V INCENT
Arithmétique pratique. Sur l’erreur que l’emploi des parties proportionnelles peut entraîner dans les calculs par logarithmes
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 16 (1825-1826), p. 19-25
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L O G A R I T H M I Q U E S.
I9C’est là aussi le
but
que nous nous sommesefforcés d’attemdre
dans Fessaiqu’on
vient de lire.ARITHMÉTIQUE PRATIQUE.
Sur l’erreur que l’emploi des parties proportionnells
peut entraîner dans les calculs
parlogarithmes ;
Par M. VINCENT , Professeur de mathématiques
etde physi-
que
auCollège royal de Reims.
LORSQUE ,
dans les calculs parlogarithmes ,
poursuppléer
à l’in-suffisance des
tables,
on a recours auxparties proportionnelles ,
les.résultats
auxquels
onparvient
sont affectés de deux sortesd’erreurs ;
1.0 on suppose d’abord les différences des
logarithmes proportion-
nelles à celles des nombres
auxquels
ilsappartiennent ;
cequi y
même pour des nombres
très-grands
ettrès-peu différens ,
n’estqu’à
peuprès vrai ;
2.0 en admettant cetteproportionnalité ,
leslogarithmes
que l’onemploie
pour calculer le résultatqu’on
veutobtenir ,
ne sontpoint
exacts , etpeuvent
êtrefautifs,
enplus ou
en
moins
, d’unequantité qui
a pour limite une demi-unité déci- male du dernier ordre.Bertrand de Genève a
discuté ,
il y adéjà long-temps ,
l’effetde la
première
de ces deux causes d’erreur(*) ;
mais iln’a
rien.(*)
Tout ce due Bertrand a silonguement développé
sur cesujet ,
dans;20 ERREURS
dit de la second
qui
estpourtant beaucoup plus
influente. C’esten
conséquence
le seulpoint
que nous traiterons ici où nous sup- poserons que , dans les limites del’approximation
destables , la proportionnalité
entre les différences des nombres et celles de leurslogarithmes peut
êtreregardée
comme tout-à-faitrigoureuse.
son volumineux ouvrage, nous
paraît pouvoir
être réduit au peuqui
suit :Lorqu’on
cherche , par lesparties proportionnelles
, lelogarithme
d’unnombre en
partie
entier et enpartie
fractionnaire, onemploie
dans le cal- cul leslogarithmes
de deux nombres consécutifs des tables , ne différantque d’une unité ; d’où il suit que , pour que
l’emploi
desparties
propor- tionnelles soitlégitime,
il faut, tout aumoins ?
que les différences des 10-gatithmes
soient constantes en même temps que celles des nombres , pourune
portion
des tables danslaquelle
les nombres extrêmes ne diffèrent/que
d’une unité. En prenant donc pour ces nombres extrêmes N-I 2 et N+I 2
il faudra que , si l’on n’a pas
rigoureusement
ou, ce
qui
revient au mêmela différence entre ces deux
quantités
soit au moinsplus petite qu’une
demi-unité décimale du dernier ordre des tables ; c’est-à-dire qu’en dé-
signant
par n le nombre des chiffres décimaux admis dans lestables ,
ilfaudra
qu’on
aitMais en
désignant
par 03BC le module de nos tablesvulgaires,
on arigoureux
sèment
LOGARITHMIQUES.
Nous ferons d’abord observer que les
logarithmes rigoureux
dif-férent de ceux
qu’on
inscrit dans les tables d’nnequantité
dont lalimite est la moitié d’une unité décimale du dernier
ordre,
etque
conséquemment
les différenceslogarithmiques employées
peu-vent être en erreur d’une
quantité
dont la limite est une unitétoute entière de cet ordre. En second
lieu , lorsqu’on multiplie
cette différence par la fraction
qui
accompagnel’entier ,
dans lenombre dont on veut obtenir le
logarithme ,
onnéglige
les chif-fres du
produit qui
viennentaprès
le dernier des chiffresdécimaux
de l’ordre destables,
cequi
affecte le résultat d’une nouvelle erreur dont la limite est la moitié d’une unité de ce même ordre.et, comme les termes
qui
suivent lepremier
dans la série sont d’une pe- titesseincomparable
à lasienne ,
il suffira bien qu’on aitd’oa
En se
rappelant
donc que03BC=0,43429448I90
... on trouvera, pour les tableset ainsi de suite. On peut
donc ,
dansl’usage
des tables deCallet, qui
com-mencent à 10000,
employer
lesparties proportionnelles
dèsl’origine.
J.
D. G.22 ERREURS
Cela
posé ,
onpellt
avoir à résoudre ces deuxquestions : I.° Étant
donné un
nombre ,
déterminer lelogarithme qui
luirépond ? 2.°
Étant donné un
logarithme ,
déterminer le nombrequi
luirépond ? Occupons-nous
tour à tour de leur résolution.Mais ,
pourplus
desimplicité ,
et attendul’usage
où l’on est dans les tables de sup-primer
lescaractéristiques ,
considérons leslogarithmes
des tablescomme des
entiers,
cequi
revient àprendre pour
unité l’unitédécimale du dernier ordre des tables.
