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L APPROCHE TERRITORIALE DES PROBLÈMES LIÉS AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

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Rencontre internationale

“Territoires, agricultures, pêches et forêts face aux changements climatiques :

mieux comprendre les vulnérabilités pour mieux les anticiper”

Brest, 21-22 octobre 2009

L’APPROCHE TERRITORIALE DES PROBLÈMES LIÉS AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

DOCUMENT TECHNIQUE Jean Bonnal

Consultant en développement rural

Octobre 2009

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Introduction

__________________________________________________________ 5

I. Les liens entre changement climatique et agriculture

____________________ 6 A. Rappel du rôle de l’agriculture dans le changement climatique____________ 6 1. Un bilan mitigé des effets de et sur l’agriculture _________________ 6 2. Des liens avec la sécurité alimentaire__________________________ 6 3. Une prise de conscience mondiale ____________________________ 7 B. Des enjeux majeurs _______________________________________________ 8 1. Évaluer et gérer les risques environnementaux __________________ 8 2. Limiter les impacts sur la sécurité alimentaire___________________ 9 3. Intégrer la différence de vulnérabilité selon les écosystèmes ______ 10 C. Des défis pour l’avenir ___________________________________________ 11 1. Intégrer les différentes problématiques _______________________ 11 2. Assurer un environnement favorable _________________________ 12 3. Coordonner les actions ____________________________________ 12

II. Le rôle des régions face aux changements climatiques et à la sécurité alimentaire

_________________________________________________________ 14

A. Déchiffrer le territoire, espace complexe et spécifique __________________ 14 1. Une multiplicité d’acteurs et de domaines impliqués_____________ 14 2. Une grande diversité de situations rencontrées _________________ 15 3. Des connaissances, attitudes et pratiques spécifiques ____________ 15 B. Accompagner le territoire comme institution compétente________________ 17 1. Le rôle d’interface des entités régionales ______________________ 17 2. L’agrégation des demandes locales et la différentiation régionale des politiques nationales ________________________________________ 17 3. Mesures d’accompagnement (IFO) __________________________ 18 C. Planifier des projets à l’échelle du territoire dans un cadre de gouvernance multi-niveaux _____________________________________________________ 20

1. Le territoire, lieu de convergence des projets ___________________ 20 2. Le territoire, espace de cohésion sociale et de négociation ________ 21 3. Le développement territorial, participatif et négocié _____________ 21

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Introduction

Le changement climatique, révélé par les scientifiques, a interpellé la communauté internationale. Les réactions des organisations des Nations Unies et des

principaux décideurs nationaux ont permis de déclencher une prise de conscience large et relativement unanime quant aux constats, plus différentiée quant aux actions à entreprendre. Dans cette problématique de défis et d’enjeux, les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la forêt sont placés parmi les principaux

contributeurs du réchauffement climatique mais peuvent être aussi, sous certaines conditions, les principaux artisans de la séquestration des gaz à effet de serre.

Les effets du changement climatique ont commencé à bouleverser les activités et les conditions de vie des populations rurales avec des répercussions

particulièrement fortes dans les zones déjà fragilisées. Ils ont aussi des incidences sur l’équilibre parfois précaire de la sécurité alimentaire des ménages ruraux et urbains. Du même coup, les efforts pour réduire la faim dans le monde doivent être non seulement amplifiés mais aussi élargis à l’ensemble des activités de production, de transformation, de stockage et de transports des produits issus de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de la forêt.

Compte tenu de la grande diversité des situations rencontrées, les renforcements escomptés pour réduire la vulnérabilité et accroître la capacité de résistance aux impacts négatifs du changement climatique ne pourront se réaliser que s’ils sont préparés et accaparés au niveau des utilisateurs et des consommateurs locaux.

C’est dans ce contexte que le rôle des régions devient primordial en complément des mesures et décisions nationales et plus largement du cadre global de la lutte contre le réchauffement climatique.

L’implication des entités territoriales permet de tenir compte de la complexité des problèmes à traiter, des décisions à prendre, à tous les niveaux et dans tous les domaines concernés. Elle permet aussi d’associer un nombre important d’acteurs tout en se rapprochant de leurs niveaux de connaissance, d’attitude et de pratiques actuelles et futures. Il devient donc logique de reconnaître les territoires ruraux comme partenaires, comme lieu d’agrégation des demandes et attentes locales et de convergence des projets et actions. Mais cette reconnaissance passe aussi par le renforcement des capacités des régions, un meilleur partage de l’information, une organisation des acteurs locaux et des mécanismes de concertation et de

préparation des projets adaptés à la décentralisation. Cette vision des choses donne aussi toute sa valeur au développement du partenariat et de la coopération avec et entre les régions du monde.

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I. Les liens entre changement climatique et agriculture

A. Rappel du rôle de l’agriculture dans le changement climatique

1. Un bilan mitigé des effets de et sur l’agriculture

Avec plus de 30 pour cent des émissions totales annuelles de gaz à effet de serre, le secteur de l’alimentation et de l’agriculture constitue malheureusement le premier contributeur. Cette situation est en fait différente selon les activités. Sur ces 30%, plus de la moitié est le fait du secteur forestier et plus particulièrement de la déforestation qui touche 13 millions d’hectares par an, entraînant une émission importante d’oxyde de carbone. Les activités agricoles et d’élevage sont elles-mêmes responsables essentiellement d’émissions de méthane et d’oxyde nitreux avec respectivement 6% et 7% des émissions totales de gaz à effet de serre (Groupe intergouvernemental d’Experts sur le Climat, GIEC, 2008)

D’un autre côté, l’agriculture dispose d’un potentiel important de réduction des émissions de gaz à effet de serre car le développement végétal qu’elle assure est lui-même consommateur de carbone. Cette fonction peut d’ailleurs être amplifiée grâce à la reforestation ainsi que par des pratiques agricoles favorables à la séquestration du carbone au niveau des cultures, de la gestion des pâturages et de l’alimentation du bétail, de la conduite de systèmes agro forestiers, d’une meilleure maîtrise des pratiques de pêche et d’une manière générale des autres ressources naturelles.

