A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
J EAN -P IERRE M ARCO
L AURENT N IEDERMAN
Sur la construction des solutions de seconde espèce dans le problème plan restreint des trois corps
Annales de l’I. H. P., section A, tome 62, n
o3 (1995), p. 211-249
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211
Sur la construction des solutions de seconde espèce
dans le problème plan restreint des trois corps
Jean-Pierre MARCO
Laurent NIEDERMAN Université Pierre-et-Marie-Curie, UFR 920, 4, place Jussieu, 75252 Paris Cedex 05, France.
Bureau des Longitudes,
Astronomie et Systèmes Dynamiques, JE 337, 3, rue Mazarine, 75006 Paris, France.
et Université Paris Sud, Topologie et Dynamique,
URA 1169, bâtiment 425 (mathématiques),
91405 Orsay Cedex, France.
Vol. 62, n° 3, 1995 Physique théorique
RÉSUMÉ. -
Après
unerégularisation
deLevi-Civita,
les solutions de secondeespèce apparaissent
comme bifurcations d’orbites homoclines relatives à unpoint
fixehyperbolique.
L’idée est de J.Henrard,
nous améliorons sa démonstration en utilisant un
simple
théorèmed’approximation
autour dupoint fixe,
et nous donnons dans ce contexte de manièreanalytique
les conditions nécessaires d’existence des solutions.Mots clés : Solutions périodiques, perturbations singulières, problème des trois corps, solutions homoclines, bifurcations.
ABSTRACT. - Levi-Civita’s
regularization
leads to a construction of secondspecies
solutions as bifurcations of homoclinic solutions relativeto a
hyperbolic
fixedpoint.
This idea is Henrard’s one, weimprove
hisproof by using
asimple approximation
theorem in theneighbourhood
ofthe fixed
point,
and wegive
in this contextanalytical
necessary conditions for the existence of secondspecies
solutions.Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique - 0246-0211
Vol. 62/95/03/$ 4.oo/@ Gauthier-Villars
212 J.-P. MARCO ET L. NIEDERMAN
INTRODUCTION
Dans le
premier
tome des Méthodes Nouvelles de laMécanique Céleste,
H. Poincaré met en évidence
l’importance
des solutionspériodiques
dans la
description
duproblème
des trois corps. Il en donne d’abord des constructionsperturbatives,
àpartir
des solutionspériodiques
nondégénérées
duproblème
obtenulorsque
deux des masses s’annulent. Il choisit ainsi deperturber
unproblème
dit «planétaire »,
les deux massesnulles décrivant des orbites
kepleriennes elliptiques
sans croisement autour de la masseprincipale. Depuis Poincaré,
les solutionspériodiques
ainsiconstruites sont dites de
première espèce.
Dans le troisième tome
[ 1 ],
Poincarés’aperçoit
que d’autres solutionspériodiques
duproblème général
s’obtiennent enperturbant
des solutionsavec
singularités
duproblème
à deux masses nulles - lessingularités correspondant
aux collisions de ces deuxparticules -
etenvisage
doncla
perturbation
deconfigurations
nonplanétaires,
avec croisement destrajectroires kepleriennes.
Ilbaptise
solutions de secondeespèce
cesnouvelles solutions
périodiques.
La démonstration donnée par Poincaré de l’existence des solutions de seconde
espèce
est très courte, etparaît
assez difficile àjustifier complètement.
Enparticulier,
lagéométrie
duproblème
n’est pas éclaircie.Nous
envisageons
dans cet article unproblème plus simple,
directement lié auproblème
initial dePoincaré,
et étudié aussi parHill,
celui de la construction des solutions de secondeespèce
dans leproblème
restreint.On entend ici par
problème
restreint l’étude du mouvement d’uneparticule P3
de masse nulle située dans leplan
de deuxpoints P2
etPl,
de massesrespectives E ]0~ 1 [
et 1 - en mouvement circulaire autour de leur centre de masse C. Cette étude est effectuée dans lerepère
tournant lié àPi
et
P2
et donne lieu à un hamiltonien à deuxdegrés
de liberté. Les solutions de secondeespèce
seront ici desfamilles, paramétrées
par de solutionspériodiques
duproblème restreint,
existant pourpetit,
etconvergeant
lorsque
tend vers 0 vers la réunion de deux solutions distinctes duproblème
limite - leproblème
deKepler
deP3
autour dePl,
enrepère
tournant.
Le
problème
que nous venons de décrire à donné lieu à de nombreuses étudesanalytiques (cf. [2]-[7]).
