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La rhétorique et sa critique

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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La rhétorique et sa critique

À la rencontre du discours et de la liberté

Monsieur Loïc NICOLAS

Année académique 2010-2011

Thèse présentée en vue de l’obtention du grade académique de

Docteur en Langues et lettres sous la direction de

Madame Emmanuelle DANBLON

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Remerciements

Ceux qui m’ont accompagné durant ce voyage savent qu’il n’a pas été sans encombre. Je les remercie de leur soutien constant et de leur patience. L’attention réconfortante qu’ils m’ont apportée fut une aide précieuse pour franchir les épreuves rencontrées sur la route. La rédaction d’une thèse est un chantier solitaire au cours duquel on apprend, dans le temps long, à affronter ses doutes et les démons de l’écriture. Chantier donc, mais aussi course de fond, sachant que le façonnage d’une pensée franche s’opère en repoussant sans cesse les limites de son horizon propre.

Il n’empêche, la solitude que l’on éprouve tous les jours n’est jamais que partielle : les auteurs convoqués, discutés et même critiqués au fil des pages viennent peupler l’atelier mental où s’élabore la réflexion. Et je dois reconnaître qu’on ne saurait trouver meilleur terreau pour l’esprit que celui du GRAL : le Groupe de recherche en Rhétorique et en Argumentation Linguistique. Sans la sincérité, le dynamisme et l’enthousiasme de ses membres peut-être n’aurais-je pas eu le courage d’offrir à la discussion le produit d’une recherche qui, pour personnelle qu’elle soit, est un peu la leur.

À Emmanuelle Danblon je voudrais dire combien sa sensibilité, sa générosité intellectuelle, son exigence scientifique, sa présence tout simplement, m’ont donné les moyens de risquer la liberté de cette entreprise. La direction d’une thèse est une aventure, un partage, une découverte réciproque de contrées inconnues. Et, bien rares, sont ceux qui, comme Emmanuelle Danblon, parviennent à se faire guides sans devenir gourous. Qu’il me soit permis de lui témoigner ma sincère reconnaissance, en soulignant que c’est à son contact que j’ai réellement appris à penser.

Ma dette est grande, et mon bonheur de travailler à ses côtés plus grand encore. Je lui dédie cette thèse, sur la base de laquelle nous aurons, je l’espère, l’occasion de construire l’avenir de la rhétorique par-delà ses limites disciplinaires.

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Zarathoustra, tout en montant la montagne, songea en route aux nombreux voyages solitaires qu’il avait accomplis depuis sa jeunesse, et combien de montagnes, de crêtes et de sommets il avait déjà gravis.

Je suis un voyageur et un grimpeur de montagnes, dit-il à son cœur, je n’aime pas les plaines et il me semble que je ne suis pas resté tranquille longtemps.

Et quelle que soit ma destinée, quel que soit l’événement qui m’arrive, – ce sera toujours pour moi un voyage ou une ascension : on finit par ne plus vivre que ce que l’on a en soi.

Friedrich NIETZSCHE, Ainsi parlait Zarathoustra.

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Introduction

L’objet principal de cette thèse est de retrouver la voie tracée par les initiateurs de l’ancienne discipline rhétorique et de formuler des propositions visant à la refonder. Cette refondation ne saurait avoir lieu sans un travail de redéfinition critique capable de rendre à la rhétorique son unité perdue en passant outre les clivages disciplinaires. Un tel travail sera mené tout au long de cette thèse suivant plusieurs perspectives, d’abord historiques, ensuite théoriques.

Je m’attacherai alors à prendre en compte les représentations de la rhétorique pour nourrir cette entreprise de description. Une telle entreprise sera l’occasion de partir à la rencontre du discours et de la liberté. Le rapprochement de l’un et l’autre terme, proposé par le titre, peut paraître étonnant. Je fais pourtant l’hypothèse d’un lien étroit entre le statut accordé au discours (rhétorique notamment) dans l’espace politique et mental des sociétés, et celui accordé à l’exercice de la liberté. En d’autres termes, la pratique du discours constitue un cadre pour aborder la façon dont les hommes conçoivent leur autonomie ou leur dépendance par rapport au monde des choses humaines : lois, normes, décisions, crises, etc. C’est-à-dire la façon dont ils acceptent de se charger de ce monde-ci pour lui donner du sens en opérant des choix et en prenant des risques.

