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CARDIOLOGIE. Conférences scientifiques

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Le VIH et les maladies coronariennes : Une discussion sur l’étude HAART

PA R PA U L G A L I WA N G O , M . D . , G O R D O N M O E , M . D .

Santé Canada estime qu’environ 56 000 personnes étaient infectées par le virus de l’im- munodéficience humaine (VIH) au Canada à la fin de 2002, parmi lesquelles environ un tiers n’avait pas été identifiées1. L’utilisation accrue du traitement antirétroviral hautement actif (TAHA) au cours de la dernière décennie a changé l’évolution de cette maladie dans les pays développés, qui d’une maladie terminale progressant rapidement est devenue une affection médicale traitée à plus long terme. Étant donné que les patients infectés par le VIH vivent plus longtemps, les effets chroniques de la maladie et de son traitement sur la morbidité et la mor- talité sont devenus des thèmes plus importants dans la littérature médicale. Le cœur est sou- vent affecté chez les patients infectés par le VIH et des manifestations fréquentes comprennent la péricardite et la cardiomyopathie dilatée2. Dans ce numéro de Cardiologie – Conférences scientifiques, nous nous concentrons sur l’association entre le VIH et les maladies coronari- ennes, un domaine suscitant un grand intérêt que nous commençons à peine à comprendre.

Liens épidémiologiques

Les données provenant d’autopsies décrivent pour la première fois une association entre le VIH et les maladies coronariennes. Le premier rapport a été publié en 1987 par Joshi et coll., qui rapportaient une série d’autopsies de 6 enfants infectés par le VIH, âgés de 13 mois à 7 ans, dont trois souffraient d’une pathologie coronarienne3,4. L’examen macroscopique des artères montrait des signes d’inflammation endothéliale avec l’infiltration de lymphocytes et de cellules géantes mononucléaires, entraînant une fibrose de l’intima et un rétrécissement subséquent de la lumière.

En 1993, une série d’autopsies de 8 adultes VIH-positifs (âgés en moyenne de 27 ans) a révélé un rétrécissement athéroscléreux excentrique important des artères coronaires proximales de 6 des sujets. Ces patients ne présentaient pas les facteurs de risque traditionnels, ce qui indique une association entre le VIH et les maladies coronariennes5.

En 1996, en plus des inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) et des inhi- biteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI), les inhibiteurs de protéase (IP) ont été commercialisés de façon générale en Amérique du Nord comme traitement d’appoint pour les patients infectés par le VIH. Ces médicaments annonçaient l’ère du traitement antirétroviral hautement actif (TAHA). Les IP représentaient un progrès majeur dans le traitement du VIH et ont entraîné d’importantes réductions de la morbidité et de la mortalité3. Malgré les données provenant d’autopsies, les maladies coronariennes cliniquement apparentes étaient rarement docu- mentées chez les patients infectés par le VIH à l’ère précédant le TAHA. Cependant, peu de temps après que le TAHA soit devenu largement accessible, les cliniciens ont remarqué que des événe- ments cardiovasculaires se manifestaient chez des patients relativement jeunes infectés par le VIH qui prenaient ces médicaments. On ne savait pas précisément si cette augmentation des événe- ments cardiaques était due à l’infection chronique par le VIH (car les patients vivaient désormais suffisamment longtemps pour manifester des signes de la maladie) ou était un effet indésirable des nouveaux médicaments (qui pouvaient causer de nombreuses anomalies métaboliques)6.

Après 1998, des séries de cas inquiétants ont été publiés, appuyant les rapports anecdotiques antérieurs. French Hospital Database on HIVétait une étude de cohorte rétrospective comprenant près de 20 000 hommes VIH-positifs. Les auteurs ont constaté que le traitement avec un IP pen- dant plus de 18 mois était associé à une augmentation d’un facteur de deux de l’incidence de l’in- farctus du myocarde (IM)7.

