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La dimension éthique de l’université Marocaine

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La dimension éthique de l’université Marocaine

NEMAR Houda

Doctorante, formation doctorale « Langue, Communication et Culture »

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Moulay Ismail, Meknès.

Email : houdanemar@gmail.com

Résumé

Parler d’éthique en mentionnant l’institution universitaire peut paraître anodin en arguant que les valeurs universitaires sont intrinsèquement liées à l’université et que cette dernière ne peut acquérir ce caractère de noblesse sans elles. Or, face à la complexité de l’enseignement supérieur et à l’élargissement de ses missions dans la société, il nous paraît évident de soulever certaines questions, qui semblent indispensables, sur les nouvelles dimensions éthiques et morales de l’université marocaine. En effet, comment rendre les valeurs de liberté, d’équité, d’impartialité, de justice et de solidarité et autres effectives à l’université marocaine alors que celle-ci est dirigée vers une approche managériale marquée par la compétitivité et l’efficacité ?

Le présent papier piste à la trace les facettes de l’éthique à l’université en identifiant le cadre complexe dans lequel elles s’opèrent. Par la suite, nous allons préciser la notion de

« multiversité » de Clark Kerr et déterminer les caractéristiques fondamentales de l’éthique de la connaissance à l’université marocaine.

Mots clés : éthique – université – complexité – multiversité- éthique de la connaissance.

Abstract

Speaking of ethics within the context of university may seem evident when arguing that university values are intrinsically linked to the university and that the latter cannot assume this character of nobility without them. However, faced with the complexity of higher education and the expansion of its missions in society, it seems obvious to raise certain questions, that seem to be indispensable, about the new ethical and moral dimensions of Moroccan university: how to make the values of equity, impartiality, justice and solidarity and others effective at the Moroccan university when this latter is directed towards a managerial approach marked by competitiveness and efficiency?

This paper investigates the facets of ethics at the university as a supreme finality by subsequently specifying the complex framework in which it operates. Clark Kerr's notion of

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“multiversity” is, then, questioned and the fundamental characteristics of the ethics of knowledge at the Moroccan university are specified.

Keywords: ethics - university-complexity- multiversity- ethics of knowledge.

Introduction

Les valeurs éthiques dans les organisations publiques ou privées sont aujourd’hui plus que jamais mises à l’ordre du jour. L’université en tant qu’institution remplissant un service public n’échappe pas à cette règle. Elle s’inscrit dans cette dimension de valorisation de l’activité universitaire dans un environnement complexe qui amplifie de plus en plus ses attentes envers cette grande institution.

Après la réforme de la loi 01-00 portant organisation de l’enseignement supérieur au Maroc, L’université s’est engagée à remplir ses missions classiques de formation et de recherche scientifique et de s’ouvrir sur son environnement socio-économique. Ce qui a engendré des transformations profondes de son environnement institutionnel. On peut citer, entre autres, celles relatives à la reddition des comptes(Ramirez&Christensen,2013), à l’internationalisation du système universitaire et ses tensions avec les espaces nationaux de régulation (Musselin, 2009), à la concurrence qui se base sur des critères de performance centrées sur les classements et la gestion de l’image de marque de l’organisation (Espleand &

Sauder, 2007), ou encore à l’évolution de l’économie des connaissances (Colyvas, 2007) qui vise à rendre la science instrumentale et consumériste par rapport à la loi du marché. Tous ses changements au niveau économique, politique, social et culturel, nous obligent à se préoccuper du cadre éthique universitaire. Comment les valeurs d’équité, d’impartialité, de justice et de solidarité et autres peuvent être effectives à l’université marocaine alors que celle-ci est dirigée vers une nouvelle approche managériale marquée par la compétitivité et l’efficacité ? Comment amener les universitaires à adopter davantage une éthique de la connaissance et de la recherche dans leurs pratiques académiques avec ce nouvel environnement institutionnel complexe de l’université ?

Ces interrogations nous pousseront à nous intéresser sur la fonction même de l’université, en tant qu’organisation qui ne cessera d’évoluer, en s’attardant sur ses missions fondamentales et en précisant certains de ses aspects éthiques. Ensuite, nous nous interrogerons sur les codes éthiques à mobiliser pour approcher et produire des connaissances académiques et scientifiques à l’institution universitaire.

