QUELQUES REFLEXIONS
SUR
LA MÉMORABLE ASSEMBLÉE
DE CARPENTRAS.
SUR
LA PÉTfTION DU PEUPLE AVIGNONOIS,
ET SUR L’ OPINION
DE STANISLAS CLERMONT-TONNERRE,
MEMBRE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE.
Par
Pierre-AntoineAntonelle
,Maire
d’Arles.TROISIÈME ÉDITION.
Le pins doux des sentimens a re^u des sacrifices de sang humain, Rousseau.
y
fc- .
-
I.r> . .ilÉ-,»,Ml.,- ,,, I- >A PARIS,
«hw LEJAY
fils Imprimeur - Libraire Saint - Honoré.rue de l’Echelle^
avant-propos.
Le
i8du mois
d’ôctdbre dernier, i’euscon-
noissanced une
lettre'arrivée lav;eille,adressée
pr
quelquesofficiersmunicipaux
de Cavaillon pimicjpalité d’Arles.Dans
cettelettre,
on
faisoitgrandbruit
de
jene
saisquelmouvement
dansles
campagnes
coiiltàdines,
que
les auteurs..duiecitcaractensoientdepillage
,dedévastation
d
abomination dirigée contre ,eux> etc. etc. , mais
..qui S etoit cependant réduit
à quelques courses
d
aventuriersdésœuvrés
, à de simples déplace-mens
dhommes.
et
;ap-
devancée de ;plusi;u«7ou;r^’ ^
Dans
1 espièglerie decesprétendus scélérats.
,qu
sonson nous
donnoitpour
des bnlleUrSde
mai’, et qui n avoient pas brûlé
une amorce
je^“‘‘«‘^hose,
que
l’effetnéces-, saire
de
ces petites tracasseries,-que le Cercle
dominateur
de Carpentras fait naître, et
dom
ensuite il voudroit
occuper
laFrance
‘mais
. la France n’y
p^nd
pas garde.^
Quant aux
récitsvénimeux,
qui se glissoient.
sourdement
, et
dont
leshommes
de bieînTmlt
quent
jamais d’entretenir la circulation?1v
voyoïs
, dans toute sa laideur
, cette atiiimJJé
nous vous Conjurons meu.e de donnera notre lettre toute
la publicité oui dépendra de vous
, ete.
i'uonwue qus
IV.
A V ANT
-P R OP O
s.honteuse dont on
esttourmenté,
et qu’onvou^
droitbien inspirer à tous les François
, contre la ville
d’Avignon;
c’est-à-dire, contreles inatta-quables conclusions de
son
manïf&su.Ce second apperçu
m’inspira le^desir bienna- turel de méditer les questions qui divisent au- jourd’huilecomté
Venaissin, soitenlui-même,
soit dans les liens qui l’attachoient autrefois
à
cetteantique ville de la ci-devant
Provence,
à cette, nouvelle ville de la Nouvelle France.Pour
m’éclairer dans cette discussion soli- taire, jedemandois un
guide àchacun
des deitx partis. Je prisd’unemain
le manifestede lavilled’Avignon;
je pris, de l’autre , lé journalque
l’assemblée de Carpentras fait rédiger, sous le
Mre ^
Anjiates politiquesdu
Comte Venaissin. Jerelus fort attentivement, dans ces dernières, tout ce qui
me
parut jeterun nouveau
jour surle point essentiel
de
la contestation. Je lus avec,une
attention égale le manifeste ^ et le supplément au manifeste.Je.m’étudiai à
combattre
enmoi
toutesmes
préventions: il
me
semblamême que
jeles avois vaincues. Je plaçai en esprit la villed’Avignon
à
un
pôledu monde
; je misleComtat
surl’autrepôle
; les voilà disparus Ttin et l’autre. Jecom-
. parai
soigneusement
le manifeste et les annales, etide ces écrits, ainsi rapprochés etcombinés,
je vis sortir les résultats
que
jesoumets
au ju--gem«ntdu
public.V ^•
QUELQUES REFLEXIONS
\
SUR
LA MÉMORABLE AS^SEMBLÉ
DEC ARPENTRAS,
Sur lapétition
du
peuple Avignonols , et sur topi'-nion
deSTANISLAS ClERMONT-TqNNERRE
,membre de rassembléenationale^
J^ES
législateurs de Carpentrasbronchent à
l’entrée de lacarrière et
tombent au
premierpas.Vacillans dans leursprincipes, ils disent le ont
et le
non
surles premiersaxiomes du
droitpu-
blic.
