Reflets du Valais année No 11 Novembre 1981 Le numéro 3 fr. 50
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Promenade...
Le vert encore soutenu des sapins qui s'accro
che à l'été accentue la blo ndeur parfois rou
geoyante de l'autom ne. Cette magie on sou
haiterait qu'elle ne finisse pas. Mais com m ent,
pour l'œil, retenir les saisons, en conservant
l'or de novembre, la fleur argentée de mai et
les teintes violentes de ju ille t?
Dans la rue M a rc -M o ra n d , derrière les gran
des vitrines d'une maison rose, le te m p s s'est
im m o b ilisé pour vous. « Un Jardin... en plus» a
m
fixé les saisons pour l'incessant plaisir des
yeux. Il est désorm ais possible de prendre,
dans nos m ontagnes, son p e tit déjeuner en
plein hiver sous un bananier.
Ici la neige n 'endorm ira pas la végétation
luxuriante et le soleil éclatera chez vous dans
les bouquets, malgré l'a s s o m b ris s e m e n t du
ciel de décembre.
Quelque part en France, un artiste peintre-
décorateur, Je a n-L o up Daraux, qui aim ait
v ra im e n t la vie a pensé vous la cha nter avec
ces fleurs éternelles. Et pour les Suisses, il a
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Valais, rendre visite à ses enfants de tou te s
les couleurs d o n t il a confié l'avenir à ses amis
Zazie et José Giovanni.
Poète, c o m m e le disait Jacques Prévert, « Il dit
«tu» à tous ceux qu'il aime, m ê m e s'il ne les
connaît pas».
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Paraît à Martigny chaque mois Editeur responsable: Georges Pillet Fondateur et président de la commission de rédaction : Mc Edmond Gay Rédacteur: Amand Bochatay Photographes: Oswald Ruppen, Thomas Andenmatten Administration, impression, expédition: Imprimerie Pillet S.A., avenue de la Gare 19 CH - 1920 Martigny Téléphone 026/22052-53 Abonnements : Suisse Fr. 46.-; étranger Fr. 55.- Le numéro Fr. 4.- Chèques postaux 19^3 20, Sion Service des annonces: Publicitas S.A., 1951 Sion, téléphone 027/212111
la Channe
La reproduction de textes ou d’illustrations, même partielle ne peut être faite sans une autorisation de la rédaction
31e année,
N °11
Novembre 1981
Sommaire
Frimaire La voici enfin! L’autoroute du Rhône
Les quartiers-m aîtres de la N 9 Potins valaisans Mots croisés Sons de cloches Pensée de l’avent Novembre La saison des prix Le livre du mois Made in Switzerland by Skyll Sur les traces de saint Théodule Un Valais an à Paris La réserve naturelle de Pouta-Fontana La grande passion des Valaisans: Quine ! Valais-Information: Brigue-Naters, Etappen- oder Ferienort?
Unsere Kurorte melden Nouvelles touristiques Garçon!... Coutumes valais annes: Faire boucherie
Des maîtres... et des élèves Jean Nicollier, chancelier de l’Ordre de la Channe
Lèche-babines Le merveilleux point d’orgue de la Channe
Harmonies valaisannes Treize Etoiles-Schnuppen Mit hundert Jahren ist nicht alles vorbei...
Un mois en Valais
N o tr e C o uverture: G o û te r valais a n (Photo O sw ald R u ppen) Dessins de Chavaz e t S kyll Ph otos A n d e n m a tte n , A rle tta z , Bochata y, Braccarci, D a rb e lla y , Deprez, H o fe r, L a u re n t, O ffic e du to u ris m e R iederalp, Praz, Preisig, R u ppen, Service de reportages économiques, Schwéry, T h u rre
L’autoroute du Rhône
Texte Pascal Thurre
Photos Raymond Arlettaz et Oswald Ruppen
M . B e r n a r d B o m e t, c o n s e ille r d 'E ta t
La voici enfin !