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I- La fonction de l’université dans un cadre complexe

Il s’agit de préciser la fonction de l’université dans un cadre complexe en précisant ses missions fondamentales et en précisant la notion de « multiversité » de Clark Kerr qui a instauré sa propre vision de l’université contemporaine. L’objectif est de cerner l’environnement auquel s’inscrivent les vertus et les valeurs éthiques de l’institution universitaire.

I-1 Les missions fondamentales de l’université

La notion de l’université vient du terme juridique latin « universitas »1. Il désigne une communauté, une assemblée ou une corporation de maîtres et/ou d'élèves (universitas magistrorum et scolarium) qui a permis à ses adhérents de bénéficier d’une certaine autonomie par rapport à l’autorité ecclésiastique, aux bourgeois de la ville réunis en assemblées ou en communes. Sa finalité est « d’assurer à un niveau supérieur l’enseignement d’un certain nombre de disciplines. »2

Depuis sa création, l’université n’a cessé d’évoluer et de faire l’objet d’une succession de réformes aussi bien au niveau national qu’international. L’université telle qu’on la connaît actuellement a franchi plusieurs étapes pour avoir cette configuration contemporaine. Cette « longue marche des universités »3 a commencé par ses premiers modèles du moyen-âge. Sa fonction se basait surtout sur les études (le stidum) car elle se focalisait essentiellement sur l’enseignement et la transmission du savoir sans se préoccuper d’autres choses. Par la suite, la conception humboldienne a institutionnalisé la recherche scientifique au sein de l’université. En effet, dès qu’on a confié à Humboldt en 1809 la mission de fonder l’université de Berlin, il a uni la fonction de l’enseignement et la recherche scientifique au sein de l’institution universitaire. Selon lui :

« On fait manifestement du tort aux universités en expliquant qu’elles ne sont destinées qu’à enseigner et à diffuser la science, alors qu’il reviendrait aux académies de la développer. (…) Le mouvement de la science est manifestement plus rapide et plus vivant dans une université, car elle y est continuellement reprise et relancée par un grand nombre d’esprits, qui sont en

1 Ce terme juridique latin on le retrouve également dans le texte fondateur de l’Université de Paris du 15 janvier 1200.

2CHARLE. CH, VERGER. J, Histoire des universités XII-XXI siècle, 2012, Quadrige, PUF, ISBN : 9782130588139. P.5

3 Un concept inspiré de la sociologue Christine Musselin dans son livre « la longue marche des universités françaises » (1988).

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outre plus puissants, plus vigoureux et plus jeunes. (…) Il serait à coup sûr possible de confier le développement des sciences aux seules universités, à condition de les organiser convenablement, et de se passer des académies »4.

Ce modèle allemand humboldien de l’université fut adopté par le reste de l’Europe et d’autres continents (Les Etats Unies, etc.). Les exercices en laboratoires et la conception de la recherche deviendront une partie intégrante dans les cursus universitaires pour compléter les formations des étudiants. Ce modèle a révolutionné les représentations anciennes sur l’université qui limitaient son rôle dans une perspective de l’enseignement seulement. C’est une conception utopique de l’université qui cherche la vérité par le biais de la recherche.

Pour Etkowitz et al (2000)5, le monde universitaire a connu deux révolutions majeures : la 1ére fut installée lorsque l’université a intégré la recherche scientifique dans ses missions traditionnelles à côté de l’enseignement et la deuxième lorsqu’elle a adopté une troisième mission, celle relative à son développement socio-économique à travers son ouverture aux partenariats externes et les échanges de savoirs. C’est « le modèle de la triple hélice » (Etkowitz et al. (2000) désignant la dynamique des interactions entre l’université, l’industrie et l’Etat.

