• Aucun résultat trouvé

Dégénérescence maculaire liée à l'âge et nutrition

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Dégénérescence maculaire liée à l'âge et nutrition"

Copied!
6
0
0

Texte intégral

(1)

Dégénérescence maculaire liée à l’âge et nutrition

Age-related macular degeneration and nutrition

J.M. Lecerf*

* Service de nutrition, institut Pasteur de Lille.

Poin ts for ts Highligh ts

»

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) dépend de facteurs à la fois génétiques et nutritionnels.

»

Des apports élevés en acides gras polyinsaturés oméga 3 à longue chaîne sont associés à une réduction du risque de survenue de DMLA.

»

Des apports élevés en caroténoïdes xanthophylles (lutéine et zéaxanthine) exercent un effet protecteur à la fois par leur rôle antioxydant, anti-inflammatoire et de filtre de la lumière bleue.

»

Un index glycémique bas joue également un rôle bénéfique.

»

Les conseils nutritionnels et/ou une supplémentation en micronutriments font partie de la prise en charge de la DMLA.

Mots-clés : Dégénérescence maculaire liée à l’âge – Acides gras polyinsaturés oméga 3 à longue chaîne – Caroténoïdes xantho- phylles – Index glycémique.

Age-related macular degeneration (ARMD) depends on genetic and nutritional factors.

High long-chain omega 3 polyunsaturated fatty acids intakes are linked to a lesser risk of ARMD.

High xanthophyll carotenoids (lutein and zeaxanthin) exert a protective effect from their antioxidant and anti-inflammatory effect and from their blue light filter role.

A low glycemic index plays also a protective role.

Dietary advices and supplements are a part of the treatment of ARMD

Keywords: Age-related macular degeneration – Long-chain omega 3 polyunsaturated fatty acids – Xanthophyll carote- noids – Glycemic index.

L

a dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la première cause de malvoyance dans le monde après 65 ans, et dans les pays développés après 50 ans. En France elle atteint 1 personne sur 3 après 75 ans et 1 personne sur 2 après 80 ans. On estime qu’un million de personnes en sont atteintes, dont 600 000 par une forme sévère (femmes 400 000, hommes 200 000).

La dégénérescence maculaire liée à l’âge

On distingue la forme précoce ou maculopathie liée à l’âge (MLA) et la forme avancée, ou DMLA, elle-même se présentant soit sous une forme sèche ou atrophique d’installation lente soit sous une forme humide ou néovasculaire, d’évolution plus rapide et qui succède dans 20 % des cas à une forme sèche.

Les lésions initiales de la MLA sont représentées par l’accumulation de dépôts lipidiques (lipofuscine) sous l’épithélium rétinien et la membrane de Bruch, et par une atteinte de l’épithélium pigmentaire rétinien.

Dans la forme atrophique, une disparition progressive des cellules rétiniennes (photorécepteurs) s’installe progressivement. Dans la forme humide, plus fréquente, des néovaisseaux se développent dans la région macu- laire s’associant à des œdèmes et des hémorragies.

L’atteinte visuelle est liée à une altération de la macula, la zone centrale de la rétine, impliquée dans la vision fine (lecture). Les détails sont ainsi moins perceptibles, les lignes droites déformées, les couleurs plus ternes, les contours moins marqués et une tache centrale foncée (scotome) apparaît.

C’est une affection dégénérative multifactorielle dans laquelle les facteurs génétiques, ainsi que l’âge, sont des facteurs non modifiables. Parmi les facteurs génétiques, les polymorphismes du gène du complément CHF, et du gène ARMS2 sont les plus importants, mais il faut aussi citer le gène ABCR, le gène HTRA1 et des gènes du méta- bolisme lipidique (APOE et LIPC) ainsi que les 15 gènes impliqués dans le métabolisme des caroténoïdes et le pigment maculaire. La présence de l’allèle ε4 de l’APOE est un facteur de protection puisqu’elle diminue par 4,8

(2)

Figure. Physiopathologie de la dégénérescence maculaire liée à l’âge et rôle de la nutrition.

