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Les interventions infirmières auprès d’adolescentes souffrant d’anorexie mentale en milieu hospitalier : revue de la littérature

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Travail de Bachelor pour l’obtention du diplôme

Bachelor of Science HES-SO en soins infirmiers

HES-SO Valais-Wallis / Haute Ecole de Santé

Travail de Bachelor

Les interventions infirmières auprès d’adolescentes souffrant

d’anorexie mentale en milieu hospitalier

Revue de la littérature

Réalisé par : Lugon Justine

Promotion : Bachelor 16

Sous la direction de : Salamat Aziz

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Résumé

Contexte : L’anorexie mentale est une pathologie qui concerne particulièrement les adolescents de sexe féminin. Le traitement et la prise en charge infirmière de ce trouble du comportement alimentaire peuvent être complexes.

Objectif : L’objectif de cette revue de la littérature est d’explorer les interventions infirmières qui existent ou qui pourraient perfectionner la prise en charge infirmière de l’anorexie mentale auprès des adolescentes en milieu hospitalier.

Méthode : La sélection des études s’est faite sur les trois bases de données suivantes : CINHAL, Pubmed et Embase. Six études, dont quatre qualitatives et deux mixtes, ont été retenues. Les critères d’inclusion étaient les études parlant d’anorexie mentale, avec une population d’adolescentes et dans un contexte d’hospitalisation.

Résultats : Les patients et les parents trouvaient que les interventions infirmières se centraient trop sur la prise de poids et que les aspects psychologiques étaient délaissés. Il a été démontré que l’alliance thérapeutique jouait un rôle important dans la prise en charge de l’AM. Les professionnels de la santé présentaient des lacunes dans les connaissances concernant les TCA.

Conclusion : Cette revue de la littérature donne des pistes d’amélioration pour les interventions infirmières, pour la formation et pour la recherche.

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Remerciements

Je remercie, le directeur de ma revue de la littérature, Mr Aziz Salamat, pour ses recommandations et son investissement.

Je présente toute ma gratitude au service de pédopsychiatrie de Sierre dans lequel j’ai réalisé l’une de mes formations pratiques. Ce stage m’a permis de cibler la question de recherche et m’a donné une vue d’ensemble des interventions infirmières existantes. Je tiens à remercier également, Benjamin Rukakaza, infirmier clinicien dans l’unité de pédopsychiatrie à Sierre, d’avoir répondu à mes questions sur la prise en charge d’adolescents atteints de troubles de comportement alimentaire.

Mes remerciements vont également à ma famille et mes amis pour leur soutien tout au long de l’accomplissement de mon travail de Bachelor.

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Déclaration

« Cette revue de la littérature a été réalisée dans le cadre de la formation Bachelor of Science HES-SO en Soins infirmiers à la Haute Ecole de Santé Valais Wallis (HEdS). L’utilisation des résultats ainsi que les propositions pour la pratique et la recherche n’engagent que la responsabilité de son auteur-e et nullement les membres du jury ou la HES

De plus l’auteur-e certifie avoir réalisé seul-e cette revue de la littérature.

L’auteur-e déclare également ne pas avoir plagié ou utilisé d’autres sources que celles indiquées dans la bibliographie et référencées selon les normes APA 6.0 ».

Lieu et date : Sion, le 10 juillet 2019 __________________ Signature

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Table des matières 1 Introduction ... 1 1.1 Problématique ... 1 1.2 Question de recherche ... 3 1.3 But de la recherche ... 3 2 Cadre théorique ... 4

2.1 Les TCA et l’anorexie mentale : ... 4

2.1.1Les sortes d’anorexie mentale ... 5

2.1.2Dépistage de l’anorexie mentale ... 6

2.1.3 Complications physiques et psychologiques de l’anorexie mentale ... 7

2.2 Adolescence et apparition de l’anorexie mentale ... 9

2.2.1 L’approche de Piaget de l’adolescence :... 9

2.2.2Prévention : ... 9

2.3 Une approche pluridisciplinaire et les interventions infirmières ... 10

2.3.1Prise en charge médicale et traitements médicamenteux ... 11

2.3.2 Prise en charge ambulatoire ou hospitalisation ... 13

3 Méthode ... 14

3.1 Devis de recherche ... 14

3.2 Collecte des données ... 14

3.3 Sélection des données ... 16

3.4 Analyse des données... 18

4 Résultats ... 19

4.1 Description de l’Etude 1 ... 19

4.1.1Validité méthodologique ... 20

4.1.2 Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle » ... 20

4.2 Description de l’étude 2 ... 21

4.2.1 Validité méthodologique ... 21

4.2.2Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle » ... 22

4.3 Description de l’étude 3 ... 23

4.3.1 Validité méthodologique ... 23

4.3.2 Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle » ... 24

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4.4.1Validité méthodologique ... 25

4.4.2Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle » ... 25

4.5 Description de l’étude 5 ... 26

4.5.1 Validité méthodologique ... 26

4.5.2 Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle » ... 27

4.6 Description de l’étude 6 ... 27

4.6.1Validité méthodologique ... 28

4.6.2Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle » ... 28

4.7 Synthèse des principaux résultats ... 29

5 Discussion ... 30

5.1 Discussion des résultats ... 30

5.2 Discussion de la qualité et de la crédibilité des évidences ... 32

5.3 Limites et critiques de la revue de la littérature ... 32

6 Conclusions ... 33

6.1 Propositions pour la pratique ... 33

6.2 Propositions pour la formation ... 34

6.3 Propositions pour la recherche ... 35

7 Références bibliographiques ... 36 8 Annexe ... I 8.1 Annexe I : Tableaux de recension des études ... I 8.2 Annexe II : Glossaire méthodologique ... VII 8.3 Annexe III : Glossaire général ... XI 8.4 Annexe IV : Figure ... XII

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Liste des abréviations AM : Anorexie mentale

CAS : Certificate of Advanced Studies

CHUV : Centre hospitalier universitaire vaudois CIM : Classification internationale des maladies DAS : Diploma of Advanced Studies

DSM : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux FBT : Family Based Treatment

HAS : Haute autorité de santé HDJ : Hôpital de jour

HES : Haute école spécialisée

HUG : Hôpitaux universitaires de Genève IMC : Indice de masse corporelle

TCA : Troubles du comportement alimentaire TOC : Trouble obsessionnel compulsif

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1 Introduction

Le comportement alimentaire est un ensemble de décisions et d’actions en lien avec une consommation d’aliments. Il peut être influencé par des facteurs physiologiques, psychoaffectifs, émotionnels, culturels et sociaux. Son principal objectif est d’assurer les apports en fonction des besoins de l’organisme en énergie et en nutriments. Ce besoin est vital pour le corps. Dans l’enfance, il y a déjà des facteurs prédisposants à un trouble du comportement alimentaire (TCA). Il peut y avoir des facteurs familiaux (génétique, comorbidités de TCA ou dépression, relations familiales rigides ou conflictuelles, éducation, régimes), des facteurs environnementaux (minceur idéalisée, événements de vie stressants précoces, grossesses multiples, la classe sociale et le niveau d’éducation)et des facteurs individuels (difficultés interpersonnelles, déficit cognitif et émotionnel, intolérance aux émotions négatives, perfectionnisme, focalisation sur des détails, rigidité, traits autistiques, évitement des émotions, estime de soi, personnalité, tempérament, attachement et la génétique ainsi que le stress, les carences). A l’adolescence, apparaissent des facteurs précipitants liés à la puberté (modifications hormonales, maturations cérébrale et psychologique, modifications physiques et modifications des interactions sociales), à des événements de vie stressants (séparations, agression, violence, moqueries, critiques),à la survenue d’un trouble psychiatrique (dépression, anxiété, troubles obsessionnels compulsifs) et à une activité centrée sur l’apparence (par exemple : danse, sport). Cela peut conduire à une restriction alimentaire volontaire ou involontaire, à une hyperactivité ou à des crises de boulimie. (Peretti & Bargiacchi, 2017, p. 55 à 61)