Nous suivons ici uneapproche géométrique
introduite par J. Henrard
[8], qui régularise
lessingularités
de collisionP3, P2
par une méthode de Levi-Civita. C’est en effet par ceprocédé
que le caractère «
perturbations singulières »
de ceproblème
est leplus transparent. Lorsque ~ 7~ 0,
larégularisation
consiste àcompactifier
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
localement la variété
d’énergie
constante paradjonction
d’uncercle,
lessolutions
singulières
duproblème
initial étantenvoyées
sur les solutionsintersectant ce cercle.
Pour
=0,
le cercledégénère
en unpoint d’équilibre hyperbolique,
designature
2-2.Nous montrons que ce
point
fixe de Levi-Civitapossède
une infinité desolutions
homoclines,
et, suivantHenrard,
faisonsapparaître
les solutionsde seconde
espèce
comme bifurcations de ces solutions homoclines. Plusprécisément,
lepoint
dedépart
est la donnée de deuxsegments
~ps et (~de solutions homoclines distinctes
(pour
leproblème
deKepler
enrepère tournant),
et la démonstration consiste à recoller deux solutions voisines de~ps et ~p~
(dans
leproblème restreint)
de telle manière que ce recollement soit une solutionpériodique.
Nous décrirons en détail ceprocédé.
Il faut noter que la démonstration de Henrard est basée sur l’utilisation d’un théorème de
conjugaison (à
laHartman)
auvoisinage
dupoint d’équilibre,
difficile à utiliser correctement dans un cadresymplectique.
En
particulier,
cetteconjugaison
ne conserve pasl’énergie
et leprocédé
deraccordement de Henrard
porte
sur dessegments
de solutionsd’énergies différentes,
cequi
est incorrect. Pour éviter ceproblème,
nous utilisonsici un
simple
théorèmed’approximation CI
autour dupoint fixe, qui
nouspermet
de tenirexplicitement compte
de la conservation del’énergie.
Nous donnons de
plus
lesexpressions analytiques explicites
desconditions d’existences des solutions de seconde
espèce
en termes deconditions initiales pour les orbites homoclines
limites, (alors
que les étudesprécédentes
de ceproblème
étaient seulementnumériques [9] ).
La section 1 donne une
description
desproblèmes
considérés et de leurrégularisation.
On donne dans la section 2 la définitionprécise
dessolutions de seconde
espèce
et on montre l’existence d’une infinité d’orbites homoclines relatives aupoint
fixe de Levi-Civita. On décrit dans la section 3 la méthode de construction des solutions de secondeespèce
àpartir
de cesorbites homoclines. Les conditions d’existence des solutions de seconde
espèce
sont données sous formeanalytique
dans la section 4.1. LE
PROBLÈME
PLAN RESTREINT DES TROIS CORPSDans toute la
suite,
on étudie unsystème
hamiltonien sur T*(C)
= C x C.Si ~p est une solution du
système,
onappelle
orbite de ~p sonimage
dansT*
(C) et trajectoire
de cpl’image de
l’orbite par laprojection canonique
sur
l’espace
deconfiguration
C.Vol. 62, n ° 3-1995.
214 J.-P. MARCO ET L. NIEDERMAN
1.1.
Description
etéquations
duproblème
Le
problème plan
restreint des trois corps est l’étude du mouvement d’uneparticule P3
de masse nulle située dans leplan
de deuxpoints P2
et
Pl,
de massesrespectives
~cE ]0, 1[
et 1 - en mouvement circulaireautour de leur centre de masse C. On posera
toujours v
= 1- Décrivonsbrièvement la mise en
équations (classique)
dusystème.
1.1.1.
Équations
dans lerepère fzxe
Les
équations
du mouvement dans lerepère
fixe(C, Xi, X2 )
s’écriventoù X e C
désigne
laposition
de laparticule P3
et Y e C sa vitesse.1.1.2.
Équations
dans lerepère
tournantd’origine
CIl est
plus
commode de travailler dans un nouveaurepère d’origine C,
enrotation avec les corps
primaires Pl
etP2.
Dans cerepère,
les coordonnées(~ 7/)
deposition
et de vitesse vérifientLes
équations
du mouvement enrepère
tournant s’écriventAnnales de l’Institut Henri Poincaré -
On vérifie que ce sont les
équations
duchamp
hamiltonien associé à la fonctionlorsque C
x C est muni de la formesymplectique
La constante dans l’hamiltonien est choisie pour
simplier
l’étude desrégularisations
duproblème.
On suppose ici ~c et v non nuls. Pour h
fixée,
larégion
de Hilld’énergie
h est la
projection
sur leplan
deconfiguration
du sous-ensemble(h).
