REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE
LE TRANSIT DIGESTIF CHEZ LES MONOGASTRIQUES
I.
—LES TECHNIQUES D’ÉTUDE
J.-P.
LAPLACEStation de Recherches sur
l’Élevage
desPorcs,
Centre national de Recherches
zootechniques,
I. N. R.A.,
78 -Jouy-en-Josas
PI,AN
INTRODUCTION MÉTHODES INDIRECTES
Temps
de rétention dans le tubedigestif.
Les substances de référence.
Mesure des
temps
de rétention.Techniques radio-graphiques.
Substances
radioopaques.
Radio-éléments.
Évaluation
de l’activitépropulsive.
Évaluation quantitative
de la motricitégastro-intestinale.
Mécanogrammes.
Électromyogrammes.
Évaluation
de l’activitépropulsive.
MÉTHODES DIRECTES
Techniques volumétriques
oupondérales.
Technique
desabattages.
Fistulation
digestive.
Techniques débitmétriques.
Exploitation
des donnéesvolumétriques.
Techniques d’aspiration
et de dilution.Repas d’épreuve
en série.Double
échantillonnage.
Exploitation
des données recueillies.DISCUSSION E1 CONCLUSIONS
INTRODUCTION
L’apport permanent
de nutriments variés est une nécessité pour lacompensation
desdépenses
de l’individu. Dans ce sens, le
comportement
alimentaire constitue un moyenprimordial
de l’ho-méostasie. Son indissociable
complément
est lephénomène
dedigestion
défini comme l’ensemblede la transformation des matériaux
ingérés,
de l’assimilation des nutriments et de l’élimination résiduelle. Parmi lesmultiples
processus mis enjeu,
les mécanismes de transfert(transit digestif
et
excrétion)
ont un rôleimportant.
Cette fonction est assumée par laprésence
au niveau desviscères
digestifs
de mouvementscomplexes qui
constituent la motricité du tractusgastro-intes-
tinal.
Depuis près
d’un siècle, de nombreuxexpérimentateurs
ont, à la suite de WEISKE( 1 8 97 )
etM
ARBAIX
( 1 8 9 8),
tenté de définir la vitesse de passage des aliments dans le tubedigestif,
et cellede l’élimination de leurs
composants indigestibles.
Ils se sontégalement
attachés à lacompré-
hension des modalités du transit au niveau des divers
segments
intestinaux. Ainsi que lerappellent Fttwrrçois
et al.( 19 68),
onpouvait espérer
établir une relation entre letemps
de rétention des aliments et leurdigestibilité,
donnéequi permettrait d’apporter
une correction dans le calcul des bilans alimentaires.Dans le cas du Porc,
monogastrique majeur
en raison de sonimportance zootechnique,
laconnaissance des
particularités
du transitdigestif,
associées à telle ou telle modalité d’alimentation estparticulièrement
intéressante du fait del’interdépendance
entre le transit et larégulation
ducomportement
alimentaire.Ainsi,
les travaux de l{ÉRAT et LouGVOh( 19 6 3 ),
d’AuFFRAY et al.( 19 6 7
),
et de LAPLACE et ToMASsoNE( 1970 )
constituaient unpremier
pas dans ce sens,compte
tenu des observations initiales de LEROYet FÉVRIER
( 1947 - 194 (».
Defaçon analogue, la rapidité
du transit
digestif
est un élémentimportant
decompréhension
de la vitessed’absorption
dessucres
(Au M AlTRE
etal., ig6g),
ou des acides aminés - contenus dans lesprotéines,
ousynthé- tiques apportés
ensupplémentation
-(RÉ RAT , 1971 ),
ainsi que de l’état nutritionnelglobal.
Ilfaut enfin
souligner
que cet état nutritionnel conditionne enpartie
l’état sanitairede l’animal,
notamment dans le cas des maladies
chroniques
ousubcliniques,
dontl’importance
est souvent méconnue(B RAU DE, 1967).
Avant de dresser un bilan de nos connaissances sur le transit
digestif
chez lesmonogastriques,
il nous est apparu souhaitable de faire l’inventaire des nombreuses
techniques
à cejour dévelop- pées,
etd’envisager
les moyens nouveauxdisponibles.
Lestechniques
d’étude du transitdigestif
sont de deux ordres : d’une
part,
des méthodes indirectesd’appréciation
dutemps
de rétention desingesta
ou de l’activité de la musculaturegastro-intestinale ;
d’autrepart,
des méthodes directes de mesure du débit des matériaux alimentaires en unpoint
déterminé du tubedigestif,
ou de la
quantité
dedigesta présente
à un instant donné dans telcompartiment digestif.
I. -
MÉTHODES INDIRECTES
A. -
Temps
de rétention dans le tubedigestif
Le
principe
de cettetechnique
est d’introduire dans le tubedigestif
des substances dites deréférence,
« marqueurs solides ouhydrosolubles, ingérés
par l’animal ouplacés
en unpoint quel-
conque du tube
digestif
par l’intermédiaire d’une fistule. Ces substancespeuvent être,
soit un élément constituant naturel de laration, soit, plus
souvent, un matériauétranger
à lacomposition
normale de l’aliment.
Selon le mode d’administration et le site de
récupération
de lasubstance,
on détermine :- soit un
temps
de rétentionglobal (ingestion-récupération
dans lesfèces) ;
- soit un
temps
de rétentionpartiel : (administration
par intubation à un niveauquel-
conque -
récupération
paraspiration
oufistule,
ou dans lesfèces).
I
. Les substances de
références.
