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LE GRAND LIVRE DES ESPÈCES DISPARUES

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LE GRAND LIVRE

DES ESPÈCES DISPARUES

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e -1989 - ÉDITIONS OUEST-FRANCE I.S.B.N. 2.7373.0254.4. - Dépôt légal : Novembre 1989

N° éditeur: 1563.01.7,5.11.89

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Jean-Christophe Balouet Eric ; Alibert

L E G R A N D L I V R E D E S

E S P È C E S D I S P A R U E S

Préface de J. Y. Cousteau de l'Académie française

ÉDITIONS OUEST-FRANCE

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PRÉFACE

Q u e l l e histoire pour un chapeau ! Pour avoir refusé de saluer le couvre-chef du gou- verneur, Guillaume Tell accepte de prendre le risque le plus redoutable que puisse pren- dre un père. Que mes amis suisses me pardonnent ! Je ne m'attaque qu'à un mythe, qui jure avec la sagesse traditionnelle des Helvètes du canton d'Uri. Mais jouer à l'arbalète russe avec sa progéniture, voilà bien le pari le plus criminel, le risque le moins héroïque qui soit.

Et pourtant, à des degrés divers, c'est le syndrome de Guillaume Tell qui inspire la plupart de nos choix de société.

Ce sont les petits Américains qui paieront les dettes écrasantes accumulées par leurs parents. C'est notre descendance qui aura, pendant des millénaires, la lourde charge de se protéger contre les déchets nucléaires ou industriels que nous aurons entassés. Ce sont les milliards d'enfants de demain qui devront endiguer eux-mêmes leur prolifération, répar- tir des ressources devenues insuffisantes et forger de nouvelles valeurs morales dans un monde de béton et d'asphalte, sans rouge-gorge, sans rhinocéros, sans papillon.

En attendant, nous perfectionnons, nous accumulons, nous disséminons des armes con- ventionelles de plus en plus meurtrières, nous tentons de garder en laisse les fusées de la fin du monde, nous multiplions les Tchernobyl en puissance, nous éliminons les espè- ces vivantes par centaines de milliers, nous perçons les derniers atolls et nous réchauf- fons la planète au risque de déclencher un déluge sans pluie. Quant à moi, je recherche, sans succès, le prénom du fils de Guillaume Tell.

Petits enfants d'Aubervilliers, chantés par Prévert et Kosma, petits enfants du monde

entier, vous avez tous une pomme sur la tête.

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AVANT-PROPOS

L'évolution de l'homme est intimement liée à celle des animaux et de l'environnement. Bien que des centaines d'ouvrages aient été publiés sur l'histoire de l'homme, il n'existait aucune histoire des espèces disparues du fait de l'homme. Les documents historiques ne manquaient pourtant pas. Les peintures rupestres, les récits de chasse, les descriptions naturalistes et même les recettes de cuisine, les ordonnances royales offraient matière à un tel ouvrage.

Marco Polo, Darwin, James Cook ont rencontré ces espèces et les ont décrites. Certaines d'entre elles se sont éteintes plus récemment, et par exemple l'année 1987 aura confirmé la disparition de plus d'une cinquantaine d'entre elles.

Des dessins, des peintures ont été réalisés de leur vivant. Il nous a été possible de retrouver nombre de ces documents dont la valeur historique, la qualité, nous permettent de mieux vous les faire connaître. Les illustrations de Gould, Forster, Audubon, Savery sont de véritables chefs-d'œuvre.

Pour les animaux dont la disparition était trop ancienne ou passée inaperçue, nous avons procédé à des reconstitutions. Pour cela, nous avons consulté les spécialistes, recherché les ossements, les écrits.

Nous nous sommes donné pour tâche de vous en présenter le plus grand nombre, retenant surtout celles dont l'histoire était des plus marquantes. Nous ne souhaitons pas faire de cet ouvrage une encyclopédie. Ne pouvant illustrer ou commenter chacune des six cents espèces, nous avons dû nous résoudre au principe d'un index en fin d'ouvrage dans lequel sont répertoriées toutes les espèces disparues à cause de l'homme.

