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Centenaire de la création de la station de tourisme alpin de Zinal (1859-1959)

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C E N T E N A I R E D E LA C R E A T I O N D E LA S T A T I O N DE T O U R I S M E A L P I N D E Z I N A L

1859-1959 par Ignace Mariétan

A notre époque d'intense activité industrielle et commerciale, la meilleure manière de célébrer ce centenaire est bien d'évoquer le passé, pour bien se rendre compte du chemin parcouru, pour »aviver le souvenir dies personnes auxquelles on doit de la reconnaissance, et aussi pour mieux envisager l'avenir.

Au début du 19e siècle, les pâturages et les mayens d'Anniviers étaient utilisés au maximum. La population avait augmenté, les com- munications avec l'extérieur étaient difficiles, il fallait se suffire à soi-même. Le besoin de nourriture pour le bétail, et en conséquence pour l'homme, avait amené le défrichement des forêts, partout où il était possible d'établir des prairies ou des alpages. Certains inayens du vallon de Zinal étaient situés dans des endroits très élevés, très écartés, difficilement accessibles, comme les Chex (rochers). Au cours de ce dernier siècle, on en a abandonné un certain nombre, en parti- culier l'abri-sous-roche de Coutha-de-Maya. Les glaciers, les rochers, considérés comme des terrains improductifs, étaient pour les monta- gnards comme pour les citadins un objet d'horreur.

Vinrent des hommes de science, des botanistes d'abord. A Aigle, vivait le botaniste bernois Albert de Halier, qui s'était donné comme tâche d'établir le catalogue complet des plantes sauvages de la Suisse.

Il savait bien que le Valais devait en contenir beaucoup, mais son âge et sa corpulence l'empêchaient de le parcourir. H trouva un aide auprès d'un paysan des Devens, près de Bex, Abraham Thomas ; il lui apprit à connaître les plantes et l'envoya à travers le Valais pour les récolter. Son fus Louis continua la tradition ; Abraham herborisa longuement dans le Val d'Anniviers en 1806 ; il visita Ar Pitetta, tra- versa le glacier de Durand, monta à La Lé, à Singline, traversa les cols

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de Sorrebois et de Torrent. Dans une lettre adressée au Chanoine Murith, il énumère les plantes récoltées.

En 1820, l'ingénieur I. Venetz vint visiter le glacier de Durand ; il préparait alors son Mémoire sur la variation de la température dans les Alpes suisses, qui devait le conduire à la découverte de la théorie glaciaire. Puis vinrent des anglais, des jeunes surtout, qui étudiaient en Suisse, à Genève en particulier. Ils étaient avides de connaître les fleurs, les insectes, les minéraux, les glaciers. Peu à peu le goût de grimper sur les sommités les gagna, et vers 1859, Zinal devint un lieu d'élection pour les grands grimpeurs de l'Alpin Club.

Mais il était impossible de loger à Zinal, village d'habitations tem- poraires. Alors des montagnards du pays eurent l'idée de construire un chalet pour recevoir les alpinistes. En 1790, sans chercher à imiter les hôtels en pierre qu'on édifiait ailleurs, ils mirent sur pied un chalet comprenant deux étages de caves et réduits, un étage en bois, orienté vers l'amont de la vallée à la recherche du soleil. 'La grande chambre porte l'inscription suivante SUT la poutre maîtresse : Cet Edifius est le Provide Christ la N Cotter officier, puis les monogrammes du Christ et de la Vierge, IOS, et sa sœur Barbée, Anno 1790 le 29 aoust. En 1859, on ajoute un deuxième étage avec comme inscription les monogrammes du Christ et de la Vierge, puis Joseph SSE, BAA, ISS leutenant. Jean Savioz, Euphémie Tabin, ses enfants : Théodule, Euphé- mie, Marie, Philomène.

