A NNALES SCIENTIFIQUES
DE L ’U NIVERSITÉ DE C LERMONT -F ERRAND 2 Série Mathématiques
C. C ATTANEO
Principe de mach et relativité générale
Annales scientifiques de l’Université de Clermont-Ferrand 2, tome 8, série Mathéma- tiques, n
o2 (1962), p. 137-144
<
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PRINCIPE DE MACH ET RELATIVITÉ GÉNÉRALE
C. CATTANEO (Rome)
J’ai lu
quelque part qu’Albert Einstein, prié
par desreporters
de résumer enquelques
motsle contenu de la relativité aurait dit :
"Voulez-vous
savoirquelle
est la différence fondamentale entrephysique classique
et relativité ? Enphysique classique,
si vous videz le monde de toutobjet ayant
une consistance
physique,
il reste encorel’espace
et letemps.
Enrelativité,
si vous videz l’univers de toute chosesensible,
il ne resterien".
Ce n’était
qu’une
boutadequi
neprétendait guère
à unecomplète rigueur scientifique
maisqui
revélait non seulement lacomplète
adhésion d’Einstein aux idées et au programme de ErnstMach,
suivantlesquelles
toutes les loisphysiques
et les notions mêmesd’espace
et detemps
doivent êtrecomplètement
conditionnées par la matièreprésente
dans l’univers, mais aussi saprofonde
conviction que la relativité
générale
réalisait en effet ces idées et ce programme.Evidemment la
phrase
d’Einstein ne devait pas êtreprise
à lalettre,
comme d’ailleurs lui- même avaitpréaverti.
Eneffet,
est-il vrai - aupoint
de vue de la relativitégénérale - qu’en
vidantl’univers de toute masse il
n’y
reste rien ?Envisageons
leséquations gravitationnelles,
valablespartout
dansl’espace-temps,
et réduisonspartout
à zéro leur deuxième membre. Un théorème bien connu, formulé lapremière
fois par M. Sérini[14]
etpuis
étendu sous deshypothèses
deplus
enplus générales
par M. Lichnerovicz[11]
et M. Avez[1 ],
nous ditqu’un
tel univers apartout
lastructure d’un
espace-temps
de Minkowski sans courbure. La coïncidence avec unespace-temps
de Minkowski devient mêmeglobale
si onajoute
unehypothèse
trèssimple
sur latopologie
de notreunivers. Eh bien ! 1 Est-ce
qu’un espace-temps plat
est la même chose que"rien" ?
Evidemment pas. Unespace-temps plat présente
desrepères privilégiés,
lesrepères galiléens, qui,
parprin- cipe,
sontphysiquement distinguables
d’unrepère
tournant ou d’unrepère
accéléré. Et si dans notreunivers
"vide
dematière"
ily a le
moyen dedistinguer physiquement
de différentesespèces
derepères
il y est bien restéquelque
chose.Je n’insiste pas sur ce
point.
J’ai voulu seulementsouligner
l’insatisfactionconceptuelle provoquée
en celuiqui accepte
les idées deMach, quand
il doitenvisager
unespace-temps
de Minkowskicomplètement
vide. Maisl’espace
vide n’estqu’une
abstractionlimite, qui
d’ailleurs est loin de la réalitéphysique
et la difficulté queje
viensd’indiquer
ne doit pas êtreimputée
à lathéorie de la relativité
générale qui,
aucontraire,
semble réaliser aumaximum,
dans le domainequ’elle
recouvre, le programme de Mach.Tel est au moins mon avis et
je
voudraisarriver,
par monexposé,
à donner une contribution modeste mais concrète à la clarification de cepoint.
1 - RAPPEL D’UN RESULTAT DE H. THIRRING -
Dans une note de 1918
complétée
en 1921(cfr. [15] ] [16])
H.Thirring
a montré que si unespace-temps plat
de Minkowski estperturbé
par une couchesphérique
très mince en rotation uni- forme parrapport
à unrepère galiléen S G
à l’intérieur de la couche s’établit unchamp gravita-
tionnel
qualitativement
semblable auchamp apparent qui
estprésent classiquement
dans unrepère
tournant.