De nombreuses recherches furent nécessaires et les documents de la Bibliothèque nationale, de la bibliothèque du Muséum, des Archives nationales se sont avérés extrêmement précieux.

Nous avons parfois pris le parti de ne pas présenter certaines espèces dont l'extinction ne peut être absolument confirmée en l'état actuel des recherches.

Il est difficile d'affirmer que l'homme fut le seul responsable de ces extinctions, mais la part et l'influence d'autres facteurs, climatiques par exemple, sont souvent difficiles à préciser. Si son rôle a été des plus déterminants, à cause de la chasse notamment, l'introduction de prédateurs tels que chiens et chats, la destruction des habitats par le feu, l'introduction de maladies ou d'autres espèces compétitrices ont largement accéléré ou complété l'influence néfaste de l'homme.

Pour rendre ce sujet grave aussi vivant que possible, nous l'avons illustré abondamment et émaillé d'un très grand nombre d'anecdotes. Pour rendre la lecture plus agréable, nous avons choisi d'encadrer les textes les plus marquants.

Enfin, cet ouvrage, premier du genre, est accessible à un public des plus larges et offre quantité de documents historiques. Il veut apporter au lecteur une documentation complète, précise, historique et scientifique.

Nous avons voulu que cet ouvrage soit des plus objectifs et qu'il prenne valeur de référence.

Pour cela, le manuscrit a été soumis à de nombreux spécialistes, tout particulièrement des chercheurs du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, mais aussi des Etats-Unis, d'Espagne, d'Italie, d'Argentine, d'Australie... que nous tenons à remercier ici pour nous avoir offert leur compétence et leurs précieux conseils.

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L E S E S P È C E S D I S P A R U E S

Les dinosaures ont disparu plus de 60 millions d'années avant que n'apparaissent les premiers hommes.

Parce que l'homme les a chassées, parce que les chiens, les chats et les rats n'ont cessé d'en détruire, parce que le feu a été mis dans leurs forêts, parce que leurs plumes ou leurs peaux valaient plus cher que leurs vies, parce qu'ils étaient dangereux ou simplement gênants, parce que l'homme convoitait l'arbre dans lequel ils faisaient leur nid ou parce que leur habitat était trop humide, aurait fait un bon champ ou un bon lotissement, parce que leur chair était

délicate et même si seuls leur langue, leur queue, leurs cornes, dents, foie ou écailles étaient recherchés, plus d'un millier d'espè- ces et de sous-espèces ont aujourd'hui dis- paru de notre planète.

Bien avant que l'homme n'existe, plu- sieurs centaines de milliers d'espèces avaient déjà disparu ; de nombreuses crises biologi- ques ont en effet marqué l'histoire de notre planète. Les causes en sont multiples, dont certaines nous ramènent à notre environne-

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ment d'aujourd'hui : des pluies acides pour- raient expliquer la disparition des dinosau- res, il y a 67 millions d'années.

La planète Terre compte aujourd'hui entre 5 et 30 millions d'espèces animales et végétales ; les insectes représentant la part la plus importante de cette diversité.

Pour affirmer la disparition d'une espèce, il faut user de prudence. Nombre d'espèces ont ainsi été considérées comme disparues puis retrouvées quelques années ou décen- nies plus tard, parfois avec des effectifs très faibles. En effet, lorsque les conditions de l'environnement deviennent défavorables, les espèces se retirent dans des zones refuges.

Ces endroits, encore peu modifiés par l'homme, sont souvent inaccessibles, et il est difficile d'affirmer qu'il ne subsiste plus aucun représentant.

Les découvertes de nouvelles espèces vien- nent confirmer que nous n'avons pas encore exploré l'ensemble de notre planète ; par exemple, Madagascar, qui compte un nom- bre très élevé d'espèces disparues et mena- cées d'extinction, vient de livrer, il y a un an, un nouveau lémurien, l'hapalémur doré.