Lutéine et zéaxanthine

Pigment maculaire

Hyperglycémie Index

glycémiqueDiabète Dégradation des segments externes des bâtonnets de la macula riches en oméga 3

Absorption faible

de micronutriments/antioxydants Antioxydants

Filtre

Tabac

Lumière bleue

Stress oxydatif

des facteurs nutritionnels sur la base de données physiopathologiques, d’études épidémiologiques et d’études d’intervention. Les facteurs nutritionnels majeurs actuellement reconnus sont, d’une part, les acides gras oméga 3 à longue chaîne (acide docosa- hexaénoïque [DHA] et acide eicosapentaénoïque [EPA]) et, d’autre part , les caroténoïdes xanthophylles (lutéine et zéaxanthine).

D’autres facteurs nutritionnels protecteurs sont égale- ment impliqués : autres antioxydants, index glycémique bas, produits laitiers, etc.

Les acides gras oméga 3 à longue chaîne

Les acides gras polyinsaturés oméga 3 à longue chaîne (AGPIω3-LC) sont des constituants essentiels des photo- récepteurs rétiniens (bâtonnets) puisque 50 à 70 % des acides gras des membranes sont des AGPIω3-LC et 80 % des disques des segments externes des photo- récepteurs sont constitués de DHA. Ces acides gras sont exclusivement présents dans les phospholipides.

Le DHA est le précurseur de la neuroprotectine D1 qui joue un rôle neuroprotecteur. L’EPA exerce un effet vasorégulateur et anti-inflammatoire. Les AGPIω3-LC ont un rôle antiapoptotique, antiangiogénique et anti- vasoproliférateur, et confèrent aux membranes une fluidité facilitant les échanges des neurotransmetteurs.

L’activité métabolique rétinienne intense et le stress oxydatif impliquent un renouvellement des disques et donc des AGPIω3-LC des segments externes des photorécepteurs (figure).

Études épidémiologiques

Un très grand nombre d’études épidémiologiques ont montré depuis plus de 20 ans que la consommation de poisson, de poisson gras et d’AGPIω3-LC (1, 2) est associée à une diminution importante (de l’ordre de 50 %) du risque de DMLA. Cela a été observé dans des études transversales, cas-témoins et prospectives en Australie, aux États-Unis, aux Pays-Bas et en France.

En France, l’étude POLANUT (3) a montré que la consom- mation de poisson gras (plus d’une fois par mois versus moins d’une fois par mois) était associée à une diminu- tion de 58 % du risque de DMLA. L’étude ALIENOR (4) a montré qu’une consommation élevée d’AGPIω3-LC était associée à une diminution de 41 % du risque de DMLA

comme de très bons marqueurs de leur apport puisque ce sont des acides gras qui dépendent à plus de 95 % de la nutrition (moins de 5 % proviennent de la bio- transformation endogène de l’acide alpha-lino lénique en EPA). Dans l’étude ALIENOR, une teneur plasmatique élevée en AGPIω3-LC est associée à une diminution de 38 % du risque de DMLA avancée pour toute augmen- tation d’une déviation standard. De même, dans cette étude, la teneur plasmatique en acide alpha- linolénique est associée à une diminution de 38 % du risque de DMLA.

Plusieurs études ont montré que les sujets ayant une prédisposition génétique pour la DMLA et ayant des apports élevés en DHA avaient une moindre incidence de DMLA atrophique (– 40 % pour les sujets homo- zygotes pour ARMS2/HTRA1 [5]) ; et que ceux ayant des apports élevés en EPA/DHA et des variants génétiques de CHF Y 402H et LOC 387715 (6) avaient une moindre incidence de DMLA. De même l’étude NAT2 a montré que le variant CHF Y 402H du gène du CHF limitait le bénéfice induit par une supplémentation en DHA (7).

Enfin, plusieurs études suggèrent fortement que des apports élevés en AGPI oméga 6 (acide linoléique) sont associés à un risque accru de DMLA surtout en cas de faible apport en AGPIω3-LC (1).