A bon droit ce
résultat,
obtenu sur la base deséquations gravitationnelles
dansl’approxi-
mation
linéaire,
a été considéré trèsimportant
à unpoint
de vuespéculatif, puisqu’on
l’ainterprété
comme une preuve de l’effective réalisation en relativité
générale
duprincipe
deMach,
suivantlequel l’inertie,
comme lagravitation,
est déterminée par les masses de l’univers. Des résultats deThirring,
on a même crupouvoir
déduire unesuggestive
relation entre le rayon de notre universphysique,
sa massetotale,
et la constante degravitation
universelle(cfr. Meller, [13],
p.321) .
Cette relation a été établie par une sorte d’identification du
champ approché (dépendant explicitement
de la masse et du rayon de lacouche)
auchamp apparent classique,
en considérant ce derniercomme une donnée directe. de
l’expérience.
Tout à fait d’accord sur
l’importance conceptuelle
du théorème deThirring, je
voudrais en-visager
ici le mêmeproblème
enpleine rigueur
et d’unefaçon plus
étroitement adhérente à la théorie einsteinienne etdiscuter, d’après
les résultats que nousobtiendrons, quelles
sont,parmi
les
conséquences qu’on
a tiré des résultats deThirring,
cellesqui peuvent
être confirmées.2 - METHODE DES PROJECTIONS NATURELLES PAR RAPPORT A UN REPERE DONNE : RAP- PEL DE
QUELQUES
APPLICATIONS -Rapportons
la variétéespace-temps V4
à unsystème quelconque
de coordonnées localesxi(l) physiquement admissibles,
dont x a coordonnéesd’espace
et x4 = ct coordonnéetemporelle.
Noussupposerons que la
métrique
deV4 - dS2
=gijdxidxj -
a lasignature
+ + + -, cequi entraine, compte
tenu du dit caractère des
xi,
lesinégalités (voir [13]) :
(pour
toutsystème
de dx~ non simultanémentnulles).
Ausystème
coordonnéxi correspond
unrepère physique
S biendéterminé,
constitué par les co3particules
idéalesayant
commetrajectoires
d’universles
lignes x’
= var. Lerepère physique
est donc déterminéuniquement
par la congruence deslignes x4
ou, cequi
revient aumême,
par lechamp
des vecteurs unitairestangents
auxlignes x4
etorientés dans le
futur,
decomposantes :
Les coordonnées
Xi,
à leur tour, seront ditesadaptées
aurepère physique
S. Il existe une infinité desystèmes
de coordonnées localesadaptées
à un mêmerepère physique
S. Tous cessystèmes
sont liés par le groupe des transformations internes :
qui,
nechangeant
pas leslignes temporelles,
nechangent
nonplus
lerepère physique.
Soit
Tx l’espace
vectorieltangent
àV4
aupoint
x. D’unefaçon
trèsspontanée
on est conduità
décomposer
cet espace en la somme directe d’un espace unidimensionnelex parallèle
ày et
d’un espacesupplémentaire
à troisdimensions, Z~, orthogonal à y j on
lesappelle respectivement
temps et espace localement associés(voir Lichnerowicz, [11].
De cettedécomposition
on tire touteune
technique
deprojection
naturelle sur 8 ou sur~Z applicable
aux vecteurs aussi bienqu’aux
tenseurs d’ordre
quelconque ;
et cettetechnique qui
a étélargement développée ([5])
mais dont onne
peut
pasparler
maintenant,permet
de définir d’unefaçon systématique
desgrandeurs physiques
et des
opérations
différentiellesayant
unesignification
relative aurepère physique
S maisayant
en mêmetemps
un caractère invariant vis à vis des transformation? internes(3).
Par cesgrandeurs
et par ces
opérations,
on a pu arriver d’unefaçon
correcte à la formulation relative des loisphy- siques
en relativitégénérale (voir [2] [3] [4] [6] [7] [8] [9]).
Sans vous ennuyer par de
longs rappels, je
peux me borner à nerappeler
ici quequelques points, qui
seront essentiels pour la suite.A - On
peut
d’abordappliquer
la ditetechnique
pour déterminer les caractèresintrinsèques
du
repère
S lui-même et on trouve que ces caractères se résument dans les trois tenseursd’espace
suivants :a)
le vecteurCi
=qui
est le vecteur de courbure deslignes x4 ,
>b)
le tenseursymétrique
lié aux variations dans letemps
du tenseurmétrique d’espace (y, j
=gij
+qu’on peut
nommer vitesse dedéformation
du fluide de repère S ;c)
le tenseurantisymétrique
Ôij
=qui
est lié au mouvement de rotation locale du fluide S etqu’on appelle
lef 4 Y4 ~
tenseur tourbillon
d’ espace ;
dans sonexpression parait l’opération
différentielle~i
+ 4 ditedérivation
transverse(voir [2] [5]).