1. Soit
N+f
un nombre dont ondemande
lelogarithme :
2V6tant un nombre entier et
f
unefraction ,
et soient 1 et 1/ les lo-garithmes
de 2V etN+I ,
telsqu’ils
se trouvent dans les tables.Soient 03BB , 03BB’ , respectivement,
lesquantités
dont ceslogarithmes
sont fautifs en
moins ,
les erreurspouvant
d’ailleurs être indifférem-ment
positives
ounégatives ;
ensupposant
la méthode desparties- proportionnelles
exacte comme nous le faisonsici,
on auraitmais d’abord on
néglige 03BB
et03BB’ ;
et en outre onrejette
tonte lapartie
fractionnaire duproduit f.(l’-l) ;
sauf àaugmenter
le der- nier chiffre de sapartie
entière d’uneunité ,
s’il y alieu ;
cequi
peut
encore entraîner une erreur dont la limite est une demi-unité.En
représentant
par e cette erreur enmoins , qui peut
être d’ail- leurspositive
ounégative ,
onprendra donc l+f(l’-l)-e ,
an lieude
l+03BB+f.(l’+03BB’-l-03BB) qu’on
devraitprendre ; d’où
résulte l’erreur finaleEn
supposant
donc que les troiserreurs 03BB , 03BB’ , e atteignent
leurlimite
+I 2 ,
car c’est évidemment le cas où l’erreur totale estplus
considérable ;
cette erreur totale seraL O G A R I T H M I Q U E S.
23Ainsi,
l’erreur commise parl’emploi
desparties proportionnelles ,
dans la recherche du
logaritme
d’un nombre enpartie
entier et enpartie décimal ,
même dans le cas où cetemploi
estlégitime , peut s’élever ,
soit enplus
soit enmoins , juqu’à
une unité décimale du dernier ordre.Donc ,
une somme delogarithmes
et decomplémens
arithméti-ques de
logarithmes peut
être fautive d’unequantité
dont la limiteest autant d’unités décimales du
dernier
ordrequ’il
y a de par-tics dont cette somme se compose.
Donc
aussi, si,
dans la vue d’obtenir unepuissance
d’un nom-bre ,
onmultiplie
sonlogarithme
parl’exposant
de lapuissance ,
le
logarithme produit
pourra être fautif d’autant d’unités décima- les du dernier ordrequ’il
y aura d’unités dansl’exposaut
de lapuissance.
II. Passons à la seconde
question.
Soitproposé
dedéterminer
le nombre
auquel répond
unlogarithme
donnél+d , compris
en-tre deux
logarithmes
consécutifs l et l’ destables , répondant
auxnombres,
aussiconsécutifs ,
N etN+I.
Onrépute
pour le nom- bre cherchémais
d’abord,
lelogarithme
donnel+d
n’étantpousse qu’au
mêmedegré d’approximation
deslogarithmes
destables , d
estpassible
d’une erreur
positive
ounégative
en moinsqu’on peut représenter par 03B4
et dont la limite est2.
En outre , les deuxlogarithmes
destables l et l’
peuvent ,
commeci-dessus ,
être fautifs en moins desquantités , positives ou négatives
03BBet 03BB’ ,
dont la limite estégalement
une
demi-unité ;
enfin au lieu de d on devraitprendre l+d+03B4-(l+03BB) ,
c’est-à-dire
d+(03B4-03BB, ;
de sorte que lenombre demandé estréellement
24 ERREURS
en
prenant donc
sa différence avecl’autre ,
on aura , pour l’er-reur commise
ou , en
représentant par
D ladifférence
destables ;
or , il est manifeste que cette fraction sera la
plus grande possible , lorsque
03B4-03BB aura laplus grande
valeurpositive
et 03BB’-03BB laplus grande
valeurnégative possible , c’est-à-dire , lorsque
lapremière
de ces deux
quantités
seraégale
à +1 et laseconde égale à -I ;
de
sorteque
la limite de l’erreur commise estPrésentement , si ,
au lieu decorriger
le nombre N paraddi- tion,
nous eussions voulucorriger
le nombreN+I
par soustrac-tion,
nous aurions eu alors pour limite del’erreur ,
enfaisant
exactement les mêmes raisonnemens et les mêmes
calculs,
Cela
posé, d
esttoujours compris
entre o etD ,
et lapremière
fraction croît en même
temps
quelui ;
maisquand
on ad>I 2D ,
on
peut prendre
laseconde , qui
est alorsmoindre,
de sorte queLOGARITHMIQUES.
25le maximum
d’erreurs répond
à diD ;
cemaximum
estdonc
qùantité qui
croît deplus
enplus,
à mesure que D diminue ouqu’on
avancedavantage
dans les tables.Par
exemple ,
dans les tables deLalande,
où laplus petite
dif-férence
est 4 ,
le maximum de l’erreur estI 2=0,5 d’où
il suitqu’en employ ant
ces tables à la recherche d’un nombre voisin de dixmille ,
à l’aide de sonlogarithme ,
on ne pourra pascompter
sur le chiffre des dixièmes. Si ce sont les tables de Callet dont on fait usage , comme leurplus petite
différence est44,
le maximum de l’erreur sera3 2.43 =0,035 , de
sortequ’en employant
ces tablerà la recherche d’un nombre voisin de cent mille à l’aide de sort.
lobarithme ,
on ne devra pascompter
sur le chiffre des centièmes., Si l’on veut , déterminerquelle
doit être la valeur de D pour que le nombre cherché ne soitpas fautif de
lafraction I n , il fau-
dra satisfaire à
l’inégalité
Ainsi , malgré
ce que nous venons dedire,
onpeut ,
enemployant
les tables de
Lalande , compter
sur le cliiffre desdixièmes ,
lors--que
les différences tabulaires ne sont pas moindres que3I ,
c’est-à-dire lorsque
le nombre cherche estcompris
entre 1000 etI400 environ ;
et , enemployant
les tables deCallet,
onpeut compter
sur les
centièlnes, lorsque
lesdifférences
ne sont pas moindres que30 l , c’est-à-dire , lorsque
le nombre cherché estcompris
entre I0000et
I4400
environ.Dans une autre note nous nous
occuperons,
des tablesdes
fonc- tions circulaires.Tom. XVI.