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DE IVMt A. D.LLLtLLU
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Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from University of Ottawa
http://www.archive.org/details/nmesarlessaintOOpeyr
LES VILLES D'ART CELEBRES
NÎMES, ARLES,
Orange, Saint-Rémy
MÊME COLLECTION
Avignon
et le Comtat-Venaissin, parAndréHallays, 127 gravures.
Bâle. Berne et Genève, par Antoine Sainte-Marie Perrin, 115 gravures.
Blois,
Chambord
et les Cliâteaux du Blésois, parFernanJ Bournon,nu
grav.Bologne,par Pierrede Bhuchaud, 124gra- vures.
Bordeaux, parCli.Saunier. lo'igravures.
Bruges et Ypres, par Henri Hymans, 116gravures.
CaenetBayeux,parII.Prentout,in.|grav.
Carthage.Timgad,Tébessa,et les villes antiques de l'Afrique du Nord, par René Cagnat. derinsiitut, 1
m
grav.Cologne, par Louis Kéau, 127 gravures.
Constantinople, par H. Barth, 103 grav.
CordoueetGrenade,par Ch.-E. Schmidt, g; gravures.
Dijonet Beaune, par A. Kleinclausz,
119 gravures.
Florence,par EmileGebhart, de l'Acadé- mie française, 176 gravures.
Fontainebleau, par Louis Dimier. 109gra- vures.
Gand
et Tournai, par Henri Hy.vians, 120gravures.Gènes, parJean de Foville, 130 gravures.
Grenoble et 'Vienne, par Marcel Rey- MOND, 118gravures.
Le
Caire,parGastonMiGEON, 133gravures.Milan,parPierreGauthiez, 109gravures.
Moscou, par Louis Léger, de l'Institut, 86 gravures.
Munich, parJean Chantavoine, 134 grav.
Nancy, par André Hallays, iiS gravures.
Nimes,Arles, Orange,parRoger Peyre.
85 gravures.
Nuremberg, par P.-J. Rée, 106gravures.
OxfordetCambridge,parJosephAy.wrd, Q2 gravures.
Padoue
et "Vérone, par Roger Peyre, 128gravures.Palerme et Syracuse, parCharlesDiehl, 129 gravures.
Paris, parGeorges Riat, 151 gravures.
Poitiers et
Angoulème,
par H. Labbé DE LAMauvixière. II3 gravures.
Pompéi
(Histoire—
Vieprivée),parHenry TnEDENAT, del'Institut, 123 gravures.Pompéi
(Vie publique'!, par HenryThéde- NAT, del'Institut, 77 gravures.Prague, par Louis Léger, de l'Institut,
111gravures.
Ravenne, par CharlesDiehl, 134gravures.
Rome
(L'Antiquité), par Emile Bertaux, 136 gravures.Rome
(Des catacombesàJulesII),parEmile Bertaux, 117 gravures.Rome
(DeJules II à nos jours), par Emile Bertaux, 100 gravures.Rouen, par CamilleEnlart, 108gravures.
Séville, par Ch.-Eug. Schmidt,
m
grav.Strasbourg, par Henri Welschinger, de l'Institut, 117 gravures.
Tours et les Châteaux de Touraine,
par Paul Vitry, 107 gravures,
Tunis et Kairouan, par Henri Saladin, 110 gravures.
'Venise, par PierreGusman, 130gravures.
'Versailles,parAndréPératé,i49gravures.
EN PRÉPARATION
:Thèbes auxcent portes,Louxor.Kar- nak,
Ramesseum,
Medinet-Habou,parGeorge Foucart.
Athènes, par Gustave Fougères.
Toulouse, par Henri Graillot.
^f/- Les Villes d'Art célèbres
NIMES, ARLES,
Orange, Saint-Rémy
ROGER PEYRE
agre'jE dk I.i's:vers:te
NOUVELLE EDITION
Ouvrage orné de 90 gravures
0. M.
I.L^
J
PARIS
LIBRAIRIE RHNOUAKD, H. LAURENS, ÉDITEUR
. Ku!: uK rouknon, 6
II)1o
Tuuft ilrultttietniduclioii cldoiv|ir<jilurliunn?servca|iuurloui[•tiji.
E L EGANTIs sIM(1 ET SA GA CIS SrMO RER U M ROMANAK UM SCRIFTORI
G. BOISSIER
XEMAusENsI
H
ANC ADUMBR ATIOXEM
RUMAN.F, PKOVIXCIyE UT VIRI) QUIUXUS
EEFIGIEM IPSAMSIISI
JURE
ET MKRIÏll EXPRIMEX DAM REPETERE POTUITREVERE
XTI.E ERG U D. D. D.ûtictar
K.
PEYRE
NI?
s
1110
AVANT-PROPOS
Cinq groupes
artistiques, sans parler de Paris, mettent laFrance au premier rang dans
l'histoire de larchitecture : lesmonuments romains du
bassindu Rhône
; les églisesromanes du
Centre ; leséglises gothiquesde
la Seine etdu Nord;
les châteaux renaissance de la Loire; les«
pompeuses
merveilles » de Versailles. Il était naturelque
la collection des Villes d'art s'occupât d'aborddu
plus ancien de cesgroupes.Nous
n'avons pas à présenter ici des considérations générales sur ces édifices antiquesque chacun
connaîtau moins
de réputation: ces consi- dérations trouveront, d'ailleurs, leur place en divers endroitsdu volume.
Mais nous devons
remercierceux
quinous
ontpermis
de rendre ce livre idus dignedu
sujet, plus digne de l'illustre et savant écrivain qui en aaccepté la dédicace.
A Nîmes,
ÏM. iMaruéjol a bienvoulu nous accompagner dans
la visitedu Musée
lapidaire, en mettant à notre service sacompétence
d'anti- quaire et sa connaissance parfaite de la collection dont il est le conser- vateur.M. Simon
a facilité lemieux du
monik- nos éludes ilans la V)ibliothcque munici]5ale.A Saint-Kémy, M.
Marrelnous
a servi de guidedans
notre exi^loration à travers la ville et ses en\irons, ajipelant notre attention sur des points (|uinous
auraientéchappé
lùifin.dans
la description d'Arles,M.