2. Des liens avec la sécurité alimentaire

La modification actuelle du climat a des incidences directes sur les récoltes, le bétail et sur la disponibilité des produits halieutiques, aquacoles et forestiers. Les changements climatiques peuvent affecter les niveaux de production et donc de disponibilité de nourriture comme de revenus des populations rurales avec des répercussions sur les habitants des villes qui sont dépendants du milieu rural pour leur approvisionnement en nourriture. Les changements climatiques vont par ailleurs avoir un impact sur l’ensemble des organismes vivants (plantes, bétails, poissons, etc.) en les exposant à de nouvelles conditions d’existence

(températures, humidités, maladies) et ceci représente de nouveaux risques pour la sécurité et la salubrité des aliments ainsi que pour la santé humaine.

Les influences du changement climatique vont se retrouver tout au long de la chaîne alimentaire (production, stockage et transformation, distribution, échange, préparation et consommation). De plus ces influences vont se manifester sur les quatre dimensions de la sécurité alimentaire qui sont censées permettre à chaque individu de jouir d’une alimentation adéquate, sûre et nourrissante, capable de

Émissions de gaz à effet de serre par secteur en 2007

Energie ……. 26%

Industrie ….. 19%

Foresterie … 17%

Agriculture . 14%

Transports . 13%

Construction 8%

Déchets …… 3%

Source : GIEC, Rapport sur le changement

climatique, 2008

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satisfaire ses besoins et ses préférences alimentaires et apte à lui permettre de mener une vie saine et active, à savoir :

1. La disponibilité de nourriture, à partir de la production nationale et des importations ;

2. La stabilité des disponibilités alimentaires tout au long de l’année ; 3. L’accès aux ressources, pour la production et l’achat de nourriture ; 4. L’utilisation de la nourriture en considérant la salubrité et la qualité nutritionnelle des aliments et les préférences des consommateurs.

Ces influences multiples se manifestent aussi au travers de phénomènes

météorologiques extrêmes : grands vents, pluies torrentielles, ondes de tempêtes, inondations subites dont les effets brutaux constituent une menace

supplémentaire dans des régions menacées et pour des populations vulnérables.

La sécheresse, le réchauffement des eaux vont rendre plus difficiles les conditions de vie des familles et communautés vivant dans des zones arides comme des familles et communautés vivant le long des côtes et sur lesquelles pèsent de plus les menaces d’élévation du niveau des mers.

3. Une prise de conscience mondiale

Ces situations sont actuellement analysées sous leurs différents aspects, techniques, économiques, humains et sociaux. Les experts, notamment dans le cadre du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC), ont informé la communauté internationale et les décideurs nationaux ont aussi été alertés par les populations elles-mêmes, confrontées directement aux effets des changements climatiques sur leurs conditions d’existence au quotidien.

D’un côté des conférences de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale se sont tenues, de l’autre des traités internationaux sur l’émission de gaz à effets de serre ont été élaborés, incitant les pays à prendre des initiatives nationales et internationales pour répondre aux exigences de ces deux situations de crise. Mais un décalage important subsiste entre les discours et les actes soit pour des raisons politiques (difficultés de respecter au niveau national des engagements pris internationalement) soit pour des raisons socio-économiques (reconversions lourdes à initier et coût social et financier élevés). Même si elles restent encore trop lentes au regard des enjeux, des actions sont néanmoins entreprises et méritent d’être soutenues.

MAROC: Un exemple de modélisation des impacts Toutes les projections de changement climatiques convergent vers un climat plus aride dans le bassin méditerranéen du fait des émissions de gaz à effet de serre. La question posée par les responsables marocains visait à identifier les impacts possibles de différents scénarii sur les rendements agricoles, les ressources en eau et les résultats économiques, afin d’anticiper par une politique d’adaptation et atténuer ainsi les impacts possibles.

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Les projections climatiques disponibles (FAO, BM, etc.) ont été ramenées à l’échelle des zones agro écologiques du Maroc en faisant jouer des anomalies de températures et -ou de précipitations puis traduites en projections de rendement sur la base d’un modèle agro climatique liant rendement et bilan hydrique.

Deux scénarii (pessimiste et optimiste) ont été appliqués aux

différentes cultures pluviales et irriguées avec des résultats différents selon leur vulnérabilité et leur capacité de réponse face aux stress occasionnés par le changement climatique. Il apparaît aussi que les zones agro écologiques ne sont pas affectées de la même manière selon les altérations de leurs systèmes de production spécifiques, la gestion de l’eau et des terres, les progrès techniques disponibles, etc.