Le chalet passe à une famille Epiney qui l'utilise comme première auberge-restaurant. A l'étage inférieur il y a la cuisine et la salle à manger, au-dessus des chambres dont plusieurs sont très petites avec des lits à tiroirs, très courts. On y logeait une dizaine de personnes. Ce chalet est toujours là, occupé en été par deux familles.

La famille Epiney construisit plus tard un hôtel Durand en bois, remplacé par un hôtel en pierre, agrandi par deux fois. Le bois de cet hôtel a été transporté à Niouc en 1916, où il a servi à édifier deux chalets.

Nous n'avons pas retrouvé le premier registre des hôtes, mais nous citons les indications tirées d'un article de Alf. Cérésole '. Ces petites chambres eurent l'honneur de loger des célébrités suisses et étrangères.

La table était simple, on y mangeait de bon appétit les produits de la Alf. CERESOLE : Le vieux Zinal et son premier registre, Semaine littéraire, No 449, 1902.

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vallée ; dans les jours exceptionnels on servait du chamois et de la marmotte. La première inscription a eu lieu le 16 juin 1856, celle du Dr Rossier, fils, de Vevey, avec le guide Samuel Genoud, üs vont au glacier d'Ar Pitetta. En 1859, ce sont Albert Daval, forestier, Etoile Burnat et son frère, Alfred Dumont, peintre, venus d'Evolène avec le guide Daniel Gay. En 1864, première apparition d'Edward Whymper, sur ces pages, il venait de Sierre et se rendait à Zermatt pair le Trift. La

même année Leslie Stephen arrive à Zinal avec Grove, Mac Donald et les guides Melchior et Jacob Anderegen de Meiringen. Après avoir passé itrois jours d'attente à l'auberge, les nuages se dissipèrent, et ils firent, le 18 août, la première ascension du Roithorn. Mac Donald fut retenu à Zinal par une indisposition. Dans son livre 2 nous relevons ce passage : « Peu avant 1864, les habitants de Zinal se servaient encore de trous creusés dans leurs tables en guise d'assiettes, chaque membre y déposait dans sa cavité personnelle, sa portion de repas ». Le 25 août il est fait mention de la première ascension du Grand Cornier paar Whymper avec le guide Biner de Zermatt.

1865, année de la catastrophe du Cervin. Whymper, avant de se rendre à Zermatt, arrive à Zinal venant de Tourtemagne, par le col de la Forölettaz, avec Lord Douglas, ils s'entraînent aux environs de Zinal avec le guide Taugwald, font l'ascension de l'Obergabelhom.

Quelques jours plus tard Douglas, Hudson, Hadow et le guide Michel Croz tombent au Cervin, Whymper, Taugwald et son fils survivent.

1866, 14 août, la petite auberge reçoit le fils de l'ex-roi Louis- Philippe accompagnée de sa femme venant d'Evolène.

1867, l'illustre géologue Ulrich laisse le souvenir de son passage avec le professeur Wolff de Sion, et le forestier Antoine de Torreraté fondateur de la section Monte-Rosa du C.A.S. Le 31 juillet arrive John Tyridall, célèbre physicien et glacdologue, il se trouve avec Carl Brenner, de Baie, futur président de notre Confédération, et à peu près en même temps que le peintre Louis Gaulis de Lausanne, qui parcourut le Val d'Anniviers pendant 51 jours conséouitifs.

1858, signature de Gladstone, est-ce le grand homme d'Etat anglais ? Non loin on lit : ut desint vires, tarnen est laudanda voluntas. Oérésole ajoute : n'est-il pas gentil de la part de ce touriste de consoler ainsi, après s'être consolé lui-même, ceux dont la barbe a reçu la neige qui ne fond plus, en faisant l'éloge de cette force suprême, la plus noble et la dernière à mourir, la volonté.

2 Leslie STEPHEN : Le terrain de jeu de l'Europe, traduction de Claire-Eliane Enged, 1934.

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1870, le canon de la guerre franco-allemande va tonner non loin de nos frontières, Antoine de Torrenté avec le guide Eue Peter escaladent la Pointe >de Zinal pour la première fois.

