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Education et formation dans le developpement rural

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(1)

~' I IJ E U0 P Y

NO TO BE TAKEN OUT E/Cli•14/SHCD/35 14 octobre 1969 F1W!CAIS

Jriginal: MfGh~IS

COMMISSION ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE Conference regiunale sur une politi~ue

harmonisee de developpement rural en Afri~ue

Moshi (Tanzanie), 13 -

24

octobre 1969

£DUCAT'ION ET FORMATION DANS LE DEVELOPPEMEH'T' RURAL (par Patrick van Rensburg)

(2)

ne pouvons pas des maintenant Ce ne sera possible que lorsque l'on dispoeera de ressourcea a L'education et la formation orientees vera le developpement rural dans un pays A predominance rurale doivent probablement prendre la forme d'une education et d'une formation de masse aveo, au premier plan, des objectifs

professionnels. Le systeme national d'education comprendra sans doute le prepara- tion d'un oertain nombre de personnes par une formation plus longue et plus in- tensive a une activite dans Ie secteur moderne ou

a

des professions telles que medecins et ingenieurs. A cet egard, il nous suffit de cerner, pour Ie discuter plus tard, le tres grave probleme que constitue l'existence et la portee des pri- vileges associes au niveau de vie des gens ayant beneficie d'une formation poussee.

La question de savoir dans quelle mesure les pays en voie de developpement ont la possibilite de fournir une education morale, culturelle, spirituelle et arti- stique - qui si elle doit ~tre efficace sera probablement onereuse, et s'il faut offrir cette education

a

une petite minorite lorsqu'on ne peut pas l'offrir

a

tous ce sont la encore d'autres problemes, essentiellement poLit i.que s , /!Iais nous devons etre conscients de ce qu'il impliquent, et j'y reviendrai au cours de la presente etude.

Je voudrais exposer mon opinion personnelle sur ce que l'education devrait

~tre en principe, de crainte qu'on ne m'accuse d'avoir une attitude purement uti- litaire

a

cet egard. L'education devrait avoir pour objet, dans llideal, le plein developpement de la personnalite, des aptitudes et de l'intellect de chaque indi- vidu en tant que membre de la societe, et elle devrait vermettre

a

chacun de

subvenir a ses besoins essentiels. Elle devrait creer un homme entierement con- scient, compte tenu du fait que l'homme est un ~tre politique, economique, social et culturel, et elle doit lui donner la capacite et la senaibilite necessaires pour 'contr8ler son milieu sans le detruire. Il existe une accumulation de sagesse, de valeurs, de connaissanoes et de moyens d'expression artistique qui embrasse toute l'experience humaine et que chaque generation et chaque societe desire transmettre, m~me si une selection et des deviations sont inevitables.

Toutefois,dans les paye les plus pauvres, nous realiser cet ideal dans l'education de chacun.

l'economie sera suffisamment developpee et que cet effet.

(3)

li:/CN.14/SWCD

/ 35

Page 2

La moyen Ie ~lus rapide pour aboutir ~ ce buo est de develo~per l'economie . aussi vite que possible de fa<;on que des oredits toujours ,:>lus eleves puissent ~tre

utilises, ~ chaque stade de la croissance, ~our Ce 'lui - du ~oint de VUe economi- que - sera determine comme etant .une strategie opt ama Le en matiere d'education - une strategie 'lui doit nettement donner la primauts aux objectifs utilitaires et professionnels de l'education.

La strategie optimale en matiere d'education sera naturellement determinee dans Ie cadre du plan economique 'le meilleur possible, 'lui sera etabli en fonction de la structure existante de l'economie. Frederick Harbison a idGntifie trois grandes categories dans la population active de la plupart des ~ay~ africains.

Seulement 5

a

10 pour 100 de la population active est employee dans le secteur moderne qui comprend les mines, l'industrie et l'agriculture

a

grande echelle,

les transports et l'administration (en fait, la proportion des ",ersonnes employees dans le secteur moderne ne depasse 15 ~our 100 que dans un petit nombre d'autres pays en voie de developpement). La proportion la ,:>lus importante, selon Harbison, c'est ~ dire de 50

a

70 pour 100, se trouve dans le secteur de tres basse product i- vi te ou le secteur de subsistance 'lui "englobe une grande variete dIactivi tes eco- nomiques allant de l'agriculture de subsistance dans les zones rurales au menu commerce, commerce de maz-chand.s ambulants, co Lpor-t.age , services ;ersonnels, vols et dslits mineurs dans les bidonvilles.

"Enfin de 30

a

40 rour 100 de la population active arrive

a

S'agner un peu mieux sa vie dans un secteur "intermediaire". Dans les zones urbccines ce seoteur oom)rend le petit commerce de detail, l'artisanat local, les metiers artisanaux les petites entreprises manufacturieresdu type familial, les petites operations de transport et les entre)rises menageres. Dans les zones rurales il englobe des activites similaires, de meme que les ouvriers agricoles travaill~Dt

a

plein temps

ou

a

temps partiel ~ des cultures commeroiales ". Harbison e sc i.me '.Lue ce "secteur est un element d ynarm que dans la plupart des ,Jays en voie de deve Loppemerrt , II fabrique des produits, les vend at fournit des services

a

la grande partie de la population. ':a.is les salaires et La productivite sont z-e Lati.vement f2ibles."

Le secteur moderne, indique Harbison, se developperarement ~ un taux qui depasse 5 pour 100 par an, ce qui signifie que si 10 pour 100 seulement de la population active est employee dans le secteur moderne, les poasibilites d'emploi

a

l'interieur de ce secteur n'absorberont chaque annee que 0,5 jour 100 de la popu- lation du pays. Des salaires et des niveaux de conaommation relativement sleves sont

(4)

, ",/CJ, 14/S',CD/35

"ace 3

des ,traits caracteristiques du secteur moderne. On ~eut certaineme~t se demander si la production totale du sectsur moderne dans la plupart des pa~s en voie de deve- loppement ne fait &u~re plus que maintenir son pro~re niveau de vie out en s'etendant lentement, bn face des nouvelles ~ossibilitesd'emploi qu'il cffre actuellement it 0,5 pour IOu de la )o)ulation active d'un paJs en voie de develoJpecent, on trouve une croissance annuelle de 2,5 pour 100 de cette population active. Le secteur moderne contribuera

a

un developpement qui profite it taus les secteurs de la popu- lation dans la me sure au il abaissera son niveau de vie jusqu'au point que l'economie du pa~s dans son ensemble jeut soutenir. Les ~rivil~ges dont beneficie le secteur moderne ont un effet profond sur les aspirations de la population presque toute

enti~re. Le secteur moderne fait na1tre des ambitions que ses metLodes de developpe- ment, si forte que soit leur conscmmation de capitaux - et son niveau de vie, si eleve qu'il. soit, l'empechent de satisfaire dans La ",rande m1l.jo>rite de la popula- tion. ~mis une fois que les aspirations ont ete eveillees puis frusirees, ce n'eat qu'avec un mecontentement considerable que l'onretourne

a

la terre,

Les problemes ne viennent pas seulement des privileges dont jouissent ceux qui vivent dans Ie secteur moderne. L'economie monetaire de marche est presque entiere- ment axee sur Ie fonctionnement du secteur moderne at bien qu'elle De tienne pas suffisamment compte dela nature et du fonctionnement de l'economie traditicnnel1e e1le a parfois une forte influence sur cetta derni~re - influence qui •.aut en fait etre negative. Les )roduits de meilleure ~ualite,du secteur moderne ;euvent forcar Ie petit producteur local qui fournit des marchand~ses comparables mais moins bien finies A arr3ter sa )"oduction. Dans les cas o~ la population vient A dependre

de l'argent comme moyen d'echange, la production tend it s'arr~ter lorsque l'argent se fait rare, parce que lesechanges deviennent de plus en difficiles. L'argent peut aussi devenir Ie moy~n d'organisation Ie plus simple, et dans les cas ou i1 ~ a penurie d ' entrepreneurs possedant des fonds, il J'aura chllmage,

De

me "our les per- sonnes qualifiees. Cette tendance s'accentuera avec la disparltion ~rogressive des autorites traditionnelles qUi avaient la pOBsibilite d'organiser la ;roduction sans argent. L'economie traditionnelle et rurale en vient

a

deJendre du secteur moderne aveo son ecqnomie mo~etaire de marche, at de ses exportationsi at 1& production autre que la production alimentaire se limitera

a

co ~ue le secteur mode~ne aohe,ora et

a

oe qui pourra etre exporte.