C’était hier, quelque part entre Mar-
tigny et Riddes. Un homme aux allu
res de manœuvre, le dos appuyé à
l’acier d’un bulldozer, savourait dans
le froid de novembre le contenu d’un
thermos de café.
Soixante ou soixante-cinq ans? Allez
savoir. Autour de lui on fumait la ci
garette d’une pause bienvenue.
- Ah! l’autoroute, s’écria soudain
l’homme du bulldozer. Je m’en sou
viens, il y a cinquante ans déjà, j’étais
tout gosse, on voyait sur les illustrés,
avec bottes et manteau de cuir, Hitler
- eh oui - bêche à la main, donner
symboliquement le feu vert au pre
mier tronçon allemand d’autoroute.
Cinquante ans et plus, et dire qu’ici,
sans guerre, sans rien, au pays de
l’abondance, on n ’a pas encore inau
guré le premier kilomètre...
C’est vrai! Mais l’autoroute, cette
fois, arrive enfin. Elle est là. Les pre
miers kilomètres sont ouverts au tra
fic.
L ’homme de la N 9
Comment expliquer un tel retard.
C’est la première question posée au
nouveau chef du Département des
travaux publics, M. Bernard Bornet,
«l’homme de la N 9».
- C’est clair que nous avons du re
tard. C’est clair que pour le bien du
Valais tout entier et pour les milliers
de touristes qui affluent ici, on de
vrait déjà être à Brigue; mais les bar
rières, ce n ’est pas nous qui les avons
posées. Le Valais n ’a pas été gâté
dans le programme des routes natio
nales, lesquelles couvrent aujour
d’hui le pays tout entier. Cependant,
il ne faut pas hésiter à relever que les
Valaisans eux-mêmes ont mis à main
tes reprises les bâtons dans les roues
des constructeurs d’autoroutes.
Trente-trois mille opposants, annon-
çait-on à l’époque; comité contre l’au
toroute Martigny-Brigue créé en
1977 avec son fameux « livre blanc»;
pétition lancée au Conseil fédéral
exigeant un nouvel examen des tron
çons contestés; cent cinquante per
sonnalités qui demandent ensuite au
Gouvernement et au Grand Conseil
de s’accorder un temps de réflexion
pour mieux planifier encore ; lutte
sans merci des écologistes; levée de
boucliers de certains agriculteurs ;
meetings, recours tout azimut; créa
tion d’une fédération valaisanne
pour une N 9 intégrée; commission
Biel, commission Bovy et que sais-je.
Il ne faut tout de même pas oublier
ça.
- J e m’empresse de préciser que, fi
nalement - et il faut avoir le courage
de le reconnaître - cette opposition a
été bénéfique dans bien des cas. Elle
a permis aux pouvoirs publics de re
voir certaines données, de corriger
certaines erreurs qui auraient été ir
réparables.
- Y a-t-il encore des adversaires de
l’autoroute?
- J’en connais peu. Les opposants
d’hier sont devenus des partenaires
avec lesquels on discute en vue d’une
meilleure intégration de la N 9 dans
le décor de cette vallée où il est diffi
cile de faire une telle omelette sans
casser quelques œufs.
La guerre des tranchées
L’affrontement fut terrible à un mo
ment donné dans ce Valais au sang
chaud. Comment ne pas se souvenir
des guérites d’entreprises incen
diées, de sabotages jamais expliqués,
des menaces d’occupation de chan
tier ou tout simplement de ce cri
lancé par un porte-parole de comité
d’opposition à Riddes, sous les ap
plaudissements d’une salle comble:
«L’autoroute ne dépassera pas Marti-
gny!»
L’atmosphère a complètement chan
gé. Le dialogue a fait place à la guerre
des tranchées. La totalité des habi
tants du Haut-Rhône, on peut le dire,
voit aujourd’hui dans une autoroute
intelligemment construite la planche
de salut du Valais de l’an 2000.
