• Aucun résultat trouvé

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "PROPOSITION DE RÉSOLUTION"

Copied!
6
0
0

Texte intégral

(1)

RE\1074937FR.doc PE568.485v01-00

FR

Unie dans la diversité

FR

Parlement européen

2014-2019

Document de séance

B8-0998/2015 5.10.2015

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

déposée à la suite de la question avec demande de réponse orale B8-0761/2015 conformément à l'article 128, paragraphe 5, du règlement

sur la peine de mort (2015/2879(RSP))

Barbara Lochbihler, Igor Šoltes, Heidi Hautala, Molly Scott Cato, Davor Škrlec, Ulrike Lunacek, Jean Lambert, Ernest Urtasun, Michèle Rivasi, Bodil Valero

au nom du groupe Verts/ALE

(2)

PE568.485v01-00 2/6 RE\1074937FR.doc

FR

B8-0998/2015

Résolution du Parlement européen sur la peine de mort (2015/2879(RSP))

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions antérieures sur l'abolition de la peine de mort, en particulier celle du 7 octobre 2010 sur la Journée mondiale contre la peine de mort1,

– vu les protocoles nos 6 et 13 à la convention européenne des droits de l'homme, – vu l'article 2 de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, – vu les orientations de l'Union européenne concernant la peine de mort,

– vu le pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et son deuxième protocole facultatif,

– vu l'étude sur les effets du problème mondial de la drogue sur la jouissance des droits de l'homme, publiée par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme en septembre 2015,

– vu les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies, notamment celle du 18 décembre 2014 demandant un moratoire sur l'application de la peine de mort (A/RES/69/186),

– vu la Journée mondiale contre la peine de mort et la Journée européenne contre la peine de mort, le 10 octobre de chaque année,

– vu la question au Conseil sur la peine de mort (O-000103/2015 – B8-0761/2015), – vu l'article 128, paragraphe 5, et l'article 123, paragraphe 2, de son règlement,

A. considérant que l'Union européenne affiche une position ferme et de principe contre la peine de mort, qui fait de l'abolition totale de cette peine un objectif fondamental de sa politique en matière de droits de l'homme;

B. considérant que la Journée mondiale contre la peine de mort, qui sera célébrée le 10 octobre 2015, aura pour objet de sensibiliser l'opinion à l'application de la peine de mort pour les infractions liées à la drogue;

C. considérant que 101 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes; qu'en 2014, au moins 22 pays ont procédé à des exécutions capitales et qu'au moins 2 466 personnes ont été condamnées à mort;

D. considérant que 33 pays appliquent la peine de mort pour des infractions liées à la drogue, ce qui donne lieu à près de 1 000 exécutions par an; qu'en 2015, des exécutions

1 JO L 371 E du 20.12.2011, p. 5.

(3)

RE\1074937FR.doc 3/6 PE568.485v01-00

FR

pour de tels délits ont été recensées en Chine, en Iran, en Indonésie et en Arabie saoudite; que des sentences de mort continuent d'être prononcées aujourd'hui pour des délits liés à la drogue en Chine, en Indonésie, en Iran, au Koweït, en Malaisie, en Arabie saoudite, au Sri Lanka, aux Émirats arabes unis et au Viêt Nam; que ces infractions peuvent aboutir à diverses inculpations de trafic ou de possession de stupéfiants;

E. considérant que ces 12 derniers mois, l'application de la peine de mort pour des

infractions liées à la drogue est repartie à la hausse partout dans le monde, certains États ayant procédé à un nombre bien plus élevé d'exécutions capitales pour ce motif (comme en Iran ou en Arabie saoudite), s'étant montrés favorables à son rétablissement pour ce type d'infractions (comme à Oman) ou ayant mis fin au moratoire instauré de longue date (comme en Indonésie ou au Pakistan);

F. considérant que l'Iran aurait exécuté 394 personnes pour des délits liés à la drogue au cours des six premiers mois de 2015, contre 367 pour toute l'année 2014; que la moitié des exécutions pratiquées cette année en Arabie saoudite relevait d'infractions liées à la drogue, contre seulement 4 % du total en 2010; qu'au moins 112 délinquants en ce domaine attendent leur exécution dans les couloirs de la mort au Pakistan;

G. considérant que des dizaines de citoyens européens sont condamnés à être exécutés dans des pays tiers, nombre d'entre eux pour des infractions liées à la drogue;

H. considérant que l'article 6, paragraphe 2, du pacte international relatif aux droits civils et politiques dispose que la peine de mort ne peut être appliquée que pour les "crimes les plus graves"; que le Comité des droits de l’homme des Nations unies ainsi que les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires et sur la torture ont déclaré que la peine de mort ne devrait pas être infligée pour des infractions liées à la drogue;

I. considérant que l'Organe international de contrôle des stupéfiants encourage les États qui imposent la peine de mort à l'abolir pour les infractions liées à la drogue,

