C OMPOSITIO M ATHEMATICA
C. S ABBAH
Proximité évanescente. I. La structure polaire d’un D -module
Compositio Mathematica, tome 62, n
o3 (1987), p. 283-328
<http://www.numdam.org/item?id=CM_1987__62_3_283_0>
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283
Proximité évanescente
I. La
structurepolaire d’un D-Module
© Martinus Nijhoff Publishers,
C. SABBAH
Centre de Mathématiques, Ecole Polytechnique, F-91128 Palaiseau cedex, France
Received 17 July 1986; accepted 10 October 1986
Key words: Système différentiels, filtration, éventail, polynôme de Bernstein, polyèdre de
Newton.
Résumé. Dans cet article, nous entamons une étude des cycles évanescents à plusieurs vari-
ables. Nous considérons sur les D-modules cohérents des multi-filtrations associées à des
hypersurfaces lisses en position générale et montrons à leur propos un théorème de finitude.
Nous étudions les relations entre les différents polynômes de Bernstein associés à la situation et introduisons la notion de polyèdre de Newton-Bernstein. Enfin, nous introduisons la notion de bonne multi-filtration associée à ces hypersurfaces et montrons que les D-modules holo-
nomes provenant de la géométrie algébrique admettent une telle multi-filtration.
Abstract. In this paper, we begin the study of vanishing cycles with many variables. We consider on coherent D-modules some multi-filtrations associated with hypersurfaces in general position and we show for these a finiteness theorem. We study the relations between various Bernstein polynomials related to the situation and introduce the notion of Newton- Bernstein polyhedron. Then we introduce the notion of a good canonical multi-filtration associated with these hypersurfaces and we show that the holonomic D-modules which come
from algebraic geometry admit such a multi-filtration.
Table des matières
Introduction
Les résultats de cet article ont été motivés par les
problèmes suivants, qui
neseront
cependant
pas abordés ici.Si f: (n+1, 0)
-(C, 0)
est un germe de fonctionanalytique
àsingularité isolée,
lacohomologie
de la fibre de Milnor Fde f
en 0 est munie d’une structure deHodge
mixtepolarisée.
Cettestructure
peut
être décrite à l’aide dusystème
de Gauss-Maninde f([Va1], [M.SaI], [Sch-St], [Ph2]).
Lapolarisation
n’est pas donnée par la forme d’intersection(qui peut
êtredégénérée)
mais par le"logarithme
de la forme de Seifert"qui exprime
la dualitémicrolocale,
ou "ResiduePairing" ([K. Sa], [Ph3l, [M.Sa2]).
La filtration par lepoids
est la filtration associée à lapartie nilpotente
de la monodromie(avec
undécalage
pour la valeur propre1).
Lefait
qu’il
existe une telle structure est dû à lacompacité
dusupport
de(03A6f(), complexe
descycles
évanescents associéà f, puisqu’ici
cesupport
est ponc- tuel(singularité isolée).
Si
f
n’est pas àsingularité isolée, HP(F, C) porte
aussi une structure deHodge
mixte dont ladescription
est abstraite([duB], [Na]). Ici,
il faut considérer lecomplexe
i*03A6f(),
où i est l’inclusion del’origine
dansf-1(0),
pour obtenir un
complexe
àsupport ponctuel.
On nepeut
pasespérer
unedescription
aussi claire de la structure deHodge
mixte: enappliquant
i * ona
perdu
et laperversité
et l’autodualité.Pour étudier cette
cohomologie,
onpeut reprendre
la méthode de LêD. T.
([Lê]):
On choisit une forme linéairegénérique
g:n+1 ~
et ons’intéresse au groupe
HP(F,
F ng-1(0)).
Ce groupes’interprète
commel’unique
groupe decohomologie
ducomplexe 03A6g(03A8f()) (en
fait c’estplutôt HP(F,
F ng-1(03C4))
pour i pastrop petit,
mais la dimension est lamême).
Maintenant,
cecomplexe
est pervers, autodual(à
undécalage près),
et àsupport
ponctuel.
Sacohomologie
doitporter
une structure deHodge
mixtepolarisée
delaquelle
onpeut espérer
donner unedescription
comme dans lecas d’une
singularité
isolée. Elle est munie de deux monodromiesTf
etTg .
La filtration par le
poids
doit se construire àpartir
de la filtration mono-dromique
relative deNg
parrapport
àNf (parties nilpotentes
deTf
etTg respectivement),
si une telle filtration existe(voir [De2l, [C-K], [St-Z]
pour la notion de filtrationmonodromique relative).
De
plus
Lê D. T. a introduit une filtration de ce groupeHn (F,
F ng-1(03C4))
dite filtration
polaire qui
est indexée par lesrapports
desmultiplicités
d’intersection des branches du discriminant de
( f, g)
avec lesaxes {f
=01
et
{g = 01.