- L’autoroute pour le canton, s’écrie
M. Bomet, c’est l’artère principale, la
veine indispensable à la survie de
tout l’organisme. Un pays comme le
Valais qui se veut moderne, à l’avant-
garde, doit être vivifié par l’auto
route. Et c’est heureux que notre
Gouvernement,
unanime,
malgré
tous les soubresauts enregistrés dans
les milieux les plus divers, n ’a cessé
de militer en faveur du désenclave
ment du canton. Fini le temps d’un
Valais prisonnier de ses montagnes,
le Valais du défilé de Saint-Maurice !
Sans autoroute on ne parle plus de
tourisme de nos jours. D’ailleurs
lorsqu’il est question d’amener vers
le Valais tous les assoiffés de vacan
ces, les grandes agences touristiques,
les «tours-operator», ceux qui jon
glent avec les nuitées, qui téléguident
l’économie, ne discutent que carte en
mains... la carte des autoroutes.
Les premiers coups
de ciseau
L’année liturgique, qui commence au
début décembre, sera capitale pour
le Valais des communications. C’est
celle des premiers coups de ciseau
dans les rubans. L’heure des réalisa
tions a enfin sonné.
- Croyez-moi, cette fois on a mis le pa
quet sur l’autoroute. Les ouvertures
de tronçons vont se suivre. Je multi
plie mes visites de chantier. J’ai fait
de la N 9 mon affaire. Je dois dire que
le rythme est assez époustouflant
grâce à un groupe de coordination
que j’ai créé, groupe composé des dé
légués des services des routes natio
nales, des ponts et chaussées, de l’en
tretien des routes, de la police, de
l’environnement, etc. Fini le temps
où l’on rendait les crédits à Berne en
fin d’année.
- Les Valaisans réclament des dates.
- On en a. La principale c’est l’ouver
ture à la mi-décembre du premier
tronçon reliant Vemayaz à Martigny.
Suivra une autre ouverture en au
tomne 1982, c’est sûr, du tronçon
Martigny-Riddes. Puis, à peu près à la
même époque, je l’espère, ouverture,
sur une piste en tout cas, du tronçon
Evionnaz-Saint-Maurice, soit à hau
teur de Bois Homogène. Le premier
casse-tête reste le tronçon Riddes-
Sion toujours confié à la commission
Bovy dont le rapport est terminé, ce
qui va nous perm ettre de passer aux
actes. La priorité sera donnée immé
diatement à l’évitement de Sion et de
Sierre. Une décision capitale a été
prise en ce qui concerne Sion, puis
que l’autoroute ne sera pas aérienne
dans la plaine de Champsec mais en
terrée, comme souhaité par certains.
Avec toute la bonne volonté du
monde, je n ’arrive pas à articuler la
moindre date concernant l’arrivée de
la N 9 à Sion. Certains recours peu
vent aller jusqu’au Tribunal fédéral.
C’est un domaine qu’on ne peut pas
maîtriser, à moins d’être prophète. Je
suis décidé à bousculer les délais. On
est proche de la mise en chantier du
tronçon-tunnel qui fait trait d’union
entre Vaud et Valais. Restera ensuite
le tronçon en aval de Bois Homogène.
Il est mis à l’enquête. Des recours
sont annoncés. J’ai foi en un dialogue
qui nous épargnera une procédure
aussi regrettable qu’interminable. Il
restera ensuite la zone du fameux
Mauvoisin où deux projets sont à
l’étude. Nous appuyons le projet com
munal visant au passage de l’auto
route sous le Mauvoisin. Berne va dé
cider ces prochaines semaines en
core.