Études d’intervention

Les études d’observation sont extrêmement cohérentes ; toutefois, des biais peuvent exister, en particulier ceux relatifs aux enquêtes alimentaires, mais surtout ceux

(3)

liés aux facteurs confondants tels que le sexe, l’éduca- tion, l’activité physique, l’indice de masse corporelle ou d’autres facteurs liés au mode de vie, malgré les ajustements réalisés. Des études d’intervention de bonne qualité sont donc nécessaires pour confirmer une hypothèse.

On dispose de 2 études. La première AREDS2 (8) est une étude randomisée en double aveugle chez des sujets porteurs de drüsen bilatéraux ou unilatéraux avec une DMLA avancée sur l’autre œil. Tous les sujets recevaient la formule AREDS1 comportant un mélange d’antioxydants associant 500 mg de vitamine C, 400 UI de vitamine E, 15 mg de bêtacarotène, 80 mg de zinc et 2 mg de cuivre et ont reçu en plus 1 g d’AGPIω3-LC et/ou 10 mg de lutéine + 2 mg de zéaxanthine ou un placebo. Or, il a été montré dans AREDS1 que ce cocktail entraînait une réduction d’au moins 25 % du risque de DMLA. Dans l’étude AREDS2 il s’agissait d’une population ayant un niveau d’éducation élevé, une bonne nutri- tion, 40 % recevant des statines, ne comprenant que 7 % de fumeurs, tandis que 10 % des sujets du groupe contrôle recevaient des compléments alimentaires. De plus, à l’inclusion, les taux plasmatiques de DHA/EPA étaient plus élevés dans la population AREDS2 que dans la population américaine (de la cohorte NHANES). Dans ces conditions la supplémentation en DHA (350 mg) et EPA (650 mg) n’a pas entraîné de réduction sup- plémentaire du risque de DMLA.

L’étude NAT2 (9) est une étude française en double aveugle randomisée auprès de 263 patients ayant des signes de DMLA précoce dans un œil et de DMLA néovasculaire dans l’autre œil, un groupe recevant 840 mg de DHA, 270 mg d’EPA et 6 mg de vitamine E (soit 9 UI) ou un placebo. Dans cette étude, les sujets du groupe intervention qui ont maintenu des teneurs élevées en EPA/DHA dans les phospholipides de leurs membranes érythrocytaires ont une diminution de 68 % du risque de progression de la DMLA comparativement à ceux qui ont maintenu des teneurs basses. De plus, comparativement à des sujets témoins les concentra- tions érythrocytaires en AGPIω3-LC étaient associées à un risque beaucoup plus bas (– 48 %) de DMLA, et des apports élevés en huile de poisson étaient également associés à une diminution de 75 % de ce risque.

La lutéine et la zéaxanthine

Physiologie

La lutéine et son isomère, la zéaxanthine, sont 2 caro- ténoïdes xanthophylles exclusivement apportées par l’alimentation. Elles font partie des 600 caroté noïdes

présentes dans le monde animal et végétal. Ce sont des caroténoïdes non provitaminiques A. Leur concen- tration est très élevée dans l’œil, en particulier dans la rétine mais aussi dans le cristallin. Dans la rétine, elles sont présentes dans le pigment maculaire. Leur distri- bution est inégale dans le macula : le rapport lutéine/

zéaxanthine va de 1/2,4 dans le centre de la macula à 2/1 en périphérie. Le centre de la macula contient aussi de la mésozéaxanthine avec un ratio de 1/1 avec la zéaxanthine. La mésozéaxanthine n’est pas présente dans l’alimentation, elle provient de la conversion in situ de la lutéine. La mesure du pigment maculaire fait appel à des mesures sophistiquées telles que le Heidelberg Retinal Angiography [HRA] modifié ou le test Flicker.

Leurs rôles dans la vision sont multiples : la lutéine joue un rôle dans la maturation précoce de la rétine et donc dans le développement précoce de la vision.

Classiquement ses propriétés de filtre de la lumière bleue et ses propriétés antioxydantes rendent compte de son effet protecteur vis-à-vis de la DMLA. Mais son bénéfice pourrait être aussi lié à un effet anti-inflam- matoire.

