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ESPRIT Comprendre le monde qui vient

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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ESPRIT

212, rue Saint‑Martin, 75003 Paris www.esprit.presse.fr

Rédaction : 01 48 04 92 90 ‑ redaction@esprit.presse.fr Ventes et abonnements : 03 80 48 95 45 ‑ abonnement@esprit.presse.fr

Fondée en 1932 par Emmanuel Mounier

Directeurs de la rédaction Antoine Garapon, Jean‑Louis Schlegel Rédactrice en chef Anne‑Lorraine Bujon

Secrétaire de rédaction Jonathan Chalier Responsable de la communication Edouard Chignardet Conseil de rédaction Hamit Bozarslan , Carole Desbarats, Anne Dujin,

Michaël Fœssel, Emmanuel Laurentin, Camille Riquier, Lucile Schmid Comité de rédaction

Olivier Abel, Vincent Amiel, Bruno Aubert, Alice Béja, Françoise Benhamou, Abdennour Bidar, Dominique Bourg, Fabienne Brugère, Ève Charrin,

Christian Chavagneux, Guy Coq, François Crémieux, Jacques Darras, Gil Delannoi, Jean‑Philippe Domecq, Élise Domenach, Jacques Donzelot,

Jean‑Pierre Dupuy, Alain Ehrenberg, Jean‑Claude Eslin, Thierry Fabre, Jean‑Marc Ferry, Jérôme Giudicelli, Nicole Gnesotto, Pierre Hassner, Dick Howard,

Anousheh Karvar, Hugues Lagrange, Guillaume le Blanc, Erwan Lecœur, Joseph Maïla, Bernard Manin, Michel Marian, Marie Mendras,

Patrick Mignon, Jean‑Claude Monod,

Véronique Nahoum‑Grappe, Thierry Paquot, Bernard Perret, Jean‑Pierre Peyroulou, Jean‑Luc Pouthier, Richard Robert, Joël Roman,

Olivier Roy, Jacques Sédat, Jean‑Loup Thébaud,

Irène Théry, Justin Vaïsse, Georges Vigarello, Catherine de Wenden, Frédéric Worms

Directeur de la publication Olivier Mongin

Comprendre le monde qui vient

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Le passage de témoin

Introduction Jonathan Chalier p. 40

Le lien entre générations et la dette du temps Marcel Hénaff p. 42

Sans rites, comment passer les âges ? Julien Clément p. 56

Les nouveaux enfants terribles

Nathalie Bittinger et Ghislain Benhessa p. 67

La coopération équitable dans le temps

Cédric Rio p. 75

La coalition des vivants Daniel Innerarity p. 86

À plusieurs voix

En marche, la politique moderne ?

Diane Delaurens p. 12

Décourager l’asile ? Marie-Renée Courty, Agnès Faivre et Paul Grolleau p. 17

Soigner les personnes à la rue

Patrick Bouffard p. 21

En Iran, une société civile paralysée Marie Ladier-Fouladi p. 24

La tragédie des Rohingyas et son déni birman

Bénédicte Brac de La Perrière p. 28

La violence sexuelle après Hollywood Aïcha Liviana Messina p. 33

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Varia

Entre Albert Camus et André Malraux : cette rencontre qui n’eut pas lieu Guy Samama p. 120 Le CrossFit,

le Mixed Martial Arts et le néolibéralisme Matthieu Quidu

Cultures

Poésie / Abdellatif Laâbi.

Un fabuliste moderne Jacques Darras p. 142

Cinéma / Trois portraits de femmes Carole Desbarats

p. 146

Cinéma / Le capitalisme au cinéma Louis Andrieu

p. 149

Expositions / L’autre au cœur Jean-François Bouthors p. 152

Livres

Autour de l’immigration Jean-Louis Schlegel p. 156

Dénaturalisés, de Claire Zalc et Livrer sur demande, de Varian Fry p. 159

Croire en la démocratie, de Raymond Aron p. 162

Comment être socialiste + conservateur + libéral, de Leszek Kolakowski p. 163

Le temps des investis, de Michel Feher p. 166

Le Yémen, de Laurent Bonnefoy p. 169

Les métamorphoses, d’Ovide p. 172

LaRose, de Louise Erdrich p. 176

Brèves / En écho / Erratum p. 179

Auteurs

Ersal, le conflit syrien au Liban

Introduction Rémi Baille et Jonathan Chalier p. 98

Les réfugiés syriens au Liban

Rayan Majed p. 102 L’urgence du développement Entretien

avec Kamel Mohanna p. 104

La peur d’une guerre (in)civile ?

Nicolas Dot-Pouillard p. 108

Corps perdus Chloé Domat p. 113

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« RÉFORMER », DIT-IL !