Source : Banque Mondiale – FAO – Ministère de l’Agriculture, du Développement rural et des Pêches, Impact du changement climatique sur les rendements agricoles au Maroc, 2009

B. Des enjeux majeurs

1. Évaluer et gérer les risques environnementaux

Le réchauffement de la planète se manifeste par l’accroissement de la température maximale les jours chauds, minimale les jours froids mais aussi par l’accroissement du nombre de jours chauds et de la fréquence, la durée et l’intensité des vagues de chaleur. Cette incidence va toucher toutes les régions, avec des répercutions plus ou moins importants sur les conditions d’existence, de santé et d’alimentation de l’ensemble des populations. Le réchauffement agit aussi sur la survie de l’ensemble des espèces vivantes (faune et flore) perturbant l’interaction des éléments de la biodiversité et pouvant aller jusqu’à la réduction de cette dernière avec les conséquences graves de menaces d’extinction et les répercussions sur l’équilibre génétique lui-même. Il préfigure aussi des perspectives d’accroissement des catastrophes naturelles avec des phénomènes climatiques plus fréquents et plus violents.

Mais l’ampleur de ces impacts est différente selon la localisation et le type de production concerné. Les modèles élaborés actuellement montrent que les zones méditerranéenne et australe, sahélienne, tropicale ainsi que les deltas très peuplés d’Asie du Sud-Est seront les plus durement frappés. Ce sont en effet des régions qui abritent les populations les plus fortement dépendantes d’une agriculture pluviale et qui sont déjà affectées par des pluviométries irrégulières. Même si les populations des zones difficiles ont su durant des millénaires trouver des réponses adaptées, il faudra imaginer de nouvelles solutions face à l’ampleur et la rapidité inégalées des altérations qui seront vraisemblablement induites par le changement climatique.

L’évaluation des risques a ainsi pour objectifs de diminuer l’exposition au danger et d’en réduire les effets nocifs. Leur gestion constitue donc une nécessité vitale. et passe par une meilleure connaissance et un meilleur repérage des phénomènes

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climatiques, de leurs impacts et de la capacité des populations de les absorber.

Ceci implique aussi une adaptation des pratiques agricoles, halieutiques et forestières en encourageant une meilleure gestion de l’eau, de la conservation des sols et de résistance des cultures et des arbres. L’objectif poursuivi est de

renforcer la résilience des populations c’est à dire leur capacité à s’adapter aux influences climatiques qu’elles subissent

Cette gestion des risques devrait ainsi permettre d’indiquer les actions à prendre selon que les risques sont inévitables ou au contraire peuvent être tolérés sous certaines conditions de prévention, d’équipement, de formation. Cette vision des choses interpelle non seulement décideurs et chercheurs au niveau international et national mais aussi les communautés rurales qui sont en première ligne et vivent au quotidien ces nouvelles situations. Leur implication dans une meilleure connaissance des phénomènes, dans une recherche de solutions adaptées, dans une prévention des risques encourus localement est donc essentielle. Les hommes et les femmes qu’ils soient agriculteurs, éleveurs ou pêcheurs, et leurs institutions locales doivent pouvoir accéder à l’information sur le changement climatique, et aux moyens d’adaptation pouvant leur permettre d’atténuer les impacts et leurs conséquences sur leurs conditions d’existence et sur leur environnement.

2. Limiter les impacts sur la sécurité alimentaire

Les changements climatiques accentueront les risques de malnutrition et de faim dans les communautés rurales, en particulier celles qui vivent dans un équilibre déjà fragile, en les confrontant à une augmentation des mauvaises récoltes, à la perte de bétail, et à la réduction des disponibilités en produits halieutiques, aquacoles et forestiers. De plus l’élévation des températures moyennes expose les êtres humains et la faune et la flore à de nouveaux parasites, prédateurs et maladies qui représentent de nouveaux risques pour la sécurité alimentaire, la salubrité des aliments et la santé humaine. On note encore que le réchauffement des eaux et la montée du niveau des mers, en modifiant les aires de répartition du poisson, vont contraindre les communautés de pêcheurs à des migrations pour trouver de nouveaux endroits de vie, de nouvelles infrastructures et de nouveaux moyens d’existence.

L’ampleur de ces impacts sur la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation de la nourriture et sur la stabilité des systèmes alimentaires, ainsi que sur les niveaux et opportunités de sources de revenus dans les régions rurales et dans les zones urbaines, dépend de la capacité de chaque population à y faire face. C’est en effet dans la meilleure appréhension des problèmes et des potentialités ainsi que dans la capacité d’une meilleure gestion des ressources existantes comme des solutions innovantes que les populations touchées pourront s’adapter et même atténuer les difficultés rencontrées.

La résilience des écosystèmes doit être améliorée. Cela passe par la recherche de variétés végétales résistantes et de races autochtones adaptées localement, par la valorisation des ressources génétiques, par la promotion de l’agroforesterie et des

Chiffres clés

. 20% de la population mondiale est exposée aux inondations . 200 millions de personnes sont tributaires de la pêche

. 40% de la

biomasse est gérée par les

populations rurales

Source : Changement climatique et sécurité

alimentaire : un document-cadre, FAO, 2008

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systèmes d’exploitation intégrés, par l’amélioration des pratiques culturales, forestières et halieutiques.

Toutefois, cette gestion des risques alimentaires dépend non seulement des comportements individuels et collectifs au niveau local, mais aussi des initiatives et actions que pourront appuyer les chercheurs, les praticiens et les décideurs en faveur de la sécurité alimentaire dans toutes ses composantes et en considérant toutes les interactions possibles.

3. Intégrer la différence de vulnérabilité selon les écosystèmes

Si l’on admet que le changement climatique frappera plus durement les régions et les populations vulnérables, alors la gestion des risques climatiques et alimentaires, en introduisant l’idée de prévention et d’adaptation des populations locales, exigera de s’intéresser aux spécificités de chaque écosystème et aux besoins de chaque communauté. La conjonction de ces deux exigences incite à considérer non seulement les actions globales mais aussi celles qui localement permettront l’adaptation des approches et des pratiques à moyen et long terme pour faire face aux impacts du changement climatique sur la sécurité alimentaire et

particulièrement celle des groupes les plus vulnérables.