Lacaze-Dulhiers, j)rofesseur d'histoire au collège de la \ille, a été i)ournous un
vi'-rilalili' cDllaborateur II \- a l'eu de l)ages ck^ celle partiedu volume
(|ui ne lui iloiventquelque
intlication utile.Nous
regrettons seulemeiii ipic le cadre de cetouvrage
nenous
aitpas ])ermis de protiler
davantage
de son érudition liiujnurs jjrcte etde son infatigal)lc dhligeanct'.NovcmljiL' i9i>2.
I
2
AVANT-PROPOS
Une
seconde éditionnous
permet, plus tôtque nous
ne lespérions, d'apporter à cevolume un
certainnombre
de corrections et de tenircompte
de découvertes faites encore toutrécemment
surun
sol quine
cesse de fournir desdocuments
à l'archéologie, à l'art et à l'histoire.M. Véran,
architecte desmonuments
historiquespour
la ville d'Arles,nous
a trèsaimablement
dirigé à travers les chantiers des fouilles qu'il poursuit avec sa science et sa conscienceaccoutumées.
Qu'il reçoive icil'expression de notre gratitude.
Nous devons
renouveler aussi nos remer- ciementsàM.
Lacaze-Duthiers, dontle zèle amical n'a cessé de mettre à notre disposition, avecune
générosité parfaite, saprofonde
connaissance des antiquités arlésiennes.Novembre 1904.
Dans
cette troisième édition,nous avons dû
modifier encore sur plus d'un ])oint notrevolume
Car. sans parler des correctionsqu'amène
natu- rellement la révision d'un texte, la recrudescence d'intérêt quisemble
depuisquelques années
s'attacheraux
antiquitésromaines du Sud-
Est de la France, aussi bien auprèsdu
public qu'auprès des savants, aprovoqué
des fouilles et des publications dont il fallait tenir compte. Il amême
été question d'établir, à Arles,une
sorte d'institut archéologique qui compléterait sur notre sol nos écoles françaisesdu
PalaisFarnèse
etde
la Villa iMédicis.Le
projet n'a pas abouti ;mais
ilmontre
qu'on apprécie aujourd'hui à sa valeur ce qu'a produit l'union féconde de laGaule
et deRome. Aussi
bien, sinous
l'oubliions, les travaux deM.
Ferreironous montrent
c[ue les étrangers seraient làpour nous
le rappeler.Septembre 1909.
l'Iiolo Ur-rali
Nimes.
—
Esplanade, Arènes, Fontaine JePradier, Palais de Justice.NIMES
Un
illustre gc'oloijuc; siynalail, vers ledébut du
dernier siècle, le caractèreéminemment
socialou
sociabledu
sol français qui, graduelle- ment, en se ra]i]ir()rhantde la iroiitière,semble
amioiiccr le ])a\snouveau auquel
il va se joindre.La
remar(|iie <ri'.lie de lieaumoiit est vraie aussi de ceque
le travail del'homme
a ajouté à la natureQuelle
admirable
préfaceà l'Italit;antique(|ue nos nionuineiUsromains
de la réjfion du Klicnie! .\otis ne croyons pas ((tic. Kdiiie exceptée,l'Italieelle-même
]>n''scnte un enscinblc jiarcil a (cltii (|uenous
offrent Xiiucs.Arles,
Orange, Saint-Rémy.
sans parler de \ieiinc. l-Véjus, Rie/., \aison et d'autres régionsmoins
((•lèbres oi'i revivent encore,dans
de ])récieuses ruines, la puissanc-e et la gloire du ijctiple ioiupiérant et civilisateur.\^^'M.
,,y
4
NIMES
Alexandre Dumas
a dit avec raison,dans
ses Iinprcssioiis devoyage:
«Le
Midi ^de laFrance) est déjà si beau, sigrand
et siromain que Rome
parait
moins grande
etmoins
belle à qui avu
le .Midi. »Aucun temple gréco-romain ne
l'emporte sur laMaison
Carrée; les arènes d'Arlesou
deXîmes
sontmieux
conservéesque
le Colisée.Quant au Pont du
Gard, c'estune œuvre unique au monde.
Si
nous
ajoutons (et lePont du Gard
leprouve
particulièrement>que
cesmerveillesmonumentales nous
apparaissent sousun
ciel éclatant,au
milieu d'une nature pittoresque, variée, jamais banale,nous
pourrons affirmerque peu
depays
méritent plus d'être explorés,qu
ils'agissed
artou
de pa3-sages,que
notre Provence.On
pourrait, il est vrai, en dire autant de laFrance
tout entière. 8'agit-ilmême
des seulsmcjnuments romains
? des vestiges s'en retrouvent partout sur notre .sol, des Aljjesaux
Pyrénées, de la Méditerranée à l'Atlantique.Ce
qui subsiste de ces édifices atteste,mieux que
tout autredocument,
ceque
fut la prospérité de laGaule
sousIFmpire.
et ilsnous en donnent une grande
idée.« N'oublions pas. dit 31. G. Boissier, cju'en général ils ont été construits
aux
frais des villes qui les possèdent, sans c^ue l'Etat ait participé à ladépense
: ce quiprouve combien
la fortune desmunicipes
était alors considérable Jamais, je crois, ce pays-ci n'a été plus riche, nimieux
administré. »Mais, nulle part la vérité de cette appréciation n'est plus sensible C[ue dans la région
du
basRhône,
et il ne faut pas s'en étonner. Elle fut la partie de laGaule
la plusanciennement
conquise<Aqiur
Srxf/cV. Aix, était fondée en 122 av. J.-C.) et elle s'assimila la civilisation des vain-queurs
avecune
rapiditévraiment
extraordinaire, jjuisque dès letemps
d'Auguste, des Gaulois d'originecomptaient parmi
les écrivains latins les plus estimés '.Encore
de notre temps,malgré
tout ce C[ui est resté debout,malgré
tout ce t|ui a été découvertou
détruit,malgré
les colonnes et les pierres taillées qui ont été transportéesau
loin', il n'est pas d'annéesoù
l'onne
rencontre,dans
ce sol si fouillé, des mosa'iques, des sculpt resou
des débris d'anciens édifices. Aussi,ne
saurait-on trop féliciter la munici-* Dominitius Afer, le maitredeQuintilien, étaitnéàXimesen16 a-^ant J.-C.