1871, première mention du nom d'Emile Javelle, professeur au collège de Vevey ; c'est avec Jean Martin de Vissoie et Elie Peter qu'il fait ses explorations alpestres dans le Val de Zinal, si fidèlement contées dans Souvenir d'un alpiniste. En parlant d'Eue Peter, Cérésole dit : Quand, en 1901, nous nous sommes revus, le nom de Javelle a éclairé notre serrement de main d'un sourire qu'une larme est venue voiler bientôt, souis une même pensée de regret et d'affection. Oh ! ces vieux guides ! Il y a dans leur regard calme et profond comme un reflet de 'Palpe et des émotions viriles, jadis éprouvées. Comme ils aiment simplement, fidèlement, et sans grandes phrases ! Et comme ils se souviennent bien. C'est à cette occasion qu'il a gravé ces paroles qu'on peut voir encore aujourd'hui sur la paroi d'un chalet :

Amico, amicus jidelis, in memoriam Ta pensée, Javelle, en ce Zinal que j'aime, Me poursuit et m'enlace en un cher souvenir ; Ici, tu fus heureux, goûtant la paix suprême, Ici, ton noble cœur aimait à revenir.

6 juillet 1901, Alf. Cérésole à l'écrivain alpiniste.

1872, inauguration de la première cabane du Muntet, les noms des participants sont consignés dans le registre de la petite auberge.

1875, le peintre Albert Gos fait ses premières apparitions.

1879, signature d'Eugène Rambert, pas de notes de lui sur la contrée.

Le deuxième registre va de 1880 à 1896.

1880, 13 anglais, élèves de fiellerive avec Oscar Sillig et son fils de Vevey, viennent d'Evolène, allant à Zermatt. Un groupe de valaisannes : Mine la comtesse Lucie de Courten, Mlles Mathilde de Gooaltirix, Anna, Emma, Ida de Riedmatten vont au Muntet avec le guide Théodule Savioz. Entre le 6 et le 14 août, Javelle va au Pigne de La Lé et au Besso par un couloir au sud du passage 'habituel ; il ne peut pas arriver au sommet. Un peu plus tard Béraneck y arrive, mais il doit redescendre par le passage ordinaire.

1881, Barblan Jacob de Marges, avec 7 élèves, ils vont de Zermatt à Bagnes.

1882, Sorme Oscar de Garid, Belgique, suit le même itinéraire. Pre- mière ascension de l'arête des Quatre Anes de la Dent Blanche par G.-P.

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B a k e r , J. 'Stafford, Anderson, anglais, avec les guides Aloys P o l l i n g e r de St-Nicolas e t Ullrich A i m e r de G r i n d e l w a l d . C'est ce d e r n i e r q u i , a r r i v é au s o m m e t a d i t : « Nous sommes des ânes d e faire des choses p a r e i l l e s », d'où le n o m de cette a r ê t e .

1883, A l b e r t Gos, p e i n t r e , va d e Sion à Z e r m a t t : T o u j o u r s p l u s ravi de son c h e r Zinal où on r e t r o u v e , dit-il, avec u n e joie p r o f o n d e n o n s e u l e m e n t l a vue m a g n i f i q u e , u n e poésie p a r t i c u l i è r e p o u r l'esprit, mais s u r t o u t u n e r é c e p t i o n e t des cœurs pleins d ' u n e vraie e t a n c i e n n e a m i t i é q u i fait q u e , après 8 ans, o n se sent i c i p l u s j e u n e q u ' a i l l e u r s .

1888, E x c u r s i o n b o t a n i q u e d u Poly de Z u r i c h , 8-9 j u i n , 20 m e m b r e s , vont à l'alpe de La Lé et à C h a n d o l i n . Passage d ' u n j e u n e alpiniste a l l e m a n d , Georg W i n k l e r , p a r t i seul, il n e r e v i n t p a s . Ses restes o n t été retrouvés a u frönt d u glacier du W e i s s h o r n en 1956.