Il estprobable
que la filtrationmonodromique
relative a unestructure assez
simple:
surchaque gradué polaire,
ce devrait être la filtrationmonodromique
de toutendomorphisme nilpotent qui
s’écrit sur cegradué
sous la forme
aNf
+b(Nf
+rNg )
avec a et b strictementpositifs,
à l’instarde
[De2], [C-K].
En fait on doit même avoir unedescription
de la filtrationmonodromique
relative elle même. Je considèrerai cesquestion
dans unarticle suivant.
Enfin,
en cequi
concerne lapartie semi-simple
de lamonodromie,
B. Teissier a
conjecturé ([T1])
uneinégalité (si f est
àsingularité isolée)
entrel’exposant
d’Arnoldde f et
celuidef|g-1(0) qui
fait intervenir leplus grand
desrapports ci-dessus, inégalité
montrée engrande partie
par F. Loeser([Lo])
en utilisant le théorème de semi-continuité du
spectre ([St], [Va2]).
Dans cet
article, je rappelle
d’abord le lien entre -9-modules etcycles évanescents,
lien établi par B.Malgrange
et M. Kashiwara.Ainsi,
à tout-9-module holonome sont associés des -9-modules
holonomes 03A8f(N)
et03A6f(N) qui, lorsque
N estrégulier,
ont pourcomplexe
de de Rham lescomplexes 03A8f(DR(N))
et03A6f(DR(N)).
Les considérationsprécédentes
con-duisent à étudier dans ce cadre les modules du
type 03A8g03A8f(N),
etc....Comme 03A8f(N)
est obtenu commegradué
parrapport
à une filtration ditecanonique, qui
mesure enquelque
sorte(si
cela a unsens) l’exposant
dominant dans un
développement asymptotique
relatif àf,
deuxtypes
dequestions
seposent.
D’abord,
d’une manièregénérale,
celle decomprendre
laposition
relativede deux filtrations
(l’une
associéeà f,
l’autre àg)
ouplus généralement,
laposition
relative de K filtrations associées à des fonctionsfl, ... , fx.
Danscette
situation,
ilapparait
un nombre fini de formes linéaires sur OK à coefficients entierspositifs
ounuls,
dont l’existence traduit le faitqu’en général,
si parexemple K
=2,
on n’a pas, pour une bonne bifiltrationUi,j
d’un -9-module cohérent N la relation de transversalité
Ce
phénomène
est trèsgéneral
et est étudié en détail dansl’appendice,
encollaboration avec F. Castro. Le théorème de finitude
qui
y est montré(ici
finitude du nombre de formes
linéaires)
est une variante du théorèmed’apla-
tissement d’Hironaka. On
interprète
en effet le manque de transversalitécomme un
phénomène
denon-platitude.
Le mêmephénomène
seproduit
dans l’étude de
l’irrégularité (Y.
Laurent[La1], [La2 et
G. Laumon[L]
ontétudié de telles
situations).
Dans le cas commutatif(Anneau X)
les formeslinéaires
correspondent
aux"tropismes critiques"
introduits par M.Lejeune
et B. Teissier
[L-T].
Ainsi, quand N
estholonome, apparaissent
entre les foncteurs despéciali-
sation
spf(N)
etspg(N)
des foncteurssPr(At)
pour r EQ+ (seuls
unnombre fini d’entre eux sont
intéressants).
Au vu del’analogie
avec la théoriede
l’irrégularité,
ilsjouent
le rôle de foncteurs de"spécialisation
à croissance relative".Un deuxième
problème
est de savoir s’il existe une bonne bifiltration(ou K-filtration) qui
induise danschaque
"direction" r la bonne filtration canoni- que associée à cette direction. Je ne m’attends pas à uneréponse positive
engénéralt (il
seproduit
desdécalages
difficilementcontrôlables)
etje
calculeun
exemple géométrique (D-module OX et f1,..., fK x
fonctionsanalytiques)
où une telle multi-filtration existe.
1.
Cycles
évanescents et D-Modules1.1. La
bonne filtration canonique
relative à unehypersurface ([M1], [K3]) Soit f: X -
C une fonctionanalytique
sur une variétéanalytique complexe
X et soit Y
= {f-1(0)}.
Etant donné uncomplexe 57
de faisceauxd’espaces
vectoriels sur X à
cohomologie constructible,
on note03A8f(F) et 03A6f(F)
lescomplexes
decycles proches
etcycles
évanescents de F relativementà f(voir [De1]).