Concrètement, le rapport à la rhétorique qui, bien souvent, se manifeste sur le mode de la dénonciation, nous informe des craintes nourries par les sociétés face à l’incertitude révélée sous les effets du discours. Une incertitude que la pratique de la raison et de la liberté nous engage à affronter, plutôt qu’à évincer ou à fuir comme un malheur inhérent à notre condition humaine.

C’est justement dans une telle perspective que je propose d’engager la discussion depuis le cadre fourni par Aristote dans l’Antiquité grecque, et repris par Chaïm Perelman voici un demi-siècle.

À ce titre, l’étude des critiques qui jalonnent l’histoire de l’antique discipline me permettra de produire, par contraste, une représentation réaliste de celle-ci. L’enjeu, on l’aura compris, est de voir ce qui se joue par-delà la synthèse des subjectivités ; par-delà les condamnations successives dont la rhétorique a fait l’objet. La démarche adoptée a pour but de mettre à jour les singularités, et surtout les récurrences de ces multiples condamnations. Mais aussi de saisir les raisons de leur indéfectible succès parmi les esprits dogmatiques : tous ceux qui

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redoutent qu’un outil si puissant (magique pour certains, prométhéen pour d’autres) se retrouve entre les mains des hommes. Un outil qui, toujours, risque de remettre en question les principes apparemment immuables des mondes clos. La rhétorique, parce qu’elle donne l’occasion d’exploiter les doutes et la diversité des opinions, constitue un danger pour la stabilité du sens.

Dès lors, on constatera combien chaque nouvelle dénonciation vient puiser dans un fonds relativement restreint de griefs, derrière lesquels on reconnaît, bien souvent, la matrice platonicienne. En sorte que l’inflexion particulière qui oriente la critique, l’accent mis sur tel aspect plutôt que sur tel autre, vient, chaque fois, servir une cause spécifique à un champ (la philosophie, la religion, la science, la politique, etc.).

Somme toute, mettre en relation la rhétorique et sa critique, c’est porter le regard sur un double mouvement. Le premier concerne la critique que la rhétorique produit sur le sens en le fragilisant. Tandis que le second s’attache à la critique reçue : celle qui lui est adressée par ses détracteurs de toujours. Pour le dire autrement, mon propos s’intéresse, avant tout, à la critique de la fonction critique de l’antique discipline. Non pour condamner cet état de fait, mais pour comprendre ses ressorts et ses mécanismes ; analyser ses motifs sous-jacents. Car c’est bien cette fonction – pourtant improbable au regard du rôle traditionnellement attaché à la rhétorique – qui n’a cessé, et ne cesse encore aujourd’hui de poser problème, y compris dans les régimes démocratiques. Disons-le, la manifestation des points de vue forcément multiples et la possibilité de les défendre efficacement par l’argumentation, représentent le principal fondement de la démocratie : c’est-à-dire la possibilité, donc le risque de voir s’exprimer des désaccords, des tensions pour aller de l’avant. Un risque qui, bien souvent, paraît démesuré même aux plus ardents démocrates.

Art de parler, art de bien dire, d’orner, de persuader, ou encore de tromper ; méthode pour composer des discours appropriés à leurs fins ; technique de communication, de séduction, de manipulation propre aux sophistes ; dispositif esthétique ou idéologique, etc. les définitions de la rhétorique sont nombreuses, parfois antagonistes. Elles tiennent tantôt de l’éloge, tantôt du blâme. Comme nous aurons l’occasion de le voir tout au long de cette thèse, beaucoup d’entre elles demeurent éminemment réductrices, et manquent même la fonction essentielle de la rhétorique. C’est pourquoi, je me garderai, dans cette introduction, de fournir une définition (même minimale) que je me verrais, de toute façon, contraint de critiquer. Du reste, la rhétorique sans arrêt se dérobe derrière les mots et les représentations trop faciles qu’on cherche à lui appliquer. Cela ne veut pas dire, pour autant, qu’elle soit insaisissable. Mais il faut accepter qu’elle nous contraigne à regarder en face la lumière aveuglante de la liberté. C’est pourquoi, je

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m’efforcerai de décrire précisément ce qu’elle fait ou, plus exactement, ce qu’elle permet d’accomplir sur le monde autant que sur autrui.

À la suite des travaux récents d’Emmanuelle Danblon1, et suivant la démarche propre au Groupe de recherche en Rhétorique et en Argumentation Linguistique de l’Université Libre de Bruxelles, je considérerai la rhétorique comme un « paradigme. » Ni philosophie, ni pur empirisme, ni artisanat, la rhétorique constitue, avant tout, une structure qui intègre un certain nombre de fonctions nécessaires pour se représenter et pour investir, par le discours, le monde social. Parmi ces fonctions, qui sont aussi bien cognitives que discursives, on compte : l’imagination, la mémoire, l’élocution, la construction d’un récit, l’invention argumentative, le sens des émotions collectives, la pratique de la justification, etc.