Elle a donc pour
équation
Les
représentations
desrégions
de Hill en référentiel tournant sont données dans lafigure suivante,
où leshi
sont les valeurscritiques
deLa nature même des solutions de seconde
espèce
conduit à ne considérerque des
énergies supérieures
à lapremière
valeurcritique ho,
rendant ainsipossibles
les transitions de laparticule P3
entrePl
etP2.
Dans le but desimplifier l’étude,
on supposera mêmetoujours l’énergie h supérieure
à ladernière valeur
critique h3 -
0.1.1.4.
Repère
tournant centré enP2
Le
problème
étudié dans la suite est traité parrégularisation
de lasingularité
de collision avecP2,
on introduit donc un nouveaurepère
centréen
P2.
On définit les coordonnées(M, N)
parVol. 62, n° 3-1995.
216 J.-P. MARCO ET L. NIEDERMAN et le nouvel hamiltonien s’écrit
pour la forme
symplectique
1.2. Le
problème
limite :Kepler
enrepère
tournantLe
paramètre
utilisé par la suite est que l’on supposeratoujours
voisinde 0.
Lorsque
~u =0,
l’hamiltonien s’écritC’est l’ hamiltonien d’un
problème
deKepler
relatif au centrePl,
dansle
repère
tournant centré enP2.
Il est
cependant plus simple
d’étudier ceproblème
dans lerepère
tournantcentré en
Pl,
le passage de l’un à l’autre s’effectue par unesimple
translation
(6). Comme
=0,
lepoint Pl
est au centre d’intertieC,
et on utilise les coordonnées
(~ r~)
définies en 1.1.2. L’hamiltonien s’écritL’hamiltonien
Ho
se relie au momentcinétique
et àl’énergie
deP3
dansle
repère fixe
centré enPl.
On obtientrespectivement :
pour le moment et
l’énergie
dans lerepère fixe,
et donc :Le moment
cinétique
fixe ~ est évidemment uneintégrale première
deHo
et leproblème
estcomplètement intégrable.
1.2.1.
Topologie
duproblème
Les
régions
de Hill s’étudient sansdifficulté, pour h
0 larégion d’énergie h
est la réunion d’undisque
centré enPl,
de rayon 1(privé
del’origine),
et ducomplémentaire
dans C d’undisque
de rayon >1 ;
pour laAnnales de l’Institut Henri Poincaré -
valeur
critique
h = 0 les deuxrégions
se recollent sur le cercle de rayon1 ;
pour h >0,
larégion
est C * . Toute sous-variétéd’énergie h
> 0 est doncdifféomorphe à T1
x C * .1.2.2. Structure des sous-variétés
d’énergie constante positive
L’expression ( 1 l’)
montre que h étantfixée,
les solutionsd’énergie h (dans
lerepère tournant)
ont uneénergie
dans lerepère
fixequi dépend
de leur moment
cinétique
dans lerepère
fixe.Compte
tenu du choix de la constante dansFo,
on diraqu’une
solution deHo
estelliptique lorsque
son
énergie
fixe(constante) Fo
est3, parabolique lorsque Fo
= 3 ethyperbolique
siFo
> 3(i. e.
si latrajectoire
de la solution enrepère
fixeest
respectivement elliptique, parabolique
ouhyperbolique).
On dira enfinqu’une
solution est directe si son momentcinétique
fixe estpositif
etrétrograde
dans le cas contraire.Étudions
maintenant les sous-variétésd’énergie
constante h >0, qui
seront les seules à intervenir par la suite. Fixons h > 0 et notons
?-~ =
(h).
est la réunion deLa
composante 7-~+, difféomorphe
auproduit
de C* par le cercleTB
estfeuilletée
(par
le momentcinétique)
encylindres
invariants et contient les orbiteshyperboliques.
Lacomposante 7~-,
contenant les orbiteselliptiques
et
difféomorphe
à C* x est feuilletée en tores invariantsT2 (le
tore demoment nul étant
privé
du cercle collision surPl,
voirplus loin) ayant
pour âme commune une orbite circulaire(rétrograde).
Lecylindre
contientles orbites
paraboliques.
1.2.3. Les domaines
singuliers
Le cercle des vitesses
Co
au dessus deP2
dans la sous-variété ~Cjoue
un rôleparticulier
dans la suite : les orbites donnant naissance auxsolutions de seconde
espèce
le rencontrent deux fois. On définit le domainesingulier
D de ~l comme la réunion des tores etcylindres
invariantsqui
intersectent
Co.
On se limitera en fait dans cequi
suit au domainesingulier elliptique De
CD,
formé par la réunion des tores d’orbiteselliptiques qui
intersectent
Co.
1.2.4.