Au Maroc, l’enseignement supérieur est régit par la loi 01-00 qui organise son fonctionnement et son cadre légal. L’article 3 de cette dite loi trace certaines missions de l’université :

« Les universités ont pour missions principales :

 La contribution au renforcement de l'identité islamique et nationale ;

 La formation initiale et la formation continue ;

 Le développement et la diffusion du savoir, de la connaissance et de la culture ;

 La préparation des jeunes à l'insertion dans la vie active notamment par le développement des savoir-faire ;

 La recherche scientifique et technologique ;

4Wilhelm von Humboldt, « Sur l’organisation interne et externe des établissements supérieurs à Berlin », dans Philosophies de l’université, Luc Ferry et Alain Renaut (sous la dir.de), Paris, Payot, 1979, p.326

5ETKOWITZ H., WEBSTER A., GEBHARDT C., et TERRA B., 2000. The future of the University and the University of the future: Evolution from Ivory Tower Entrepreneurial Paradigm, Research Policy 29(2), p.313- 330

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 La réalisation d'expertises ;

 La contribution au développement global du pays ;

 La contribution à la promotion des valeurs universelles.

 Les universités ont vocation normale à dispenser tous enseignements et formations initiales et à préparer et délivrer les diplômes y afférents.

 Elles organisent des formations continues au profit des personnes engagées ou non dans la vie active pour répondre à des besoins individuels ou collectifs. »6

Certes, les missions sont multiples. Néanmoins, la plupart des spécialistes considèrent que trois choses tombent sous l’activité des universités, à savoir l’enseignement, la recherche scientifique et un service à l’égard de la société, service lié directement ou indirectement à l’enseignement ou à la recherche. Dans ce sens, Clark Kerr propose de parler de

« multiversité » pour désigner cette fonction pluriséculaire de l’université.

I-2 La notion de « multiversité » de Clark Kerr

Clark Kerr, ancien président de l’université de Californie de Berkeley, a proposé il y’a plus de quarante ans le terme de « multiversité » pour définir l’université contemporaine. Selon lui, cette notion définit d’une façon fidèle les missions multiples que ces institutions supérieures sont amenées à remplir. En effet, dans son célèbre ouvrage « The uses of the university » Kerr précise que « l’université représente plusieurs choses pour tant de gens différents qu’elle doit certainement partir en guerre contre elle-même. »7

Pour Clark Kerr, la « multiversité » est une institution inconstante, ses contours sont flous.

Elle inclut plusieurs communautés en son sein : la communauté des étudiants du premier cycle et celle du second cycle, la communauté des humanités, des sciences sociales, des scientifiques, les communautés des instituts techniques, la communauté du personnel non universitaire et enfin la communauté des administrateurs. Dans la « multiversité » les intérêts communautaires sont hétérogènes et même parfois antagonistes. Elle reflète également des réalités paradoxales énormes : elle défend l’égalité des chances tout en étant une société de classe. Cette crise d’identité de l’université contemporaine a été bien reprise par plusieurs auteurs, notamment Olivier Reboul qui précise que : « (…) Si l’université est en crise, il s’agit

6 Article 3 de la loi 01-00 portant organisation de l’enseignement supérieur au Maroc.

7 KERR. C, The uses of the university, Cambridge: Harvard University Press, 5th edition, 2001. P.7.

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essentiellement d’une crise d’identité. Enseignement culturel ou formation professionnelle ? Primat de la recherche ou primat de l’enseignement ? Recherche fondamentale ou appliquée ? Sélection des étudiants, avec le risque d’élitisme, ou accueil du plus grand nombre, avec le risque de nivellement ? Unité du savoir, ou savoirs spécialisés. »8

I-3 Le cadre complexe de l’université contemporaine

L’université est une organisation complexe car elle est censée répondre à plusieurs finalités à la fois (internes, externes) en adoptant plusieurs logiques et modèles qui peuvent paraître contradictoires mais qui sont en interrelation les unes des autres. Cette réalité affecte l’identité même de cette grande entité (communauté, institution, modèle entrepreneurial) et par la suite son cadre éthique.

I-3-1 Le modèle communautaire :

Le modèle communautaire, collégial trouve son origine de l’université médiévale.