---
(1) Les indices latins varient de 1 à 4, les indices grecs de 1 à 3.
L’annulation éventuelle du vecteur
Ci
est propre desrepères
ditsééodésiques ;
l’annulation de-Kij
caractérise lesrepères
rtéides(suivant
la définition deBorn) ;
enfin l’annulation du tenseurS~i~
caractérise les
repères
irrotationnels et entraineaussi,
pour leslignes x4,
lapropriété
de cons-tituer une congruence normale.
B -
L’opération
deprojection naturelle,
sur 8 ou sur~, peut s’appliquer
au tenseur de cour-bure de la variété
V,.
8 Les différentesprojections
d’un tenseur duquatrième
ordre sont en nombrede
16 ;
mais pour le tenseur decourbure, compte
tenu de sespropriétés
desymétrie,
il y en a seulement 9 nonidentiquement
nulles ; et celles ci seréduisent,
aufond,
aux trois suivantes(voir [10]).
les 6 autres
s’y
ramenant immédiatement.Si on donne un coup d’oeil à ces
projections
on y voitparaître explicitement
ce que nousavons
nommé les caractèresintrinsèques
durepère,
c’est-à-dire les tenseursd’espace C~, Kij
Jgii ,
ou directement ouassujettis
àl’opération
de dérivation covariante transverse, Ausujet
decette
opération, opérant
sur des vecteurs ou tenseursd’espace, je rappelle (cfr. [5], p. 371) qu’elle
se construit formellement comme une dérivation covariante ordinaire en
employant
le tenseur mé-trique d’espace y,.
au lieu du tenseurg,.
et ladérivée $
au lieu de la dérivéepartielle
3r :Dans la
projection
E E E E du tenseur de courbure(voir [ 10 ] ~
on voitparaitre
enplus,
un ten-seur
d’espace
duquatrième ordre, qui
semble bien avoir le droit au nom de tenseur de cour-bure
d’espace,
même dans le cas, pas du toutexceptionnel,
où la distribution des3-espaces
Z n’estpas holonome. En effet ce tenseur
peut
s’écrire d’unefaçon
tout à faitidentique
à uneexpression
bien connue du tenseur ordinaire de Riemannà ces différences
près : l’emploi
de lamétrique d’espace
au lieu de lamétrique d’espace-temps
etde la dérivation transverse au lieu de la dérivation ordinaire.
Des formules
(4),
J(5), (6)
on tire lesquatre projections
du tenseur de courbure contractéRif
(tenseur
deRicci) (voir [10]):
où l’on voit
paraitre
le tenseurd’espace
deRicci, à,., qu’on
obtient deRi,,,,
en contractant le pre- mier et le troisième de ses indices.C - En
procédant
dans cette revue trèsrapide, je rappellerai qu’au
moyen de la ditetechnique
de
projection
onpeut
définir pour uneparticule
matériellequelconque,
et même pour unphoton,
desaerandeurs standard,
relatives aurepère envisagé,
telqu’un
vecteur vitesse, un vecteurimpulsion,
une masse
(relative),
uneéneraeie,
un champ~ravi tat ionnel.
Enemployant
ces définitions ons’aperçoit qu’on peut
donner aux lois du mouvement d’uneparticule
librementgravitante
une formulation re-lative
ayant
un caractère tout à fait newtonien(cfr. [ 2] ) :
Dérivée
temporelle
del’impulsion
= masse xchamp gravitationnel.
L’équation
del’énergie prend
aussi une forme tout à faitclassique (cfr. [3] ).
Sans m’arrêtersur ces
points
il nous suffira pour la suite de retenir icil’expression explicite
duchamp gravi-
tationnel standard. Le
champ gravitationnel
standard associé à unrepère physique quelconque
S estreprésenté
par un vecteurd’espace G, qui
à son tour estdécomposable
en la somme des deux vec-teurs
d’espaces
suivants :a) Champ gravitationnel
de repos(ou champ d’entrainement).
où on a
posé :
potentiel
scalaire(14)
potent iel
vecteur.(15)
Dans la
première expression
deG~
on voitparaitre
le vecteurCi qu’on
arappelé auparavant.