UNIVERSITY OF TORONTO

CARDIOLOGIE

Conférences scientifiques

COMPTE RENDU DES CONFÉRENCES SCIENTIFIQUES DE LA DIVISION DE

CARDIOLOGIE, HÔPITAL ST.MICHAELS,

UNIVERSITÉ DE TORONTO

N O V E M B R E 2 0 0 4 v o l u m e I X , n u m é r o 9

Division de cardiologie Beth L. Abramson, MD Warren Cantor, MD Luigi Casella, MD Robert J. Chisholm, MD Chi-Ming Chow, MD Paul Dorian, MD

David H. Fitchett, MD (rédacteur-adjoint) Michael R. Freeman, MD

Shaun Goodman, MD Anthony F. Graham, MD Robert J. Howard, MD Stuart Hutchison, MD Victoria Korley, MD Michael Kutryk, MD Anatoly Langer, MD Howard Leong-Poi, MD Iqwal Mangat, MD

Gordon W. Moe, MD (rédacteur) Juan C. Monge, MD (rédacteur-adjoint) Thomas Parker, MD (chef)

Trevor I. Robinson, MD Duncan J. Stewart, MD Bradley H. Strauss, MD

Hôpital St. Michael’s 30 Bond St.,

Suite 7049, Queen Wing Toronto, Ont. M5B 1W8 Télécopieur : (416) 864-5941

Les opinions exprimées dans cette publication ne reflètent pas nécessairement celles de la Division de Cardiologie, St. Michael’s Hospital, l’Université de Toronto, du commanditaire de la subvention à l’éducation ou de l’éditeur, mais sont celles de l’auteur qui se fonde sur la documentation scientifique existante. On a demandé à l’auteur de révéler tout conflit d’intérêt potentiel concernant le contenu de cette publication. La publication de Cardiologie – Conférences scientifiquesest rendue possible grâce à une subvention à l’éducation sans restrictions.

S

T

. M

ICHAEL

S

H

OSPITAL

A teaching hospital affiliated with the University of Toronto Leading with Innovation Serving with Compassion

www.cardiologieconferences.ca

®

(2)

L’étude HOPS (HIV Outpatient Study) était une étude de cohorte de 5700 patients VIH-positifs aux États-Unis (É.-U.). Dans ce groupe, on a observé une fréquence accrue d’IM après 1996 (figure 1) et l’utilisation d’IP était associée à une probabilité de 7,1 de présenter un événe- ment. Cette relation n’était pas modifiée par la numération des cellules CD4, la charge virale ou les antécédents d’in- fections opportunistes8.

En 2003, deux études de cohorte de grande envergure ont été publiées dans le New England Journal of Medicine, mais avec des résultats qui ne concordaient pas. La première était une étude de cohorte rétrospective américaine menée

par Bozzette et coll. chez 36 766 patients VIH-positifs de 1993 à 2001, avec un suivi moyen de 40 mois8. Les paramètres présentant un intérêt étaient la mortalité toutes causes, la mortalité cardio-vasculaire et la mort cérébro- vasculaire. Les auteurs ont démontré que lorsque l’utilisa- tion des IP a augmenté à partir de 1995, on a noté une baisse proportionnelle de la mortalité globale et il n’y a eu aucun changement dans le taux des hospitalisations ou des décès pour des raisons cardio-vasculaires (figure 2). Les limites de cette étude étaient la durée moyenne relative- ment courte du TAHA (15 mois) et le faible pourcentage de femmes (2 %).

Les résultats de la deuxième étude – The Data Collection on Adverse Events of Anti-HIV Drugs(DAD) – ont été publiés en novembre 200310. C’était une étude prospective d’obser- vation menée auprès de 23 458 patients de 1999 à 2001. Le paramètre présentant un intérêt était la relation entre l’IM et le TAHA. La durée moyenne du TAHA était de 24 mois et la durée moyenne du suivi était de 19 mois. Les auteurs ont constaté que l’incidence de l’IM augmentait significa- tivement avec la durée du TAHA, chaque année addition- nelle d’exposition conférant un risque relatif ajusté de 26 % que cet événement se produise (figure 3). La mortal- ité totale dans la cohorte était faible, soit de 2,4 % et seulement 6,4 % de ces décès étaient attribuables à un IM.

Le cholestérol total, les triglycérides et le diabète augmen- taient le risque d’IM, alors que la numération des cellules CD4, la charge virale et les antécédents d’infection oppor- tuniste n’avaient aucun effet. Les auteurs de l’étude DAD ont conclu que le TAHA était associé à une augmentation significative du risque relatif d’IM, celui-ci augmentant en 3.5

3.0 2.5 2.0 1.5 1.0 0.5 0

1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001

Incidence pour 1000 années-personnes

Figure 1 : Incidence de l’infarctus du myocarde dans la cohorte de l’étude HOPS (HIV

Outpatient Study)8

Années d’exposition/100 années-patients Nombre d’événements/100 patients/année

Année

1993 1995 1997 1999 2001

Année

1993 1995 1997 1999 2001

60

50

40

30

20

10

0

20

15

10

5

0 Tout médicament antirétroviral

Analogues nucléosidiques Inhibiteurs de protéase Inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse

Mort de toute causee Admission pour maladie cardiovasculaire ou cérébro-vasculaire ou mort due à ces maladies Admission pour maladies cardiovasculaires ou cérébrovasculaires Admission pour maladie cardiovasculaire

Figure 2 : Utilisation de médicaments antirétroviraux et événements cliniques9

(3)

fumées. Il est intéressant de noter que l’utilisation des IP ne permettait pas de prédire une EIMC accrue, ce qui indique qu’elle était un effet direct de l’infection virale et non de son traitement.