Évolution de
la structure de ~Len fonction
de hIl nous a semblé intéressant de donner une
description rapide
del’évolution en fonction de
l’énergie
despositions respectives
de7~, 7~_, Co,
D etDe.
Lafigure
3représente
les sections de 7Y par leplan
Vol. 62, n° 3-1995.
218 J.-P. MARCO ET L. NIEDERMAN
8 = 0
(où 8
estl’angle polaire
relatif àPl
de laparticule
dans leplan
deconfiguration).
Ceplan
contient le cercleCo (représenté
enpointillés).
Tousles autres
objets représentés
se déduisent desfigures
parproduit
direct parun cercle
T 1.
Le domainesingulier elliptique De
estpartout représenté
engris. Enfin,
il est utile d’introduire la sous-variété S de momentcinétique
fixe
nul,
contenant le cercle de collisionP3 Pl
et formée par les orbitesd’éjection
collision deP3
surPl.
L’intersection du cercle de collisionP3 Pl
avec le
plan
de section estreprésentée
par lesigne
o. La variété S est soitun tore
T2 (pour
0h 3),
soit uncylindre Tl
x R(pour h
>3).
o Pour h E
]0,
3 -2~/2[,
le domainesingulier
D est entièrement contenu dans7~-,
donc D ==De .
Les momentscinétiques
limites dudomaine, correspondant
à latangence
des tores avecCo
sont 7~(h)
= 1 -V~
et r+
( h)
= 1 +V~.
Le domaineelliptique
ne contient que des orbites directes.o Pour h = 3 -
2B/2,
lecylindre
esttangent
en unpoint
au cercleCo.
o Pour h
6]320142B/2, 1[,
lecylindre parabolique
intersecte le cercleCo
endeux
points distincts,
doncDe ~
D et D DH+~Ø :
le domainesingulier
contient des
cylindres hyperboliques.
Les momentscinétiques
limites du domainesingulier elliptique
sont 03C3_( h )
= 1 -Vh
et 03C3+(h)
==( 3 - h ) / 2
(ce
derniercorrespondant
aucylindre
o Pour h =
1,
le tore S esttangent
au cercleCo.
o Pour h
3[,
le tore S intersecte le cercleCo
en deuxpoints distincts,
et
De
contient à la fois des orbites directes etrétrogrades.
Les momentscinétiques
limites deDe
sont a-_(h)
= 1 -Vh
et 7+(h) _ (3 - h)/2.
o Pour h =
3,
lecylindre ?o
coïncide avecS,
les solutionsd’éjection-
collision sur
Pl
ont donc destrajectoires (fixes) paraboliques.
o Pour h
E ]3, 4[,
les orbites directes ont doncdisparu.
Les momentscinétiques
limites deDe
sont a-_( h )
= 1 -Vh
et (T+(h)
==(3 - h ) / 2 .
o Pour h ==
4,
l’orbite circulairerétrograde
intersecte le cercleCo,
etDe -
~-.o Pour h
E ]4,
3 +2~/2[,
l’orbite circulairerétrograde
a unrayon > 1,
et de nouveau
~C_ ~ De.
Les momentscinétiques
limites deDe
sontcr-
(h)
= 1 -V~
et o+(h) _ (3 - h)/2.
o Pour h = 3 +
2B/2,
lecylindre
esttangent
au cercle desingularité,
et
pour h ~
3 +2B/2, De
==0.
Ceci conduira àpartir
de la section 2 àsupposer h
E]0,
3 +22[.
Vol. 62, n° 3-1995.
220 J.-P. MARCO ET L. NIEDERMAN
1.3.
Régularisation
dusystème
On revient maintenant au
système
hamiltoniencomplet
défini parl’équation (7).
On fixetoujours
uneénergie
h >0,
et on note =( h ) .
On note la restriction à du
champ
hamiltonien associé àH~ .
Le
problème
des solutions de secondeespèce
se traite parperturbation
ducas = 0. Bien que le
système Ho
neprésente
pas desingularité lorsque
laparticule P3
est enP2,
la base de l’étude est la construction d’une méthode derégularisation gardant
un sens pour lavaleur
= 0.1. 3.1.
Régularisation
deénergie fixée
La
régularisation
de la collision avecP2
s’obtient au moyen d’uneapplication
p deLevi-Civita,
de C * x C dans C * xC,
définie parqui
venue/~ ( SZ ) = 2014~
SZ. L’hamiltonien transformépossède
ununique prolongement analytique
àC2, qui
a pourexpression
avec
Notons
CJ-L
l’intersection avec =L-1 ( 0 )
duplan z
=0,
i.e. le cerclecorrespondant
à la collisionP2 P3.