'1889, F a v r a t Louis, prof., L a u s a n n e , Stehler, E d . Fischer, B e r n e . 1894, L é o n L ' H u i l l i e r de Genève, p r e m i e r h ô t e d u n o u v e l h ô t e l des Diablons.

Troisième registre de 1896 à 1906

1896, P a u l Grosheinltz d e Baie, à l a fin d ' u n séjour d u 12 s e p t e m b r e au 4 o c t o b r e « J e q u i t t e l a vallée d'Anniviers avec u n s e n t i m e n t d e regret p r o f o n d , j e voudrais y passer m a vie ».

1898, Virgile Rössel, 1899, l e D r T h o m a s , Genève, 1901, Gustave Krrafft, ce d e r n i e r r é p o n d à u n e p e r s o n n e q u i , au j o u r d e son d é p a r t l u i d e m a n d a i t o ù i l allait « E h b i e n ! on va t r a v a i l l e r p o u r p o u v o i r r e v e n i r l ' a n p r o c h a i n dans ce Valais e n c h a n t e u r ». E r n e s t M u r e t , prof., F.-A. ForeJ.

1902, P e n s i o n n a t H a u t e - R a m p e de L a u s a n n e , 16 demoiselles a l l a n t à Z e r m a t t .

1905, J u n g e t les guides d'Anniviers Louis T h e y t a z , B e n j a m i n Roti- vinet, A b b e t Félix, T h é o d u l e M o n e t , P i e r r e T h e y t a z , J e a n E p i n e y , J o a c h i m T h e y t a z , B e n o î t Theyttaz, P i e r r e E p i n e y , E l l e V i a n i n , Basile T h e y t a z vont fixer 800 m. d e cordes sur la p a r o i d u Weässhorn, s u i v a n t l'arête q u i , d e p u i s , p o r t e le n o m d ' a r ê t e J u n g . Alf. Cérésole décrit cette e n t r e p r i s e d a n s u n article de l a G a z e t t e de L a u s a n n e .

'Dans les registres suivants il n ' y a p l u s q u e d e s listes de n o m s , Jies r u b r i q u e s d'où l ' o n vient, où l ' o n va, observations, n'existent plus.

Les difficultés p o u r les hôtels de Zinal furent grandes au cours de ce siècle ; elles p r o v e n a i e n t s u r t o u t d u m a n q u e d e bons m o y e n s de c o m m u n i c a t i o n . A u n m o m e n t d o n n é , ils f o r m è r e n t u n e société

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de t r o i s m e m b r e s , puis ils ont été repris p a r des b a n q u e s . La nouvelle route a p p o r t e u n e sérieuse a m é l i o r a t i o n , elle m a r q u e u n e é t a p e p o u r la station.

Le paysage et son influence sur la station de Zinal

La c o u r o n n e des g r a n d e s sommités q u i ferme la vallée e n a m o n t de Zinal, a t t i r a les alpinistes dès le m i l i e u d u 19e siècle. U n e évolution s^est p r o d u i t e dans l ' a l p i n i s m e au COÛTS de ce siècle. A u d é b u t , c'étaient s u r t o u t des courses de cols, on t r a v e r s a i t ceux du Trift, de Sorrebois, de T o r r e n t , de D u r a n d , de l a Forelettaz, d e r A u g s t b o r d . C o m m e ascen- sions on se contentait du Roc noir, du P i g n e de La L é , des B o u q u e t i n s , de la G a r d e de "Bordon. Ces p o i n t e s sont délaissées a u j o u r d ' h u i . Bien- t ô t o n se p a s s i o n n a p o u r les grandes sommités : D i a b l o n s , B i s h o r n , Weisshorn, S c h a l l i h o r n , R o t h o m , Besso, O b e r g a b e l h o r n , P o i n t e de Zinal, D e n t B l a n c h e , G r a n d Cornier. O n a t t r i b u a i t u n e g r a n d e i m p o r - t a n c e à la vue d u paysage p e n d a n t l a m o n t é e , Leslie S t e p h e n d i t q u e c h a q u e pas est u n e jouissance, l a vue d e s s o m m i t é s est u n c o u r o n n e m e n t . La g r a n d e fièreté des A n n i v i a r d s comme des Lötschairds c'est q u e leurs m o n t a g n e s ne sont pas devenues des « m o n t a g n e s à vaches », e t q u ' i l n'y ait p o i n t de « tire-flemme » p o u r y hisser n ' i m p o r t e q u i .