Charle & Verger ont précisé dans ce sens que : « partout maîtres et/ou étudiants se sont réunis pour constituer une « université » jurée, ils se sont donné des statuts, des représentants élus, ils se sont organisés pour assurer entre eux l’entraide mutuelle, garantir leur protection face aux menaces possibles de la population et des autorités locales et réglementer l’exercice autonome de l’activité qui était la raison d’être de l’association, à savoir l’étude et l’enseignement. »9

Le modèle corporatif de l’université médiévale a pu instaurer le principe de l’autonomie universitaire par rapport aux pouvoirs extérieurs et a valorisé la liberté académique dans les pratiques universitaires en général. Ce modèle communautaire fut renforcé par la conception humboldienne qui a combiné l’enseignement et la recherche au sein de l’université. Selon Humboldt, l’université est une communauté des enseignants et des étudiants qui cherche la vérité par le biais de la recherche scientifique.

Ce qu’il faudrait préciser c’est que la logique de la communauté universitaire est différente de celle de l’institution ou de l’organisation. Elle se rapporte à l’éthique, la justice, la morale, la collégialité pour maintenir la coopération en communauté.

I-3-2 Le modèle institutionnel :

8 REBOUL, O., La philosophie de l’éducation, Paris : PUF, 1989, p. 43.

9 CHARLE. CH, VERGER. J, op.cit., p.32.

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Le modèle institutionnel de l’université nous renvoie à cette dimension sociale que l’université remplit à l’égard de la société. C’est une institution qui ne doit pas faillir à ses obligations selon des lois et des obligations. Béatrice Galinon- Mélènec précise dans ce sens que l’université « en tant qu’institution elle constitue un phénomène qui dépasse la logique de l’ici et maintenant pour assurer permanence, continuité et stabilité aux choix fondamentaux effectués par les groupes sociaux. (…) elle est le garant du maintien de valeurs jugées fondamentales par la société. Elle renvoie à un choix de société, à des valeurs. »10

Cette logique institutionnelle de l’université l’oblige à adopter ses propres modes de fonctionnement et de régulation. Au Maroc « Les universités sont créées par la loi conformément à l’article 46 de la constitution. Elles sont des établissements publics dotés de la personnalité morale et de l’autonomie administrative et financière... »11Cette dimension de service public de l’université garantit à ses usagers la continuité, la gratuité, le droit à l’information et la permanence.

I-3-3 Le modèle entrepreneurial :

Le modèle de l’université entrepreneuriale fut instauré par Burton Clark en 1998 qui s’est basé sur l’étude de cinq universités européennes (Warwick en Angleterre, Strathclyde en Ecosse, Joensuu en Finlande, Twente aux Pays-Bas, Chalmers en Suède) pour arriver au constat suivant : une université est dite entrepreneuriale lorsqu’elle est capable d’avoir une culture d’organisation propice à l’esprit d’entreprise et en mesure de prendre des risques lorsque les nouvelles pratiques sont mises en œuvre et qui peuvent donner lieu à une exploitation commerciale à but lucratif. Cette idée d’université entrepreneuriale est très attrayante selon Clark dans la mesure où elle permet de combler le déficit et les insuffisances des financements des pouvoirs publics attribués à l’enseignement et à la recherche scientifique. En plus, la massification de l’enseignement supérieur a accéléré le mouvement de l’ouverture de l’université au monde socio-économique.

Néanmoins, plusieurs universitaires critiquent cette idéologie entrepreneuriale qui s’est instaurée au sein de la communauté universitaire. Giroux affirme dans ce sens que même le langage universitaire a changé au profit du jargon managérial :

« Les mots tels qu’étudiant, professeur, administration, savoir, évaluation, se voient remplacés par ceux de client ou produit, membre du personnel, ressource humaine ou

10 GALINON-MELENEC, B., Inertie organisationnelle, communication institutionnelle et financement : le cas de l’Université. In Communication d’entreprises et d’organisation, Presses Universitaires de Rennes, 1988, p.222

11 Article 4 de la loi 01-00 portant organisation de l’enseignement supérieur au Maroc.

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employé, gestion, information, contrôle de la qualité. Cette langue qui devrait être étrangère ne semble même plus étonner une partie des personnels de l’université. Ce manque d’étonnement, le naturel avec lequel l’université parle maintenant la langue des affaires et de la performance est, à mon sens, l’aspect le plus problématique de la situation. » 12Ce

« Newspeak » de la performance selon Giroux est une nouvelle façon de contrôler la pensée.

