LE CONTEXTE SCOLAIRE
ET SES OTAGES
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ET DE J.-C. BENOIT, J. GUILHOT, A. MATHÉ
LE CONTEXTE SCOLAIRE ET SES OTAGES
Vers une approche systémique des difficultés scolaires
Grégoire EVEQUOZ
LES ÉDITIONS E S F 17, rue Viète, 75017 Paris
© LES EDITIONS ESF 1984 — ISBN 2.7101.0459.8
La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1 de l'article 40).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à témoigner toute notre profonde gratitude à Maurice NANCHEN, psychologue. Par son amitié et l'intérêt qu'il a porté à notre tra- vail, il nous a permis de surmonter de nombreux doutes et hésitations et nous a fait partager son enthousiasme pour l'utilisation, en psychologie scolaire, d'une approche systémique.
PRÉFACE
C E livre de Grégoire Evéquoz se fonde sur un renouveau de la psychologie, inspiré d'idées répandues dans le domaine scien- tifiaue et philosophique et formulées ainsi par Edgar Morin dans ses écrits à Grégory Bateson : « Il est temps de remettre en question, en cette période incertaine, les anciens paradigmes de l'Occident et de chercher une sorte de "Méta-Occidentalité" où la pensée scientifique ne sera plus prisonnière de la distinction entre les faits et les valeurs, de la distinction entre objets séparés et en- vironnement. » En bref l'auteur applique ici les prémisses fondamentales d'une optique écologique et systémique aux problèmes apparaissant dans le contexte scolaire. Cet ouvrage frappe d'emblée par sa clarté et la facilité de lecture qui en découle, cependant son profil scienti- fique pourrait le faire cataloguer dans l'index des livres interdits.
En effet, y a-t-il encore à une époque où l'on est en quête d'une intégration optimale de la recherche scientifique et de la divulga- tion didactique, une place pour un type de livre qui ne tient pas compte dans toute sa rigueur des résultats de ces recherches ? La réponse est aux lecteurs.
Nous avons été d'abord surpris par l'utilisation « in vivo » de comptes rendus de séminaires (voir les chapitres 4 et 5) réunissant des psychologues d'une même équipe, et qui réfléchissent sur le développement d'une méthodologie systémique en psychologie sco- laire. Mais dans un second temps, cette façon de procéder nous a paru stimulante et originale : l'auteur, à partir d'un matériel en- core peu élaboré, met concrètement en évidence de quelle manière les psychologues peuvent se sensibiliser au concept de circularité.
Nous rendons également le lecteur attentif aux limites posées par le recours à certaines emphases métaphoriques, et par la vulgari- sation de concepts fondamentaux. Soutenir par exemple que l'élève en difficulté est un otage pris dans le conflit entre adultes est une métaphore utile pour illustrer le processus de « triangulation ». Ce- pendant cette expression, si elle est réifiée et prise dans son sens littéral peut susciter des malentendus et déformer la réalité. Il nous semble également important de bien éclaircir la portée méthodo-
logique du « double bind » ou « double lien ». Comme l'a dit clai- rement Bateson, ce concept ne représente ni une réalité, ni des évé- nements, ni des conflits entre buts contradictoires. Il s'agit plutôt d'une modalité de type linéaire apprise dans un deuxième temps, dont le psychologue doit se libérer, s'il veut restructurer dans un sens circulaire le problème qu'il traite. Il est utile ici d'expliquer la théorie du « deutéro-apprentissage » sur laquelle se base celle du
« double bind ». Bateson pense en effet qu'il y a « double bind » lorsque l'esprit se trouve impliqué dans une situation confuse alors qu'en même temps, il apprend et désire comprendre. Dans ses écrits de 1969 sur le « double bind », Bateson affirme que cette théorie traite du rôle de l'expérience du sujet dans la genèse de l'enche- vêtrement des règles ou des prémisses d'une habitude. Il conclut d'autre part en montrant que si on peut éviter la confusion, pré- sente dans les règles donnant un sens à la relation, qui provoque la souffrance et l'inadaptation, alors l'expérience a des chances de déboucher sur la créativité. Suivre cette piste méthodologique pour passer d'une lecture linéaire à une compréhension circulaire des problèmes est un des objectifs du séminaire mentionné plus haut.
La théorie du « double bind » peut être évaluée aujourd'hui de différentes manières, mais elle garde sans conteste la valeur heu- ristique qu'elle a démontrée dès le jour où elle a été découverte.