Dans le cas des plantes, la disparition des arbres ne signifie pas celle de l'espèce. Il n'est en effet pas rare de redécouvrir des graines et de les voir germer plus de deux cents ans après.

En outre, des observations, non confir- mées par la capture de spécimens, viennent régulièrement mettre un doute sur la réalité de l'extinction d'une espèce ; c'est le cas du thylacine, de la perruche à diadème...

Un laps de temps, parfois très long, s'écoule donc entre la dernière capture, la recherche de l'espèce, et le moment où on la déclare disparue.

Une autre difficulté pour le naturaliste spécialiste des disparitions est de confirmer la validité des espèces. Celles-ci peuvent reposer sur des spécimens uniques, récoltés parfois il y a quelque cent ou deux cents ans sans qu'aucun autre n'ait été retrouvé depuis. Il convient alors de s'assurer que ces individus ne sont pas des hybrides ou

Le jakalope, un de ces faux animaux créés par des taxidermistes.

qu'il ne s'agit pas tout simplement d'un individu malformé.

Quelques taxidermistes peu scrupuleux se sont même amusés à inventer de fausses espèces, qui en mettant des bois sur la tête d'un lapin, qui en collant de la fourrure sur le corps d'une truite, prétendant, pour justifier leur supercherie, que ces espèces étaient rares sinon déjà éteintes.

Souvent, de ces espèces récemment dispa- rues, ne subsistent que des témoignages écrits, ou des peintures. Ceux-ci attestent l'imagination et le talent de leurs auteurs mais ne prouvent pas scientifiquement l'existence de véritables espèces. Plus d'une cinquantaine d'espèces de vertébrés, des oiseaux notamment, ne reposent que sur les descriptions de voyageurs naturalistes du 12e et du 13e siècle.

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D é f i n i t i o n d ' u n e e s p è c e

A cette question, pourtant simple apparemment, les réponses n'ont cessé de se succéder. Pour appartenir à une même espèce, il ne suffit pas de partager des caractères morphologiques.

La classification des êtres vivants, dont Linné (1707-1778) a établi les principaux fondements, repose principalement sur la notion d'espèce.

Aujourd'hui, on nomme espèce l'ensemble des individus ou des populations, contemporains, capa- bles de se reproduire entre eux et dont la descendance est féconde.

Les espèces se distinguent par leur patrimoine génétique, leur taille, leur comportement, leur adap- tation à des climats ou des régimes alimentaires différents, leur parade nuptiale...

La durée de vie moyenne d'une espèce, comme on a pu le calculer sur les fossiles, serait de 1 à 10 millions d'années.

Les espèces sont regroupées en genre, famille, ordre, classe, règne, cette classification se voulant le plus fidèle reflet de leur origine, leur évolution et leur parenté. De la même façon, elles présentent souvent des populations différentes, regroupées en sous-espèces, races ou variétés.

La vie serait apparue sur terre il y 4 milliards d'années. Des transformations physico-chimiques seraient à l'origine de la création des premiers êtres vivants, les bactéries. Les lois de la nature ont élaboré, depuis, une multitude de formes. Certaines ont conquis les airs, la mer, d'autres ont inventé des perfectionnements tels que l'homme cherche en vain à les imiter.

Le takahé Porphyrio mantelli de Nouvelle-Zélande fut retrouvé vivant, cent années après la découverte de ses ossements.

Les marsupiaux australiens ont gravement pâti de l'intro- duction des placentaires.

La naissance d'une espèce est aujourd'hui considérée comme un événement biologique aussi naturel que l'extinction d'une autre, mais la nature, aussi imaginative qu'elle soit, ne saurait recréer un animal qui aurait fait la preuve de son incapacité à survivre.

La sélection naturelle, prônée par Charles Darwin, serait le principal moteur de l'évo- lution. Les formes les plus adaptées sur- vivraient, d'autres, moins adaptées, moins compétitives, disparaissant à jamais.