Ce qui entraîne par ce fait le détournement des fins de l’enseignement, de la recherche et l’administration universitaires.

Par conséquent, avec l’avènement de ce nouveau paradigme plusieurs interrogations s’avèrent légitimes : comment peut-on concilier entre les missions traditionnelles de l’université et sa nouvelle vision entrepreneuriale ? Ne peut-on pas craindre que cette mutation organisationnelle oblige l’université à renoncer au caractère d’utilité publique de l’institution au profit de l’approche utilitaire et consumériste de l’organisation universitaire ? De plus, il est utile de savoir si les universitaires arriveraient à combiner les valeurs éthiques d’intégrité scientifique, de rigueur méthodologique avec les valeurs entrepreneuriales à l’université.

II- La place de l’éthique à l’université marocaine II-1 La définition de la notion de l’éthique

Le mot éthique vient de l’étymologie grecque « ethikos » qui signifie « la morale ».

Néanmoins, il convient de distinguer les deux notions car l’une ne signifie pas nécessairement l’autre. La morale (l’impératif de Kant : tu dois) se base sur un ensemble de lois, de règles ayant un caractère universel, irréductible. Elle se rapporte à la distinction entre le bien et le mal en fonction de ce qui est conforme. Alors que l’éthique se rapporte aux valeurs et se détermine de manière hypothétique et relative en fonction d’une communauté humaine bien déterminée et de sa liberté de jugement et d’action. Quant à la déontologie, elle se définit comme l’ensemble des règles qui organisent une profession. C’est cette « mise en pratique des devoirs professionnels dans les situations concrètes du métier.»13

Depuis la nuit des temps, la notion de l’éthique a interpellé l’esprit critique de l’être humain. Aristote, le grand philosophe de la Grèce antique, en a consacré plus de 40 ouvrages

12GIROUX, A., « À l’université révolutionnée, le Newspeak de la performance », in : Gohier C., dir, Enseigner et libérer : les finalités de l’éducation, Sainte-Foy, Presses de l’Université Laval, pp. 144-157, p.146.

13 VIGOUROUX, CH., Déontologie des fonctions publiques, Dalloz, Praxis, 2006, p.16.

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pour cerner ses dimensions multiples14. Si on adopte sa propre vision, on peut définir l’éthique comme « la réflexion sur la fonction et le contenu des normes morales et sur les moyens permettant éventuellement de définir des valeurs fondamentales supérieures aux valeurs particulières d’une société ou d’une culture donnée. »15 Par ce fait, l’éthique publique « fait référence à un ensemble d’actions qui sont bonnes tant d’un point de vue individuel que collectif que sociétal, L’éthique de gestion publique se trouve à la croisée de l’éthique individuelle(ne pas agir contre ses principes), de l’éthique collective (l’organisation publique poursuit l’intérêt général), de l’éthique des politiques publiques (grands principes démocratiques de fonctionnement d’une société). »16

Paul Ricœur définit la visée éthique comme étant « la visée d’une vie bonne, avec et pour les autres, dans des institutions justes. »17 Cette thèse théologique ricoeurienne met en exergue la relation qui existe entre la reconnaissance de soi et d’autrui dans des institutions justes pour une vie bonne. Si on applique cette philosophie ricoeurienne à l’institution universitaire on pourrait affirmer que la notion de justice devrait primer dans les pratiques universitaires en général pour réaliser une certaine visée éthique à l’université. Elle doit être un lieu de lutte contre la corruption en favorisant l’égalité des chances et la justice sociale. Or, Ricœur dans son ouvrage « Faire l’université : Leçons pour une Université au service du développement en Afrique » a reconnu la lourde mission de l’université : entre sa massification et son élitisme par rapport à certaines filières et a proposé de redéfinir le rôle et la responsabilité de l’université dans la formation des cadres supérieures d’une nation, surtout celle des cadres africains. Selon Ricœur, « faire l’université » n’a rien de contraignant mais elle seule permet de réaliser un développement durable. L’université doit devenir une université d’action fondée sur le besoin pratique. Cependant, cette vision pratique de l’université ne devrait pas nous écarter de ses aspects éthiques que nous allons détailler dans ce qui suit.

