc,
pour une part, au caractère indivi-duel de l’arbrequi
leporte.
5. Conclusion
L’étude a été menée sur quatre forêts
d’Espagne
et deFrance,
danslesquelles
desprélèvements
de feuilles et deliège
ont été fait en vued’analyses
minérales. Laqua-lité visuelle du
liège
a été estimée par des experts de l’industrie duliège.
L’analyse
des corrélations entrequalité
visuelle duliège
et teneurs en éléments minéraux des feuilles n’a montré aucune liaisonsimple.
D’après
les résultats de cetteétude,
laqualité
visuelle duliège
n’est pas directe-ment liée à la nutrition minérale de l’arbre. Cela peutd’une année avec la
composition
minérale duliège
cor-respondant
à une dizaine d’années.L’étude des corrélations entre la
qualité
duliège
esti-mée sur bouchons et les teneurs en éléments minéraux
du
liège
deschênes-lièges
échantillonnés montre la rela-tion entrequalité
et teneur en K pour l’ensemble desforêts : la
qualité
duliège
augmenterait
avec la teneur enK contenu dans le
liège.
Du fait
de
l’interaction entre alimentationhydrique
del’arbre et sa nutrition en
K,
la teneur en K duliège
pour-rait être influencée par ladisponibilité
de l’eau dans le sol et par latranspiration
de l’arbre. Ilparaîtrait
donc maintenant nécessaire de mieuxpréciser
les relations entre l’alimentationhydrique
et laqualité
duliège.
Ceci nécessiterait de mieux caractériser l’influence des fac-teurs de l’environnement des arbres afin de lesdistinguer
des éventuels facteurs
génétiques.
Remerciements : Ce travail a été réalisé dans le cadre d’une convention Cifre avec la collaboration des
Établis-sementsSabaté,
Bouchons àchampagne
et à vinsfins,
66403Céret,
France. Les auteurs remercient G. Bertoni pour les conseils donnés lors de la relecture de cet article.Références
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