Même si le VIH est athérogène, les effets des médica- ments antirétroviraux sont probablement additifs et il est difficile de discerner les effets les uns des autres. Une étude plutôt sujette à controverse a été menée en 2002 dans laquelle un IP, l’indinavir, a été administré à des hommes VIH-négatifs en bonne santé pendant 4 semaines. Les mesures Doppler de l’artère brachiale, effectuées avant et après le traitement, ont révélé que le médicament causait une dysfonction endothéliale importante qui était indépendante de la modification des taux lipidiques6. Il apparaît donc que le VIH et les IP ont des effets délétères indépendants sur les vaisseaux sanguins et, en association, leur impact est probablement aggravé.

Considérations métaboliques

Une infection par le VIH non traitée est associée à des modifications lipidiques caractéristiques, en particulier, des taux élevés de triglycérides (TG) et des taux réduits de lipoprotéines de haute densité (HDL), de LDL et de cholestérol total (CT)13. Une association entre les taux plasmatiques de TG et les taux circulants d’interféron- gamma a également été observée chez les patients atteints du syndrome d’immunodéficience acquise (sida)14. Les mécanismes de ces changements n’ont pas été élucidés.

L’utilisation d’IP chez des sujets infectés par le VIH a été associée à des changements métaboliques inquiétants, comprenant des profils lipidiques athérogènes, l’insulinoré- sistance et le développement du syndrome de redistribu- tion des graisses.

Afin de déterminer si les IP ont un effet sur les lipides et les lipoprotéines, indépendamment de toute contribu- tion de l’infection par le VIH, Purnell et coll. ont mené une étude prospective à double insu chez 21 volontaires sains qui ont été assignés au hasard à 2 semaines de ritonavir vs un placebo15. On n’a noté aucune différence significative dans les taux lipidiques initiaux entre les deux groupes.

Après deux semaines de traitement, dans le groupe rece- vant le ritonavir, les taux moyens de CT et de TG étaient significativement plus élevés comparativement aux taux initiaux et au groupe placebo après le traitement. L’ultra- centrifugation en gradient de densité a permis de déter- miner que le taux élevé de CT était dû à une augmentation du taux des lipoprotéines de très basse densité (VLDL) et des résidus de VLDL, mais non des LDL. Par conséquent, le principal effet métabolique du traitement par des IP était une augmentation des TG et des lipoprotéines riches en TG. Les mécanismes possibles de cet effet comprennent une sécrétion accrue de particules de VLDL, la lipolyse réduite des particules par la lipoprotéine lipase, la clairance hépatique réduite des résidus de VLDL ou certaines com- binaisons des facteurs ci-dessus (figure 4)15.

fonction du nombre d’années d’exposition. Cependant, les avantages importants du traitement antirétroviral d’associ- ation l’emportaient sur le risque accru d’IM. Le contraste important des résultats de cette étude avec ceux obtenus par Bozzette et coll. était déconcertant. Les critiques étaient plutôt convaincus de la supériorité de l’étude DAD, étant donné qu’elle était prospective et avait recruté des patients qui avaient été exposés plus longtemps au TAHA6. Cependant, la majorité des données épidémiologiques recueillies à l’ère des IP indiquent un risque accru d’événe- ments cardiovasculaires chez les patients infectés par le VIH recevant un traitement antirétroviral d’association.

Considérations vasculaires

Comme nous l’avons vu ci-dessus, même avant l’avène- ment du TAHA, les rapports d’autopsie mentionnaient la présence de signes d’athérosclérose accélérée chez les patients infectés par le VIH ne présentant pas de facteurs de risques cardiovasculaires traditionnels. Étant donné cette observation, il est possible que malgré le traitement antirétroviral, le virus puisse avoir des effets athérogènes directs sur les vaisseaux sanguins. De plus, les causes microbiennes des lésions vasculaires avaient été décrites antérieurement avec le virus de l’herpès simplex et le cytomégalovirus11.