—
Xiraes avant reçu sous Auguste unecolonie, prit lenom
deColoniii AugiistaNemciusiis.Toutesles colonies romaines devaient se rattacher à une des anciennes tribus de la ville de Rome. Nîmescomptait dansla tribu Voltinia.
-
Comme
cela eut lieuau début duix'= siècle lorsde la construction du monastèrede Saint-Guilhemdu-Désertdans les gorges de l'Hérault.6
NIMES
palité de
Nîmes
d"a\oir pris soin, parune
clausedu
traité passé avec les entrepreneurs des nouv^elles rues, de réserver à la ville la propriété de tous les objets d'artou
d'intérêt historique trouvéspendant
les travaux.Peu
de cités se présententau voyageur
sousun
aspect plus grandioseque Nîmes
lorsque,du
hautdu
viaducoù
arrivent les trains,on
aperçoit sesvastesavenues
bienombragées,
encadrées de constructions régulières,><-- -ws.
•r
)ililiAiiiirri^
riioluIjâl'iilLeiut.
Arènes. \'ue surle grand axe.
et, à l'horizon, les collines
aux
lignes nobles sur lesquelles se dresse la silhouetteénigmatique
de laTour Magne.
Ilsemble que Daudet
aitpensé
à cet aspect deNîmes,
lorsque parlantdans
son Niiina Roiiinestan de la ville d'Aps,nom
choisi par luipour
détourner les apiilications trop précises, ilnous
lamontre groupant
sesmonuments au
pied de la vieille tour des Antonins,comme un
troupeau debœufs
segroupe
en j)leinecampagne
autourdu
plus vieux taureaupour
faire tèteau
vent '' Apsn'estpas un
nom
inventé; c'est une petite ville de l'Ardèche. C'estmême
une anciennevilleromaine,AlhaAiigiista,capitale desHelvii;maisellenecontient plus que des vestiges antiques peu importants.^. ' '
^ ^ ^
NIMES
7Un magnifique boulevard
conduit de lagare à l'Esplanade,où
s'élève la fontainemonumentale
de Pradier.Nous y
reviendrons.Mais on
a hâte d'arriveraux monuments
romains,etbientôtapparaîtlacourbe des Arènes.De
tous les amphithéâtres romains, c'est celui ciui a lemoins
souffertdu temps
et deshommes.
C'est aussi l'un des plus vastes: il pouvait contenir près de 23.000 spectateurs. Cela suffit à attester quel était alors l'état florissantde la ville.Strabon,qui
vivait autemps
d'Auguste, notis ditc[ue.H
Arènes. Vuesurle petitaxe.
si elle était inférieure à
Narbonne pour
l'importancecommerciale
et lemouvement
des étrangers, elle rem])orlaitau
point devue
politique etpar la haute société qui s'y trouvait. Elle
commandait
à ([uatre-vingl- ciuatrebourgs
(|ui lui pavaient tribut \'illr de noblesse et degrande
bourgeoisie,Ximes
jouissait (ki droit hilin. et ceux île ses lialiilaiils qui avaient exercé les magistratures municipales importantes obtenaient le droitde citéromaine
et devenaient des personnages. -SiXimes
était déjàune
cité brillanteau début de
l'ère chrétienne, sa prospérité et son éclat ne |)ou\;iiciU iiiiiiKincr de graïKbr au siècle suixant. autemps
des .\nto-nins. lors(|uc se di'\-clop]iail p.irtoul hi \ii' prn\iiiciale ; d aul.inl j)lus
que
8
NIMES
l'empereurqui a
donné
sonnom
à la dynastie était, par sa famille, origi- naire deXimes.
Aussi est-iljuste d'attribueraux Antonins
la construction des Arènes, et lestyle de l'architecture, qui indique lapremière
moitiédu
Il'siècleaprèsJ.-C confirmecette attribution. Ces arènesont subi biendes vicissitudes.Les
Wisigoths, maîtresdu pays
1472),y
construisirentune
for- teresse.Elleservitdepuisaux
Sarrasins.Aussi, Charles-Martel, aprèslesen
avoir expulsés,y
mit-il le feu;mais
lesgrandes masses
de lamaçonnerie
FiJOtciBernlieim.
Arènes. Intérieur.
furent à peine atteintes.
La
citadelle fut réparée par lescomtes
deNîmes,
et ily
eut,pour
la garder, des « chevaliers des arènes ».Durant
le
moyen
âge, toutun
quartier de la ville,une
sorte debourg
distinct s'y était constitué.Une
population dedeux
milleâmes
s'était logée, soit directementdans
les galeries et sous les arcades, élevant desmurs
de séparation etbouchant une
partie des ouvertures avec les débris des pierres voisines, soitdans
de véritablesmaisons appuyées
surles gradinscomme
sur des terrassesdécoupées au
flanc d'une colline. L'églisede la paroisse, Saint-Martin-des-Arènes. avaitétéaménagée dans une
partiede la galeriedu
])remier étageoù
sonemplacement
est encore signalé parN
IM
ESdes cloisons
fermant deux
de ses arcades et percées de fenêtresromanes.
C'est avec raison que,
malgré
tous les efforts qui ont été faitspour
rendreaux
arènes leur aspect romain, laC(.Hnmission desMonuments
historiques a réservé ce souvenirdu
XI" siècle.L'amphithéâtre de
Ximes
a.comme
tous lesamphithéâtres con- nus, laforme
ellip- tique.Le grand
axe.orienté
du
nord-ouestau
sud-est, a 133"',3^.le petit axe 104",40:
le périmètre 364"\82 L'extérieur, haut de
21"',II, est divisé en
deux
étages,composés chacun
de 60 arcades.Les
arcades de l'étage inférieur sontséparées par des pilastres tos- cans de o^.ôo de face, celles de l'étage supé- rieur ])ar des colonnesdoriques engagées.
L'attique
du sommet
porte 120consolessail- lantes percéesde trous ronds où s'engageaient les
mâts
destinés à por- ter levclariu m
;ellt'ssont placées à égale
dislance, deux
]iardeux.
