DISCOURS
DE M. G O H I E R
,Député du Département de Lille
-&C
-Vilaine
,
Sur V organisation de
laPolice de sûreté générale
>Prononcéà laSéance du 4Août 1791, Pan 4e. delaLiberté.
Imprimé par ordre de l’Assemblée Nationale,
C"' I: ; o !;t \ -2 :
• * • - '
- .
Bas*»»»
ÿK 7 > ,
•
‘ I 1 J‘ i- :
' 1 f<!t
Messieurs,
Etablir
une
police de sûreté générale ^ c’est organiser lesmoyens
de préserver la société des attentats des conspirateurs etdestraîtres.Pour que
cette policeremplisse son objet, ilfaut
donc,
toutr Administration. JNi°. 76.A
4
-7-<
Case.
IV
11S
ÎHENEWBERüy
«BRAitîr
à-la-Fois , et
qüe
lesmesures soient proportionnées à lagrandeurdes circonstancesoù nous nous
trou- vons , etque
l’emploien
soit confié à des magis-trats sur lesquels repose particulièrement la con- fiance
du
peuple , à des magistratsdont
les fonc- tions soient compatibles avec cellesdont on
se propose de les revêtir.31 faut
que
cesmesures
soient propres àmain-
tenir la liberté , sans jamais pouvoir lacompro-
mettre.Examinons
sous tousces rapportsle projetque
vous présenteM. Gensonné.
1
Nous ne pouvons nous
dissimulerque
non-seu-lement
la constitution a desennemis
extérieursà
combattre , mais qu’elleen
recèle d’implacables dans son sein.Tandis que
les puissances réuniesaux
rebelles d’outre-Rhin
s’avancent vers nos frontières ,leurs complices intérieurement secoalisentpour
secon- der leurs coupables efforts.Tandis
qu’au-dehors diversesarmées marchent
contrenous
, d’infer- nales machinations se trament au-dedans,Des
prêtres , avides de sang , secouent les torches
du
fanatisme , et prêchent ,au nom
d’un dieu de paix , la guerre civile.Des
conjurés d’un autre crenre aiguisent leurs poignards ,ne
respirentque
le meurtre et lavengeance
, et voudroient tout bouleverserpour
faire sortir d’unnou- veau
chaos la noblesse avec tous ses dégradans attributs.En un mot
,
la sûreté générale est
me- nacée
par tous lesennemis
de l’ordre et de l’éga- iité. C’est danscette position qu’il fautnous
con- sidérer ,pour
connoître l’importance dela police de sûreté générale , et savoir dans quellesmains
elle doit être remisé.
Nous sommes
tous , j’aime à le croire,animés
I
( 3 )
<îü
même
désir , celui demamlenir
là liberté;Dons
nepouvons
différerque
sur 1 smoyens*
et de la différence de voir", vient sans doute Ja différence d’opinions.
Les
uns, avec raison,
ne
considèrent
que
ia liberté générale, lui rapportent tout , et pensent qu’on doit tout lui sacrifier.Les
auties ne voient la liberté qu’isolément et dans lapersonne de
chaque
individu, craignent sans cesse de lacompromettre
, et veulent quelle soit res- pectée avec idolâtrie jusque dans
ceux même
quisen déclarent les ennemis.
Ceux-là ne
réfléchis- sent pas assezque
la liberté individuelle, qui n’est pas garantie par la liberté générale,n
estvérita-blement
qu’une suspension de servitude, qui
ne
peut etre
comparée
qu’à celle dont jouit l’animal domestiqueque
son maître laissevaguer un
ins- /aiU,
pour
le remettre et le tenirpendant
toute saVie a la chaîne*
Le
résultat dela liberté générale doit être, sans
doute, le
bonheur
de tous les individus; mais il
faut établir cette liberté générale sur des fhndc-
mens
solides ; et cen
est qu'en lai sacrifiantmo- mentanément
la liberté individuelle, quelle peut être consolidée dans
un moment de
révolution Vouloirprématurément
jouir d’un fruitdélicieux"
c’est exposer l’arbre qui le porte à périr et s’en priver
pour
jamais.M. Gensonné
vous adémontré
que,dans un
ins- tantoù
les trahisons éclatent de toutes parts la police de sûreté généralepour
la recherche dosdélitsde haute trahison , n’existe pas,
ou du moins qu
elle résidé dans nosmains
seules;
que
j’Assem Idée nationalene
peutqu
imparfaitementp
ercer cette surveillanceàlaquelle tousles traître» échan peut trop facilement; il vous a
conséquemment
A
2.I
prouvé
la nécessité cl’e^déléguerl’exercice- Il^Tnlmoue de
déterminerquels seront leslonc’p»
Mes
auxquels s,‘,a faite cette.»P«-
tante délégation. - ’ '•
Tîpm^esuèceiTd’officiersde police existentdéjà ,
ceux
chargés de la police^«5;
quels est attribuée
apo
classe d’officiers
pour
Créerez-vousune
troisième class_
dé
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erez-la police
ciers
de^oUce
déjàpolice qui appartient
aux mu
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l’atransgresser sans enfreindre les principes™,
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^
grut soigneusementla policede sûrete
^SüeUement
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ie pouvoir j 4 te entreprise deslïïuct *;««; pt ^d
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1.P°"corps administrât,is.