J. considérant que l'imposition de la peine de mort pour de telles infractions va de pair avec toute une série d'autres violations des droits de l'homme, comme celle du droit à un procès équitable et du droit de ne pas être soumis à la torture et à d'autres formes de mauvais traitements; que la peine de mort obligatoire et son application dans le cas de délits liés à la drogue sont contraires à la législation et aux normes internationales;

K. considérant que la Commission et les États membres ont alloué au moins 60 millions d'euros aux programmes de lutte contre la drogue de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui se focalisent sur la répression du trafic de drogue dans des pays qui, de manière active, appliquent la peine de mort pour les infractions liées à la drogue;

L. considérant que des audits indépendants des opérations de l'ONUDC au Pakistan et en Iran et des rapports récents d'ONG ont suscité l'inquiétude à propos de l'application des conseils en matière de droits de l'homme par le bureau de l'ONUDC dans ces pays ainsi qu'à propos d'une corrélation directe entre le financement de la lutte antidrogue et les condamnations à mort prononcées pour trafic de drogue dans ces pays;

(4)

PE568.485v01-00 4/6 RE\1074937FR.doc

FR

M. considérant qu'au titre de l'instrument contribuant à la stabilité et à la paix (IcSP) et de son prédécesseur, l'instrument de stabilité (IfS), la Commission a lancé deux mesures de lutte régionale contre la drogue, à grande échelle, les programmes "route de la cocaïne"

et "route de l'héroïne", qui comprennent des pays appliquant la peine de mort pour les infractions liées à la drogue; que, conformément à l’article 10 du règlement IcSP, la Commission est tenue de suivre des orientations opérationnelles pour le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire, en ce qui concerne les mesures contre la criminalité organisée;

1. réaffirme son opposition de longue date à la peine de mort dans tous les cas et en toutes circonstances et souligne une fois de plus que l'abolition de cette peine contribue au renforcement de la dignité humaine;

2. condamne toutes les exécutions, où qu'elles aient lieu; demeure vivement préoccupé par la condamnation à mort de mineurs et de personnes présentant un handicap mental ou intellectuel, et demande l'arrêt immédiat et définitif de ces pratiques, qui constituent une violation des normes en matière de droits de l'homme;

3. prie instamment le service européen pour l'action extérieure (SEAE) et les États membres de poursuivre leur lutte contre le recours à la peine de mort, de soutenir fermement le moratoire sur cette peine, qui est une étape vers son abolition, de

maintenir leurs pressions en faveur de cette abolition dans le monde entier et d'exhorter les pays qui appliquent encore la peine capitale à respecter les normes internationales minimales, à en réduire le champ d'application et la fréquence et à publier des chiffres clairs et précis sur le nombre de condamnations et d'exécutions;

4. rappelle que la peine de mort est incompatible avec des valeurs telles que le respect de la dignité humaine, la liberté, la démocratie, l'égalité, l'état de droit et le respect des droits de l'homme, sur lesquelles l'Union est fondée, et que tout État membre qui rétablirait la peine capitale agirait donc en violation des traités et de la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne;

5. demeure pleinement convaincu que les condamnations à mort ne parviennent pas à prévenir le trafic de drogue ni à empêcher quiconque de succomber à la toxicomanie;

prie les pays favorables au maintien de la peine de mort de trouver, en alternative à son application pour les infractions liées à la drogue, des solutions qui se focalisent en particulier sur des programmes de prévention de la toxicomanie et de réduction de ses effets;

6. se dit vivement préoccupé par le fait que des programmes de lutte antidrogue financés par l'Europe dans des États qui continuent d'appliquer la peine de mort puissent

encourager les condamnations à la peine capitale et les exécutions capitales, notamment parce qu'ils fixent des objectifs et des indicateurs en vue d'un plus grand nombre de saisies, d'arrestations et de condamnations et en vue de sanctions plus sévères;

7. recommande à nouveau à la Commission et aux États membres de faire de l'abolition de la peine de mort pour des infractions liées à la drogue une condition préalable à toute aide financière ou assistance technique, à tout renforcement des capacités ou à toute autre forme de soutien à la politique de répression de la drogue;

(5)

RE\1074937FR.doc 5/6 PE568.485v01-00

FR

8. demande à la Commission et aux États membres de réaffirmer le principe absolu selon lequel l'aide et l'assistance européennes ne peuvent servir à faciliter des opérations de police conduisant à des condamnations à mort et à l'exécution des personnes arrêtées;

9. déplore le manque de transparence de l'aide et de l'assistance que la Commission et les États membres apportent à des opérations de police dans le cadre de la lutte antidrogue dans des pays qui ont massivement recours à la peine de mort pour des infractions liées à la drogue;

10. demande à la Commission de publier le relevé annuel du financement qu'elle apporte aux programmes de lutte antidrogue dans les pays qui continuent d'appliquer la peine de mort pour des infractions liées à la drogue, ainsi qu'un bref descriptif de la destination de ce financement, des mesures de sauvegarde des droits de l'homme appliquées pour veiller à ce que ce financement n'encourage pas les condamnations à mort et du degré de respect, par les États bénéficiaires, des conditions imposées par l'Europe;