(5)

II semble que Ie ~rogramme de developpement economique Ie plu efficace et Le plus ralJide doive simplement pourvoir

a

La mobi Li.sa t Lon des maas ea rUl'ale>s - .en utilisant Ie minimum de capitaux etrangers - afin de produire toujours plus d'exce- dents. Ces exced.en t s devraient se repartir entre investisscmen'cs clans l'agricul-

,

ture et dans Ie developpement industriel, selon des fro~ortions I'csultant de l'appreciation des sources les plus susceptibles de fournir des dividendes im- portants, ceux-ci etant constamment reinvestis sur la m~me base. l'emploi de la population est en soi un but valable et une raison de plus demobiliser sur Ie plan rural; Ie secteur agriccle est oelui qui offre Ie plus de )oSsibilites d'emploi, non seulement

a

la masse de la population mais aussi

a

la plupart de oeux qui ant regu quelque education. C'est egalement l'une des raressources originales de capitaux dans un paJs pauvre et c'est la source qui fournit les aliments.

Amon sens, Ie )rinci~al vehicule de la mobilisation rurale doit etre une production intensifiee et diversifiee dans les Villages et les colonies agriooles.

Les propositions que je vais faire reposent sur l'experience que j'ai acquise avec un ~etit groupe de production cooperative qui a recemment commence

a

fonctionner

a

la suite d'entretiens que j'ai eu avec un certain rtombre de villageois de Serowe.

Dans les villages et les colonies, il f~ut que les gens s'interessent

a

la pro- duction organisee et plus intensive d'une grande variete d'aliments et de boiasons,

a

la construction de logements,

a

la production de meubles et de )roduits necessairea pour la maison comme combustibles (bois et charbon de bois), savon, boubies, cou- vertures et herces medicinales habits et chausBures,produits tels que biare, tabac

(a

fumer et

a

priser) dans la mesure ou cela peut se faire avec des materiaux locaux (ou cultives localement), avec les connaissances ~rofessionnelleset les Lns t r'umerrte les ~.lus simi?les, enfin avec Ls minimum d'investissermnts en especes.

II faudrait organiseI' Ie travail sur une base cooperative et la part des benefices 'revenant

a

cha~ue membra devrait ~tre enti~rementdeterminee Jar Ie travail qu'il

fourni t. Le but _,rincipal est de Creer

a

l'intention des villageois une plus grande variete'de biens et

de

services, et m~me si les transactions au comptant sent

admises, la production ne deit pas se limiter seulement ~ oe qui Jout se vendre au comptant , Je n' en decoute nullement que I'on ne devrai t )as .)~-Dduire en vue de transactions au comptant - il en faudra certes puisque Ie village aura besoin de chases qu'il ne )eut produire lui-meme. Une collectivite yeut avoir taus les

mo~ens necessaires pour produire legumes, oeufs et viande, en plu8 gTandes quantites, mais si elle doit se limiter

a

des transactions au comptant, Ie penu~ie d'argent

(6)

40.;.14/SlfCD!35

Page

5

en es,)llces mettra un plafond a sa production. La produotion individuelle ne se

prete pas

a

une diversifioation dans Le sens indique aussi facilei,lent que 1a pz-o duc tdc

de type cooperatif, en raison de la penurie d'argent dans la plupart des zones rurales. La cuisson de la chaux et la fabrication des briques sont des exemples de production necessitant les connaissances techniques et les outils les plus simples

,

et lorsque les res sources locales donnent la possibilite de faire les. deux ensembles, un melange de chaux eteinte et de poussiere de brique perrnet de produire du ciment pouzzolani~ue. La filature, Ie tissage et Ie ~ricotage

sont facile

a

apprendre et requierent que des instruments tres sim;les. Le metier de magon est oourant et peut s'apprendre rapidement si l'on s'entient

a

des normes simples. Un jardin oommunal pour les legumes, Ie tabac et les matieres premieres pour la biere, un verger et une plantation d'arbres communaux, des champs communaux de eoton, de tournesol pour l'huile; de petite trou}eaux de chevres pores, moutons, volail~es, animaux de trait appartenant

a

la collectivite, une zone de p~turage commune pour tous ces animaux - tout cela est

a

la portee des villageois. Des teeluliques d'horticulture intensive et d'irri~ationrendent ces pro jets realisables dans toutes les regions qui ne sont pas les clUB arides.

L'extraction de l'huile et l'egrenage du coton demandent des procedes et des outiles que les villageois peuvent rapidement acquerir. La fabrication de toits en materiaux locaux, de simples travaux de charpenterie, la fabri~,tion de bougies et de savon, la vannerie et la poterie, la fabrication de la biere, la traitement du tabac, sont

a

la protee des villageois (s'ils ne ~ont pas deja couramment

pratiques). De nouvelles reoettes peuvent stimuler la Jroduoticn d'une plus grande variete d'aliments en creant des goats nouveaux et seront certainement faoilement assimilees par les femoes.

Une fois que les villageois pratiquant la produotion coope ratfve auront oonstate que leur niveau de vie s'est eleve gr~ce

a

ce type de cooyeration qui

utilise les ressources looales en n'exigeant presque pas de debours en espeoes, ils ocopereront plus aisement aux projets collectifs qui demandent une main-d'oeuvre plus importante tels que la construction de barrages, de reservoirs de reception, de bafire, de routes, les mesures de conservation des sols et la construction de terrasses, la oonstruction d'ateliers collectifs, de fours ~ cbaUJ[ et forneaux.

La production individuelle fovorisera moins lapartioipation a de Grands projets Clue La ;)roduction .coope rat Lve , Je crois qu'il convient. de souli(;'l1er egalement que l'effort individual est simplement incapable de faire sortir les populations

(7)

rurales de leur pauvrete.

II est possible Que les elements traditionnels ou ccnservateurs, les proprie- taires, les actionnaires et d'autres elements les plus riches de la )cpulation rurale s'opposent et resistent aux mesures prises en faveur de la oise en commun des jardins et des champs, des troupeaux et des divers moyens de production. II faut commencer avec ceux, si rares soient-ils, Qui sont disposes

a

mettre en commun partiellement - sinon totalement - leur travail, leurs champs et leurs troupeaux;

leur reussite encouragera les autres

a

se joindre a eux.

En participant d la production, en particulier la o~ l'on utilise des proce- des tels que la cuisson de la chaux et la fonderie du fer, les villageois se ren- dront compte Que la production ne depend pas de procedes magiQues Jro:-res a l'homme blanc. lIs acquerront une mentalite nouvelle a l'egard des procedes scientifiques, m§me s'ils ne saisissent pas la nature de ces procedes. Une fois qu'ils prennent part a la production et Qu'ils ont vraiment un interet a la vie eccnomiQue de la nation, leur partici~)ationa La vie politique du pa ys sera .f!lus vi[;ou:reuse et plus reelle. lIs seront aussi plus receptifs aux campagnes contre l'analrhabetisme, aux campagnes de prevention des maladies et aut res services de'vulgarisation. Cette maniere d'aborder Ie developpement rural doit, pour reussir, reposer sur une methode integree. Les services de vulgarisation doivent §tre ooord..nnes et integres; Ie gouvernement central et les administrations locales doivent avcir )olitique bien definie Quant aux services et a l'infrastruoture, aux communic~tionset ~ l'appro- visionnement en enargie et en eau. La gouvernement central doit avoir egalement une politique claire Quant a l'ecart entre les conditions de vie du secteur tradi- tionnel et celles du secteur moderne.

Quelles sont, sur Ie plan de l'education, les effets de la strategie de la pla- nification economique Que je viens de suggerer comme souhaitable? L'education doit avant tout etre en me sure de servir la politiQue de mobilisation rurale. En fait, l'education devrait etre principalement orientee vers ce but. Si l'on admet que la p1upart de ceux qui sortent de 1 '8c01e primaire ne trouveront d'emp10is que dans l'agriculture ou les industries villageoises des zones rur~les, on comprend la

necessite de changer l,'orientation, l'organisation et la teneur de l'enseignement primai tout en tenant compte ,du fait que l'effi~a~ite des reformes doit dapendre d'une amelio- ration de l'enseignement au niveau primaire dans son ensemble. L'enseignement pri- maire est encore presQue entierement considere comme une preparation a l'ecole secondaire, 00 la gr~nd majorite des enfants n'iront jamais. o~ l'onseignement primaire doit preparer les enfants a la vie que la grande majorite d'entre eux

(8)

;,;fClT .14/S;;CD/35 .Page 7

devront mener dans les zone s rurales. Je partage entieremen t l ' avis clue La

President Nyerere a exprime dans son livre "Edu,cation. for Self Reli1'~" concern- ant les changements dans l'orientation, l'organisation et la teneur de l'enseigne- ment primaire, mais je voudrais presenter quelques suggestions qui completent ou modifient legerement ses idees, d la suite de l'experience que j'~i acquise au COurs des cinq dernieres annees dans Ie cadre d'un systeme de formation en cours d'emploi, du type apprentissage, pour jeunes ayant termine l'ecole )rimaire, qui a ete largement finance par la production des stagiaires.

s·'

il existe un ,jroblemepostscolaire, c' est justement parce qu ' il manque des capitaux pour Ie resoudre. II n'y a pas assez de credits pour fournir d tous une education secondaire ni pour donner

a

tous un emploi remunere. C'est en tenant compte de cefait qu'au debut de

1965

j'ai lance, presque sans debourser de capi- taux, un programme de formation en cours d'emploi dans Ie domaine de la construction.