Mais
peuton^
^
1>ordreIScÏirtÏelk en
fasseune
partie intégrante?
Qu’est-ce
que
la police'? Qu’est ceque
-le pouvoir jUQ^S
police, dit ordre , maintien des règlesétablies
pour
le conserverLe pouvom
]ucLciaireest ,
au
contraire , le droit de juger c*1» q™a
enfreint cct ordre ; et des ici
on
vo*..
qui existe entre ces
deux
attributions : 1une a pour
objet les loismêmes
, leaspect q
leurestdû
, la soumissionqu
e lescommun
,la société quelles
gouvernent
: 1autre PI individuellementaux
personnes qui y sont sou-e. ,.,i les violent.
Mu.-c,
*f
Peine
encourue
par l’infraction delaloi : cel l’émission de la loi , et l’effetqu
elle doitpro-
duire.
En un mot
, le pouvoir judiciaire disposedu
glaive , et punit le crâne.La
police , par sa surveillanceactive ,1eprévient,et preservelecorps social descoups qu’on
voudroit lui potter , et sielle s’étend jusqu’à la recherche
du coupable,
cen’est
que pour
leremettre entre lesmains de ceux
qui doivent le juger ;en
sorteque lsctioadu
pouvoir judiciairecommence ou
finissentles fonc-tions
de
la police., , ,
C’est
une grande
erreurde
croireque
le dioitde
constituerun
citoyenen
état d’arrestation , ap- partienne essentiellementau
pouvoir judiciaire.L’acte d’arrestation est
au
contraireun
acte cons- tantde
police : c’est la séparationdu
citoyen sus- pect de celui quine
l’estpas; et à quel fonction- naire peutmieux
convenirune
telle operation ,qu’à celui qui est chargé
du
maintienne
1ordrepublic?
La
recherchemême
qu’elle exigene
ca-ractérise-t-elle pas plutôt l’officier de surveillance
que
l’officierde
justice?Le
droit essentieldu
juge est celuide
décidersi l’arrestationdu
citoyen estA
3f
( 6
)
ou non conforme aux
lois ; mais , suivant l'acte constitutionnelmeme
,un
simple citoyen peuten
arrêterun
autre.,pourvu
qu’il le conduise devantle fonctionnaire chargé tout-à-la-fois de protéger la liberté individuelle , et
d’empêcher
qu’onen
abuse ; chargé de la contenir dans les justes li-mites .qu’elle doit avoir.
Nul homme
, porte l’ar- ticleX du
chapitre concernant le pouvoir judi- ciaire ,ne peut
être saisique pour
être conduitdevant V
officierde
police; etnul ne peut
êtremis
en état d’arrestation ,eu
détenu,qu’en
vertu déun mandat
desofficiersde
police, d’une ordon-nance de
prise-de-corps d'un tribunal, etc.Suivant lesdispositions de l’acte constitutionnel lui
-même
, c’estdpnç
principalement à l’officierde
police qu’appartient lemandat
d’arrêt, le droitce
constituerun croyen
en état d’arrestation.Re- marquez
ans>i ,Messieurs,que
ce n’estqu’en cette qualitéque
la faculté de décerner ces sortes demandats
est accordéeaux
jugés-de paix.M.
Bec-qaey
seul peutdonc
être justement accusé de pro- fesserune
opibon
inconstitutionnelle , etde vou- loirconfondre
les pouvoirs , lorsqu’il prétend ranger la police de sûreté privée et de sûreté gé- nérale dans la hiérarchie judiciaire.Les
craintes qu’il affecte sont - ellesmièux
fondées ? à l’entendre , la bastille est recons- truite , les lettres de cachet sont rétablies , sivous
accordezaux
municipalités le droit d’ar- rêter les conspirateurs, si vous leur attribuez le droit d’arrestation sous prétexte d’ordre public.Il ose assimiler
aux
ordres arbitraires des inten- tons lesmandats
d’arrêtsqu’auroiem
le droit de( 7 )
prononcer
les magistrats clu peuple.M. Becquey ne
réfléchit pasque
ledroit ci arrestationne
peut être dangereuxque
lorsqu’il est suivi dune
dé- tention arbitraire , etque,
d’apres la loiquon
vous
propose , le citoyenne
pourra être arrêteque pour
être conduit devant le corps législatif,
qui jugera de la légitimité de 1 arrestation.