Le grand
diamètre intérieur de l'arèneproprement
ditemesure
69'",14, le petit 3<S"',34.
On
])eut s'étonnerque nous ne
trouvionsque
desnombres
fractionnaires. Cela tient à notresystème
demensuration
: car tous CCS chiffres corres])on(hMil à un nnmlirc exact de jjiedsromains, saut le périmètre (1.230 jncds romains. 10 jiouces).Lorsque, à partir de iSoii, on a d(''l)la\é ]'inl(''ricur de l'éditice.
on
a Ariiies. Galeriedu rez-Je-cliaussée.10
NIMES
reconnu que
les constructions parasites n'avaient pas fait tout lemal
qu'on auraitpu
craindre.On
a retrouvé, pargrandes
parties et jusquedans
ledétail, tousles éléments quicomposaient un amphithéâtre
antique.D'abord, autour de l'arène, lepodiiiin. plate-forme assez élevéeentourée d'un
mur pour
mettre les spectateurs des premiers rangs à l'abri des risques descombats
de bètes férocesou du coup mal
dirigé d'un gladia- teur.Le mur du
poc/i/iindeXîmes
avait 2'".40de haut: il était uni et lissepour que
l'ongle desanimaux,
qui voudraienten
tenterl'escalade, ne pût qu'y glisser'.Au-dessus du podium
sedéveloppaienttrente-quatrerangs de
gradins divisés en quatre zones.La première
zone, appelée aussi podùiiii entre lemur fermant
l'arène etun
autremur
de i"\66cle hauti,ne
comprenait, quoiqu'elle fut de plus petit ra\on,que
cj^uatre gradins.« Elle était, dit
^L
1Ii])p Bazin,diviséeenun
certainnombre
de logespar des cloisonsdont on
voit encore les points d'attache,hepodl/nii compre-
nait les places d'honneur.
A Nîmes, non seulement
les magistrats et les principaux sénateursy
avaient leurs sièges réservés,mais
aussi les corporations importantes de la citéou
des régions voisines dontlesnoms
étaient inscrits sur la
moulure couronnant
cettepremière
enceinte. »Des
fragments decettemoulure
ont été conservés.On
lit sur l'und'entreeux
:X. RHOL).
ET
AK.\K.XL DDDX.
c'est-à-dire :
Aux
Xtiiitcsdu Rhône
etde
la Sûôjie ^oplaces données par
décret des décurioiis de Nhiies.Une
autreinscription,nous apprend qu'un honneur analogue
(25 places'' avait été accordéaux Xautes de
l'Ouvèze et de i'Ardèche.Xous doutons
c^u'au'ourd'hui la navigationde
cesdeux
cours d'eaufiâtassez activepour que
sesbateliers puissentformer une
corporation etune
corporation digne d'untel honneur.Au-dessus du polium
viennent trois étages de gradins et de balcons [mœniana'. dontleplus élevé était destiné
au
bas peuple etaux
esclaves.A Ximes,
les places n'étaient pas, à cequ'il semble,numérotées comme
àPompéi mais marquées
pardeux
traitsgravés surla pierre.Ces
détails, sicurieux qu'ils soient, frappent plus l'espritque
les 3'eux.Mais
leregardaime
à seperdre sous ces hautes galeries voûtéesdu
rez-de-chaussée dont les travées tournantessemblent
fuirdevant vous
etvous
entraînerdans un mouve- ment
sansfin:—
sous les galeries plus bassesmais
plus belles encoredu
^ Peut-être cependant,
comme
quelques-uns l'ont soutenu, n'yeut-ilpas de combats de bêtesférocesà Nimes;l'on se seraitcontenté d'y donner, outre des combatsde gla- diateurs,des chasses au cerfet au sanglier.Ceuxquidéfendent cette opinionsefondent surle peu de hauteur du mur dupodium.NIMES
11deuxième
étage couvertes parun
plafond de pierresénormes
qui d'un seul bloc, à la façon pharaonique, enmesurent
toute la largeur;— dans
cesescaliers multiples,
dans
ces vingt-quatre vomitoires qui permettaient, en cas d'accidentou
d'orage, d'évacuer la fouleen
quelc^ues minutes.Si
on
voulait étudiercomplètement
le plan, la technique, lesystème
d'ornementation decetteconstructionimmense, un volume
nesuffiraitpas, etaussi bien aurions-nous à répéter ce qui a été dit tant de foisau
sujetArènes. Galerie du premierétage.
du
Colisée.Mais nous
nepouvons nous
di>.penserd'appelerl'attention surle talent et l'ingéniosité avec laquelle l'architecte aménagé
les corridorsd'accès,et sursa pré(iccui)aticin de rendre rentr{''c cl lasortie
commodes
et rai)iiles « 11 n'est ])as ])()ssible, ditavec raison .M llipp. Bazin, tl'atleindreun
plushaut degré de i>erfection. Les spectateurs arrivaientàleuri)lacepar des portes ou vomitoires et à ces vomitoires i)ar des ])assages qui étaient reliés à cin(| galeries ((inicntriqucs logéesdans
l'épaisseur de la ni,n,-on- nerieLe
re/.-de-cliaussée en a deux, l'une exlérieure, l'autro intérieure et celle-ci assez bas.sepour
(pi'oii ail \>u au-dessus d'elle en établirune
autre qui atteint à i)eincen hauteur la voùle de lagalerie extérieure,nous
12
NIMES
l'appellerons
pour
ce motif galerie d'entresol.Au-dessus
de la galerie extérieuredu
rez-de-chaussée sedéveloppe
la galeriedu premier
étage,surmontée elle-même
d'une dernière galerie demoindre importance au second
étage. »Ces
explications, jointes à lavue du monument
etlues sur place, permettent de se rendrecompte
«du système
enapparence
assezcompliqué
des escaliers qui joignent les galeries lesunes aux
autres et les galeriesaux
gradins ». Ily
auraitnon moins
àadmirer dans
les dispositions imaginées, soit
pour
assurerl'écoulement rapide deseaux de
pluie quitombent rarement
àNîmes mais
parfois avecune
violence extrême, soitau
contrairepour amener
leseaux
destinées à transformer l'arène enun
lacoù
sedonnaient desnaumachies.