Dix mois après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la Répu‑

blique, le commentaire politique ne bruit que des réformes tous azimuts lancées, sous son impulsion, par le gouvernement d’Édouard Philippe. Ce n’est certes pas Esprit qui contestera le principe de la (nécessaire) réforme, dans un pays dont on dit parfois qu’il vit dans la culture de la révolution et qu’entre deux bouffées de révolte, avec grèves dures et manifestations dans la rue pour obtenir raison, il se complaît volontiers dans l’immo‑

bilisme et la défense des acquis. Mais il est vrai que l’art et le rythme des réformes posent problème : entre vitesse et précipitation, le risque est de négliger la vision d’ensemble, de mécontenter ceux qui ont l’impression de les subir et d’exténuer même ceux qu’elles sont censées avantager, tout en brouillant pour tous les cartes de leur sens. D’autant plus qu’à propos des

« réformes Macron », l’opposition et leurs multiples adversaires ont presque

réussi à imposer dans l’opinion un soupçon de taille : qu’elles sont pour la plupart foncièrement « libérales », donc inégalitaires et favorables en fin de compte aux plus aisés, à la « France qui gagne », et, qu’en conséquence, Emmanuel Macron est le « président des riches ».

De ce point de vue, la réduction, très tôt, de l’aide personnalisée au logement (A

pl

) et des emplois aidés, malgré quelques correctifs ulté‑

rieurs, de même que la suppression partielle de l’impôt sur la fortune (I

sf

), la loi Travail passée par ordonnances et la hausse de la contribution sociale généralisée (C

sg

) pour les retraités ont eut des effets ravageurs.

Les sondages de popularité pour le chef de l’État (à supposer qu’on leur accorde quelque importance en dehors des périodes électorales) ont été de nouveaux négatifs en janvier et en février après être remontés

Éditorial

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Esprit

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en décembre – un redépart à la hausse inédit dans l’histoire récente des courbes de popularité présidentielles, qui semblait confirmer que le parcours, non seulement du candidat Macron mais aussi du président Macron, était décidément atypique.

Les réformes ou l’esprit de réforme sont pourtant, pour l’essentiel, approuvés par les Français, déjà parce que l’homme élu en mai 2017 réalise ses promesses de campagne – c’est devenu un exploit ! –, et qu’il a le courage de sortir d’un immobilisme devenu insupportable pour trancher enfin dans des débats interminables sur divers sujets de cris‑

pation : l’arrêt de la construction de l’aéroport Notre‑Dame‑des‑Landes est ici emblématique (même si, sur ce point, il était infidèle à une pro‑

messe de campagne). En sens inverse, pour l’enfouissement des déchets nucléaires, il prend activement la défense du site de Bures, dans la Meuse, contre l’installation d’une zone à défendre (Z

ad

) comparable à celle de Nantes, au risque de ne pas poser la question des limites de l’énergie nucléaire. On pourrait citer aussi, dans ce registre du règlement des questions irrésolues, les réformes enfin lancées du baccalauréat et de l’entrée à l’université, du statut de la fonction publique, de la S

ncf

et des cheminots, de la formation professionnelle, etc. Sont toujours en cours ou en perspective la réforme de l’assurance chômage, de l’apprentissage, de la fiscalité, du logement social, de l’agriculture, de ses territoires aidés et de ses liens avec les grandes surfaces, de l’audiovisuel public, d’un service militaire obligatoire et universel, sans compter une loi sur la réforme de l’État et une révision constitutionnelle. L’actualité aidant, s’y sont ajoutés une loi contre les violences sexistes et sexuelles, un plan anti‑radicalisation (qui prend aussi en compte le retour des djihadistes de Syrie et d’Irak, et surtout celui de leurs enfants), une réforme de la justice, un plan à venir sur les prisons et les peines, le retour de la police de proximité (rebaptisée « police de la sécurité du quotidien »), l’urgence de faire plus et mieux pour les hôpitaux et les Ehpad, et surtout la loi qui, jusqu’à présent, a soulevé le plus de vagues dans la majorité elle‑même, sur une « immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif ».

Cette liste de tout ce qui doit être réformé, solutionné, faire l’objet d’un plan dans les dix‑huit premiers mois ou les deux premières années du quin‑

quennat n’est pas exhaustive, et pratiquement tous les ministres sont sur

le pied de guerre. L’incertitude sur le moment de l’action demeure surtout

pour les lois dites « sociétales » : celle du début de la vie (P

ma

– procréation

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« Réformer », dit-il !

médicalement assistée – et peut‑être G

pa

– grossesse pour autrui –, mais Emmanuel Macron a toujours marqué son opposition forte à cette der‑

nière) et peut-être une nouvelle loi sur la fin de vie (autorisant l’euthanasie).

Sur ces questions, des opposants prêts à en découdre recoupent partiel‑

lement ceux des Manifs pour tous contre la loi Taubira, et tout le monde se souvient combien cette loi, passée au début du quinquennat de François Hollande, lui avait gâché la vie par la suite.