La mesure de l’épaisseur intima-média de la carotide (EIMC) par l’échographie est une technique validée pour évaluer l’athérosclérose et les mesures sont des prédicteurs valables de l’IM et de l’accident vasculaire cérébral12. Une étude publiée en 2004 a évalué l’EIMC chez 148 patients VIH-positifs ainsi que chez 63 témoins en bonne santé12. Les chercheurs ont constaté que l’EIMC moyenne était sig- nificativement plus élevée au départ dans le groupe VIH- positif et le taux de progression pendant 1 an était également plus élevé. Dans une analyse de régression mul- tivariée, le VIH était un prédicteur indépendant de l’EIMC, tout comme l’âge, les lipoprotéines de basse den- sité (LDL) et le nombre de paquets-années de cigarettes

Incidence pour 1000 années-personnes

Exposition (année)

Nulle <1 1-2 2-3 3-4 >4

8 7 6 5 4 3 2 1 0

Figure 3 : Étude DAD (Data Collection on Adverse Events of Anti-HIV Drugs)10

(4)

La modification du profil lipidique causée par les IP est inquiétante, étant donné qu’elle est potentielle- ment athérogène. Il est bien établi que les taux plas- matiques de triglycérides sont particulièrement importants comme facteur de risque indépendant de maladie coronarienne16,17. À la lumière de ces données, Stein et coll. ont mené une étude transversale auprès de 37 patients infectés par le VIH visant à comparer la fonction endothéliale et les paramètres lipidiques chez des patients recevant un traitement par un IP (n

= 22) comparativement à ceux ne recevant pas ce traitement (n = 15)18. Les groupes étaient similaires en ce qui concerne l’âge, la durée de l’infection par le VIH et la numération des cellules CD4. L’échographie Doppler de l’artère brachiale avec la vasodilatation causée par le flux sanguin et la vasodilatation causée par la nitroglycérine a été utilisée pour évaluer la fonction endothéliale. Dans le groupe recevant des IP (Groupe 1), les taux de CT, de TG, de VLDL et de résidus des VLDL étaient significativement plus élevés que ceux des sujets ne recevant pas d’IP (Groupe 2).

La vasodilatation de l’artère brachiale causée par le flux sanguin dans le Groupe 1 était significativement réduite comparativement aux valeurs normales et aux valeurs enregistrées dans le Groupe 2, alors que la vasodilatation causée par la nitroglycérine était nor- male dans les deux groupes. Cette constatation implique une altération du relâchement artériel dépendant de l’endothélium chez les patients recevant des IP. La régression linéaire a révélé que 63 % de la variance de la fonction endothéliale entre les deux groupes était due à des différences dans les taux de VLDL, de résidus de VLDL et de glucose. On notera que dans le Groupe 2, il n’y avait pas de différence

dans les profils lipidiques ou la fonction endothéliale chez les patients recevant des INNTI par rapport à ceux n’en recevant pas. Les auteurs ont conclu que les patients infectés par le VIH recevant des IP ont une fonction endothéliale notablement anormale due en grande partie aux augmentations du taux de TG et de lipoprotéines riches en TG.

L’insulinorésistance est également fréquente chez les patients infectés par le VIH, sa prévalence étant de 25 à 60 % chez ceux recevant des IP. Cependant, il n’y a eu aucun rapport d’une augmentation de l’incidence du diabète franc jusqu’à présent3. Le syndrome de redistribution des graisses, également connu comme la lipodystrophie, est associé à une perte des graisses périphériques et à une adiposité centrale. On l’ob- serve chez jusqu’à 80 % des patients infectés par le VIH recevant des IP19. Aucune étude n’a démontré un risque accru de maladie cardiovasculaire chez les patients infectés par le VIH atteints de lipodystrophie comparativement à ceux n’en étant pas atteints.

