La personnalité marocaine. dans la dynamique de la diversité. La personnalité marocaine. à travers l histoire

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La personnalité marocaine à travers l′histoire

La personnalité marocainedans la dynamique de la diversité

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Publications : Conseil de la communauté marocaine à l'étranger Impression : Imprimerie Toumi - Salé - 2017

ISBN : 978-9954-669-26-6 Dépôt Légal : 2017MO1563

Edition : 2017

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Abdelmajid KADDOURI (Coordination)

La personnalité marocaine à travers l′histoire

Traduit de l’arabe Abdelhamid Ibn El Farouk

La personnalité marocainedans la dynamique de la diversité

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Préambule

Aborder la thématique de la personnalité historique n’est pas une entreprise aisée en raison de sa complexité, et de ses ramifications, dont les liens posent des problèmes épineux, parce qu’ils ont trait aux valeurs héritées du passé, aux comportements et aux mentalités, tant au niveau de l’individu qu’au niveau de la communauté. Les études que nous consacrons à cette thématique trouvent leur origine dans des questions évidentes, telles que: qu’est-ce qu’un Marocain aujourd’hui? Quels sont les déterminants historiques de sa personnalité? Comment se conçoit-il?

Et comment il conçoit la personnalité marocaine? Sans doute, le Maroc, en général, et le Marocain, en particulier, sont le résultat d’accumulations historiques multiples et complexes, remontant très loin dans l’histoire. En effet, on ne peut guère appréhender la personnalité marocaine, dégager ses spécificités, ses sensibilités, ses forces et ses faiblesses, sans élaborer une approche de la mémoire individuelle ou collective qui recèle les clés fondamentales facilitant la compréhension du Maroc d’aujourd’hui, et permettant par conséquent de nous approcher autant que possible du Maroc d’hier. Ce Maroc, comment était- il et de quelle manière évoluait-il pour devenir ce qu’il est aujourd’hui? C’est à ces questions que les études que nous présentons tentent de répondre. Si l’on admet que le Maroc d’aujourd’hui est le résultat de mutations sociales déterminées par différentes influences, dont certaines sont d’ordre naturel et d’autres d’ordre humain, il s’agit, en définitive, de processus historiques.

Les chercheurs ayant contribué à ce projet ont choisi d’aborder la personnalité historique marocaine à travers les trajectoires de personnalités marocaines influentes

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et emblématiques. A cet effet, nous avons adopté une approche micro-historique, qui suscite, sans doute, plusieurs questionnements d’ordre méthodologique, dont les plus évidents ont trait à la méthode soutenue et défendue par l’école des Annales tout au long de la première moitié du XX^evingtième siècle. Fernand Braudel, chef de file de cette orientation, avait tenté d’expliquer la dynamique sociale à partir des structures sociales, en la reliant aux notions de temps long, en vue d’élaborer une approche des mentalités, de temps intermédiaire, pour prendre en considération les conjonctures, et de temps court, afin de tenir compte du temps vécu. Cette école s’est focalisée sur le processus social comme moteur d’histoire, en marginalisant l’individu comme acteur de l’histoire, et a été, quoique de manière différente, un prolongement au matérialisme historique qui considérait la lutte des classes comme moteur principal dans les mutations sociales. L’Ecole italienne a pu, quant à elle, réhabiliter la dimension microsociale comme facteur fondamental dans le mouvement de l’histoire.

C’est cette dimension microsociale que nous avons adoptée pour servir d’instrument de fouille dans la mémoire marocaine afin de dégager les éléments constitutifs de la personnalité marocaine. De quelle manière avons-nous procédé précisément et sur quelle base? Nous sommes partis de l’axiome selon lequel l’acteur social, politique et économique joue des rôles déterminants dans la construction macro-historique. De fait, la personnalité marocaine, croyant en la différence et prônant l’acceptation de l’Autre, avait nécessité la contribution de toutes ses composantes, ce qui lui a permis d’être diverse et plurielle. Nous visons, par conséquent, à travers ces études, au dégagement des déterminants et des constituants de cette personnalité

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à partir de parcours individuels présentés comme modèles. L’objectif étant d’atteindre le plus grand nombre de lecteurs, les auteurs de ces recherches se sont efforcés de les présenter de manière simplifiée. A cet effet, plusieurs réunions ont été tenues pour définir une méthode permettant un traitement accessible de la personnalité marocaine, dont nous espérons avoir réussi à transmettre les contours. D’où le choix aussi du titre de cet ouvrage, La Personnalité marocaine dans la dynamique de la diversité.