La restriction de p aucomplémentaire
est un revêtement à deux feuillets sur et
l’image de p
de la restriction
Y
àV
duchamp
hamiltonienXL coïncide,
au facteurmultiplicatif ç- (z, w) _ ~ près,
avec la restriction à la variétéd’énergie
constante deXH (pour plus
dedétails,
on pourra consulter[ 10]
ou[ 11 ] ).
On dirasimplement
que(,C~ ,
est unerégularisation
de
1.3.2.
Étude
locale dupoint fixe
Le
champ
hamiltonienXL
associé àpossède
unpoint
fixehyper- bolique
àl’origine,
departie
linéaireAnnales de l’Institut Henri Poincaré -
Les sous-espaces stable
Es
et instableE~
sont donc de dimension 2 et ontpour
équations respectivement.
Dans un
voisinage
del’origine,
la sous-variétéd’énergie
nulle deL
a pouréquation
Lorsque i- 0,
l’intersection de,C~
avec la bande B deC 2 d’équation
a
(où
0152 > 0 estpetit)
est un toreplein
fermé d’âmeCIL. Lorsque
~c 2014~
0,
le cercleC~
converge versl’origine,
etlorsque
~c = 0 le sous-ensemble B est
homéomorphe
à un cône de sommet àl’origine
etde base le tore de dimension 2
d’équation = |w|2
= 0152.£0
n’est doncplus
une sous-variété de T* C.A un revêtement à deux feuillets
près,
larégularisation précédente peut
être vue dans le cas > 0 comme unecompactification
de la variété paradjonction
d’une cercleCIL’
telle que(après changement
deparamétrage ç) l’image
duchamp
initial seprolonge analytiquement
à la variétéobtenue,
en un
champ
transverse àC~ .
Le cas
limite ~
= 0 est différent. Le cercleCo
des vitesses au-dessusdu
point P2,
initialement transverse auchamp,
est tout entierenvoyé
par psur le
point
fixe 0 dusystème
de Levi-Civita. Ladynamique
dusystème
est donc
modifiée,
lecylindre
obtenu partransport
deCo
par le flot duproblème
deKepler
etenvoyé
par p sur la réunion des variétés stable et instable dupoint
fixe O.L’image
d’une orbite de cecylindre possède
donco comme a ou
w-limite,
cequi
est rendupossible
par lasingularité
àl’origine
duchangement
deparamétrage temporel (fonction ~).
Lechamp
initial est donc
singularisé lorsque
~c == 0.On
peut
remarquer enfin que le Hamiltonienrégularisé L IL ( z , w )
diffèrede celui que
Conley
étudie dans sa thèse[ 12], qui correspond
ici au cash 0
(la particule
estpiégée
dans unvoisinage
du corpsP2,
et l’influence dePl
est vue comme uneperturbation).
Dans ce cas,l’ application p correspondante
est donnée parl’ hamiltonien s’écrit
et il donne lieu à un
point
fixeelliptique (voir
aussi[ 11 ]).
Vol. 62, n ° 3-1995.
222 J.-P. MARCO ET L. NIEDERMAN
2. SOLUTIONS HOMOCLINES ET SOLUTIONS DE SECONDE
ESPÈCE
2.1. Formulation du
problème
On fixe
uneénergie
hqui garantit
l’existence d’un domainesingulier elliptique,
soit hE]O, 3+2V2[ (cf 1.2.). Onfera
les conventions suivantes:pour ~c >
0,
on notera~~
lesystème
et?~o
lesystème (singulier)
obtenu par restriction de
XHo)
aucomplémentaire
dans du cercledes vitesses au-dessus de
P2.
Pour ~c2:: 0,
on notera d’autrepart ~~
lesystème régularisé
2.1.1. Solutions homoclines limites
On considère donc une
énergie
h E]0,
3 +2V2[,
et deux momentscinétiques
03C3 et 03C3s dansl’intervalle ]03C3- ( h ) ,
03C3+(h) [ correspondant
audomaine
singulier elliptique
D pour cetteénergie.
On note 03C6u et 03C6s deux solutions duproblème ~o,
de momentsrespectifs
~u et ~s, chacuneétant
positivement
etnégativement asymptote
au cercle desingularité
au-dessus de
P2.
On suppose deplus
que leurs intervalles de définition sontconsécutifs,
i.e. de la formeDom(03C6s) =]=tc, tc [et
Dom(03C6u)
_Dans le
plan
deconfiguration,
leurstrajectoires
sont donc deux arcsd’ellipses (vues
enrepère tournant), d’origines
et d’extrémités aupoint P2 .