Dans ce contexte, il est absolument indispensable de percevoir l'im- portance méthodologique de l'analyse de la demande, dont cet ou- vrage comporte des exemples : cette démarche permet de saisir la signification circulaire du contexte relationnel, en faisant surtout attention au sous-système qui signale, et en organisant dès le début les informations recueillies. Les auteurs du « Magicien sans magie » (éd. ESF, 1980) ont déjà souligné combien il est primordial de dé- finir clairement la relation entre l'équipe de psychologues et les opérateurs de l'école (enseignants, directeurs d'école, inspecteurs scolaires), cela en suivant la voie hiérarchique, en évitant toute connotation négative soit des personnes, soit des institutions, en adoptant une attitude claire. Comme l'a bien fait remarquer Mara Selvini avec l'ouvrage « Dans les coulisses de l'organisation » (éd.
ESF, 1984) : « l'efficacité d'une équipe est directement liée à la qua- lité de ses relations internes ». Le psychologue qui travaille dans le contexte institutionnel, comme c'est le cas avec l'école, doit « ap- prendre à percevoir et à agir en termes de contexte » (Luigi Anolli,
« Dans les coulisses de l'organisation »).
La recherche du « double bind » si elle est correctement menée est une voie de formation qui permet aux psychologues qui inter- viennent dans le contexte scolaire de percevoir le méta-conflit pré- sent entre systèmes et de trouver une solution créatrice grâce au re- cadrage. Pour Watzlawick, ce moyen peut produire avec un maxi-
mum d'efficacité le changement d'un comportement. Le re-cadrage consiste à découvrir la signification circulaire du symptôme qui crée la confusion et paralyse les opérateurs et aboutit à la forma- tion d'un supra-système éducatif, dans lequel psychologues, ensei- gnants, parents n'inter agis sent plus en escalade symétrique mais dans un contexte de collaboration. Cela se fait dans la même pers- pective que celle proposée par les auteurs du « Magicien sans ma- gie » lorsqu'ils ont formulé l'hypothèse du « contexte de la table ronde » ou « contexte de collaboration ». Comme le fait Mara Sel- vini, nous définissons le contexte en général comme une situation déterminée qui comporte une finalité ou proposition de rôles. Il faut donc percevoir la formation d'un supra-système éducatif com- me une situation contextuelle, qui respecte les règles propres à l'école et à la famille et qui donne à l'une et à l'autre la possibilité de contribuer, selon leur compétence, au développement de l'enfant.
L'optique systémique présentée par Grégoire Evéquoz n'offre pas de recettes toutes faites mais suggère des lignes directrices effi- caces pour résoudre les problèmes qui apparaissent dans le contexte scolaire. Fidèle à la méthode « batesonienne » l'ouvrage nous pro- pose d'apprendre à apprendre. L'auteur a opté pour une méthode didactique qui permet aux lecteurs de participer activement à la découverte du texte.
MARIO GARBELLINI
La psychologie scolaire se trouve désormais dans une impasse. La tendance habituelle qui prévaut depuis Binet et qui vise à considérer l'enfant en dif- ficulté comme un inadapté s'est avérée la plupart du temps inefficace. Grégoire Evéquoz, partant de l'œuvre de Mara Selvini Palazzoli et, en particulier de l'ouvrage « LE MAGICIEN SANS MAGIE », appli- que ici les prémisses théoriques de l'approche systé- mique au contexte scolaire. Il met en évidence, de manière didactique, le type particulier d'interaction que l'on retrouve lorsqu'un enfant est signalé au psychologue. Les parents et enseignants, constatant leur impuissance, s'accusent mutuellement les uns les autres, pour se mettre finalement d'accord sur une seule chose : l'enfant est porteur du problème, c'est lui qui doit recevoir les soins.
Ce livre apporte au psychologue scolaire une métho- dologie originale pour lui permettre de sortir l'enfant de cette position d'otage. Par sa clarté, il donne également la possibilité à toutes les personnes con- cernées par l'éducation de se familiariser avec un des grands courants de pensée qui marquent actuel- lement les sciences humaines.
Il s'agit d'une illustration tout à fait pertinente d'une des difficultés essentielles dans notre culture : le technicien appelé pour aider l'individu devrait élar- gir son action à l'environnement. Du moins s'il veut réussir... à libérer l'otage.
Grégoire Evéquoz est né en 1955. Etudes de psychologie appliquée à l'Université de Fribourg.
Collaborateur d'un centre de guidance infantile, il
applique les fondements conceptuels de l'approche
systémique à l'enseignement, à la recherche et à la
psychothérapie.
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