Il faudraitremarquer, dans
lesdeux
cas, lesprécautions prises,dans
la disiDosition des conduiteset le choix des
matériaux pour empêcher
toute infiltration. D'ailleurs la machineriedu
plancher ne servait pasaux
seulesnaumachies
:on
a retrouvéun
des contrej^oids quimouvaient
les trappes de ce plancherpour quelque
scène à spectacle : ilne
pèse pasmoins
de 44kilogrammes.
Signalons enfin
une
pierre calcaire trouvéeégalement dans
le sous-sol et qui porte cesmots
:K.
CRISPUS KEBURRUS
FECIT
C'est sans doute
un
des architectesou
entrepreneursdu monument.
D'autres
documents
épigraphiques conservésau musée
lapidaire attes- tentl'importance descombats
quiy
furentdonnés
; ce sontdes inscriptions funéraires quinous montrent que
desgladiateurs étaientétablisdanslepays
et
que
ce n'étaient passeulement
des troupes depassage
qui paraissaientdans
l'arène.La
fonction de ces spécialistesc[ui singéniaient à varierl'artde tuer
y
est indiquée avec soin ainsique
lenombre
de leurs victoires.Voici le
Thrœx
fie Thrace) qui,armé
d'une courte épée, d'unbouclierrond
et d'un casc^ue,combat
contreun
adversairearmé
demême.
Voici lerctiaire qui,
un
filetd'unemain
etun
trident de l'autre,mais
sansarmes
défensives, poursuit lemynnillo
portantseulement une
épée,mais
pro- tégépar sacuirasse, son bouclier, sesjambières et son casque.Les
inscriptions deNîmes ne nous
ont pas signalé delaqucateurs
(combattant l'un contrel'autre avec des lacets) ; ni dedunachaircs,
ni degladiateurs
équestres.On ne
peut conclurede
ce fait qu'on n'en aitpasv dans
les arènes deNîmes,
d'autantmieux
qu'ils étaient plusrarement
employés.Les
dimachaires surtoutqui, sansarmes
défensives,mais
por- tantune
épée dechaque
main, cherchaient plutôt à tuerqu'à se défendreNIMES
13revenaient fortcher
aux
entrepreneurs de spectacles.Un
gladiateur bien instruit représentaitun
capital important et ce n'était pas sansmélan-
colie, en songeant à sa bourse,
que
le soirvenu
le maître comptait ses morts, soitceux
c^ui avaient été tués sur le coup, soitceux
qui, griève-ment
blesséset ne valant paslapeine d'êtreguéris, étaientachevés
àcoups
de mailletdans
le « spoliaire ».Un combat
de gladiateur constituaitdonc
desémotions
et des dépenses auprès desquelles les courses de taureauxISIaison Carrée.
les plus luxueuses sont
vraiment
i)eu de chose.On éprouve
à lire lesnoms
de ces gladiateursnon
loin de l'arèneoù
ils ont combattu,une
impression singulière, évocation d'un passé tragique.La
plupart sont morts avant \-ingt-cin(| ans tuésdans
l'arène,comme
ils en avaient tué d'autres, litcependant
ils étaientaimés;
ils avaientune
famille.Ce
sont leursfemmes, aux doux noms
de Speralaou
d'Optata, c'est leur j)rofes-seur J.ucius Sestius J.alinus qui ont fait les fraisde leur toml)eau '.
' 11 faut qu'ils aient ctù de bons maris, car lo nuiii d'Optata se trouve cite
comme
veuve de gladiateurs surdeu.x pierres funéraires dilïénntes. et les e.ir.ictères de Tins-14
NIMES
Si les
Arènes nous donnent
surtout la sensation de lagrandeur
romaine, la « .Maison Carrée »complète
l'idéeque nous devons nous
faire d'une civilisation qui savait allier l'élégance à la force.La Maison
Car- rée, la plus populaire desmonuments
antiques de notre sol. est peut-être l'œuvre la plus parfaiteque nous
aitléguée l'architecturegréco-romaine, édificeoù
apparaîtdans
tout son jour ce souci de la " divine proportion »que
lesRomains
avaienthéritédes Grecs, lorsqu'ilsreprenaient à leur tour les typesque
ce peuple, artiste entre tous, avaient créés.Ce
souci ne semontre
passeulement dans
lerapport desparties entreelles;mais dans
lesdimensions
adoptées. Plus petit, il risqueraitde
paraîtremesquin;
pluso-rand.
on
saisiraitmoins
bien l'ensemble de sa «magique
harm(.)nie ».La
iMaison Carréeforme un
rectangle de 26™,32 de long sur 13"',55 de large.Ses
colonnes sont corinthiennes et ont 7™, 16 de haut. C'estun temple
pseudopériptère, c'est-à-direque. saufau
péristyle, lescolonnesau
lieude
former
galerie autour de l'édifice sontengagées dans
lesmurs
de la cellaou
sanctuaire, ce quipermet d'augmenter
lesdimensions
de ce sanctuaire, sansaugmenter
lesdimensions
extérieures del'édifice.Vingt
de ces colonnes sur trente sont ainsi prises à moitiédans
lamaçonnerie;
sixforment
la façade; les quatre autres,deux
dechaque
côté supportent le péristyle.Le monument
s'élève surun
stylobate quiluisertcomme
depié- destalet l'on accèdeà la porte d'entréeparun
escalierde quinze marches.Cette porte de 7"',14 de haut sur 3"',24 est
couronnée
parune
architrave très saillanteque
supportentdeux
consolesrichement
sculptées.La
sculpture décorativede la.Maison Carrée estjustementcélèbre.On y
voit avec quel soin etquelle fermetéles ornemanistes
romains
fouillaient la pierre, accentuaient les reliefs, faisaient saillir les lignes principales, et, par la profondeur à laquelle ils creusaient,comme
parla précisionde leur ciseau, faisaient intervenir les jeuxd'ombre au
milieudu
dessin le plus pur. C'est ainsique
sans parler des tètes de lion qui supportentla corniche, la disposition des rinceaux cjui courent le long de l'entable-
ment nous
apparaît,malgré
la distancedu
sol,dans une
netteté parfaite, sans froideur ni sécheresse. Certainsfragments
de cegenre
qu'on peut voir de près aumusée
lapidairenous montrent
que,même pour
desmotifsdestinés à être placés à plusieurs mètres
du
spectateur, l'artiste prenait souvent la peine, parexemple,
d'isoler la feuilleou
labranche
de la pierre qu'il sculptait,de façonqu'ellen'yrestâtattachéeque
parun
côtéou même
seulement
par quelques points de ses courbures.cription qui indiquent la
même
époque pour les deux monuments, venant se joindre àla similitude des noms, permettent de croirequ'ils'agitbien de la
même
personne.NIMES
15La
-Maison Carrée étaitcomprise dans un ensemble
architectural dontil a étépossible de déterminerà
peu
près les dimensions. Elle se trouvaitau
fond d'unegrande
place qui se prolongeait vers lenord
jusqu'aupointoù
s'élèveaujourd'huilastatued'Antonin.Tout
autour, à i6mètres environdu mur du temple
s'élevaitun
portic^ueformé
de colonnes de 7'",60 de haut et de o"'.73de diamètre, avecun entrecolonnement
de 3 mètres.Une
voieromaine
qui passait derrière la .liaison Carrée, avait obligé dedonner
deM.iison Carrée. Intérieur.