La
figure
4 donnel’exemple
de deuxtrajectoires
doublementsingulières,
issues de la même
trajectoire elliptique
vue dans lerepère
tournant. L’arcintérieur
(de
diamètreminimal)
serarepris
commeexemple
dans lafigure
5(pour
d’autresexemples,
voir[13]).
Dans le
problème régularisé Qo.
les(quatre)
solutionscorrespondant
à~pu et sont donc des solutions homoclines relatives au
point
fixe deLevi-Civita.
2.1.2. Famille de solutions de seconde
espèce
On
note ~
la fonction réunion de ~ps et i.e. la fonction définie surDom
( ~ps )
U Dom( ~pu )
dont la restriction à Dom(resp.
Dom( cp.~ ) )
est ~ps
(resp. ~).
Onappelle classiquement famille
de solutions de secondeespèce
associée à cps une famille(~~),
définie pour ~c > 0 et voisin de0,
de fonctionspériodiques
solutions pourchaque
~c duproblème qui
converge vers cp sur Dom( ~ps )
U Dom( ~p~ ) lorsque ~
-+ 0. S’il existeune telle
famille,
les solutions limites ~p~ et sont ditesgénératrices.
La traduction pour le
problème 2~
estimmédiate,
les deux familles(~~ )
de solutions
correspondantes
dans le revêtementconvergent
chacune pour~ --~ 0 vers la réunion de deux solutions homoclines distinctes relatives
au
point
fixe o. Il faut noter que ces solutions(~), correspondant
àdes solutions
périodiques (et
donc nonsingulières)
duproblème restreint,
ne rencontrent pas le cercle de
singularité CIL.
Notre travailportant
essentiellement sur le
système régularisé
il sera commode degénéraliser
un peu la définition
précédente
des solutions de secondeespèce
enprenant
en
compte
lespossédant
éventuellement dessingularités
de collisionP2 P3,
i.e.correspondant précisément
aux solutions(~~ )
rencontrantC~ .
Nous nous limiterons donc à la recherche des familles
(~),
sansprécision
supplémentaire.
Toute la suite de ce travail est consacrée à la détermination des conditions
analytiques
pour que des solutions limites et ~ps soientgénératrices (au
sensgénéralisé précédent).
Enparticulier,
notre résultatprincipal
est lethéorème de densité suivant.
THÉORÈME 1. - Soient al T2 deux moments
cinétiques
dansl’intervalle
]7_, 03C3+[.
Pour >0,
il existe des solutionsgénératrices 03C6u et
03C6sVol. 62, n ° 3-1995.
224 J.-P. MARCO ET L. NIEDERMAN
du
problème
de momentscinétiques respectifs
ml et m2vérifiant
2.2. Existence et densité des solutions homoclines
Nous montrons dans ce
paragraphe l’existence,
dans le cas ~c = 0 et pour uneénergie h
E] 0,
3 +2v’2[ fixée,
d’une infinité d’orbites homoclines limitessymétriques (dans
un sensprécis)
dans lesystème 60.
ainsi que la densité des torescorrespondants
dans le domainesingulier
de la sous-variétéd’énergie
h.2.2.1.
Ellipses à
double collision surP2
L’idée est de se
placer
dans lerepère
fixe et de déterminer les solutions(elliptiques)
deP3 présentant
des collisions consécutives avecP2.
Dans lerepère
tournant, lestrajectoires
associéesprésentent
une auto-intersection aupoint
fixeP2,
et on voit facilement que les arcs situés entre deux passages enP2
se relèvent en orbites homoclines relatives aupoint
fixe de Levi-Civita.Montrons d’abord l’existence de certaines solutions à collisions consécutives avec
P2, d’après
une étude de Hénon[ 14]
et Bruno[ 15], [ 13].
On travaille donc ici dans le
repère fixe,
sans fixerl’énergie
pourcommencer. Le
problème
est de trouver une solutionkeplerienne elliptique
décrite par
P3
autour d’un corpsPl (de
masse1 ),
rencontrant au moins deux fois unpoint P2
en orbite circulaire de rayon 1 autour dePl
avecune vitesse
angulaire
unité.Il suffit en fait de connaître le demi
grand
axe a et l’excentricité e de lasolution,
ceci détermine en effet la famille des solutions situées sur un même tore(de
momentcinétique constant)
dans leproblème
fixe. A cetore
correspond
dans leproblème
tournant sonimage
par lechangement
de
paramètre (2), qui
est aussi un tore invariant duproblème,
évidemmentsitué dans le domaine
singulier.
Les arcs de solution cherchés sont ceuxqui
connectent les trous dans ce tore(i. e.
les intersections du tore avec le cercle desingularité
deCo).