La
crainted’aucun danger ne
peutdonc vous empêcher
d’investir de cettegrande
police lesmu-
nicipalités auxquelles d’ailleurs 1exercice
en
estsiconvenable. ..
M. Héraut
vous a fait voircombien
elle dif-fère de celle attribuée
aux
juges- de -paix : iune embrasse
la société entière; l'autrene
protégéque
des individus ,ne
concerneque
les délits qui attaquent la sûreté privée.Soit
que
l’on considèreen
effet les fonctionsdu
juge-de-paix ,
même comme
ofhcier de policede
sûreté, soit
que
l’on réfléchisse à sa qualitéde
iu<m ,on
voitque
ses actes sontuniquement
re-latifs à la sûreté individuelle de
chacun
des,ci- tovenssoumis
à sajuridiction;que
cen
estqu
im-proprement que
le titre d’officier de police luiest conféré , et parce qu’il étoit nécessaire
qu un
officier dans
chaque
canton fût reyetudu
pou- voir d’arrêter les malfaiteurs; delancer , suivantlaqualité
du
délit, soitun mandat d’amener
, soitun mandat
d’arrêt.On
retrouveau
contraire dans lapolice munici-pale tous les caractères d’une institution qui a l’ordre public
pour
objet. L’intitulé seuldu
pre-mier
titredu
décret , qui organise cette police ,annonce
l’étenduede
ses fonctions.Comment
est-il désigné dans la loi
du mois
de juiUet 1791 .A 4
(8
Sous
ladénomination
expressede
dispositions générales d'ordrepublic.C’estdonc aux
officiersmunicipaux que
déjà est attribué le maintiende
toutes les dispositions générales d’ordre public. C’est àeux que
sont confiés les registresimpor-
tuns qui contiennent les vraies qualificationsdu
citoyen , les
renseignemens
sur son état etsa for- tune,conséquemment
lesmoyens
deconnoure
sison genre de vie
répond
à sesmoyens.
C’est
aux
officiersmunicipaux
qu’est remise la note desgens
sansaveu
, ctdle desgens
sus-pects
y celle desgens mal
intentionnés.Déjà
dans leurs mains se trouveconséquemment
le fil qui doit diriger les recherchesque
nécessite lemain-
tien de la police générale.
L’ordre public est-il troublé par
une émeute
populaire? c’est encoreaux
officiersmunicipaux
qu’est confiée l’exécntion de cette loi terriblequi , presque jamais , n’atteint les vrais coupables ; qui frappe piesque toujours des
malheureux
égarés par de lâches agitateursque
lemoindre danger met en
fuite. Enfin ce sont les municipalités qui sontles dépositaires des registres d’inscription des gardes nationales qui constituentpiineipaiement la force publique; et lorsque vousarmez
tous les ci- toyenspour
la défense de la liberté , c’est en- core à ellesque vous
confiez le soin intéressant de discerner leshommes
dignes d’êtrecomptés parmi
les défenseurs de la patrie.Qui
oserait direque
toutes ces fonctions n’ont pasune
analogie frappante avec celles qu’exige la police de sûreté générale ? qui pourraitmême
ne
pas recoimoître qu’ellessonten
quelque sorteune
portion de cette police qu’il s’agit d’orga-SiaSrdS
sont déjàei
pos-session.
Cette délégation d’ailleurs est autorisée par le
« Krte
I
Ws
?Quelles fonctions plus relatives a 1 intérêt général de l’état ,que
celles quiconcernent
laloUce
de sûreté générale ? Ainsiles
disposions
Fes plus précises
de
l’acte constitutionnel se reu- nissent a toutes les convenances.pour
cnaigerles officiers
municipaux
de cetteimportan
ep
-lice.
. .
Mais en
attribuantaux
officiersmunicipaux
l’exercice
de
la police de sûreté generale devez-vous
bornercetteAttributionaux
municipalités des villes au-dessus de vingt milleâmes
de popula- tioncomme vous
le proposeM. Gensonne
. de-vez vous en
fairedépendre
le résultat de toutesles décisions ultérieures desdirectoires de districts et de
départemens
?Pour
qu’unmandat
d’arrêtou d’amener
,pio-noncé
parle corps municipal,soitnus a execution,s’il faut
que
lemandat
soitconfirme etpar le di-rectoire
^du
district et parle directoiredu
depar-tement
, jene
vois dans cette suitede
formalitesqu’un moyen
sûr de faireéchapper
les conspira-Discours de M.