La difficulté présente dès les premiers pas du septennat – définir la philo- sophie de l’action publique et préciser son cap – n’a pas disparu. La reconnaissance internationale d’Emmanuel Macron a surpris (en bien) mais elle se heurte à un contexte international et européen très incertain, du trumpisme aux élections italiennes. Et en politique intérieure, on en est toujours réduit à des hypothèses, orientées selon la perception particulière qu’on a de tel ou tel projet du gouvernement ou selon les orientations partisanes pour ou contre le chef de l’État. Le débat traverse aussi la rédaction d’Esprit : Macron est‑il le président ajusté à la mon‑

dialisation et de la modernisation libérale (financière et technologique) ? Macron est-il le président

de la modernisation libérale ?

Est‑il, quoi qu’il en dise, convaincu par la « théorie du ruissellement » (c’est‑à‑

dire enrichir les riches pour que tout le monde en profite) ? Est-il par conséquent irrémédiablement de droite, avec un gouvernement de tech‑

nocrates qui applique des solutions techniques en apparence opératoires, même dans des cas comme l’immigration, où les facteurs humains sont essentiels ? Ou faut-il considérer qu’il reste foncièrement social- libéral, avec la visée que les réformes réalisées amélioreront la situation socio‑

économique et le moral y compris des plus défavorisés, des plus pauvres, des réfugiés et des immigrés, par le choix pragmatique de mesures libé‑

rales ? À moins que la visée de réduction du chômage l’emporte sur tous les autres objectifs, car là serait, après des décennies d’échec et avec la croissance retrouvée, la clef de la réussite pour tous ?

On est frappé par le silence du président et de son gouvernement sur

la justice sociale, par une certaine incapacité même à penser la question

sociale, qui ne saurait se réduire aux solutions managériales, à la

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Esprit

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suppression de certains régimes particuliers ou à l’alignement des régimes de retraites. Sur ce sujet essentiel, il manque un projet convaincant et des mesures concrètes. Emmanuel Macron ne pourra indéfiniment esquiver une question : est‑il prêt à un modèle plus inégalitaire pour remettre la société française en mouvement ?

Le paquet de réformes envisagées est en réalité très divers, mais beaucoup d’entre elles sont des mesures très pratiques, qui ressemblent à autant de paris pour régler ou améliorer des impasses et des échecs de toute sorte. Leurs effets positifs risquent de se faire attendre… jusqu’en 2020.

En attendant, les ressentiments multiples pourraient coaguler. Parmi les critiques récurrentes, il y a celle, sans cesse rappelée, des « cadeaux faits

aux riches » et des sacrifices imposés aux pauvres. Exemplaire de ce cas

de figure : la C

sg

qui frappe des retraités même modestes, lesquels se sentent « siphonnés » (selon le Canard enchaîné) et ne manquent pas de le faire savoir. Dans un autre domaine, celui de l’éducation, un sociologue aussi reconnu que François Dubet n’est pas intrinsèquement hostile à la politique « conservatrice » de Jean‑Michel Blanquer, mais il critique for‑

tement, non sans raison car le point est central, les risques d’accentuation des inégalités.

Relèvent aussi foncièrement de l’obligation de résultats, mais sans garantie, le plan anti‑radicalisation, la « police de la sécurité du quotidien » et la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle. Cette der‑

nière, dont Muriel Pénicaud envisage de confier le financement à l’État, de même que d’autres mesures concernant les entreprises (la gestion de l’Unedic qui écarte en partie les partenaires sociaux ou l’emploi des ordonnances pour la S

ncf

et le statut des cheminots) semblent confirmer la méfiance ou l’impatience d’Emmanuel Macron face aux corps inter‑

médiaires (les syndicats) et un retour étrange au « tout-État » qui évacue le rôle de la société et la réalité des fonctionnements démocratiques.

L’État mais quel État ? Le côté technocratique, hors sol et policier, de la loi sur l’immigration et l’asile laisse des sentiments mitigés. Naturel‑

lement, le gouvernement sinon le président lui‑même, qui ne craint pas

d’aller sur le terrain pour discuter sans langue de bois avec les acteurs

concernés (Salon de l’agriculture, prison de Fleury‑Mérogis, entreprises

en difficulté), protestent de leurs intentions droites et de leur volonté de

dialogue. Mais ce faisant, ils éveillent aussi le soupçon de « jouer malin »

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« Réformer », dit-il !

sans rien lâcher, pour reprendre un slogan célèbre, et de faire surtout de la « com’ ».