La
première
remarqueporte
sur lapériode
T de la solution.Lorsque
celle-ci est dans un
rapport
rationnel avec celle deP2 (2~r),
lesparticules P2
etP3
subissent une infinité decollisions,
toutes situées au mêmepoint
dans le
repère
fixe. Sur le torecorrespondant
dans leproblème
tournant,les solutions sont
périodiques
et les deux arcs(éventuellement confondus)
issus des deux trous reviennent donc à leur
origine.
Ces solutions ne sontpas
symétriques
engénéral,
et n’interviendront pas dans la suite. On se limite donc au cas où lerapport T’/27r
est irrationnel.On suppose donc maintenant que les
points
CL etC+
durepère
fixe où se
produisent
deux collisions consécutives sont distincts. De manièreéquivalente,
l’arccorrespondant
dans leproblème
tournant connectemaintenant les deux trous du tore. Les seuls
paramètres
cherchés étant a et e, onpeut
centrer le référentiel sur la solution considérée.L’origine
des
temps
sera choisie au milieu de l’intervalle entre les deuxcollisions,
de sortequ’elles
seproduisent
aux instants2014~c
et Lespoints
C_ etC+
sont sur l’intersection del’ellipse
décrite parP3 (de foyer P1 )
avec latrajectoire
circulaire deP2,
ils sontsymétriques
parrapport
augrand
axe del’ellipse, qui
se confond donc avec la bissectrice de On définit ensuite lerepère (Pi, Xi, ~2) :
:(Pi, Xi)
est legrand
axe de l’orbite deP3 dirigé
vers sonapocentre
et(Pi, X 2 )
estorthogonal
à(Pi, Xi)
et telque
P2
décrive une orbite directe dans(Pi, Xi, X 2 ) .
Puisque
laparticule P2
a une vitesseangulaire
constante, elle se trouve en t = 0 sur l’axe(Pl, Xi),
et parsymétrie
laparticule P3
se trouve aussisur
(Pl, Xi)
donc est àl’apocentre
ou aupéricentre.
On va se borner ici à étudier les solutions
génératrices correspondant
au cas où la
trajectoire
deP3
est décrite dans le sens direct etpart
dupéricentre
en t = 0. Ceci suffira pour démontrer les résultats de densité énoncésplus
haut.Si E
désigne
l’anomalieexcentrique
deP3
dans le référentiel fixe(Pl, Xi, X2 ), comptée
àpartir
de saposition
à t =0,
latrajectoire
de
P3
a pouréquation
et le
temps
de parcours est donné parLes
équations
traduisant que lepoint P3
est enCL,
à t =to
et pour une valeur de l’anomalieexcentrique
E =Eo
> 0 s’en déduisent directementVol. 62, n ° 3-1995.
226 J.-P. MARCO ET L. NIEDERMAN
C’ est un
système d’équations
en(Eo,
a,e).
On obtient parsymétrie
lesmêmes
équations
pour le choc en t = Les deuxpremières équations
conduisent à
Notons
cos-1
la détermination del’angle appartenant
à[0, 7r].
La troisièmeéquation
s’écrit alorsoù 1~ et m sont des entiers
quelconques.
2.2.2. Premier résultat de densité
Pour une
énergie
h E]0,
3 +2V2[ (ce qui garantit
l’existence d’un domainesingulier elliptique De),
les tores duproblème Po
contenant desarcs d’orbites
symétriques
à double collisionforment
un sous-ensemble dense deDe.
a Le
point P3
a pourpériode 27r3/2
etP2
a pourpériode 2~r,
on a doncsupposé a3~2
irrationnel. L’ensemble(1~a3~2 -
~EZ est donc densedans IR. Introduisons la fonction
Ce
qui précède
montre que le tore deparamètres (a, e)
contient une orbiteà double collision si et seulement si
l’égalité
G(a, e)
== 27r(1~a3~2 _ m)
est vérifiée pour des entiers et m
quelconques.
Raisonnons maintenant à
énergie h
fixée. Soit(a, e)
uncouple
deparamètres correspondant
àh,
c’est-à-dire vérifiantLe
problème
est de trouver desparamètres ( a’, e’ )
arbitrairement voisins de(a, e), correspondant
à la mêmeénergie h,
tels que C(a’, e’)
==27T
(1~a3~2 - m).
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique
Fixons 6 > 0. On
peut
trouverk,
m E 7L tels queIG (a, e) -
27r(ka3/2 - m)1
8. Onpeut
deplus supposer
arbitrairementgrand.