Le C.A.S. a fait des efforts m é r i t o i r e s p o u r faciliter les ascensions en é d i f i a n t la g r a n d e e t belle c a b a n e de M u n t e t , puis e d l e s de Tnacuit, de Moiry e t l e refuge d'Ar P i t t e t a . P o u r t a n t i l faut r e c o n n a î t r e q u ' u n e certaine régression de l ' a l p i n i s m e se dessine ; elle est peut-être moins i m p o r t a n t e q u ' o n ne croit. A Zinal les cours, 'alpins m i l i t a i r e s o n t c o n t r i b u é à former d e b o n s alpinistes capables de faire des ascensions sans guides. Si, à l a station, on a l ' i m p r e s s i o n q u ' i l y a m o i n s d'alpinistes, c'est p a r c e q u ' i l s vont d i r e c t e m e n t a u x cabanes, o u qu'ils c a m p e n t . Certains a b a n d o n n e n t les Alpes p o u r des chaînes l o i n t a i n e s .

Zinal centre important pour le tourisme pédestre

L'intérêt des excursions, d a n s les environs de Zinal, l e u r vient de l a b e a u t é du paysage, car o n est t o u t près des grandes m o n t a g n e s , e t des p r o b l è m e s posés p a r la g é o g r a p h i e p h y s i q u e , l a flore, l a faune e t la géographie h u m a i n e .

L'action de désagrégation des roches p a r le 'gel est très active.

Vers le sommet d e la G a r d e d e B o r d o n des éboulemenlts se sont p r o d u i t e

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depuis 1948. Deux cônes de débris se sont construits dans la plaine de Barraaz. Les torrents qui descendent des Diablons sont très actifs au moment de la fonte des neiges eit quand il y a des orages. Il se produit alors des coulées de cailloux dangereuses ; on a fait des travaux pour preserver les constructions, les routes et les prés. Le village de Zinal eslt placé sur un gros ensemble de cônes de déjection emboîtés. Le travail des eaux courantes est bien visible dans la plaine de Barmaz, où la Naviseraoe se promène librement par de nombreux méandres, sans aucune digue.

Les glaciers constituent un très beau champ d'observations ; tous les genres sont représentés : Le grand glacier de la vallée de Zinal qui transporte une impartante quantité de moraines, sa formation par la réunion de plusieurs glaciers affluents dans le cirque du Muntet. Le glacier de cirque de Momine (mons médius = mont du milieu) si typique et si beau. Les petits glaciers suspendus contre les flancs de la Dent Blanche, du Grand Cornier et du Weisshorn, on se demande com- ment ils 's'y tiennent. Depuis le Petit Muntet on domine si bien les moraines récentes déposées par le glacier de Zinal, qui montrent de façon spectaculaire, son recul et son amincissement depuis 1830 environ.