Le pape
estsouverain dans lecomtat
, et lepape
ne l’est pas; il est le chef de la nation, etun
autre en est le chef; il n’y a point de ÎQix,
s’il
ne
sanctionne pas, et lesloix doivent avoir tout leur effet malgréle refusde sa sanction,etc.Le
peupledu comtat
est libre, et le peupledu Comtat
est souverain,et le peupledu Comtat
est esclave et sujetdu pape
; le peupledu Comtat
est saisi
comme
tout autredu
droit inaliénable de SC constituer à son gré, de passer sous tel
A
Jet tel
gouvernemçnt
, et le peupledu
Cotntat estin^parahlement
enchaînéau
St;-Siégej etne
peut être goijj^ernéque
par lui, etc.Il
estime
seule proposition , sur laquelle ces mandatairesne donnent
Fesppir d’aucunaccom- modement
* ilsy
reviennent sans cesse , ils latournent de cent façons^ ils paroissent craindre
qu’on ne
l’entèndepas bienou qu’on
ne FoiiEKe ; tant de façons serésument
toutes dans la décla-^ration suivante ;
Nous ne pouvons
pas être,nous ne voulons
pas,être , çt
nous ne
seronsjamaisâxoj^ns
François,Ce mot
est fier ! et sur^toiit ce tnot estrigou-reux
! à la vérité, l’onnous
dore çettç pilliile_ayeo
le plusgrand
soin^opia çouvrede
tous les,^épanchemens
decœur
9 etdé
toutes les paroles d’adulationdont on peut
s’avisentMais .comme
lesfaitsont plus deisincérité,
que
lesmots,,ü V
:a
pasmoyen
de s’abandonnerà
ces flatteoes de; langage^,dont
la çonstance et la dureté;des refus plfrçnt. Je démenti’ formel.Nous devons avouer
quep çes ^antir|q‘ançois$ejustifient cet égardj dans leurs.
jQimiaux,
av,çcgrâces,
avec
sensibilité-Seulement
ilsnous
parlent trpp^
peu>êtrq
,dç
leur reconnoissance mortellepour
les continviels bienfaits>du
St*,,,Siège ,
etpour
lqgoiiverîiçment-^age et paternej des Italiens^Comme
cela çst dit sérieusement( 7 )
je
me
garderai biende
le trouver boiiffqnvoyons du moins
si cela n’est pas étonnant.Ilest
avoué
par l’annaliste,que
leComté Ve-
naissin n’avoitpas de constitution, et
que
le dé- plorablearrangement
de choses qui luientenoit^
lieu, s’opposoit à toute prospérité publique, et produisoit inévitablement les plus intolérables
et les plus continuels abus.
.11 est
avoué que
ce quippuvoit
se rencontrerde^ sage et de
bon
dans les institutionsou
lescoutumes
de cemalheureux pays,
devenoit inu- tile,ou
tourno.it à sa ruine et à l’oppressiondu
faible
, par l’incurable iniquité des sous-ordres, par la perfidie et la cupidité italiennes, parla, faiblesse et l’ignorance d’un
gouvernemenl^
.corrompu
et corrupteur. •Il est
avoué que,
sous tous lesrapport
de^culture, d’arts, de
commerce^
de manufectiirç,dépopulation
, et autres indicesdela force etde
.la fortune publique et particulière, ce canton ,
sifavorisé
du
ciel ,est aujourd’hui au-dessousdu
^
point oïl tous ses
moyens
naturelsl’appellent, et.