II-2 Quelques aspects éthiques de l’université

14 On peut citer « l’éthique à Nicomoque » qui a marqué la philosophie occidentale du Moyen-âge.

15 BENBRAHIM., Z., Ethique et gouvernance : entre intentions et pratiques, Cairn info, Management & Avenir, 2006, p.43-59, p.44.

16 Chappoz, Yves, et al. « Valeurs et régulation de systèmes universitaires : l’élaboration des codes de déontologie en France et dans les pays du CAMES », Gestion 2000, vol. 32, no. 5, 2015, pp. 39-58.

17 RICOEUR, P, Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990, p.202.

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L’éthique à l’université est une question multidimensionnelle qui englobe plusieurs paramètres à la fois. Nous relaterons quelques-unes de ses aspects qui nous paraissent indispensables pour refléter la réelle identité de l’organisation universitaire.

II-2-1 L’autonomie institutionnelle et la liberté académique de l’université

Nous pensons que les deux concepts « autonomie institutionnelle » et « liberté académique » sont intimement liées les uns des autres. Le premier désigne cette autonomie que l’université possède pour décider de son présent, et de son avenir institutionnel. Le deuxième se réfère à cette liberté que les universitaires, les académiciens possèdent pour interagir avec une science, une connaissance en général (au niveau de sa production, transmission, présentation, etc.).Comme le précise la Magna Charta Universitatum18, (la Grande Charte des Universités) « L’université (…) est une institution autonome qui, produit et transmet la culture par le biais de la recherche et l’enseignement. Pour répondre aux nécessités du monde contemporain, elle doit être indépendante de tout pouvoir politique, économique et idéologique. »

Jacques Derrida dans son célèbre ouvrage « l’université sans condition » a précisé depuis le départ sa propre conception de l’université moderne en spécifiant que :

« L’université moderne devrait être sans condition (…) Cette université exige et devrait se voir reconnaître en principe, outre ce qu’on appelle la liberté académique, une liberté inconditionnelle de questionnement et de proposition, voire, plus encore, le droit de dire publiquement tout ce qu’exigent une recherche, un savoir et une pensée de la vérité. »19

Cette pensée de la vérité, devrait s’exercer à l’université dans un cadre libre, autonome qui valorise cette quête. D’où l’importance d’une gouvernance qui privilégie l’éthique à l’université.

II-2-2 Le cadre éthique de la gouvernance universitaire

La gouvernance en général se définit comme un moyen de réalisation des objectifs institutionnels (Salter & Tapper 2001). Elle devrait permettre à l’institution de répondre aux exigences de son environnement interne et externe. La gouvernance de l’université en tant

18 La Magna Charta Universitatum est un document signé officiellement par 388 recteurs d’université le 18/9/1988. Il est destiné à ancrer les valeurs fondamentales de l’université et les traditions universitaires.

19 DERRIDA, J, L’université sans condition, Galilée, 2001, p.11-12.

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qu’entité particulière des organisations publiques, doit obéir aux exigences de son environnement interne et externe tout en prenant en considération les valeurs éthiques qui priment dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. En effet, le système de valeurs et l’idéologie du monde universitaire déterminent fortement les modes de gouvernance de l’institution universitaire.

À l’instar des organisations universitaires, l’université marocaine s’est influencée par les pratiques du Nouveau Management Public (NMP) qui empruntent les modalités de gestion du secteur privé aux organisations publiques. Le management public est défini par Bartoli comme étant « l’ensemble des processus de finalisation, d’organisation, d’animation et de contrôle des organisations publiques visant à développer leurs performances générales et à piloter leur évolution dans le respect de leur vocation. »20 Les valeurs managériales telles que la performance, la productivité, l’efficacité, la compétitivité et l’efficience s’ajoutent aux valeurs éthiques traditionnelles de l’université telles que la collégialité, la liberté académique, etc. Néanmoins, malgré l’importance des valeurs managériales nécessaires à une administration efficace, il ne faudrait pas que les dirigeants de l’université mettent au second plan les valeurs universitaires inhérentes à l’institution universitaire. L’université doit veiller à l’adoption des bonnes pratiques de la gouvernance universitaire dans le respect total des valeurs éthiques de l’institution universitaire tout en s’ouvrant sur les changements organisationnels de l’université.