La deuxième
expression
montre l’identité duchamp
de repos, ausigne près,
avec l’accélération absolue de laparticule
durepère
surlaquelle
laparticule d’épreuve
se trouvejuxtaposée
àl’instant ,
ce
qui justifie
pourG~
le nom dechamp
d’entrainement. La troisièmeexpression
met en évidencela
dépendance
deG~
d’unpotentiel
scalaire U et d’unpotentiel
vecteurCt’i.
Ladépendance
deG~
dupotentiel
U se fait au moyen del’opération -ai. (N.
B. les deux termes danslesquels G~
a été dé-composé
dans la troisièmeexpression
ne sont passéparément
invariants vis à vis deschange-
ments
(3),
mais nous n’aurons pas occasion de les considérerséparément).
b) Champ
de Coriolis.dans
lequel
intervient le tenseur tourbillond’espace
et la vitesse standard de laparticule d’épreuve .
Comme nous venons de
dire,
il y aplusieurs
raisonsqui justifient l’hypothèse
que le vecteurGi
=GI
+Gï représente
lechamp gravitationnel
dans unrepère donné,
entre autre despropriétés
différentiellesayant
un caractère tout à faitnewtonien,
dont nousparlerons
dans leparagraphe
suivant. Mais d’abord voyons ce que devient le
champ gravitationnel
standard dans un universplat
de Minkowski
quand
onrapporte
cetespace-temps
à unrepère
tournant. On sait bien que si dansune
région espace-temps plate,
onenvisage
unrepère rigide
tournant d’une vitesseangulaire
cons-tante w par
rapport
à unrepère galiléen
donnéSG
et dans cerepère
tournant onemploie
des coor-données
d’espace cylindriques
r,~,
z(qui représentent
les véritables coordonnéescylindriques
ini-tiales en
5G
d’uneparticule
durepère S)
lamétrique
deM~ prend
la forme(cfr. M~ller, [13]).
On en déduit :
Le
repère
tournantSw
est donc unrepère rigide
doué d’une vitesse de rotation(qui
n’est pas la même en tous lespoints).
Lechamp
de reposqui
estprésent
dans cerepère
est tout à fait ana-logue
auchamp centrifuge
de lamécanique classique,
aveclequel
il se confond pour despetites
valeurs de
wr/c).
Au contraire il en diffère deplus
enplus,
au fur et à mesure que r tend versla valeur limite Tout cela est au fond bien connu, sauf
peut
êtrel’expression
exacte que nousavons attribuée au
champ gravitationnel
et à sonpotentiel, expression qui
tient à la définitiongé-
nérale
(13) (16)
dechamp gravitationnel
standard.3 - FONCTIONS STATIONNAIRES
HARMONIQUES
DANS UN UNIVERSSTATIQUE -
Revenons maintenant à une
V4
courbe etparticularisons
sa structure locale ensupposant
que dans unerégion
W elle soitstatique,
au sens de Levi-Civita. Cettehypothèse,
enemployant
descoordonnées
adaptées,
se traduit par les conditions suivantes :Les deux dernières conditions entrainent l’existence d’une
simple
infinité de sectionsV3,
1d’équation
x4 = const. , normales aux
lignes
X4 etisométriques
entreelles, aptes
àdéfinir,
par passage au quo-tient,
cequ’on appelle
d’habitudel’espace physique
tridimensionnel.L’hypothèse
de staticitésimplifie beaucoup,
et d’unefaçon évidente,
les formules deprojec-
tion des tenseurs de courbure. En même
temps
les tenseursd’espace
etRa.,8 (voir (8)
et(9))
se réduisent
respectivement
au tenseur de Riemann et au tenseur de Ricci del’espace physique V3 .
On
peut
encoreajouter
que, dans les diteshypothèses, l’opération Bla.’ opérant
sur des vecteurs outenseurs
d’espace,
se réduit à la dérivation covariante surV3.
Tout cela étant
posé,
soit une fonction stationnaire(c’est-à-dire indépendante
deX4) ayant
sonsupport
en 6D. Une telle fonctionpeut
êtreenvisagée
soit comme une fonction de trois variables définie sur chacune des sectionsV3 ,
soit comme une fonction dequatre
variables définieen
V4.
Dans les deux cas elle admet un mêmegradient - grad
f - constituant unchamp
de vecteursd’espace (c’est-à-dire
normaux ày), indépendant
dex4.
Cechamp,
à son tour,peut
êtreenvisagé
ou bien comme un
champ
de vecteurs deV3 ,
ou bien comme unchamp
deV4.