1.1 Problématique

L’image du corps joue un important rôle dans la vie des jeunes filles. Elle se définit comme étant la manière dont une personne se perçoit, s’imagine, se sent et agit avec son corps. Cette perception de l’aspect physique peut être altérée. Soit la personne se surestime en se voyant avec des dimensions plus grandes que la réalité ou soit la personne se sous-estime en se percevantavec des dimensions plus petites que réellement. La publicité, les médias, la mode, la société ainsi que les moyens de communication placardent l’image d’une silhouette plus mince que la normale, ce qui procure aux femmes une insatisfaction face à leur corps et engendreune pression sociale. Un idéal physique s’installe donc dans la tête des jeunes filles. La famille aussi défend l’importance d’une silhouette mince et les critiques/moqueries à l’école amplifient l’image négative de soi. (Chabrol, 2007, p. 113 à 127)

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Une étude de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a été faite en 2010 avec une population d’hommes et de femmes âgée de quinze à 60 ans. Les résultats mettent en évidence que 3.5% de la population suisse souffre ou a souffert, une fois d’une ou de plusieurs formes de troubles du comportements alimentaires dans leur vie. L’étude démontre aussi que les femmes sont beaucoup plus concernées que les hommes. Cette recherche démontre que : l’anorexie mentale (AM) touche, 1.2% ; la boulimie nerveuse affecte 2,4% des femmes. De plus on y apprend que 2,4% souffrent d’hyperphagie un jour dans leur vie. (OFSP, 2010)

Chez les adolescents, l’AM est la troisième maladie chronique la plus répandue. (Cook-Darzens, 2014, p. 24). 0,5 à 1 % des adolescentes et des jeunes filles sont atteintes d’anorexie mentale en France, en Suisse, au Canada et en Belgique. (Huard & Vanderlinden, 2006, p. 9) Le risque relatif (RR) de souffrir d’anorexie mentale s’établit dans un rapport d’un homme pour plus de dix femmes. Le sexe féminin est donc plus concerné par les troubles du comportement alimentaire que le sexe masculin. L’âge de début de l’AM le plus fréquent, se situe entre quatorze et 19 ans car la puberté est une période à risque. La fréquence d’AM nécessitant une hospitalisation en Suisse a augmenté dans les années 1960-1970 et s’est équilibrée atour de 1.2 pour 100'000 habitants. (Peretti & Bargiacchi, 2017, p. 28, 29, 30)

Selon la haute autorité de santé (HAS), l’âge moyen du début de l’anorexie mentale se trouve à 17 ans. 0 à 7% des personnes anorexiques auraient des antécédents de boulimie. L’adolescence, par ailleurs, est une période où le jeune présente des facteurs personnels de vulnérabilité psychologique ainsi qu’un mal-être. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 17, 18, 19) La durée de l’AM se situe entre six mois et 30 ans mais sa période moyenne est de sept ans et demi. 40 à 60 % des anorexiques guérissent et chez un tiers d’entre elles, la maladie se chronicise. (Huard & Vanderlinden, 2006, p. 14, 15)

Selon le magazine « Pulsations », l’anorexie est un trouble psychiatrique avec des conséquences importantes comme la mortalité qui survient dans 10 à 20% des cas. (Hôpitaux Universitaires Genève, 2019, p. 21) Le taux de mortalité le plus haut se trouve pendant l’année ou les deux ans qui suivent la sortie d’hospitalisation, suite à une anorexie mentale. Cette mortalité s’avère plus grande chez les sujets âgés de plus de 20 ans. Dans plus de la moitié des cas, elle est due à un arrêt cardiaque ou à un suicide. Le taux de suicide le plus élevé, lié à des troubles psychiatriques concerne l’anorexie mentale. Cependant, chez les adolescentes de treize à 19 ans, les causes principales de décès sont somatiques. (Peretti & Bargiacchi, 2017, p. 33)

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Les autres complications, liées à la dénutrition, peuvent être une atteinte cardio-vasculaire (bradycardie, arythmie), des perturbations hématologiques (anémie, leucopénie, thrombopénie), des troubles neurologiques, des troubles métaboliques (glucose, cholestérol), une insuffisance rénale et une alopécie. Il y a aussi un risque d’ostéoporose et d’usure des dents, lié aux vomissements. (« Anorexie mentale | Inserm - La science pour la santé », 2014)

1.2 Question de recherche

« Quelles peuvent être les interventions infirmières mises en place en milieu hospitalier auprès d’adolescentes souffrant d’anorexie mentale ? »

Population : les adolescentes (de douze à 18 ans) souffrant d’anorexie mentale. Exposure : l’anorexie mentale.

Outcome : les interventions infirmières pour une prise en charge hospitalière des plus appropriées.

1.3 But de la recherche

Le but de la recherche est de décortiquer les représentations sur l’anorexie mentale, de comparer les différentes interventions et prises en charge déjà en place ainsi que d’extraire les stratégies les plus efficaces afin d’aider au mieux l’adolescente malade.

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2 Cadre théorique

Le cadre théorique évoque trois concepts. Tout d’abord, il convient de donnerune brève définition des autres TCA fréquents et une définition de l’anorexie mentale qui est le principal sujet étudié. Ensuite, le deuxième concept aborde l’adolescence et plus particulièrement l’adolescente qui est la population étudiée dans cette revue de la littérature. Et pour finir, le troisième concept touche les interventions infirmières et les différentes prises en charge.

2.1 Les TCA et l’anorexie mentale :

Les principaux TCA sont l’anorexie mentale, la boulimie et les accès hyperphagiques. Selon le DSM-5, la boulimie serait l’absorption, en peu de temps, d’une très grande quantité de nourriture, associé à un sentiment de perte de contrôle sur le comportement alimentaire, appelée hyperphagie et accompagnée de comportements compensatoires répétitifs tels que les vomissements ou l’utilisation de purgatifs. L’estime de soi est affectée par l’obsession du poids et de la forme corporelle. Les accès hyperphagiques se manifestent parla survenue récurrente d’ingestion de grandes quantités d’aliments en peu de temps, avec une perte d’emprise sur le comportement alimentaire sans comportements compensatoires comme dans la boulimie ou dans l’anorexie avec accès hyperphagiques. (Crocq, Guelfi, Boyer, Pull, & Pull-Erpelding, 2016, p. 156,157)

Le TCA qui nous intéresse dans cette revue de la littérature est l’anorexie mentale. L’anorexie inclut une triade symptomatique (les trois A). Tout d’abord, l’anorexie avec une restriction alimentaire qui commence bien souvent par un régime, une diminution de la sensation de faim et accompagnée de comportements particuliers en rapport avec l’alimentation comme le calcul de calories ou le triage d’aliments. Ensuite, le deuxième élément de la triade est l’amaigrissement caractérisé par une perte de poids, une diminution des formes féminines (seins, fesses, hanches), un corps anguleux, un visage cadavérique avec des joues creuses, des yeux enfoncés et des cheveux ternes. Pour finir, l’aménorrhée qui peut être primaire chez la jeune fille pas encore réglée ou secondaire après trois mois de règles régulières. (Duverger et al., 2008, p. 143,144)

Le DSM-5 présente trois critères dans l’anorexie mentale. Le premier est une restriction des apports nutritionnels qui amène à une perte de poids et à un indice de masse corporelle (IMC) inférieur aux normes minimales pour l’âge, le sexe et le stade de développement. Le deuxième est une grande crainte de prendre du poids et de devenir « gros ». Une

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déformation significative de la forme du corps, du poids et de l’image de soi sert de troisième critère. (Crocq et al., 2016, p. 154,155)

Le CIM-10 compte cinq critères pour parler d’anorexie mentale. Le premier est une perte de poids de 15% par apport à l’IMC normal en fonction de l’âge. Le deuxième est une restriction des aliments qui « font grossir », tels que les glucides ou les lipides. Le troisième est la perception de soi comme quelqu’un de trop gros ainsi qu’une peur de prendre du poids et un poids limite fixé. Le quatrième est une aménorrhée. Le cinquième est qu’il ne répond pas aux critères A « hyperphagie » et B « utilisation de purgatifs » de la boulimie. (Organisation Mondiale de la Santé, 1994, p. 104)