Gohier.N°.
73.A
:>( IO
)
teurs
aux
poursuites dirigéescontre eux. Sou- mettre ainsi à trois degrés
de
juridiction l’arres- ta.iopdun homme
suspectde
haute trahison, ceseroitdécréterque
jamaisaucun
traîtrene
pour- rait etre aréête.Dans
l’uneou
l’autre de ces ad- ministrations le coupablemanquerait
rarementde
trouverquelque
protecteur IIne
faudraitmême
qu une
indiscietioncommise pour
favoriser son évasion, et
comment
se pourrait-ilque
le secret tut garde , lorsqu’il serait tout-à-la-fois confiéaux
administrations municipales, de district et
de
dé-partement?
L’expériencene nous
a-t-elle pas centfois appris
que
l’instant de lapremière découverted une
trahison est celui de la fuitedu
traître ?que
seroit-cedonc
sil falloit trois jugeniens con- sécutifspour
savoirsi l’auteur d’uncomplot
contre la sureLe générale doit êtremis en
état d’arres- tation PDira-t-on
que
sur lemandat
d’arrêtprononcé
parune
municipalitél’homme
suspect pourraitetre provisoirement arrêté, et qu’il
ne
serait remisen
libertéque
dans le cas de la réformationdu mandat
?Mais
n’est-ce pas accorderaux
conspi- rateujsune
faveurdont
ne jouissent pas les ac- cuses d'un simple délit? n’est-ce pas leur fournirun moyen de
se soustraire à la justice,sans passer par 1 epreuve nidu
juré d’accusation, nidu
juréde jugement
? n’est-ce passemer
entre lesdeux
administrations des
germes de
discorde et de ri-vaiité,qui pourraientfinirpar perdrel’uneetl’autre
aux yeux du
peuple?Avec
quel zele d ailleurs les officiers munici-panx
se livrerôie'plffi s à’ des recherches qui se- raient, la plupartdu temps
, inutiles à la chosepublique , qui
ne
serviroient trop souvent qu’à leur procurer desennemis
et a assurer 1impu-
nité des machinateurs?Si l’on veut
que
1actionde
lapolice aittout soneffet, il faut
que
1officierquien
est chargé n’énonce pointun mandat
clarrêton d’amener
illusoire ; il faut qu’il puisse a 1ins- tant arrêter celui qui, par ses machinations etpar ses complots ,
compromet
l’ordre public , attente à la sûreté générale.L’établissement des jurés , si favorable a 1in-
nocence,
suffitpour
rassurer le citoyen contre le-quel
un
injustesoupçon
pourroit faire temerai-remènt
décernerun mandat
d’arrêt5 et 1inteiet national , le salut public exigeimpérieusement que
l’auteur cl’uncomplot
contre la liberté puisseêtre saisi aussitôt
que
lecomplot
est découvert,et qu’il ne puisse être élargiqu’envertu d’une de- cision
du
juré d’accusation. C’est bien lamoindre
choseque
l’officier chargé de la police de sûrete générale,ne
soitpas inférieuren pouvoir au juge- de-paix , à l’officier chargé de la police de sûrele privée.Voulez
-vous , Messieurs , concilier les intérêts de l’innocence avec celui de la société , qui de-mande que
tousceux
qui conjurent contre elle, soientpunis? autorisezles directoires de districtsetdedépartemens,non
àréformerlesmandats
darres- tationprononcés
par les municipalités , mais a présenter leurs observations sur cesmandats
,en
les transmettant àl’Assemblée nationale ; a éclai- rer le jure d’accusation ,
mais non
pas a le sup- pléer.C’est ici 1© lieu d’examiner si l’attribution
im-
portantedont
il s’agit sera accordée a toutesles( ïî )
municipalités
en
général,ou
seulement, ainsique
le
demande M. Gènsonné
, à celles des Yillesdont
la population estaü
-dessus de 20 mille âmes. Par-toutoù
peuventse trame!* des complots,
des conspirations , doivent se trouver des magis-
trats qui surveillent les conspirateurs et s’assurent de leurs personnes ; or peut-on dire qu’on
ne
puisse conspirerque
dans les villes dontlapopu-
lation est au-dessus de 20 milleâmes?