On les verra commecomplexes
sur X àsupport
dans Y. Ils sont àcohomologie
constructible. Ils sont munis d’unautomorphisme
de mono-dromie
T,
demorphismes "Canonique"
et "Variation".Soit maintenant .A un
DX-module
holonome. A cette situation onpeut
associer une filtration V.(i*N)
duDX C-module i*
At(image
directe au sensdes
D-modules),
où i : X ~ X x C est définie pari(x) = (x, f(x)),
comme’ suit:
t Ajouté sur épreuves: Une telle K-filtration existe cependant pour tout module holonome.
on commence par définir la filtration
V.(DX C) en posant
où X est l’ideal de X x
{0}
dans X x C(on pourrait
définir de la même manière une filtration sur l’anneau desopérateurs
différentiels d’unevariété,
filtration définie par une sous-variétélisse,
voir[K3], [L], [La1]).
Soit t unecoordonnée sur C. On a alors
(voir 2.0)
la notion de bonne filtration croissante U,(i* N) de i*N
etpuisque
A estholonome,
il existe unpoly-
nôme non nul b
~ C[s]
tel que l’on ait pour tout k E ZIl existe une
unique
bonne filtrationde 1* -47
pourlaquelle
les zéros de b sontcontenus dans
{s
EC/0 K s 1},
où l’ordre sur C est l’ordrelexicographi-
que sur R + i R. On
peut interpoler
cette filtrationV. (i*N)
et l’indexer parC,
de sorte que pour tout a e C il existe un entierl (a)
pourlequel
on aoù
V03B1(i*N) = ~03B203B1 V03B2(i* N).
Biensûr,
si - a n’est pas un décalé entier d’un zéro deb, l(a) -
0. Cette filtrationpossède
lespropriétés
suivantes:1.1.1. Tout
morphisme
de-9, -modules
holonomes est strict pourV, ,
c’est à dire que si l’on a une suite exacteelle reste exacte
après
passage augradué
pour V.(et image
directepar i*) ([K3],
voir aussi[S1], [M.Sa4]).
1.1.2. Soit -e7
un DX-module
holonome. AlorsgrV03B1(i* N)
est unDX-module
holonome à
support
dans Y pour tout a. Ce module est deplus
muni d’unendomorphisme nilpotent at t
+ a([Be], [K,,2,31,
voir aussi[La], [S1], [M.Sa1]).
1.1.3. Soit 03C0:
X
~ X unmorphisme
propre,JI
unD-module
holonome(admettant
un sous (9-modulecohérent), et = fan.
On a pourtout j
([Me-S])
Supposons
deplus
que -e7 soitrégulier.
Alors1.1.4. Pour tout a,
grV03B1(i*N)
est aussirégulier ([K-K1],
voir aussi[Me-S]).
1.1.5. On a un
quasi-isomorphisme
fonctoriel([MI], [K3],
voir aussi[S1], [M.Sa4], [Me-S])
et
1.1.6. On
peut
définir03A8f(N) = ~-103B10 grV03B1(i*N)
et03A6f(N) =
~-103B10 grV03B1(i*N).
On notera aussi03A8f,03B1(N)
leDY-module grV03B1(i*N).
Lavariété
caractéristique
de03A8f(N) et 03A6f(N)
se calculeuniquement
en fon-ction de celle de N et on a .A =
{0}
auvoisinage
de Y si et seulement si03A8f(N)
et03A6f(N)
sont nuls([K1], [B-D-K], [G], [S2]).
En effet soit
mEna V03B1(i*N)
et considérons leDX-module engendré
par m.C’est un
DX-module
holonomerégulier
et sur ce module la filtration canoni-que V,
est constantepuisque
si P EDX,
Pm Ena V03B1(i*N),
et que la filtra- tion V. est la filtration induite par E(i* N).
Cequi précède
montre alors quece
module, donc m,
est nul.1.1.8. Pour tout a,
V03B1(i*N)
estDX C/C
-cohérent et relativement holonome([K1], [K-K1],
voir aussi[S1], [M.Sa4]).
1.1.9. PROPOSITION:
Soit f: X ~
C unmorphisme
lisse d’une variétéanalyti-
que
complexe
X dans C et .AI’ unDX/S-module
cohérent contenu dans unDX-module
holonomerégulier.
SiN/tN = {0}
alorsN|Y = fOl.
Preuve: On se ramène au cas ou .AI’ =
V0(N)
et onapplique
1.1.6. ~1.2.
Comportement
parimage
inverseSoit j :
Y - X l’inclusion de Y dans X. et on suppose maintenant que Y est lisse de codimension 1(localement
défini par t =0).