Il existe plusieurs étapes dans l’anorexie. Tout d’abord, il y a la phase d’état où le poids est inférieur à 85% du poids normal pour l’âge et la taille ainsi qu’une peur de prendre du poids. Ensuite, il peut y avoir une phase d’optimisme où s’ajoutent des exercices physiques intenses, une hyperactivité intellectuelle et une aménorrhée. Les adolescentes trouvent ces changements positifs et éprouvent un sentiment de contrôle. Mais, peu à peu, l’insatisfaction corporelle revient. Pour finir, une phase de détresse arrive. Les pensées concernant le poids deviennent envahissantes, l’amaigrissement s’aggrave encore plus et le déni persiste. La plupart des adolescentes anorexiques ne se trouvent pas maigres et disent être en pleine santé. Des idées concernant la mort et le suicide peuvent aussi apparaître durant cette phase. Une phase de rémission s’ajoute sous l’effet d’un thérapeute. (Chabrol, 2007, p. 179 à 185)

2.1.1 Les sortes d’anorexie mentale

Dans le DSM-5, il existe deux sortes d’anorexie mentale. La première est de type restrictif. La personne n’a pas eu de crise d’hyperphagie et n’a pas eu recours à des comportements compensatoires (vomissements, utilisation laxatifs, diurétiques, lavements, exercice physique excessif...) pendant les trois derniers mois. Le deuxième type est avec accès hyperphagiques et purgatifs. La personne a connu des crises d’hyperphagie récurrentes et a recouruà des vomissements provoqués ou à l’utilisation de purgatifs. (Crocq et al., 2016, p. 154,155)

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2.1.2 Dépistage de l’anorexie mentale

Selon l’HAS, un dépistage et un traitement précoce amélioreraient le pronostic de l’AM chez les adolescents. Cependant, un déni de la maladie et de sa gravité différencierait l’anorexie mentale des autres pertes de poids. Le déni se définit comme le refus de reconnaître sa maladie. C’est une barrière à la détection précoce, à l’évaluation et au traitement. Les populations à risque sont les jeunes filles, les personnes avec un IMC plus bas ou plus élevé que la norme, les adolescents avec des préoccupations pour le poids, des désordres gastro-intestinaux, des problèmes psychiatriques, les jeunes filles avec une aménorrhée, les danseuses, les mannequins, les sportifs avec un hautniveau de compétition et les sujets atteints de pathologies qui impliquent une restriction alimentaire. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 22, 23, 24, 33)

L’indice de masse corporelle (IMC) permet de définir le stade de la maladie. Le stade léger est un IMC égal ou légèrement supérieur à 17. Le stade moyen comprend un IMC de seize à 16.99. Le stade grave se situe entre quinze et 15.99 selon les indicateurs numériques de l’IMC. Et pour terminer, le stade extrême est un IMC inférieur à quinze. (Crocq et al., 2016, p. 154, 155) Une perte de poids de 15% au-dessous du poids recommandé pour l’âge et la taille, indique également que la femme est trop maigre.(Huard & Vanderlinden, 2006, p. 16) Une évaluation nutritionnelle peut être faite en questionnant la patiente sur ses apports énergétiques, sa répartition énergétique journalière, son bilan hydrique, son métabolisme de base ainsi que les habitudes alimentaires de la famille. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 62)

Il existe, selon l’HAS, une échelle d’évaluation d’insatisfaction corporelle ou Body Shape. Ce questionnaire permet d’évaluer une préoccupation excessive concernant l’apparence du corps dans le développement. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 23)

Les signes et symptômes de l’anorexie mentale évoqués ci-dessous, doivent alarmer et peuvent permettre son dépistage. Tout d’abord, s’il y a un amaigrissement ou une absence de prise de poids qui résulte d’une adéquation entre les apports et les besoins du corps. Ensuite, il faut observer si la patiente présente des stratégies de contrôle du poids et des attitudes anormales ou atypiques. On peut aussi observer une restriction qualitative (végan, végétarien) ou quantitative (diminution des quantités), une ritualisation des repas (heure fixe, manger lentement, couper les aliments en petites morceaux…), des rituels de « vérification » de l’absence de prise de poids (pesées, se regarder dans le miroir, se palper…) et une hyperactivité (pratique de sports et augmentation de l’activité physique

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corporelle ou dysmorphophobie et une crainte de la prise de poids. Il peut aussi y avoir d’autres symptômes comme des conduites de purge, descrises de boulimie, un sentiment de se distinguer des autres, un profil tempéramental, un surinvestissement scolaire, des comorbidités psychiatriques, des symptômes somatiques de dénutrition ou une aménorrhée. (Peretti & Bargiacchi, 2017, p. 70 à 75)

2.1.3 Complications physiques et psychologiques de l’anorexie mentale

Selon les auteurs de l’ouvrage« Les âges de la vie », le corps qui est sous-alimenté, va d’abord se nourrir de la masse musculaire. Le cerveau va sécréter un taux élevé de sérotonine puis le corps va libérer du cortisol, une hormone du stress qui empêche les os de durcir normalement. Le manque de protéines conduit à une peau et des cheveux secs et cassants. (Gosselin, Bee, & Boyd, 2011, p. 253)

Le terme anorexie mentale chronique est utilisé quand l’évolution du trouble est supérieure à cinq ans. L’anorexie mentale peut entraîner une dénutrition protéino-calorique. Ce phénomène provoque un ralentissement de la croissance chez les enfants et adolescents. (Peretti & Bargiacchi, 2017)

La dénutrition est plus présente dans l’AM restrictive que dans la boulimique. La dénutrition correspond à un IMC inférieur à 18,5 kg/m2. Il y a une fonte musculaire chez 90% des anorexiques. De plus, la perte de masse graisseuse associée produit une diminution de la chaleur corporelle et des extrémités gelées. Au niveau du système digestif, une diminution du tonus de l’estomac, une constipation et des douleurs abdominales peuvent apparaître. On peut voir des lésions dentaires liées à l’acide et à la bile dans les aliments rejetés par l’estomac. Les vomissements conduisent également à une hypokaliémie et diminuent la contraction musculaire ainsi que la contraction cardiaque. La dénutrition entraîne une atteinte visuelle et une diminution des opérations intellectuelles comme de la difficulté à se concentrer, à calculer, à raisonner et une perte de mémoire. Au niveau de la régulation de l’eau, la dénutrition peut amener à une rétention d’eau, à des œdèmes aux membres inférieurs et à une insuffisance rénale. Elle peut mener à une aménorrhée chez la jeune fille et à une ostéopénie ou ostéoporose lié à une diminution des œstrogènes. (Rigaud, 2003, p. 169 à 180)

Les complications physiques de la dénutrition peuvent entraîner la mort. Au niveau cardiaque, la recherche confirme un déséquilibre des électrolytes en particulier du potassium (hypokaliémie) lié aux vomissements et à la prise de laxatifs. Le potassium est essentiel au fonctionnement des muscles et du muscle cardiaque. Si son taux est abaissé,