Bpuis quatre ans et demi, les depenses renouvelables de ce programme, dont les cours durent trois ans, sont entierement couvertes par Ie travail productif des stagiaires. Les travaux etaient principalement destines

a

des autorites publiques ou semi-publiques, il s'agissait d'eglises, de coope~atives, de b~timents pour l'administration locale et ecoles, qui ont beneficia de prix reduits scns baisse sensible des normes de construction. Au cours des deux dernieres annees, 32 des 48 stagiaires qui se sont presentes d des examens professionnels d8 l'Ltat ont obtenu Ie certificat. Ce progTamme que j'ai appele la "brigade de construction"

s'est etendu maintenant au metier de charpentier et

a

l'agriculture (la Brigade agricole); en plus, un atelier de textiles fonctionnant selon le m~me systeme

permet, en un cours de deux ans, d'enseigner la filature et Ie tissa~e, l'impression des .tissus et la confection des v~tements. On est· en train de mettre sur pied une Brigade me cani que et la creation d'une Brigade des tanneurs est envi aagee ,

Tous les stagiaires des diverses brigades re90ivent chaque semaine cinq heures d'instruction theorique en salle de classe et cinq heures cinquante minutes d'en- seignement classi~ue dispense par les professeurs de Swaneng Hill School - en anglais, mathematiques, sciences et etudes du developpement - tous les coursetant orientes selon la profession. Outre l'instruction pratique et theorique et de l'enseignement classique, taus les stagiaires re90ivent trois rejas par jour, des vtements de travail, des outils et des primes etablies en fonction de leur productiviteo

(9)

Je crois que nous avons acquis assez d'experience avec ces BriGades pour

dire que ce syst~me d'education et de formation est susceptible de devenir la forme principale d'education postprimaire. J'ai dejA mentionne que la Brigade de cons- 'truction avait tres bien reussi A se financer elle-meme au cours des quatre ans

et demide son existence et que Ie capital necessaire pour son decarrage avait ete extrgment reduit. II faut reconnattre que la Swaneng Hill School a parfois fourni du travail A la Brigade et l'a aidee A resoudre des probl~mes de gestion, mais cela ne porte pas atteinte au principe de la formation en cours d'emploi dont les depenses sont couvertes par 1e travail productif fourni A des prix inferieursA ceux du marche.

En attendant que l'on reconnaisse aux brigades leur juste place dans le syst~me

d' education et que l'.8ta t les appuie pleinement, il faut que les Lnst.itu tions bene?,oles accordent leur conc~urs simplement pour demontrer que Ie systeme est viable. L'at- lier de textiles pourvoi t

a

une forte proi'ortion de, ses depenses A l' exclusion t9utefois des salaires des volontaires etrangers; les depenses de capital d'equipe- ment sont de 125 R par stagiaire. La Brigade de construction peut devenir la prin- cipale source de constructeurs qualifies du pays, A condition qu'on ne laisse pas aux eXf·erts etrangers du secteur moderne Ie 'loisir d' imposer des norne s peu rea- listes pour le paJ~' Toutefois, on ne peut multiplier sans limites des activites telles que celles de l'atelier de textiles et de la Brigade de construction et l'offre doit correspondre

a

la demande d'ouvriers de cette categorie dans Ie cadre de l'economie planifiee. 11 convient d'examiner avec so in chaque metier pour voir s'il permet un sJ~t~me de formation professionnelle du type de la Brigade, lorsque les ressourcesappropriees existent dans la localite. Mais aucune brigade profe- ssionnelle ne saurait se multiplier indefiniment. C'est dans l'agriculture que les possibilites sont de loin les plus grandes pour la main-d'oeuvre qualifiee. La Brigade agrioole de Serowe n'a couvert qu'une faible proportion de ses depenses.

A la fin de 1969, l'investissement par stagiaire aura atteint 1.000 R.; toutefois d'ici la nous devrions ~tre en mesure de prendre en charge presque toute les depenses locales, mais les salaires des etrangers, qui sont neceesaires dans la phase ini- tiale - peseront lourdement sur le budget des Brigades.

Un programme de formation exigeant un fort apport de capitaux ne permettra sans doute pas de repondre, sur une grande echelle, au problemes postscolaires de l'Afrique au mgme titre qu'un programme ne necessitant qu'un faible investissement de capi taux. A cet ~gard, je dois admettre que La Brigade de Seroue n ' a pas ete une reussite, elle a co~te beau coup trop cher. Toutefois, quelques explications

(10)

E/Cli.14/SwCD/35 Page 9

pexmettront de mieux comprendre la situation. Nous avons voulu couvrir d~s le debut les frais de roulement locaux ~ui etaient tres eleves; l'activite ~ui con- venait Ie mieux, nous a-t-il semble alors, vu l'aridite du climat, etait l'elevage lai tier. Nous savi.ons que nous devrions a ttendre deux it trois ans ~)our pouvoir tirer un revenu de l'elevage. Nous savions dej~ ~ue nous de~rions engraisser du betail non adulte, mais des le moment ou la Brigade a commence ~ fonctionner nous avons souffert de la secheresse at la Brigade a commence ~. manger Ie ca~ital qui aurait da ~tre utilise pour l'achat de bouvillons ~ engraisser. Au debut, nos

instructeurs et directeurs etaient tous des strangers extra-africains n'aJant pas eu auparavant l'experience des conditions tres speciales qui etaient les n~tres, mais apres avoir surmonte nos difficultes techniques - notamment avec l'aide de 1,1. Vernon Gibbard qui, s'etaient specialise dans la recherche des conditions ou nous nous trouvions(en travaillant pour une autre institution) - et apres avoir adopte une utilisation intensive de l'eau et des methodes de repartition des crues, nous avons dn faire bient~t face au facteur du maz-ohe , Nous '?ouviol1s produire du lait, des oeufs et des legumes en grandes ~uantites, mais nous ne ~ouvions pas les vendre tous, car s'ils auraient ete utiles A beau coup des villageois ces derniers n'avaient pas l'argent pour les acheter.

Dans les conditions propres au Botswana, nous voyons une solution ideale pour un gouvernement ~ui favoriserait cette politi~ue en influant

a

la fois sur les prc- blemes du marche et sur les problemes de capitaux, alors ~u'une solution de ce genre n'est pas applicable au niveau d'une institution privee. J'ai mis au point des estimations pour une Brigade agricole modele ada.p't ee au climat. Selon cemodele, c'est Ie betail ~ui est la principale source de revenus en especes;· c'est la seule politi~ue realiste rationnelle si la bri~de doit fonctionner dans le cadre de l'economie monetaire et en dependre entierement. Les depenses d'e~uipement

par stagiaire seraient de 650 R; les depenses renouvelables sont elevees - 110 R par stagiaire par an. Mais cette somme englebe l a ,110urriture sept jours par semaine, la formation prati~ue, les primes en especes, l'enseignement classiquo et theeo-

ri~ue. Elle couvre egalement l'amortiesement, l'accumulation de ca~ital (pour aider les stagiaires A s'installer et favoriser l'expansion) et une partie des depenses afferentes A un etranger modereffient paye. II convient de souligner ~ue les trois

cinquiem~desdepenses de capital representent Ie prix des bovins locaux et d'autre petit detail. Le dernier ?lan de developpement national nous apprend qu'en 1967, il J avait au Bo t svana 1,1 million de bovina" 647.000 caprins et 212.000 ovina,

(11)