La flore est belle et riche. On peut la diviser ainsi : l'étage subalpin comprenant le territoire situé entre 1300 m. et la limite supérieure des forêts, vers 2200 m. Primitivement la forêt l'occupait entièrement ; on a défriché les panties les plus favorables pour obtenir des prés de mayens. Au début du printemps les crocus et les soldanelles abondent, mais il n'y a pas de bulbocodes comme dans le Val d'Hérens. Nos observations et celles du prof. M. Roch ont révélé un bon nombre de stations nouvelles: cirsium eriophorum cantonné sur le cône du Péte- rec, dracocéphale Ruyschiana à Coultha de Maya, centaurée Rhapontic

à Ar Pitteta et au Petit Muntet, Pédiculaire tronquée 'au Petit Muntet, Saussurée alpine sous le Roc de la Vache, Gentiane croisette à Lirec, Gentiane Asclépiade à Singline, etc.

Las forêts de cet étage sont intéressantes parce qu'elles contiennent surtout des mélèzes et des aroles. Le mélèze aux aiguilles si fines, aux branches légères qui laissent filtrer la lumière et permettent à la végé- tation herbacée de se développer en sous-bois. Ils ont été bien protégés jusqu'à présent, sauf une coupe malheureuse aux Mamberzes, vrais parc naturel à deux pas de la station. Dans la deuxième moitié d'octobre, alors qu'ils ont revêtu 'leur manteau doré, leur beauté dépasse tout ce qu'on pourrait 'dire.

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L'airole au bois blanc, parfumé, aux aiguilles argentées sur une face, groupées par 5, aux fruits contenant des amandes savoureuses est cantonné vers la limite supérieure des forêts. C'est l'arbre de la mon- tagne par excellence, sa vigueur est telle qu'il résiste au froid, à la neige, au vent.

L'étage 'alpin comprend la région entre la limite supérieure des forêts et celle de la végétation. L'intérêt principal de la flore de cet étage ne réside pas seulement dans la grande variété des espèces et dans la beauté de leurs fleurs, mais surtout dans la manière dont elles s'adaptent aux conditions de vie si difficiles de l'altitude. La prin- cipale est le froid ; pour s'en préserver, ces plantes ont des tiges très courtes, afin de rester au ras du sol qui se chauffe pendant le jour, et se refroidit inoins durant la nuit. Un autre obstacle est la sécheresse de l'air qui active la transpiration. Pour la réduire, certaines plantes comme des silènes, des saxifrages, des androsaces, le (myosotis nain, se serrent les unes contre les autres, formant de véritables coussinets, qui jouent le rôle d'épongés et conservent l'eau. D'autres comme l'edelweiss se recouvrent d'une abondante pilosité qui atténue la trans- piration. Observer ce pouvoir triomphant de la vie est une joie pour l'esprit.

La faune du vallon de Zinal présente aussi beaucoup d'intérêt à cause de son adaptation aux conditions de la montagne. La chasse et le braconnage ont fait disparaître les grands carnivores ainsi que le bouquetin et le cerf. Les chamois sont rares, les marmlotttes se rencon- trent encore ; en se dissimulant dans le voisinage de leurs terriers, on peut observer leurs mœurs. Le renard est fréquent, on le voit même en plein jour. Le blaireau est plus rare. Le lièvre variable se dissimule dans les pierriers élevés. L'hermine et plus rarement la belette montent

•très haut, jusqu'à 2800 m. L'écureuil, après avoir été raréfié par une épidémie, se niuMplie de nouveau. Le campagnol des neiges que les touristes prennent pour une souris, monte très haut, on le voit se faufiler avec agilité entre les blocs à la recherche de sa nourriture, dont il fait des provisions, qu'il grignotera sous la neige, pendant l'hiver. Parmi les chauves-souris ont voit parfois l'oreillard.