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cela entraîne un dysfonctionnement de l’activité électrique cardiaque et donc des troubles du rythme. La déshydratation, due aux vomissements et à l’utilisation de laxatifs, déclenche une hypotension, une bradycardie et une diminution de la fréquence respiratoire. Des problèmes digestifs peuvent apparaître. L’estomac et l’intestin ralentissent leur travail et peuvent provoquer des douleurs gastriques. S’il y a une prise régulière de laxatifs, l’activité intestinale peut s’arrêter. Les vomissements risquent d’amener une œsophagite qui est une inflammation de l’œsophage ou s’ils surviennent plusieurs fois par jour à une perforation de celui-ci. Les reins ont moins de volume sanguin qui leur arrive. C’est pourquoi, il y a une diminution de la filtration rénale et une augmentation de déchets dans le sang. Cela peut amener à une insuffisance rénale. Avec une perte du poids de 15% en dessous de l’IMC, les hormones sexuelles sont perturbées, ainsi les menstruations s’arrêtent chez la femme qui devient stérile. Si cette aménorrhée dure plusieurs années, elle peut rendre cette stérilité définitive. La puberté est retardée et les caractéristiques féminines (seins) disparaissent lors de l’amaigrissement. Une perte importante de poids, qui dure plusieurs années chez la jeune fille de dix à quatorze ans, peut amener à un arrêt de croissance du squelette. L’amaigrissement provoque une fragilité des ongles et une alopécie ou perte de cheveux. Le lanugo qui est un duvet de poils, apparaît sur tout le corps. Les vomissements et l’acide gastrique endommagent la dentition. L’anorexie affecte également la régulation de la température corporelle par le cerveau, la personne anorexique a toujours froid. Des troubles du sommeil, de la concentration et de la réactivité surviennent souvent. (Huard & Vanderlinden, 2006, p. 30 à 34)

Les complications psychologiques laissent apparaître une distorsion du jugement concernant principalement l’image du corps et la surestimation des parties de celui-ci. Des conflits familiaux peuvent surgir, auxquels risquent de s’ajouter un désintérêt pour tout, une dépression voire un désir de suicide. La dénutrition empêche la personne d’exercer son travail et peut entraîner une désinsertion sociale et une dépendance financière. Des troubles obsessionnels compulsifs peuvent apparaître sur leur façon de manger. (Rigaud, 2003, p. 190 à 196) Une grande labilité émotionnelle, reliée à une maigreur extrême et à des modifications biologiques, peut entraîner souvent, une baisse de sentiments positifs, une dépression, une tristesse ainsi qu’un sentiment de solitude. Durant certaines périodes, l’anxiété croît de manière significative. Du côté social, les relations diminuent avec la famille et les amis, ce qui amène à l’isolement. (Huard & Vanderlinden, 2006, p. 22, 23, 24)

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2.2 Adolescence et apparition de l’anorexie mentale

« Les âges de la vie », nous apprend que l’adolescence est une période susceptible à développer des comportements à risque (vitesse excessive, consommation d’alcool ou de drogues). Par ces conduites, l’adolescent recherche l’acceptation ainsi que le respect de ses pairs et l’autonomie par rapport à ses parents. (Gosselin et al., 2011, p. 247)

À l’adolescence, surviennent des changements corporels et sociaux qui peuvent être à l’origine d’un trouble du comportement alimentaire. Cependant, il y a souvent un terrain génétique propice au développement de la maladie. Les signes et les causes pendant l’enfance trouvent leur origine dans les difficultés alimentaires (alimentation sélective, chipotage, manque d’appétit) ou l’environnement social (traumatisme, abus sexuels et physiques, moqueries, importance que la société accorde aux apparences). (Hôpitaux Universitaires Genève, 2019, p. 20)

2.2.1 L’approche de Piaget de l’adolescence :

Selon Piaget et les auteurs de « Les âges de la vie », l’adolescent de douze à seize ans se situerait dans la période des opérations formelles. Cette période comprend cinq caractéristiques. La première dite « du concret à l’abstrait » : l’adolescent peut émettre des propositions abstraites ou faire des hypothèses. La deuxième caractéristique est « du réel au possible » : le jeune peut réfléchir à toutes les possibilités d’une situation. La troisième, « la prévision des conséquences à long terme », le stade où l’adolescent peut en plus du reste, penser aux conséquences de ses choix ou de ses actions à long terme. La quatrième caractéristique nommée « la logique déductive » , une phase où l’adolescent peut arriver à une conclusion en se basant sur ses observations ou sur ses expériences. Pour terminer, la cinquième est « la résolution des problèmes » : il est capable de trouver une solution devant un problème. (Gosselin et al., 2011, p. 253, 254, 255)

2.2.2 Prévention :

La prévention primaire, qui est le premier degré de prévention, a pour but de restreindre l’incidence d’une maladie et donc diminuer l’apparition de nouveaux « cas ». La prévention secondaire, soitle deuxième degré de prévention, vise à empêcher le développement de la maladie en détectant précocement les personnes avec des caractéristiques de la maladie. Le but est donc de déceler les signes cliniques (ex : vomissements, stratégies de contrôle du poids) de la maladie et d’éviter qu’ils ne s’aggravent et deviennent véritablement un trouble du comportement alimentaire. La prévention tertiaire, le dernier degré de

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prévention, consiste à réduire la prévalence des invalidités chroniques ou des récidives donc à diminuer les conséquences de la maladie. Il y a quatre axes : les stratégies informatives, éducatives, intégratives et répressives.

La prévention de l’anorexie et de la boulimie en milieu scolaire peut permettre une prise en charge précoce et une meilleure guérison. Dans la prévention primaire, l’objectif principal est d’aider les adolescents à séparerles représentations corporelles des émotions et des croyances qui peuvent amener à des comportements à risque, à de la dépression, de l’anxiété et à un évitement social. Pour la prévention secondaire, il serait essentiel de former les enseignants à détecter un comportement inhabituel qui pourrait cacher un trouble du comportement alimentaire. Les points essentiels seraient une connaissance des signes d’un TCA, être attentif à certains comportements (perfectionniste, compulsif, hypersensibilité, dépressif et faible estime de soi) et aux évènements qui pourraient provoquer un stress dans la vie de l’enfant et de la famille. L’enseignant peut également donner des informations aux enfants concernant la nourriture, les images véhiculées par les médias et la diversité de l’image du corps. Il est primordial aussi de valoriser les qualités positives et intérieures des enfants. Cependant, il faut être prudent dans l’élaboration de programmes préventifs chez les adolescents car certaines informations pourraient aggraver les TCA déjà présentes. (Chabrol, 2007, p. 144 à 153)

2.3 Une approche pluridisciplinaire et les interventions infirmières

Selon l’HAS, l’anorexie mentale nécessite une prise en charge pluridisciplinaire. L’équipe, pour une prise en charge complète, serait composée principalement d’un psychiatre, d’un psychologue, d’un diététicien ou nutritionniste, d’un pédiatre, d’un infirmier et d’un assistant social. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 58)

A l’admission en unité hospitalière psychiatrique, un infirmier de référence est attribué à chaque adolescent. Cet infirmier fera signer un contrat thérapeutique écrit dans lequel le jeune s’engage à respecter certaines règles de l’établissement (repas, poids, directives sur le séjour et la vie en communauté). Il sera également présent et à l’écoute si besoin tout au long de l’hospitalisation. (Huard & Vanderlinden, 2006, p. 156 à 159) Les visites et les sorties sont déterminées par les infirmiers. Ils doivent mettre en place une prévention des conduites de purges et d’hyperactivité, des règles autour de la pesée et des repas. Tout au long de la semaine, des ateliers thérapeutiques, organisés par des éducateurs, contribuent à l’acquisition des savoirs, savoir-faire et savoir-être. (Peretti & Bargiacchi, 2017, p. 136, 137,138)

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Les soignants doivent faire preuve de soutien, chaleur humaine, respect, empathie, honnêteté, acceptation, curiosité, humilité et flexibilité. Pour une prise en charge infirmière adaptée, il est primordial de créer une alliance thérapeutique avec l’adolescente et avec sa famille. Une confiance réciproque, entre le soignant et la patiente ainsi qu’une alliance avec la famille, sont importantes car elles favorisent l’adhésion de la personne malade aux soins. Les soignants ont aussi pour devoir d’accompagner les familles. (Peretti & Bargiacchi, 2017, p. 136)