Le rapport sur l’Evaluation des écosystèmes (FAO/NRCB, 2008) examine 10 types d’écosystèmes : urbain, marin, côtier, plaines d’inondations, forestiers, terres arides, insulaire, de montagne, polaire et terres cultivées. Il répertorie la nature des risques, identifie les groupes de subsistance les plus vulnérables et propose les réponses adaptatives pouvant atténuer l’exposition aux risques. C’est un outil précieux pour la formulation de stratégies en concordance avec les capacités des communautés et de leurs institutions à s’impliquer dans l’élaboration de plan d’action et dans la mise en œuvre d’activités spécifiques.

AFRIQUE DU SUD : Un exemple de concertation avec des petits producteurs de thé

Les petits producteurs de thé dans la partie Nord de la région du Cap ont été impliqués dans un projet visant à améliorer leur capacité à réagir au changement climatique dont les effets sont déjà constatés (sécheresse, élévation de la température). Des ateliers de

concertation ont été tenus avec les fermiers afin de leur fournir des informations sur les projections climatiques et leur permettre de discuter entre eux ainsi qu’avec les chercheurs pour identifier les réponses à apporter. Des visites ont été organisées dans des fermes d’autres zones pour examiner les solutions qui ont été utilisées avec succès. Des technologies ont été identifiées et testées, comme les haies vives de protection contre l’érosion éolienne, les méthodes de maintien de l’humidité du sol par le mulching. Les fermiers ont aussi introduit des cultivars plus résistants à la sécheresse. Ces innovations ont été par ailleurs sélectionnées pour répondre aux exigences de la biodiversité et de la durabilité des productions.

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Source: Archer et al, d’après FAO: Climate Change and food security, a framework document Rome 2008

C. Des défis pour l’avenir

1. Intégrer les différentes problématiques

Cette revue rapide des problématiques du changement climatique souligne ses formes variées, ses intensités diverses et ses multiples impacts sur l’agriculture, la forêt et la pêche. Le changement climatique a des répercussions sur la survie de populations plus ou moins vulnérables et susceptibles de toucher toutes les catégories sociales, toutes les activités liées à la chaîne alimentaire et donc toutes les régions rurales, maritimes et urbaines.

La complexité des problèmes ainsi posés se répercute sur les actions envisageables afin de pouvoir adapter les réponses possibles, selon la grande diversité de

situations rencontrées et de pouvoir atténuer les impacts des changements climatiques attendus. Diversité et complexité ne peuvent trouver de réponses que dans une approche d’intégration des différentes composantes du changement climatique et de la sécurité alimentaire et dans une approche de coopération entre tous les acteurs concernés.

C’est dans ce sens que les propositions de la FAO dans la négociation post-Kyoto visent à aider les pays membres à améliorer d’abord la connaissance des situations vécues par l’agriculture, le secteur forestier et celui de la pêche. Elles visent aussi à aider à identifier les mesures d’adaptation inscrites dans les stratégies, plans d’action et programmes de terrain, tout en restant en concordance avec les besoins des populations. Ainsi différents moyens, à utiliser au cas par cas et selon des options prioritaires propres à chaque pays, sont disponibles pour fournir des informations pratiques aux Etats membres (bases de données mondiales, outils et modèles analytiques, prévisions de récoltes, Systèmes d’alerte rapide, ou de surveillance de la vulnérabilité). Ces outils et méthodes sont aussi disponibles pour choisir et mettre en œuvre les actions appropriées en matière d’économie d’énergie, de pratiques agricoles, de gestion des ressources naturelles (information, formation, vulgarisation, mesures incitatives, financements spécifiques,

infrastructures et équipements adaptés).

Le but poursuivi n’est pas d’imposer des pratiques d’atténuation ou d’adaptation choisies à l’avance, même avec les communautés, mais plutôt de promouvoir et faciliter le dialogue local sur les impacts escomptés du changement climatique et sur les solutions adaptées à leur situation. Le dernier mot sera ainsi écrit, non par les experts, mais par les populations qui souffrent des effets les plus immédiats du changement climatique et dont les choix détermineront si elles jouiront ou non à l’avenir d’une meilleure sécurité alimentaire.

Adaptation: Mesures pour éviter,

résister ou tirer parti de la variabilité du climat, réduire la vulnérabilité ou accroître la résilience aux impacts

Résilience: Capacité d’un système de résister aux impacts négatifs sans perdre ses fonctions de base

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2. Assurer un environnement favorable

Les stratégies d’adaptation commencent à se faire jour au fur et à mesure que les gouvernements, les entreprises et les communautés comprennent mieux l’urgence des problèmes à traiter et des mesures à prendre. Mais le succès de ces stratégies est fortement dépendant de leur cohérence avec l’ensemble de l’environnement politique, économique, social, technique et culturel qui doit pouvoir soutenir les mesures retenues. Le coût financier de l’adaptation est aussi une contrainte importante à lever même s’il paraît minime par rapport aux coûts qu’engendrerait l’absence de réaction face aux scénarii catastrophiques.

Dans cette logique de complémentarité, il est évident que la prise de conscience, l’analyse des problèmes, le choix des actions, leur mise en œuvre peuvent être amplifiés et accélérés si les synergies sont recherchées entre les différentes dimensions des problèmes à traiter et si les mesures d’accompagnement vont dans le même sens ou ne rentrent pas en contradiction avec les autres composantes de la vie politique, économique et sociale des pays.