On en est là : les réformes sont appréciées dans le principe, tout en inquiétant dès qu’on entre dans le vif du sujet. Pour Emmanuel Macron et ses ministres, le problème est d’en rester si possible à des turbulences limitées, d’éviter une cristallisation générale des refus et des mécontente‑

ments (le président et le gouvernement ont encore dans leur manche, ne l’oublions pas, quelques atouts comme la suppression de la taxe d’habi‑

tation). Du côté des Français, l’absence durable de résultats des réformes et de toute contrepartie matérielle alors que la croissance est en forte hausse et que la situation économique s’améliore serait probablement très mal vécue. Resterait alors à savoir, en cas de crise, voire d’épreuve de force, dans quelle mesure Emmanuel Macron est intérieurement libre par rapport à la perspective d’un second quinquennat. Et surtout, quel projet il propose véritablement aux Français.

Esprit

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PLUSIEURS À

VOIX

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PLUSIEURS À

VOIX

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À plusieurs voix

EN MARCHE, LA POLITIQUE MODERNE ?

Diane Delaurens

En avril, le mouvement En marche !, rebaptisé La République en marche ! (Lrm), a fêté ses deux ans d’existence.

Il fait partie de ces nouvelles mobilisa- tions politiques apparues ces dernières années pour supplanter les partis tra- ditionnels1 : Dès Demain, le Mou- vement du 1er juillet, les Patriotes…

La France n’est pas la seule : le mou- vement italien « 5 étoiles », lancé en 2009 par Beppe Grillo, milite pour la démocratie directe et refuse de se définir comme un « parti ». En Espagne, le parti Podemos promeut la démocratie participative et a vu le jour en 2014 pour prolonger la mobi- lisation des Indignés.

Dès son lancement, En marche ! a voulu en effet dépasser le clivage politique droite/gauche : on pouvait soutenir En marche ! tout en étant engagé dans un autre parti. L’adhésion au mouvement est d’ailleurs un acte gratuit, contrairement à celles des partis concurrents qui se financent grâce aux cotisations. Après la victoire du candidat Macron aux présiden-

1 - Marion Bet, « Les “mouvements” sont-ils démocratiques ? », Esprit, le 9 octobre 2017.

tielles, ce dernier officialise le statut de son mouvement en tant que véritable

« parti » qui présente de nombreux can- didats aux législatives. La double appar- tenance est définitivement interdite, et le parti peut ainsi espérer bénéficier des subventions publiques en fonction des résultats aux législatives et du nombre de parlementaires.

Dans quelle mesure En marche ! est-il capable d’incarner un renouveau poli- tique ? S’ancrant dans une crise des partis traditionnels, cette nouvelle manière de faire de la politique a bien été portée par En marche ! lors de la campagne, mais risque de ne pas s’installer durablement compte tenu des épreuves qu’elle doit aujourd’hui surmonter au pouvoir.

La désaffection

du système démocratique

Les partis traditionnels sont délaissés par les citoyens. Pour la première fois de la Ve République, aucun des deux grands partis n’était présent au second tour de l’élection présidentielle de 2017. Alors que le nombre de leurs adhérents diminue2, la crise est aussi idéologique : les lignes de fracture sur certaines questions, comme celle de la transition écologique, traversent aujourd’hui les formations politiques

2 - Geoffroy Bonnefoy, « De “l’armée de mili- tants” à la fuite : Les Républicains perdent 12,5 % d’adhérents », L’Express, le 12 septembre 2017.

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À plusieurs voix

et interrogent ainsi leur unité. Les doctrines ne semblent plus aussi éta- blies qu’avant : le Parti socialiste (Ps) s’est fortement divisé durant le quin- quennat de François Hollande. La confiance dans les hommes politiques s’érode également, avec comme coup d’éclat notable le feuilleton autour de François Fillon en 2017.

Il s’agit d’une tendance plus large de désaffection de la démocratie repré- sentative. Dans son ouvrage l’Ancien Régime et la Révolution, Tocqueville analyse l’abstention des citoyens dans les affaires communales comme la réponse à une gestion toujours moins démocratique des villes. Celle-ci passe en effet des mains d’une assemblée générale à une assemblée de notables, puis aux corps de bourgeois. Ainsi,

« le peuple, qui ne se laisse pas prendre aussi aisément qu’on se l’imagine aux vains sem- blants de la liberté, cesse alors partout de s’intéresser aux affaires de la commune […].

On voudrait qu’il allât voter, là où on a cru devoir conserver la vaine image d’une élection libre : il s’entête à s’abstenir. Rien de plus commun qu’un pareil spectacle dans l’his- toire 3. » De fait, l’abstention électorale ne cesse d’augmenter aujourd’hui en France : à la présidentielle de 2017, pourtant l’élection la plus populaire, l’abstention était supérieure à celle de 20124 ; elle atteint le record de 57,36 %

3 - Alexis de Tocqueville, l’Ancien Régime et la Révolution [1856], livre II, chapitre 3.