Au plan méthodologique, nous avons adopté la démarche chronologique, en partant de l’histoire ancienne jusqu’à l’histoire moderne, étant convaincus que l’édification d’une personnalité est déterminée aussi bien par une dynamique évolutive que par les changements des conjonctures. De fait, le Marocain du dix-huitième siècle n’est pas le Marocain du vingtième ou du vingt-et-unième siècle.

Ces études, réalisées par des enseignants et des chercheurs de différentes spécialités, telles que l’histoire, la littérature et la philosophie, ont tenté de faire apparaître les dimensions d’une personnalité marocaine plurielle, telles qu’elles s’illustrent à travers des trajectoires d’hommes et de femmes emblématiques de l’histoire du Maroc, sans pour autant les abstraire des conditions qui les déterminaient. La recherche sur le parcours de Juba II, dans la période romaine, a mis en évidence l’ouverture de la personnalité marocaine sur la Méditerranée. En effet, l’apport de ce prince amazighe à la construction d’un espace méditerranéen aux plans politique et scientifique était si décisif qu’il s’était rendu célèbre d’abord en tant que savant, avant qu’il ne le fût comme homme de pouvoir. Par ailleurs, ce projet de

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recherche a abordé la trajectoire d’un autre homme de savoir amazighe, celle de Mukhtar Soussi qui incarne l’apport de la région de Souss dans la construction de la personnalité marocaine. Ce savant notoire s’était intéressé de très près au patrimoine soussi en raison de son importance également dans l’édification de la personnalité marocaine en général, et dans la personnalité amazighe en particulier.

La dimension juive dans cette édification n’est pas en reste dans ce projet. D’où l’intérêt porté au savant et philosophe Maïmonide, qui avait nourri par ses œuvres et sa production intellectuelle l’apport juif dans la construction de la personnalité de l’Homme marocain; laquelle personnalité ne peut être pleinement appréhendée sans la prise en compte de la contribution des juifs du Maroc depuis l’histoire ancienne.

Les recherches européennes ont essayé de marginaliser la contribution d’autres univers dans les grandes découvertes géographiques, de même qu’elles ont consacré l’idée du désintérêt des Marocains pour la mer.

En réponse à ces allégations, deux études se focalisent sur cette question. La première porte sur la trajectoire d’un explorateur et aventurier marocain méconnu : il s’agit de Mostafa al-Azemmouri, qui avait participé à la découverte des Etats de l’Arizona, de New Mexico, de Florida et du Texas, et que la communauté d’origine africaine continue à en commémorer le souvenir jusqu’à aujourd’hui. Par ailleurs, le parcours d’Ibn Aïcha illustre le dynamisme des marins marocains à l’époque moderne, durant laquelle les activités maritimes du Maroc préoccupaient la navigation européenne, et incarne la dimension maritime dans la formation de la personnalité marocaine, contrairement aux affirmations avancées par la recherche occidentale.

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L’apport du modèle andalou est, lui aussi, incontournable dans la compréhension de la personnalité marocaine, tel qu’il apparaît à travers les écrits de Ahmed Ibn Qâsim al-Hajari, connu sous le nom de Afouqay, et dont le parcours contribue sans doute à faire apparaître la dimension du modèle andalou durant les périodes qui avaient précédé et suivi l’expulsion des Morisques.

Ce projet a essayé de conférer à la femme marocaine l’importance qui lui est due à travers deux modèles représentatifs, respectivement, des dimensions andalouse et sahraouie : celui de Sitt al-Hourra Amirat Al-Jabal, qui avait gouverné directement Tétouan, et celui de Khnata Bent Bakkâr, qui avait contribué indirectement à la gestion politique sous les règnes de son époux Moulay Ismail, de son fils Abdellah et de son petit fils Mohammad Ben Abdellah.