Tableau clinique et traitement

Bien que les rapports d’observation indiquent que les patients infectés par le VIH atteints de maladie coronarienne sont souvent jeunes et ne présentent pas de facteurs de risques cardiovasculaires traditionnels, le phénotype clinique du syndrome coronarien aigu (SCA) chez les sujets infectés par le VIH n’est pas bien défini. Afin de clarifier davantage cette question, Hsue et coll. ont comparé rétrospectivement les car- actéristiques de 68 patients infectés par le VIH atteints d’un SCA à celles de 68 témoins choisis au hasard hospitalisés durant les années 1993 à 200320. Les caractéristiques uniques des patients infectés par le VIH sont les suivantes :

•Ils étaient souvent plus jeunes (âge moyen de 50 ans vs 60 ans)

•Ils étaient généralement des hommes (92 % vs 66 %)

•Le tabagisme était le facteur de risque le plus fréquent (par opposition au diabète et à l’hyper- lipidémie chez les patients VIH-négatifs)

•Ils obtenaient souvent des scores de risque TIMI moins élevés

•Leur taux de HDL était moins élevé

• Ils souffraient d’une maladie coronarienne angiographique moins extensive que les témoins

•Leur taux de resténose était beaucoup plus élevé après l’intervention coronarienne percutanée (50 % vs 18 %, p = 0,078). Note : dans leur analyse des don- nées combinées, l’infection par le VIH était un pré- dicteur indépendant de resténose

Le traitement des maladies coronariennes et/ou des dyslipidémies chez les patients infectés par le VIH est compliqué par le fait que les statines doivent être

CARDIOLOGIE

Conférences Scientifiques

Figure 4 : Mécanismes possibles à la base de l’augmentation des lipides par les inhibiteurs de protéase

Lipoprotéine Lipase

Acides biliaires Cholestérol

Cholestérol PRL

Lipase hépatique

LDL-R LDL LDL-R

HDL FH

Hypoalphalipoprotéinémie Cholestérol

Cellule périphérique

PTCE Résidus HLP HTGF

Résidus

VLDL HTGF HLCF Lipides

alimentaires Chylomicrons

HF = Hypercholestérolémie familiale HTGF = Hypertriglycéridémie familiale HLCF = Hyperlipidémie combinée familiale LDL = lipoprotéine de basse densité VLDL = lipoprotéine de très basse densité

PTCE = protéine de transport de l’ester de cholestérol PRL = protéine liée au récepteur des LDL

HLP = hyperlipoprotéinémie type III Adapted from Purnell et al.15

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utilisées avec prudence, étant donné que la plupart sont métabolisées par le système CYP450 3A4. Étant donné que les IP inhibent cette voie enzymatique, ils pourraient entraver le métabolisme des statines et aug- menter considérablement le risque d’hépatotoxicité ou de myotoxicité3. Un protocole d’accord 2000 recom- mandait un traitement non pharmacologique comme traitement de première ligne chez les patients infectés par le VIH. Cependant, si un traitement par une sta- tine est indiqué chez un patient recevant un TAHA, le pravachol est le médicament de choix car il n’est pas métabolisé par la voie CYP 3A421. L’atorvastatine est un deuxième choix raisonnable, alors que la simvasta- tine doit être évitée. On suggère le gemfibrozil (600 mg BID) ou le fénofibrate (200 mg OD) pour l’hypertriglycéridémie isolée. Les lignes directrices consensuelles recommandent d’établir le profil lipidique de tous les patients infectés par le VIH avant d’amorcer un TAHA, puis tous les trois mois. On recommande de surveiller régulièrement les taux de créatinine kinase et d’enzymes hépatiques chez les patients recevant des statines21.

Conclusion

La mise au point du TAHA et la réduction sub- séquente de la mortalité chez les sujets infectés par le VIH représentent des réalisations clés dans la médecine moderne. Cependant, étant donné que les patients infectés par le VIH vivent plus longtemps, on s’intéresse de plus en plus aux séquelles cardiaques de cette maladie et de son traitement. Les données épidémiologiques recueillies à l’ère succédant au TAHA indiquent une association entre l’utilisation des IP et le développement de maladies coronariennes. L’u- nique étude prospective publiée d’une cohorte infectée par le VIH jusqu’à présent démontre qu’il existe un risque relatif d’IM de 26 % pour chaque année d’utili- sation d’un IP. Des études mécanistes indiquent que ce risque est principalement dû à une augmentation du taux de TG et de lipoprotéines riches en TG, entraî- nant une dysfonction endothéliale.

Les données rétrospectives indiquent que les patients infectés par le VIH atteints d’un SCA ont tendance à être plus jeunes et à présenter un risque accru de resténose après l’intervention percutanée. Le traitement de la dyslipidémie dans cette population est compliqué par les interactions médicamenteuses entre les statines et les IP et actuellement, la pravasta- tine est le médicament recommandé. Étant donné que les patients infectés par le VIH vivent plus longtemps, la durée pendant laquelle ils sont exposés aux IP aug- mente et il est concevable que la prévalence des mal- adies coronariennes dans cette population puisse augmenter. Il existe actuellement peu de données sur les résultats dans cette population de patients et les

mécanismes des dyslipidémies chez les patients infec- tés par le VIH doivent également être davantage élu- cidés. Au cours de la prochaine décennie, il est probable que cette population présentera des défis uniques aux cardiologues et il est nécessaire d’ef- fectuer des recherches plus approfondies pour nous aider à traiter ces patients de façon optimale.

