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Note de lecture : "Atlas des migrants en Europe. Géographie critique des politiques migratoires" (Migreurop)

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: halshs-00569128

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00569128

Submitted on 24 Feb 2011

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Note de lecture : ”Atlas des migrants en Europe.

Géographie critique des politiques migratoires”

(Migreurop)

Bénédicte Tratnjek

To cite this version:

Bénédicte Tratnjek. Note de lecture : ”Atlas des migrants en Europe. Géographie critique des poli-tiques migratoires” (Migreurop). 2011, http://cafe-geo.net/article.php3?id_article=2135. �halshs-00569128�

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Atlas des migrants en Europe.

Géographie critique des politiques

migratoires (MIGREUROP)

MIGREUROP, 2009, Atlas des migrants en

Europe. Géographie critique des politiques migratoires, Armand Colin, Paris, 144 p.

Voilà un atlas très complet qui aborde les processus et les politiques migratoires en Europe (voir le sommaire1). Si la question de l’asile et de celle de l’immigration sont au cœur des débats politiques, il n’en reste pas moins que nos connaissances sur la réalité du phénomène migratoire sont parfois « parsemées » de préjugés et de simplismes (par exemple, l’atlas rappelle à juste titre que ce ne sont pas les populations les plus vulnérables qui migrent, mais bien celles qui sont dotées d’un minimum de ressources - financières et/ou humaines). Le sous-titre de l’atlas interroge immédiatement le lecteur : celui-ci propose une « géographie critique des politiques migratoires ». Par « géographie critique », les auteurs entendent utiliser les outils de l’analyse spatiale pour dépasser les discours politiques - voire idéologiques - pour présenter les migrations dans leurs réalités. Par « critique », c’est aussi un discours engagé que les chercheurs de Migreurop2 prônent en dénonçant la réduction du droit d’asile au profit de politiques de fermetures des frontières supposées protégées les pays de l’Union européenne contre une « invasion » venant des Suds. Les documents proposés sont de grande qualité, et illustrent parfaitement des textes sous forme de fiches-synthèses. La réflexion est articulée en quatre grands axes, qui structurent les contributions des 49 auteurs3 (chercheurs, membres du réseau Migreurop, photographes et cartographes).

La première partie propose aux lecteurs de découvrir les réalités de la mondialisation des migrations, entre ouvertures et fermetures des frontières. Qu’est-ce qu’un migrant ? Quelles réalités se cachent les termes de migrants, de migrants clandestins, d’exilés, de déplacés, de déboutés ? Quels sont les principaux facteurs de migrations ? Quels sont les droits de ceux qui migrent et quelles institutions les protègent ? A travers ces différentes questions, les fiches-synthèses de cette partie permettent de « planter le décor » du phénomène migratoire à l’échelle mondiale. Si l’ensemble de l’atlas est centré sur la question de la migration en

1http://www.migreurop.org/IMG/pdf/sommaire.pdf 2

http://www.migreurop.org/

3 Les auteurs de l’atlas par ordre alphabétique : Michel Agier, Jean-Pierre Alaux, Mehdi Alioua, Chloé Altwegg

Boussac, Sophie Baylac, Guillaume Bernard, Emmanuel Blanchard, Alessandra Capodanno, Violaine Carrère, Stefania Cecchini, Pascaline Chappart, Claudia Charles, Olivier Clochard, Elisabeth Cosimi, Damien de Blic, Mathilde Darley, Kamel Doraï, Marie Duflo, Brigitte Espuche, François Gemenne, Eve Geddie, Amélia Gracié, Emmanuelle Hellio, Thomas Honoré, Claire Inder, Caroline Intrand, Nicolas Lambert, Alexandre Le Clève, Michel Lozano, Caroline Maillary, Bénédicte Michalon, Françoise Millot, Alain Morice, Olivia Navarro Gonzalez, Eva Ottavy, Antoine Pécoud, Pierre-Arnaud Perrouty, Anaik Pian, Hicham Rachidi, Sara Prestianni, Pierre Rassev, Roselyne Rochereau, Claire Rodier, Gérard Sadik, Claire Sobieniak, Lola Schulmann, Daniel Senovilla Hernandez, Cédric Vallet, et Anne-Sophie Wender.

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Europe, cette première partie permet d’introduire les développements suivants, en rappelant les grands processus migratoires, leurs causes et leurs conséquences. Les 5 premières fiches présentent ainsi le contexte migratoire, mais aussi politique et intellectuel, qui « conditionne » les politiques et les initiatives prises au cœur des pays de l’Union européenne, pour lutter contre ces déplacements, pourtant un droit de l’Homme.