L'aigle royal est visible de temps en temps, il niche rarement. Le tichodrome niche dans les fentes des rochers : quelle joie de le voir évoluer volant et grimpant contre les parois. La perdrix des neiges, la bartavelle, le petit tétras, se rencontrent assez fréquemment de même que 'le geai de inontagne ; le merle à plastron anime le paysage par son chant, il a frappé les montagnards qui ont donné son nom « tsanta

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mierla » chante-meule à l ' u n de leurs miayens. Des groupes de grives v i e n n e n t c h e r c h e r des insectes d a n s les p r é s fauchés. Les h i r o n d e l l e s de fenêtres n i c h e n t contre lies r o c h e r s d e Barmiaz e t de Gouitha de Miaia ; e n m o n t a n t à G o m b a u t a n n a o n lèvera des groupes de p i n s o n s des neiges. Le m o n d e si vaste des i n v e r t é b r é s est b i e n r e p r é s e n t é .

Géographie humaine

Les p r o b l è m e s posés pair la g é o g r a p h i e h u m a i n e intéressent les h ô t e s de Zinal. A u d é b u t de l a s t a t i o n , ils ne s'en o c c u p a i e n t g u è r e ; les c i t a d i n s considéraient les paysans de la m o n t a g n e s c o m m e des demi- sauvages d o n t ils se m o q u a i e n t . A u j o u r d ' h u i ils c h e r c h e n t à c o m p r e n d r e cette civilisation acquise sans é t u d e , p a r l e contact avec la n a t u r e .

L e n o m d'Anmiviers n ' a p a s é t é e x p l i q u é , au l i e siècle, o n t r o u v e Annivesii, au 12e Annivisio, a u 13e Annives e t Anniviex. Jules Guex écrit q u ' o n n e s a u r a i t retenir Anni-viae, les routes de l ' a n n é e , n i Anni- visio visite a n n u e l l e . Le n o m de Zinal s'explique : autrefois c'était Chinaz de chémeau, p a r c e q u e l a vallée devient p l u s étroite. Des t o p o - g r a p h e s n e c o m p r e n a n t r i e n à l ' i n t é r ê t du p a t o i s e n ont fait Zinal, moni h y b r i d e n i français n i patois.

Zinal est u n village de m a y e n , h a b i t é s e u l e m e n t p e n d a n t q u e l q u e s semaines e n p r i n t e m p s , e n a u t o m n e e t au d é b u t d e l'hiver. Ses cons- t r u c t i o n s se suivent le l o n g d u c h e m i n ; elles c o m p r e n n e n t d e petites maisons d ' h a b i t a t i o n , des granges-écuries e t q u e l q u e s greniers s u r pilotis.

P a r m i les p a r t i c u l a r i t é s d e la vie sociale des h a b i t a n t s signalons l'existence d ' u n consortage, e n g l o b a n t t o u t le t e r r i t o i r e , e n a m o n t du seuil n a t u r e l d e la c h a p e l l e St-Laiurent. Les p r e m i e r s s t a t u t s d a t e n t de 1571, renouvelles e n 1903. P o u r e n faire p a r t i e i l fault ê t r e ressortissant ett bourgeois d e l ' u n e d e s 5 loommunes de la vallée, avoir 18 ans, posséder

au m o i n s 900 toises d e p r é f a u c h a b l e à Zinal. 'Ce consortage q u i se superpose à l a c o m m u n e d'Ayer, possède le b â t i m e n t de l a poste, l a c h a p e l l e , des forêts, des p a r c o u r s p o u r le b é t a i l e t des vignes à S i e r r e . U n a u t r e consortage est celui de l a fontaine des M e m b e r z e s . U n e t r e n t a i n e de p r o p r i é t a i r e s de granges-écuries ont a c h e t é u n e source, o n t conduit l'eau à u n e fontaine, au centre du t e r r i t o i r e . Ils possèdent u n e vigne à Sierre. Le 6 j a n v i e r , s u i v a n t l a t r a d i t i o n , ils t i e n n e n t u n e r é u n i o n p o u r t r a i t e r de feurs affaires. Ce culte de l ' e a u est b i e n original.