Il est desdépartemeos où
à peine se trouve-tilune
villede ce genre - et cette ville est
pour
l’ordinaire le chef-lieudu
département. N’est cedonc que
danscesvilles
où
lasûretégénérale doive être protégée?presque
tous les districts n’offrentque
des villesd’une population bien au-dessous de 20 mille
âmes
; et souvent cene
sont pas les districtsoù
les
ennemis
de l’égalité travaillent avec lemoins
desuccès àexciterdes troubles.Dans
toute l’étendue de ces districts la recherche des machinations sera-t-elledonc
exclusivement livréeaux
adminis- trateurs de directoires , donttous lesmoniens
sont déjà occupés parune
administration d’un tout autre genre?Dans
ce cas , il faudroit préférerles juges-de-paix ; car alorsdu moins
la sûreté géné-rale
auroitun
surveillant danschaque
canton.Par
desdistinctions contraires,même
àl’espritde notre constitution ,ne perdons
pasun
des principaux avantagesque
présentent les municipalités. Il estimportant que
dans la plus petite,comme
dansla plus
grande
descommunes, aucun
conspira-teur
ne
puisseimpunément machiner
des projets funestes àson
pays ; ilest importantque
par-tout le pouvoir municipal soit lemême pour
la sûrete générale , qui doit être partoutégalement
proté- gée.Mais
, s’il arrivoitque quelque
municipalité( i3 )
n’eût |>a$toute l'activité qu’exige
une
surveillanc®si importante, c’est alors qu’il faut
donner aux
administrateurs et
de
district, et de département, le droitde
la suppléer.Qui
empêcheroitmême do
leur accorder la faculté de décerner lemandat
d’arrêt contre
ceux
dont la preuve d’un délit national seroit entre leurs mains.Suivant l'article VII
du
titreIV
de la loi concer- nant la police de sûreté, tout dépositairede
laforce publique
, etmême
tout citoyen, esttenude
s'employerpour
saisirun homme
trouvéen
fla-grant
délit,ou
poursuivipar
Laclameur publique Comme
coupabled'un
délit , etde l'amener de- vant
l'officierde
police leplus
voisin.L’article
IV
de lamême
loi autoriseégalement
tout dépôsitaire
de
la forcepublique
, etmême
tout citoyen,
à
conduiredevant V
officierde
policer homme fortement soupçonné d'un
délitdéjà dé-noncé
,sauf à
être responsables s'ils ont agimé- chamment
etpar
enviede
nuire.Balanceriez-vous , Messieurs , à consacrer
en
faveur de la sûreté générale de l’empire des orin- cipesque
le Corps constituant n’a pas craintde
faire valoir
pour
le maintiende
la sûreté indivi- duelle?Lorsqu’il s’agit de défendre la libertéde
tous, les dépositaires de, la force publique, et tous les citoyens, auroient-ilsmoins
de puissanceque
lorsqu'il s’agit de poursuivre lavengeance
d’un délit privé ?N’oublions jamais
que
rAssernblée-nationaîe- constituantea
remis ledépôt de
la Constitutionà
lafidélitéde
toutes les autorités constituées età
la vigilancede
tous les Français; tous ontdonc
constitutionnellementune
sorte de missionDiscours
de M.
Gohier. No, 7ILA
7(:
a,
)>pour
arrêter les efforts de tousceux
qui vou- er oient conspirer contre elle.Que
par-tout les conspirateurs trouvent des sqrveillans de la su- feté publique attachés à leurs pas $que
tous les citoyens,que
tous les pouvoirs constitués soientannfs
contreeux
par la loi5que
tous les corps administratifs et judiciaires puissenténoncer un mandat
d’arrêt, contre.l’homme justement suspect(le conspiration$ mais
que
ni le directoire,du
district ni celui
du département né
puisse réftuvmer
lesmandats
prononcés par les officiersmu-
nicipaux , spécialement charges de la recherche des conspirateurs; qu’ils ne puissent pas d’avance’rendrë vaine et illusoire l’accusation
que
pourroit porter le corps législatif.Telles sont. Messieurs , les modifications dont
me
semblent susceptibles,les dixpremiers articleadu
projet deM.
Geiisonné. 'Je
demande
Laquestion préalable surles autres,comme
tendans aettnbtier au comité de surveil-lance
un
pouvoir indépendantde
1Assemblée
na-*tionale. *
cc
Le
comité actuel de surveillance, porte 1 ar-» ticle TI. sera à l'avenir désigné sous le
nom
dew
police de sûreté générale. 1- «
Ce
comité, ajoute l’article XII, sera expres-35
sèment
chargé d’entretenirune
correspondance>5 S’d ie avec les directoires de département; il
„ pour; a leur adresserdirectement des notes ins-
„
tractives , leurdemander
des renseignemens et.de nouvelles informations sur les faits
dont
la*
vérification leur paroîtra utileou
convenable^
çt recueillir toutes les pièces qui lui seront( 15 )
5? adressées ,
ou
qui lai au;ont été envoyées par33 l’Assemblée nationale ,
pour en
faire son rap-33 port dans le plus bref délai 33.