La diplomatie marocaine jouit de son importance aussi dans ce projet. Notre choix s’est porté sur Ibn Othmân al- Maknâssi, qui avait servi sous le règne de trois sultans.

L’étude, qui lui est consacrée, le considère comme le fondateur de la diplomatie marocaine. Il avait compris que les relations internationales devaient s’appuyer sur la création de réseaux de communication avec les différents agents de la diplomatie; ce qui l’avait amené à nouer de fortes relations avec les acteurs européens de son époque.

L’étude consacrée à la trajectoire d’Ahmed at-Tijânî vise à montrer la dimension soufie de la personnalité marocaine. L’objectif de ce cheikh était de fonder une zawiya qui se chargeât d’unifier les confréries soufies.

L’importance d’Ahmed at-Tijânî se constate au rayonnement des enseignements de la zawiya tijâniya qu’il parvint à assurer dans les pays subsahariens, à l’instar de

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l’éminent Cheikh Ma al-Aynyn, célèbre, lui, pour les efforts qu’il avait déployés pour rassembler et unifier les tribus sahraouies. L’étude dédiée à celui-ci montre à travers son parcours les consolidations qu’il avait réalisées pour l’unité de la personnalité sahraouie avec les autres composantes de la personnalité marocaine. En effet, il se rendit célèbre aussi bien par ses exhortations à la tolérance et la fraternité adressées aux tribus sahraouies, que par son rejet du colonialisme et de ses convoitises.

Durant le dix-neuvième siècle, le Maroc avait pâti des pressions du colonialisme, qui s’exerçaient à différents plans: militaire (la bataille d’Isli et la guerre de Tétouan), économique (les traités inéquitables), et judiciaire (les protections consulaires). Ces pressions avaient provoqué des réactions contrastées de la part des Marocains quant à la modernisation du pays. Ces réactions reflétaient les conditions de leurs vécus. D’où l’intérêt porté dans ces recherches à certaines personnalités qui se préoccupaient de questions de modernisation et de modernité du Maroc. Mohammad as-Saffâr avait été fasciné par ce qu’il avait découvert lors de son voyage en France, où il prit conscience de la puissance de ce pays qui avait remporté la victoire dans la bataille d’Isli, telles qu’elles se manifestaient dans son industrie, son organisation et le pragmatisme de son savoir. A son retour au Maroc, il fut chargé de l’éducation du prince Mohammed, qui deviendra par la suite Mohammed IV, et de celle du prince Hassan, qui sera plus tard Hassan 1^er. Sans doute ces deux sultans avaient-il été influencés par l’éducation qu’ils avaient reçues; d’où, par conséquent, l’esprit d’ouverture de Mohammed IV et les réformes introduites par Hassan 1^er dans plusieurs domaines. Cependant, as-Saffâr n’osait pas revendiquer la nécessité de moderniser le Maroc car il était conscient de la mentalité qui régnait dans la société

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marocaine de l’époque. Mais après que le Protectorat fut imposé au Maroc et qu’il n'y avait plus d’échappatoire à la modernisation du Maroc, al-Hajoui pouvait dès lors revendiquer la nécessité d’y adhérer pour entrer dans l’ère de la modernité et de se saisir de tout ce qui constituait la force de la France, mais sans pour autant renier les fondements de la personnalité marocaine musulmane.

Certes, ce savant avait clairement énoncé son projet, mais il ne fut guère entendu car la société de l’époque n’était pas disposée à l’accepter.

Pour conclure, nous souhaitons préciser que ce travail ne pouvait se réaliser sans la volonté et le soutien que les chercheurs contributeurs ont trouvé auprès du Secrétariat Général du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger, en la personne du Professeur Abdellah BOUSSOUF, qui, convaincu que ces recherches traitent un sujet d’actualité, a adhéré sans hésiter à l’idée de ce projet.