L’entretien motivationnel peut être également utilisé chez l’adolescent présentant un déni de la maladie. Il a pour but de mettre en évidence les contradictions, d’augmenter la confiance du patient et le faire progresser vers des stades de changement plus avancés. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 46 à 50) Les stades de changement (Figure en annexe), selon Prochaska et DiClemente, comprennent six phases. La pré-contemplation où la personne n’envisage pas de changer de comportement. La contemplation quand elle pose le pour et le contre en faisant une balance décisionnelle. La détermination lorsque la personne a pris sa décision et est prête à passer à l’action. La démarche thérapeutique, au cours de cette phase de changement, vise à apporter du soutien et de l’encouragement au patient. La maintenance est le stade de la consolidation où les tentations deviennent nombreuses et nécessitent de la prudence. Toutefois, la rechute qui n’est pas pathologique peut être nécessaire à la sortie permanente ou à la réussite du processus. (Wikipédia, 2011)

Des approches corporelles, comme des thérapies psychosensorielles (relaxation, massage relaxant, utilisation du milieu aquatique), des thérapies expressives (danse ou théâtre) ou des thérapies perceptivo-motrices (Chi Gong, tai-chi...), peuvent être proposées afin d’aider l’adolescente à accepter la confrontation au corps. Elles peuvent se faire en groupe ou en individuel. Pour se centrer sur l’image corporelle, certaines approches utilisent le miroir, la vidéo, le dessin, les photos. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 73)

2.3.1 Prise en charge médicale et traitements médicamenteux

La démarche nutritionnelle est mise en place par un médecin ou un diététicien. Elle permet de diminuer le risque de mortalité. L’objectif est de fixer un poids à atteindre avec la personne anorexique. Une sonde naso-gastrique peut être mise en place si les apports pendant les repas ne sont pas suffisants. Elle empêche les vomissements et aide le malade à prendre du poids. (Rigaud, 2003, p. 219, 220, 221, 222, 226) L’objectif de la renutrition est que l’adolescente atteinte d’AM ait l’énergie et les aliments nécessaires à sa croissance et son développement. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 68)

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La remédiation cognitive s’intéresse au type de traitement et de manipulation des informations plutôt qu’au contenu de la pensée. (Mouren, Doyen, Le Heuzey, & Cook-Darzens, 2011, p. 144) Elle vise à réaliser des exercices mentaux qui aident ou améliorent les stratégies cognitives du patient, en l’encourageant à changer sa pensée et en lui apportant de nouvelles stratégies mieux adaptées. La méditation en pleine conscience, appelée aussi « mindfulness », permet l’apprentissage et la pratique de techniques de méditation tout en se concentrant sur l’instant présent ainsi qu’en acceptant ses pensées et ses émotions. (Peretti & Bargiacchi, 2017, p. 199 à 205)

La thérapie individuelle peut être proposée aussi et certains outils de thérapie cognitivo-comportementale (TCC) sont utilisés comme des stratégies d’affirmation de soi ou de gestion des émotions. (Peretti & Bargiacchi, 2017) Les TCC ont pour cible la restructuration cognitive en se focalisant surles croyances automatiques reliées aux aliments, à l’image corporelle et les comportements qui en découlent. Une des manières utilisées peut être le vidéo-feedback, qui est une approche axée sur le déroulement d’un repas filmé et qui permettra une analyse, après coup, impliquant le thérapeute et la personne malade. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 72) Les TCC permettent d’améliorer l’estime de soi, l’anxiété, l’image corporelle et les compétences sociales dans les TCA. (Mouren et al., 2011, p. 136,137)

Le psychiatre ou le psychologue peut utiliser la démarche psychanalytique. Elle permet à la personne malade de réfléchir sur les mécanismes et les raisons qui se cachent derrière ce trouble du comportement alimentaire. Ils peuvent venir de l’enfance, d’un manque de confiance en soi, en l’autre, d’une peur de la sexualité, de la féminité ou de réactions archaïques. Il faut également que la personne soit prête à changer le ou les comportements associés. Quand la ou les causes sont détectées, l’objectif est de trouver des ressources oubliées afin d’essayer de battre le TCA. La psychanalyse s’intéresse à l’inconscient qui est relié à l’enfance et qui apparaît parfois dans les rêves et les émotions. Cette thérapie se fait rarement pendant moins de deux ans. Cependant, cette technique peut permettre aux personnes de trouver les raisons de leur maladie sans pour autant réussir à guérir de celle-ci. (Rigaud, 2003, p. 226 à 231)

La thérapie familiale semble efficace pour l’anorexie mentale. Elle a pour but de restructurer le modèle familial, car celui-ci peut être source de dysfonctionnements et peut renforcer ou aggraver des symptômes chez l’anorexique. Elle permet également à la famille et à la fratrie de se déculpabiliser et de mieux comprendre la maladie. (Mouren et al., 2011, p. 129 à 135) L’approche Maudsley ou « Family Based Treatment » (FBT) est une thérapie familiale qui

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d’un TCA et non sa cause. Le thérapeute peut alors donner des conseils pour la réalimentation à la maison et renforcer l’alliance entre les parents et le jeune. Ce traitement dure généralement une année et se compose de trois phases. La première concerne la période où les parents s’occupent de l’alimentation, suivie de celle où l’adolescent reprend gentiment le contrôle de son alimentation. Et le troisième stade est celui où il mange de manière indépendante et atteint plus ou moins un poids idéal. (Netgen, 2014)

Une médication peut être mise en place. Les anxiolytiques peuvent être proposés avant un repas par exemple. Les benzodiazépines sont utilisées avec prudence chez les adolescents. Le médecin recourt aux antidépresseurs si la dépression ne vient pas de la dénutrition. Les antipsychotiques atypiques sont utiles pour diminuer les préoccupations liées à la maladie et l’anxiété pendant la renutrition. (Peretti & Bargiacchi, 2017, p. 142) 2.3.2 Prise en charge ambulatoire ou hospitalisation

Selon une étude sur les troubles du comportement alimentaire, la prise en charge en hôpital de jour (HDJ) psychiatrique, peut retarder une hospitalisation, faire la transition entre l’hôpital et le retour à domicile et ainsi réduire la durée du séjour. L’HDJ propose une approche psychothérapeutique en groupe avec des médiations, des aspects de psychoéducation, d’éducation nutritionnelle avec des repas thérapeutiques tout en prenant en compte les familles des jeunes. L’objectif de soins principal en HDJ est de retrouver un poids normal. Cependant, il y a des contre-indications comme le risque suicidaire, un risque médical somatique aigu ou certaines comorbidités psychiatriques. La durée de prise en charge peut aller de quatre semaines à neuf mois. (Netgen, 2015)

Dans un premier temps, selon l’HAS, les facteurs les plus importants pour déterminer le lieu de prise en charge sont la rapidité de l’amaigrissement, l’importance de la dénutrition, la présence de crise de boulimie, la fonction cardiaque et le statut métabolique. De plus, il faut prendre en compte certains critères comme le risque physique ou psychologique, la motivation, l’appui social, les comorbidités, l’âge, l’ancienneté du trouble, les préférences du patient et la disponibilité de l’endroit de la prise en charge. (Haute autorité de santé (HAS), 2010, p. 51,52)

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3 Méthode

3.1 Devis de recherche

Il existe plusieurs paradigmes : le paradigme positiviste ou post-positiviste dans la recherche quantitative, le paradigme interprétatif ou naturaliste dans la recherche qualitative et le paradigme pragmatique ou mixte qui reprend les deux. Le positiviste prétend qu’il existe une vérité, une connaissance objective sur le monde et vise à découvrir des lois universelles ainsi que des connaissances qui peuvent être généralisées. L’interprétatif suppose que toute connaissance est subjective, socialement construite et vise à comprendre les cas ainsi que les situations individuelles. (Fortin & Gagnon, 2016, p. 26, 29)

L’utilisation, majoritairement de l’interprétatif, a permis de se préoccuper davantage, des différentes représentations des adolescents, des familles ainsi que des professionnels de la santé. Cinq études disciplinaires ont été choisies et une étude non-disciplinaire a été retenue. Parmi les six, quatre sont qualitatives et deux sont de paradigme pragmatique.