II-2-3 Les caractéristiques fondamentales de l’éthique de la connaissance à l’université Nous entendons par éthique de la connaissance, les considérations éthiques que les universitaires devraient avoir pour produire, transmettre, présenter un savoir, une science.

Nous passerons en revue l’éthique de la connaissance selon la conception de Monod et celle de Pouivet.

A La révolution éthique proposée par Monod :

Le monde connaît actuellement une grande révolution scientifique dans tous les sens.

Jacques Monod en a proposé pour accompagner cette dernière « une révision totale des fondements de l’éthique »21.Cette révolution éthique dont parle Monod, est nécessaire car elle est liée au principe de l’objectivité de la science. Selon Monod, « Poser le postulat d’objectivité comme condition de la connaissance vraie constitue un choix éthique. »22C’est

20 BARTOLI.A., Le management des organisations publiques, Dunod, Paris, 1998, p.98

21 MONOD.J, Le hasard et la nécessité, 1970, p.214.

22 MONOD.J, ibid., 1970, P.220.

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la connaissance objective qui est basée sur un choix éthique. Cette connaissance objective en constitue la seule source d’une connaissance vraie à tel point d’en faire une valeur suprême.

Ce qui revient à accepter, quoi qu’il en soit, les résultats de cette connaissance et de renoncer à l’illusion qu’il y’ait un sens dans l’univers en privilégiant l’être humain.

Michel Morange soutient les propos de Monod en précisant que « le choix de la connaissance objective est bien un choix éthique fondamental pour l’humanité. »23Cette quête de la vérité par le biais de la connaissance objective privilégie selon Monod la probité intellectuelle, la recherche au sein d’un travail d’équipe, le dialogue avec les différents chercheurs, etc. Cependant, plusieurs critiques ont été apportées à cette conception monodienne de l’éthique de la connaissance car cette exigence de l’objectivité, comme la seule norme éthique exclut tout domaine du savoir en dehors de la science. Cette conception de l’éthique bien qu’elle privilégie la science, nous apparaît insuffisante pour accompagner les différentes formes de la connaissance humaine et des institutions contemporaines, notamment des universités.

B L’épistémologie des vertus de Pouivet

Roger Pouivet parle de l’éthique de la croyance dans son ouvrage « qu’est-ce que croire ».

Il soutient la thèse de « l’épistémologie des vertus » en précisant que le plus important dans une activité de connaissance, ce sont les vertus des personnes qui se dévouent à la recherche, à la transmission et au partage de la connaissance. Selon Pouivet « l’appartenance à une communauté qui promeut le développement des vertus intellectuelles n’a vraiment rien de mineur »24.

Selon Pouivet25, les vertus épistémologiques de la connaissance reposent sur les règles suivantes :

a) L’impartialité intellectuelle : Pouivet la définit comme étant cette faculté de s’ouvrir aux idées des autres et d’être soucieux de les comprendre. C’est cette capacité de juger la valeur d’une autorité intellectuelle et d’avoir le sens de sa propre faillibilité. Pouivet cite en contrepartie les deux vices qui peuvent affecter cette faculté à savoir : la partialité et l’indifférence intellectuelles.

23 MORANGE, M, « l’éthique de la connaissance ». Bulletin d’histoire et d’épistémologie des sciences de la vie.

Ed kimé, 2010, p 147-154, p.153.

24 POUIVET, Roger, Qu’est-ce que croire, Paris : Vrin, 2003, p.39.

25 POUIVET, R, ibid. p.34-35.

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b) La sobriété intellectuelle : Il s’agit d’être vigilant, surtout devant des idées

« enthousiasmantes », de respecter les autorités intellectuelles mais tout en ayant un certain aspect critique. Les deux vices qui peuvent affecter cette dimension de sobriété sont : la débauche et l’étroitesse intellectuelles.

c) Le courage intellectuel : Le courage au niveau intellectuel signifie qu’on est capable de s’opposer au conformisme intellectuel et d’examiner sérieusement les idées qui vont à l’encontre des idées courantes. Les deux vices correspondants sont : la lâcheté et la paralysie intellectuelles.

d) La pertinence intellectuelle : C’est quand le chercheur se préoccupe de choisir convenablement les moyens de la recherche pour la quête de la vérité. Les deux vices correspondants sont : la dispersion et l’obsession intellectuelles.

e) L’équilibre réfléchi : C’est le fait de savoir modifier une règle quand elle conduit à rejeter une intuition à laquelle nous tenons et être capable de renoncer à une intuition quand elle nous conduirait à rejeter une règle fondamentale. Les deux vices correspondants sont : la rigidité et la faiblesse intellectuelles.