4 - Source : ministère de l’Intérieur.

lors des législatives5. Les électeurs semblent ne plus croire au poids poli- tique de leur bulletin de vote, jusqu’à n’en plus faire usage.

Cette moindre attention des citoyens à la vie politique, en tout cas dans les urnes, contraint les hommes politiques à redoubler d’efforts pour les attirer de nouveau dans l’arène du débat public.

En témoigne le mode exclamatif, tra- duisant l’injonction qui est faite aux électeurs de les rejoindre, de plusieurs mouvements politiques : En marche !, Debout la République ! Hého la gauche ! C’est bien parce que les partis politiques ne sont plus entendus qu’ils doivent interpeller les électeurs de cette manière. En marche ! a néanmoins proposé un renouveau politique, en ne se plaçant pas d’emblée sur le terrain idéologique des valeurs, mais en prenant le temps d’une réflexion collective avec les citoyens.

Le mouvement de la révolution

En marche ! met, par son nom, le mouvement au centre de son propos politique. L’unité politique ne se fonde ici plus sur des principes définis et sta- bilisés (républicanisme, socialisme…), mais sur la volonté commune de dépasser les anciens clivages au profit du progrès vers de nouvelles valeurs, qui ne sont pas encore connues et qu’il

5 - Source : ministère de l’Intérieur.

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À plusieurs voix

faut atteindre « en marchant ». On peut penser qu’il s’agit là d’un véritable renouveau politique à deux égards.

En premier lieu, le mouvement est bien ce qui caractérise toute révo- lution ou tout changement politique : quitter un état de faits non satisfaisant pour aller vers du mieux. En second lieu, la politique est, notamment selon Machiavel, le domaine des fins ; l’homme politique devant disposer de différents moyens pour atteindre les objectifs voulus. En marche ! renverse justement ce paradigme en suivant un chemin qui l’emporte sur les fins qu’il ne connaît pas encore. Le mouvement paraît donc bien renouveler la poli- tique traditionnelle.

Ces principes politiques doivent être refondés par un mouvement collectif.

C’est tout l’objet de « La Grande Marche » organisée à l’été 2016 pour recueillir les opinions des Français et ainsi élaborer un diagnostic du pays.

Non seulement attachés au concept de mouvement, les Marcheurs sont aussi passés à l’acte en allant à la ren- contre des Français. Ne s’accordant pas sur des principes politiques définis, les adhérents du mouvement se sont néan- moins retrouvés sur la méthode pour établir de nouveaux principes : aller interroger leurs voisins. Tout comme la position originelle proposée par John Rawls dans sa Théorie de la Justice (1971), qui permet par ses conditions spéci- fiques (notamment le voile d’ignorance

sur les intérêts particuliers de chacun dans la société future permettant à tous de réfléchir dans l’absolu) d’aboutir à des principes de justice valables, ce sont les conditions d’élaboration des principes politiques d’En marche ! qui leur donnent leur valeur, non leur essence propre. Ce procéduralisme est ainsi l’apport principal du parti : une méthode nouvelle qui permet aux citoyens de trouver par eux-mêmes leurs principes politiques.

Un tel renouveau de la politique gagne à être interprété comme une nouvelle étape de la révolte historique que décrit Camus au chapitre III de l’Homme révolté (1951). Après les régi- cides du xviiie siècle puis les déicides du xixe, qui ont mis fin aux valeurs politiques imposées d’en haut, et sans tomber dans l’écueil du terrorisme individuel et d’État du xxe siècle, En marche ! nous fournirait-il enfin pour le xxie siècle une révolte compatible avec la démocratie dans la recherche collective des principes qui doivent fonder notre société ? L’injonction au mouvement et à la reprise en main des citoyens, les invitant à faire par eux- mêmes plutôt qu’à se conformer à des principes stables venus d’ailleurs, pourrait ainsi constituer le sursaut humaniste d’une politique trop long- temps laissée à d’autres. La fin de la transcendance serait ici non un horizon indépassable pour l’homme, mais au contraire l’occasion pour lui

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À plusieurs voix

de réinventer les règles du jeu poli- tique. Aux valeurs transcendantes succéderait ainsi une méthode pour l’élaboration collective de principes immanents et néanmoins supérieurs grâce au processus qui les aurait créés.

Pour autant, est-ce toujours le cas depuis que le mouvement est devenu parti de gouvernement ?

Lrm à l’essai

Le parti, fort de son succès aux législatives, est aujourd’hui confronté au défi de son institutionnalisation : pour durer, une révolution doit être installée et devenir la norme… soit cesser d’être une révolution ! Ou, selon Joseph Proudhon : « Il implique contradiction que le gouvernement puisse jamais être révolutionnaire et cela par la raison qu’il est gouvernement 6. » C’est tout l’enjeu de la mutation d’En marche ! en La République en marche ! – le changement de nom étant à ce titre révélateur – désormais devenu parti identifié, hiérarchisé et assurant un lien entre gouvernants et gouvernés.