Or, précisément, l’apparition de ces fonctions dans la Grèce du Ve siècle avant notre ère a bouleversé, de façon radicale, la vision du monde jusqu’alors en vigueur. Ceci a entraîné un changement de paradigme quant au statut du discours dans la cité. En effet, pour des raisons que nous aurons tout loisir d’aborder, la parole commence à se laïciser, à perdre sa dimension magique ; les hommes peuvent désormais s’en saisir pour donner carrière à leurs opinions, à leurs sentiments, à leurs engagements. La parole efficace n’est plus l’apanage des mages et des guérisseurs ; ni celui d’une élite jalouse de ses privilèges. Elle devient un outil citoyen pour pratiquer la liberté politique nouvellement acquise. Il s’agira donc pour moi d’aborder historiquement et théoriquement la place occupée par ce paradigme dans les visions du monde qui ont cours depuis l’Antiquité. Il n’y aura là aucune prétention à l’exhaustivité, mais plutôt une enquête qui nous permettra de saisir des évolutions et des ruptures dans le temps long.

Mon propos se développera en deux temps. Après un examen minutieux des critiques majeures de la rhétorique, j’exploiterai les conséquences de celles-ci pour les mettre en regard avec les « visions du monde » propres aux sociétés modernes et contemporaines.

La première partie me donnera l’occasion de repenser les termes de la naissance de la rhétorique dans la Grèce ancienne : d’une part pour analyser ses différentes fonctions (politiques, sociales, symboliques), d’autre part pour étudier les raisons et les modalités de sa dénonciation, de l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle. Je mettrai alors en lumière ce qui caractérise, en propre, cette fonction du langage par-delà les caricatures qu’on a données d’elle.

J’aborderai tout d’abord (1.1.) la figure du sophiste à travers ses représentations dans les imaginaires collectifs, et m’attacherai particulièrement à analyser la métaphore du voyage trompeur. Comme nous le verrons, le sophiste prend la place du « mauvais voyageur » ; il pèche

1 Emmanuelle DANBLON, « La rhétorique : à la recherche d’un paradigme perdu », A contrario. Revue interdisciplinaire de sciences sociales, (dir. Raphaël Micheli), à paraître en 2011 (16 p.).

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par la voie hasardeuse qu’il emprunte et que, par là même, il dévoile pour le malheur de tous. Sur la base des propositions que j’aurai formulées, je m’efforcerai de comprendre (1.2.) ce que les

« sophistes » ont essayé d’initier chez leurs contemporains, et reviendrai sur le contexte grec qui a vu naître, aussi bien la technique rhétorique, que la démocratie. Je développerai alors l’idée selon laquelle cette technique a constitué un moyen de réaliser sa liberté en s’émancipant de la nature et des dieux. Fort de cette mise en perspective, je montrerai en quoi (1.3.) la rhétorique peut être envisagée comme une entreprise de précarisation du sens ; une mise en danger des limites du monde clos. Dès lors, on verra combien, livré à lui-même, en prise au doute, l’homme rhétorique est forcé de prendre des risques et de faire preuve d’audace autant que de prudence pour se diriger. Ceci me permettra alors d’approcher certaines motivations saillantes propres à la critique platonicienne de la rhétorique. Je soulignerai à ce titre (1.4.) la tendance particulière que cette dernière a à s’enferrer dans une argumentation contradictoire.

Nous opérerons alors un saut dans le temps afin de saisir la continuité des critiques, et surtout la pérennité des attaques formulées par Platon ; leur utilisation dans d’autres contextes et à d’autres fins. Pour ce faire, je présenterai (2.1.) les griefs récurrents retenus contre l’antique discipline par les tenants d’une vérité dogmatique : que ce soit celle de Dieu (laquelle se fait jour avec la christianisation du monde occidental), ou celle de la Science (notamment au XVIIe siècle, avec Descartes). Je considérerai ensuite (2.2.) la période révolutionnaire qui me paraît exemplaire pour la réflexion sur le langage qui s’y trouve menée. On pourra constater que l’ombre des sophistes n’a pas disparu et que le soupçon du discours est plus fort que jamais. Reprenant à leur compte l’œuvre de leurs prédécesseurs révolutionnaires, nous verrons alors (2.3.) que les républicains français de la fin du XIXe siècle ambitionnent, quant à eux, d’éliminer purement et simplement la rhétorique de l’enseignement et de la culture générale des citoyens naissants. Leur critique s’applique notamment à nier toute valeur au travail argumentatif qui permet de « plaider une cause » et de défendre une thèse. Le projet qu’ils cautionnent (2.4.) est de reléguer, hors du monde social, ce sens de la parole érigé en singularité ; à faire passer la rhétorique pour un « trait d’esprit » incompatible avec la démocratie et le sens de la modernité.

