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Pour des puces plus sélectives

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Academic year: 2021

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Submitted on 26 Sep 2017

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Pour des puces plus sélectives

Michel Meuret

To cite this version:

(2)

Campagnes solidaires • N° 286 juillet-août 2013

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13

P

ourquoi vouloir renforcer l’identifi-cation du bétail ? En Europe, les moyens de transport sont devenus l’outil principal des éleveurs. Les animaux voyagent de plus en plus, et aussi de plus en plus loin, pour l’achat et la vente mais aussi au cours de leur vie. Or, les circuits ne sont pas toujours bien transparents. La première raison est donc de mieux préve-nir le risque sanitaire en repérant fré-quemment « qui est où et quand ? ». Avec de gros effectifs animaux, et surtout lorsque ceux qui organisent le transport ne sont pas les éleveurs, il faut réussir à identifier chaque animal à la vitesse de sa montée ou des-cente des camions et des bateaux.

Seconde raison : en Europe, il y a de moins en moins d’éleveurs mais il y a toujours presque autant d’animaux. Les élevages sont donc devenus plus gros. Plus d’ani-maux, moins d’éleveurs : beaucoup d’éle-veurs ont, de fait, changé de métier. À la tête de leur entreprise, ayant recours à des ouvriers et à une série de machines auto-matiques, ils n’ont plus trop de contacts avec leurs animaux. Leur production se déroule dans des conditions très simplifiées et arti-ficialisées, où un animal n’est repéré, par son numéro, que lorsqu’il commence à

poser problème. Dans ce cas, c’est assez logique d’adopter une technologie d’iden-tification électronique.

Il s’agirait toutefois de ne pas confondre : élevages industriels avec élevages paysans ; très gros troupeaux avec petits troupeaux ; éleveurs qui envoient et reçoivent des ani-maux par camions dans toute l’Europe avec éleveurs qui transhument, eux aussi par camions mais uniquement d’un massif à l’autre ; éleveurs qui n’ont plus trop de contacts avec leurs animaux avec éleveurs dont la relation quotidienne de travail avec l’animal, et plus généralement avec le vivant, est l’essence même du métier.

Pourquoi confondrait-on ? N’aurait-on pas pris le temps de mieux discriminer, de clarifier le fait que, lorsqu’on dit aujourd’hui « élevage » et « mouvements d’animaux » en Europe, on s’adresse à des situations et à des pratiques de travail en réalité fort distinctes ?

Comment inciter les puces à devenir plus sélectives ? Je conseillerais aux éleveurs et bergers de mieux faire reconnaître leurs spécificités, leurs pratiques de travail et leurs savoir-faire. Ils ne sont pas des clan-destins, ni revendiquent à le devenir, dis-simulés dans leurs vallées et leurs mon-tagnes avec des animaux de provenances incertaines. Ils sont déjà bien en vue dans l’espace public, avec leurs divers contrats, conventions de pâturage, cahiers des charges de produits locaux, etc. Ils ont conservé l’œil pour repérer la boiteuse où celle qui va bientôt mettre bas. Ils sont déjà munis de leurs boucles de numérotations auriculaires, ainsi que de leurs carnets d’éle-vage tenus à jour. Ils ont surtout la connais-sance de « qui est dans le troupeau », ou qui n’y est plus depuis telle date et pour quelle raison. Cela fait partie de leur métier et même de leur identité professionnelle. Eleveurs et bergers n’auront aucun gain de temps, ni travail facilité, à devoir circuler dans leurs bergeries ou sur leurs alpages avec des scanners à main et des ordinateurs portables pour identifier leurs bêtes.

Les élevages pastoraux, pour rester « robustes » et « performants », doivent être fondés sur de la souplesse, de l’ajustement et de la mobilité. Mais ici, il ne s’agit pas de mobilité à travers plusieurs frontières et océans. Il s’agit de mobilité locale et d’une logique de calendrier de pâturage sur des territoires qui ne fluctuent pas constam-ment. De plus, ces éleveurs ne cherchent généralement pas à stabiliser et sécuriser leur production avec des achats et des déstockages rapides d’animaux.

L’identification électronique ne devrait pas s’imposer à tous sans plus de discer-nement. Au départ, elle s’adressait à des sys-tèmes d’élevage d’un type bien différent de ceux des éleveurs pastoraux. Et puis, pour raison de commodité, d’homogénéité des règlements et des moyens de contrôles, et probablement aussi par manque de temps de réflexion et de discrimination, il serait à présent question de l’imposer à tous. C’est donc bienvenu que des éleveurs et ber-gers tentent de provoquer un débat public.n

(1) Coordinateur de l’ouvrage Un Savoir-Faire de Bergers, Eds Educagri et Quæ, 2010, 25 euros.

Point de vue

Campagnes solidaires • N° 286 juillet-août 2013

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Pour des puces plus sélectives

Michel Meuret(1), directeur de recherche à l’Inra, travaille sur les systèmes d’élevage pastoraux, les savoirs et pratiques en

élevage. Il valide les inquiétudes des éleveurs : les élevages sont menacés d’industrialisation, notamment avec l’identification électronique des animaux, dont l’obligation réglementaire a été reportée à la fin 2014.

L’essence même du métier du berger ou de l’éleveur pastoral est d’observer régulièrement ses animaux et donc de savoir « qui est où et quand ? »

Photo : Michel Meuret

Ne pas confondre

élevages industriels

avec élevages

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