Depuis « La Grande Marche », ses valeurs se sont dévoilées : libéral, pro-européen et se situant au centre sur l’échiquier politique. Il semblerait donc que le parti ait adopté la plupart des codes partisans. On ne peut pour autant le lui reprocher : qu’une

6 - Cité dans Albert Camus, l’Homme révolté, Paris, Gallimard, 1951, chapitre III : « La révolte historique », p. 137.

révolte démocratique soit obligée de se conformer aux règles externes du jeu politique, c’est la marque même de son attachement premier aux prin- cipes qui fondent la démocratie sans tomber dans les travers des révolu- tions antérieures décrites par Camus.

Le véritable défi réside en réalité dans la conservation de sa nouveauté, soit son organisation interne.

L’échelle européenne fournit à Lrm une opportunité d’étendre

et d’approfondir le renouveau politique

que le parti propose.

En marche ! avait insisté sur la souplesse interne au mouvement : un recrutement plus simple des cadres dirigeants (cooptation et consensus plutôt qu’élection) et la liberté de créer des comités locaux, qui a permis une précieuse vitalité territoriale avec pas moins de 4 500 comités7. Aujourd’hui, les critiques des parle- mentaires se font désormais entendre contre des consignes de vote trop strictes8. Ces méthodes, bien loin de

7 - Corinne Lepage, « Ce que les comités En Marche ! ont mieux compris que les autres partis pour les élections », Huffington Post, le 29 avril 2017.

8 - Vincent Kranen, « Un député Lrem conteste la “discipline de groupe” pour les textes d’oppo- sition », Lcp, le 13 février 2018.

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À plusieurs voix

l’élaboration collective et du dépas- sement des attaches partisanes qui avaient été promus tout d’abord, ali- mentent la déception de certains à cause du décalage entre l’espoir d’une refondation politique et la réalité. La victoire de Lrm aux législatives et le renouvellement historique de deux tiers des députés français, loin de signifier l’ancrage du renouveau poli- tique, apparaissent plutôt comme un cadeau empoisonné obligeant le parti à adopter des pratiques qu’il aurait autrefois récusées. Si sa formation a consacré une nouvelle manière de faire de la politique, son élection pourrait aussi en constituer l’enterrement prématuré.

L’échelle européenne fournit néanmoins à Lrm une oppor- tunité d’étendre et d’approfondir le renouveau politique que le parti propose. Les élections de 2019 consti- tuent un objectif affiché de Lrm9, ce qui nécessite de créer une nouvelle famille politique européenne avec un minimum de vingt-cinq députés européens venant de sept États membres. La formation à une échelle internationale d’un mouvement pro- gressiste constituera ainsi le baptême du feu d’un renouveau européen, et l’alimentation de la révolte En marche ! pour les prochains mois,

9 - Cécile Barbière, « Macron veut faire émerger

“En marche” au niveau européen », Euractiv, le 14 février 2018.

même si la question de l’après se pose toujours avec autant de vivacité.

Faire durer la nouveauté

Lrm doit ainsi conserver dans son organisation interne ce qui fait sa spé- cificité. La participation des députés et des adhérents aux projets de lois et à la stratégie nationale du parti apparaît pour cela essentielle. Une seconde

« Grande Marche » pourrait aussi être organisée pour actualiser le diagnostic de 2016, observer sur le terrain les effets de ces premiers mois et décider le cas échéant de nouvelles orienta- tions. Elle constituerait un « test de mi-parcours » du quinquennat, comme les élections de mi-mandat (midterms) aux États-Unis, et permettrait aussi au parti de refaire le lien avec sa base au vu des prochaines échéances électo- rales. Les municipales de 2020 attes- teront en effet de l’ancrage territorial et de l’ampleur du mouvement dans la vie locale des citoyens, avant les dépar- tementales et régionales de 2021. De même, les élections européennes de 2019 peuvent provoquer une réorga- nisation intéressante du parti qui n’est pas à négliger.

Lrm est aujourd’hui à la croisée des chemins. Si En marche ! surfait sur la vague d’impopularité de la démocratie traditionnelle et de ses partis, en pro- posant non pas un débat sur les valeurs mais une construction collective de ces dernières, son institutionnalisation

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dans Lrm pourrait aujourd’hui lui porter un coup fatal. Il est donc urgent que ses dirigeants trouvent un juste milieu entre discipline de parti et souplesse d’innovation politique, moins pour la réussite et la crédibilité de Lrm que pour l’espoir de voir cette forme de renouveau perdurer dans la vie politique française et européenne.

DÉCOURAGER L’ASILE ?