Les marqueurs les
plus
divers ont été utilisés par lesexpérimentateurs,
ainsi que lerappellent F
RANÇOIS
et al.( 19 68) :
- Substances
pavtiellement
ou totalementindigestibles,
naturellementprésentes
dans les aliments :lignine, cellulose,
silice etchromogène,
ougraines
de céréales diverses. Ces marqueurs ont cepen- dant étéplus particulièrement
utilisés chez les herbivorespolygastriques.
-
Marqueurs artificiels,
au nombredesquels
onpeut
citer :- des
particules
de matière inerte :caoutchouc, polyéthylène,
billes de verre,plastique (P
ALOHE I MO
,
I939 ! ALVAREZ etal.,
I924; KINCetal.,
1957 ;JoHNSON, I9 66),
voireparti-
cules
métalliques d’or, d’argent,
decuivre,
ou d’acier(H OELZEL , 1930 ) ;
- des matériaux colorés ou des colorants
hydrosolubles
tels que lapaille
colorée au vertbrillant ou à la fuchsine
basique,
le rougephénol (M ULINOS ,
I935 ; ABGAROWICZ( 1 ), I94
8 ;
C!TOLDSTEIN(’),
1950 ;SMITH, I c)6 4 );
- des substances
chimiques indigestibles : oxyde
dechrome, Cr 2 o, (E DIN , 191 8- 192 6
inHYDEN,
1961 ;PALOHEIMO,
I939 ; SCHURCH et al., I9j0 ; HAENLEIN et al.,Ic!66), oxyde ferrique (M ANER et al., I9 6 2 ),
chromate de soudeNa 2 CrO 4 , polyéthylène glycol (H YDEN , 19
6 1
),
résinecomplexe
à l’or, dosé à Io 6 g par latechnique
dite « activationanalysis
»(M
ARTZ
etal., 19 6 9 ),
utilisée très récemment aussi chez les ruminants avec l’or radioactif 197Au
(M ART Z et al., I9!I);
- des
composés
radioactifsindigestibles :
substancesmarquées
au chrome radioactif SlCr(C AMERON
, 19 6 0 ), qu’il s’agisse d’oxyde
de chrome ou de chromate de soude, utilisables tous deux sous leur forme «marquée x (HANSKY
etCoNNEL., 19 6 2 ),
or radioactif 133Au(BRIS
etal., I96!), yttrium
9’Y(A BRAMS
etB ISHOP ., 19 6 7 )
et terres rares radioactives(M
ARCUS
etal., 19 6 2 ;
HUSTONetE LLIS ., I9 6j).
Parmi toutes ces
substances,
lesplus fréquemment
utilisées dans toutes lesespèces
sont lepolyéthylène glycol (PEG)
etl’oxyde
de chrome(Cr 2 0 3 ). Cependant,
lapossibilité
d’unepertur-
bation de la
digestion,
l’existence demigrations
différentielles des marqueurs parrapport
à laphase liquide
ou solide du contenudigestif,
lacomplexité parfois
dudosage
de certains mar-queurs, conduisent à ne retenir que
quelques substances,
comme étant actuellementles plus adéquates :
- le
PEG,
enqualité
de marqueur de laphase liquide,
- le 144Ce
(Cérium)
enqualité
de marqueur de laphase solide,
ou à défaut leCr 2 o..
Les critères retenus pour la définition d’une substance de référence fiable sont :
- la détermination
chimique précise
de lasubstance,
et undosage aisé ;
- la non
absorption ;
- la non
production
naturelle au niveau du tubedigestif ;
- la non
dégradation
par lesmicroorganismes ;
- l’absence d’influence sur les divers processus ;
- une vitesse de
migration identique
à celle de laphase
étudiée du contenu intestinal.Il convient ici de
souligner
avec BLOOM et al.( 19 6 7 ),
le fait que la nonabsorption
d’un mar-queur doit être contrôlée par mesure de sa
récupération
dans des circonstances absolument iden-tiques
à celles del’expérience.
( 1
) D’après F RANÇOIS
et al.( 19 68).
Le
polyéthylène glycol, marqueur
de laphase liquide.
L’utilisation du
polyéthylène glycol
a étéparticulièrement développée
à la suite des travaux de SPERBERet al.( 1953 )
et de HYDEN( I95 6).
Ils’agit
d’uncomposé polymérisé
àlongue chaîne,
de formulegénérale HO-CH2(CH2-O-CH2)n-CH2-OH.
Le PEG depoids
moléculaire moyen 4o00(PEG
4ooo)
est leplus
couramment utilisé. Sa distribution dans le contenudigestif
duporcelet
a été testée par MANNERSet al.(I96!).
En
effet,
l’addition in vitro de solutions renfermant pour 100ml : 25 g deglucose,
0,42 g de PEG 4 ooo et 3,4 g de fluorure de sodium(conservateur),
à du contenugastrique
ouintestinal,
montre que le PEG 4ooo se
comporte
différemment :ajouté
ausurnageant
obtenu par filtration etcentrifugation
du contenudigestif,
le PEG se distribue uniformément. Tel n’est pas le caslorsqu’on l’ajoute
au contenudigestif
brut.Remarquons
aussi l’extrême variabilité des taux derécupération
du PEG selon les auteurs etl’espèce
animale. ISHIKAWA et al.( 19 68)
obtiennentchez le Porc gl,! p. Ioo, CORBETTet al.
( 195 6- 195 8) 9 6
p. 100chez laVache,
HYDEN( 19 66)
97 p. 100 chez l’Homme.Récemment,
ISHIKAWAet al.( 19 68)
ontcomparé
chez le Porc les taux derécupé-
ration du PEG 4ooo et du
Cr.0.
au cours depériodes
de 5jours,
avec addition à taux constant du marqueur dans la ration. Ils ont alors observé unerécupération incomplète
du PEG et cherchéà en déterminer
l’origine.