Si N est un-9,-module holonome, l’image inverse j* N
est lecomplexe
deDY-modules
Ce
complexe
estquasi-isomorphe
aucomplexe (voir
parexemple [S,], [La-Sc])
Par suite le
complexe
de!»x-modules Jj*N
est lecomplexe
Pour construire le
morphisme
natureljj*N ~ A, qui
n’est autre quel’inclusion
H0[Y](N) ~ N,
on remarque que,puisque
le moduleH0[Y](N)
est à
support
dansY,
il estégal
à songradué
pour la filtrationV, qui
n’estautre que le noyau du
morphisme
ci-dessus. Dans le cas où N estrégulier,
via le
complexe
de deRham,
onobtient,
à l’aide de[Me],
lemorphisme
naturel
1.3.
Cycles
évanescents itérésDans
plusieurs
situations onpeut
être amené à itérer la construction descycles
évanescents: on considère deux fonctions sur X(comme
en1.1)
et ons’intéresse à un
complexe
dutype 03A8f03A8g(F) ou 03A6f03A8g(F),
etc .... Un telcomplexe
est muni de deux monodromies:l’une,
notéeTg
est induite par cellede
03A8g(F), l’autre,
notéeTf,
est la monodromie associée au foncteur03A8f (ou 03A6f).
Donnonsquelques exemples.
Soit
d’abord f : Cnll
1 - C un germe de fonctionanalytique
en 0 et g une forme linéairegénérique pour f,
auvoisinage
del’origine.
On suppose quef(0)
= 0. Alors lecomplexe (03A6g03A8f(CX)
est àsupport l’origine
et concentréen le seul
degré
n. Lenème
groupe decohomologie
de cecomplexe
est dedimension
égale
à lamultiplicité
d’intersection de la courbepolaire
def
relative à g à
l’origine
avecl’hypersurface {f
=0}.
En fait ce groupe estégal
à
Hn(F,
F nH),
où F= f-l(1J) ~ B03B5
est la fibre de Milnor def
en 0 etH =
g-1(03C4)
avec q « 1 « 8.290
Soit maintenant
(F(x, t), t):
X x C - C x C undéploiement
d’une fonc-tion
F(x, 0) = f(x).
Il est intéressant de comparer le faisceau03A8t03A6f(CX C)
qui
calcule lescycles
évanescents deFt(x): = F(x, t) pour t
=1 0 assezpetit,
et le faisceau
03A6f03A8t(CX C) qui
calcule lescycles
évanescentsde f,
enparticu-
lier si l’on veut montrer des résultats de semi-continuité.
D’une manière
générale,
soit F uncomplexe
àcohomologie
constructible et pervers sur une variété X. Pourrécupérer
uncomplexe
àsupport ponctuel qui
soit pervers,l’opération
de restriction à unpoint
ne convient pas. Par contre, onpeut
choisir localementplusieurs
fonctions sur X et itérer lefoncteur
cycles proches
oucycles
évanescentsjusqu’à
obtenir uncomplexe
à
support ponctuel.
Cepoint
de vue estdéveloppé
par M. Saito[M.Sa4].
Cette même idée est utilisée dans certaines
procédures
de renormalisationd’intégrales
deFeynman (voir [K-K3]).
Considérons maintenant le cas des D-modules. Soient t et i deux fonc- tions lisses sur X et soit A un
9,-module
holonome. Ondispose
sur -e7d’une filtration
tV(N)
et pour tout a legradué grt03B1V(N)
est muni d’unefiltration 03C4 1: V. relative à r. Cette filtration n’est pas a
priori
celle induite par1: K
(A).
Pour lacalculer,
il est naturel de chercher une bonne bifiltrationU03B1,03B2(N) qui
induiselg (-e7)
et03C4V03B2(N),
c’est à diretV03B1(N)
=03A303B2 U(1,p(Jt)
et
03C4V03B2(N) = 03A303B1U03B1,03B2(N).
Si une telle bifiltrationexiste,
on obtient unebonne filtration sur
grtV03B1(N)
enposant
mais
U03B2
n’est pas nécéssairementégal
à03C4V03B2grtV03B1(N)
car on ne sait pas calculer lepolynôme
de Bernstein de cette filtration.D’autre
part,
si on veut comparergr03C4V03B2grtV03B1 (N)
etgrtVagr03C4V03B2(N),
et enadmettant que
Ua,p existe,
il est utile de se demander si l’on a pour tout03B1,03B2
La
réponse peut
êtrenégative,
mais si on introduit suffisamment de direc- tionsL,
formes linéaires surQ2
à coefficientspositifs,
onpeut
définir les filtrationsLUL(03B1,03B2),
et on aOn voit alors
qu’il
existe une forme linéaire L(la première pente)
telle que03C4V03B2grtV03B1(N)
soit la filtration induite surgrtV03B1(N) par L VL(03B1,03B2).