Marie-Renée Courty, Agnès Faivre et Paul Grolleau 1

Ce n’est ni Calais ni la vallée de la Roya, mais une petite commune de 15 000 habitants à vingt kilomètres au sud de Paris, Juvisy-sur-Orge. Un collectif de soutien aux demandeurs d’asile s’y est d’abord constitué, en sep- tembre 2015, après que le préfet eut réquisitionné un foyer de personnes âgées désaffecté pour y accueillir une douzaine de migrants (malheu- reusement, ils ont été rapidement transférés dans un ancien hôpital essonnien, très mal desservi par les transports publics). D’autres migrants sont arrivés, individuellement ou en petit groupe. Le collectif est devenu

1 - Association juvisienne pour l’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés (Ajar).

association. Depuis plus de deux ans, nous découvrons, en l’accompagnant, le parcours éprouvant et risqué du demandeur d’asile. Voici quelques constats.

Le demandeur d’asile est plongé pendant de longs mois dans un labyrinthe de procédures et un dédale administratif où il risque de se perdre, les explications et documents donnés par les services de l’État étant tout à fait insuffisants. On a parfois l’impression que l’administration suppose que les demandeurs d’asile connaissent le Code d’entrée et du séjour des étrangers et demandeurs d’asile (Ceseda) !

La législation est d’une telle complexité, les exigences d’une pré- fecture à l’autre, parfois d’un agent à l’autre dans la même préfecture, si dif- férentes, le vocabulaire si spécialisé, les incompréhensions dues à la langue si fréquentes, qu’il y a toujours le risque d’être en faute (document manquant, délai non respecté, etc.). L’accompa- gnement au plus près des demandeurs d’asile dans leurs démarches adminis- tratives, par des associations ou des particuliers (comme il en existe heu- reusement de plus en plus), est une absolue nécessité. Cet appui devrait être officiellement étendu, soutenu et encouragé. Cette solidarité n’est pas un délit !

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À plusieurs voix

Quand l’administration prend son temps, le demandeur d’asile doit

prendre patience.

Le demandeur d’asile vit un rapport au temps contradictoire : faire tout vite et à l’heure fixée, mais… savoir attendre. La demande d’asile est en effet un parcours marqué par des étapes obéissant à un calendrier, ponctué de rendez-vous à ne surtout pas manquer. Ces délais déjà serrés pourraient l’être encore davantage par la loi, actuellement en discussion,

« Asile et immigration ». Bientôt quinze jours (plutôt qu’un mois) pour saisir la Cour nationale du droit d’asile (Cnda) en cas de rejet de la demande d’asile, trouver un avocat et rédiger sa défense ? De cette pression sur le temps, anxiogène et stressante, l’admi- nistration, elle, s’exonère trop souvent.

À titre d’exemple, les interminables files d’attente aux portes des pré- fectures pour engager une demande d’asile – celles de la préfecture de l’Essonne ont longtemps fait la une de la presse locale – ont été trans- férées aux portes des Plates-formes d’accueil pour les demandeurs d’asile (Pada), tenues par des associations qui ont certes « remporté le marché », mais ne mettent pas toujours, faute de les avoir, les effectifs et les compétences nécessaires.

Pour obtenir un premier rendez-vous dans l’après-midi, il faut se lever tôt, parfois passer la nuit, ou revenir plu- sieurs fois… Et puis patienter dans des files d’attente différentes que la signalétique monolingue ne permet pas d’identifier clairement. L’accueil au « guichet unique » de la préfecture, qui devrait avoir lieu au plus tard dans les trois jours, prend souvent plus de dix jours. Les aides auxquelles le candidat à l’asile qui ne peut pas travailler a droit (allocation pour demandeur d’asile [Ada], carte Vitale, carte Navigo, etc.) tardent et sont parfois suspendues sans explication. La préfète de l’Essonne tarde souvent à exécuter les injonctions du Tribunal adminis- tratif, qui a annulé un arrêté signé de sa main. Quand l’administration prend son temps, le demandeur d’asile doit prendre patience. Comment s’étonner alors qu’un migrant, exaspéré par tant de négligences, « pète les plombs » et, dans un mouvement de colère, explose une porte ? La patience des accompagnateurs bénévoles est elle aussi soumise à rude épreuve.

Les « dublinés »

ou l’hypocrisie sans nom

Avec beaucoup d’autres, nous consi- dérons le règlement de Dublin III comme une hypocrisie sans nom et une véritable ineptie. Le candidat Emmanuel Macron lui-même déclarait, lors de sa campagne électorale, qu’il

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fallait « rouvrir Dublin ». Il le faut tou- jours… Ce règlement prévoit que la demande d’asile est examinée par le pays de première entrée dans l’espace Schengen, où les empreintes du demandeur ont été relevées. Si, une fois entré dans l’espace Schengen par l’Espagne, vous demandez l’asile en France et qu’après consultation du système informatique Eurodac, la préfecture française identifie vos empreintes en Espagne, vous y serez renvoyé si l’État espagnol, interrogé, ne répond pas dans les quinze jours ou les deux mois, selon le cas – qui ne dit mot consent ! Les préfectures fran- çaises aux ordres, et notamment celle de l’Essonne, « dublinent » à tour de bras et de plus en plus, n’utilisant qua- siment jamais la « clause humanitaire », qui permet à un État qui n’est pas tenu aux termes du règlement de Dublin, d’examiner une demande d’asile, de décider de la traiter malgré tout pour des raisons spécifiques à tel ou tel migrant.