Les modifications de l'environnement, climatiques par exemple, l'arrivée de nou- veaux prédateurs, ont grandement contribué à ces extinctions. Bien que les climats aient connu de profondes modifications depuis l'apparition de l'homme, celui-ci aura mar- qué son avènement par des milliers d'extinc- tions. Les temps historiques ne font que confirmer la mainmise de l'homme sur son environnement.

La chasse, la destruction de l'environne- ment par le feu ou la déforestation, l'intro- duction d'espèces prédatrices auront des conséquences sur le monde vivant bien plus dévastatrices que les changements climati- ques. Certains spécialistes prévoient déjà la disparition de plus d'une centaine d'espèces par jour à la fin de notre siècle.

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L'homme et la nature

Plus de cent mille rennes ont dû être abattus, parce que trop contaminés, après la catastrophe de Tchernobyl.

Il serait bien difficile à l'espèce humaine de se passer de son environnement. Même s'il en subit parfois les caprices, l'homme y puise son oxygène, y récolte les matériaux nécessaires à ses outils, ses habits, y prélève sa nourriture.

Le sort de tout être vivant est de terminer mangé par un autre. Se nourrir est certes un besoin, survivre un but. Cette règle semble dicter toute évolution et tout com- portement, et la nature, grâce à ses lois d'équilibre, a mis au point de nombreux mécanismes de contrôle.

L'homme semble vouloir et croit pouvoir se jouer de la nature et lui dicter de nouvelles règles. Il recherche sa nourriture

au mépris, parfois, d'équilibres naturels longuement élaborés.

Chasseur, cueilleur, il récolte en fonction de ses besoins, se déplace même pour suivre le gibier. Ayant inventé l'agriculture et l'élevage, il y a environ 10 000 ans, l'homme a tenté de s'affranchir des caprices de la nature, de la faire fructifier selon ses besoins.

Rapidement, l'homme a reconnu les espè- ces comestibles, il a choisi celles auxquelles il trouvait le plus de goût ; menacé par d'autres, il s'est efforcé de s'en défaire.

Conscient de l'aide que pouvaient lui procu- rer certains animaux, il les a domestiqués.

Puisant toujours dans le monde naturel,

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La chasse est une des causes principales de la disparition des espèces.

il a rarement pris conscience de l'avenir des espèces dont il tirait bénéfice. Rares en effet sont les populations qui ont pensé à limiter leur chasse.

Soucieux d'économiser ses efforts, il s'est servi du feu pour chasser, pour aménager son environnement.

Grâce à la « technique », son indépen- dance par rapport au milieu s'est accrue, en même temps qu'augmentaient ses besoins. Il a chassé, brûlé, tué parfois sans nécessité.

Avec les progrès dus à sa science, il s'est cru maître de toutes choses.

Récemment, il a pris conscience qu'il lui fallait préserver ses sources de nourriture,

mais ses besoins grandissant lui ont fait choisir des solutions de facilité au détriment des équilibres naturels.

Le feu, dont on connaît les effets dévasta- teurs dans l'habitat urbain, est aussi une menace des plus graves dans la nature pour les espèces dont l'aire d'habitation est réduite. Ainsi le pasteur a-t-il souvent recours au principe de la « terre brûlée » pour favoriser la croissance des jeunes pous- ses dans les pâturages, détruire les parasites ou espèces « nuisibles ». Il ignore qu'il anéantit ainsi des espèces essentielles à l'équilibre de son environnement et livre ses terres à l'érosion et la désertification.

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La mise en culture des terres, l'installation de barrières pour limiter les déplacements du bétail, sont incompatibles avec l'existence de troupeaux de grands mammifères migra- teurs. C'est le cas des bisons en Amérique du Nord et des grands mammifères africains exterminés par les propriétaires terriens.

Parallèlement, une lutte sans merci fut engagée contre les prédateurs. La chasse de certains d'entre eux, tels que les loups, ours, etc., fut déclarée grande cause nationale, et les deniers de l'Etat dépensés pour l'éradication de ces « nuisibles ». L'ironie du sort a voulu que quelques décennies plus tard, des mesures coûteuses soient prises pour préserver, mais trop tard, les rares survivants.