Lesexplications envisagées
par ces auteurs sont au nombre dequatre : a) Dégradation.
- Le PEG n’est pasdégradé
in vivo ainsiqu’il
a été démontré par IsHiKAWA
( I9 6 5 ),
et in vitvo par SMITH( 1959 )
etJACOSSO!r ( 19 6 3 ).
b) Absorption.
- Le PEG estsusceptible
d’être éliminé dans l’urinelorsqu’il
est introduitdans le sang
(S CHAFFER ( 1 )
etal., I9q!).
Bienqu’il
soit aisément dosable dans lesurines,
on nepeut l’y
détecteraprès
administration orale chez l’Homme(S CHEDL
etal, rg66 ;
ScHaFFEIt et al.1950 ,),
leRat
(Sc HAF r ER
etal., I95 o), le
Mouton et la Vache(S PERBER
etal., 1953 ; D OW N ES
etal., 196 4 ),
oule Porc
(I SHIKAWA
etal., I9 68),
cequi
démontrequ’il
n’est pas absorbé par l’intestin. A noter,cependant,
que la nonabsorption
n’est valablegénéralement
que pour un tubedigestif
sain. Sila muqueuse est
malade,
il existe unepossibilité d’absorption
macromoléculaire. Ainsi en est-il dans la colite ulcérative(MI LLAR
etB l tooxE, I9 66).
Audemeurant,
SH1ELDS et al.( 19 68)
cons-tatent une non
absorption
du PEG 4ooo par le grosintestin, qu’il
soit normal oupathologique.
c) Adsovption
à laparoi digestive.
- Il estimportant
desouligner,
sur cepoint, qu’une
récu-pération
totale ne seraitpossible
que parrinçage
del’espace
intervillositaire chez le Rat(ABER-
DEEN
, 1960et
DAHLQUIST, Ic)63).
d) Analyse
du PEG. — Latechnique
même dudosage
a été décrite par HYDEN( 1955 ). Mais
les auteurs
envisagent
ici lapossibilité
pour certaines substances contenues dans l’intestingrêle
d’interférer dans la
technique
dedosage
aupoint
d’entraîner des erreursappréciables (S MITH , I95
8).
Un dernierproblème
reste inconnu : celui d’une éventuelle liaison du PEG à divers maté- rielsbiologiques.
Quoi qu’il
ensoit,
le PEG estparticulièrement
soluble dans l’eau. Il se distribue très vrai- semblablement dans la fractionliquide
des aliments(C ORBETT
etal., I95 8).
Il n’est pas absorbé alors que tel est le cas pour un marqueur soluble comme lechrome- 5I éthylène
diamine tétraacé-tique ( 5l Cr EDTA)
testé par DOWNESet al.( I9 6q).
Il estégalement dépourvu
d’effets secondaires tels que les effetstoxiques
observés pour lepolyvinyl
alcool lors d’un usagerépété (Yn M ATANI
et
al., I9 68).
Ilconstitue,
en somme, un bon marqueur de laphase liquide
des contenusdigestifs.
Chvome et
cévium,
mavqueuvs de laphase
solide. ’B AL
CH et al.
( 1957 )
observent que la concentration duCr.0.
diminue dans le contenu gas-trique,
à unrythme
voisin decelui
de l’évacuation de la matière sèche. KING et al.( 1957 )
estimentque ce marqueur est adsorbé sur les
particules alimentaires,
ouqu’il
seloge
dans les interstices des aliments fibreux.Mais,
il faut remarquer que larécupération
duCr 2 o 3
varie entre les déféca-(’) D’après
ISHIKAWA et FURUICHI( 19 68).
tions au cours du
nycthémère
de59 ,8
à134 ,8
p. 100dans le cas du Cheval(Hn E nLmrr
etal., 19 66).
Dans ce cas,
7 6
p. 100de la variation au cours de 24 heurespeut
êtreexprimé
par une fonctionpolynomiale
du sixièmedegré.
Cette courbe d’excrétion est, du reste, mieuxexprimée
par une fonctionpériodique
sinusoïdale.L’importance
de la variation d’unjour
à l’autre est, parailleurs,
aussigrande qu’à
l’intérieur d’unepériode
de 24F heures. A
noter,enfin,
quele Cr 2 0. comme
leNa
2
CrO.
sontdépourvus
d’effet propre sur le transitdigestif (Wxi2av et L ANG , ig6o ;
ROCHE etal., 1957
).
En cequi
concerne latechnique
dedosage,
lesproblèmes
de détermination desoxydes
dechrome utilisés comme indicateurs dans les
expériences
dedigestion,
ont été très récemment examinés par PETRYet Rnrr( 1971 ).
Endéfinitive,
l’utilisation duCr 2 O,
nécessite desdosages
relativement
longs
pour un marqueur dont la liaison à la matière sèche de l’aliment estcertaine,
mais néanmoinsimparfaite.
Pour cette dernièreraison,
etcompte
tenu desirrégularités
observéespar HAENLEINet al.
( 19 66),
il est bon d’êtreprudent
dansl’usage qui peut
en être fait. Son utili- sation est en tout cas exclue pour une étude différentielle du transit des divers constituants de la matière sèche.Un meilleur marqueur de la
phase
solide des contenusdigestifs
est constitué par le cérium( 144 Ce).