3.2 Collecte des données

Les bases de données suivantes ont été consultées : CINHAL, Pubmed et Embase. Une première analyseen mai 2018, a permis de déterminer le sujet de la revue de la littérature et de percevoir la disponibilité des études sur la question. Elles ont été examinées une deuxième fois en janvier et février 2019 de manière plus détaillée. Les périodes de publications ciblées dans les recherches sur les bases de données se situent de 2013 à 2019 ou durant les cinq dernières années. Les mots-clés en français traduits de l’anglais par MeSH (Medical Searching Heading) et les opérateurs booléens « AND » ainsi que « OR » ont facilité la délimitation de la recherche sur les bases de données. Les filtres suivants ont également été utilisés afin de restreindre le nombre d’études : « Full Text », « PDF Full Text », « Any author is Nurse ».

Les tableaux ci-dessous présentent les bases de données consultées, les mots-clés et opérateurs booléens utilisés ainsi que le nombre d’études trouvées et retenues pour cette revue de la littérature. Une étude ressort simultanément sur Pubmed et CINHAL. Au total, six études ont été choisies pour l’analyse.

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A) CINHAL :

Combinaisons de mots-clés et d’opérateurs booléens

Etudes trouvées Etudes retenues

« Anorexia nervosa » AND « Nursing interventions » AND « Adolescents »

0 0

« Anorexia nervosa » AND « Nurses » AND « Adolescents »

30 2

« Anorexia nervosa » AND « Nursing interventions »

5 1

B) Pubmed

Combinaisons de mots-clés et d’opérateurs booléens

Etudes trouvées Etudes retenues

« Anorexia nervosa » AND « Nursing interventions »

8 1

« Anorexia nervosa » AND « Care » AND « Adolescents »

226 2

C) Embase :

Combinaison de mots-clés et d’opérateurs booléens

Etudes trouvées Etudes retenues

« Anorexia nervosa » AND « Nursing interventions »

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3.3 Sélection des données

Les critères d’inclusion étaient les études parlant d’anorexie mentale ou de troubles du comportement alimentaire chez les adolescentes, d’interventions infirmières dans un contexte d’hospitalisation. Les dates de publication des études devaient se situer entre les années 2013 et 2019.

Les critères d’exclusion étaient les études plus anciennes que 2013, les études avec une population d’enfants, d’adultes ou une population essentiellement masculine. Cependant, deux recherches retenues s’intéressent à une population adulte. Elles ont été gardées car elles apportaient des compléments et laissaient percevoir que les interventions infirmières pourraient être utilisées auprès d’une population d’adolescentes. Les revues systématiques, les méta-analyses et les méta-synthèses ont été également exclues. Cinq études sont disciplinaires et une étude a été réalisée par des médecins. Elle a été retenue car elle prenait en compte le point de vue des parents.

Les six études de cette revue de la littérature ont été approuvées par un comité d’éthique. Trois d’entre elles ont demandé et reçu le consentement éclairé des participants ainsi que des parents pour les adolescents.

Les articles tous écrits en anglais, ont été traduits avec l’outil internet de Deepl. La pyramide des preuves utilisée et les études retenues pour cette revue de la littérature sont répertoriées ci-dessous.

(24)

N° Auteurs Titre Année Bases de données Niveau de preuve 1 Beukers L., Berends T., Ginkel J., Elburg A., Meijel B.

Restoring normal eating behaviour in adolescents with anorexia nervosa: A video analysis of nursing interventions 2015 Pubmed IV 2 Sly R., Morgan J., Mountford V., Lacey J. Predicting premature termination of hospitalised treatment for anorexia nervosa: The roles of therapeutic alliance, motivation, and behaviour change 2013 Pubmed II 3 Zugai J., Stein‐ Parbury J., Roche M. Therapeutic alliance, anorexia nervosa and the inpatient setting : A mixed methods study

2018 Pubmed IV

4 Zugai J., Stein‐ Parbury J., Roche M.

Effective nursing care of adolescents with anorexia nervosa: a consumer perspective

2013 CINHAL IV

5 Mitrofan O., Petkova H., Janssens A., Kelly J., Edwards E.,

Nicholls D.,

McNicholas F., Simic M., Eisler I., Ford T., Byford S.

Care experiences of young people with eating disorders and their parents : qualitative study

(25)

6 Sly, R., Morgan, J., Mountford, V., Sawer F., Evans, C., Lacey, J. Rules of Engagement : Qualitative Experiences of Therapeutic Alliance When Receiving In-Patient Treatment for Anorexia Nervosa

2014 CINHAL IV

3.4 Analyse des données

Chacune des six études sera résumée dans un tableau de recension en Annexe I. Les articles seront également analysés individuellement dans la section « résultats ». Tout d’abord, l’étude sera décrite de manière plus détaillée. Ensuite, une partie sera dédiée à la validité méthodologique, à la pertinence clinique et à l’utilité des résultats pour la pratique professionnelle. Pour finir, une synthèse des principaux résultats sera réalisée.

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4 Résultats

4.1 Description de l’Etude 1

Beukers, L., Berends, T., Ginkel, J. M. de M., Elburg, A. A. van, & Meijel, B. van. (2015). Restoring normal eating behaviour in adolescents with anorexia nervosa: A video analysis of nursing interventions. International Journal of Mental Health Nursing, 24(6), 519‐526.

https://doi.org/10.1111/inm.12150

Cette étude, de devis qualitatif descriptif, a pour but d’analyser et de décrire les interventions infirmières utilisées pendant les repas, auprès d’une population d’adolescents atteints d’anorexie mentale. Cette étude a été réalisée en Hollande dans une clinique spécialisée dans le traitement des TCA et dans une unité accueillant des adolescents âgés de douze à 18 ans avec une capacité d’accueil de huit à dix patients à la fois. L’échantillonnage s’est fait par commodité en prenant les professionnels qui travaillaient et les patients hospitalisés pendant la période de l’étude. L’échantillon, pour cette recherche, comprenait neuf patients dont un exclu, car il n’avait pas donné son consentement éclairé, et huit professionnels de la santé diplômés ayant au moins un an d’expérience auprès d’adolescents atteints d’AM. La collecte de données s’est faite par enregistrements vidéo pendant les repas et durant cinq jours. Dans un premier temps, les vidéos ont été visionnées à plusieurs reprises pour avoir un premier aperçu des interventions infirmières réalisées et des interactions entre les infirmiers et lespatients. Dans un deuxième temps, des vidéoclips ont été sélectionnés puis retranscrits afin de ressortir des mots codes qui refléteraient les interventions infirmières utilisées pour aider à restaurer des habitudes alimentaires saines et des poids normaux. Quatre grandes catégories ont été créées à partir de ces codes.

Les quatre catégories répondent à la question de recherche et pourraient être proposées afin d’améliorer les interventions infirmières et les programmes de formation pour les professionnels de la santé. Les résultats de cette étude supposent que des interventions et attitudes directionnelles ainsi que contrôlantes, seraient nécessaires afin que les patients puissent retrouver des habitudes alimentaires saines. Néanmoins, il est difficile pour les professionnels de la santé qui s’occupent d’adolescents atteints d’AM d’avoir à la fois une attitude directionnelle et empathique.

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4.1.1 Validité méthodologique

Le design qualitatif de cette étude se justifie par l’utilisation de vidéos comme support de collecte de données. L’utilisation d’enregistrements vidéo a permis de déchiffrer des interventions infirmières détaillées, des interactions entre les professionnels et les patients ainsi que d’observer et d’analyser ceux-ci à plusieurs reprises. Cette méthode de collecte de données contribue à une vision plus globale en permettant l’observation des actions entreprises par les soignants et des résultats qui en découlent chez les patients.