où
ils relèveront infailliblenient, sitqljqu’une constitution vigoureuse et sage les secondéra
au
lieu de les contrarier et de les affoibiir.^Il est
avoué que ce
petit corps politique gangrené;de vices etrongé
d’ulçères danst^ites , les parties de radmniistration, a reçutant de^A 4
(
M
pkiês,
et s*est ainsi défigiifé^pat' lerégime
ita- lien, et sous îamain
dés papes..Il est
avoué que
le seul titre respectabledu
St.-Siége àla souveraineté dii
Comté
Vénaissin,seroit', je
ne
sais quelle transactionévanouie, mais
passée, dit-on, entre Boniface VIII et les habitans réunis en états‘généraux ; or , ceque
ces états-généraux, lâches
ou
ignorans, auroienteu
la sottise de reconnoîtrealors, desétats-géné-raux mieux
avisés pourroient sans doute , etdoiventl’ànnuler aujourd’hui.Et celaseroitd au- tant plusjuste ,
que
,' de votreaveu même
, lespapes
onteu
l’insolence dé se substituer à la nation ,en
faisant toujoursd’eux-mêmes
ce quine pouvoît
êtré légitimement faitque
par ces états-généraux ,dont
ils ont obstinément refusela convocation.
Il est évidént qu’un
peuple
n’estdigne de rece- voir etcapable de bien entendreune bonne
cons- titütion,
que
dans lamesure
précise de ses sen- timens et de sesidées; etque
celuiqui ne dispose passon
espritàrecevoirla lumière, etson cœur à
sentir la vraiè liberté, secondamne
à rester esclave.Or
, il estbien sensibleque
la.cOur deHome
,dont
fout lepouvoir
est dans devieillesopinions,
et dans des opinionsencore
qui,pour
laplupart, ne sont qiiédes fables absurdes,déhonteusès
chimères, de très-dangereuses ex-V
( 9 )
travagances ;
U
est sensible, ai-je dit,que
cettecour a tout à craindre
du
progrès de l’espritjni<blic ,
comme
l’esprit a tout à craindre de l’in- fluence de son autorité, quine
peut subsister qu’enmettant des bornesaux
progrès de cet es-prit, et s’accroître qu’enl’immolant; ilfaut
donc
se décider entre l’inappréciable avantage d’une sage constitution ,
ou
leprétendu devoir détes- tersoumis au
souverain fictifque
reconnurentvos
pères ; il faut, enun mot,
choisir d’êtrehomme ou
enfant , libreou
serf, citoyenou
sujet d’une
cour
étrangère ; il faut choisir, dis-je, carvous voyez
bienque
ces titres sont incon-ciliables.
Des
réflexions simples et a la portée de tousles esprits ^ font bien sentir cette incompatibi-
lité ; et si le
raisonnement
icimanquoit
d’évi-dence
et de force , -les faits viendroient àson
appui.En
effet, il n’exista jamais de circons-tances plusimpérieuses,
que
celles qui semblent avoir déterminé, dans la capitaledu Comtat,
cette réunion de sujets animes
d un
zelelouable,et qui, depuis quelques
mois,
discutent , votentet
prononcent
sur l’ordre public.La
nécessite urgente deconvoquer
les états generaux etoit,
de
votre aveu, universellement sentie.Le vœu
de cette
convocation
fut , dites-vous
, très- .^anifestementprononcée;
la crj.se ,on
le sait>1^
I
I
( asÿez
,
nç pouvoit
être ni plusdécisive ni plus
menaçante;
ily
avoit là dequoi
entraîner le ministère le plus opiniâtrementimmobile^
etcependant
la courde Rome
a résisté; ses refusont été çonstans
, et je
ne
vois pas dansvos an^
naîes
que
ladétensede s’assembler ait été levée.J ignore quels artifices de paroles ont
pu
êtreemployespour
éearterune demande
sijusteavec
queîqu’apparence de raison'de pudeur;
maisje sais bien,
que
Je n’ai rien lu de plusdégoù-
txint
d imposture
et de fausse sensibilité,que
ce bref impertinent,
dont
Célestini étoitporteur , etdont
la municipalité d’Avigtion eut la sagesse et lecourage
d^arrêter ladangereusepublicité;;
je
ne
sais pourtant ,'sijene me
trontpe pas , en.me
servant ici de cette qualification de dange-^reuse; en.effet,à enjuger patlenerfftîaparfaite raison quiséfontsentirdansla délibérationprise-
P
ai lescorporationsA
vignônoises, au.seul'bruitde
1 arrîvéeprochaînedans kiirville etde
lamis“^sion de ce porteur de bref
, l’on doit peiit-être- pfînserqifiln’y avoit nul
danger
àlaisser afficher cette sottise,
ou
qu’il n’yen
avoitau moins que pour ceux
qui auroient entrepris de la faireva^
îoir. Quoiqu’il
en
soit, voici cequeyous
dites.meme
de? la lettreque
cetenvoyé du pape
,^
chargé par lui de s’opposer à la
convocation de
vQs
états-gçnéraux, présenta à la^€.Qmmissiot^;0
tr^O,
intermédbir-edelapartde votresQUvcmln.M
L’on
,» vitIçs abusse retourner dans,toupies sens, se ,
» couvrir
du nom
respectédu souverain ,déve-
» lopper toute leur énergie,
pour
lutter contre» l’opinion publique,
[^
Annales du Comte Ve-
naissin,P^ v,p,73].