Cette substance est un radionucléide de la famille deslanthanides,
dont tout l’in- térêt et lesavantages
comme marqueurfécal,
ont étésoulignés
et testés parF RANÇOIS
et al.( 19 68).
Ces auteurs,
rappelant
toutes lescaractéristiques physiques
de lasubstance,
enjustifient
le choixpar
rapport
à d’autres radio-éléments tels quel’yttrium,
en raison de lapériode longue du’&dquo;Ce, qui permet
uneexpérimentation
à la foiscomplète
etprolongée.
Ils confirment chez leRat,
laparfaite
liaison entre le 1&dquo;Ce et laphase
solide des contenusdigestifs (M ILLER
etal., 19 6 7 ),
l’absenced’une
résorption digestive
du cérium(Hus2ov
etal., t 9 6 5 ),
et citent les résultats de HAMILTON( 1947
) qui
chiffre larésorption
à moins de o,os p. 100de la doseingérée.
Même utilisés à de fortesdoses,
les lanthanides sontparfaitement
tolérés(C OCHRA: :-I ( 1 )
etal., 1950 ). Enfin,
ledosage
radio-chimique
du cérium est relativementfacile,
et laprécision
des résultats excellente.2
. Mesure des
temps
de rétention.La solution la
plus simple
consiste à décrire la vitesse de passage du marqueur, en tenantcompte
de sapremière apparition
dans les fèces(ou
au niveau decollecte),
et de sa dernière détec- tion. Ceci fournit, parrapport
autemps,
la mesure des vitesses maximale et minimale àlaquelle
les différentes
portions
du tubedigestif
sontcapables
d’assurer ledéplacement
des contenus.Cependant,
lapremière
et la dernière manifestation du marqueur neportent
que sur de très faiblesquantités.
Aussi est-ilpréférable
de se baser sur letemps
nécessaire à l’excrétion de 5 p. 100et 95 p. 100de la substance de référence. Ces valeurs ont une fiabilitébeaucoup plus grande.
Une autre solution consiste à décrire le mouvement à travers le tube
digestif
de laportion
contenant la
quantité
maximale de la substance de référence. Cela estbeaucoup plus difficile,
car laquantité
de marqueurprésente
dans unsegment dépend
des vitesses non uniformes de mouve- ment de l’ensemble dessegments qui
leprécèdent,
aussi bien que de la localisation des matériauxqui
sontdéjà passés
avant. La difficulté a été tournée par lacompartimentation
du tubedigestif (S
IKOV
etal., ig6g).
Ces auteursayant
eu pour cela recours àl’autoradiographie,
nous l’envisa-gerons
plus
avant.Un moyen terme est
apporté
par CASTLE et CASTLE( 195 6),
consistant à chiffrerle temps
nécessaire au transit de l’ensemble de la masse alimentaire
marquée,
comme l’intervalle detemps
entre l’excrétion 5 p. 100 et l’excrétion 95 p. 100.
Enfin,
le terme le mieuxadapté
pour touteanalyse statistique,
en tant que valeurunique
rendantcompte
durythme
de passage moyen de la totalité du repasmarqué,
est le coefficient de rétentionR, proposé
par CASTLE( 195 6).
Ce termepermet
de comparer, sur toute leurlongueur,
les courb2s d’excrétion detype sigmoïde,
obtenues enexprimant,
parrapport
autemps,
lepourcentage
recueilli aux divers intervalles detemps
de laquantité
totale de marqueurrécupérée,
considérée comme la valeur 100p. 100. Le terme R, propor-(’)
D’aprèsF RAN çois et
al.( 19 68).
tionnel à la surface située à
gauche
de la courbe d’excrétion est calculé àpartir
dugraphique
en
ajoutant,
entre 5et 95 p. 100, lestemps
d’excrétion relevés à intervalles de Io p. 100eten divisant cette somme par 10.
B. -
Techniques radiographiques
Les
techniques radiographiques
fontappel,
soit à des substances opaques au rayonnementX,
soit à des substances émettrices d’unrayonnement
propre. Dansl’ensemble,
toutesces techniques
se
prêtent
aisément àl’enregistrement
des clichés par les moyenscinématographiques
ou télévisés(E
NGE
, 19 6 7 ).
Dans le casd’usage
de substancesradioactives,
une variantetechnique peut
être utiliséeaprès
sacrifice del’animal ;
ils’agit d’autoradiographie.
I
. Substances
radio-opaques.
L’usage
des sels debaryum
ou de bismuth estdéjà
relativement ancien. McSmNEY et SPURELL
( 1933 ), remplissant
l’estomac avec des marqueursradio-opaques, enregistraient
sasurface
projetée.
Il estcependant
difficile de déduire le volume du contenugastrique
de tels films à 2dimensions.Néanmoins,
desradiogrammes
de l’estomac contenant un repasopacifiant,
four-nissent des résultats
reproductibles
chez l’Homme(H AWKINS
etal., 1953 ).
Une amélioration estapportée
par lecalibrage
desimages radiographiques ;
les surfacescorrespondant
à divers volumes de repasopacifiant
servent àévaluer,
en termes de volumegastrique résiduel,
lesimages
succes-sives obtenues au cours de l’évacuation d’un repas
d’épreuve radio-opaque (H UNT
et KNOX,19 68).
Une autre difficulté réside dans le fait que les substances
opacifiantes
sontsusceptibles
de modifier lerythme
de l’évacuationgastrique.