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Auteurs

AÏT ADDI M’barek, chercheur à l’Institut Royal de la Culture Amazighe, spécialiste de l’histoire moderne, il s’intéresse aux relations marocaines avec les pays subsahariens et à l’histoire des oasis et des espaces amazighes. A son actif plusieurs publications, dont la dernière en date est intitulée wâhât Tata, sihr al-majâl wa ghinâ at-turâth, en collaboration avec Asmahri El Mahfoud.

ASMAHRI El Mahfoud, chercheur à l’Institut Royal de la Culture Amazighe, spécialiste de l’histoire ancienne, il s’intéresse particulièrement à l’histoire ancienne de l’Afrique du Nord, du Sahara et des organisations collectives dans les tribus du Sud. A son actif plusieurs contributions, dont wâhât Tata, sihr al-majâl wa ghinâ at- turâth, en collaboration avec Aït Addi M’barek, 2014.

BENADADA Assia, chercheure à l’université Mohammed V, spécialiste d’histoire contemporaine, elle s’intéresse particulièrement aux réformes durant le Protectorat, ainsi qu’à la femme dans l’histoire du Maroc. Elle a notamment publié al-Fikr al-islâhi fi al-maghrib, Muhammad ben al- Hassan al-Hajoui namûdhajan, Casablanca, 2003, et, en collaboration avec Latifa El Bouhsini, Le Mouvement des droits humains des femmes au Maroc, Rabat, 2014.

BEN-SRHIR Khalid, professeur de l’enseignement supérieur à l’université Mohammed V, spécialiste d’histoire contemporaine, son intérêt porte sur les relations marocaines avec l’Europe et sur les questions des réformes, des mutations et de traduction. Il a plusieurs publications, dont al-maghrib wa britâniyâ al-’udhmâ fi al-qarn at-tâsi’

‘achar 1856-1886, Rabat, 1997.

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DEHANI Abdelilah, enseignant chercheur à l’université Mohammed V, spécialiste de l’histoire moderne, son intérêt porte sur l’histoire maritime du Maroc et les récits de voyage. A plusieurs contributions, dont «al-maghrib khilâla al-qarn at-thâmin ‘ashar» in «ar-rihlatu wa sourat al-’âkhar, ouvrage collectif, Imprimerie Al-Oumnia, Rabat, p. 1-37.

ECH-CHEIKH Mohammed, enseignant de philosophie à l’université Hassan II de Casablanca, son intérêt porte sur les questions se rapportant aux valeurs et à la modernité.

Il a publié plus d’une vingtaine d’ouvrages, dont al-muthaqqaf wa as-soulta et al-mou’nis fi al-qiyam.

EL ADNANI Jillali, enseignant chercheur à l’université Mohammed V, Centre de Recherche sur le Temps Présent, spécialiste de l’histoire religieuse et sociale du Maghreb et des pays subsahariens. Son intérêt porte sur les questions se rapportant au temps présent et à l’histoire du Sahara marocain. Son dernier ouvrage en date: Le Sahara à l’épreuve de la colonisation, nouveau regard sur la question territoriale, Rabat, 2014.

EZZAHIDI Malika, enseignante chercheure à l'université Hassan II de Casablanca. Spécialiste de l’histoire moderne, elle s’intéresse à la dimension historique dans la littérature de voyage et aux questions liées à l’espace méditerranéen. Elle a établi une édition critique de l’ouvrage de Mohammad Ibn Othmân, al-Badr as-sâfir li-hidâyat al-mousâfir ‘ilâ fakâk al-‘asârâ mina al-’adouw al-kâfir.

HALIFI Chouaib, écrivain, romancier, enseignant à l’université Hassan II de Casablanca, directeur du laboratoire al-mar’iyât li-lbaht al-'ilmî wa al-akâdîmi, il a publié plusieurs ouvrages, le dernier en date est intitulé marâyâ at-ta’wîl fî kayfiyât tajâwouzi ad-daw’, 2005.

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KADDOURI Abdelmajid, chercheur à l’université Mohammed V, spécialiste en histoire moderne du Maroc et de l’Europe, et en histoire des mentalités. Il a notamment publié al-maghrib wa ‘urupâ wa mas’alat at-tajâouz, Casablanca, 2002.