A cette partie introductive à l’échelle du monde, répond une seconde partie sur les contrôles et les entraves à la mobilité qui sont instaurés aux frontières de l’Union européenne. Cette partie s’interroge sur le protectionnisme comme « meilleure » politique pour gérer des déplacements jugés comme « indésirables » à l’intérieur de l’Union européenne, mais aussi sur les facteurs qui ont provoqué l’émergence d’un tel jugement sur les demandeurs d’asile et sur les migrants « clandestins ». A travers des cartes qui montrent la réalité du phénomène migratoire et d’études de cas précises (la politique européenne des visas, la politique européenne de voisinage et le cas de la Moldavie, Dublin II et le droit d’asile, l’agence Frontex et le contrôle des migrations...), ce sont autant les acteurs de la migration et de son contrôle que les outils développés au sein de l’Union européenne pour entraver la migration et externaliser les politiques migratoires (c’est-à-dire de gérer le problème dans le pays de départ des migrants plutôt qu’aux frontières de l’UE) qui sont interrogés dans 10 fiches-synthèses d’une très grande actualité !

La troisième partie aborde « L’enfermement au cœur des politiques européennes d’asile et

d’immigration ». Les 9 fiches-synthèses qui la composent interrogent les camps qui

accueillent les demandeurs d’asile et les immigrants clandestins, ces « indésirables » de l’Union européenne. Où se situent ces camps ? Quel est leur fonctionnement ? Que signifie vivre à l’intérieur de tels lieux d’enfermement ? Quel est le coût du maintien de ces camps ? Quel est celui du processus d’expulsion ? Cette partie répond à des questions de fond, avec engagement de la part des experts du réseau Migreurop, pour qui « l’encampement » et l’expulsion restent des solutions bien plus coûteuses que l’intégration des migrants. On apprécie tout particulièrement le choix de développer des fiches-synthèses présentant des études de cas très concrètes (les camps-frontières du Sud de l’Europe, les « centres fermés » en Belgique, les modalités et fonctionnements des camps, etc.), qui permettent aux lecteurs de réellement comprendre ces dispositifs spatiaux si particuliers. En témoignent les plans du camp de Sangatte et d’un centre de rétention des étrangers beyrouthin, ou encore la carte des « investissements financiers considérables aux frontières biélorusses, moldaves et ukrainiennes » qui montre le coût économique et social de l’externalisation des dispositifs de contrôle de l’immigration.

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La quatrième et dernière partie, intitulée « Les politiques européennes ou la remise en cause des droits fondamentaux », poursuit cet effort d’illustration et de démonstration par des études de cas très précises. Les 12 fiches-synthèses sont consacrées à des sujets très variés, qu’il s’agisse des lieux de la détention des immigrants illégaux (les camps informels de la région de Calais), des lieux du contrôle et du refoulement de ces déplacements (les zones-tampons du Maroc, les routes de la migration où « s’entassent » les morts, etc.), ou des lieux de la décision juridique quant au sort des demandeurs d’asile... La partie met également en exergue les trajectoires de différents immigrants : qu’ils arrivent d’Afghanistan, du Moyen-Orient, ou d’Afrique (par exemple, avec l’itinéraire de Michel, jeune Ivoirien, qui erre pendant cinq ans aux portes de l’Europe sans pouvoir y entrer), quelles sont les « routes » de la migration clandestine ? Enfin, la partie interroge les décisions politiques quant au regroupement familial, à la protection des mineurs migrants, à la présence de sans-papiers...

Longtemps considérée comme un échec de l’entente de l’Union européenne, la politique migratoire semble être devenue l’un des points d’accord des membres de l’UE, au détriment des demandeurs d’asile et des migrants clandestins. Pourtant, les dessous des enjeux politiques, économiques et sociaux qui se jouent dans de telles décisions restent souvent « flous » aux yeux du citoyen. Cet atlas propose bien plus qu’un état des lieux : il confronte le lecteur à ses propres représentations du processus migratoire, et lui offre des outils pour comprendre les conséquences humaines et financières du refoulement des migrants aux frontières de l’Europe.

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A découvrir sur le site des Cafés géo pour un premier aperçu de ce travail : le compte-rendu du café géo avec Olivier Clochard et Alain Morice, deux des auteurs de cet atlas, invités à l’occasion de la parution de l’ouvrage à discuter de la question : « L’Europe et la misère du monde : mobilités, politiques migratoires en débats »4 (avec de nombreuses cartes et liens pour approfondir le sujet).

Bénédicte Tratnjek.

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