Pourcela,
aNrrE!Exs e t IvY( 1947 )
utilisent un repasexpéri-
mental normal et
n’emploient
la substanceradio-opaque
que comme élément différentiel pour évaluer le volume résiduel du repasd’épreuve
au bout d’untemps
donné.Ces
techniques peuvent également
être utilisées dans le cas del’intestin;
HEDBLOM et CANNON(
1909
) mesuraient, après
un repas de pommes de terre et debismuth,
lalongueur
des masses debismuth dans l’intestin et obtenaient des résultats
reproductibles. Mais,
ceslongueurs
constituentun mauvais indice
puisqu’elles
vont diminuant au fil del’absorption
du diluant.L’usage
de laciné-radiographie
a néanmoinspermis
l’obtention de résultatsimportants
chez le Porcelet rece-vant du sulfate de
baryum
sous forme de bouillie lactée à raison de Yg pour 2ml de lait(K IDDER
et
al., ig6i- 19 68). Mais,
il nes’agit plus
ici que d’évaluer untemps
de passage. Dans ce seul but latechnique radiographique
se révèleparticulièrement précieuse,
notamment chezl’Homme
(M ATTSON
etal., 19 6 2 ).
Son utilisation pour une évaluationquantitative
restediscutable.
Dès lors que la
technique
est fiable pour mesurer une vitesse d’évacuationgastrique
ou untemps
de passage dansl’estomac,
il convient depréciser
les conditions d’administration de la substanceradio-opaque.
Les repasd’épreuve proposés
sont très divers et fournissent des résultats variables selon le diluant utilisé(lait,
eau, gruau d’avoineetc.).
Lesprincipales critiques
formuléesvisent la consistance non
physiologique
du repas obtenu etl’administration, préalable
ou consécu-tive au
diluant,
de la substanceopacifiante.
Lapremière critique
est levée par le repasproposé
par GooDNtnNet al.
(r 95 8) :
«sandwich, jambon
et bouilliebarytée
». Plusrécemment,
STORDYet al.(ig6g)
ont défini le repasd’épreuve :
« steak etbaryum
» au coursduquel
unegorgée
debaryte
est absorbée entre
chaque
bouchée de viande.Reprochant
aubaryum
la difficulté d’une étudequantitative,
HiNTON( 19 66)
aproposé
uneintéressante variante consistant en
l’ingestion
depellets
depolythène imprégnés
debaryum,
detailles diverses. Le
déplacement
dans le tubedigestif
de ces solidesradio-opaques
est aisément suivi par desradiographies
sériées.Quant
aucomptage
dans les fèces, ils’effectue,
sansmanipu-
lation de fèces, par
radiographie
du sachetplastique scellé,
contenantchaque
émission. Lecomptage
despellets
excrétés s’effectue sur le cliché.2
. Radio-éléments.
Les radio-éléments sont ici utilisés non
plus
en vue d’undosage quantitatif
dans les fèces oules contenus
digestifs,
mais pour uncomptage
sur l’individuvivant,
ou pour une étude appro- fondie de l’ensemble du tubedigestif (To DA
etT 0 13 E , 19 6 7 ),
à un instant donné. CRAMER( 1959 )
utilise le strontium radioactif pour l’étude du transit dans l’intestin du
Rat,
en déterminant laquantité
de matériel radioactifprésente
dans lesportions
successives de l’intestin. HANSKY et CoNNELL( 19 6 2 )
étudient le transit intestinal chez l’Homme avec du chromateradioactif 5 ’Cro 4 Na,.
Cette même substance a été utilisée chez le Rat pour
l’analyse
simultanée de l’évacuation gas-trique
et de l’activitépropulsive
de l’intestitigrêle.
Cettetechnique fournit,
lors del’abattage,
le
graphique
de l’ensemble de la distribution du marqueur radioactif dans le tractusgastro-intes-
tinal. Des données
quantitatives précises peuvent
être retirées d’un telenregistrement
parsimple analyse planimétrique (D L asLOM et al., 19 66).
A la même
époque,
GaiFFiTa et al.( 19 66)
ontdéveloppé
unetechnique
d’étude sur le vivant de l’évacuationgastrique, qui
a recours à l’inclusion dans unpetit déjeuner anglo-saxon typique (
550 ml),
de chromate de sodium radioactif. La validité desscintigrammes
pour l’obtention d’infor- mationsquantitatives
est démontrée par l’auteur. L’utilisation desisotopes
radioactifs du chrome reste,malgré
lacomplexité
del’appareillage,
fortrépandue
pour l’étude de l’évacuationgastrique (H
ARVEY
etal., 1970 ).
Unetechnique analogue,
visantégalement
l’évacuationgastrique in vivo,
a été
développée
par BnoNtsTEx et al.(r 9 66
et19 68)
sur une variante de latechnique
de LUNDH(
1957
).
Dans ce cas,l’épreuve
consiste enl’ingestion rapide
d’un repas d’un volume de 290ml,
aussiproche
quepossible
d’un repasnormal,
contenant de l’albuminesérique
humainemarquée
à l’iode 1_31
( 131 I-HSA)
et de l’iode125 - P olyvinyl pyrrolidone ( 125 I-PVP).
La radioactivité de lalipeut
être suivie par mesure externe durayonnement
gamma, au niveau de l’estomac.’ 25 1-PVP,
substance inerte,permet
d’effectuer une correction(éliminant
la sécrétion de ’&dquo;’1par les glandes
salivaires et
l’estomac).
Mais la mesure s’effectue sur des échantillons de contenugastrique,
cequi
enlève à la méthode unepartie
de sonavantage
de méthode externe. Semblable utilisation desisotopes
de l’iode acependant
été faite pour l’étude de la fonctiongastrique
par DAVCEVet TADZER
( 19 68). Un aménagement
intéressantest proposé
par ROSSWICKet al.( 19 66),
Il ne nécessiteaucune
préparation particulière
dusujet,
en lui laissant toute liberté d’activité etd’ingestion.