Elle est captée tant au niveau intestinal qu’au niveau rétinien par un récepteur SRB1 et est transportée dans le sang par les HDL. Les gènes contrôlant SRB1 et les HDL sont impliqués dans la DMLA, ce qui est en faveur du rôle du transport du cholestérol et de la lutéine dans la pathologie. Une quinzaine de gènes sont associés au pigment maculaire. La biodisponibilité de la lutéine dépend de multiples facteurs : en présence de lipides elle est accrue. Apportée dans les œufs, elle induit une concentration plasmatique de lutéine 2 à 3 fois plus élevée que consommée sous forme de complément alimentaire ou lorsqu’elle est présente dans les épinards.

Une compétition avec d’autres caroténoïdes est obser- vée. Elle est incorporée dans les chylomicrons, déversée dans le système lymphatique avant de parvenir au foie.

Elle est aussi captée par le tissu adipeux qui peut en être un réservoir.

Ses sources alimentaires sont peu nombreuses : épi- nards, choux, chou chinois, laitue, petits pois, maïs, luzerne, œuf en fonction de l’alimentation de la poule.

Elle est également présente dans la tagète (œillet d’Inde) employée pour la fabrication de compléments alimentaires et dans certaines micro-algues (Chlorella) utilisées en alimentation animale, mais est aussi éven- tuellement proposée en alimentation humaine comme complément alimentaire.

Nous avons pu démontrer que la lutéine apportée par les œufs de poules nourries avec une alimentation contenant de la chlorella induisait une augmentation

(4)

Plusieurs études cas-témoins, prospectives et trans- versales ont montré une relation inverse entre les apports en lutéine, zéaxanthine et la DMLA. Dès 1994 l’étude Eye Disease Case-Control (EDCC) [13] montre une diminution de 43 % du risque de DMLA chez les sujets ayant la consommation la plus élevée de caro- ténoïdes xanthophylles. Récemment la publication de l’étude des infirmières et des professionnels de santé suivis pendant 24 à 26 ans, avec plus de 100 000 sujets a montré une relation inverse entre un score prédit (sur la base des apports observés et des données de biodisponibilité) de la concentration plasmatique de lutéine et de zéaxanthine et le risque de progression de la DMLA (14). Dans l’étude prospective POLA (15), auprès de 2 584 sujets suivis entre 1995-1997 et 2002-2004, les sujets ayant les concentrations plasmatiques les plus élevées de lutéine et de lutéine-zéaxanthine présentent une diminution de 69 % et 79 % du risque de survenue de DMLA comparativement aux sujets du tertile le plus bas. Dans l’étude PIMAVOSA (16), de la même équipe française, la densité du pigment maculaire mesurée par HRA modifié est corrélée avec la teneur plasmatique en lutéine et zéaxanthine. Enfin, l’analyse post hoc de l’étude AREDS1 avait montré une corrélation inverse entre les apports en lutéine/zéaxanthine et la DMLA néovasculaire (17).

Études d’intervention

Une supplémentation en esters de lutéine de 30 mg/j diminue de 30 à 40 % la quantité de lumière bleue atteignant la rétine. Elle entraîne également une augmentation de 20 à 40 % de la densité du pigment maculaire (18).

L’étude LAST a montré qu’une supplémentation de 10 mg/j de lutéine chez les patients ayant une DMLA atrophique pendant 1 an engendrait une amélioration de l’acuité visuelle, de la récupération à l’éblouissement et de la sensibilité aux contrastes, ainsi qu’une augmen- tation de la densité du pigment maculaire (19). Plus récemment, l’équipe de Hammond a montré qu’une supplémentation de 10 mg de lutéine et de 2 mg de zéaxanthine pendant 1 an chez des sujets sains entraî- nait une augmentation de la densité du pigment macu- laire et une amélioration de la sensibilité aux couleurs, et de la récupération après photostress (20).