Il est évident que les vertus telles qu’elles sont décrites par Pouivet sont indispensables pour une éthique de la connaissance. Elles concernent la communauté universitaire dans son intégralité. Dans ce sens, le rôle des universités englobe la recherche scientifique, la transmission des connaissances et également la pratique des vertus de la connaissance.

Pouivet relance dans ce sens que « l’éthique de la croyance et notre responsabilité épistémique n’impliquent pas un contrôle de la valeur épistémologique de nos croyances, mais des habitus intellectuels grâce auxquels nos chances de parvenir à la vérité sont accrues. »26 . En effet, l’université « (…) fait profession de la vérité. Elle déclare, elle promet un engagement sans limite envers la vérité. »27

Partout dans le monde, certaines universités ont senti le besoin d’instaurer une charte éthique de leurs institutions où ils mettent les différents repères et valeurs éthiques qui doivent guider la vie universitaire en général. C’est une pratique louable, encore faut-il que la communauté universitaire y applique ses différentes dispositions à bon escient et en adéquation avec la particularité de l’institution universitaire.

26 POUIVET, R, 2007, Pourquoi les hommes ont-ils besoin de vertus épistémiques ? in T. Bénatouil & M. Le Du (éd) Le retour des vertus intellectuelles, Les cahiers philosophiques de Strasbourg, 143-178, p.150

27 DERRIDA, J, op.cit., p.12.

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14 Conclusion

L’université, tout au long de son histoire, a connu de nombreuses transformations et mutations qui ont bouleversé sa structure, ses missions, ses systèmes d’identification, son interaction avec la société et ses relations avec les différentes formes du pouvoir. On en a même parlé d’une crise de son identité, de son « naufrage » et bien d’autres théories qui n’arrivent pas concevoir l’université en dehors de son cadre utopique des temps révolus.

Actuellement, l’université contemporaine est confrontée à de nouveaux défis tels que son internationalisation, son ouverture vers son environnement socio-économique, la concurrence et l’adoption de certaines pratiques du Nouveau Management Public (les classements, la rationalisation, l’évaluation des pratiques de gouvernance universitaire). Toutefois, toutes ces mutations ne devraient pas nous éloigner des valeurs traditionnelles, universelles de cette institution presque millénaire. L’université devrait incarner toujours cet aspect idéaliste de valorisation de l’être humain en persistant à demeurer un lieu de liberté, de quête de la vérité, d’équité et de justice.

Les questions des valeurs éthiques au sein des organisations universitaires sont aujourd’hui plus que jamais des sujets d’actualité. L’université marocaine, n’échappe pas à cette règle.

Elle doit adopter les bonnes pratiques de la gouvernance universitaire pour assurer à la fois la qualité et la performance mais sans pour autant oublier les valeurs de la collégialité, de la communauté universitaire qui fait l’essence même de cette grande institution. Elle doit

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également former les élites de la société, assurer un service à son égard, par le biais de l’enseignement et la recherche scientifique tout en préservant les principes du service public.

Certes, les nouvelles missions de l’université interpellent de nouvelles configurations, des changements structurels et des approches qui intègrent de nouvelles pratiques par les universitaires en général. Toutefois, il faut toujours garder à l’esprit que l’université est un

« havre de conscience et d’humanité au milieu des pressions et des complications déshumanisantes du monde moderne; un centre où l’intelligence, en proie aux spécialisations et aux distractions dans lesquelles viennent se perdre les fins humaines, est en mesure de mettre en œuvre un système de valeurs élaboré et de se consacrer aux problèmes de la civilisation »28 (Leavis, 1943).

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