Depetites capsules
d’aralditechargées
enopacifiant
et contenant moins de 10!Ci
de ’&dquo;’1 sontingérées.
Leur localisation au cm
près
est obtenue avec uncompteur
à scintillationportable,
chez l’individuéquipé
d’unegrille
en perspex sur l’abdomen.Très récemment
enfin,
SIKOV et al.( 19 6 9 )
ontdéveloppé
chez le Ratl’usage
de l’adminis- trationintra-gastrique
d’une solution de ruthénium 106 enéquilibre
avec sonproduit
dedégra-
dation le rhodium 106. La solution
, o6 Ru- , 06 Rh,
àpH
2, n’est pas absorbée. La détection sur l’ensemble du tubedigestif
sefait,
nonplus
par passage sous un détecteur(D ERBLOM
etaL., 19 66),
mais par
autoradiographie.
3
.
Évaluation de
l’activitépropulsive.
Les résultats recueillis par les
techniques radiographiques
n’ont pas faitl’objet
d’un traite- ment trèspoussé
de l’information. Par contre, les données obtenues avec les radio-éléments ont étéplus exploitées.
Allant au-delà del’analyse planimétrique,
SIKOVet al.(ig6g)
ontdéfinil’exploi-
tation
quantitative
desrésultats,
et déterminent sur l’ensemble du tubedigestif compartiments (gastrique, I d’intestin grêle,
caecum etcôlon).
On considèreséparément
lerythme
de sortie dechaque compartiment
au cours des intervalles entre les sacrifices. Lerythme
de passage est calculécomme le
pourcentage
d’activitéqui, présentée
à cesegment,
est évacuée par lui dans l’unité detemps.
Latechnique
suppose évidemment que tous les facteursqui
influencent letemps
de passage soient constants entre lesabattages. L’exploitation mathématique permet
de définir la vélocité(dérivée
de la distance parcourue parrapport
autemps),
de l’avancée despremiers
élémentsradioactifs,
et fournit un modèlesimple :
Vélocité = a - b
log lo
xoù
x peut
être lalongueur
d’intestin franchie ou lepourcentage
franchi de lalongueur
totale àtraverser. Les mêmes données
permettent
enfinl’analyse
du passage de la masse radioactive à traverschaque segment. L’expression graphique
de cetterétention, compartiment
par compar-timent,
estparticulièrement
intéressante.Les résultats obtenus chez le
Rat,
à l’aide du chromate de sodiumradioactif,
ontfait l’objet
d’une
exploitation
encoreplus poussée :
GREVSTENet al.( 19 6 7 -ig6g)
ontdéveloppé
unetechnique d’analyse mathématique
de l’activitépropulsive gastro-intestinale
ainsi évaluée. Obtenant uneévacuation
gastrique
detype exponentiel, exprimée
par x =e xt ,
où x est le volumegastrique,
et où le volume évacué par unité de
temps
estreprésenté
par la relationdx =
dt k .e k t;
la fractiondxldt
h. ektévacuée,
ouquotient
est doncdx x /dt
c’est-à-direC k t
soit k une constante. En se fondant surl’hy-
x e!’ ’
pothèse
que lapropagation
dans l’intestingrêle répond
au mêmeprincipe,
on définit unquotient propulsif
wt dutype :
où wt =
quotient propulsif
pour unsegment
intestinal donné i xi
= contenu de la fraction i V = contenu de l’estomac 1-1
x t
=
contenu de tous lessegments
situés en amont de la fraction i j=1
Les auteurs démontrent alors que, dans des conditions
normales,
l’évacuationgastrique
et lapropulsion
intestinale sontidentiques
pour les troisquarts
environ de l’intestingrêle.
La cons-tante k de la fonction
exponentielle
d’évacuationgastrique
estidentique
auquotient propulsif wi.
C. -
Évaluation quantitative
de la motricitégastvo-ivetestinale
Alors que les
techniques radiographiques permettent
une évaluationquantitative
de l’acti-vité
propulsive intestinale,
parl’image
du contenudigestif opacifié
endéplacement,
ils’agit
icid’évaluer l’activité motrice du tube
digestif.
Celle-ci estsupposée
liée à la fois à laquantité
dedigesta
et à leur vitesse dedéplacement, puisqu’elle
est la cause dudéplacement plus
ou moinsrapide
de volumes alimentairesplus
ou moinsimportants.
Ceci revient àapprécier
le facteur moteur dutransit,
et nonplus
l’effet transit lui-même.I
.
Mécanogvammes.
La
première
solution,historique (L EGROS
etal., i86g ;
BnYLiss etS TARLING ., i 8 9 g),
consiste enl’utilisation de ballonnets
remplis d’eau, conj ugués
à un manomètre à eau et reliés à un tambour deMarey
ou à un électro manomètre.Cependant,
un telprocédé
nepermet guère
d’obtenirqu’une
résultante entre la
pression
endo luminale réelle et lapression pariétale.
Ils sont, deplus, sujets
à des
déplacements
etsusceptibles
de provoquer, par leur seuleprésence,
une motricité réflexe.Aussi cette
technique
a-t-elle été sévèrementcritiquée
parQ UIGLEY
et BRODY( 1952 ).
Une tech-nique plus
satisfaisante est celle dite des cathéters ouverts,qui
offre une finesse de localisation biensupérieure
etpermet l’enregistrement
d’unepression
endo cavitaire ou endo luminaleréelle,
même pour desphénomènes
trèsrapides.