Pour assurer la qualité de la recherche et afin de permettre la triangulation des chercheurs, l’analyse de données a été placée sous la supervision d’un des coauteurs. Les descriptions et les interprétations, réalisées par le chercheur principal, ont été contrôlées par deux experts dans le domaine des TCA pour assurer la crédibilité des résultats. L’étude, réalisée dans une clinique possédant le label de qualité de la fondation néerlandaise des meilleurs soins de santé cliniques, reflète des résultats de soins infirmiers hautement spécialisés. Cependant, l’approche par vidéo pourrait être source de changement dans le comportement des participants mais cet effet s’est atténué avec le temps, selon les chercheurs. L’échantillon était également de taille limitée mais l’étudea toutefoispermis de détailler les interventions infirmières.

4.1.2 Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle »

Les quatre catégories qui ressortent de l’étude sont : surveiller et instruire, encourager et motiver, soutenir et comprendre, éduquer. Afin de changer les habitudes alimentaires des patients, ils trouvaient nécessaire que les soignants soient fermes, insistent et répètent des instructions tout au long du repas. De plus, lors de ceux-ci, les patients ressentaient beaucoup de stress et d’anxiété.

L’étude suggère que ces catégories d’interventions pourraient être proposées dans les programmes d’enseignement des soins infirmiers en santé mentale. Ces connaissances permettraient aux infirmiers de mieux comprendre les comportements de ces patients vulnérables, d’être mieux préparés à prendre soin d’eux, tout en leur donnant des lignes directrices à suivre.

Malgré la crédibilité des résultats, l’étude pourrait être difficilement transférable en Suisse de par la taille limitée et le type non-probabiliste de l’échantillon.

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4.2 Description de l’étude 2

Sly, R., Morgan, J. F., Mountford, V. A., & Lacey, J. H. (2013). Predicting premature termination of hospitalised treatment for anorexia nervosa: The roles of therapeutic alliance, motivation, and behaviour change. Eating Behaviors, 14(2), 119‐123.

https://doi.org/10.1016/j.eatbeh.2013.01.007

Cette étude, de cohorte prospective et naturaliste, a été réalisée au Royaume-Uni. Elle a pour objectifs d’examiner les résultats de fin de traitement obtenus par deux groupes différents, d’explorer la nature prédictive des attitudes professionnelles au moment de l’admission et d’observer si des changements dans la motivation, l’alliance ainsi que le poids au commencement du traitement pourraient modifier son cours. L’échantillon était composé de 90 participants âgés de plus de 18 ans, atteints d’AM, nouvellement admis dans quatre centres de traitement spécialisés dans les TCA. Le recrutement a duré 17 mois, de 2009 à 2010. Des questionnaires et des échelles ont été administrés aux participants à l’admission, dans la première semaine de traitement (T0) ainsi qu’après quatre semaines (T1). Ensuite, les participants ont été classés en deux groupes (T2) : 52 PTT soit ceux qui ont arrêté prématurément le traitement et 38 TCAP, ceux qui ont terminé le traitement comme prévu. Des données, concernant la durée du traitement, le poids à la sortie et le résultat du traitement, ont été recueillies (T2). Les données ont été enregistrées sur un ordinateur portable puis analysées à l’aide d’un logiciel de statistique. Différents outils statistiques ont également été utilisés : l’analyse de Kolmogorov-Smirnov, des tests de Student, des tests de Mann-Withney U et une régression logistique binominale.

Les résultats montrent clairement que les personnes qui abandonnent le traitement ont un poids plus faible et un temps de thérapie beaucoup plus court. Un gain de poids, en début de prise en charge, pourrait être un élément prédictif au succès du traitement. Aucune différence de motivation n’a été relevée entre les deux groupes de participants. Les patients, ayant ressenti un fort sentiment d’alliance thérapeutique au commencement du traitement, seraient plus susceptibles de poursuivre le traitement jusqu’à la fin.

4.2.1 Validité méthodologique

Le design mixte de l’étude a été choisi pour représenter la réalité du traitement de l’AM en milieu hospitalier. Pour déterminer la taille approximative de l’échantillon, un calcul par régression logistique a permisde trouver des estimations puissantes entre les variables et les résultats du traitement. Le taux de recrutement était élevé. En effet, 83 % des patients admissibles ont accepté de participer à l’étude.

(29)

L’analyse de Kolmogorov-Smirnov a été appliquée afin de tester la normalité de la dissémination entre les deux groupes de résultats. Les tests T indépendants et les tests U de Mann-Whitney ont servi pour observer les différences à T0, T1 et T2 entre les groupes PTT et TCAP. La recherche s’appuie sur la régression logistique binominale pour analyser la relation entre les paramètres d’admission, la réponse au traitement à T0 et T1 ainsi que les résultats aux traitements des deux groupes de participants.

Cependant, en ce qui concerne la motivation, la nature chronique de l’échantillon avec de faibles niveaux de motivation aurait pu influencer ces résultats.

4.2.2 Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle »

Aucune différence significative n’a été trouvée en ce qui concerne les changements de motivation et d’alliance thérapeutique entre les groupes PTT et TCAP au cours des quatre premières semaines de traitement. Néanmoins, la recherche dévoile une différence significative pource qui touche le gain de poids. L’étude prétend qu’une augmentation du poids et un fort sentiment d’alliance thérapeutique, en début d’hospitalisation, augmenteraient les chances de poursuite du traitement. En se rendant compte de ces éléments prédictifs à la continuation de la démarche thérapeutique, les infirmiers pourraient donc mettre en place des interventions afin de prévenir l’arrêt de celui-ci.

Selon l’étude, un suivi à plus long terme, pour comparer l’évolution de la maladie chez les deux groupes après l’hospitalisation, aurait été nécessaire. Le transfert des résultats de l’étude pourrait être envisageable, au vu de l’importante taille de l’échantillon et le haut niveau de preuve. Cependant, l’échantillon n’était pas forcément représentatif de la population. De plus, la population était âgée de plus de 18 ans. C’est pourquoi, elle ne répond pas aux critères d’inclusion de cette revue de littérature. Néanmoins, elle peut apporter des pistes à prendre en compte avec les adolescents souffrant d’AM.

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4.3 Description de l’étude 3

Zugai, J. S., Stein‐Parbury, J., & Roche, M. (2017). Therapeutic alliance, anorexia nervosa and the inpatient setting: A mixed methods study. Journal of Advanced Nursing, 74(2), 443‐453. https://doi.org/10.1111/jan.13410

Cette étude est de paradigme pragmatique, quantitative descriptive afin de donner une description du milieu hospitalier pour le traitement de l’AM et qualitative exploratoire pour analyser les conséquences de ce contexte sur l’alliance thérapeutique entre les infirmières et les patients. Elle a été réalisée en Australie dans trois hôpitaux publics et deux hôpitaux privés. Elle a pour but de comprendre l’influence du milieu hospitalier dans le traitement de l’AM et les implications pour l’alliance thérapeutique entre infirmières et patients. L’échantillonnage s’est fait par commodité et au total, 128 participants ont été sélectionnés pour la recherche. Au cours de la phase quantitative, des questionnaires avec des outils ou des échelles d’évaluation ont été distribués à 65 infirmières et à 63 patients. Ces instruments évaluaient le point de vue des patients sur l’alliance thérapeutique, leur satisfaction à l’égard des soins, la gravité du TCA, la qualité du climat des soins et les attitudes des infirmières par apport à la santé mentale. Au cours de la phase qualitative, des entretiens semi-structurés ont été réalisés, jusqu’à saturation des données, auprès de 20 infirmières et 34 patients. La collecte de données pour les deux étapes a duré de mai 2014 à février 2015. Un logiciel statistique a été utilisé pour l’analyse des données quantitatives et une analyse thématique pour les données qualitatives.

Le contexte hospitalier a des implications sur la nature de l’alliance thérapeutique. Toutefois, la nature des relations thérapeutiques a des répercussions sur la qualité perçue de l’hospitalisation. Cette alliance est une approche efficiente dans les établissements de soins mais s’acquiert avec du temps.