L’adaptation aux conditions locales constitue un moyen de rendre plus souple l’introduction d’actions techniques nouvelles et peut permettre leur intégration dans des systèmes ruraux en difficulté. Par exemple, l’aquaculture et l’agriculture peuvent être intégrés pour permettre aux communautés rurales de modifier leurs activités en fonction de l’évolution des conditions des terres et des eaux. De même, la diversification des activités agricoles peut réduire les revenus des agriculteurs à court terme mais les protégera à l’avenir contre d’éventuelles pénuries alimentaires et contre les vulnérabilités. La question devient de savoir comment associer des actions adaptées aux conditions locales avec des contraintes qui dépassent largement le champ d’application des mesures considérées.

De nombreuses mesures d’adaptation sont ciblées sur le renforcement de mesures existantes tandis que d’autres mesures sont axées sur des investissements ruraux nouveaux afin d’inciter les agriculteurs, forestiers et pêcheurs à s’engager dans de nouvelles pratiques d’utilisation durable des ressources. C’est dans ce contexte que les efforts sont essentiels en vue de technologies et pratiques nouvelles, propres à maintenir la productivité mais surtout à atténuer les impacts sur l’environnement.

La réflexion actuelle sur les conditions de compatibilité entre productions vivrières et énergétiques relève de la même préoccupation.

Dans le passé, c’est la faiblesse des institutions plutôt que le manque de technologies appropriées qui a représenté le principal obstacle à l’adoption de pratiques nouvelles. C’est pourquoi le renforcement et l’adaptation des institutions, des lois et règles mérite aujourd’hui la priorité.

3. Coordonner les actions

Face à ces problématiques complexes, impliquant l’ensemble des pays et l’ensemble de leur population, touchant à des aspects multiples de la vie socio- économique, politique, institutionnelle, il est impossible d’imaginer l’absence de coordination. Les efforts sont déjà conjugués au niveau des institutions

internationales qui ont organisé différentes rencontres et conférences mondiales,

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qui ont préparé des protocoles et conventions et travaillent à informer, former et appuyer les initiatives des pays et de leurs institutions.

Les efforts de coordination doivent se retrouver au niveau des pays qui ont pris l’initiative d’inscrire leurs actions dans un programme cohérent (appuyé par le PNUD et d’autres partenaires, par exemple dans le cas des PCTI)

Un exemple de dialogue entre acteurs

Dans le prolongement de la Conférence de haut niveau « Sécurité Alimentaire Mondiale : les défis des bioénergies et du changement climatique » organisée par la FAO en juin 2008 et du Sommet Mondial « Changement Climatique : Les Régions en Action » organisé par le Réseau Mondial de Gouvernements Régionaux pour le Développement Durable (nrg4SD) en association avec le PNUD, la région Bretagne et la Conférence des Régions Périphériques Maritimes d'Europe (CRPM) en octobre 2008 à Saint Malo, la FAO, le PNUD et la Communauté Urbaine de Brest Métropole Océane ont organisé une rencontre internationale les 21 et 22 Octobre 2009 à Brest en vue de renforcer le dialogue entre régions, organisations professionnelles et organismes d’appui sur les liens entre changements climatiques et sécurité alimentaire.

Réunis autour d’une même table, des représentants de régions et gouvernements régionaux, des représentants des organisations paysannes, de pêcheurs, de forestiers et autres acteurs locaux, de chercheurs et des représentants d’organisations internationales travaillant sur les questions de changement climatique et sécurité et sûreté alimentaires, souhaitent caractériser le rôle spécifique que les régions et les acteurs locaux sont appelés à jouer dans ce domaine et développer une meilleure coordination et articulation des efforts des collectivités territoriales et des organisations professionnelles en lien avec la recherche.

Les messages forts de cette rencontre seront portés par les agences et les organisations de Régions à Copenhague en décembre dans les discussions de la Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique en vue d’un accord post-Kyoto. Ils constitueront également des contributions pour la préparation d’autres rencontres susceptibles d’alimenter et d’approfondir le dialogue, comme par exemple le « Sommet mondial sur la sécurité alimentaire » organisé par la FAO du 16 au 18 novembre à Rome ou le « Sommet des Régions du monde sur la sécurité alimentaire » qui se tiendra à Dakar les 18 et 19 janvier 2010.

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II. Le rôle des régions face aux changements climatiques et à la sécurité alimentaire

A. Déchiffrer le territoire, espace complexe et spécifique

1. Une multiplicité d’acteurs et de domaines impliqués

Les zones rurales sont des lieux où se conjuguent les différentes composantes de la réalité naturelle, culturelle et socio économique dans toute sa complexité. Elles sont réceptacles des ressources naturelles et de leur exploitation. Elles sont aussi le fruit de leur histoire et portent l’empreinte des dégradations qu’elles ont subies comme des aménagements dont elles ont pu bénéficier. De plus, la dynamique de ces zones met en jeu un grand nombre d’acteurs qui par leur pouvoir économique et social peuvent avoir une emprise et une influence plus ou moins fortes sur les ressources, face aux contraintes locales ou globales qu’elles rencontrent.

Cette interaction entre acteurs et ressources détermine une capacité de répondre, avec plus ou moins d’efficacité, aux besoins des populations qui vivent dans ces zones rurales. Nombreux sont les exemples d’ingéniosité déployée pour tirer profit des ressources en assurant leur reproduction mais nombreux aussi sont les exemples de dégradations souvent irréversibles que la sur-exploitation de ces ressources a pu entraîner, sans pour autant pouvoir répondre efficacement aux contraintes du changement climatique ni aux exigences de la sécurité alimentaire.