Dans le
paragraphe
2 nous montrons de manièregénérale
commentassocier à une bonne bifiltration sur un D-module cohérent
(ou
une K-filtra-tion)
un éventail dans lequadrant positif
de(Q03BA)*,
éventail dont le 1-squelette
forme les directionsenvisagées
ci-dessus. Dans leparagraphe 3,
nous
appliquerons
ces résultats aux -9-modules holonomes. Nous cal- culerons sur unexemple
une bonne K-filtrationqui
satisfait lapremière propriété.
2. Bonnes K-filtrations
2.0. Notion de bonne
filtration
Nous allons
rappeler
ici la notion de bonne filtration et le lemme d’Artin- Rees. Nous reprenons les notations du§1:f:X ~ C
est unmorphisme
lissed’une variété
analytique complexe
dans C et -4Y est un-9,-module
cohérent.Notons par
(Vk(DX))k~Z
la filtration deDX
définie en 1. A cette filtration estassocié un
anneau RV(DX) appelé
anneau de Rees:Nous utiliserons constamment
l’interprétation
de cet anneau donnée dans[L].
Pourcela,
définissons la filtrationVk(OX) (k
EZ)
paroù
fy
est l’idéal de Y= {f-1(0)}
dans X etP-kY = Wx si k
0. On définitde même
RV(OX).
Cet anneau al’interprétation géometrique
suivante: soit03C0: 1’ - X x C l’éclatement de l’idéal
fy
+uOX
dans X x C où u est la coordonnée sur le facteur affineC,
et 1 la carte de cet éclatement danslaquelle
l’élément u 0 nengendre l’image
inverse de l’idéalprécédent.
On a unmorphisme
naturel 9: 1 - Ccomposé
de 03C0 et de laprojection
sur C. AlorsRV(OX)
est un anneau de fonctions sur 1.On
peut
définir l’anneau desopérateurs
différentiels surRV(OX)
et en luiappliquant (9x ~C[u]
on obtient-9,.
De même onpeut
définir l’anneau desopérateurs
différentiels relatifs aumorphisme
cppuisque
celui-ci est lisse.Soit
(Uk(U))k~Z
une filtration de N. Nous disonsqu’elle
est bonne(relative-
ment à V,
(DX))
si elle satisfait lespropriétés
suivantes:-
Uk(N)
estv0(DX)-cohérent
etUk Uk(N)
=At,
-
VJ(DX) · Uk (uH) c Uk+j(N)
et il existek0
0 telqu’on
aitégalité
pourj
0et k ko,
oupour j
0et k -k0.
Il est
équivalent
de direqu’il
existe unmorphisme surjectif
tel que
U.(N)
soitimage
de la filtration~mi=1
1V.(DPlX)[03BBi], où Ài
est undécalage
convenable.2.0.2. PROPOSITION:
Une filtration U.(N) est bonne si et seulement si RU(M)
est un
RV(DX)-module
cohérent.Nous
indiquons
brièvement ladémonstration, qui
estidentique
à celledonnée dans
[M2].
On montre comme dans loc. cit. queRU(N)
estRV(DX)-
cohérent si et seulement si pour tout
polycylindre
assezpetit
K c X on aa) RU(N)(K)
:=~k~Z Uk(A)(K) Uk
estRV(DX)(K)-fini
b)
~x eK,
lemorphisme
naturelest un
isomorphisme.
Cela résulte des
propriétés
de finitude de l’anneauRV(DX). Supposons
alors que
U, (JI)
soit bonne. Il existe donc unmorphisme surjectif
et on voit comme dans
[M2]
prop. 4.1qu’il
restesurjectif
au niveau dessections
globales
sur K. On en déduit la conditiona)
de cohérence. D’autrepart, puisque Uk(A)
estV0(DX)-cohérent,
la deuxième condition est aussi satisfaite.Inversement,
siRU(N)
est0,-f v(-9,)-cohérent,
il existe unmorphisme surjectif gradué
et on en déduit immédiatement que U,
(A)
est bonne.De cette
proposition
on déduit comme dans[M2]
prop. 4.2.2.0.2. LEMME D’ARTIN-REES: Soit N’ un
sous-DX-module
cohérent de JI etU.(N)
unebonne filtration de
N. AlorsU.(N) ~
N’ est unebonne filtra-
tion de N’. ~
2.1. Bonnes
K-filtrations
Nous considérons maintenant dans X des
hypersurfaces
lissesY1, ... , 1:
en
position générale.
Nous pouvons choisir localement sur X pour tout k~ {1,
... ,03BA}
une fonction lissetk: X ~ C
telle que l’on aitYk = {tk
=0}.
Définissons sur
!»x
la K-filtration suivante: pour s =(s1,..., s03BA)
e 7LK on poseoù kV
est la filtration associée àl’hypersurface Yk .