ce côté au portique
une forme
cintrée. Divers débris de ces constructions ont été conservés et placés avec raisondans
la courmême
de laMaison
Carrée.On v remarque
surtoutde ces magnifiques guirlandes de fruitsou
defleursdont nousretrou\'erons d'autres éclianlillons aumusée
lapidaire.Les
modèles
nemanquaient
pasdans
le ])ays, les fleurs et les fruitsy abon- daient Lesmarchandes
de fleurs devaient être fort l)ien achalandées, si l'on en juge parun
bas-relief,probablement une
enseignedemagasin, où
l'on voit
une
jeunefemme
assise àun comptoir
aveccelteinscriptionenga- geante cl co(|U(,'tte :Xoii. vciiilo niaiiuiiilihiis ionnuis Je ne vends
mes
boiu|uets qu'au.\ amoureux.i6
NIMES
Les
archéologues ontété fortlongtemps dans
l'embarraspour
détermi- ner quelle était la destination delaMaison
Carrée etquelle était la date de sa construction.On admet généralement
aujourd'huique
c'étaitun
temple, élevé en l'honneur desdeux
frères Caius et LuciusAgrippa,
filsde Julie et
du grand Agrippa,
levainqueur d'Actium
et parconséquent
petit-fils de l'emijereur
Au-
guste L'archéologue Séguier, versle milieudu
XVIII''siècle, est arrivé à cette conclusion tl'après les empreintes des clous qui attachaient sur le frontonles lettresmétalliques de l'inscription depuis long-temps
disparue; il apu
ainsi reconstituer l'inscription sui- vante:C.CAESARI AUGUSTIF. L.CAESARI AUGUSTIF.COS DESIGN.\TO
PRINCIPIBUS JUVENTUTIS'
Si Caius et Lucius sont appelés fils et
non
petits-filsd'Auguste, c'est qu'à cette date,
Agrippa,
leur père, de- vait être mort, etque
leur grand-père les avait adoptéscomme
ses héritiers.Or,
Maison Carrée. Danseuse grecque?"""'""'
Agrippa mourut en
12 avantJ -C. D'autre part, les fastes consulaires
nous apprennent que
Caius fut, en effet, consulen
1an
I après J.-C. C'estdonc
vers l'an I de Jésus-Christ qu'aurait été élevée la Mai.son Carrée. Peut-être ne le fut-elle qu'après lamort
desdeux
princes, qui eut lieuinopinément
l'année suivante.Le
styledu monu- ment,
quoi qu'on en ait dit. s'accorde avec cette date.Quant
à l'idée desNîmois
d'éleverun
sibeau temple
à despersonnages
aujourd'hui assez oubliés, elle nenous
étonnera plus lorsquenous
réfléchironsque
Caius' L'idée derétablir l'inscription de la MaisonCarrée d'aprèsles trous des crampons des lettres est due à Peiresc. (Voy. Gassendi. Vn- de Pciresc, en latin, 1641}. Le mémoire de Séguier a été publié en 1759.
PhotoBt-rnlielu
X
IM
Es 17 et Lucius avaient hérité de lagrande
popularité de leur pèredans
laGaule
orientale, et qu'ils avaient su entretenir ces sentiments. Ils avaient contribué à l'embellissement deNîmes,
et C'aius avait accepté d'être oftîciellement le protecteur de la Coloii/û \c'in(7t/Sins!S. Cette popu- larité était telleque
lorsque :lesNîmois
purent craindreque
Tibère, alors àRhodes,
cherchâtpar sesintrigues à supplanter les fils d'
Agrippa,
ils avaient renversé les portraits et les statues de ce prince qui se trouvaientdans
leursmurs Ce témoignage de Suétone
(
Vie
de Tibère; est pré- cieux à plus d'un titre. Ilnous
faitcomprendre
corn bien,même
dès le début, lenombre
desœuvres
d'art, officiellesou non
, devait êtregrand
clans l'empire, puisque Tibère, qui n'était pas encoreempereur
etqu'aucun
lien spécial ne rattachait àNîmes, y
avaitcependant
plus d'une fois son image.J-a .\laison Carrée, si
souvent citée
comme
unmodèle d'harmonie
et de symétrie, présentedans
saconstruction ccrlaincs irri''gularités qui ont été n>levées avec soin.