Le cortège d'animaux qui accompagne l'homme inclut principalement les rats, chats, chiens ainsi que le bétail dont il fait

l'élevage. Si ces espèces trouvent une grande partie de leur nourriture auprès de l'homme, des populations sauvages se sont également développées, puisant parmi les espèces nati- ves entrant en compétition avec celles-ci.

Certaines de ces espèces furent délibéré- ment introduites, comme par exemple les chiens et les mangoustes ou les chèvres et les cochons.

Ainsi, Forster, le célèbre naturaliste, com- pagnon de James Cook dans ses voyages autour du monde, écrivait en 1778 :

« Je crois que, indépendamment des terres que nous avons découvertes dans l'expédi- tion, nous avons rendu un service au genre humain en introduisant à Tahiti la race des chèvres, aux îles des Amis et aux Nouvelles- Hébrides celle des chiens, et à la Nouvelle- Zélande et la Nouvelle-Calédonie celle des cochons. »

Les feux de brousse détruisent chaque année des centaines de milliers de kilomètres carrés, réduisant d'autant l'habitat des espèces (ici, l'incendie en Chine de mai 1987).

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Le dingo, introduit par les aborigènes en Australie, aura contribué à la disparition de plusieurs espèces.

Malheureusement, ces territoires furent rapidement envahis par ces animaux redeve- nus sauvages qui causèrent en quelques années l'extermination de plusieurs dizaines d'espèces.

Indirectement, d'autres espèces ont profité des facilités que procurait le voisinage de l'homme. Les cafards s'installèrent dans nos cuisines et les goélands sur nos décharges.

L'augmentation de la population humaine semble ne pas connaître de limite et aucune décroissance ne semble s'amorcer. Dans le même temps, les habitats naturels ne cessent de se réduire.

La déforestation est un phénomène qui prend aujourd'hui une tournure catastrophi- que. Le déboisement a tout d'abord permis l'élargissement des espaces cultivables. Puis l'exploitation du bois, matière première capitale pour l'économie, est devenue systé- matique.

Le déclin de la forêt sud-américaine est drastique. Pour la seule région de Sao Paulo, la surface forestière se réduisit de 2 % seulement entre 1500 et 1845, soit la

d e s t r u c t i o n d e 2 0 4 5 0 k m 2 . A u j o u r d ' h u i , i l n e r e s t e q u e 1 0 % d e l a f o r ê t q u i e x i s t a i t e n c o r e e n 1 9 0 7 . P a r a l l è l e m e n t , l ' A m é r i q u e d u S u d c o m p t e u n n o m b r e f o r m i d a b l e d ' e s p è c e s m e n a c é e s .

N o u s n ' a v o n s p a s a u j o u r d ' h u i a s s e z d e r e c u l p o u r m e s u r e r l e s r e t o m b é e s e x a c t e s d e n o s n o u v e l l e s t e c h n o l o g i e s . S i l e s p r e m i è r e s v i c t i m e s c o n n u e s d e s c a t a s t r o p h e s d e T c h e r - n o b y l , d e B o h p a l , d e S e v e s o s o n t h u m a i n e s , e l l e s o n t a f f e c t é a u m o i n s a u t a n t l ' e n s e m b l e d u m o n d e v i v a n t . L e s s p é c i a l i s t e s d e l a p o l l u t i o n o n t b e a u c o u p d e m a l à q u a n t i f i e r l ' i m p a c t d e t e l l e s c a t a s t r o p h e s s u r l a n a t u r e , e t a f o r t i o r i l e u r s c o n s é q u e n c e s à l o n g t e r m e . C e s e r a i t ê t r e i r r e s p o n s a b l e q u e d ' o u b l i e r l e s m a c a r e u x , p i n g o u i n s t o r d a s v i c t i m e s d e s m a r é e s n o i r e s , e t l e s t r o u p e a u x e n t i e r s d e r e n n e s q u ' i l a u r a f a l l u a b a t t r e a p r è s T c h e r n o b y l .