Par ici la sortie
Une donnée a surpris le Valais entier
et tous les spécialistes de la N 9: le
nombre extrêmement faible d’auto
mobilistes qui traversent le canton
sans s’arrêter. Ce taux est de 2 % seu
lement. C’est dire, du même coup,
que l’autoroute va servir d’abord aux
Valaisans eux-mêmes qui vont d’une
région à l’autre, tout comme aux tou
ristes et autres usagers qui se ren
dent de l’extérieur du canton à telle
ou telle localité valaisanne. Du même
coup, il importait de multiplier les
sorties pour que vraiment la N 9 soit
au service du canton, toute comparai
son avec les longs tronçons que l’on
connaît à l’étranger étant véritable
ment ridicule. C’est ainsi qu’on a
prévu une sortie à Martigny, bien
sûr, perm ettant l’assaut direct du
Grand-Saint-Bernard, de La Forclaz
et de toute la constellation des sta
tions de la région. Il est prévu en
principe une sortie à Saxon, une éga
lement à Conthey-Vétroz. Sion et
Sierre auront deux sorties, l’une à
l’est, l’autre à l’ouest de la ville. C’est
ce qui est projeté en l’état actuel des
choses, le cas du Haut-Valais, où les
villes seront naturellement desser
vies, restant en suspens.
- Une chose est sûre, note le «chef»,
l’autoroute à quatre pistes ira jusqu’à
Brigue et elle servira d’abord aux Va
laisans, la crainte de voir en elle une
rampe de lancement pour les voitu
res en route pour l’Italie, filant à vive
allure sous nos yeux sans s’arrêter,
étant complètement dépassée.
Ce sera notre fierté
- Le jour est proche, conclut M. Bor-
net, où les Valaisans, tous les Valai
sans, seront fiers de leur autoroute
de la vallée du Rhône, comme ils sont
fiers aujourd’hui déjà des barrages
construits jadis, des tunnels du
Grand-Saint-Bernard, Lötschberg ou
Simplon qui soulevèrent à l’époque
également de vives oppositions. Il
m’arrive souvent d’observer des hau
teurs de la vallée l’autoroute qui se
dessine tout là-bas vers le Rhône. Je
la vois avec l’œil du chef des travaux
publics, mais également du chef de
l’environnement. Je puis vous assu
rer qu’elle s’intégrera à merveille
dans le décor valaisan, à l'exemple de
l’autoroute du Léman qui fait corps
avec le paysage vaudois et ne jure pas
du tout en passant à Chillon. Le ma
riage de deux mondes, de deux épo
ques est là-bas une réussite. Nous al
lons déployer un effort particulier
pour créer des zones de verdure, des
rideaux d’abris. Il y aura des coups
d’œil qui mettront même en valeur
certains coins du canton.
L ’autoroute du fendant
Bernard Bornet, brimant un œil dé
bordant de malice, comprimant une
lèvre asséchée par nos questions, ne
cache pas en conclusion sa ferme dé
cision de faire de l’autoroute du
Rhône la carte de visite du Valais. En
plus d’un endroit, la vue sur le vigno
ble, sur les châteaux médiévaux, sur
les bourgs accrochés au coteau, sur
les quatre-mille enneigés, sera iné
dite, fabuleuse.
Bien mieux: des zones de détente, au
pays par excellence de l’évasion, sont
prévues. L’homme de la N 9 pousse
même son zèle de bâtisseur et de Va
laisan jusqu’à entreprendre des dé
marches auprès des autorités fédéra
les pour que les cantons vinicoles et
fruitiers aient la possibilité de faire
déguster aux usagers de la N 9, dans
les restauroutes qui la jalonneront,
les meilleurs produits de cette terre
promise... à commencer par le fen
dant et la dôle.
Les
quartiers-maîtres
delaN 9
Les quartiers-maîtres
de laN9
Plusieurs entrepreneurs valaisans et
non des moindres se sont unis sous
un même drapeau -«M o bival»-po u r
assurer le ravitaillement des cons
tructeurs de l’autoroute.