Dans sapremière
acception
il admet unedivergence
tridimensionnelle ainsi définie :(dans
le cas actuel la dérivation covariante transverseDa
n’est pas autre chose que la dérivation covariante enV3 ).
Si par contre on considère
grad
f comme unchamp
de vecteurs deV4 ,
il admet une driver-éence
quadridimensionnelle :
Div
grad
f = Af =g~~
f(22)
définie au moyen de la dérivation covariante en
V4.
Les deux
divergences
définissentrespectivement
lelaplacien d’espace,
de la fonction f etson
laplacien spatio-temporel
!!1f. La dernière définition est d’ailleursindépendante
du caractère stationnaire de f.Il est facile de constater
qu’entre
les deuxdivergences qu’on
vientd’envisager
existe la re-lation :
Div
grad
f = divgrad
f +Ci °i
f(23)
de sorte
qu’elles
coincident seulement si lerepère physique
de staticité estgéodésique (Ci = 0).
Suivant la définition courante, une fonction stationnaire
f(xl, x2, x3),
de classeC’,
sera diteharmonique
au sensquadridimensionnel
1 dans le domaine a si en a elle satisfait àl’équation :
Pour cette classe de
fonctions, qui
engénéral
ne coincident pas avec les fonctions stationnaires harmoniques au sensspatial (Àf
=0),
nous allons établir un théorème d’unicitéqu’on
utilisera un peuplus
tard(n.4).
Soient V ,
Vj
deux sections normalesd’espace, d’équation respective X4
= c,x~
= c’(c c’ , constantes) ;
w un domainerégulier
deV3 ,
6 sa frontière(bidimensionnelle) ;
w’ le domaine deV3
correspondant
à w dans la translation définie par leslignes x4,
o’’ safrontière, correspondante
à cr dans la même translation. Soit encore W le domaine àquatre
dimensionsengendré
par w lors desa translation de
V
à et Z sa surfacelatérale, engendrée
à son tour par a, dans la dite trans-lation. La
frontière tridimensionnelle,
de W est formée évidemment parE,
w, w’.Dans le domaine
envisagé W,
soit une fonctionrégulière
f stationnaire etharmonique,
ausens
quadridimensionnel.
A cause de son harmonicité elle satisfaitpartout
à l’identité différen- tielle :Si on
intègre
cette identité surW,
enappliquant
le théorème de Green à lapremière intégrale , compte
tenu que le flux degrad
f à travers w et w’ estnul,
à cause du caractèrespatial
degrad f ,
on déduit .
où on a
indiqué
par n le vecteur unitaire orienté comme la normale extérieure à Z. Il en su i t que si 1 f est nulle sur 6, et partantsur E,
elle estidentiquement
nulle en W. Cette remarque estappli-
cable en
particulier
à la différence entre deux fonctionsstationnaires, harmoniques
en W au sensquadridimensionnel,
etprenant
les mêmes valeurs sur Q, cequi permet
deformuler, dans
notreespace-temps statique,
les théorèmes suivants :THEOREME D’UNICITE -
L’équation diffërentielle
Af = 0 ne peut pas admettre deux solutions stationnaires prenant les mêmes valeurs sur cr.COROLLAIRE -Si une
fonction
stationnaire harmonique, au sens quadridimensionnel, est constante sur 6 elle est constante en w.Comme on va le voir dans un
instant,
ce corollaire trouve uneapplication
intéressante à l’étude de la variétéV4
elle même.4 - UN CRITERE SUFFISANT POUR
I§ECONNAITRE
LE CARACTERE MINKOWSKIEN D’UNE REGION VIDE D’UN ESPACE-TEMPSSTATIQUE -
Dans une
région statique
deV4, rapportée
à sonrepère
destaticité,
lechamp
de Coriolis(16)
est absent =
0) ;
en mêmetemps
lechamp
de reposG! (cfr. (13))
se réduit augradient
ordinaired’une fonction
potentielle,
U = -c2log V- g44 indépendante
de x4(ya
=0, ~i
=Di~ 0).
Mais on
peut
diredavantage.
Commej’ai
montré dans une note récente desCgmptes
Rendus(cfr.
[7]),
dans unespace-temps statique
lepotentiel
U satisfait à uneéquation, parfaitement
semblableà
l’équation
dePoisson, qui
dans lesrégions
vides se réduit à la forme deLaplace :
AU = 0.