11. demande instamment à la Commission de mettre en œuvre sans délai les orientations opérationnelles définies à l'article 10 du règlement instituant un instrument contribuant à la stabilité et à la paix, d'appliquer ces orientations sans exception aux programmes concernant la route de la cocaïne et la route de l'héroïne et de suspendre immédiatement ces programmes au cas où ils violeraient ces orientations ou ne seraient pas compatibles avec elles;

12. demande à la Commission et aux États membres de veiller à ce que le financement de programmes de lutte antidrogue menés par l'ONUDC ne puisse avoir lieu que si

l'ONUDC indique comment les grands principes de ses conseils en matière de droits de l'homme seront respectés lors de l'utilisation de ce financement et, notamment, de quelle façon elle suspendra ou mettra fin à ce financement si l'État bénéficiaire persiste à condamner à mort les auteurs d'infractions liées aux drogues;

13. prie instamment la Commission de se conformer à la recommandation du plan d'action antidrogue de l'Union européenne (2013-2016), qui prévoit l'élaboration et la mise en œuvre d'un "instrument d'analyse d'impact et d'orientation en matière des droits de l'homme" en vue de la "prise en compte effective de ces droits dans les actions extérieures de l'Union en matière de lutte contre la drogue";

14. presse le SEAE, la Commission et les États membres de définir les orientations d'une politique européenne globale et efficace au regard de la peine de mort pour les dizaines de ressortissants européens qui risquent d'être exécutés dans des pays tiers, laquelle politique doit prévoir des mécanismes solides et renforcés concernant le système d'identification, la fourniture d'une assistance juridique et les démarches diplomatiques;

15. demande à l'Union européenne et à ses États membres de veiller à ce que la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations unies sur le problème mondial de la drogue, en avril 2016, traite du recours à la peine de mort pour des délits liés à la drogue et condamne son application;

16. déplore vivement que huit États conservent une législation qui prescrit la peine de mort pour homosexualité (Mauritanie, Soudan, Iran, Arabie saoudite, Yémen, Pakistan, Afghanistan et Qatar) et qu'au Nigeria et en Somalie, certaines provinces prononcent

(6)

PE568.485v01-00 6/6 RE\1074937FR.doc

FR

des condamnations à mort pour des actes sexuels entre personnes de même sexe;

demande à ces États de ne plus frapper l'homosexualité de sanctions pénales et prie le Brunei Darussalam de ne pas donner corps à son projet d'appliquer la peine de mort pour homosexualité; demande instamment au SEAE de maintenir la lutte contre la pénalisation de l'homosexualité parmi ses grandes priorités, conformément aux lignes directrices visant à promouvoir et à garantir le respect de tous les droits fondamentaux des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI);

17. salue et encourage également les activités des organisations non gouvernementales œuvrant à l'abolition de la peine de mort dans le monde; prie la Commission de poursuivre le financement de projets en ce domaine au titre de l'instrument européen pour la démocratie et les droits de l'homme;

18. demande à la sous-commission "droits de l'homme" de sa commission des affaires étrangères (AFET) de préparer un rapport sur la peine de mort qui devra notamment évaluer l'incidence, sur les droits de l'homme, du financement de la lutte antidrogue et de la coopération dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme menés par l'Union européenne, ainsi que formuler des recommandations pour que ce

financement ne contribue pas au regain de l'application de la peine de mort à l'avenir;

19. charge son Président de transmettre la présente résolution à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, au Secrétaire général des Nations unies, au président de l'Assemblée générale des Nations unies et aux gouvernements des États membres des Nations unies.

Références

Documents relatifs

C’est ainsi que, par exemple, Yatta Bakar et Tenneh Ngabay Steven, les deux seules femmes dans cette situation, ont été condamnées à mort en octobre et novembre 2017 pour meurtre

Comme nous sommes à Strasbourg, j’aimerais finalement rappeler que l’ultime expérience parlementaire de Jacques Derrida fut justement son « réquisitoire contre la peine de mort

6 Éliminer la peine de mort dans la législation nationale et ratifier l’OP2 1 1 7 Abolir la peine de mort pour tous les crimes et ratifier l’OP2 1 1. 8 Ratifier l’OP2

C'est seulement pour la peine de mort qu'on invente l'idée que la peur de la mort retient l'homme dans ses passions extrêmes.. Ce n'est

Vouloir la peine de mort tient plus de la vengeance « œil pour œil, dent pour dent », que d'une justice respectueuse de nos

Indiquez comment le projet d'infrastructure et les activités associées soutiennent l'augmentation de la capacité physique et/ou l'amélioration de la sûreté, de la sécurité et

Ne profitez pas de ce besoin de voir et d’être ému, qui agit chez tous les hommes, pour les assembler et leur apprendre qu’il est des cas où l’on peut commettre un homicide

La renommée avait déjà promené ton nom de bouche en bouche, et la gloire t’attendait avec de frais lauriers ; mais tu n’as pu arriver jusqu’à elle, et, peut-être, Dieu