Vous
avie5^dit [p,4<^]enpari- lant de deiu< autreslettres de.sa-saintété:«Son
.U but est
d’empêcher
qii’Avignon
et leCpmté
» Vénaissin
ne
prennentpour
niodèle leplande
» l’assemblée nationale
de
France.Le papç
ac-» cordera bien quelques adoucisseniens
dans
» certaines partiesi mais le
fond
vicieux de 1 an-*» cien
régime
subsistera , etparconséquent on
» a
peu
à espérerde la réformation qui pourroit»
résulterde
cette nouvelle tentative, etc. »Et
voilàdonc
legouvernement pour
lequelvous
af- ,fichez
une
admiration ridicule,une
.reconnois-sance qui
ne
peut pas êtredans vos
coeurs j et ,une
fidélitéqvû nest qu’une hypocrisie aussi in-téressée qu’offensante
pour
la natipn Françoise..Et
ne
sentezfvous pascombien
cette hipocri;^ /sie peut sembler odieuse à tous ces Français
de
votre région ,*qui^ placés sous le
même
cielque
^ ;vous
, sur lernême
sol, dans la
même
enceinte ^vous
entourantetvous prenant
de iPutesparts, s’indignerontenfindene
trouver.^nvous que
des^
frères ingratsqui s’obstinent
à
les tueçQnnoitre,.Et
Jcependant
J yoqs_ne_
pouvez ^
1
( IX ) «
• \
que
de notre grandeur,fortsque
de notre forcée fîorissansque
de notre prospérité , tranquilles efsiirs qu’à l’abri de la protectioncommune
;pourquoi donc
voulez-vous êtreau
milieude nous une
race étrangère, qui
ne
reconnoît ninos
représentans, ni notre délégué;quimet
sa lé- gislature dans son enclos ^ et son chefà l’extré-mité
de l’Europe? Sepourroit-ilque
trop fidèlesà
l’égoïsmemonacal
, dansun
sièclemême où nous
lié connoissons plus demoines, vous vous
fussiez tenu à
peu
près ce langage, x‘Tout François
que nous sommes
parnotrepo-
sition, ettrès-heureuxdel’être,
nous ne
consen- tironscependant
jamais à être appelés François^et
en renonçant au mot
qui, après tout , n’estqu’un son ,
nous
n’en aurons pasmoins
tous les*;
avantages
de
la chose , sans porter les charges , sans remplir les devoirs ;nous formerons,
sousîa
domination
apparente de lacour
deRome
, et*
danslecentre
commun
detroisdépartemens
fran- cois ,une
petite enclave bénite et privilégiée , habitéeparun
peuple amphibie, qui n’étantnide
cette nation
, ni d’aucune autre, ni tout à fait
François , ni véritablementétranger, s’entêtera seulement à faire
du
saint-pèreson
souverainnominal, son
monarqiîé honoraire et lui prodi-girant,
au
lieu d’or et de services réels , les fla- gorneries et lesprostememens,
intéressera toutC «3 )
au moins
la vanité de la courRomaine
, àlui garantir la durée de ce
régime
aussidoux
qu’indéfinissable.
Oui,
je n’en doute pas, tel est le plan desricos Hoyjibr&s de Carpentras, et c’est dans leur journal
même que
j’ai trouvé de quoim’en
con- vaincre. Il est bien évident ,au moins
,
que
lehonteux
désir de n’être pas François , et l’extrê-me
crainte de le paroître , semontrent comme
à
nud
dans lesdeux
déclarations préliminaires qu’ils appellenteux-mêmes
les deux hases pro^posées
, etc.
