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A la mémoire de quelques Murithiens

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Un front froid pénètre en Suisse au cours de la journée du 9 décem- bre en venant de l'ouest; il envahit peu à peu le Plateau, puis les Alpes où l'air froid vient se mêler tout d'abord au courant chaud de fœhn et finalement le supplante lorsque la pression a suffisamment augmenté au Nord de la chaîne alpine. Il a fallu environ dix heures pour que cet air froid de faible épaisseur parvienne du Jura dans le Valais central. Les hauts sommets des Alpes ne furent pas atteints par l'air froid, car au-delà de 3000 m. le courant du sud-ouest s'est maintenu le 10 décembre.

Comme la théorie du fœhn est encore mal assise et que les conditions de sa descente dans les vallées sont encore discutées, l'analyse détaillée de cas typiques n'est pas inutile. C'est dans cette pensée que celle-là a été entreprise.

TRAVAUX CITES

1 Lammert L. - Der mittlere Zustand d. Atmosphäre bei Südföhn. Veroff. Geophys.

Instituts d. Univ. Leipzig, Bd. 2, 1920.

- Frey K. - Die Entwicklung des Süd- u. Nordföhns. Archiv Met., Geophys. u.

Bioklimat., A, Bd. 5, Wien, 1953.

A LA MEMOIRE DE QUELQUES MURITHIENS

par Berthe Lang-Porchet

La séance de la Murithienne et l'excursion qui la suivait clôturaient le semestre d'été, pour nous étudiants de Lausanne. Elles restent parmi les souvenirs de ces années lointaines comme des taches de soleil dans une forêt, une clairière dans un bois sombre. Après l'Université en chambres closes, c'était l'Université en plein air, et l'Université dans son sens de l'universel.

Qui aurait retenu tout ce qui était enseigné dans ces brèves heures aurait eu un choix de connaissances déterminant pour une vision du monde. Car les sujets exposés frôlaient les grands problèmes, en éma- naient ou y retournaient, ramenant le mouvement et la vie, de l'échelle de l'univers à celle de la terre, reliant les coutumes des hommes aux symboles de la vie intuitive ou religieuse plongeant dans l'obscurité du temps, découvrant la vie animale avec ses paradoxes et sa finalité, l'équi- libre des espèces dans la nature, menacé par l'intervention de l'homme.

Nos maîtres, qui animaient en partie ces séances, passaient eux aussi de

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l'ombre à la lumière, du format professoral au format humain, déten- dus, agréables causeurs ou irrésistibles humoristes.

La géologie avait une large place. Maurice Lugeon était un fervent Murithien, qu'une amitié profonde liait à notre Président, héritier de son enthousiasme. Certes, les auditeurs ne « voyaient » pas tout ce que Lugeon montrait, dessinait, esquissait par des gestes dans l'espace ou des mouvements caressants sur une carte ; ils ne comprenaient pas tout ; mais ils « sentaient passer » cette pensée ardente, constructive, créatrice, visionnaire parfois, qui fluidifiait les couches de l'écorce terrestre pour les modeler, les contraindre à refaire en une heure leur histoire, les cheminements, les collisions, les écrasements, les chevauchements, qui .s'étaient succédé durant des centaines de millénaires. Tels des récits de batailles au coin du feu, ces épopées géologiques étaient évoquées au milieu d'une nature familière, proche et rassurante. Le torrent roulait oes cailloux, là tout près; le vent apportait la senteur résineuse des mélèzes; un écureil décortiquait des cônes; le sommet était là-haut, immobile, impassible. La voix de l'homme qui parlait se posait sur le silence qui l'absorbait. Sécurité de la beauté prodiguée, et voyage aven- tureux de l'esprit vers le passé et l'avenir de la terre. Sécurité et liberté, n'était-ce pas, en ces années, la formule du bonheur ?

Galli-Valerio, qui n'acceptait que le piolet comme appui de l'alpi- niste, et de son rire sarcastique raillait ceux ou celles qui se fiaient à la canne pour assurer les descentes dans les sentiers schisteux, nous parlait des animaux de la montagne, de leurs maladies, de leurs parasites, de leur prédateurs. Il cherchait des preuves de leur infection dans les ex- créments laissés sur les rochers, les herbes et les mousses, les identifiait sans hésitation et les récoltait dans des éprouvettes dont il bourrait ses poches. Timide et solitaire, violent envers ceux dont il n'acceptait pas les idées, ne reconnaissait pas les observations ou refusait les hypothèses, il avait de soudaines tendresses de pensée pour tel ami ou tel collabora- teur qu'il respectait; notre Président était l'un d'eux. C'était un monta- gnard prudent, invectivant d'une ravine à l'autre le téméraire qui ris- quait de déclencher une chute de pierres ou une coulée de neige. Dans ees dernières années, confiné en d'étroites demeures urbaines, il a cherché dans ses souvenirs chers, ceux de la Murithienne en particulier, la force d'accepter la claustration.