On vérifiealors facilement que
l’application
est un
difféomorphisme
local d’unvoisinage
0 de(a, e)
sur unvoisinage
Ll
de ’ljJ (a, e),
et que les valeurs de 03B4et Ikl ( peuvent
être choisies desorte que le
voisinage u
contienne lepoint ( h,
27rm) . L’image réciproque ( a’ , e’ ) ( h,
27r?r~) répond
auproblème >
COROLLAIRE. - Pour une
3+22[. le point fixe du problème Qo possède
uneinfinité
d’orbites homoclinessymétriques.
J En
effet, chaque
solution à double collision se relève parl’application
de Levi-Civita en deux solutions homoclines du
problème
Ce dernieren
possède
donc uneinfinité,
toutes contenues dans la sous-variété3. LA
MÉTHODE
DE CONSTRUCTION DES SOLUTIONS DE SECONDEESPÈCE
3.1. Définitions et notations
. Dans toute la
suite,
p est laprojection canonique
de T*(C)
sur C. Onconserve les
hypothèses
et notations du2,
enparticulier h e ]0,
3 +2B/2[
est
toujours
uneénergie
fixée.. Pour tc >
0,
on notePILle
flot dusystème
et celui dusystème régularisé ~~
défini en 2.1. Pour u E T*( C ) donné,
et pour un sous-ensemble A de on note
(A, u)
l’ensemble des(t, u)
our lest
G A
tels que cetteexpression
soit définie.. Le Hamiltonien du
problème ~,~
s’écritavec
. On note S la
symétrie
de C x C définie par 9(M, ~V) = (M, -N).
Pour tout l’hamiltonien
H~
est invariant par S.Puisque
~*(H)
==-H,
pour toute solution cp de
l’application ~p
définie par(~ (t)
== 9(~p (-t))
est encore une solution de
Vol. 62, n ° 3-1995.
228 J.-P. MARCO ET L. NIEDERMAN
. Une solution ~p de sera dite
symétrique
si son orbite est invariantepar S.
.
Pour
>0,
on pose~ = {(M, N)
E Im(M)
= Re(N)
=0}.
Z~
est donc une sous-variété de dimension 1 de =(h),
invariantepar
S,
à deuxcomposantes
connexes.. Une solution ~p de
~~
sera dite à croisementorthogonal lorsque
sonorbite rencontre sa
trajectoire
est en effetorthogonale
à l’axeOMl
au
point correspondant.
3.2. Raccordement et construction des solutions de seconde
espèce
Toute la construction
qui
va suivre est basée sur le lemmesuivant,
dû àPoincaré,
de démonstration immédiate àpartir
de lapropriété
desymétrie
de
LEMME. -
Symétrie
etpériodicité.
Soit ~p une solution de pourlaquelle
il existe deux instants
tl
ett2
dans Dom(03C6)
tels que 03C6(tl )
EI
etavec
tl i- t2. Alors 03C6 est périodique, de période
T =2 (t2 - tl ),
et
symétrique, plus précisément
5’(cp (T - t) ) (t),
V t E IR.On
peut
maintenant décrire la méthode de construction des solutions de secondeespèce.
Comme il a étéprécisé
dansl’introduction,
notre démonstration diffère de celle de Henrard par l’utilisationd’approximations CI
autour dupoint fixe,
au lieu du théorème deconjugaison (du type Hartman)
deHenrard,
incorrectement utilisé sous formesymplectique.
Le
point
dedépart
est la donnée de deux arcs de solutionselliptiques
~ et 03C6ud’énergie h
duproblème P0, qui
vérifient Dom(03C6s)
==]
-tc, tc[,
Dom
( cp~ )
==] tc +l [,
et avec leprolongement
évident dessolutions)
p o = P o ~p~ = P o ~pu
(t~
+l )
=P2 .
Leurstrajectoires
dansun cas très
simple
sont donnéesfigure
5(2),
pour d’autresreprésentations,
voir
[13].
L’étude duparagraphe précédent
montre que ces solutions sontsymétriques, plus précisément
que cps(0)
EZo,
et(T) E Zo,
oùt~
+l/2.
On notera
As
= ~ps(0), A~
= cp,~(T),
et ns = p o ~ps(0),
n.~ = p o(T)
les
points
d’intersection(orthogonale)
destrajectoires
de cps et avec l’axeOMi.
On suppose
maintenant
> 0 etpetit.
On note~4~ (tc)
et~4~
lespoints
deZ,~ qui
vérifient p(,u ) )
= n s et p(Au ( ~ ) )
= n~ et dontles limites pour ~c 2014~ 0 sont
As
et~4~ (cette
dernière conditionportant
sur le choix des
composantes
de contenant(~)).
La variétéZ~
étant de dimension1,
onpeut
définir deux famillesIS (tc)
etI~
de