4.3.1 Validité méthodologique

Le design mixte de cette étude a favorisé une triangulation méthodologique. Tout d’abord, la phase quantitative a permis de trouver l’implication du milieu hospitalier dans le traitement de l’AM et de mieux cibler la phase qualitative. Ensuite, la phase qualitative a donné l’occasion de voir plus en détails les répercussions du contexte hospitalier sur l’alliance thérapeutique entre les patients et les infirmières. La validité et la fiabilité des données ont été assurées par la triangulation des données. La collecte de données, à partir de plusieurs milieux hospitaliers, a facilité l’amélioration de la transférabilité en réduisant le risque de résultats propres à l’établissement. La cohérence interne ou alpha de Cronbach

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a été calculé pour chaque instrument de mesure. Les échelles ont fait preuve d’une bonne cohérence interne, excepté pour les sous-échelles de l’ATAMHS. Le principal chercheur a mené toutes les entrevues, a analysé les données qualitatives et avait de l’expérience de ce type de recherche. Tous les scientifiques ont également vérifié l’ensemble de l’analyse.

4.3.2 Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle »

En tenant compte des répercussions du contexte hospitalier sur l’alliance thérapeutique, les infirmières pourraient mettre en place des interventions ajustées. L’étude suggère qu’une formation structurée et une formation régulière aideraient les infirmières à modifier leur manière d’aborder les patients atteints d’AM. Dans le service de pédopsychiatrie de Sierre, des colloques interdisciplinaires sont organisés une fois par semaine afin d’aborder les situations complexes présentes dans celui-ci et de trouver des améliorations pour la prise en charge.

Les résultats de cette recherchesemblaient transférables à la Suisse par sa triangulation environnementale et par sa taille conséquente de l’échantillon pour la première phase de l’étude. Cependant, l’étude a utilisé un échantillon non-probabiliste et donc, la possibilité d’un biais d’échantillonnage. C’est pourquoi, l’étude peut difficilement être généralisable. 4.4 Description de l’étude 4

Zugai, J., Stein‐Parbury, J., & Roche, M. (2013). Effective nursing care of adolescents with anorexia nervosa: a consumer perspective. Journal of Clinical Nursing, 22(13‐14), 2020‐2029. https://doi.org/10.1111/jocn.12182

Cette étude qualitative a été réalisée en Nouvelle-Galles du Sud en Australie. Elle a pour objectif d’examiner comment les infirmières participent au gain de poids et à une expérience positive en milieu hospitalier dans le traitement de l’AM, tout en tenant compte du point de vue et des perceptions des adolescents. L’échantillonnage était non probabiliste et téléologique. Il s’est réalisé par recrutement et pendant les heures d’ouverture d’une clinique ambulatoire. L’échantillon a regroupé huit adolescentes, âgées de douze à 18 ans, qui avaient été atteintes d’AM et qui avaient été hospitalisées dans un service pour adolescents d’un hôpital métropolitain de Sydney. Les critères d’inclusion étaient que les participants ne devaient plus être hospitalisés et qu’ils avaient récupéré un poids suffisant pour permettre des soins en consultation ambulatoire. La collecte de données s’est faite par entretiens semi-structurés enregistrés sur un dictaphone et transférés sur un ordinateur portable. Ces entrevues ont porté sur les contributions des infirmières dans la prise de poids

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et sur l’amélioration de l’expérience en milieu hospitalier. Une analyse thématique a fait ressortir des entrevues trois grands thèmes.

Les participants percevaient l’efficacité de l’infirmière dans l’approche de la prise de poids, dans des interactions réfléchies et dans les relations thérapeutiques bénéfiques. Une augmentation du poids et une expérience positive de l’hospitalisation étaient associées à une bonne relation soignante. Cette étude apporte des éléments de réponse à la question de recherche et des propositions pour la pratique infirmière.

4.4.1 Validité méthodologique

Cette étude qualitative semble être la manière la plus appropriée d’exposer les idées, les perceptions et les préférences en matière de soins des patients. L’analyse thématique permet de cibler les thèmes et les concepts importants qui ressortent des entrevues. L’échantillon, qui inclut uniquement des patients, permet d’avoir une vision plus objective des besoins, des ressentis des personnes soignées et d’améliorer les interventions infirmières en fonction de ceux-ci. Le chercheur principal était neutre et n’avait pas d’affiliation avec les participants, l’établissement ou le personnel de l’établissement. Cependant, la taille de l’échantillon est limitée et les points de vue peuvent différer d’un hôpital à l’autre et d’un pays à l’autre. L’échantillonnage, de type non-probabiliste, s’est fait par recrutement et les participants ont été sélectionnés et examinés par l’équipe responsable des TCA. Par conséquent, les résultats de cette étude pourraient être biaisés.

4.4.2 Pertinence clinique et « utilité pour la pratique professionnelle »

L’étude indique que les patients préfèrent les relations solides, professionnelles avec les infirmières et queces liens pourraient avoir des répercussions sur la prise de poids ainsi que sur la qualité de l’expérience de l’hospitalisation. Selon le point de vue des participants, l’alliance thérapeutique, entre l’infirmière et le patient, améliorerait la compliance au traitement. Etablir des relations professionnelles avec ce groupe de patients est un défi pour les infirmières. Une alliance thérapeutique efficace s’appuie sur la régulation de l’interaction et elle se construit quand l’infirmière commence à comprendre les patients atteints d’AM ainsi que leurs besoins. Les qualités requises pour le personnel soignant seraient de faire preuve de gentillesse ainsi que d’être à la fois ferme et raisonnable.

L’étude est difficilement transférable au contexte suisse de par son échantillon non-probabiliste, de taille limitée et le manque de triangulation environnementale.

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4.5 Description de l’étude 5

Mitrofan, O., Petkova, H., Janssens, A., Kelly, J., Edwards, E., Nicholls, D., … Byford, S. (2019). Care experiences of young people with eating disorders and their parents: qualitative study. BJPsych Open, 5(1). https://doi.org/10.1192/bjo.2018.78

Cette étude, réalisée par des médecins en Angleterre et de design qualitatif, a pour objectif d’explorer les points de vue des patients ainsi que ceux des parents sur les aspects positifs et négatifs des soins aux jeunes souffrant de TCA. L’échantillonnage s’est fait par recrutement depuis une publicité en ligne. L’échantillon se composait de 19 jeunes âgés de seize à 25 ans, ayant souffert ou souffrant d’un TCA et onze parents de jeunes dans la même situation. La collecte de données s’est effectuée à l’aide d’un questionnaire, de questions ouvertes et de groupes de discussions en ligne. Les jeunes étaient repartis en quatre groupes et les parents en deux groupes. Un modérateur établissait les règles, surveillait si des questions délicates étaient posées et rejetait les commentaires inappropriés afin qu’ils soient partagés aux autres membres du groupe. Un superviseur de discussion, qui était un membre de l’équipe de recherche, fournissait un soutien aux participants en détresse depuis une communication privée en ligne. Les réponses des participants transcrites automatiquement, ont été analysées par un logiciel à l’aide de l’analyse thématique. Des codes sont ressortis de ces transcriptions et ont fait émerger trois thèmes clés.

Les participants trouvent que les soins mettaient abusivement l’accent sur le poids et que les aspects psychologiques étaient négligés. Une réadaptation physique et psychologique seraient plus envisageables de mener à une guérison complète et de réduire le risque de rechute. La connaissance et l’expérience des professionnels sur les TCA ont été décrites comme insuffisantes. Le soutien, la motivation et l’espoir, apportés par des personnes guéries de TCA, ont été relevés comme important pour les jeunes.

4.5.1 Validité méthodologique

Le design qualitatif de cette étude peut amener à une meilleure compréhension de ce que les patients et les parents perçoivent comme des soins optimaux dans le traitement des TCA. L’échantillon de jeunes et de parents n’était pas lié par le milieu de traitement. La méthode de collecte de données, basée surl’utilisation de discussions en ligne plutôt que de discussions en face à face, était préférable pour parler de sujets délicats tout en gardant l’anonymat.

Figure

Figure 1 : Les stades de changement

Références

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