11 Buffirait de 12,5 pour 100 du cheptel naticnal pour etablir un ;!rogramme agri- cole qui, combine avec les diverses autres brigades, permettrait de resoudra le probleme postscolaire au Botswana. On estime que 20 pour 100 environ de la popu- lation possede 60 pour 100 du cheptel national, oe qui montre que dans oe pa~~

du moins, les privileges ne sont pas limites au secteur moderne mais s'etendent au eeoteur traditionnel, bien que la ooutume impose aux riches des obligations qui ont un certain affet ,compensateur. Neanmoins, la redistributiQD de la richesse est acceptee presque partout comme l'uD des buts ,de la politi que fiscale, et au Botswana elle pourrait certainement accomplir beaucoup. ioutes ces considerations mettent en evidence Ie role preponderant du facteur du marche, et c'est un faoteur qu'une institution benevole ne peut surmonter. En etablissant une brigade pilote, nous avons dC chercher des moyens d'engendrer de 1 'argent, et cas moyens exigaaient des fonds considerationsl nous n'avions ~as la possibilite de recourir ~ cet

effet

a

une politique fiscale et

a

des impats. Noue aurions pu reQuire les in- vestiesements (mais certainement pas les eliminer) ai nous n'avions pas commence par une laiterie; or, il s'agissait d'une activite utilisant beaucoup de main- d'oeuvre, fournissant un bon prcgramme de formation en matiere d'elevage et rapportant immediatement un revenu. Le cheptel nous reste, il continue

a

se multiplier, si bien qu'en realite nos investissement ne sont pas perdus.

Le facteur du marche peut etre ameliore dans une certaine mesure si, par exemple, on peut donner aux stagiaires des choses ~our lesquelles ils devraient depenser leur argent ou pour lesquelles il faudrait depenser de l'argent pour eux si on disposait de cet argent. II devrait etre )ossible de mettre au point un programme de formation integre ou les brigades des divers metiers pourvoiraient mutuellement ~ certains de leurs besoins, aveo la Brigade agrioole fournissant la base economique du programme et la uourriture pour tous. La variete des brigades que l'on pourra etablir dane une region dependra de la variete des ressources de cette region.

Naturell~ment ~argent sera encore necessaire pour toutes sortes de choees que l'on ne peut produire sur place et il sera foumi par les exportations ou par les services et les ventes au secteur moderne., Mais si l'argent est de ,toute fa90n neoessaire, on pourra eviter en tous cas qu'il ne fixe le plafond de l'acti- vite et du developpement, en ce qui concerne la variete aussi bien que l'etendue.

(12)

E/CF.lL~/SWCD/35 Page 11

Je ne auis certainement pas en mesure de declarer categoriQuementque le systeme des brigades peut, partout, resoudre ce que l'on appe~le par euphemisme le "probleme postscolaire"; sn ,partie les facteurs determinants sont le nombre de jeunes qui qUittent l'ecole prima ire chaque annee et les ressources disponibles dans chaque pa~. Mais dans la plupart des pa~s il existe une certaine produotion organfsee de biens agriooles Qu'ilpeuvent exporter ou vendre dans le secteur moderne contre espaces -·ainsi le betail au Bctswana. 11 doit etre possible d'organiser un certain nombre de brigades pour la production de biens agricoles.

Une terre qui n'est pas absolument depcurvue de tout est capable de produire, Que ce soit sous forme de mineraux, de plantes ou d'animaux, des materieux pour la fabrication de vetements, de ehauesures et de meubles et pour la ~roduction d'une grande variate d'aliments et de boissons ainsi que d'articles personnels et de menage.

Dans l'avenir immediat, la Brigade agrioole de Serowe doit resoudre le pro- bleme de l'installation, ou de l'absorption dans l'economie, de ses premiers dip18mes. La Gouvernement du Botswana fait preuve de comprehension ~ l'egard de notre experienoe et appuie entierement la formation fournie drons le cadre de la Brigade, mais il n'a pas encore accepte l'ensemble de notre ;rogramme et de ses effets. Pour le moment, notre programme de developpement cooperatif n'est pas assez avance pour absorber les vingt stagiaires de la Brigade aBTioole qui ont opte pour une formule de oolonisation oommunale. Dans les conditions actuelles de l'eoonomie du Botswana, les stagiaires sont parfaitement oonscients du niveau des salaires dans Ie secteur moderne et on nous presse de recueillir des capitaux qui produiront des resultats comparables dans le cadre de colonies cooperatives.

Je suis certain que oes oolonies representent la meilleure solution pour les agri- oulteurs pauvres vivant dans les oonditions climatiques difficiles ?ropres au Botswana et qu'elles doivent jouer un rele important dans la politique de mobili- sation rurale. Dans le sJsteme actuel, la Brigade agrioole n'est CJ.u'une formule de consolation pour les gens dont l'ambition A l'origine se portait sur les ayantages supplementaires que leur aurait offert l'enseignement seoondaire. Et la oolonie agrioole qui aurait dU se trouver A l'avant-garde du developpement devient en fait le dernier recours de l'ambition frustree.

La colonie a6rioole dont nous propocons la creation sara ouverte aux membres de la familIa des stagiaires et meme A des agrioulteurs non formes, selon une formule d'a rentissage, pour eviter qu'elle ne devienne un nouveau centre de

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privil~ges. On peut naturellem£nt dire que Ie oapital depense ~our la Brigade agrioole et prevu pour l'installation de la colonie augmente Ie danger ~ ce~

eg"rd. Ce danger subsistera aussi longtemps Clue Les stagiaires de la Brigade agri- cole verront que des gens 'lui ant requ une instruction dans les etablissementS d'en- seignement se trouvent dans une situation bien meilleure qu'eux. C'est l~ un pro-

bl~me qui doit se traiter sur Ie plan de l'economie toute enti~re. Le niveau des salairasdans les mines d'Afrique du Sud determinera peut-etre pour un certain temps un minimum au-dessous duquel les gains de l'individu appartenent ~ une colo- nie ne devraient pas tomber, mais oette limite devrait'disparattre au fur et ~ me sure que les privil~ges seront reduits, parae que cette reduotion des privileges devrait creer une atmosphere d'engagement national.

Une fois que Ie developpement des villages cooperatifs sera devenu un element integrant de la politique nationale et beneficiera de toute l'attention qui lui est due, la plupart des stagiaires des brigades pourraient y trouver une plaoe. II ne fait pas de doute que ce serait dans l'interet national de coloniser de nouvelles terres et les stagiaires des brigades fourniraient exactement Ie materiel humain necessaire pour ces t~ohes.

En attendant que Ie developpementcooperatif ne devienne un element de la politique nationale, nous essayons de faire des plans de colonies diversifiees, sans sous-estimer les diffioultes qui nous attendent. Lee resultats obtenus dans d'autres parties du monde nous montrent Clue oette po Li t.Lque reussira s'il ya une determination nationale. Les depenses peuvent gtre fortement reduits si l'on peut pereuader les colons d'acoepter une partie de leurs gains en nature et non en

esp~ces. Les limites du marche imposent un plafond ~ la production de ~olaille, de pores, de produits laitiers, de chevres, de legumes (et d'autres cultures qui pou- rraient ~tre intensifiees grAce ~ I'irrigation. effectuee avec l' eau de. puits).

Toutefois, il faudrait augmenter dans les colonies la production des biens qui n'exige pas de grands investissement de capitaux. Les capitaux sont necessaires pour Ie betail qui seul rapporte avec certitude de l'argent en esp~ces, et cet argent est necessaire pour aoheter des chases provenant de l'exte:rieur. In ne peut aocro~tre la )roduction de oes biens qui ne rapportent pas d'argent ClU' eu les echangeant contre dee biene que les agriculteurs acheteraient s'ils avaient de l'argent •. C'est pour cette raison que je pref~re un programme de colonisation diversifie comprenant agriculture, construction, maqonnerie, cuisson de la ohaux,

(14)

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filage, tissage, confection de v~tements, enseignemens, soins des malades, ainsi que des metiers comme forgerons, mecaniciens, brasseurs, charpentiers, couvreurs en chaume, tanneurs, atc. de fa90n qu'il y ait un eohange interne vigoureux de biens et de services, au la demande pour une variete toujours plus grande de produits agricoles qui normalement ne se vendent pas facilement a l'interieur du Botswana permettre aux agriculteurs d'echanger leurs produits contre les connai- ssances professionnelles et les services disponibles dans le cadre de la colonie.