C’est par camions entiers qu’ils ache
minent, à un rythme endiablé, les ma
tériaux de base sur les divers chan
tiers du canton. Ce sont les quartiers-
maîtres de la N 9.
Leur P.C. se trouve à Massongex,
dans cette centrale de fabrication de
mortiers bitumineux dont les silos
géants qui se dressent dans le ciel
azuré de novembre rappellent quel
que base spaciale à l’heure des
conquêtes lunaires!
Leurs navettes à eux, leur capsule
Apollo, ce sont ces engins qui harcel
lent de leurs dents d’acier des monti
cules d’agrégats, de granulats aux di
mensions diverses qu’on va traiter à
chaud après les avoir calibrés, sé-
chés, dépoussiérés, malaxés, liés,
pour en faire l’enrobé idéal que le
grand carrousel des camions va dis
tribuer ensuite aux quatre coins du
canton.
Cette centrale, cet empire de Vul-
cain, utilise les techniques les plus
raffinées dans le domaine des maté
riaux, aussi bien en ce qui concerne
leur résistance, leur souplesse, leur
finesse, leur sécurité, qu’en ce qui
concerne la protection de l’environ
nement.
La centrale de Massongex est capable
de produire plus de cent cinquante
tonnes de mortiers bitumineux à
l’heure.
Des spécialistes, assis derrière leurs
tableaux de bord, aussi sérieux que
les gars de la Nasa, contrôlent ici l’en
robé, suivant qu’il est destiné aux
couches de fondation des artères à
grand trafic, aux œuvres d'art, aux
places de parc, aux trottoirs ou alors
aux couches de finitions du tapis des
voies à grand trafic qu’emprunteront
demain par milliers les usagers de
l’autoroute du Rhône.
Les hommes de la N 9 peuvent, sur le
font, mettre le paquet. L’intendance
suit...
-» r
, - Ì N S
l/MAISIXNS
Lettre à mon ami Fabien, Valaisan émigré
Mon cher,
Les soucieux de mon canton, investis de responsabilités au «haut niveau»,
comme il convient de le dire, ont calculé qu’il fallait «créer» quatorze mille
emplois nouveaux pour éviter l’exode des jeunes Valaisans.
Retiens d’abord le mot créer, réservé autrefois au seul Créateur de ton
catéchisme. Aujourd’hui on en attribue le pouvoir à l’Etat, qu’on a appelé
pour cela Etat-Providence.
Mais au fond, n ’as-tu pas remarqué que ce n ’est pas seulement du travail
qu’on lui demande? On compte également sur lui pour bien naître, s’ins
truire et s’éduquer, vivre largement et en bonne santé et, finalement, mou
rir dans l’aisance avec un ensevelissement décent suivi d’un beau monu
ment: du berceau jusqu’à la tombe.
Retiens aussi le mot exode, toi Valaisan émigré, qui as été faire ton mal
heur ailleurs.
Evidemment nos compatriotes ne vont plus se faire tuer pour les rois de
France ou d’Espagne. Mais ils n ’en quittent pas moins ce pays merveilleux
où il ferait si bon vivre en travaillant moins s’il ne fallait pas avoir, en sus
du gîte etydu couvert, de quoi s’offrir tous les gadgets de notre civilisation;
gadgets qui font à leur tour vivre ceux qui les fabriquent.
Et enfin, retiens le chiffre de quatorze mille. C’est aussi le nombre de nos
travailleurs saisonniers, ces hirondelles qui nous viennent chaque année.
Et alors, mon ami Pierre, qui est un pragmatique, estime avoir résolu le
problème de l’exode: que les Valaisans les remplacent et le tour est joué!
Tu vois comme tout est simple et comme tout t’invite à revenir.
D’ailleurs, au fil des ans, cela va s’arranger puisqu’il y a de moins en moins
de naissances. Fini l’exode.
L’Etat créera un office de suppression d’emplois pour faire avec les gens
que nous aurons.