Une méta-analyse des essais randomisés (dans 8 études) regroupant 1 176 sujets ayant une DMLA confirmait

DMLA avec, pour la première randomisation, 1 bras comprenant une supplémentation en lutéine (10 mg) et en zéaxanthine (2 mg) et 1 bras comprenant une supplémentation en EPA + DHA et en lutéine et zéaxan- thine, en plus de la supplémentation en antioxydants AREDS1. Chez les sujets recevant lutéine et zéaxanthine, comparativement à ceux qui n’en recevaient pas, une réduction de 9 % du risque de progression de la DMLA a été obtenue (p = 0,05). En considérant les sujets ayant les plus faibles niveaux d’apports alimentaires en lutéine et zéaxanthine, la supplémentation en lutéine et zéaxan- thine a entraîné une diminution de 26 % du risque de progression vers une DMLA avancée (p = 0,01). Mais il faut noter que la population étudiée avait en moyenne des taux sériques de lutéine et de zéaxanthine supé- rieurs à ceux de la population américaine moyenne (de l’étude NHANES).

Autres facteurs nutritionnels ou alimentaires

Vitamines et minéraux

Les données sont beaucoup moins fortes sur le plan physiopathologique. Cependant l’étude AREDS1 est en faveur de l’intérêt d’une supplémentation à très forte dose de nutriments à effet antioxydant puisqu’une supplémentation de 500 mg de vitamine C + 400 UI de vitamine E + 15 mg de bêtacarotène, + 80 mg de zinc + 2 mg de cuivre entraîne une réduction de 25 % du risque d’évolution à 5 ans vers une DMLA avancée (22).

Toutefois, l’étude AREDS2 a montré une réduction de 18 % du risque de progression vers une DMLA avancée dans les groupes recevant la lutéine et la zéaxanthine sans bêtacarotène comparativement aux groupes AREDS1 “standard” et recevant du bêtacarotène. De plus, les cancers du poumon ont été plus fréquem- ment observés (2 versus 0,9 %) chez les sujets ayant reçu du bêtacarotène que chez ceux n’en ayant pas reçu, surtout chez les anciens fumeurs. Cela a conduit à proposer le retrait du bêtacarotène dans les formules AREDS (18).

La formule AREDS1 était basée sur le rôle présumé de plusieurs des nutriments considérés comme candidats pour la prévention de la DMLA (18). Bien que la vita- mine C soit un puissant antioxydant, aucune corrélation n’a été observée entre apports en vitamine C et risque

(5)

•Le poisson tu mangeras au moins 2 fois par semaine.

•Du poisson gras tu choisiras chaque fois que possible.

•Les huiles tu varieras, celles de colza et de noix tu préféreras.

•5 fruits et légumes par jour au moins tu consommeras.

•Les légumes et fruits colorés, vert, jaune, rouge, tu aimeras.

•Les épinards, les choux (verts, frisés), le cresson, la laitue tu adopteras.

•Les noix, le pain complet, les champignons, la mâche, les agrumes, les œufs, tu ne craindras pas.

•Les huiles, les moules, les crevettes et autres crustacés et mollusques tu adopteras.

•Les aliments trop gras, trop sucrés et trop riches en calories tu fuiras.

•L’activité physique tu pratiqueras : le soleil en excès, le tabac tu éviteras.

Encadré. Les 10 commandements.

de DMLA dans les études EDCC et de Rotterdam (18).

En ce qui concerne la vitamine E, l’étude de Rotterdam et l’étude AREDS ont montré une réduction des risques associée à sa consommation, mais ni l’étude EDCC ni l’étude NHS + HPFS ne l’ont confirmée (18). L’étude de Rotterdam, l’étude BMES et l’étude de Beaver Dam Eye étaient en faveur d’un effet protecteur du zinc (18). Mais ces études d’observation ne prouvent pas la relation de cause à effet, le nutriment considéré pouvant n’être qu’un marqueur.

Mais aucune étude d’intervention, avec chacun de ces micronutriments à effet antioxydant pris isolément, n’a montré de bénéfice sur le risque de DMLA (mis à part une amélioration visuelle avec le zinc dans 2 petites études). Seule la formule avec le cocktail AREDS1 a entraîné un bénéfice après supplémentation. Mais il faut noter qu’il s’agit de doses pharmacologiques très éloignées des apports nutritionnels conseillés.

Deux études épidémiologiques prospectives ont mon- tré que des concentrations plasmatiques basses en folates (vitamine B9), en vitamine B12 et en homo- cystéine sont associées à un risque accru de DMLA.

Mais il n’y a pas d’autres données en faveur de cet effet (23, 24).

