Proceedings Chapter
Reference
Les villes et le contrôle des espaces périurbains : les cas de Genève et des villes de la principauté savoyarde aux XIVe et XVe siècles
CAESAR, Mathieu (Ed.)
CAESAR, Mathieu (Ed.). Les villes et le contrôle des espaces périurbains : les cas de Genève et des villes de la principauté savoyarde aux XIVe et XVe siècles. In: Bouffier, S., Brelot, C.-I. &
Menjot, D. Aux marges de la ville : paysages, sociétés, représentations . 2015. p.
167-180
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:156396
Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.
1 / 1
Les espaces périurbains sont un sujet d’actualité. Ce volume les aborde dans une démarche doublement originale. D’une part, il les étudie dans la très longue durée, des cités grecques aux agglomérations contemporaines. D’autre part, il décloisonne leur analyse dans l’interdisciplinarité, pour penser autrement que sur le mode binaire – par l’opposition d’un centre et de sa périphérie – l’histoire de ces espaces en marge de la ville
mais qui n’existent que par elle.
À partir d’exemples précis choisis en Europe et au Maghreb à différentes époques, des géographes, des urbanistes, des historiens, des archéologues, des économistes, des anthropologues et des sociologues confrontent leurs approches de ces espaces extérieurs, flous, dont l’urbanisation informelle évolue
constamment au cours du temps et auxquels peuvent être associés diff érents paysages, fonctions, sociétés et
représentations.
L’ouvrage rassemble quinze textes issus d’un colloque qui, à l’Université Lumière-Lyon-2, en 2011, a conclu un programme interdisciplinaire de recherche sur les marges de la ville de l’Antiquité
à nos jours.
Sophie BOUFFIER est professeur d’histoire grecque à l’Université d’Aix-Marseille.
Claude-Isabelle BRELOT est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Lumière-Lyon-2.
Denis MENJOT est professeur émérite d’histoire médiévale à l’Université Lumière-Lyon-2.
AUX MARGES DE LA VILLE
Paysages, sociétés, représentations
AUX MARGES DE LA VILLE
Sous la direction de Sophie B OUFFIER Claude-Isabelle B RELOT Denis M ENJOT
Préface de John Merriman, Université de Yale
Sous la dir . de S. Bouffi er , C.-I.Brelot, D. Menjot
V illes
VILLES, histoire, culture, société Nouvelle série
VILLES, histoire, culture, société Nouvelle série
Collection dirigée par Denis Menjot, professeur d’histoire médiévale, et Jean-Luc Pinol, professeur d’histoire contemporaine
35
€ISBN : 978-2-343-06006-4
Illustration de couverture : Trois marges de la ville à trois époques diff érentes, montage.
VILLES-HISTOIRE-CULTURE-SOCIETE_GF_MENJOT_AUX-MARGES-DE-LA-VILLE.indd 1 08/06/15 15:29
Aux marges de la ville
Paysages, sociétés, représentations
Villes, histoire, culture, société
Collection dirigée par Denis MENJOT, professeur d’histoire médiévale, et Jean-Luc PINOL, professeur d’histoire contemporaine
Dernières parutions
Yassir BENHIMA, Safi et son territoire. Une ville dans son espace au Maroc, (XI - XVI siècles), 2008
Guy BRUNET, Aux marges de la famille et de la société. Filles, mères et enfants assistés à Lyon au XIXe siècle,2008
Sous la direction de Bruno DUMONS et Olivier ZELLER, Gouverner la ville en Europe, Du Moyen-Age au XXe siècle, 2006
Véronique TERRASSE, Provins. Une commune du comté de Champagne et de Brie (1152-1355), 2005
Bernard LAMIZET, Le sens de la ville, 2002
Sous la direction de Denis MENJOT et Jean-Luc PINOL, Les immigrants et la ville. Insertion, intégration, discrimination (XIIe- XXe siècles), 1998
François-J. RUGGIU, Les élites et les villes moyennes en France et en Angletterre (XVIIe-XVIIIe siècles), 1997
Sous la direction de Denis MENJOT et Jean-Luc PINOL, Enjeux et expression de la politique municipale (XVIIe-XXe siècles), 1997 Jean VERLHAC, La formation de l’unité socialiste (1898-1905), 1997 Danièle VOLDMAN, La reconstruction des villes françaises de 1940 à 1954. Histoire d’une politique, 1997
Denis MENJOT, Les villes frontières, Moyen-âge et époque moderne, 1997
Laurent BARIDON, Imaginaire scientifique de Viollet-Le-Duc, 1997 Collectif, La ville européenne outre-mer : un modèle conquérant ? (XVe-XXe siècles), 1996
Sous la direction de Rainer HUDEMANN et François WALTER, Villes et guerres mondiales en Europe au XXe siècle, 1996
Sous la direction de
Sophie B
OUFFIER, Claude-Isabelle B
RELOT, Denis M
ENJOTAux marges de la ville
Paysages, sociétés, représentations
Actes du colloque tenu à Lyon, 5-7 mai 2011
Préface de John Merriman, Université de Yale
Mise en page : Véronique Gémonet
Traitement des images et illustrations : Véronique Gémonet, Karyn Mercier
Illustration de couverture :
Trois marges de la ville à trois époques différentes, montage réalisé à partir des images suivantes :
Via Appia (Le Antichità Romane), 1756 © Giovanni Battista Piranesi Vue de Strasbourg, la cité Ungermach © Creative Commons
Fortifications d’Ávila © Denis Menjot
© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-06006-4
EAN : 9782343060064
168 Aux marges de la ville : paysages, sociétés, représentations
Figure 1. L'espace urbain savoyard (début XV• siècle).