La
corniclu; horizonlah-
du
frontonnord
ila façade) présente 2q modillons;celle
du
sud en a 22; la façade latérah' de l'ouest en a 54; celle de l'est 64' ( )ii peut s'amuser à les comj)ter ; on ])eut faire desremarques
' Ces iniiJiiliins un consoU-s Dlïrent une p:irticul;iiitc qu'on n';i jamais rencontrée- dans aucun autre édifice. Ils sont placés dans le sens inversir du .sens habituel; leur partie saillante et renflée, au lieu de s'appuyer v<'rticalenient sur la corniche, s'étend horizontalement sous le larmier, l'n architecte éi;v|)tien du tempsde ïhoulnies III eut une f.ant.iisieanaloç^ue, lorstiue, dans un i)orlii|ue de Karn.d<. il imaiïina de n-tourner les chapiteaux de ses colonnes campanifornies, de l'açoM ;i placeren haut la partiela plus étroite, exemple iiiiii(ur l'-.drnii-nt dans l'architeeturc iiharaonitpic. Cosont là des
IMkiU)ticinti
Maison Carrée. N'énus
i8
X
IM
F.Sanalogues sur les mufles de lion qui sont rangés sous le toit;
mais
onne
voit pas bien en quoi la valeurdu monument
peut en être diminuée.Ce
qui est plus singulier, c"estque
lesentrecolonnements
ne sont pas égaux, et cela sansquon
puisse trouverune
progression,un
rapport de chiiFres qui permette de conclure à des inégalités volontaires. .M.Aurès
a trouvé des différences allant jusqu'à o'",og.Les monuments
antiquesdu
midi de laFrance ne com- mencèrent
à être étudiés qu'à la findu xv"
siècle.Les
archi- tectes italienseux-mêmes, malgré
tout ce qu'ils avaientvu dans
leur pays, en étaientvivement
frappés,comme
entémoignent
les dessins de Giulianoda San
Gallo. con- servés à la BibliothèqueBar-
lierini, à Renne.
San
Gallo laissa parlaProvence
en 1492 et la visita pluslonguement
en 1496. Il a laisséun
journal assez insignifiant, d'ailleurs, de sonvoyage.
Palladio,au
siècle suivant, étudie et dessine,dune
façon assez inexacte,il estvrai, letemple
deDiane,
dontnous nous
occuperons plus k)in.Dans
sonouvrage DeU'Arcliitci
titra ;Venise 15701, il parle aussi de la« -Mazon quarrée ». Ses
contemporains
\'ignole et San-31icheli vinrentégalement
l'admirer.Vers
lemême
temps, le françaisJean Lemaître
jaublia, sous le titre«
Le
vrai pourtrait de la 3Iaison Carrée deNîmes
»,une grande gravure
sur bois qui représente notremonument
d'une façonremarc|uablement
exacte. Depuis, l'admiration ne fitque
s'accroître. Colbert songea à la« curiosités » dont l'imitation n'est pas à recommander. Mais tandis que. dans le por- tique égyptien, l'effet estvéritablementmauvais, dansletemple gréco-romain, laforme paradoxale, qu'on neremarque que si l'on estprévenu, ne nuit en rien à l'ensemble.
Vénusde Ximes.
NIMES
19faire transporter à Versailles, et
Albéroni demandait pour
elleun
étui d'or '. L'Ang'laisArthur Voung,
c[ui visitait notrepays
à la findu
xviil- siècle, en adonné une
description qui mérite d'être reproduite: « Je visitai la3Iaison Carréehierau
soir, cematin
etdeux
fois outre celadans
le jour (26, 27 juillet 17S71. C'est sans
comparaison
l'édifice le plus léger, le plus élégant etle plus agréable
que
j'aie encore^vu.
Sans
avoirune grandeur imposan-
te, sans étaler
une
magnificence ex- traordinairepour
créerlasurprise,il fixe l'attention : ilse trouve
dans
sesproportions
un charmonie magique qui charme
lesyeux On
ne sau- rait distinguer une partie spéciale de beauté par excel- lence; c'est un tout l)art"aildesymétrieet de grâce. » La
Maison
(Narrer est unexemjde
d(>clioixpour|)rou\('r
l'originalité nationale qiu' sul conserver l'architecture gauloise sous la
domination romaine
( "est à leurs ancêtres gallo-romainsque
^c ratui- chciU.consciemment
ou non, nos constructeurs du X\ T' siècle, qui Nculeiit revenir à ranli(|U(' et savent lui conserver un caclu'l d'éléganceque
Koiiu'l'Il.ili.B,T..lh
Maison Carrée. Julia
Mammœa.
' r,;i Ar;nsiin t'arrri' fut n-staurcc à la tin ilu wir siùcli' par ran-liitccti' (.ialii;ii
Oardiiilhiin, pnulant l'intendance- de 15àvillr, (|iii surveilla Ini-mémo les travaux
(i6H()-i6<)n). I,e 26j,-invier lOcjo, l''lécliier. (Jvè(|uede N'inies depuis trois ans, en faisait1;\
bénédiction solennelle. I.aMaisonCarrée étaitalorsuni;éj^liseappartenant auxKécollets,
(|U(!lîùville.ivaitmisindemeuredefaire lesréparationsnécessaires. Kn 1576,laduchesse d'I'zes.avait voulu l'aeiiuc'rirpour en taire le tombeau do sa famille.
20
NIMES
a trop souvent sacrifié à la solennité. L'ordre de la
Maison
Carrée, a ditM.
Choisv. estune
véritablecolonnade
de laRenaissance
'.L'intérieur
du monument
contientun musée
d'antiquités.Nous y
signa- lerons, avec desmosaïques moins
intéressantesque
cellesque nous
trouveronsau musée
de peinture,une
statue deVénus
(petite nature.i"',,^5 de haut , découverte à
Nîmes même,
rue Pavée, en 1873, statue quiest assez agréable,mais
a étébeaucoup
trop vantée parM.