Aliments spécifiques

La consommation de poisson, surtout de poisson gras, source d’AGPIω3-LC à raison de plus de 1 fois par semaine est un facteur protecteur. Dans une méta-ana- lyse, le risque de DMLA avancée est réduit de 38 % chez les personnes qui consomment du poisson au moins 2 fois par semaine. Des études ont observé une réduc- tion du risque de progression de la DMLA chez les sujets consommant des noix (riches en acide alpha-linolé- nique) au moins 1 fois par semaine (18).

La consommation de légumes à feuilles vertes est asso- ciée à une réduction du risque de DMLA néovascu-

laire dans l’étude EDCC (18). Dans l’étude AREDS une alimentation saine, riche en fruits, légumes, céréales complètes, poisson, et pauvre en sucres, graisses, alcool est associée à une réduction de 46 % du risque de DMLA quelle que soit sa forme clinique (18).

Dans l’étude Blue Mountains Eye, sur un suivi de 15 ans, après ajustements multiples, le risque de DMLA avancée est multiplié par 2,8 chez les petits consommateurs de produits laitiers, comparativement aux plus gros consommateurs ; ce risque était par ailleurs multiplié par 3,10 chez ceux qui consommaient le moins de produits laitiers allégés. Cela pourrait être lié à la présence de glutathion, un antioxydant puissant (25).

Index glycémique

On sait qu’une alimentation avec un index glycémique ou une charge glycémique (index glycémique × apport glucidique) élevés induit un stress oxydatif (26).

Dans l’étude Nurses’ Health Study une augmentation d’anomalies pigmentaires spécifiques (OR : 2,71) a été observée pour le dernier tertile de l’index glycé- mique comparativement au premier tertile (27). La progression de la DMLA est accrue (RR = 1,1) pour les sujets ayant un index glycémique bas dans l’étude AREDS (28). Dans cette étude, chez les sujets non diabétiques le risque de drüsen étendus, d’atrophie localisée ou de néovascularisation est accru pour le premier quartile d’index glycémique comparative- ment au quatrième, et le risque de DMLA avancée est augmenté de 49 % chez les sujets ayant un index glycémique élevé (29). Dans l’étude Blue Mountains Eye le risque de DMLA précoce est accru pour le pre- mier quartile d’index glycémique comparativement au dernier, tandis qu’il est diminué pour une consom- mation élevée de fibres et de céréales à faible index glycémique (30).

On note cependant qu’il n’y a pas eu de nouvelles publi- cations sur ce thème depuis 10 ans.

Conclusion

Un grand nombre de données physiopathologiques, expérimentales et épidémiologiques montrent le rôle de la nutrition dans la survenue ou, au contraire, la prévention de la DMLA. Les poissons gras, riches en AGPIω3-LC, et les caroténoïdes et aliments en apportant sont fortement impliqués dans ce rôle et en synergie entre eux. D’autres nutriments et aliments sont can- didats.

Les effets de la nutrition sont en interaction avec des facteurs génétiques, la nutrition modulant ou at ténuant

(6)

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.

1. Lecerf JM. Acides gras et dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Cahiers de Nutrition et de Diététique 2010;45:144-50.

2. Souied EH, Aslam T, Garcia-Layana A et al. Omega-3 Fatty Acids and Age-Related Macular Degeneration. Ophthalmic Res 2015;55(2):62-9.

3. Carrière I, Delcourt C, Lacroux A, Gerber M. POLANUT Study Group. Nutrient intake in an elderly population in southern France (POLANUT): deficiency in some vitamins, minerals and omega-3 PUFA. Int J Vitam Nutr Res 2007;77(1):57-65.

4. Merle B, Delyfer MN, Korobelnik JF et al. Dietary omega-3 fatty acids and the risk for age-related maculopathy: the ALIENOR Study. Invest Ophthalmol Vis Sci 2011;52(8):6004-11.

5. Reynolds R, Rosner B, Seddon JM. Dietary omega-3 fatty acids, other fat intake, genetic susceptibility, and pro- gression to incident geographic atrophy. Ophthalmology 2013;120(5):1020-8.