Leur mise enplace
sous anesthésiegénérale
est réaliséeselon la
technique
de WITZELou de Cor·FEY. Chezl’Homme,
des faisceaux de cathéterssolidaires,
dont les ouverturesdigestives
sontespacées de
cm,peuvent
être introduitspar intubation,
l’en-semble étant lesté d’un microballonnet de mercure
(F RIEDMAN
etal., 19 6 4 ). Quel
que soit le modeutilisé,
ces cathéters sontgénéralement employés
ensystème hydraulique qui
assurel’incompres-
sibilité de la transmission. Une variante séduisante de
l’enregistrement
despressions
endo lumi-nales consiste en
l’ingestion
decapsules
baro-sensibles émettrices(F AI tR AR et al., 1957 - 195 8 ;
C ON N
ELLet
R OWLANDS , I c)60 ;
SMITHetR IDGWAY , 19 6 2 ;
BARANY etJ ACOBSEN , I(!64 ; BANKE, I
g68 ; M ISIE mcz, 19 68).
A noter, enfin,l’appareillage original
d’ENGELHARDTet al.( 19 6 7 )
pour lamesure par
induction,
insitu,
de la motricité intestinale.Néanmoins,
cette dernièretechnique
ne semble pas avoir eu de
développement général. Quant
auxtechniques radiotélémétriques,
ellesne
paraissent guère adéquates
pour une étude du transitdigestif, puisqu’elles permettent
seule-ment de
capter
l’activitémécanique
d’un territoire sans cessechangeant.
Deplus,
lerythme
dedéplacement
ducapteur
lui-même est distinct de celui desingesta.
La recherche d’une mesure d’une
pression
strictementpariétale
a conduit àl’emploi
d’autresprocédés.
L’un consiste en l’insertion dansl’épaisseur
de la musculature viscérale de micro- ballonnets constitués par l’extrémité occluse et dilatée à la chaleur d’un fin cathéter depoly- éthylène rempli
deliquide
et relié à un électromanomètro. C3ttetechnique
utilisée chez le Porc par AuEExAY et al.( 19 6 7 )
s’avère d’unegrande
finesse. L’autre faitappel
à desjauges
de contrainte(J
ACOBY
et al.,19 6 3 ).
Leprincipe
de latechnique
consiste àenregistrer
la modification de la résistance d’un fil conducteur par suite de sa déformation.L’usage
de cesjauges
de contraintepermet d’envisager
l’étude desphénomènes mécaniques
par la mesure directe des déformations de laparoi
des viscères. La motricitégastro-intestinale peut
ainsi êtreenregistrée
dans des condi- tionsd’isométrie,
et la force contractileexprimée
eng/cm 2 .
Latechnique permet également
entreautres
avantages, longuement développés
par REINKEet al.( 19 6 7 )
et RosENBAUM et al.(196 7 ),
deséparer,
dans d’excellentesconditions,
l’activité des couches circulaire etlongitudinale
de l’intestin.2
.
],-Iectromyogrammes.
L’enregistrement
de l’activitéélectrique
du musclegastro-intestinal, depuis
ALVAREZ et MAHO-NEY
( 1922 )
et BozLEx( I945 et 194 6),
est devenue l’une destechniques
lesplus
élaborées dans l’étude de la motricitédigestive.
De très nombreux travaux(B AS s
etal., 19 6 1
a,b, 19 6 5 ;
DANIELet al.,
1960a,
b, 19 6 3 , 19 66;
BORTOFFetal., 19 6 5
a, b,19 6 7 )
ontprécisé
lescaractéristiques
essentielles de cette activité viscérale. L’essentiel des connaissances a été rassemblé dans lesremarquables
revues deD
ANIELet IRWIN
( 19 68)
pour l’estomac et de BASS( 19 68)
pour l’intestin. Cette activité se compose d’unepart,
d’une activitépériodique (ondes lentes)
ourythme électrique
debase,
résultant d’unedépolarisation rythmique
des cellules de la musculeuselongitudinale,
d’autrepart,
d’une activitérapide (potentiels
depointe)
coordonnée par laprécédente,
en étroitrapport temporel
avec elleet
ayant
pourorigine
la couche musculaire circulaire. Cette activitérapide
est, àl’opposé
durythme
de basequi
n’est associé à aucunphénomène
moteur, la source de l’activité motricegastro-
intestinale.L’amplitude
et la durée des bouffées depotentiels
depointe
sontrigoureusement proportionnelles
à la force et à la durée des contractions. L’activitépropulsive,
seule intéressante vis-à-vis du transitdigestif,
est le résultat d’une activité coordonnée des deuxtuniques
muscu-laires. Elle se caractérise par des
potentiels
depointe
de forteamplitude (GoNE L LA, 19 66, I9
6 7
a et b) qui surchargent
l’ondelente,
elle-même associée à despotentiels d’amplitude
trèsréduite.
En
définitive,
l’étroite relation de cause à effet entre activitéélectrique
et activitépropulsive
fait de
l’électromyographie digestive
unetechnique
de choix pourl’exploration
dupéristaltisme
et de sa
résultante,
le transit desingesta.