•Il y a b e a u c o u p d'alpages d a n s l e vallon d e Zinal. Ceux de Sorre- bois, de La Lé, d e T r a c u i t e t d e B a r n e u s a sont exploités p a r des Anni-

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viards, suivant le système ancien des oonsoitages. Le travail est fait par des domestiques. Point d'écuries, le bétail de la race d'Hérens reste au grand air, quel que soit le temps. L'alpage de Singline appar- tient à des consorts de Grimisuat, ceux d'Ar Pitteta et de Lirec à des gens de Salquenen.

Au cours de ce siècle une évolution très importante s'est produite dans les conditions de vie des habitants. Vers 1900, l'industrie de l'Aluminium s'est installée à Chippis, bien des Anniviards y ont trouvé des occasions de 'travail. Il en a été de même dans l'aménagement hydro-électrique de la vallée. Les ressources de l'agriculture, faibles en montagne, ne suffisent plus à l'entretien des familles que les besoins d'une vie plus confortable rendent toujours plus difficile. Alors la population diminue, le cheptel se restreint, une partie des champs restent en friche, des mayens de Zinal ne sont plus occupés, on descend le foin pour n'avoir plus à monter en hiver. La situation entre 1859 et 1959 est donc bien différente.

Le tourisme pédestre à Zinal

Tel est le cadre dans lequel le sport si bienfaisant de lia marche peut s'exercer à Zinal. La richesse et la beauté des buts d'excursions est incomparable ; il y en a pour toutes les capacités, pour tous les goûts. Malgré la vogue des moyens de 'transports mécanisés, les hôtes des hôtels, des chalets, les campeurs, pratiquent beaucoup le tourisme pédestre. Nous ajoutons une liste d'excursions sans en développer les caractères, on les trouvera dans notre GUIDE DU TOURISME PEDES- TRE D'HERENS ET D'ANNIVIERS.

Le Roc de la Vache avec descente sur Ar Pitteta ; très belle excur- sion ; la flore est spécialement intéressante. Du sommet la vue est de toute beauté sur les 'montagnes d'Aniniviers et sur la vallée.

L'alpage de La Lé : Beau cirque harmonieux, modelé par les anciens glaciers, orienté vers les grandes cimes, loin du monde.

L'alpage de Sorrebois : vaste étendue jusqu'à la Gome de Sorre- bois, d'où le regard embrasse la vallée d'Annivieirs et un vaste panotramia.

L'alpage de Singline avec son plateau accueillant.

Le Petit Muntet : petite excursion qui nous jette pourtant dans la haute montagne. Du haut de sia grande moraine on a le glacier à ses pieds.

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Arolec : mayen transformé en alpage. Intéressante forêt d'aroles.

Lirec et Bameusa : splendide traversée ; en continuant par la combe de Nava on atteint le col de Forclettaz sur Gruben, ou encore l'hôtel Waisshorn et St-Luc.

Promenade à Grimentz, le beau village.

Ayer, St-Luc, Chandolin, visite des villages.

Les cabanes sont de itrès beaux buts d'excursion même si on ne fait pas d'ascensions. Celle du Grand Muntet dans un cirque de hautes sommités, vues de près, dont les glaciers descendent de 'toutes parts.

Celle de Tracuit sur une arête avec une vue panoramique très étendue.

Celle d'Air Pitteta au pied du Weisshorn, tout près du glacier die Miami ng.

Arrivé au terme de cette évocation du centenaire nous voudrions exprimer un vœu au seuil de ce deuxième siècle. Que la station de Zinal se développe tout en gardant son caractère d'intimité, de simpli- oité et de distinction. Qu'elle se garde bien d'attirer ceux qui demandent à la montagne les amusements de la ville, qu'elle reste la station recherchée des alpinistes et de ceux qui pratiquent le sport de la marche. Aux Anniviards qui souhaitent le développement de leur station nous dirons : Soyez bienveillants envers les alpinistes, les hôtes des hôtels, des chalets, les automobilistes rapides, les campeurs et les jeunes édaireurs. Vous ferez ainsi œuvre utile pour votre Station.

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