Comme ci-dessus onconsidère l’anneau de Rees
dont
l’interprétation géométrique
estanalogue:
on éclate dans X x CK leproduit
des idéauxPYk
+ukOX Ck pour k ~ {1,..., KI
et onappelle 1
lacarte de l’éclaté
où uk engendre l’image
inverse de cet idéal. On a unmorphisme
lisse ~: X ~ CK et on aUne bonne K-filtration d’un
-9,-module
cohérent est par définition quo- tient d’une somme directe de K-filtrations V.(DPlX)
convenablement décalées.Nous laissons le soin au lecteur de montrer les
analogues
de 2.0.2 et 2.0.3.Dans la suite nous allons utiliser les notations concernant éventails et variétés
toriques
pourlesquelles
nous renvoyons à[T2], [Bry], [Da].
Con-sidérons dans le
quadrant positif
de(Q03BA)*
=Homa (QB Q)
un cône con-vexe
simplicial
rationnel r. A un tel cône est associée une variété affineSr
au-dessus de
CK , d’anneau C[t
nZK]
oùfi
={03BB
EQ03BA/(03BB)
0Vy
E0393}
et Z03BA
désigne
le réseau standard de QK. Nous noterons éventuellement M ceréseau et N = M*.
Pour un tel cône
r,
soit2(r)
l’ensemble des élémentsprimitifs
du1-squelette
de r: une forme linéaire L e(Q03BA)* appartient
à2(r)
si etseulement si la
demi-droite Q+L
est dans le1-squelette
de r et si L est àcoefiicients entiers
premiers
entre eux dans leur ensemble. Nous définissons(voir
aussi[L])
pour une bonne K-filtrationU, (N)
une K-filtrationrU, (A)
par:
Remarquons
que{s
EZ03BA/L(s) L(a)
VL EG(0393)} = {s
EZ03BA/03C3
E S +}.
ce
qui permettrait
aussi de définirr U, quand
F n’est passimplicial,
maisnous n’utilliserons pas de tels cônes. Cette filtration est bonne pour la
filtration rh, (1Qx) corespondante
etl’interprétation géometrique
est la sui-vante, en
posant
2.1.1. LEMME: On a un
isomorphisme
naturelet un
morphisme
naturelsurjectif
dont le noyau est exactement la
cft
nM]-torsion
du module degauche.
Preuve: On a un
morphisme
naturelsurjectif
induit par
l’inclusion Us
c0393Us
et deplus R0393(N)
n’a pas deCft
nM]-
torsion. Comme les localisés des deux membres le
long de ul
... u03BA = 0coïncident,
on en déduit la deuxième assertion. Pour lapremière
on utilisela
platitude
deRV(DX)
commeC[N03BA]-module.~
Soit r un cône comme ci-dessus. Notons par
Sr
la variététorique
affineassociée
qui
est de dimension x, et or :S0393 ~
CK lemorphisme
naturel. La fibre-10393(0)
est un tore de dimensionégale
à la codimension dans(a K)*
dusous-espace vectoriel
engendré
par0393,
noté~0393~.
Onpeut
en effet choisir unedécomposition
du réseau N = N’ x N" avec N’ - N n~0393~.
Alors on aCft
nM] = cft
nM’]
0c[M"]
avec M’ = N’* et M" = N"*. Soit 1 l’idéal maximal deC[
nM’ formé
des monômesd’exposant
non nul etI x
{0}
l’idéalqu’il
définit danscft
nM].
Fig. 1.
2.1.2. DÉFINITION: Le
gradué grr (A) (ou gr (DX)
est la restriction deR0393(N)
au-dessus de
-10393(0).
Autrementdit,
on aExemples:
1)
Si dim~0393~
= K, on poseOn a alors
0393Us = Us
+0393Us et gr0393s(N) = 0393Us/0393Us
S =Us/Us
n0393Us.
2)
Si r est une demi-droite etG(0393) = {L},
posonset
On a alors
gr0393s(N) = LUL(s)/LUL(s).
3)
Plusgénéralement,
si~0393~ = N’,
on a N = N’ xN",
M =M’ x
M",
et ondécomposes
en(s’, s").
On poseFig. 2.
On a alors
gr0393s = 0393Us’/0393Us’.
Deplus, R0393(N) = (~s’~M’ 0393Us’us’) ~C C[M"].
Onnégligera
éventuellement le toreC[M"].
On a aussiet là encore on pourra oublier le tore
C[M"].
2.1.3.
CONSÉQUENCE ([L]):
si dim~0393~ = 03BA
la flèche naturelle suivante définitun
isomorphisme
et un
morphisme surjectif
Précisons cette flèche: elle est induite par l’inclusion
Us
S~ 0393Us,
oùUs est
la somme desU03C3
pour a s. On aalors,
en utilisant cetteinclusion,
uneflèche naturelle
On
pourrait remplacer
le terme degauche
pargr03A9(N) (ou gr03A9(DX)
si Qest un cône
simplicial
contenant r.Alors,
siR03A9(N)
estC[el
nM]-plat,
cette flèche est un
isomorphisme.