M.
Pastoretvous afaitenvisagerledanger
d’unepareille attribution , par rapport à la liberté indi- viduelle des•'citoyens. Je considère I établissement qu’on vous propose sous
un
autre aspect, et je i.e le trouve pasmoins
dangereux.En
général , vos comitésne
doivent nvt)if ni coniKussanee que'"des objets qui ont* été mis sous lésyeux dé
TAssemblée
nationaie , et qui leur sontrenvoyés par elle. Iisne ciMvent correspondre qu’avec l’Assemblée ; autrement , iis auroientun
pouvoir horsd’ëlle etcapable de la
com
promettre*D’un
autre coté , les administrations des départe-mens
doiv'éntcommuniquer
sailsf<irrtermédmire avec le cérjis’\é|psfatiP
, qui doit tout voir“par-ini-
même,
etfnon par lesyeux
cl’vm
ce ses comités.Rétablissonsdionc pOint 1e petitsénat inquisi
îpriai qu’on
vous
propose etqui
poiirroit devenir lefondement
duin .établissement encore plus fatal à la liberté publique. Confiezaux
piuiuc:pâli tés l’exercice de la police de sûreté générale ; inves- tirez d’ailleurs toutes les autorités .oonstbnéesde
la faculté de.mettre en état d'anestation les cons- pirateurs ,
quelque
partqu
ils »se trou ventq mats, réservez à l’Assemblée nationale , à qui seule ap- partientéminemment
cette grandepolice , le droit deprononcer
sur les arrestations faites sur lesmandats
décernés.-Réservez >adAsédmblee
natio- nale seule à jugers’il est besoin-de renseignemeiis ultérieurspour
porter le decret d accusation , et,n’accoutumez
point lesdéparemens
à reconnût-( Ifi •)
tre,
au
milieu devous
,une
autoritéquine
seroît pas la vôtre.L’attributionde lapolicedesûreté générale
em-
porte nécessairementledroit d’ôterà touslesenne-mis
de la liberté le pouvoirde
lui nuire , le droitconséquemment
dedésarmer
tous leshommés
suspects, tous
ceux
entre lesmains
desquels desarmes ne
peuventavoirqu’une destinationfunesteà
la société.En
suppléantaux armes
à feu parune arme dont un
des plus grandsgénéraux
de laFrance nous
a fourni lemodèle
, vous avezrendu un
décret propre à effrayer également nos
ennemis
intérieurs et extérieurs;
mais
, lorsque la patrie esten
danger, il ne fautpas seulementque
tous les vrais citoyens soient armés,pour
la défendre,
il faut encore
que
ceux-là seuls qui sevouent à
ce devoir sacré soient pourvus desarmes
qui,dans un
Etat libre,ne
doiventservirqu’àcesaint et honorable emploi.Vous ne pouvez
, sansune inconséquence
inexcusable , laisser desarmes
entre lesmains de ceux
auxquels vous n’oseriezen
accorder.Sous
l’odieuse aristocratie qui dégradoit laFrance,
rappelez -vous, Messieurs, l’insolente conduite qu’ontenoit envers les citoyensauxquels le hasardde
la naissance,ou
quelquecommission du
fisc, n’accordoit pas le port d’armes; rap- pelez-vousque
lesarrêtsdes cours parlementaires>qu’on osoit décorer
du nom
deréglements, inter- disoient à tous les autres citoyens jusqu’à la fa- culté de soutenir leur vieillesse à l’appui d’unecanne ou
d’un bâton; rappelez-vous,en un mot,
avec quelle rigueur les habitàns descampagnes
( 17 )
étoient
désarmés
, et avec quel mépris ceux: de*villes étoient traités ! et quel étoit l’objet
de
cedésarmement
honteux?C’étôitdanslacraintequ’un noble
jou un commis ne
se trouvâtconfondu
avec d’honorablescitoyens ; c’étoitpour que
lesmenus
plaisirs des seigneurs
féodaux
fussent respectés5 c’étoit dans la crainteque
le noble exercicede
la chasse
ne
fût profané; c’étoit,en un mot,
de peurqu’un
lièvrene
fût tué d’unemain
ro- turière,!Hésiteriez-vous, Messieurs, d’employer
pour
le maintien de la liberté
une mesure qu’on
n’a pas craint de se permettrepour
la conservation, de droits aussi futiles qu’odieux ,pour
la dégra- dation de l’espècehumaine
?En prononçant
cedésarmement,
craindriez vous d’exciter quelques troubles dans l’empire? craindriez-vous de por- ter atteinteaux
droits qu’ont tous les citoyens dedemeurer armés pour
leur défense? craindriez- vous d’exposer les jours deshommes
ainsi dé- sarmés?D’abord, admettre
qu’un
pareil décret pûtocca- sionner quelques troubles, c’est supposer les en-nemis
de la liberté asseznombreux pour
pouvoiropposer une
résistance; et dans ce cas-làmême,
leur
désarmement
seroit plus indispensable, et de- vroit être pluspromptement
effectué. Qu’atten- driez - vous ?que
leurs efforts fussentcombinés
avecceux
desennemis
extérieurs?Mais
leurnombre
,heureusement
, n’est pas capable de balancer la forceimposante
à laquelleiis seront obligés de se soumettre; et le plus sûr
moyen
de prévenir toute espècede
troubles, d’assurer la tranquillité publique, estde
leur ôter/
( *8 )
celui
de
nuire; de leur faire déposer les armes!dont
ils pourroient, dans leur désespoir, faireun
usage funeste.