Ces évolutions différenciées font appel aussi bien aux conditions physiques et naturelles des ressources en présence qu’aux activités économiques et sociales que leur exploitation entraîne que ce soit pour une utilisation localisée ou pour une diffusion plus large. On peut donc considérer que la problématique du

changement climatique va s’intéresser à toutes les composantes de la dynamique socio-économique. Dans ces conditions, la prise en compte des aléas climatiques et de la sécurité alimentaire va concerner tous les secteurs d’activité des habitants des zones rurales comme des partenaires directs ou indirects de ces populations.

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2. Une grande diversité de situations rencontrées

Même dans un contexte similaire et sous des conditions semblables d’influence externes, chaque zone rurale est différente dans sa composition naturelle ou humaine du fait de son histoire et de sa trajectoire. La culture, la sociologie, les comportements des habitants vont déterminer une spécificité qu’il faut savoir prendre en compte dans l’analyse et le diagnostic des situations vécues.

Cette diversité est aussi importante à considérer pour pouvoir identifier des solutions adaptées à chaque situation rencontrée. Il convient de travailler à augmenter la capacité d’appropriation par les populations de nouveaux comportements face au changement climatique et à la recherche de la sécurité alimentaire, plutôt que d’imaginer des réponses passe-partout dont les conditions de durabilité ne seront pas remplies.

En effet, si cette prise en compte de la diversité permet d’adapter les actions entreprises aux conditions écologiques spécifiques ainsi que d’assurer leur

faisabilité technique et leur viabilité financière et économique, elle présente surtout l’avantage de les adapter aux dimensions socio culturelles des diverses catégories de populations concernées et de faciliter ainsi leur appropriation.

3. Des connaissances, attitudes et pratiques spécifiques

Les prix alimentaires élevés et les incitations qu’ils créent peuvent être mis à profit pour relancer la croissance de l’agriculture dans le monde en développement. On pourra ainsi non seulement faire face à la crise actuelle, mais aussi répondre à la demande future de nourriture, d’aliments pour animaux et de biocarburants, et

Le CAP, un outil pour apprécier pour chaque type d’acteurs les différents niveaux de

Connaissance (C), d’Attitude (A) et de Pratiques (P) face à la crise climatique et alimentaire

A

A

A

A

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éviter que des crises similaires se reproduisent. Cela suppose de donner des moyens d’action à un grand nombre de petits exploitants agricoles, dont beaucoup sont eux-mêmes victimes de l’insécurité alimentaire, pour accroître la production agricole.

Si l’on veut faire de la croissance agricole un moteur pour réduire la pauvreté, il faudra veiller à ce que des mécanismes d’incitation soient en place et remédier aux contraintes structurelles auxquelles est confrontée le milieu rural. À cette fin, il faudra développer les investissements publics pour renforcer la dotation en actifs des petits agriculteurs, y compris leur accès à l’infrastructure, à la technologie et au crédit, faciliter leur accès aux marchés et renforcer leur capacité à gérer les risques.

Les comportements des agriculteurs sont la résultante de trois composantes dont la déclinaison va définir la nature, les caractéristiques et l’ampleur du diagnostic entrepris face à un problème à traiter comme par rapport à la recherche de solutions acceptables :

- la première composante se mesure dans le niveau actuel de connaissance qu’ont les acteurs du problème analysé (qu’est-ce que les gens savent?).

- la deuxième composante réside dans le type d’attitude actuelle de ces populations (qu’est-ce que les gens pensent?) et,

- la troisième composante concerne les pratiques actuelles (qu’est-ce que les gens font?).

De ces trois questions vont ressortir la perception de la situation actuelle face au changement climatique (bien entendu dans son déroulement concret), mais aussi les pistes de travail à entreprendre pour amplifier par exemple le niveau de connaissance, renforcer les capacités des acteurs, corriger le niveau d’attitude et améliorer les pratiques.

HAÏTI : Élargissement du partenariat entre la Savoie et la Ville de Dessalines

Depuis plusieurs années les deux départements de la Savoie, au travers de l’Association Pays de Savoie Solidaire, ont appuyé les populations de la ville de Dessalines pour des actions sociales et éducatives. Mais la situation difficile des habitants de Dessalines et la multiplication des inondations et dévastations dues aux cyclones ont rendu nécessaire d’élargir les appuis et soutiens aux familles les plus pauvres. Un projet, s’inspirant des expériences acquises dans le pays, a été monté et a entrepris des actions nouvelles dans le domaine de la protection des habitations (aménagement et reboisement des collines et ravines), de l’amélioration des revenus (nouvelles pratiques agricoles et valorisation des produits) et du renforcement des capacités des acteurs locaux (organisation et formation) pour assurer la préparation des actions et leur gestion.

Source : Document de projet, FAO, Rome, 2005

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B. Accompagner le territoire comme institution compétente

1. Le rôle d’interface des entités régionales

Dans la problématique du changement climatique et de la sécurité alimentaire, les dimensions globales sont prédominantes et la prise de conscience comme les directives se sont d’abord imposées au niveau international puis conjuguées au niveau des Etats qui ont accepté les analyses des experts et ont tenté de prendre des mesures nationales.

Le vécu quotidien par contre se fait au niveau local dans les zones rurales où se manifestent les pratiques agricoles et environnementales des populations rurales.

Entre l’éparpillement des comportements individuels et la concentration des directives politiques, il existe une place déterminante pour les entités régionales dont le positionnement relativement proche des populations concernées leur permet d’assurer les articulations entre les différentes préoccupations. Mais pour fonctionner, cette interface doit pouvoir s’exercer sous certaines conditions que l’on retrouve dans l’analyse de la décentralisation.