La dérivation de l’activité
électrique
sur l’animaléveillé,
etplus
encore chez l’Homme(K RA -
PI
VINet
CHE R NI N , I9 6 7 ;
NETESINet SHP.POSHNIKOV,19 68),
exclutl’usage
de la dérivationbipo-
laire coaxiale au moyen
d’aiguilles
d’Adrian etBronk,
ou celle de microélectrodes en dérivationmonopolaire. Schématiquement,
certainestechniques fréquemment
utilisées ont recours, soit àl’électro!ntérographie
externe(D AVIS et al.,
I957 ; CONDREA etal., 19 6 7 ),
soit à unenregistrement
par électrodes maintenues au contact de la séreuse ou de la muqueuse. La
possibilité
de dériverau niveau de la paroi abdominale des
potentiels
en relation avec la motricité viscéraledigestive
(T HOUVEN
OT
etal., 19 68) paraît
riche de promesses enexploration
fonctionnelle pour leclinicien,
en
dépit
des difficultésd’interprétation. Ainsi, l’électrosplanchnographie
estcapable
de décelerune lésion d’ulcération
gastrique
non décelable par d’autres méthodes(M ARTIN
etal., 1971 ).
L’inconstance des résultats de
l’électrosplanchnographie,
selon ladisposition
desélectrodes,
a conduit à la mise aupoint
del’électrogastroentérographie qui
consiste àenregistrer
au niveau desmembres
( 4 électrodes)
des variations lentes depotentiel, images
de l’activité motricedigestive (M
ART
IN
etTHIL LIER , 1971 ).
Les auteurs mentionnent unegrande pureté
des tracésqui intègrent
toutes les activités. Cette
technique simple
à mettre en oeuvrepermettra peut-être
l’étude dutransit
digestif
dans les conditions de laclinique.
La méthode de dérivation
tvansmuqueuse,
intra-intestinale(en
dérivationgénéralement bipo- laire), préconisée
par GnRxFTT et al.( 19 6 3 ), procède toujours
d’unetechnique
d’intubation.L’usage
d’une sonde à ballonnet
appliquant
les électrodes contre la muqueuse(T SUCHIDA
et al.,19 66)
estexclu du fait de l’occlusion résultant de la distension du ballonnet. Une solution
adéquate
estfournie par une sonde
porteuse
d’unecupule
danslaquelle
se trouventplacées
lesélectrodes,
et oùpeut
être créée unedépression ( 100
à 200 mmHg) ;
le vide créé dans lacupule
maintient les électrodes(argent,
chrome ouacier)
au contact de la muqueuse(S HIRATORI
etal.,
1969 ; MONGESet
al.,
1970a).
Cettetechnique,
dite de l’électrode desuccion,
est utilisable à divers niveauxdigestifs
estomac ou intestin
grêle (MoNGUS
etal.,
ig6g, 1970b).
La méthode de dérivation tvansséveuse(mono
oubipolaire),
évidemment réservée àl’animal,
faitappel
à lafixation,
au contact de laparoi digestive,
d’élémentsporteurs
des électrodes de dérivation : fil deplatine
pur isolé avec un élastomère de silicone formantplaquette
suturée à laparoi
intestinale(McCoSr
et BAKER,19 68),
oubien
plaquettes
de téflonporteuses
d’une ou deux électrodes deplatine
distantes de 5 mm(S ZURS -
ZEWSKI et
al., 1970).
Par
rapport
à ces dérivationstangentielles,
la mise enplace
d’électrodes parpiqûres
à l’inté-rieur même de la
paroi
intestinale constitue une nette amélioration. Initialement utilisée sousla forme
d’aiguilles
électrodesimplantées extemporanément
au niveau des viscèrespréalablement
extériorisés en
préparation chronique (An2sTxoNC
etal., i 95 6 ;
MILTONet al.,195 6 ;
CARLSON etal., 19
66),
cettetechnique
futlargement perfectionnée
pourpermettre
desenregistrements multiples
de
longue durée,
sur l’Homme ou l’animal anesthésié(D ANIEL et al., 1959 ) :
un fild’argent ( 0 , 00 6
ào,o 1
8
inch)
estglissé
parponction
dans laparoi
intestinale,juste
sous la séreuse, etreplié
en formede boucle orientée dans un
plan perpendiculaire
à laparoi
intestinale. Unetechnique
similairedéveloppée
par BUNKER et al.( 19 6 7 )
apermis
enfin la dérivationchronique
de l’activitéélectrique
chez l’animal éveillé par
l’usage
de fil acierinoxydable
enrobé detéflon, implanté
dans laparoi
de l’intestin
grêle,
et maintenu enplace
par despoints
de soie. Unetechnique
similaire a été ulté- rieurementexploitée
par RucKEBUSCH et al.( 19 68).
Cettetechnique d’implantation chronique
d’électrodes dans la musculeuse intestinale est
particulièrement
intéressante chez l’animal.3
.
Évaluation
de l’activitépropulsive.
Les divers
problèmes méthodologiques d’interprétation
oud’analyse
desenregistrements
de l’activité
digestive
ontdéjà
été discutés(B ESANÇON , i96! ; Co N NELL, 19 68).
Trèsschématique- quement,
leproblème
de l’évaluation du transit àpartir
de la motricitédigestive
nécessite de fournir pourchaque
intervalle detemps
consécutif un chiffreglobal exprimant
lescomposantes
de l’activité motrice et reflétant par là le niveau d’activité du secteur
digestif
concerné. Uneméthodologie
relativementsimple
a étédéveloppée
pour lesmécanogrammes
par DELLER et WANGEL
( 19 6 5 ).
Ces auteurs ontproposé
un index demotricité, exploité
par eux sur les enre-gistrements
depression
obtenus par latechnique
dite des cathéters ouverts. Il est défini par laE
(A
xD)
&dquo; .formu1e l’
X
10 ou
A estl’amplitude
dechaque
onde depression
en mm de mercure,D,
la durée de l’onde en
secondes,
T la durée de l’intervalle detemps
surlequel portent
les mesures.Cet index