Qu’on ne
dise pas,au
reste ,que
ce seroit attenteraux
droits naturels del’homme en
so- ciété.Un
principeque
des peuples libresne
doi- vent jamais oublier, c’estque
la force publique est la seule protectionqu un
citoyenen
société puisse invoquerau
soutien de ses droits , etque
la force publique n’estformée que
de laréunion
des forces consacrées à ladéfensecom- mune.
Et
loin de craindre d’exposer leshommes
foi-bles
ou mal
intentionnés à la fureur populaire ,en
leur ôtant lesmoyens
de nuire, c’est à leurdésarmement que
leur sûreté est attachée.Connoissez le peuplefrançais.
Tant
qu’ilresteradans
lesmains d’hommes
notés d’incivisme, desarmes
qu’onne
peut supposer destinées à la dé- fense de la patrie, c’est alors, et alorsseulement, que
ceshommes peuvent
avoir lieu de craindre.Désarmez-les, et par cela
même vous
les sauvez;vous
les placez sous la protection d’un peuplegénéreux
,que
toutes les barrières d’un despotene
pourroient contenir, et quis’arrêterespectueu-sement
devantun
fil attaché par desmains
pa-triotes, devant
une
ligne tracée sur le sableau nom
de la loi.Mais
ce n’estpas assez dedésarmer
leshommes
suspects et
mal
intentionnés.Ce
n’est pas assezd’organiser la grande police, qui doit par ses recherches et
son
activité faire trembler tous les conspirateurs.Pour
garantir la sûreté généralede
tout attentat , il faut prévoir tous lesmoyens
/
C 19 )dont
se servent les scélérats qui veulent lacom-
promettre5 il faut déjouer tousleurs complots, rendre impuissantes toutes leurs
manœuvres.
Une
des plus dangereuses, peut- être, est celle quils emploient
pour semer
le trouble et la division dans l’empire,
pour
exciter la guerrecivile. C’est par l’abus de la liberté qu’ils veulent aliéner les citoyens contre la liberté
même
; qu’ils veulent
du moins
ané.-mtir le saintenthousiasme qu
elle inspire : c’esten
excitant dessoulèvemens
partiels
, des
émeutes
populaires, qu’il
ne
fautpasconfondre
avec cette sainte insurrection quimet debout
la nation entièrepour
la rétablirdans
tous ses droits.L’une
estun
actevigoureux du
sou- verain qui. fait éclater toute sa puissance; l’autre est
une
infraction punissib'e des principes consti- tutionnelsdetoutesociété.Un
desprincipaux objetsde
la police de sûreté générale doitdonc
êtrede
prévenir ces sortesd
'émeutes , dont le résultatn
olfrepour
l’ordinaireque
brigandage, pillage .incendie et meurtrej dont le résultat
ne
seroitpropre qu’à faire regretter le despotisme
même
•doit être de maintenir la tranquillité
, de rappeler
. soumission qu’ils doivent à
-~-»..
n
aiujuxnuc tous les citoyens à la soumissionqu
la loi. 1
er à
Oui,
Messieurs, le
grand
espoir denos ennemis
est
moins
dans lesarmées nombreuses que
les despotes ont tantde
peine à rassembler, dans
les troupes
que
le bâton seul retientsous latente et conduitau combat
,
que
dansnos
dissentions intestines,
que
dans nos troubles intérieurs.Que
lapaix et l’union régnent
parmi nous,
et lesarmes
tombent
desmains
denos ennemis
; et les projets des tyrans coalisés sont confondus.Mais
voulons-aous
vraiment le rétablissementde
cet ordre si( ÏO )’
nécessaire, et
demandé
avectant d’instance? inté- ressons tous lescitoyens àson maintien.R emont °"
Tu
premier principe de la société ;pourquo
est<elle
P
établie?
pour
mettre nos personnes et nosNe
négligeonsdonc
tienpour
rendre«aide efficace.