6. Ho L, van Leeuwen R, Witteman JC et al. Reducing the genetic risk of age-related macular degeneration with dietary antioxi- dants, zinc, and ω-3 fatty acids: the Rotterdam study. Arch Ophthalmol 2011;129(6):758-66.

7. Merle BM, Richard F, Benlian P et al. CFH Y402H and ARMS2 A69S Polymorphisms and Oral Supplementation with Docosahexaenoic Acid in Neovascular Age-Related Macular Degeneration Patients: The NAT2 Study. PLoS One 2015;10(7):e0130816.

8. Age-Related Eye Disease Study 2 Research Group. Lutein + zeaxanthin and omega-3 fatty acids for age-related macular degeneration: the Age-Related Eye Disease Study 2 (AREDS2) randomized clinical trial. JAMA 2013;309(19)2005-15.

9. Souied E H, Delcourt C, Querques G et al.; Nutritional AMD Treatment 2 Study Group. Oral docosahexaenoic acid in the prevention of exudative age-related macular degeneration:

the Nutritional AMD Treatment 2 study. Ophthalmology 2013;120(8):1619-31.

10. Schnebelen-Berthier C, Acar N, Pouillart P et al.

Incorporation of lutein and docosahexaenoic acid from die- tary microalgae into the retina in quail. Int J Food Sci Nutr 2015;66(2):222-9.

11. Berthier-Schnebelen C, Acar P, Pouillart C et al. Transfert plasmatique et rétinien de la lutéine et du DHA issus de micro algues de caille. Nutr Clin Metab 2012:26;163.

12. Berthier N, Acar C, Thabuis A et al. « Effet de la consom- mation d’œufs riches en caroténoïdes xanthophylles et en acides gras omega-3 à longue chaîne sur le pigment maculaire chez des volontaires sains ». https://nutrition.pasteur-lille.fr/

etudes-cliniques/nos-etudes/

13. Seddon JM, Ajani UA, Sperduto RD et al. Dietary carote- noids, vitamins A, C, and E, and advanced age-related macular degeneration. Eye Disease Case-Control Study Group. JAMA 1994;272(18):1413-20.

14. Wu J, Cho E, Willett WC. Sastry SM, Schaumberg DA.

Intakes of Lutein, Zeaxanthin, and Other Carotenoids and Age- Related Macular Degeneration During 2 Decades of Prospective Follow-up. JAMA Ophthalmol 2015;133(12):1415-24.

15. Delcourt C, Korobelnik JF, Barberger-Gateau P et al. Nutrition and age-related eye diseases: the Alienor (Antioxydants, Lipides Essentiels, Nutrition et maladies OculaiRes) Study. J Nutr Health Aging 2010;14(10):854-61.

16. Delyfer MN, Buaud B, Korobelnik JF et al. Association of macular pigment density with plasma ω-3 fatty acids: the PIMAVOSA study. Invest Opthalmol Vis Sci 2012;53(3):1204-10.

17. SanGiovanni JP, Chew EY, Clemons TE et al. The relationship of dietary lipid intake and age-related macular degeneration in a case-control study: AREDS Report No. 20. Arch Ophthalmol 2007;125(5):671-9.

18. Broadhead GK, Grigg JR, Chang AA, McCluskey P. Dietary modification and supplementation for the treatment of age-re- lated macular degeneration. Nutr Rev 2015:73(7):448-62.

19. Richer S, Stiles W, Statkute L et al. Double-masked, place- bo-controlled, randomized trial of lutein and antioxidant supple- mentation in the intervention of atrophic age-related macular degeneration: the Veterans LAST study (Lutein Antioxidant Supplementation Trial). Optometry 2004;75(4):216-30.

20. Hammond BR, Fletcher LM, Roos F, Wittwer J, Schalch W. A double-blind, placebo-controlled study on the effects of lutein and zeaxanthin on photostress recovery, glare disa- bility, and chromatic Contrast. Invest Ophthalmol Vis Sci 2014;55(12):8583-9.

21. Liu R, Wang T, Zhang B et al. Lutein and zeaxanthin supplementation and association with visual function in age-related macular degeneration. Invest Ophthalmol Vis Sci 2014;56(1):252-8.