Enfin, je m’attacherai à montrer concrètement (3.1.) que la disqualification de la rhétorique consiste en une dénonciation de sa fonction critique autant que de sa valeur probatoire dans un monde complexe. On pourra constater que les institutions (scolaires et sociales) qui, à un titre ou à un autre, se sont efforcées de transmettre les moyens de pratiquer la rhétorique et la contradiction ont été accusées de conspiration. Après avoir rappelé les fondements et les modalités du raisonnement par le complot, je traiterai successivement trois figures remarquables, d’une part (3.2.) celle des jésuites à travers un extrait d’une conférence donnée par Edgar Quinet

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au Collège de France, puis (3.3.) celle des juifs à partir d’un passage des Protocoles des Sages de Sion et, finalement (3.4), celle des francs-maçons m’appuyant alors sur leur dénonciation dans l’encyclique Humanum Genus. On remarquera le traitement commun de chacune de ces trois figures sous les traits de nouveaux sophistes invitant à des voyages trompeurs.

L’enjeu de la seconde partie est de mettre en évidence – à partir des acquis du premier volet de cette thèse – les lieux communs (la topique donc) sur lesquels se fonde la relation au discours et à la rhétorique dans nos démocraties modernes. Dès lors, il s’agira pour moi d’étudier les conditions dans lesquelles s’est réalisée la sortie du « paradigme rhétorique. »

Je commencerai (1.1) par revenir sur le sens du projet aristotélicien (formulé dans la Rhétorique) qui vise à rendre accessible la technique du discours que l’on dit persuasif, et à la couper radicalement du champ du hasard. Partant, je m’efforcerai de surmonter le paradoxe entre une rhétorique pensée comme technique, mais non comme technicienne, dans le but de mettre en lumière la fonction originale de cette technique dans le processus d’invention argumentative.

Puis, (1.2.) j’adopterai, avec Emmanuelle Danblon, une démarche anthropologique. Laquelle me servira à montrer que si des facultés rhétoriques sont encore présentes dans l’esprit humain, cela n’induit pas que nous soyons encore capables d’en faire usage pour comprendre et pour décrire le monde à partir de représentations conventionnelles. Je formulerai alors l’hypothèse d’une extrême discrétion de la rhétorique du point de vue de nos capacités cognitives. Ceci m’obligera alors à avancer l’idée selon laquelle (1.3.) le « renouveau » de la rhétorique qui s’est produit au sortir de la dernière guerre mondiale, notamment avec Chaïm Perelman, (1.4.) et qui s’est poursuivi jusqu’aujourd’hui (1.5.), n’est peut-être qu’un mirage. Au sens où la rhétorique (comme processus cognitif) donne accès à des dispositions que la modernité s’est engagée à tenir à distance.

Je m’attacherai ensuite (2.1.) à préparer la discussion en montrant dans quelle mesure la topique de nos sociétés a pu avoir une influence sur la révocation du paradigme rhétorique. Puis, (2.2.) m’appuyant notamment sur une lecture de Sebastian McEvoy et de Chaïm Perelman, je préciserai qu’aux sources de ce paradigme réside une certaine violence (symbolique et sociale) ; une mise en scène de l’attaque et de la défense ; un duel entre les critiques et les justifications. Je montrerai alors, (2.3.) en quel sens la « violence » et les risques inhérents à la recherche rhétorique (= le désaccord) sont à la fois porteurs d’invention, de liberté et de progrès – ce qui me permettra d’engager la discussion avec Aristote, Chaïm Perelman et Francis Goyet, entre autres. À ce titre, je penserai à nouveaux frais la place de la raison pratique dans un processus de décision forcément ouvert aux possibles. Face à cela, (2.4.) j’essaierai de mettre en évidence les raisons topiques pour lesquelles les démocraties libérales modernes se sont

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radicalement coupées d’un modèle du désaccord, perdant ainsi le bénéfice du « pluralisme agonistique » (Chantal Mouffe). Cette rupture est liée (2.5.) à nos représentations sociales du discours et de l’accord comme exigence politique suprême. Ces représentations prennent corps dans des processus de civilisation et des événements traumatiques (plus ou moins récents) ayant marqué notre topique. Je terminerai ici (2.6.), en analysant le refus d’assumer les dangers inhérents à la parole rhétorique, et le confinement de celle-ci dans l’immoralité.