Références

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Résumé scientifique d’intérêt connexe Une étude prospective d’observation ouverte sur l’incidence des maladies coronariennes chez des patients infectés par le VIH recevant un

traitement antirétroviral hautement actif

BARBAROG, DILORENZOG, CIRELLIA, GRISORIOB, LUCCHINIA, HAZRAC, BARBARINIG. ROME, ITALIE

Renseignements généraux : Le lien établi entre le traitement antirétroviral hautement actif (TAHA) comprenant des inhibiteurs de protéase (IP) et les troubles métaboliques et somatiques a suscité des préoccupations quant à la possibilité d’un risque accru de maladie coronarienne chez les patients présentant une infection par le VIH.

Objectif :L’objectif de cette étude était d’évaluer l’incidence des mal- adies coronariennes chez des patients externes infectés par le VIH n’ayant pas été traités antérieurement, qui ont reçu des inhibiteurs de la transcriptase inverse avec ou sans IP.

Méthodologie :Dans cette étude multicentrique prospective ouverte d’observation, des patients italiens infectés par le VIH qui n’avaient pas reçu de traitement antérieurement et étaient asymptomatiques ont été suivis afin que l’on évalue l’incidence des maladies coronariennes (paramètre primaire) selon le traitement TAHA qu’ils recevaient : 2 inhibiteurs analogues nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) en association avec des IP (groupe IP+) ou 1 inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse avec 2 INTI (groupe IP-). Les patients ont subi un examen clinique et des analyses de laboratoire tous les 4 mois. Résultats : Au total, 1551 patients infectés par le VIH (994 [64 %] hommes ; âge médian, 35 ans, gamme 22-50 ans) ont été suivis pendant une durée médiane de 36 mois (gamme, 34-42 mois).

L’incidence cumulative annuelle des événements liés aux maladies

102-038F

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La version française a été révisée par le DrGeorge Honos, Montréal.

L’élaboration de cette publication a bénéficié d’une subvention à l’éducation de

Novartis Pharma Canada Inc.

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Poste-publications #40032303

coronariennes était de 9,8/1000 dans le groupe IP+ et 0,8/1000 dans le groupe IP- (p < 0,001). L’incidence annuelle de l’infarctus du myocarde était de 5,1/1000 dans le groupe IP+ et de 0,4/1000 dans le groupe IP- (p < 0,001). Indépendamment de l’âge des patients, l’inci- dence des maladies coronariennes était plus élevée parmi les hommes (p < 0,001) et les patients qui fumaient > 20 cigarettes par jour (p <

0,001). La lipodystrophie et des transformations métaboliques ont été observées chez 62 % des patients dans le groupe IP+ et chez 4 % des patients dans le groupe IP- (p < 0,001). Parmi les 23 patients recevant des IP qui ont développé une maladie coronarienne, 17 (73,9 %) souf- fraient de lipodystrophie et les 23 patients souffraient d’hypertrigly- céridémie et d’hypercholestérolémie.

Conclusion :Selon nos observations, le TAHA qui inclut des IP peut accélérer l’apparition d’événements coronariens chez les hommes jeunes abusant du tabac qui développent des troubles métaboliques et la lipodystrophie durant le traitement. Les patients présentant un risque coronarien accru doivent faire l’objet d’une surveillance car- diaque attentive s’ils sont traités avec des IP.

Réunions scientifiques à venir 28 au 30 décembre 2004

19thClinical Cardiology Amelia Island, Floride

Renseignements : Tél. : 608 240-2141 Fax : 608 240-2151 Courriel : tmbailey@wisc.edu 30 janvier au 2 février 2005

Symposium d’hiver de la Société canadienne de cardiologie Whisler, Colombie-Britannique

Renseignements : Site Web : www.ccs.ca 6 au 9 mars 2005

Réunion scientifique annuelle de l’American College of Cardiology

Orlando, Floride

Renseignements : Tél. : 800 253-4636, poste 694 Fax : 301 897-9745

Courriel : resource@acc.org

S N E L L

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