22. Age-Related Eye Disease Study Research Group. A ran- domized, placebo-controlled, clinical trial of high-dose sup- plementation with vitamins C and E, beta carotene, and zinc for age-related macular degeneration and vision loss: AREDS report no. 8. Arch Ophthalmol 2001;119(10):1417-36.

23. Gopinath B, Flood VM, Rochtchina E, Wang JJ. Mitchell, P. Homocysteine, folate, vitamin B-12, and 10-y incidence of age-related macular degeneration. Am J Clin Nutr 2013;98(1):129-35.

24. Kamburoglu G, Gumus K, Kadayıfcılar S, Eldem B. Plasma homocysteine, vitamin B12 and folate levels in age-related macular degeneration. Graefes Arch Clin Expl Ophthalmol 2006;244(5):565-9.

25. Gopinath B, Flood VM, Louie JC et al. Consumption of dairy products and the 15-year incidence of age-related macular degeneration. Br J Nutr 2014;111(9):1673-9.

26. Hu Y, Block G, Norkus EP, Morrow JD, Dietrich M, Hudes M.

Relations of glycemic index and glycemic load with plasma oxidative stress markers. Am J Clin Nutr 2006;84(1):70-6; quiz 266-7.

27. Chiu CJ, Hubbard LD, Armstrong J et al. Dietary glycemic index and carbohydrate in relation to early age-related macular degeneration. Am J Clin Nutr 2006;83(4)880-6.

28. Chiu CJ, Milton RC, Gensler G, Taylor, A. Association between dietary glycemic index and age-related macular degeneration in nondiabetic participants in the Age-Related Eye Disease Study. Am J Clin Nutr 2007;86(1):180-8.

29. Chiu CJ, Milton RC, Klein R, Gensler G, Taylor A. Dietary carbohydrate and the progression of age-related macular degeneration: a prospective study from the Age-Related Eye Disease Study. Am J Clin Nutr 2007;86(4):1210-8.

30. Kaushik S, Wang JJ, Flood V, Tan JS et al. Dietary glycemic index and the risk of age-related macular degeneration. Am J Clin Nutr 2008;88(4):1104-10.

31. Leermakers ET, Darweesh SK, Baena CP et al. The effects of lutein on cardiometabolic health across the life course:

a systematic review and meta-analysis. Am J Clin Nutr 2016;103(2):481-94.

32. Johnson EJ. A possible role for lutein and zeaxan- thin in cognitive function in the elderly. Am J Clin Nutr 2012;96(5):1161S-5S.

R é f é r e n c e s

de la prescription de compléments alimentaires spé- cifiques si les recommandations alimentaires ne sont pas atteintes (encadré).

C’est donc un double ou un triple effet qui est probable- ment la clé d’une nutrition adéquate pour la prévention

de la DMLA. ■

Références

Documents relatifs

Cette recommandation a pour objectif d’optimiser la stratégie diagnostique des patients ayant une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et

Dies bedeutet, dass eine einprozentige Erhöhung des realen Wechselkurses (bereinigter Wechselkurs) einen lang- fristigen Nachfragerückgang von mehr als einem Prozent nach sich

The plot of potential temperature versus salinity (Fig. 4a and c) after the February and March 1999 mixing event (Fig.. Chapitre V : Système des carbonates dans la colonne d'eau au

○ But: limiter la perte de vision centrale et la taille du scotome Surveillance et prévention de l ’ autre œil +++ (50% bi. latéralisation à 2ans): supplémentation

Ces deux recommandations permettront d’actualiser la recommandation publiée par la HAS en 2012 : Dégénérescence maculaire liée à l’âge : prise en charge diagnostique

Forme humide : plus rapide : peut évoluer vers la perte de la vision centrale en quelques semaines, voire quelques jours. La DMLA n'entraîne pas la

But : Déterminer la prévalence et les caractéristiques épidémiologiques et cliniques de la dégénérescence maculaire liée à l’âge dans une population noire

Notre étude quant à elle, utilise un niveau de curarisation plus profond, puisque l'antagonisation est réalisée lorsque le train de 4 est soutenue (T4/TI = 40%). Nous avons