Je refermerai cette enquête, en précisant dans quelle mesure (3.1.) la réflexion contemporaine sur le discours argumentatif cherche, dans sa grande part, à le dépouiller de sa dimension prétendument coupable. À cet effet, je montrerai (3.2.) qu’il est devenu impossible de penser l’incertitude et le doute en tant que ressources fondatrices de la décision, et mettrai en regard l’antique prudence avec l’idéal du résultat assuré qui caractérise nos sociétés de prévention des risques. Ceci (3.3.) me permettra alors d’engager la discussion (avec Chaïm Perelman, Marc Angenot et Olivier Reboul) quant à la relation, tout à la fois commune et problématique, entre rhétorique et persuasion. J’en viendrai alors (3.4.) à interroger, avec Philippe Breton et l’École d’Amsterdam, la réduction moralisatrice du rôle attribué au langage argumenté dans l’espace démocratique contemporain. Je questionnerai enfin les raisons qui motivent cette volonté effrénée de normaliser les discours en les enfermant dans des cadres rigides.

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Table des matières

REMERCIEMENTS

INTRODUCTION

PREMIÈRE PARTIE

LA RHÉTORIQUE ET LES PARADOXES DE LA MODERNITÉ DÉMOCRATIQUE

0.INTRODUCTION

1.NAISSANCE DE LA RHÉTORIQUE, NAISSANCE DE SA CRITIQUE

1.1.FIGURES DU SOPHISTE ET DU VOYAGE TROMPEUR

1.2.DEVENIR LIBRE PAR LES MOTS

1.3.LA PRÉCARITÉ DU SENS : LE PLUS PAR LE MOINS

1.4.PLATONET L’« ARGUMENT DU CHAUDRON »

2.COMMENT DIRE ?DÉSIR DE PARLER ET PEUR DU DISCOURS

2.1.DIEU, LA SCIENCE ET LA RHÉTORIQUE

2.2.LA RÉVOLUTION À CORPS ET À CRISOU LIDÉAL DE LA SPONTANÉITÉ

2.3.VERS LE SACRIFICE DU « BOUC ÉMISSAIRE »

2.4.L’« ESPRIT NOUVEAU » ET LA FORMATION DU CITOYEN

3.EN GUISE DE SYNTHÈSE.TROIS FIGURES DE LA PAROLE, TROIS FIGURES DU COMPLOT

3.1.RHÉTORIQUE DU COMPLOT

3.2.LES JÉSUITES

3.3.LES JUIFS

3.4.LES FRANCS-MAÇONS

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DEUXIÈME PARTIE

L’INVENTION DE LA LIBERTÉ ET LA PEUR D’ÊTRE LIBRE

0.INTRODUCTION

1.APPROCHES LIMINAIRES : PAR-DELÀ LES PARADOXES ET LES ILLUSIONS

1.1.TECHNIQUE ET INVENTION CHEZ ARISTOTE

1.2.L’ORDRE DU DISCOURS ET LANTHROPOLOGIE

1.3.L’APRÈS-GUERRE ET LE RETOUR À LA RAISON DISCURSIVE

1.4.EFFERVESCENCES RHÉTORIQUES

1.5.LE TENACE MIRAGE DE LA RÉHABILITATION

2.LE DÉSACCORD : ESPOIR OU MALADIE DU POLITIQUE ? 2.1.UNE TOPIQUE DE LA CRITIQUE

2.2.LA RHÉTORIQUE ET LA VIOLENCE

2.3.LA LUTTE VERBALEOU LEXERCICE DE LA LIBERTÉ

2.4.LE DISCOURS ET LA PAIX : AUX ORIGINES DE LACCORD OBLIGÉ

2.5.LE DISCOURS ET SES CRIMES : MYTHES MODERNES

2.6.PERSPECTIVES CONTEMPORAINES

3.TECHNIQUES SANS INVENTION

3.1.UNE OBLIGATION DE RÉSULTAT

3.2.LA MODERNITÉ OU LOUBLI DU PRÉCAIRE

3.3.L’IMPENSÉ DE LA PERSUASION

3.4.MORALISER, NORMALISER

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

INDEX DES NOMS PROPRES

INDEX DES NOTIONS

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