La colonie diversifiee pourrait avoir une cooperative centrale chargee de l'ex- portation non seulement des produits agricoles· bruts mais aussi de 9roduits trans- formees tels que tapis, ouvragss en cuir et huile ccmestible, ce qui ~ermettrait

a l'ensemble de la colonie de profiter de la valeur ajoutee aux produits gr~ce

aux techniques des metiers. Les biens et les services dont a besoin la colonie mais qu'elle ne peut produire elle-m~me, tels que combustibles et engrais, peuvent

~tre importes en echange de ses produits.

Il reste encore d'autres pr-obLeme s

a

resoudre avant que le s;ysteme des bri- gades puisse se repandre notamment le probleme du recrutement des instructeurs, dont Ie nombre n'au&mentera que gr~ce

a

un programme intensif de formation. Il faut aussi qu'il y ait des terras pour absorber les stagiaires des brigades agri- ccles et les autorites peuvent en distribuer en quantites suffisantes et elle doivent le faire.

J'ai mentionne plus haut que je voudrais completer les propositions du Pre- sident Nyerere concernant la reforme de l'enseignement primaire, compte tenu de l' experience que j' ai acquise avec les brigades. Le President Nyerere part de l'idee que la grande majorite des jeunes qui suivent l'ecole primaire n'iront pas a l'ecole secondaire. L'enseignement primaire sera toute l'instruction qu'ils auront re9ue. II faut donc que cet enseignement suffise en soi ales equiper pour la vie en milieu rural, oelui-ci offrant

a

la plupart d'entre eux les seules possi- bili tes de travail. ''Nous ne devons pas", ecri t Le l)resident de La 'lanzanie, "

determiner les choses qulil faut enseigner aux enfants a l'ecole primaire d'apres les· choae s qu 'un medecin, un ingenieur, un professeur, un economis·'e ou un admi- nistrateur dcivent savoir. La plupart de nos eUves lle sont pas destines aces professions. Nous devons penser

a

la majorite; c'est a elle que ncus devcns penser en determinant les programmes." Le President Nyerere pense que "chaque ecole doit avoir, comme partie integrante, une ferme au un atelier ••• Cela ne signifie pas qu'une ferme ou qu'un atelier sera attaohe a chaque ecole

a

des fins

(15)

de formation. Cela signifie que chaque ecole doit aussi ~tre une ferme, que chaque communaute scolaire doit etre composee de d'instituteurs aGriculteurs,

d'el~ves - agriculteurs ••• II faut surtout que les membres de l'ecole apprennent que c'est leur ferme et que leur standard de vie depend de cette ferme.

"••• Les travaux et les produits de la ferme doivent ~tre integres dans la

vi~de l'ecole, ainsi les proprietes des engrais peuvent etre eXyliquees dans la classe de science ••• les sJstemes de p~turages, la construction des terrasses et la conservation des sols presentes theoriquement en meme temps gu'on les utilise

••• l'ecole - ferme doit ~tre creee par la communaute scolaire qui defriche les terres qui lui ont ete attribueos ••• " Je suis d'accord avec tout cela; il ne fait pas de doute que l'agriculture et les sciences rurales sont un moyen et une discipline ausei efficaces pour inculquer la pensee rationnelle et pour aiguiser les facultes d'observation et de deduction que l'enseignement de l'histoire de la revolution fran~aise dans les ecoles primaire africaines.

Le President Nyerere fait egalement remarquer que l'~ge d'entree

a

l'ecole primaire a ete fixe dans l'interet de la petite minorite qui aura Ie privilege d'aller

a

l'ecole secondaire, alors que la grande majorite, qui ne poursuit pas ses etude, sera trop jeune pour faire quoi que ce eoit au moment 00 elle quitte l'ecole. II voudrait que l'~ge d'entree

a

l'ecole primaire soit fixe a dix ans.

Les modifications que je propose

a

la politique du fresident NJerere en ma- tiere d'education primaire ne sont nullement radicales et consistent a adapter cette politique aux pays 00 Ie s~steme des brigades pourrait etre Generalement applique - c'est-a-dire aux pays qui disposent des ressources (en ce qui concerne ausei bien les produits qui peuvent etre exportes ou vendue que ceux qui serviront

a

la production et aux echanges locaux) oorreepondant au nombre de jeunes quittant l'ecole primaire.

II ne faitae de doute que la formation des brigades serait des plus efficaces si elle etait precedee par sept ans d'acole primaire ou des cours sur l'agriculture, les sciences rurales, les sciencesnaturelles, les mathematiques et des elements d'instruction civique et d'etudes du developpement accompagneraient les activites pratiques predominantes. Ce sJst~me s'applique specialement

a

la formation dane les brigades agricoles. II est evident que 10 ans de formation et d'education de-

v~aient p~oduire des agriculteurs et des artisans mieux qualifies qu'un enseiguement . de sept ans, en particulier si la formation des brigades est d'un niveau eleve.

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Dans les cas oQ l'enseignement primaire peut etre suivi par la formation en t,rigad,e, je pense que l'1tge d'entree

a

l'ecole devrait etre fixe it hui t ans , et

(~'il est probablement trop t6t au oours des quatre premi~res annees pour entre- prendre une formation professionnelle, mais celle-ci pourrait ~tre intensifiee d'annee en annee. Certainement, au cours des premieres annees, m~me si l'ecole est organisee comme une ferme dans le genre de La brigade - il Y a lJeU de chances que les enfants soient en mesure de oouvrir les frais de leur education comme Ie fait la brigade.

Dans les paJ~ oQ les oonditions sont favorables

a

l'etablisGement de brigades sur une large echelle, le syst~me d,'eduoaticn et de formation des brigades peut remplacer le syst~me d'enseignement secondaire, et tous oeux qui veulent pour- suivre leurs etudes devraient auparavant travailler dans l'une des brigades.

En plus de l'activite des metiers dans les villages, le plan economique pourrait prevoir, dans une certaine mesure, l'industrialisation

&

Grande echella, une activite mini~re, et aussi l'agriculture

a

grande eohelle. On aura besoin de tres grands barrages, de centrales eleotriques, de routes nationales et de moyens de oommunication. On aura aussi besoin d,e medeoins, d,'ingenieurs, d'agronomes et de medecins veterinaires dont la formation est longue et intensive. 11 faudra egalement des specialistes de le vulgarisation at de la recherche au service du developpement rural. Certaines differences au detriment de Quelques individus en ce Qui concerne l'intensite et la duree de la formation aux divers metiers sont inevitables et devront etre tolerees. D'autre part, si les ~ersonnes les plus instruites, qui constitueront certainemant une petite minorite, beneficient de privileges economiquea comme c'est maintenant Ie cas, il y aura certainement une forte conourrence pour le nombre limite de places existant dans les divers eta- bliasements de formation. Les privil~ges - comme nous l'avons indique plus haut attirent oomme un aimant; en outre ceux qui ont da accepter une formation ~ des metiers moins bien payes sont mecontents. II en ainsi egalensnt csla s'avplique de l'ecart entre les conditions de vie urbaines et les conditions de vie rurales.

Avant de passer

a

l'analJse de l'ense~gnement secondaire tel qulil existe actuellement, et avant de parler des grande etablissement e'ensei;uement global qui viendraient apres la brigade, je voudrais dire quelques mots sur les aaj.eeta non professionnels de l'enseignement dans les brigades. Alors que ce syst~me

d'eduoation doit se suffire

a

lui-m~ma, il faudrait aussi qU'il )uisse servir de tremplin00Ur la phase sUivante. A ce niveau, 1 'education doit viser it encourager la ?ensee rationnelle, l'initiative, Ie serieux, la discipline individuelle et la

(17)

loyaute envers les objectifs la boute envers les autres.

acceptes en commun, l'integrite et Ie courage moral, Elle doit clairement informer les elaves sur la nature de leur sooiete et plus spaoialement sur son acanomie et Ie r~le qu'ils ont a y

jouer. Elle doit aussi leur donner un sentiment d'engagement vis-Avis des objeotifs nationaux. II faut ~tre tout a fai~ clair et preois sur ce que l'on a besoin de savoir pour 3tre en mesure de penser de fagon rationnelle. On peut aider les

jeunes A penser scientifiquement et

a

reflechir aux questions de production sans essajer d'en faire des savants; il n'est certainement pas necessaire de leur faire subir le ~rocessus laborieux des ~rogrammes ds sciences aboutissant

a

l'examen. L'agriculture et les sciences r'ur c Le s fournissent une aussi bonne discipline pour apprendre

a

penser de fagon rationnelle et formuler des jugements sains que la connaissance de l'histoire europeenne. Si l'on veut inculquer la boute, et aveo elle un esprit d'engagement et la tolerance, on peut aussi bien la faire

a

l'aide d'une histoira simple et bien ecrite, placee dans un cadre local,

qua "ar I'interpretation professorale du diffioile language deShakeSlJeare. II devrai t aussi y avoir' du' temps pour- la musique et >our des discussions sur les sujets les plus varies. Dans mes eorites preo6dents, j'ai peut-@tre eu tendance

a

sous-estimer tout ce que l'on peut apprendre gr~ce A un travail )ratique et pro- ductif, A l'activite cooperative, aux disoussions et au fait d'~tre responBable de ses propres affaires.