2. L’agrégation des demandes locales et la

différentiation régionale des politiques nationales

A mi-chemin entre exigences nationales et attentes locales, les entités régionales doivent, dans un premier temps, être en mesure d’enregistrer les nombreuses demandes des populations et y répondre en opérant une agrégation (au niveau d’entités territoriales de type agro écologique, socioculturel, économique, administratif) susceptible de permettre leur traitement. Cette « régionalisation » des demandes locales vise aussi à éviter leur éparpillement et à contribuer à la cohérence d’ensemble avec les autres demandes exprimées par d’autres

communautés et avec les potentialités et exigences nationales. Mais ces fonctions primordiales ne peuvent elles-mêmes s’exprimer que si les directives nationales savent tenir compte des diversités régionales. En d’autres termes, si les politiques élaborées au niveau national sont différentiées selon les zones agro écologiques ou les catégories socioprofessionnelles. Cette différentiation est la condition

nécessaire pour que les régions ne soient pas enfermées dans un carcan trop contraignant, tout en jouant la carte de la cohérence d’ensemble.

Les deux mécanismes d’agrégation des demandes locales d’une part, et de différentiation régionale des politiques nationales d’autre part, ne peuvent s’exprimer que si les acteurs régionaux et locaux sont en position favorable pour jouer leur fonction.

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3. Mesures d’accompagnement (IFO)

La première condition de fonctionnement des deux mécanismes présentés plus haut a trait à l’accès à l’information pour pouvoir prendre des décisions en connaissance de cause. Du fait de l’implication conjointe des niveaux international, national, régional et local, cet accès des uns et des autres se matérialise dans un partage équitable de l’information, avec bien entendu des outils de transfert et des conditions de décodage des données.

La deuxième condition a trait à la formation des nouveaux relais régionaux si l’on veut faire jouer aux régions un rôle actif et ne pas être seulement au service des directives nationales. Mais cette formation concerne aussi les instances nationales pour leur apprendre à se désengager et à transférer une partie non négligeable des prérogatives qu’elles détiennent habituellement.

La troisième condition vise d’une part, à organiser les acteurs locaux et les relais afin qu’ils puissent s’impliquer dans de nouveaux mécanismes de décision, de planification et de gestion et d’autre part, à organiser les mécanismes de participation, de négociation et de médiation entre les différents niveaux institutionnels.

Elargir le rôle des autorités locales est primordial en encourageant leur

participation ainsi que celle des ONG, du secteur privé et d’autres organisations.

Une action conjointe entre les collectivités locales des pays développés et celles des pays en développement, aide à promouvoir un partenariat et des alliances pour combattre la faim, la malnutrition et les actions en faveur d’une meilleure gestion des ressources naturelles et de l’environnement. Ce processus décentralisé et participatif comporte des avantages pour répondre aux besoins des populations rurales et particulièrement les plus pauvres et vulnérables d’entre elles

RED-IFO

Un modèle d’analyse de la

décentralisation –

R=Régionaliser les demandes locales - Et

D=Différentier les politiques

nationales

I= Partager l’Information F= Former les nouveaux relais O= Organiser les acteurs et les mécanismes

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Dans les îles du Cap Vert par exemple, la coopération entre acteurs a permis une participation active des coopératives et associations de pêche en partenariat avec les municipalités locales dans l’élaboration de petits projets, entreprenant des activités concrètes visant la résolution de problèmes ponctuels au sein des communautés de pêcheurs. Ces projets sont inclus dans les plans d’activités des mairies et leur mise en oeuvre est de la responsabilité de l'adjoint du maire pour le domaine des pêches. La participation communautaire a aussi été fortement améliorée avec l’élection de facilitateurs au sein des communautés et par leurs membres. Les facilitateurs sont les représentants des communautés de pêcheurs auprès des autorités territoriales et sont des véhicules de transmission des messages de ceux-ci aux communautés.

LIBAN : Un exemple de territorialisation basée sur la négociation

Le Liban s’est doté d’un appareil statistique dont l’élaboration s’est appuyée sur la concertation avec les acteurs ruraux, le traitement des données collectées et la restitution aux différents acteurs impliqués (Ateliers par produits, par filières et par régions). Cet exercice, appuyé par la FAO, a permis de mettre en évidence 41 zones rurales dont les caractéristiques naturelles et humaines sont relativement similaires.

Ces regroupements ont été validés avec les populations de ces zones car la notion de Zone Agricole Homogène relève avant tout d’une

représentation mentale collective, basée sur l’intégration des dimensions géographiques, économiques, sociales, culturelles, politiques, etc. La territorialisation ainsi réalisée repose sur une approche globale et

concertée de chaque zone définie, et le territoire apparaît comme le fruit d’une histoire, l’expression d’un présent et porte les conditions de son avenir. L’identité de la zone est véhiculée par ses habitants (sentiment d’appartenance) et par les échanges avec le “monde extérieur” qui renvoient à leur tour une certaine image du territoire.

L’approche “territoriale” permet ainsi aux acteurs locaux de définir une politique de développement à partir des réalités, atouts (forces),

contraintes (faiblesses), besoins et opportunités, d’une zone déterminée.

Elle invite les acteurs publics et privés, organisés en partenariat local, à concevoir un programme de développement pour leur territoire, de concert avec les populations et négocié globalement avec les pouvoirs publics, de niveau régional ou national, qui exercent des compétences sur le territoire.