(27)
Cela étant
rappelé,
supposons savoir que lepotentiel U (Xl, X2, x3) prend
une même valeur surune surface fermée renfermant une
région
videsimplement
connexe del’espace physique V3.
Ducorollaire du n. 3 il résulte immédiatement que U est constant à l’intérieur de 6, ce
qui
entraineCi = 1 c2 aiU -
0. Si on tientcompte
de cettecirconstance,
ainsi que des conditions locales derigidité
et d’irrotationalitéimplicites
dansl’hypothèse
destaticité,
J dansl’équation
dechamp 0,
enayant égard
à la formule(9),
on déduit :Ra,8 =
0.(28)
Cela
correspond,
dans notre cas, à l’annulation du tenseur de courbure contracté deV3.
Mais pourune variété riemannienne à trois dimensions l’annulation du tenseur de Ricci entraine l’annulation du tenseur de
Riemann,
donc de On endéduit,
au moyen des formulesgénérales (9) (10) (11) ,
l’annulation du tenseur de courbure de
V4.
On arrive à l’énoncé suivant :Si dans une
région
vide simplement connexe d’un espace-temps statiqueV,
lepotentiel
scalaire Uprend
une meme valeur sur unesurface
deV3 (espace physique) renfermant
un volume w,V4
estminkowskien dans tout le domaine
quadridimensionnel
Wen~endré
par w.5 - CHAMP GRAVITATIONNEL A L’INTERIEUR D’UNE COUCHE
SPHERIQUE
RIGIDE -Envisageons
maintenant un univers stationnaireV4 , spatialement sphérique, engendré
par une couchesphérique
etrigide
de matière. La variétéV4
restedivisée,
d’unefaçon naturelle,
en troisparties :
larégion
directement recouverte par lacouche,
où sont valables leséquations
intérieures duchamp ;
lapartie
au dehors de lacouche, ayant
la structure d’unespace-temps
extérieur deSchwarzschild ;
enfin lapartie
interne à lacouche, régie
elle même par leséquations gravitation-
nelles du vide. Sur les frontières de
séparation
entre les trois domaines les conditions de rac-cordement de M. Lichnerowicz
[11] ]
sont valables.Même si on laisse
imprécisées
la naturephysique
de la couche matérielle et sesdimensions ,
la condition de stationnarité suffit pour assurer que larégion
intérieure à la couche a une structure minkowskienne. On le reconnait aisément en observant d’un côté que larégion
enquestion
est cer-tainement
statique (un repère adapté
au caractèresphérique
deV.
est sûrementirrotationnel)
etque d’autre
part
lepotentiel
U, stationnaire parhypothèse
enV4 , prend
sûrement la même valeursur le bord interne de la couche. Toutes les conditions
d’applicabilité
du critère démontréplus
hautétant vérifiées dans la
cavité,
larégion
deV4
recouverte par la cavité même est nécessairementplate.
Ce résultat étend à la relativité le théorème célèbre de la théorie
classique qui
établit l’ab-sence de
champ
newtonien à l’intérieur d’une couchesphérique.
Une fois reconnu le caractère minkowskien de la
région
deV4 engendrée
par la cavitésphé- rique,
cequi
nous intéresse surtout est le fait que dans cetterégion,
J à la différence de cequi
arrive dans un
espace-temps
de Minkowskicomplètement vide,
lesrepères galiléens
sontphysique-
ment
repérables,
devant être au repos, ou en mouvement de translationuniforme,
parrapport
à la matière constituant la couche.Naturellement si dans la cavité on
adopte
unrepère
tournantS~ (dont
la vitesse de rotation west bornée par la limitation wR c, R étant le rayon de la
cavité)
on voit naître leschamps gravi-
tationnels
centrifuge
etcentrifuge-composé, qu’on
a illustréauparavant (cfr. n. 2).
Mais maintenanton
comprend
bien que ceschamps prennent origine
du mouvementparticulier
durepère
parrapport
à la matièreprésente
dansl’univers,
cequi
est bien en accord avec leprincipe
de Mach.Si en outre on observe que dans le
repère S~,
danslequel
lechamp gravitationnel
estrigou-
reusement connu, comme nous venons de
rappeler,
la couche de matièreapparaît
se mouvoir avecune vitesse de rotation constante, on voit que le
problème
deThirring,
de la détermination duchamp gravitationnel
à l’intérieur d’une couchesphérique
tournante est résolurigoureusement.