L'objet principal de l'education secondaire aotuelle, qui est directement inspiree de la "Grammar Sohool" britannique ou du L~cee frangais, est de preparer les jeunes A la vie dans le seoteur moderne. Du point de vue oulturel, oette education les isole du reste de la population et j'essa~erai par la suite de defi- nir cet stat de choses et d'en examiner les consequences. Blle les el~ve egalement dans une class economiquement privilegiee. Vu son prix, cette education ne peut 3tra dispensee,dans un paJs pauvre, qu'a une )etite minorite, mais comme aux eleves qui obtiennent ses dip18mes, elle permet d'acceder aux salaires sBduis~nts du secteur moderne, il existe une tree forte pression du public pour la creation d'un nombre

toujours plus grand d'eooles seoondaires.

Harbison ecri t que "le secteur moderne n 'a qu 'une oapaci te tres limi tee d'absorber les universitaires ainsi que les dip18mes des ecoles seco;Jdaires et prinaires. M@me dans les pays afrioains, les universitaires ont souvent de la peine A trouver des postes convenables (et ceci dans la ylupart des domaines,sauf

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en ce qui conceive les dip18mes en sciences, les medecins et les ingenieurs).

C'est ce qui se pense maintenant au Nigeria. Dans quelques annees, il en sera de meme en Afrique de l'est. L'Ethiopie a dejA un excedent .redoutable do dip18mes de I' ecole secondaire sans travail. Au Kenya , I' excedent des dipl0lJ)es de l'eccle

secondaire risque dtat t e Lndz'e. un niveau a Larman t dans quelques anna es , La si tuat i o..

s'aggravera A mesure que Ie nombre de dip18mes universitaires s'accrc~tre ~t que Le .r-est a des post,;s liberes ,Jar les etrangers sera occupe par des ilfricains." II y aura au Botswana des posees pour des enseignants qualifies du nivcau primaire et secondaire pendan, un certain temps encore, et dans l'avenir Lmmedi.at , avec I.e

, "

debut des activites extract~ves, beaucoyP de diplomes et de jeunes ayant termini:

L' e co Le trouveront des places. Toutefois, il faut veiller A ne pas ,en tirer des conclusions pour I'avenir ",Ius lointain. Harbison souligne 'lue "il n ' y aura slmplc- ment pas assez de postes eleves dans les grandes adlninistrations publiques et l'ri- vees, ni assez d'e~plois de bureau pour absorber la'production de l'industri~ sco- laire. Les enque te s sur Le personnel leprouvent clairement '" et c 'est confo rmc A l'experienceds,!pays dL./\;sieet l'AmeriQu~,latinedont les sY13Mmes d'education sont plus avances qu'en AfriQue."

Lee nations nouvelles ne pourront developper leur economi e qu'avec beaucouf de travail !,roductif; Le processus exigera un travail manuel .in .ensdt f.Ces pa ys n 'ont pas les moyens de .se procurer des maohines pour cette t.1che. C'est une reali-, que les gens des pays developpes ont de 1£1 peine A accepter. Ce que Julius Nyerere a di t 11 propos de 1£1 'f'anzanie est valable pour Le Botswana, et Ie rester" en depi t de l'exploitation des mines 'lui va litre entreprise.

"la verite, c'est Que notre republique poessd" actuellement une economie pauvr e , s cue-cdeve Loppda et agrioole. Nous avons tres peuvde capttaux <1 investir en grandes usines et en machinesmodernes; nous manquons de gens coossedant connai- ssances teohniques et experience. Ce que DOUS avons~ ce sbnt des terres en abon- ,dance et de' gens 'lui sont jlJ'ets ,<1 travailler dur pour- leur prol,re Jrogr';s. C'est

l'.utilisa tion 'de ces ressourcesqui decidera si nous a tteindrons nos' object,ifs glo- baux ou non. Si nous utilisons ces ressources dans un esprit d'affranchiesement economique •.• alors nous avancerons lentement'm~issOrement. iCt ce sera un progres reel Qui influera sur la vie des masses, Qui ne consistera en des exhibitions pas seulement spectaculai"es dans les villes, alors que Ie reste du "eu)le demeure dans la iJaUvrete".

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Les raJS developpes sont assez riches pour ~ouvoir payer le travail manuel, et le payer comme il faut. Maie il n'y a pas assez de ressources dans les pays soue-developpes pour pa~er m~me un faible salaire A la grande armee de travailleL"s qui, seront necessaires pour entreprendre les tAches du developpement. Dans Les nouveaux pays, 'les dirigeant doivent soit forcer la masse A travailler, soit se

joindre ~ elle et la conduire. C'eet dans ce contexte <J.uel'irljonction de Frantz Farion prend tout son sene "Ce n 'est que Lo r-sque Les homnies et Les femmes seront en trainee en grand nombre <l parti.ciper <l une -tAcheeclairee et fruo:')Jeuee que cette conscience prendra forme et substance. Alors le drapeau, et Ie }alais, au reside le gouvernement cessent d'etre les sJmbole de la nation.

La

nation deserte ces cO'l.uilles brillament illuminees et vides et se'refugie <l la campagn~ au elle re901t vie et puissance dynami'l.ue."

Depuis 'lu'elle a ete fondee en

1963,La

Swaneng Hill School a toujoure' chBrch~

--11 "vi ter le ris'lue de creer une petite eliteprivi18giee ayan t tendance

a

se per- petu"r, <141'8 un pays tel que- le Botswana ou Le manque de capi taux fait que seule une poi gne o de gens peut reoevoir une educa"tionpoS,tprimaire. Si je puis me citer

moi-m~me,. je ra.ppellerai que nous a~ons toujours ete "extrilmement soucieux de dec0u- rager la notion selon la'l.uelle l'education ne serait qu'une echelle permettant

a

l'a~bition d'aaceder au privilege. Nous avons estime qu'il est d'une certaine importance que la minorite instruite dans un pays en voie de developpemertt posseQe

~e sentiment qu'elle a l'obligaticn d'accelerer Ie rythme du developp~ment et de contribuer

a

realiser l'idee selon Laque LLe une proportion toujuurs cr-oa asan te de la population a le droit de, participer aux avantages du developpement. Naus

essa~ons de faire en sorte 'lue nos etudiants. lors~u'ils nOUB 'luittent, portent en eux le desir - par s ympa t h.ie e t par fraterni te envers Les pa.uvr-e s e-t Lee . affames - de lutter contre La mis~re, 1'-igncrance et La maladie dans leur 'Jays. Nous es sayor.c

non seuiement de leur communiquer cet espritd'engagement, mais aussi la confi",nc0,

"Le s cotmaissances et les aptitudes profeBsionne>lles 'lui leur permettront de s 'attC._CCdl'

eux-m!\mes aux problemas de leur paJs."

Au cours des six annee s et demi qui viennent de s ' ecou.Iar , .une bonne i'ropor~ion

de nos etudiants ont pris conscience<i,ans une me sure tres satisfaisante de la ",o::'i-

ti~ue suivie par l'ecole. Beaucoup d~entre eux ont participe avec efficaoite et enthollsiasme A des tr~vaux manuels benevoles deconstruction et <l,d'autres projets, l'ecole meme comme en dehors; ils ont construit un certain nombre de b~timents eux-mllmes, y compr-Ls une tres grande ecole qu.i. est ",res d'etre terminee. Les eleve"

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font sux-memes tous les'travaux demestiques, meme leur ~ropre cuisine (sauf pour les dejeuners pendant la semaine), ils ont un potager qu'ils cultivent sur une base cooperative, et dans l'ensemble, ils acceptent un niveau de vie qui est infe~

l'ieur a celui des eleves d'autres ecoles secondaires. !'1ais tout en faisant le bilan des aspects pcsitifs, si impressionnant qU'il soit, je dois reconna1tre honnetement que des etudiants en nombre considerable ent reussi a ne pas subir l'influence des i'rinci1)es d-e l' ecole. Leurs ambitions e tai ent axee s sur le certificat qui, dans l'economie aotuelle et pour un certain temps encore, leur donne acces aux postes bien pa ye s du gouvernement,: et ces aspirations ne changent pas quand ils quittent I.'ecole. Milme ceux que les principes directetirs de l' ecole ntont )as Lads s es ·in- sensibles voient leur a tti tude morale fai blir en face des tenta tions f'Lnanoa e r-e s irresistibles du secteur moderne. Les etudiants les plus receptifs, lorsqu'ils

s'approchent des derniers examens, abandonent leur engagements de travail volont~ire et de servioe collectif pour se concentrer .stir leur certificat. 'I'arrt que la societe offrira des avantages excessifs etune exemption permanente et totale du travail manue L et du labeur y;1;ysiClue a ceux qui ant des'diplomes academi.ques , meme Les jeunes qui sont Les ' plus dedies aux idees de progres social, polit i.que et economique se trouveront attires par ce scintillement.