Soit r un cône
simplicial
de dimension K(seul
ce cas nousintéressera),
r’une face de r et r" la face
opposée.
On pose~0393’~
n N = N’ et~0393"~
n N =N",
K = K’ + 03BA". On a alors N = N’ x N". Il existe surgr0393’ (A)
une K"-filtration indexée par M" etqui
est bonne pour la x"-filtration degrr (DX) correspondante:
on poseavec
On en déduit un
morphisme surjectif
Décrivons
plus précisément
cemorphisme:
on aavec
Le
morphisme
cherché est donné par les inclusions naturelles2.1.4. LEMME: Si
R0393(N)
estC[
nM]-plat (c’est
le caspour.A = DX)
cemorphisme
est unisomorphisme.
Preuve:
gr0393(N)
est la fibre deR0393(N) au-dessus
dupoint
fermé deSr,
tandisque
gr0393"gr0393’(N)
est obtenu comme suit: on restreintsur Spec {0}
xC[
nM"],
onquotiente
cette restriction par saC[t
nM"]-torsion (qui
esttriviale sous
l’hypothèse
deplatitude), puis
on considère la fibre au-dessus dupoint
fermé deSpec {0}
xC[r
nM-"].*
2.2. Eventails
adaptés
à une bonneK-filtration
Soit U.
(N)
une bonne K-filtration de N. Nous dironsqu’un
éventail E estadapté
àU. (.A)
si pour tout cône r de E l’anneauest Cft
nM]- plat.
Cettepropriété
est encore satisfaite pour tout cônesimplicial
contenudans un cône de E. L’existence d’un tel éventail est assurée par le théorème de finitude A.1.1 montré en
appendice.
2.2.1. PROPOSITION: Soit
U. une
bonneK-filtration
de N(au voisinage
dex E
X)
et E un éventailsimplicial adapté
à U.(N) qui
subdivise lepremier
quadrant
de(Q03BA)*. Alors,
pour tout cône F E03A3,
on a pour tout s E Z03BAIl suffit de montrer le résultat suivant:
2.2.2. LEMME: Soit r un cône
simplicial.
Alors siest C[
nM]-plat
on a pour tout s E M
PYeuve: On
peut
supposer,puisque
laplatitude
se conserve parchangement
de
base,
que r estengendré
par unepartie
d’une base de N. Faisonsl’hypothèse
queR0393(N)
estC[
nM]-plat.
Par unchangement
de vari-ables,
on se ramène au casoù 0393
est lesimplexe
standard de dimension dim~0393~.
Nous allons démontrer le résultat par récurrence sur dim~0393~.
Supposons
donc dim~0393~ =
K. La restriction deRU(N)
àl’hypersurface
ul = 0 est le module
D’autre
part,
Nous pouvons considérer la filtration1 U, (A).
Legradué
deA pour cette filtration est muni d’une bonne
(K - l)-filtration :
et le module de Rees
RU(gr1U (N))
est lequotient
de la restriction deRU(N) à u1 =
0 par saC[N03BA-1 ]-torsion.
CommeRU(N)
estC[NK ]-plat,
le mor-phisme surjectif
naturel de l’un dans l’autre induit par l’inclusionest un
isomorphisme,
autrement dit cette inclusion est uneégalité.
On endéduit que pour
tout k
0 on a aussiet donc
Par récurrence sur K on en déduit le lemme
(le
cas K = 1 esttrivial).*
2.2.3. PROPOSITION -DÉFINITION: Etant donnée une bonne
K-filtration
U.(N),
La
K-filtration
de Ndéfinie
parUs(N) = ~L LUL(s)(N)
est bonne(l’inter-
section est
prise
pour touteles formes
linéairesL).
Nousl’appellerons K-filtration
saturée de U.
(vit).
Deplus,
tout éventailadapté
àU. (N)
l’est aussi àU. (N).
Remarques:
1)
On aOs (N)
=~L~P(03A3) LUL(s) (N)
si E est un éventailadapté
àU. (N)
(on
a notéG(03A3)
la réunion desG(0393)
pour r EE).
Eneffet, d’après
2.2.1.on a pour tout cône r de 03A3 l’inclusion
(l’intersection
estprise
pour les demi-droitesA,
et L EF(0394)
et doncl’égalité
d’où l’assertion.
2)
On a uneinclusion US c li
pour tout s. Par suite on a pour tout L:LUL(s) ~ LUL(s).