P o u r s e s e n n e m i s , l ' h o m m e n ' a f a i t p r e u v e d ' a u c u n e m a n s u é t u d e , p o u r d e s e s p è c e s q u i n e l e g ê n a i e n t e n r i e n , i l n ' a s o u v e n t m o n t r é q u e p e u d ' é g a r d s o u b e a u c o u p d ' i n d i f f é r e n c e e t l e u r p l a c e d a n s l a n a t u r e d e v a i t ê t r e p a r t r o p e m b a r r a s s a n t e p o u r q u ' u n e t e l l e g u e r r e l e u r f û t m e n é e .

L e s o u c i p r e m i e r d e l ' h o m m e d e v r a i t s ' a p p l i q u e r à m é n a g e r l e s e s p è c e s d o n t i l t i r e p a r t i . S i o n v o u l a i t f a i r e a u j o u r d ' h u i d e l a p r o s p e c t i v e e n m a t i è r e d ' e n v i r o n n e m e n t , i l a p p a r a î t r a i t q u e p r è s d e s d e u x t i e r s d e s e s p è c e s a n i m a l e s e t v é g é t a l e s s a n s v a l e u r c o m m e r c i a l e s ' e f f a c e r a i e n t d ' i c i u n s i è c l e a l o r s q u e l e s e s p è c e s a s s u j e t t i e s à l ' h o m m e ( e s p è c e s a n t h r o p i q u e s ) e t l e s e s p è c e s p a r a s i - t e s c o n n a î t r a i e n t u n e e x p l o s i o n d é m o g r a p h i - q u e .

L ' é c o l o g i e , c e t t e d i s c i p l i n e d e l a b i o l o g i e q u i s e p e n c h e s u r l e s r e l a t i o n s e n t r e l e s e s p è c e s , p e r m e t a u j o u r d ' h u i u n e c o m p r é - h e n s i o n d e p l u s e n p l u s g r a n d e d e c e s d i f f é r e n t s é l é m e n t s . S e s c o n n a i s s a n c e s p e r - m e t t e n t à l ' h o m m e d e f a i r e l e p o i n t s u r l e s c o n s é q u e n c e s d e s t r u c t r i c e s d e s o n a c t i o n s u r l a n a t u r e , m a i s i l f a u d r a i t q u e l e s a u t o r i t é s s e d o t e n t d e s m o y e n s n é c e s s a i r e s p o u r a g i r c o n c r è t e m e n t , c e q u i e s t l o i n d ' ê t r e l e c a s a c t u e l l e m e n t .

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Autres causes de disparition

Le petit âge glaciaire fut une longue période de froid entre 1645 et 1705.

Le rôle de l'homme dans ces extinctions récentes a sans doute été prépondérant et peut dans certains cas être invoqué comme unique responsable, par la chasse, la défores- tation ou l'introduction de prédateurs tels que rats, chats, chiens, mangoustes, cochons, renards dont les effets sont tout aussi dévastateurs.

Toutefois, de nombreux événements natu- rels se sont produits, ou se produisent chaque année, provoquant souvent d'impor- tantes fluctuations d'effectifs des espèces, voire leur disparition de certaines régions.

Les changements climatiques s'observent à l'échelle d'années, de siècles ou de centai- nes de milliers d'années. Leurs répercus- sions sur les êtres vivants sont d'autant plus sensibles lorsque ceux-ci forment un groupe peu nombreux, adapté à un espace géogra- phique restreint et ne pouvant trouver de refuge extérieur.

Les célèbres périodes glaciaires qui se sont succédé au cours du quaternaire semblent pourtant n'avoir provoqué qu'un nombre relativement faible d'extinctions. En Améri- que du Nord, où le peuplement humain est « récent » (30 000 ans), plusieurs vagues d'extinctions ont pu être mises en évidence et paraissent correspondre à la fin de ces épisodes glaciaires.