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Ces maîtres disparus — auxquels il faudrait joindre le Dr Pierre Chapuis, connaisseur des plantes alpines, défenseur farouche des li- bertés nationales et cantonales, des particularités linguistiques, folklo-

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riques et e t h n o g r a p h i q u e s — ne sont pas seuls à inspirer nos souvenirs reconnaissants. Il était d'autres M u r i t h i e n s , nés sur la t e r r e m ê m e où prit naissance la Société, qui lui a p p a r t e n a i e n t p a r droit n a t u r e l , en i n c a r n a i e n t l'esprit profond. Bien que dans la force de l'âge encore, ils faisaient figures de p a t r i a r c h e s aux yeux de n o t r e jeunesse, i n t i m i d é e p a r leur stature, leur voix sonore h a b i t u é e au c o m m a n d e m e n t , l e u r « alti- t u d e » en un mot. Les soirées de c a b a n e nous ont révélé leur h u m a n i t é , leur h u m a n i s m e . U n e t r a d i t i o n l o n g t e m p s m a i n t e n u e voulait que l'on q u i t t â t la p l a i n e , après u n d î n e r succulent, vers deux h e u r e s de l'après- m i d i , p a r u n e t e m p é r a t u r e valaisanne de mi-juillet, p o u r gagner u n e c a b a n e où l'on passait la nuit, afin d'escalader u n e cime dès l'aube suivante.

De la foule qui avait assisté à la séance et pris p a r t au d î n e r se déta- chaient un à un les h a r d i s . L e u r n o m b r e ne dépassait guère alors vingt

— t r e n t e parfois p o u r les courses faciles — et ceux-là affrontaient la m o n t é e , de C h a m p e x à la cabane d'Orny, de Morel à R i e d e r a l p , de Vouvry à T a n a y .

Ceux qui se croyaient sages et avisés avaient l i m i t é l e u r c h a r g e m e n t au m i n i m u m indispensable. Mais, ces Messieurs de Sion, partaient-ils p o u r dix j o u r s , avec ces sacs de m o n t a g n e rebondis ? Il fallait a t t e n d r e p o u r le savoir, que la n u i t t o m b â t sur le glacier, q u e le d e r n i e r sommet fût éteint, que la lune m o n t â t d e r r i è r e la crête. Alors, sur u n b a n c de- vant la cabane, un groupe s'installait ; et, des sacs de cuir dont le vo- l u m e nous avait intrigués, sortaient les bouteilles de J o h a n n i s b e r g au long col, de Malvoisie a m b r é e , d'Arvine, d'Amigne ou d ' H e r m i t a g e , la fine goutte des vignobles que ces Messieurs de Sion avaient m o n t é e là- h a u t , avec la viande séchée ou les gâteaux, p o u r n o t r e délectation. Le vin p r e n a i t alors u n e valeur sacrée, et la conversation s'engageait e n t r e ceux qui m e n a i e n t la m ê m e vie, la chasse, la c u l t u r e et l ' a m o u r de la vigne, la passion du sol. N o t r e jeunesse n ' é t a i t q u e silence et émerveillement, s a c h a n t bien q u e ces h e u r e s é t a i e n t u n i q u e s et q u e rien n e l e u r ressem- b l e r a i t j a m a i s .

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U n rais de l u m i è r e grise sous le volet de la cabane, le c l a q u e m e n t des soques ou le crissement des clous sur les dalles, a n n o n c e n t le réveil.

Des pas lents, et, dans le petit m a t i n q u ' a u c u n e v i b r a t i o n n ' a encore é b r a n l é , des voix avec leurs t i m b r e s , leurs registres p r o p r e s . E n compa- gnie des p r e m i e r s levés, le P r é s i d e n t ausculte l ' a u b e , lui q u i a la charge de t a n t d'âmes chevillées à t a n t de corps. E n t r e initiés, on se c o m p r e n d à demi-mots. Ce n u a g e isolé qui t r a î n e sur le sommet, c'est le b r o u i l l a r d

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pour midi ; l'horizon rouge taché de bleu et d'or comme un missel enlu- miné garantit une journée de soleil.

Que nous importait à nous les jeunes qui ne faisions que suivre et obéir sans souci, respirer la liberté, dans la sécurité que nous inspiraient nos chefs! Ils connaissaient la montagne comme une amie à laquelle on ne fait pas entièrement confiance parce qu'elle n'est pas toujours res- ponsable de ses actes. Ils savaient l'affronter sans la braver, et leur jugement ne fut jamais pris en défaut. Les départs au point du jour en cordées silencieuses, les marches parfois éprouvantes, une chute dans un trou de neige, nous ont fait éprouver pour la première fois, dans notre être physique, la solidarité d'équipe. Cette sensation a vivifié l'idée tout au long des années.

Il y avait dans ces quelques journées de juillet une confiance, une foi, un accomplissement qui ont été une nourriture spirituelle de notre jeunesse. Peut-être ces souvenirs nous ont-ils attachés si profondément à cette terre, à sa splendeur, aux amis qu'elle nous a donnés, que nous parons de leur lumière l'image des mondes que l'on découvrira demain.

NOTES SUR LA FAUNE DE DERBORENCE

par Robert Hainard

Lors d'un séjour à Montbas (Derborence) du 9 au 28 août, puis du 15 au 27 septembre 1960, j ' a i pu admirer une fois de plus la richesse de la faune de ce beau district franc. A cause du mauvais temps et surtout à cause d'un travail de rédaction urgent, je ne suis, la plupart du temps, sorti que le matin et le soir. Pas une fois, ne m'a manqué la rencontre de « gibier », c'est-à-dire d'un mammifère de taille ap- préciable.

Les chamois, il y en a presque constamment en vue, soit sous la paroi de rochers dominant les mayens, soit, beaucoup plus loin, sur les larges bandes gazonnées, en-dessous du glacier de Tsanfleuron, soit encore de gros boucs sortis des vernes, dans le vallon de la Lizerne de la Mare. Une petite troupe de femelles et de jeunes séjourne dans le grand pré, au-dessous du chemin reliant Montbas-dessus à Montbas- dessous, et dans la belle forêt, sécharde et peu exploitée, que coupe des bancs de rochers abritant des barmes profondes.

Références

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