Mais comme on aaussi Cs
cLUL(s),
on en déduit queOn a donc
l’égalité LUL(s)
=LUL(s).
Ceci montreque Us
=nL LUL(s)
et parsuite la filtration
t7
est saturée.Preuve: Soit 03A3 un éventail subdivisant le
premier quadrant
de(Q03BA)*
et Q’f.:S03A3 ~
C03BA la modification propre associée. SoitR03A3(N)
le transformé strict deRU(N)
par Q’f.. C’est unR03A3(DX)-module
cohérent. Si qJ: X ~ CK est lemorphisme
construit en2.1,
soitX03A3
le transformé strict de X par Q’f.. Cet espace est aussi muni d’une modification propre 03C0:X03A3
- X et d’un mor-phisme
qJ’f.:X03A3
~S’f..
La restriction deR03A3 (A)
àchaque
carteS’r
estégale
à
R0393(N).
Comme 03C0 est propre, le module03C0*R03A3(N)
est unRV(DX)-
module cohérent. D’autre
part,
on a unmorphisme
naturelde RV(Dx)-
modules cohérents
300
Remarquons
que ces deux modules coïncident hors de Ul... UK - 0. Ona donc un
morphisme
natureloù le deuxième terme est le localisé du
premier
lelong
de ul , ... u03BA = 0.L’image
de cemorphisme
n’est autre que le module de Rees associé àet par suite
Us(N)
est une bonne K-filtration. Pour tout cône r de2,
ona
0393Us
c0393Us, puisque
l’ona Us
~Us.
D’autrepart,
on a aussi0393Us
c0393Us puisque 11
c0393Us.
On en déduit queR03A3(N)
est aussi le transformé strict depar
QL’ d’où le deuxièmepoint.
Si enfin 1 estadapté
à U,(N),
laproposition
2.2.1permet
deconclure.*
REMARQUES:
1)
Soit N’ c Jt unsous-DX-module
cohérent etU, (Jt)
une bonneK-filtration saturée
(i.e. Ü
=U)
de N. Alors la bonne K-filtrationU. (N’) = U. (Jt)
n N’ est aussi saturée.2)
Si N" est unquotient
de N et si U.(Jt)
estsaturée,
alors la K-filtrationimage U(N")
est aussi saturée. Eneffet,
dire quet7. (N)
estsaturée,
c’est direque pour tout
(ou
pourun)
éventail 1adapté
àU, (N),
lemorphisme
naturelest
surjectif.
Choisissons alors un éventailadapté
à U.(JI)
et U.(N"). On
a un
diagramme
commutatifet par
hypothèse,
les deux flèches verticales sontsurjectives.
Comme la flèchehorizontale du haut est
surjective,
il en est de même de celle du bas. On endéduit l’assertion.
3)
Onpourrait
aussi définir pour tout cône C dans lepremier quadrant
de(Q03BA)*
la K-filtration C-saturée de U, paroù A est une demi-droite.
Remarquons
que si E est un éventailadapté
à unebonne K-filtration U.
(N),
lafiltration r U. (N)
est r-saturée pour tout cône rdeE.2.3.
Morphismes
stricts et transversalitéSoient A et
Al
deuxÉ9x-modules
munis de bonnes K-filtrations et 9:A ~
N1
unmorphisme
K-filtré. On a donc une suite exacteLes modules Ker ç et Coker ç sont munis des filtrations induites naturelles
(qui
sontbonnes). Quand K
=1,
on dit que ç est strict si les deux filtrations induites surlm 9
par N etN1
sont les mêmes. Il revient au même de dire que la suiteest exacte. Comme tous ces modules sont
C[u]-plats,
on en déduit que cette suite reste exacteaprès
restriction au-dessus del’origine
deC,
c’est à dire que la suite desgradués
est exacte. Considérons maintenant le casgénéral.
2.3.1. DÉFINITION: Nous dirons que 9 est
strict, si, lorsqu’on
munit Ker 9 etCoker 9
des K-filtrationsinduites,
la suiteest exacte pour toute demi-droite A dans le
premier quadrant
de(Q03BA)*.
Explicitons
cette condition. Nous dironsqu’une
suite exacte courte 0 ~ -4Y’ ~ A ~ Ali - 0 filtrée est stricte si pour toute demi-droite A et L EG(0394),
la suite est stricte pour les filtrationsL U. ,
c’est à dire siLU(A’) = LU(N)
~ N’ etLU(N") =
ImLU(N).
Nous voyonsqu’il
revient au même de dire que la suite est stricte pour les K-filtrations saturées
G.
Deplus
on a alorsU(N’) = G(A)
nM’ et G(A") =
ImU(N).
Main-tenant, dire que le
morphisme
9 estK-strict,
c’est dire que les deux suites exactessont