«
Immédiatement
aprèsque
rassemblée a été» constituée , elle a déclaré
que
la religion ca-» tholique , apostolique et
romaine
est et sera» la religion
dominante
dans leComtat,
et la»
seule dont le culte public est et serapermis,» Elle a fait ensuite la déclaration ci-après.
—
»
Nous
députés librement élus , formant Tas-» semblée représentative
du
Comté-Venaissiri,
» déclarons
que
levœu
constant etunanime
»
du
peuple de cette province est de rester sous» la
domination du
saint-siège, et qu’en
ma-
> nifestant ce
vœu
, cher à notrecœur
,nous
nous acquittons d’un devoir sacré.En con-
V séquence
nous
réitérons les protestationsdu
>>15 novembre
etdu
ilmars
derniers, en» avouons
les principes , et appelionsau
tri-( *4 )
h-\
fv^bunai des; nà'tîon^ iie'tout décVet atteiltatoîte
j> aiix" droits de hôt'ré aiiguste mohatqiie , les-
» quels reposent sur des
fohdemens
ihëbran- lâbles , là foi des traités, urié
longue
près-» driptiôn et le cônsénteraêlif
du
peupleVe-
» naissin.
La première dédàration
porte' atteinteau
plus inviolable des 'droits naturels, étquand
ori affiche
un
mépris ouvertpour
celui-là ,on
‘'né peut pas avoir dans le coeur iin fespect sin-
ceré
pour
les autres.Qu
est-cequ une
religion^dominante ? (i)
Ces deux mots
sontïnaîiiàbles !(i)Lexistêncé^deDieu^ la fraternitédiigèhrehumain ^
. îa morale des'coBiifs aimanS et des espntsdroits ; voilà le
'"lientéternel et
commun
detoutes lesreligionsdela aussitout ce qu’ellesont deréel. Bèsqu^ellesencela ,.ell$snesont plus séparéesquepardes Malheureusement ^ lesimposteurset les esprits
, a la naissance Ses législations,* durent exer- cetun grand asceridant, vinrentàbout de persuaderaux ohéfsdes diverse^ peuplades, quecettemorale immôrtelle quia«toutes ses racinés dans le coeur deffibomnie, avoit
' encore besoin^d’ufifauîi appuipour s’ysoutenir. Ils Tcn- tourcrent defables, ils la surchargèrentdes.puérilités les plus niaises; on ne pouvoit pas mieux s’yprendre pour
ladéshonorer et FafFoibTif. Mais
comme
de si misérables se nuilîMîeat'ent ’ôüx^^t rdife|)Oiehtr touï aifjour(•
5 )Qu’est-ceqii^ine religion exclusive de toutes les autres ? C’est
une
sit|3erstitioii odieuse, c’est 1»véritable impiété. C’est dans lesuns lapins abc*
minable
des tyrannies; c’est dans les autres la plus honteuse, laplus intolérabledes servitudes.Après cette infernale
maxime,
très-digne des esclaves, d’une cour tonsure,on
abonne
grâce à feindre l’amour et le respectpour
notre im- mortelle constitution.de forage, on chercha quelque force nouvelle qui pût
résister dans la tempête des passions ; et cette force , on
la tira de ce qu’il y a dp plus fou dans l’homme, jeveux
dire de l’imagination; on l’empoisonna d’illusion ; on
l’enivra desplus fanatiques espérances , etdes plus risi-
bles terreurs. C’est, à
mon
sens, la plusgrande et la plus incurable plaie que l’espritde l’homme ait pu recevoir ; car , unefois formée , on voit bien qu’elle vitenquelquesorte de sa propre substance , entretenue et perpétuée par les dispositions propres du cœur humain.
On
a tropvoulu s’aider de ses dispositions, qu’il falloit régler ec diriger. Qu’en est-il arrivé ? Une portion nombreuse du genre humainest
comme
livrée à la pire espèce de four- bes, qui ont fondé sur son aveuglement et sa misère,le triomphe de la plus insatiable avarice et du plus inso- lent orgueil.
Ne
souffrons pas du moins leprivilègeexclu-sif de telle ou telle imposture; laissons-les toutes en présence, et si l’on peut^ihsi dhe> en regard l’une de de l’autre, clics seront encore' assez' puissantes.