En 2017, 38 % des demandes d’asile ont suivi la procédure Dublin. Au sein de notre association, nous avons accompagné deux « dublinés » dont l’aventure illustre l’absurdité du système. Une jeune femme turque kurde a été initialement renvoyée vers la Bulgarie, dont on connaît le trai- tement qu’elle réserve aux demandeurs d’asile et les liens qu’elle entretient avec la Turquie, où Recep Erdoğan a

encore aggravé la répression contre la population kurde ! Fort heureu- sement, le Tribunal administratif a cassé l’arrêté préfectoral. Moins chanceux, un jeune Ivoirien, entré par l’Italie via le Mali, le Niger, l’Algérie, la Libye et la Méditerranée, a été ré expédié par avion en Italie, alors même que l’Italie, abandonnée par ses partenaires européens, croule sous les demandes et que ce jeune parfai- tement francophone jouissait d’atouts évidents pour s’intégrer en France s’il y obtenait l’asile !

Les pouvoirs publics : quelle solidarité ?

Rien ne peut se faire sans soli- darité, mais tout se passerait mieux avec l’appui des pouvoirs publics.

Aujourd’hui, l’association compte quelque soixante-dix adhérents. La soli- darité financière n’a jamais fait défaut jusqu’à ce jour, tout spécialement quand il a fallu de l’argent pour louer plusieurs mois un appartement afin d’héberger une famille syrienne. Huit familles ont accueilli des demandeurs d’asile pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Cette cohabitation, parfois difficile, est un moment pri- vilégié de découverte réciproque, une plongée dans la « vie à la française » utile pour une intégration future, une occasion naturelle d’apprendre le français, que complètent les interven- tions de bénévoles qui donnent des

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cours de français langue étrangères (FLe). L’implication complémen- taire de professionnels divers suscite l’admiration : enseignants, travail- leurs sociaux, avocats, traducteurs…

donnent de leur temps et apportent leur expertise. Un tel soutien permet de supporter les attaques racistes, rares mais réelles.

Ce type d’initiatives associatives et, tout spécialement, l’accueil dans les familles devraient être officiellement encouragés et soutenus par les pou- voirs publics, à l’instar de ce qui se pratique dans de nombreuses villes de France. Comme y appelaient, fin 2016, des maires de la métropole du Grand Paris : « Mobilisons-nous pour accueillir les migrants ! » Pourtant, à Juvisy, il n’existe pas de soutien effectif de la munici- palité. Malgré l’adoption par le conseil municipal d’une motion de timide soutien, l’adresse en mairie de notre siège social et le prêt gratuit de salles de réunion dont bénéficie n’importe quelle association, la municipalité n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour notre action : aucune aide finan- cière, aucun appui dans la recherche de locaux d’hébergement, aucune infor- mation dans la presse municipale…

Dans la ville voisine d’Athis-Mons, malgré des mois de mobilisation (manifestations, pétitions, courriers aux autorités scolaires et préfectorales, interventions du sous-préfet et des ser- vices du Défenseur des droits, etc.), des

dizaines d’enfants de migrants, pour la plupart syriens, ne sont toujours pas scolarisés comme l’exige la loi. La peur de l’opinion des électeurs est sans doute la cause majeure de ce silence assourdissant et de cette abstention officielle, dans notre ville comme dans d’autres villes de France, voire au gouvernement. Mais que ne fait-on pas dire à l’opinion quand on ne prend pas les moyens de l’éclairer ?

Cette expérience de plus de deux ans nous rend naturellement attentifs aux débats qui entourent l’avant-projet de loi à l’intitulé si convenable, « Pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif ». Porté par le ministre de l’Intérieur, ancien du Parti socialiste (Ps), ce texte est considéré comme inutile par le Conseil d’État, qui note que des articles des récentes lois de 2015 et de 2016 ne sont toujours pas appliqués. De son côté, le Défenseur des droits, ancien de l’Union pour un mouvement populaire (UmP), exprime sans ménagement son hos- tilité et considère qu’il « maltraite en fait le demandeur d’asile ». Des personnels de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et de la Cnda se mettent en grève.

Des avocats spécialistes du droit des étrangers manifestent. Des membres de la majorité présidentielle se font entendre.

La préoccupation sécuritaire semble malheureusement l’emporter et

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