Il est
significatif
quequand
on passe de la solutionapprochée
deThirring
à la solutionrigou-
reuse
disparaisse
toutedépendance
duchamp gravitationnel présent
enSw
du rayon R et de la masseM de la couche ainsi que de la constante universelle de
gravitation.
En mêmetemps
il semble venir -à manquer unimportant appui
à la relation entre la constantegravitationnelle,
le rayon et la masse de l’universqu’on
avait crupouvoir
déduire des résultatsapproximés
deThirring.
Je
terminerai
par une remarque trèssimple.
On dit souvent, et l’affirmation est très raison-nable,
que si leprincipe
de Mach estvalable,
tout effet d’inertie doitaugmenter
avec les massesqui
leprovoquent,
exactement comme il arrive pour les actionsgravitationnelles
newtoniennes. A cetteoptique
ilpourrait paraître singulier
que lechamp gravitationnel
à l’intérieur de la couche tournante soitindépendant
de la masse de la couche.Mais la difficulté n’est
qu’apparente.
Onpeut
se convaincre facilement que si par hasard onmodifiait la masse de la couche il y aurait évidemment un
changement
despotentiels gravitationnels
et du
champ
à l’extérieur de la couche et même dans sonépaisseur.
Dans la cavité il y aurait bien deschangements
pour les valeurs despotentiels, qui
doivent se raccorder auxpotentiels
du bordintérieur de la
couche,
mais le caractère minkowskien de la variétéspatio-temporelle n’y
seraitpas troublé. La situation
physique
à l’intérieur de la couche resterait la mêmequ’auparavant :
oncomprend
bien alorspourquoi
lechamp gravitationnel
à l’intérieur de lacouche,
dansn’importe
quel repère,
nedépend
pas de la masse et des dimensions de la couche ni de la constante univer- selle degravitation.
Si de tout cela on veut tirer une
conclusion,
onpeut
direqu’en
relativité ladépendence
desforces d’inertie des masses de l’univers est réalisée d’une
façon automatique,
étant donnéqu’inertie
et
gravitation
ne sontplus distinguables.
Si dansl’exemple
que nous avons traité en détail lechamp gravitationnel (à
l’intérieur de lacouche)
ne semble pasdépendre
des masses de l’univers(voir ,
masse de la
couche)
celadépend
d’un fait accidentel :l’annulation,
dans lacavité,
de la courburespatio-temporelle.
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1921.DISCUSSION
Mme TONNELAT - Le
potentiel
estreprésenté
par U et lechamp
parGÿ.
Si la massecroit ,
on ne constate pas,
d’après
leds2,
la modification de U(terme
enW) ?
Ce terme en w n’est-il pas modifié par un coefficient ?M. CATTANEO - Effectivement tous les termes du ds2 seraient modifiés par un même coef-
ficient,
mais la situationphysique
à l’intérieur de la couche resterait lamême,
car deuxds2
nedifférant que par un même coefficient constant sont
physiquement indistinguables
dans le cadre pu-rement
gravitationnel (le
mouvement d’uneparticule d’épreuve gravitante
nechange
pas, étant donné que laprésence
du coefficient nechange
pas lesgéodésiques espace-temporelles).
M. SOURIAU - Si l’on se donne le rayon de la
sphère,
la modification de la masse totalechange-t-elle
leschamps
intérieurs ?M. CATTANEO - Il est
difficile,
à mon avis, de concevoir unchangement
de la masse totalesans aucune modification du rayon de la
couche,
masses etlongueurs
étant liées par leséquations gravitationnelles.
Je pense d’ailleurs que tous ceschangements
nepourraient
être observés directe- ment car l’altération éventuelle deslongueurs,
destemps
etc. , affecterait aussi les étalons demesure. Mais dans le cas
présent
même uneexpérience gravitationnelle,
au moyen d’uneparticule d’épreuve,
nepourraient
nonplus
révéler de telschangements
car lesgéodésiques
espace-temporelles
ne seraient pas modifiées.M. SOURIAU - Il serait intéressant de savoir s’il est
possible
derésoudre,
simultanémentau
problème gravitationnel,
leproblème
del’équilibre
et des contraintes dans la matière.M. CATTANEO - Il
s’agirait
sans doute d’unproblème
fort intéressantmais, je
pense, passimple.
Il faudrait d’abord choisir un schéma convenable pour lacouche,
parexemple
un schémasolide