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Dominique Avon, Youssef Aschi
To cite this version:
Dominique Avon, Youssef Aschi. Tunisie : Quel bilan deux ans après la révolution ?. Raison Publique,
[Rennes] : Presses universitaires de Rennes, 2013, pp.36. �halshs-01631233�
Tunisie : Quel bilan deux ans après la révolution ?
lundi 18 février 2013, par Dominique Avon, Youssef Aschi
Thèmes : démocratie
Dans la ferveur du
« printemps arabe », la thèse de la fin de l’
« islamisme » a
prévalu [1] : il s’agissait d’expliquer que le jeu des forces politiques internes dans un cadre pluraliste et les
contraintes économiques
internationales conduiraient les dirigeants aspirant à l’avènement d’un régime « à référence islamique » à mettre leur doctrine sous le boisseau [2]. Une autre thèse consista à ne pas enterrer trop tôt cet « islamisme » mais à disjoindre le « lexique » –concepts et symboles- et la « rhétorique » pour nier le fait que des représentants de la parole religieuse entendaient mettre en œuvre un projet de société englobant et contraignant [3]. Dans les deux cas, l’invitation à se tourner vers un « modèle turc » -jamais défini- était combinée à la dénonciation d’approches néo-colonialistes
disqualifiées pour leur soutien aux dictatures effondrées (Tunisie, Egypte) ou en sursis (Algérie, Syrie). Dans les deux cas, l’affirmation de la reconnaissance d’une « matrice identitaire » spécifique sous-tendait de manière paradoxale une perspective
téléologique pour expliquer qu’il faudrait du temps pour arriver à une stabilité, comme il en avait fallu à la France et à l’Europe [4]. Quelques voix discordantes permettaient, cependant, d’alimenter une autre analyse. Début 2012, le journaliste britannique Robert Fisk indiqua que la Tunisie ne semblait pas emprunter le chemin de la
démocratie [5] et, à la fin de cette même année, son collègue libanais Jihâd al-Zayn manifesta des réserves à l’égard des liens entre « Etat » et « religion » [6]. Dans un registre prescriptif, le juriste socio-anthropologue Mohamed Nachi invita les acteurs de terrain à la thèse du compromis « autour du renoncement à tout Absolu religieux » sans rompre avec un patrimoine culturel spécifique [7].
Notre approche [8] était et reste fondée sur l’analyse d’un défi commun posé par les éléments structurants de la modernité à toutes les religions en général et aux
monothéismes en particulier, dans un cadre étatique : refus d’une instance ultime de
décision publique au nom du transcendant ; liberté de pouvoir remettre en question
l’acquis ; égalité de droits entre citoyens quel que soit le genre ou l’option idéologique
et religieuse [9]. Ennahda, écrivions-nous au printemps 2012, continue à rejeter ces