Lenthéric, etne
vaut pasun
bustegrandeur
naturelle de la déesse,dans
la pose de laVénus
de Médicis,mais
plus souriante:—
•une
statuette dedanseuse
dont les draperies sont d'unmouvement remarquable,
rappelant de loin, de très loin, la victoire deSamothrace
;— un
enfant jouant avecun
chien, statuette demarbre
;— un
Silène, d'un caractère très réaliste;—
un
torse d'enfant,donton
peut louerlesformes
véritablementenfantines, car les sculpteurs antiques,même
degrand
talent, n'ont pas toujours su en rendre le caractère;— un
faune dévorant avecamour un
raisin;—
un fragment
de tête de bronze,ayant appartenu
àune
statue d'athlèteou
à
une
statue d'Apollon: la place desyeux
est vide; ils devaient êtreformés au moyen dune
pâte d'émail, avecune
prunelle de couleur diffé- rente ;— une
statue de vieille prêtresse, certainementun
portrait, car lemodèle
n'est pas flatté :— un
buste de ."Mercure ;—
des statuettesde
bronze, entre autres celles d'un dieu gaulois et d'unAmour
enfant.Au nombre
de cesœuvres,
il en est peut-être qui proviennent de l'atelier deWvrariiis
(fabricant de bronze nîmois, Scxtiis Spiirlus Pipcrelitts (voilà, certes,un nom
qui n'a rien de consulaire),dont la pierre funéraire est aumusée Parmi
les figures historiques,nous
indiquercjns des bustes deCommode,
de Plotilla,femme de
Caracalla ; de JuliaMammœa, mère d'Alexandre Sévère
; deGéta
enfant et de sa mère, JuliaDomna, femme
de Sei)time-Sévère Cette Julia
Domna
a l'air d'unedame
de la liaute bourgeoisiedu temps
de Louis-Philippe, avec des torsades decheveux pendant
sur les tempes.Le
hautéchafaudage
de saperruque compliquée
qui se dresse sur son fronta été taillédans un morceau
demarbre
distinct et rapporté sur la tête, sculpté à part,comme une
véritable perruque.C'est à tort que.lorsque l'œuvre a été restaurée,
on
a cru devoir cimenterla
perruque
avec le busteLa
plupart de ces sculptures n'offrent qu'une valeur d'art secondaireet appartiennent
presque
toutes à la décadence. Plusieurs sont franche-' Hiitoirc Je farchitcciiire, t I. p 60g.
N
IM
ESment
mauvaises.On
s'étonne de ne trouverque
desœuvres
statuairesen général si médiocresdans une
villeoù
rarchitecture, etmême
la sculp- tureornementale, donnent, d'autre part,des preuves d'untalent supérieur, etque Ximes,
à cet égard, soit si inférieure àVienne
età Arles. Il est vraique
les statues les plus précieuses, celles qui passaientpour
être debeaucoup
lesplusIjelles,nesont plus à
Nîmes
L'H^'gie découverte en 1732 a dis- paru, sans qu'on sache ce cju'elle est devenue.Quant
à
l'Apollon
'?',impropre- ment
appelé Antinous, qui futtrouvé en 1739dans
les bainsromains
. et qu'on croyait perdu, il a été iden-tifié
récemment
par .M.E Michon
avec le n" 424du
Catalogue
somiiiaii'c ticsmarbres
aiiliqucsdu Lou-
vre. Il est regrettable ciue l'on n'ait pas écouté
Qua- tremère
deOuincj',qui, dès 1796, proposait d'établir àXimes un muséum
d'anti- quité correspondant av'ecceux
de l'Italie '.Ouelriues poteries méri- tent aussi l'attention, l'n va.sesigné Perennius, trou-
vé
dans
les ^Vrènes, a été sans douteun
jjrixdonné
àquelque
bestiaire.Un
autre vase jjrovcnant de la fabrique deBanassac
Lozère , porte 1ins- cription : '/'(//// hiiii' lielil/hus. « on boit aussi bien ilans des vases de terre », (pii l'a rcnihi rc'lèltrcparmi
les céraniisics archéologues.Ce
vase présente aussiune
autre iiarticularité :une
échancrure pratiquée plus tard par un perruquierpour
(pi'il ])ùt servir de ])lat à harlic. 11 aurait ]iuenvier le sort inverse de cet autre plat à barlic (pii.
devenu
l'armet île .\laiiihriii. eut l'iiiinncur de servir de rasipir ,1hmi
(Jui<h()lU.v l'.nfin,' I.cllrc surU'(•rt-judicc i]u'iiii\)sioniu-i\ut .i Ai siieiu-f le •/•f'I.ufiiniU JiS iiiiiiiii- iiiciils </, l'.irl Jf riLilic. il'aris, an IV.)
Maison Carrée, 'l'ctc Je bronze.
NIMES
deux
dol/tnii, immense.'?tonneaux
d'argile destinés à contenirdu
vin, de riiuile eumême
des céréales, sont placés à la porte d'entrée. Ils onti"'.90 de hauteur, 4'".45 de circonférence
dans
la partie la jjIus renflée, 2 '",28 à la base. o"'.20 d'épaisseur.Dans
les vitrines, contenant desdocuments numismatiques
'sceaux etmonnaies
se rapportant sur- tout à l'histoire locale,on
re-marque, parmi
lesmonnaies
romaines, celles qui. sur la face, portentlesprofilsaffron- tésd'Auguste
et d'Agrippa,et. stir le revers, la représen- tation inattendue d'un cro- codile en colère, la gueule ouverte, tirant sur les fortes
«haines qui l'attachent à
un
])almier. C'est
une
allusion à la Ijatailled'Actium
et à laconquête
de l'Egypte, ceque
confirme lacouronne
rostrale(|ui orne, de l'autre côté, le frt)nt
d'Agrippa
; au-dessous,on
lit lesmots
Col. i\'c/;;'.Ce
type monétaire estun
ar-gument
potir les historiens qui pensentque
la colonie impériale deNimes
futune
de celles qui furent fondées,comme
entémoigne
le Testa-ment
d'Auguste, en faveur des vétérans qui avaientcombattu
àActium.
.Mais la Coloiria Kriimiisciisis
ne
reçutque
le droitlatin, etnon
ledroit romain.M. Allmer
a conjecturéque
lescolons militairesenvoyés
àNîmes
étaient,
non
des citoyens romains,mais
des auxiliaires, desGrecs
et desÉgyptiens
qui.on
le sait, servirent en assezgrand nombre dans
l'armée d'Octave.On
a retrouvé, àXimes,
plusieurs statuettes égyptiennes de st3le archaïque, et lemusée
contientun
petit auteloù
ri)n peut, avec' Les armes deNimesreproduisentle revers de notremédaille. Cesarmes luifurent donnéespar François 1"'', lors de sonpassagedans la ville en 1535.-
A
cetteoccasion,on élevaau roi une colonne surmontée d'une salamandre.J
J
f - -
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r
--"^ BM
M ^^^^^^^
sir.' *'•» ''"
Mutf
iigiiPtiiiiiiii.i'T -»iih^:
Monument du poète Jean Reboul.