( i6 )
La
seconde déclaration réunit la perfidie et Tinsolence;on y
entend à la fois lesycophante
et le calomniateur. L^assemblée nationale n^a
point à redouter
U
tribunal des 'nations , ni sur- tout le tribunal de l’éternelle raison et de lavraie justice ; mais il est faux
que
votre assem-V -
blée soit en effet représentative
du
Comté-Venais-^sin ; il est taux,
que
le peuple de cetteprovince
aie manifesté, ni
pu
manifester,U vœu
constantet unanime de rester sous ia domination du saint-
siège
, il est faux
que
les prétendus droits de votre auguste monarque reposentsur..,, consentementdu
peuple Venaissin y eu.
Ce
peuple infortuné n’a‘ jamais été ni
entendu
ni consulté; là ,comme
ailleurs
, tout se faisoit sans lui et contre lui.
Rendez-lui ses droits , ses droits
vraiment
sa-, crés , ses droits plus réels sans doute , et mille
• fois plus respectables
que
les fourberies et lesusurpations si ridiculement, si criminellement,
si
lâcHement
qualifiées parvous
de droitdu
saint-siège ;
vous
avez raison cependant , telssont en effet les droits
du
saint-siège^ il n’en eut jamais d’autres; et voilà certes des droits bien imposans,meme
avec l’appui d’«/ze longue pres^crlptlon
\ comme
si l’iniquité devenoit justice par sa longue durée , qui la rendau
contraire plus odieuse( puisqu’alors elle a fait pliis de
mal
) et quiprouve
seulement la longucrf^- tiencâ( 17 )
tîcnce de l’ignorant et
du
foible ; souffrezque
cet ignorant s’éclaire ,
eue
ce foible deviennefort
, par runion et rentière liberté des suffra-
ges ; et
vous
pourrez alorsnous
parler de^soiivœu
, parce qu’il en auraun
;ou
plutôt , alors ,il sera superflu
que vous
en parliez^ il éclatera de liii-mcme 5 sa notoriété fera sa force. Jus- que-là, je croirai toujoursque vous vous
jouezdu
peuple en feignant dele respecter;que vous
faites triompherles volontés particulières sous
le
nom
de volonté générale, et les intérêts pri- vés sous celui d’intérêt public;que
loin d’allerau
vrai bien, et de chercher avecbonne
foi quelest le véritable
vœu
populaire,vous
l’écartez,vous
le déguisez,vous
l’éludez,vous
travaillez peut-être à l’étoufferOu même
à l'empêcher de naître, soit en refusantau
peuple des lumières, soit envous
efforçant de le séduire; et enfin,
que
dans le casmême
oii le peuple seroit assez éclairé,pour que
la véritable volonté publique vînt à prévaloir,vous
avez cruvous ménager
à l’avance
un moyen
d’opposition victorieux, dans lemensonge
et l’iniquité de cesdeux
dé- clarations fondamentales de votre système , et inconciliables avec la raison et la justice., Je le répète, les
membres
de la société déli-bérante à Carpentras , redoutent
, par-dessus tout, et mettent tout leur art à retarder le
( ,8 )
momenr OÙ
il faudra bienque
leComté
Venais-sm
xerapiisse i;adestmee
, c’est la nature qui en a fait
une
province de France. Ils ontà la,
vérité
dkrkc
quils adoptera laconstitution Fran-Ç'^isc
.J et tout les aecrets de l yîsse?nhlec Nationaley dans tout ce qui est compatihle avec leur localitéy et
avec le lespect
du
aui souverain. Iviais rien n^est sivague
qu’une telle restriction, et l’on pourroit en fibre telle application qui détriiiroit entière-ment
la constitution qu’on aiiroit feint d’adop-ter.