Ces variations climatiques ont contraint les populations à des migrations mais seule la disparition d'une dizaine d'espèces de grands mammifères africains peut leur être attribuée.

Peu connues du grand public, ces varia- tions pourtant nombreuses ont pu prendre une grande ampleur. La plus remarquable est certainement le « petit âge glaciaire ».

De 1645 à 1705, pendant soixante ans, les températures du monde entier ont connu une baisse vertigineuse, aujourd'hui corrélée

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avec une activité solaire anormalement basse. Les chutes de neige qui suivirent ont recouvert la presque totalité de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Ses effets sur la faune ou la flore sont pourtant encore mal connus.

La sécheresse du Sahel de 1968, désas- treuse pour les populations humaines, a entraîné localement de nombreuses extinc- tions, notamment celles d'espèces d'oiseaux migratrices qui hivernaient là habituelle- ment. Dans les régions transcaucasiennes, la sécheresse provoque régulièrement la disparition de la taupe et du campagnol.

Les îles océaniques tropicales, où les espèces vivantes sont particulièrement nom- breuses et fortement endémiques, en ont souvent souffert. Leurs faibles effectifs, justifiés par la petitesse des îles, les rendent beaucoup plus sensibles aux catastrophes météorologiques.

Le grand ouragan des 27 et 28 février 1760 aux îles Mascareignes, qui provoqua la mort de quatre cent cinquante personnes à Maurice, entraîna une régression considé- rable des oiseaux. Plus proche de nous, le 12 novembre 1970, dans le golfe du Bengale, un cyclone s'abattait, faisant de 300 à 500 000 morts et dévastant une zone de plusieurs centaines de kilomètres carrés.

Les incendies, dont certains naturels, con- tribuent à la raréfaction, voire à la dispari- tion des espèces et du couvert végétal.

Aux Etats-Unis, pour la seule année 1952, 5,6 millions d'hectares de forêts ont été détruits par 188 000 incendies et près de 100 millions de mètres cubes de bois ont brûlé.

Plus exceptionnellement, mais lorsque la régression des espèces est déjà particulière- ment avancée, d'autres catastrophes naturel- les peuvent détruire les derniers spécimens ; c'est le cas du rat musqué des Antilles ou pilori, Megalomys demaresti, dont les derniers survivants ont péri dans l'éruption de la montagne Pelée en 1902.

Pour les extinctions d'espèces antérieures à l'avènement de l'homme, de telles catastro-

L'éruption de la montagne Pelée, en 1902, provoqua la disparition du rat musqué Megolomys demoresti ou Pilori.

phes naturelles sont évoquées. Pour expli- quer la disparition des dinosaures, les paléontologues ont évoqué une pluie de météorites, des changements climatiques, des variations du niveau des mers, des rayonnements d'origine cosmique, des pluies acides...

S'il est vrai que plusieurs centaines d'espè- ces animales et végétales ont déjà disparu du fait de l'homme, leur nombre reste sans commune mesure avec les dizaines de millions d'espèces qui se sont éteintes depuis la première manifestation de la vie sur terre.

En revanche, les prospectives internationales prévoient la disparition de plus d'une cen- taine d'espèces animales ou végétales par jour à l'horizon 2050, soit un taux d'extinc- tion supérieur à celui de la plupart des grandes crises biologiques.

Ces prévisions, établies par la société américaine Worldwatch dans un rapport daté de 1987, conduisent à penser que la crise biologique du 21e siècle aura des conséquences tout aussi désastreuses que les plus grandes crises du passé de notre Terre.

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Les derniers survivants

Les zoos ont abrité à maintes reprises les derniers survivants d'espèces aujourd'hui disparues.

Nombre de spécimens conservés dans les musées internationaux se trouvent être les derniers représentants connus d'animaux éteints. Les espèces rares ont de tout temps suscité l'intérêt des naturalistes ou des chasseurs et parfois même engendré des recherches, des échanges de correspondances qui nous permettent de retrouver des dates, des descriptions...

