Cet article
fait partie
du dossier
"Réforme
dela PAC : simulations et
analyses " publié par
INRA Sciences sociales
F. COLSON, V.
CHATELLIER,
D. DESARMENIEN INRA - ESR, Nantes
Revenus et systèmes
de production
Les exploitations bovines
des Pays de la Loire
Première région française productrice de viande bovine, les Pays de la
Loire
secaractérisent par
unegrande diversité des systèmes de production.
Les simulations des conséquences de la réforme de la PAC
surle
revenudes producteurs de viande bovine ont été réalisées pour 400 exploitations
de l’échantillon RICA représentatives des 44 000 exploitations productrices
de viande bovine dans la région, réparties
ensept systèmes techniques.
Une évolution moyenne
favorable
L’application
de la réforme du 21 mai 1992 laisseprévoir,
parrapport
à une situation de référence (1991) unelégère augmentation
durevenu (11 %). Cette évolution moyenne, fai- sant suite à une très forte
dégradation
de1989 à 1991 (-27
%),
nepermet cependant
pasaux éleveurs de retrouver -à structure et à
productivité
constantes- les revenus de 1989 (tableau 1). Cette évolution favorable s’obser-ve pour six des
sept systèmes techniques
étu-diés. Seul le
système
"taurillon" connaît unenouvelle baisse de ses revenus (- 15 %) sur la
période,
ces derniers se situant en 1996 autiers de leur valeur de 1989.
Les
conséquences
de la réforme se révèlentbeaucoup plus
favorables que lespropositions
initiales de la Commission
présentées
par MacSharry
en 1991. Laprime
au maïs ensila-ge, l’écrêtement des aides bovines pour les forts
chargements
(au lieu del’exclusion),
lafaible baisse du
prix
du lait et lasuppression
du
projet
deprime
vachelaitière,
sont troisdécisions
importantes
du Conseil de laCEE, qui avantagent globalement
lesélevages intensifs,
notammentlaitiers,
de l’Ouest de la France.La part croissante des aides
dans le revenu
L’évolution moyenne favorable du revenu
s’explique
par la très forteaugmentation
desaides attribuées en
compensation
des baisses deprix
des céréales et des viandes(figure
1).En
passant
en moyenne de 12 800 F parexploitation
bovine en 1989 à 58 400 Faprès réforme,
les aides voient leurpart
s’accroître de 2 à 12 % duproduit
brut et de 13 à 72 % durevenu.
L’augmentation
des aides directes est déterminante pour lapérennité
desexploita-
tions
spécialisées
en viande bovine. Ces com-pléments
deprix représentent
eneffet, après réforme,
environ 50 % de l’EBE etplus
de150 % du revenu moyen des
exploitations
&dquo;naisseur&dquo;, &dquo;naisseur-engraisseur&dquo;
et &dquo;tau- rillon&dquo;.L’augmentation
des aides aux animaux deviande (vaches allaitantes et bovins mâles) n’est pas suffisante pour compenser la totalité de la
perte
deproduit
induite par la baisse duprix
de la viande bovineprévue
par la réforme (- 15%).
Enrevanche,
ce manque à gagner est,en moyenne,
largement rééquilibré
par laprime
au maïsensilage
et celle aux céréalesintra-consommées par les herbivores
(respecti-
vement 19 100 F et 4 100 F en moyenne par
exploitation).
La faible contrainte du gel
La très
grande majorité
des éleveurs de larégion
a intérêt à déclarer le maïsensilage
dans la sole céréalière afin de bénéficier de la
prime
au maïs (environ 2 000 F/ha). Deplus,
la faible surface moyenne de la sole de référen-
ce
(20,4 ha,
ycompris
maïsensilage)
necontraint
qu’un
éleveur sur deux àgeler
dessurfaces en céréales. Selon nos
hypothèses,
donnant
priorité
à l’alimentationautoproduite
sur
l’exploitation,
les surfacesgelées
concerne-ront pour l’essentiel des
céréales, oléagineux
etprotéagineux
de vente (80 à 90 000ha).
Des situations contrastées
Favorables pour trois
exploitations
surquatre,
la réforme laisseprésager
des évolu-tions de revenu
divergentes
danschaque systè-
me
technique.
Elles sontplutôt
défavorables pour lesexploitations
fortementspécialisées
en viande bovine avec des
chargements
élevésMéthodologie
Les simulations s’effectuent pour
chaque exploitation,
à structure et àproductivité
constante. Elles
portent
sur les revenus de 1991 etde 1996
avec et sans aidecompen-
satoire. ‘
Les
hypothèses
de la réformes’appuient
surdes références de
rendements régionaux
etne
prennent
pas encompte
les mesuresd’accompagnement
dejuillet
1992. Le maïsensilage
est affecté en totalité à la surfaceen céréales.
L’étude des
stratégies d’adoption
a étéconduite
àpartir
desimulations ,sur
desexploitations du
réseauEBD (Eleveur
Bovin
Demain)
sans et avecagrandisse-
ment de surface.
et, de
façon
atténuée pour lesélevages
&dquo;lai- tiers&dquo; et lesélevages
&dquo;mixtes&dquo; assurant la nourriture des animaux àpartir
de l’herbe. Enrevanche,
la réforme conforte lesexploitations
des
systèmes
laitiersspécialisés,
utilisant du maïsensilage,
et celles dessystèmes
allaitantsau
chargement
pastrop
élevé (moins de 2 UGBet
plus particulièrement
moins de1,4
UGB parhectare de
SFP),
notamment cellesqui
ont réa-lisé une diversification vers les cultures de ventes ou vers
l’élevage
hors-sol(figure
2).Les calculs
prévisionnels
de simulation des effets de la réforme de la PACapportent
peu de modification à la hiérarchie des revenusentre éleveurs. La dimension
économique
del’exploitation
et laproductivité
des facteurs deproduction
restent des déterminants essentiels des revenusagricoles
lesplus
élevés.Des stratégies d’adaptation à
mettre
enœuvre_________
L’analyse
des marges de manoeuvre offertesà des
exploitations type
de larégion
montrel’intérêt d’une étude
individuelle,
pourchaque
éleveur. Les
stratégies d’adaptation
à mettreen ceuvre
dépendent
non seulement des seuils de surface pour legel obligatoire
et decharge-
ment pour l’attribution des aides
bovines,
maisaussi du
potentiel agronomique
des sols etbien sûr des
projets
dechaque agriculteur (figure
3).La réforme incite fortement les éleveurs de bovins viande les
plus
intensifs àaugmenter
leurs surfaces
fourragères
pour diminuer leurchargement
et accroître ainsi leurs aides bovines. L’intérêt d’unagrandissement
est par contre très limité (en terme deprimes)
pour les éleveurs laitiersintensifs,
très nombreux dans l’Ouest de la France.Pour en
saooir plus
Colson F., Desarmenien D., L’avenir des
exploitations productrices de viande bovine des Pays
de la Loire, INRA Nantes, 1991, 33p.
Colson F. et al., Les exploitations bovines de la région
des Pays de la Loire face à la réforme de la
Politique
Agricole Commune, Rapport de synthèse, 1992,Ministère de l’Agriculture, INRA, 28 p.