n
suffit,au
surplus, d’uniraux deux
décla- rations précédentes ,une
des premières détermi- nationsy vvisq par cetteassemblée à la presqu’u- nanimite des suflrages : détermination aiii pro-nonce,
contre les Juifs, rexcliision formelle de tous les droits de citoyen actif; il suffit >
dis-je, de connoitre ces trois arrêts delà haute
cour
de ’Carp entras,pour
voirque
ces préten- dus apôtres de notre constitution fontschisme avec
les véritables.' Qu’entendent-ils
, daiilleurs
^.par ces
mots
derespect
dû
ausouverain ?De deux
chose l’une,ou
î’on parle ici dans le
système
François, le seüî raisonnable, le seul vrai , le seulsigmnant;
et alorsest-cebiensincèrement aiiel’onaonréhende ' qu’une constitution faite par la nation, et
pour
la nation , ne blesse/^? respect
dû
au souverainy qii
€St cette nationiTicrnc :
ou
bien l’onfaitdiiprince'( ‘9 )
Xtsoiiy&rain; et, dans ce dernier cas,lerespecl qu’on voudroit
ménager
, n’est plusque
le sentirment
abject d’un esclave; sentiment qui, lui-meme
, est inçompatihh avecU
respectdu
au véri-table ; ainsi
donc
cette restriction sixéfléchie est
une
niaiserieou un
blasphème.Mais observons même
, et travaillons à bien .juger,jusquesoù
ce respect porte ses scrupules.Vous vous
êtes assemblés sans l’aveu de votre souverain^ contre levœu
de ce souverainysâïïs res^-pectpouvle refus et la défense de ce souverain.
Non-seulement
il n’a pasconvoqué
les états ,maisil n’a pas
voulu que
ces états fussentconvo-
qués,mais il ne lésa pas reconnusaprès leiircoi>vocation, véritablement nulle ,et ,sousce point de
vue
,vous
n’avez nipouvoir
ni existence.A
présent, dites-moicomment vous
existez, c’est-à-dire, quelle est la nature de votre èxis- tence,et de quel
pouvoir vous
la tenez?Ce
n’estpas de celui de votre souverain, puisqu’il
vous désavoue
etvous
réprouve ; ce n’est pas de celuidu
peuple, car làoù
le prince est souverain , lepeuple n’est rien; et ne dites pas
,
que
c’est uni-quement
souslerapportdu pouvoir
exécutifque
la souveraineté
vous
paroitun
droit sacré ,im-
prescriptible, inséparablement attaché à sa per-
sonne ou
à son siège, etc., car
on ne compose
pointainsiaveclavérité,ilfaut larejeter
ou
l’ad-B
2i
(iO')
'
‘ * 1k
mettre, dès qu’on la divise
on
l’anéantit,quiveut enméconnoître une
partie la perd toute entière.Le pape
exerçoit chezvous
lepouvoir
judi- ciaireet lepouvoir
législatifau même
titreque
lepouvoir
exécutif;sivous Croyez
nepouvoir
pas,en
droitnatureletrigoureux,ledépouiller de ce- lui-ci ,vous
nepouvez
pasplusvous
resaisir des autres ; ils sont tous également propres et inhé- rens à sa dignité, et c’est bien étourdimentque vous
avezcrupouvoir
en cecivous
autoriser deFexemple
de l’assemblée nationale; car elle n’apas dit
que
lepouvoir
exécutif appartcnoit à lamaison
deBourbon
,
que
c’étoit sa propriété,
qu’elle
pouvoit
en disposer et ledéléguerentota- lité àun
représentant, etc.Elleaditque
la nationle luidonnoit, elle a décrétélanature, la limite
,
etl’ordrede succession de ce
pouvoir
,etnos roisne
seront, et ne se diront rois des François,que par
la loi constitiitionelle de l’Etat , ect.Mais dans
votresystème
c’est tout autre chose.Le
St.-Siège est-, sera, et doittoujours être souverain^
quant aupouvom
exécutif,uniquementparu
qu il^
était^ et parceque vos
pères et leursenfans luiavoient,
comme vous
dites,fait fidélitésDonc
il est, sera, et doit toujours êtrevéritable^ment
souvcram^.dNÇ.cVApropriété et l’exercice de tous les pouvoirs parce qifen effet c’est ainsi qu’ill’étoit, etque
c’està tous ces titres, et
dan^
(
2l)
crt état de souveraineté absolue d’une part , d’a-
bandon
et de soumission parfaite deFaiitre,
que
ce
honteux
serment a été fait par des valets, etreçu parleurmaître.Ainsi donc, d’après ces prin- cipes , et fussiez-vous