La plupart des données qui figurent dans ce livre sont le résultat d'un énorme travail de recherche entrepris depuis près d'un siècle par des centaines de naturalistes.

Grâce à eux, il est possible de retracer l'histoire des derniers représentants de plu- sieurs de ces espèces disparues. Paradoxale- ment, il est arrivé que la nouvelle de la raréfaction d'une espèce ait provoqué son extinction.

Lorsque les effectifs des espèces descen- dent en dessous d'un certain seuil, inférieur à la dizaine, leur extinction devient quasi- ment inéluctable.

Plus d'une centaine d'espèces survivent actuellement avec des effectifs de cet ordre, voire plus faible encore. Certaines espèces

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de plantes ne sont connues que par un seul arbre, d'autres même par une seule graine.

Chez les plantes, les graines permettent de faire revivre des espèces dont n'existe plus aucun plant en pied. Ce fut ainsi le cas de l'arbre dodo, Calvaria major, dont les graines ne pouvaient germer qu'après avoir été ingérées par le dodo. Depuis la disparition du dodo, aucun plant nouveau n'avait pu naître, jusqu'à ce qu'un botaniste américain, le Dr Stanley Temple, eut l'idée, en 1973, de forcer des dindes à en avaler quelques graines. Il put ainsi faire germer trois graines, pour la première fois depuis deux cents ans.

Certaines espèces peuvent être considérées comme virtuellement éteintes alors que quel- ques spécimens survivent encore. C'est le cas du moineau maritime nord-américain disparu en 1987 et dont les quatre derniers représentants connus étaient des mâles.

Les disparitions locales, généralement sans gravité pour la pérennité d'une espèce, sont souvent de sérieux signes avant-coureurs de

Le macareux moine, abondamment chassé par les pêcheurs et victime des marées noires, a vu sa distribution se réduire de moitié en cent ans et a presque disparu de nos côtes.

la raréfaction future, et relèvent des mêmes mécanismes que l'extinction définitive.

Les grands voyageurs naturalistes ont eu pour tâche, dès les années 1600, de rapporter pour leur étude les nouveaux animaux découverts. Ces spécimens, dont tous n'ont pas eu la chance de survivre à leur long voyage, sont souvent les seuls connus : c'est le cas des deux perruches Cyanorhamphus ulietanus récoltées par Cook dans les îles de la Société qui sont les seuls spécimens connus. Elles ont sans doute survécu dans la nature pendant quelques années après ce voyage de Cook en 1774, mais ne sont connues par aucun autre écrit ou spécimen.

Lorsque ces animaux avaient la chance de survivre à ces voyages, ils étaient commu- nément placés dans des ménageries. Faute de partenaires ces individus devaient sou- vent rester sans descendance. Ils faisaient la curiosité des grands de ce monde. Les jardins de l'impératrice Joséphine et du roi de Bavière ont possédé des oiseaux dont le nombre des spécimens actuellement connus en font les espèces les plus rares.

Curieusement, cette rareté des espèces aurait dû amener leurs détenteurs à en prendre grand soin, mais ce ne fut pas souvent le cas. Le dernier émeu de Tasmanie serait mort noyé dans la piscine de son maître, la dernière autruche de Syrie fut tuée par des soldats allemands affamés en 1944, de nombreux spécimens périrent à bord des navires qui les emmenaient au pays. C'est par exemple le cas du kangourou Bettongia gaimardi, tué par le chien du bord, du renard des Malouines qui préféra sauter par-dessus le bastingage du navire lors d'un combat naval, ou de deux dodos ramenés en France et pour lesquels on soupçonne le commandant du port du Havre de les avoir mis en sauce.

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Achevé d'imprimer sur les presses d'I. G. Castuera, S.A. à Pampelune Photogravure: Prodima S.A. à Bilbao

Photocomposition: Nord Compo à Villneuve d'Ascq (59)

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