de ces centres urbains se caractérisent par une certaine autonomie municipale et par l'exercice d'un pouvoir, certes variables, sur le territoire qui les entoure5•
Cependant, aux XIV0 et XV0 siècles, les villes de la principauté savoyarde n'exercent qu'un pouvoir assez limité sur leur banlieue. De meme, le degré de cette domination varie, parfois de manière assez considérable d'une ville à l'autre.
C'est pourquoi, afin d'etre correctement apprécié, l'espace périurbain ne doit pas etre simplement conçu dans sa dimension spatiale, c'est-à-dire un territoire d'une certaine étendue. Il faut aussi qu'il soit appréhendé par le degré de pouvoir que la ville exerce sur cette étendue. Ainsi conçu, l'espace périurbain, la banlieue, n'est pas un espace donné, mais il se présente comme un espace inventé et façonné par les autorités.
5. La réflexion des médiévistes au sujet des espaces périurbains est encore relativement peu développée (cl. aussi l'état de la question au début du présent volume). Si les nombreuses monographies urbaines traitent souvent des banlieues, des faubourgs et du territoire qui entoure la ville, les études qui font de l'espace périurbain le centre de leur analyse restent peu nombreuses. On peut néanmoins citer: H. Van Werveke, 1937; Chaume, 1944/45; Jourdan-Lombard, 1972; Fiétier, 1973; Higounet, 1977; Samsonowicz, 1978; Bochaca, 1997 ;Tranchant, 2003 et Tabuteau, 2004.
174 Aux marges de la ville : paysages, sociétés, représentations
Figure 2. La chatellenie de Belmont-sur-Yverdon (fin XIV• siècle - début
xv•
siècle).Il
au détail dans les tavernes et destiné à financer les travaux de fortifications de Belmont. Le bourg étend ainsi son autorité sur les sept villages de la chatellenie laquelle compte un peu moins de 400 habitants au total25• Le prélèvement de l'impòt dépasse en réalité le cadre de la chatellenie puisque les habitants du vil
lage d'Orzens, au sud-est du bourg, y sont également soumis en raison du droit de refuge dont ils jouissent26• On voit donc que Belmont, un petit bourg - presqu'un village - pourvu de franchises très limitées, étend son autorité à huit villages sur un rayon de plusieurs km, en arrivant ainsi à exercer un certain pouvoir sur une banlieue non négligeable eu égard à sa taille.
25. Le droit d'imposer une fiscalité à l'échelle de la chàtellenie découle du droit de refuge - le ressort - au sein du bourg de Belmont que les habitants des villages environnants ont en cas de danger. À ce sujet voir aussi Favez, 1978.
26. Celte situation prend cependant fin en 1393 : cl. Anex-Cabanis & Reymond, 2001, p. 468.
176 Aux marges de la ville : paysages, sociétés, représentations
I
Figure 3. La chatellenie de Chatillon-en-Dombes (début xv• siècle).
villes de la Bresse reçoivent le droit de percevoir un impòt direct, appelé com
mun, et levé sur l'ensemble des bourgeois de la ville ainsi que sur les personnes qui possèdent une maison, qu'elles résident en ville ou non. L'impòt est destiné, comme ceux indirects, au financement des fortifications. De manière générale, les hommes dépendant de petits vassaux du comte ne sont pas soumis aux impòts que les Communautés lèvent pour fortifier la ville. La raison réside dans le fait que les nobles participent déjà au système de défense par l'entretien d'un petit chateau ou, dans de nombreux cas, de ce que l'on appelle une « maison forte tenable » (domus fortis tenibi/is), c'est-à-dire une maison pouvant soutenir un siège. Leurs hommes doivent donc déjà payer pour l'entretien du chateau ou de la maison forte seigneuriale (Morel, 1921, p. 144-154)30•
Cependant, au début du XV0 siècle surtout, les Communauté essayaient d'astreindre tous les propriétaires au paiement de l'impòt, ce qui engendre de nom
breuses procédures devant le prince et ses officiers. La documentation conservée permet de voir que les princes savoyards soutiennent souvent le point de vue
30. Cf. aussi Kersuzan, 2006, p. 118-119.