Si ces arguments moptrent bien pourquoi toute personnel pou.rsu ivant ses e tudea.

au-ide La de L"eoole primaire devrai t passer par les brigades, ils mili tent egalement:

en faveur de l'idee selon l~quelle.aucun groupe d'etudiants,

a

quel niveau que ce soit, ne saurait etre exclusivement academique et entierement dispense du travail manuel.

Dans un dooument destine

a

un cJcle d'etudes de l'Universite du ~otswana, du Lesotho et du SoUaziland, j'ai ecrit ce qui suit

.. a

propos de l'education ~ostprimaire

"La principals justification economique des fonotions academiques de l'enseignement secondaire reside certainement dans le part que ces fonctions sont un elementnece- saairedela formation, non seulement des techniciens les plus haut places", mais de tous ceux dont j'ai deja dit qu'ils .etaient necessaires ~ un developpement plani- fie et dontJia formation doi,t etre plus longue et plus intensive que celle que les brigades peUvent offrir.

"C~uelles sont les quali tes," ai-'je demande , "en plus des connai s sanoea professio- nnelles, qui permettront aces jeunes de servir au mieux Le plan economique. Est-ce que ce s quali tes peuvent etre enseignees~''1!ist-ce que. lel,lr enae rgnement depend des'

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disciplines academi'lues? 1'intelligence est' evid.emment innee, et alors que I' espri t d'initiative, 10, faculte dejuger et d.e raisonner, 10, pensee ori'cinale lui sont concomitantes, toutes ces qualites peuvent se perfectionner gr§.ce A l'education.

Ctest egalement I' education qui permet d'~tre bien informe. ..n peut certainement enseigner aux jeunes Ie serieux, la, diecipline individuelle, 10, confiance en soi et les capacites d'organisation. On peut leur inculquer l'inteGrite, Ie courage moral et l'enthousiasme; et auesl, peut-~ta:e, 10, bonte - et :;Jar elle - l'engage- Dent et le devouenent, 10, tolerance, qualites qui donnent aux dirigeants, a tous. , - . . les niveaux, un jusement plus sa i,n , plus .sage et plus' humai n , £:t l'education developpe surement la faculte de communi'luer avec les autres.

"Certaines de ces qua Li tes peuvent sans doute s 'apprendre dans Le cadre des

" '

brigades, sans qu'unenseignGment formel soitnecessaire, en vertu des responsabi- l ites auxque Ll e s lee stagiaire> doivent faire' face pour leurs propres affaires. lJIaie en, general, ces qualites sont aBsociees

a

des processus mentaux et celles qui re-

~osent sur une base de connaissances s'apprennent certainement mieux grdce au travail academique. II y aura bien sOr toujours de ces individus exceptionnels ~ui d6ve- loppent leurs talents au maximum

a

partir d'une education sommaire at que l'ed.ucation limi tee des brigades suffira amplement

a

emmener plus loin."

Les mathematiques enseignen~ 10, precieicn et nous aident aorganiser nCB veneees. Les sciences forment notre ,idea du monde e-t notre mentali ts envers notre milieu; elles nous donnent La domination sur nola ressources.our ma part, je suis certain que j'ai plus de bonte grdce

a

l'influence qu'a eue surmoi la litera- , ture anglaise apr~s que j I,ai appris 11 1IaJOprecie:r: lJar l' etude. n

Je ne suis plus maintenant aussi certain de ces paroles <lUG je l'etais alors.

J'ai mentionne plus haut que je me demandals dans quelle mesure nauB pouvons noue pe rmett.re d 'offrir ce.r-ca.Lne aspects de la formation non professionnelle quand une minorite eeulement en prcfite. Je suis snr ~u'ilexiste ~ertaines qualitee humaines reconnues comme admirables par la plupart dee cultures et qu'il vaut la peine

d'incul'luer ou d'instiller 111 ou c'est possible. J'ai rnentionne certaines de ces qualites comme valant la peine d'~tre encQuragees pendant 10, formation 11 la brigade.

Je suis maintenant moins sar qu'~uparavant,quel'inculcation de l'une ou l'autre de ces qualites depends d'une discipline academique, bien qu'il soit vrai que certaines

-r ' .

qua1ites peuvent'~tre renforcees par l'appreciation reelle de la literature, de l'art de 10, musique. Quels 'lue soient les espoi~que nous pouvons eveiller chez nos etudiants eux-m~mes pouvons d'une riche culture exotlque, nous devons nous

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E/CN.11,/SliCD!35 Fage 21

souvenir que 1 'alienation ou Lturelle est un as,>ect de l' "eli t.Lsmes " Je suppose que l'alienation culturelle n'a d'importance que dans ce contexte. Ce n'est pas pa rce qu 'elle a.pp.re ci,e Beethoven, C6zanne ou !'IiI ten Que l' eli te africaine est cri tiquee par des hornue s comme Fanon, ]T:>erere, Sekou Toure ou IIout:1ouni, mais parce que vl.es )rivileges .§conomiques dont elle joui t cons ti tuent une exploitation 8CO-

norm.que , Ces hommes poli tiques africains envisagent, avant tout La culture dans une optique politi que , "I'anon ecri 10 que "La culture ••• dans son essence

s' oppo ae <l. la cou tune , :,Jarce que La cou tume est toujours une de,;rada tion de la culture ••• L'intellectuel indigene ••• doit comprendre que Lea realites d'une nation sont en premier lieu les rtalites de la vie telle qu'elle est vecue dans Le pre,sent par sa ~loi?ulation.II Sekou 'icur-e ajoute que "Pou r 'lJarticiper 4 la revo- lution africaine, il ne suffit Jas d'ecrire un chant revolutionnaire; on doit

faire La revolut.t.on avec le peup Le ,. Bt si vous faites La revolution avec le ,Jeu,cle, les chants viendront tout seuls, du peuple lUi-meme." Ce sont lit 'bien sar des

arguments nettement po Li,ti.que s , rnai s je ",ense qu' ils montrent qu ti.I n';y a ;Jas de mal

a

presenter la cultuJ?e occidentale, comme un 'don, pour qu'on apprenne

a

l'apprecier et pour enrichir la sensibilite humaine, ",our autant qu'on ne cherche pas deliberement A creer par ce moyen une elite privilegiee. II serait bon cepen- dant que ces dons culturels soient presentes

a

la radio plut6t Qu'A de petites minorites dans les ecoles.

Gombien de sujets 'devrai t choisir l' etudiant<i,ui veu t poursuiv.re son educa- tion aU-delA de la Brigade? C'est naturellement la profession choisie qui doit determiner les principaux sujets. J'ai precedemment defendu l'opinion se~on lequel;

chaque etudiant 'lui se specialise dans les branches techniques devrait suivre que Lquea cours d'humani tes et vice versa. Ce que je sui t pr~t A mettre en doute, c'est la supstance des sujets \iue l'etudiant choisira en dehors de ceux qui ont trait A sa specialisation. Jeme demanderais meme s'il est n8cessaire de conserver Ie compartimentage des disciplines classiques pour les sujets non eJrofessionnels.

II en decoule que nous devrions etre disposes A reexaminer - queis sont nos objec~if

en ce \iui concerne tout sujet qUin'est pas enseigne comme element de l'enseigne- ment professionnel - dans les cadre des brigades aussi bien \iue dans Ie cadre de . 1 'education superieure. Dans les deux cas, il s'agit ~robaclement de fixer un

serie de connaissances que tous doivent posseder pour etre des citcyens respon- 'sables, utiles, tolerants et rationnels. C'est sur ces questions que mon personnel

et moi-meme allons concentrer notre attention dans l'avenir immediat.