Que
les institutions dun
peuple,
nous
a fourni lemodèle
de plus d'une loi,
sunoléent encore aujourd’hui à notre expérience.
^Anglais
ont senti ledanger
de ces troubles auxquels les despotes , lesbrigandspeuvent
seu s«raoner * et le
moyen de
les prévenir a ete ttefendre ’tous les habitans
de chaque
:comte
garansles
uns
envers les autres des désordres quien
semient
la suite. Etablissons , à leurexemple
,un ü
IrS P 4«. »«
tous le»h»bu.n»
. O»»P
nrrmriétaires dechaque commune. Que
tous£ SXns
dhinecommune
, sauf leur recourscontrô
les auteursdu
délit ,demeurent
res-•nonsables les
uns
envers les autres de tous les dégâts qui pourroient êtrecommis
sur es PrS dansPl’étendue de leur terdtorre par des
P n
ir
prnens des
émeutes
populaires, etrarement
ZlTZT.erZTes soufèvlnens
, desémeutes
populaires qui auront le brigandagepour
objet.Faites
en
sorteque
tous les citoyens soientbien convaincusque
leur salut est attache à la loi > etHoi
triomphera de toutes les intngues ,domi-
nera tons les intérêts , anéantiratoutes Jes fac- tions 5 et dès-lors,
en
dépit de tous les rois de laterre , la
France
sera libre.( 2* 0
premier projet de décret.
L’Assejmbiée
nationale,
considérantque
ledroit réservéau
Corps législatif de constituer en^ état d’accusation les prévenus d’attentat à la sûrete générale , luiimpose
pins particulièrement le\devoir de poursuivre toutes les machinations qui pourroient la
compromettre
;que
de pareils délits se projettent dans i’ombre, etne
se manifestent qu’àl’instantoù
ils seconsomment
; qu’onne
peutconséquemment
atteindre les conspirateurs et dé- jouer leurs complots qu’à l’aide dune
active sur- veillance, qui s’étendeen même-temps
sur toutes les parties de l'empire$Considérant
que
cettegrande
police, devant s’exercer par-toutoù
il y a des inachinateurs ,des traîtres , appartient naturellement
aux
fonc-tionnaires publics les plus à portée d’endécouvrir
et d’en suivre les trames ,
aux
officiers dont les fonctions sont plusintimement
liées à l’ordre général qu’il s’agit de maintenir,aux
magistratsles plus près
du
peuple , par luiimmédiatement
élus , et par celamême
les plus dignes de sa confiance, dans l’exerciced’un pouvoir qui1exige toute entière$
Considérant
que
la seule espérance des coupa- blesennemis
de la liberté , est dans la dissolu- tiondu
corps politique , dansl’anarchie ; etqu’un
des plus sûrsmoyens
«.le la prévenir est d’artacher tous les citoyens par le sentiment de leurpropre
intérêt
au
maintie?i de l’ordre; qu'il est instant
de
les rallier tons sous l’empirede
la loi, décrète quÙly
a urgence.;( 22 )
>
L'Assemblée nationale
, après avoir décrété l'urgence , décrète ce qui shit :Article premier.
Les
municipalités sont spécialement chargées des Fonctions de la police de sûreté générale ,pour
la recherche des crimes quicompromettent
soit la sûreté extérieure, soit lasûreté intérieure de 1état
, et dont l'accusation estréservée à l’As-
semblée
nationale.Art.
II.Tous ceux
qui auront connoissance d’un délitde
la qualité portéeen
l’article précédent, seront ter?usd en donner
avis sur-le-champ à la munici- palité, et de faire à son secrétariat la remise de toutes les pièces et
renseignemens
qui v seroient relatifs.Art. III.
La
municipalité fera sans délai tontes les in- formations nécessairespour
s’assurerdu
corpsdu
délit et de la personne desprévenus , s’il
yalieu.
Art. IV.
Dans
le casoù un mandat
d’arrêt seroit décerné contreun ou
plusieurs prévenus , la municipalité fera, dans les24
heures , passer au directoiredu
district
une
expédition des pièces, procès
verbaux ou
interrogatoiresqui auront déterminé lemandat,
et le récépissé lui
en
sera délivré sans frais.Art. V.
Dans
les 24 heures suivantes, le directoiredu
district fera passer le tout