même
aussi légalementconvoqués que vous
Têtes illégalement , votre assemblée, qui auroit alors tous les pouvoirsqu’elle peut recevoir de
vos
principes, seroit
cependant circonscrite dans le cercle des
do-
léances et desvœux;
au-delà , toute entreprisse de sa part seroitune
forfaiture.Mais
jevais plus loin, et
vous
jugeant dans la plus favorable,comme
la plus belledeshypothè-
ses, mVfforçant de voir
un moment
à Carpentrasune
véritableassemblée nationale, j’oseroispen-ser alors qu’elle s’est conduite avec
beaucoup
d’inconséquence et bienpeu
de fierté.Supposons,
en effet,que
cette assemblée,
vraiment
nationale , sentant qu’elle étroit sou- veraine dansleComté V
enaissin,comme
lanotre Tétoit en France, eûtvoulu
s’élever à toute lahauteur
de
sa destinée;supposons que
sevoyant
investie de
Tunique
etvéritable pouvoir, elle sefïit
occupée
àbien connoître , à définir, séparer, limiter , régler et déléguer les autorités diverses qui enémanent
, il seroitétonnant de Tcntcndre prononcer,que pour
bien constituerune
société de cent et quelques millehommes
établis da^sB
31
-Y
t
^ T i’inténeur des terres,
on
ne saiiroitmi
eii:jt faireque
de luidonner
la constitution qui convient, àun
peuple imnaense sous tous les rapports de population,decommerce,
derichesses, de terri- toire, d’étenduede cotesmaritimes, etc. Etsi elle»répondoit
que
la petite société étant toute en-.tière dans le sein de la grande ,tenant à elle par toutes les relations sans exception
aucune, ne
peut avoir, niune
autre constitution nid’autres loix ;on
lui diroit ,soyez donc
de cette nation , piiisqifen effetvous
en êtes, et puisque lanature avoulu eue vous
en fussiez.Mais
si ellepersis- toit dans cette étrange prétention, de se croire indépendantedu
grand tout,dont efe
faitune
partieinîéiieure, et desedire isolée,quoiqu’iinle par tous les liens réels,
on
jugeroitque
la consé-quence
naturelle de cette opinion devroit être dese constituer en république,ou
toutau moins
de prendre son roi chez elle.Tout
ce qu’ily
a de plus éclairéparmi
lespu-
blicistes philosophes ,
semble
d’accord dans ce principe, qu’un grandempire ne
peut se passer deroi,que
lepouvoir
exécutifsuprême
doitêtre délégué àun
seulbpmune,
etque
la loi doity
créer
un
très-grand citoyen,poiir qu’aucun par- ticuliernepuisse concevoir l’ambition de le de- venir. îl falîoitdonc un
roiaux
François , mais ihn’cn faut pasaune
société de cent et quelques miiiéhommes.
I T
V.
( -5 )
Ce
n’est pas tout, ccttevcrîlcune
lois 2=000^-nue pour
tout grand empire, il ctoit d'une politrque
a la fois sage et juste, et Fequite
non moins que
levoeu trcs-:nanifesîcdela nation cvdgeojcnt qu’on plaçât, qu’on aiTermit, sur le trône de France, cettemême
familleiTançoisc qui l’occu- poit depuis huit siècles; maisvous, messieurs lesComtadins,
sivous
vouliezabsolument un
roipourquoi
le chercher chezun
peuple et surun
trône etranger ?
Pourquoi
direàune
courperfide^usurpatrice, avide, intclcranîc et fanatique 5
vous nous
aveztoujours méprises,vous
n’avezsur nousaucun
droit légitime; maisnous voulons
continuer de baiservos
pieds et d’idolâtrervos
chimères; Cl sitôtque
quelques tonsurés , rési-donsâtroiscenslieuesde notrepetitpays,auront
,
fait choix
parmi eux
de ce qu’ils appellentun page
, ccîhomme,
quel qifil soit, sera, dedroit politique et divin, notre souverain et maître,
nous
l’avons ainsi arreté dans notre samesse ; etnous nous mocqiions
beaucoup
de cesAvignon-
nois, qui pensent différemment, et cpie
nous
traitons de scélérats insensés.
VoYCz-lcs
en elfet follO ^nt convaincus , i qu’unemineure
ne peut pas taireune
vente vala- ble; cru’unc telle vente, déjà nulleen .soi, est
i):cn cvidemaicnt anéantie au
moment
oii la do- natrice,