(23)

L'education qui sera dispensee apres l'ecole primaire et los brigades devrait se fairs dans de grands etablissements postprimaires offrant une formation technique et commerciale, une formation scientifique et l'enseignement academique qui se

justifie, une formation agricole, une formation en vue du developpement rural et m@me la formation des enseignants. Ces etablissements devraient etre relies

a

des brigades (mais toute brigade ne sera pas rellee

a

une institution), avec la )lus grande integration possible entre les deux, pour empeciler l'attention d'une structure de prestige dans la societe. 8i lIon veut que l'avant-garde du deve-

lop~ement se con centre dans les Villages et les colonies agricoles, beaucoup de ceux ~ui reoovront une formation plus youssee devront travailler et utiliser leur specialisation dans les zones rurales. Des contacts stroits at frequents avec Ie stagiaires des brigades - les futurs agriculteurs et les artisans des zones rurales - sont une bonne preparation A cet egard.

Ces grands etablissements d'enseignement avance devront dispenser beaucoup plus d'enseignement· classi~ue economiquement non productif Que les brigades, et ils devront employer des enseignants hautement qualifies. Ils'auront besoin de credits considerables qu'ils devraient chercher A reduire en couvrant Jar un travail productif autant de depenses ~ue les e~gences des etudes academi~ues Ie vermettront. C'est la une autre raison pour examiner de pres quelle sorte et quelleproportion de travail academique est necessaire pour l'etudiant moyen de ces institutions d'etudes superieurs. C'est non seulement le travail }roductif ~ui

est necessaire, mais aussi Lee taches telles que preparation dela nourri ture et nettoyage 'lui coUteront tres chers s'il faut avoir recours a du personnel domestique. En outre, 1a mentalite des etudiants subira sensiblement l'ipfluence ', de leurs conditions de vie dans les etablissements. Il importeeGalement de decou-

rager l'idee selon la'luelle un travail

a

?redominance academ~~ue place ceuX qui le .forit au-dessus des autres.

La necessite de fournir un travall ~roductif servira eg~lement

a

mettre les etudiants des etablissements sur un pied d'egalite avec les sta~iaires des brigades.

En

outre, il ITa de soi que ce travail contribue au deve Loppercent de la collectivi teo Le travail volontaire et Ie service a llinterieur 'de lleccle sont impo~tants

et devraient continuer, mais ils ne suffisent pas, Ie service dans la communaute e xt.e r-Leuz-e est indispensable, non seulem~nt parce que 1e developpement de La commu- naute est un soi un object),f valable mais aussi parce que l'ancagement vis

a

vis de 1a communaute effacera l'ecart entre l'elite et la masse, grace au rappel constant

(24)

BINI!.14/SUCD!35 Page 23

iles reali tes dans les zones rurales soua-d.oveloppees.

L'ecole devrait faire tout eon possible pour encourager Ie developpement .oco- nomique dans la communaute et A oet egard les aptitudes du personnel ensei~nt et ,des etudiants seront d.oterminantes. Les membres de mon personnel et moi-meme avons

lance Is Societe cooperative de consommationde Swaneng, at avec ~uelques etudiants nous I' avons ai de e

a

fonctionner dans, ses debu t; certains' dIentre nous

y

sont

encore aBsocies. Des membres du personnel ant egalement contribue

a

lancer une

cooperative de production et des etudiants ant partici?e

a

la creation d'une coope- rative de commercie.lisation du betail. J'ai. dej~ mant Lonne d'autres ,crojets aux- quels nous collaboroDO dans Ie village.

J'ai plusieurs raisons de preconiser un etablissement d'onseignement global pour la suite des etudes. Un programme different dans chaque ecole secondaire faciliterait la formation dans une grand~variete des branches, mais,la combinaison de plusieurs institutions en une permettra l'enseignement d'un plus grand nombre de branches sur une base plus economique; elle empl3chera la mul'ti]licati0n des facultes clas~ques reparties sur toute une serie d'etablissements teohQiques ou d' e co Les de formation d' eriaei griarrt a , De grandes institutions Cen",ralisees peuven t mieux collaborer aVec les services charges de la planification du per-sonne L pour

la ?reparation des competences ~rofessionnelles, techniques, du )ersonnel de bureau et des cadres d'entreprises dans les prc?ortions necessaires

a

une ylanification econooique equilibree. Un programr,Je plus vaste permettra aux etablissements d 'en- seigner une variete Jlus grande de branohes ~ leurs el~ves, oe qui deviendra une necessite aveC les ]rogres du developpement et Ie nombre croissant de jeunes gens admis. LA encore, en offrant une grande gamme de sUJets, y compris les sujets tech- niques, l'etablissement deviendra un instrument de developpement plus efficaee pour la communaute avoisinante.

Chaque sujet 'qUi sera enseiB~e dans les institutions d'enseignement global d.oi.t servir La po Lat i.que qui con aLet e

a

faire de l'"8001e Le foyer neme du d.eveLoppe ment et fournir 1a base d'un travail productif. ~es possibilites ~u'offrent les cciences sont evidentes et les laboratoires de l'ec01e devront procedes ~ de Dombre travaux de recherches sur potentiel economique des resscurces locales. Certaines disciplines c1assiQues peuvent etre utilisees 'en faveur des campagnes contre l'ana- Iphabetisme, des campagnes de prevention des maladies ou fournir du materiel publi- citaire pour 1e develcppement rural en general. I1 s'agit certainement 1~ d'un moyen beaucoup ;olus rationnel d'enseigne 1'anglais Que des ccmpo s L'cd cris sur des sujets sans grand lnterl3t.

(25)

Dans ma br-ochuz-e inti tulee ~ducation and Development in an .=:;p~erging CountrJ j 'ai deerit en detail un projet de oours d'instruction civique. ~ous avons main-

"tenant mis au poin"t un nouveau. projet et donne au cours 1e nom dt:=;tucles du developpe- ment. Je voudrais ajouter ici quelques idees

a

ce ~ue j'ai dit en general sur le

cours dans rna brochure, et Je voudrais aou Lagne r que ee cours devrai t etre rr.c.Ius , sous une forme au une autre, dans les yrogrammesd'enseignement non ~rofessionnel

des etablissements d'enseigne~entsuperieur, comme sujet obligatoiTe _our tous les etudiants. Le cours c::.'Jtudes du developpement oomprend sept sections. La premiere - ana Lyse economique - explique des notions te·llee que faoteurs de "roduction, con- sommation at investissements, ainsi que l'importance des excedents lors~u'ils son~

lnvestis plutOt que consommes, et Ie r61e de la specialisation. Cette section parle egalement de l'arGent, de l'emploi et de la ~ain-d'oeuvre, de l'attribution des r es sour-ce as doe Itaccumulation de capital et de La croissanoe demo£:,Tal)hique.

La deuxieme section traite de Ithistoire preindustrielle, en commengant par l' homme au-temps ou il chassait et re.col tait , pour passer

a

La premiere revolution

ag:i'icole

a

1a veille de la revolution industrielle. Ce tte sectior. montre les premiers efforts deployes par l'homme pour utiliser les ressources dQ la nature

a

son avantage, et aussi comment ohaque innovation teohnique fait partie d'un processus cumulatif qui a permio l'etape suivante et a ainsi cree Ie climat qui a rendu la revolution industrielle techniquement realisable. 10. troisieme section analyse le progres Goientifique, tant avan-t qu 'apres 10. revolution industrielle, et note son r61e dana le developpement. La ~uatrieme section traite de politique et montre que l'Etat et les classes dirigeantes ont toujours un r61e important dans le c0l1tr81e de.s oJ<ceclents.

Ie cin~uieme section concerne le developpement economique et l'industrialisation.

Ious indiquons les )rinci~aux contrastes qui existent entre 1es societes industri- elles.et preindustrielles, nous y discutons 10. premiere revolution lndustrielle, quelques unes des, pre~ieres .experiences de l'industrialisation, les problemes procres" -

~ l'industria,lisation de ncs jours et certaines des experiences con.temporaines en rna. tiere dtindustrialisation. Cn j' parle aussi de l' €veil des as~'-ira-tions, des depenses de prestiGe, des importations d'objets de luxe, ainsi que des ar&Uments pour ou contre une technique intermediaire et des methodes de ?roduction utilisant une forte proportioL :ie main-d' oeuvre. La sixieme seotion trai te:e la situation

economi~ue dans le pays de l'etudiant et la septieme section analJ~C les changements sociaux et culturels dans leurs rapports avec le d8veloppement 8COnC8i~ue et l'in- dustrialisation.

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