Source : Rapport d’évaluation, Projet FAO, Beyrouth, 2006

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C. Planifier des projets à l’échelle du territoire dans un cadre de gouvernance multi-niveaux

1. Le territoire, lieu de convergence des projets

Les territoires ruraux sont non seulement des supports des ressources naturelles mais aussi des espaces vécus. En attribuant de nouvelles chances aux initiatives locales pour s’inscrire dans une problématique plus large de changement

climatique et de sécurité alimentaire, tout en leur donnant une certaine autonomie de décision au niveau des instances régionales, une place importante est attribuée à la gestion des territoires ruraux.

A ces fonctions de gouvernance locale s’ajoutent celles de cohérence avec d’autres espaces ruraux dans une vision de complémentarité et de coopération. On doit aussi considérer le fait que les zones rurales sont elles-mêmes emboîtées dans des espaces plus larges du fait de leur appartenance à des entités administratives, agro- écologiques ou historiques et socio-économiques. Dans ces différentes

dimensions, le territoire régional devient un espace privilégié de planification et de programmation des actions locales.

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2. Le territoire, espace de cohésion sociale et de négociation

Le transfert des compétences vers les entités locales suppose une participation des différents acteurs. Leur implication dans les processus participatifs facilite la prise en compte des positions de chacun et la possibilité d’examiner les attentes et demandes des populations.

Les territoires ruraux deviennent ainsi des espaces de discussion et de partage permettant de recréer des liens d’appartenance entre les membres des communautés impliquées dans l’analyse conjointe de diagnostic et de

programmation d’actions. La négociation constitue le mécanisme de gestion et de résolution des conflits lorsque des différences d’intérêts apparaissent entre les parties prenantes.

3. Le développement territorial, participatif et négocié

Grâce au processus participatif, cet accord entre les parties prenantes inclut un plan d’activités ou des initiatives pour le développement local, à court, moyen et long terme. Le développement territorial, participatif et négocié mentionne les besoins et les ressources indispensables à sa mise en œuvre ainsi que les cohésions entre activités. Il implique un engagement concret en ce qui concerne les actions retenues, les arrangements institutionnels et la gestion des ressources.

Le pacte territorial constitue une Charte engageant les régions et régissant leurs relations avec les autres instances territoriales ainsi qu’avec l’Etat. La cohésion avec les conventions internationales et la coopération avec d’autres régions et activités peuvent être mentionnées comme axe important de travail.

NICARAGUA : Exemples de projets à l’échelle du territoire dans un cadre de gouvernance multi-niveaux

Dans le cadre du Programme de Partenariat multi-donateurs de la FAO, qui vise principalement l'assistance aux pays pour la formulation et mise en oeuvre de politiques de sécurité alimentaire, une méthodologie a été développée pour identifier des mesures politiques permettant d’aborder l'impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire. Elle sera testée dans les mois à venir au Nicaragua, plus concrètement dans le Département du Chinandega, au Nord- Ouest du pays, choisi comme zone pilote pour l’étude. L'approche, centrée sur les groupes vulnérables, vise à évaluer les facteurs de vulnérabilité au changement climatique qui ont un impact sur la sécurité alimentaire, et sur la base de ces facteurs, à identifier des mécanismes d'adaptation appropriés pour réduire la vulnérabilité et renforcer la résilience des communautés vulnérables.

L'objectif est de formuler des mesures politiques à court, moyen, et long terme en appui aux mécanismes d'adaptation identifiés et d’identifier le niveau d'intervention le plus approprié (local, national ou régional) pour que ces

Le Développement Territorial Participatif et Négocié (DTPN)

Une méthode pour entreprendre un diagnostic et une programmation entre acteurs face aux enjeux et défis des problèmes de leur territoire.

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mesures aient un impact significatif en vue de garantir la sécurité alimentaire des communautés les plus vulnérables. Le but ultime est d'engager les décideurs politiques vers une meilleure prise en compte des enjeux de sécurité alimentaire de manière à ce que la problématique du changement climatique, très souvent abordée depuis une perspective globale, soit appliquée à l'échelle locale et au niveau du foyer.

Le cadre de gouvernance multi-niveaux est également mis en avant dans le cadre d’un projet mené par le PNUD visant le développement d’un processus d’aménagement du territoire, en concertation avec les acteurs locaux, en vue du soutien de l’application de la réglementation sur l’aménagement du territoire dans le Département de Matagalpa, au centre du pays. Le projet souligne le rôle des municipalités et vise à les aider à maîtriser de façon articulée et cohérente le développement de leur territoire et en leur fournissant des services essentiels, telle l’assistance méthodologique et technique pour la conduite de processus de planification participative et concertée.

Des synergies et des coordinations sont envisageables entre ces deux projets, notamment au niveau des pratiques de la gestion du risque face aux catastrophes naturelles et du renforcement des capacités institutionnelles des gouvernement locaux envers une meilleure prise de conscience relative aux dangers de la dégradation de l’environnement et envers une meilleure prise en compte des dynamiques locales.

Source : Ricoy A./Balié J.,Cadre méthodologique pour l’identification de mesures de politiques pour aborder l’impact du changement climatique sur la sécurité alimentaire au Nicaragua, FAO, 2009. Construction d’une instance régionale de Gestion du Territoire à Matagalpa, Nicaragua. Dans le cadre du Programme « Vers des territoires moins émetteurs de gaz à effet de serre et plus résistants au changement climatique. PNUD, 2008.

Sites Internet à consulter pour plus d’information : Participation et décentralisation : www.fao.org/participation;

Changement climatique : http://www.fao.org/climatechange,

Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale : les défis des bioénergies et du changement climatique : www.fao.org/Foodclimate, Coopération décentralisée : www.fao.org/TC/DCP/index_fr.asp

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