Pas besoin d’économistes distingués pour préparer l’an 2000.
Dès 2020 nous vendrons d’ailleurs chèrement notre courant électrique,
une fois les concessions échues.
Cela suffira au bonheur des Valaisans. Puis ils spéculeront sur le mark et
le dollar, puisqu’il n ’y aura plus de terrains à trafiquer et qu’ils ne fauche
ront plus leurs prés.
Bon, ça suffit pour aujourd’hui. Mais réfléchis quand même à ces lende
mains qui chantent à nos oreilles.
Le mieux serait que tu te prépares à venir maintenant au pays pour les
sports d’hiver. Tu te rendrais compte sur place de toute la main-d’œuvre
qui nous manque pour faire m archer les stations, à moins que tu ne tombes
par hasard sur un Valaisan ou une Valaisanne pour te servir.
Mais je sais que tu es détaché de ces contingences. Tu ne verras que la
neige blanche, le ciel bleu, le soleil d’or et la griserie d’une descente à ski.
Ce sera le Valais de toujours, malgré tout ce qui a été entrepris pour le
transformer et tout le mal qu’on en dit.
Et peut-être, si le vin de 1981 se révèle plaisant, prolongeras-tu ton séjour.
Bien à toi.
par Eugène Gex
1 2 3 4 - 5 6 7 8 9 10 11 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 H orizontalem ent
1. Comme la vue sur le Valais quand on des cend du col de la Furka. 2. Elles vivent sous le signe du soleil. 3. Emiettées. - Dans le cirage. 4. On les crée en les jouant. - Leurs trois hié rarchies se distribuent en neuf choeurs. 5. Peu vent faire une cloison. - Lieu goûté des peintres et pour cause ! 6. Sur des plaques de Suisse sep tentrionale. - Il faut savoir où il nous blesse. - Longue durée. 7. Du Valais, on y va rapide ment par le Nufenen. 8. Son marché est resté le modèle des marchés de dupe. - Parfois pro nom. - A sa rue à Sion. 9. Martigny fut souvent sa victime. - Saint normand. 10. Point de départ d’une fabuleuse aventure. - Fut aussi le chef- lieu d’un département français. 11. Beaucoup d’entre eux vivent encore à Evolène. - Celle du peuple n ’est pas recommandable.
Verticalement
1. Dépendait, à la fin du XIVe siècle, de la châ tellenie de Saillon. 2. Elles vivent près de l’au tre bout du Rhône. - Pronom. 3. Ceux de chat s'achètent, mais pas ceux de perdrix. - Fêtait en août 1981 les septante-cinq ans de son prince. 4. Produit d’une combustion. - Noir pour les yeux. 5. Habitant d’un ancien pays de France. 6. Vieille louange. - Eu égard. 7. Deux pour César. - Un peu d’avoir. - Anet. 8. Propre à l'âne. - Accompagne le docteur. 9. Fauteuils. - Pronom. 10. Initiales aimées des Lausannois. - Sur une boussole. - Il aimait que son roi soit bien mis. 11. Audacieux. - Prolongement de la cellule nerveuse. Solution du N° 10 (octobre) 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 M E D E T T A Z ★ E A M E N D E M E N T R E N E T T E R ★ E E R 1 E ★ R ★ M A N C 1 S ★ R O L A N D O L E N ★ D E T T E T L ★ E H O INI T E ★ T 0 IM N 0 IM S ★ IM R E N ★ D U S ★ 1 N O S ★ N A X ★ V O E U ★ N E Z ★ P A S ★ X
SONS
W
DE CLOCHES
Mme Anne Lutier ru e Laffitte 5 bis F - 78600 Maisons-Lafitte
Cher Monsieur,
Une fois de plus je me fais un plaisir de vous dire combien la réception de «Treize Etoiles» m’est chère. C’est un rayon de soleil qui m’ar rive, même si le ciel des Yvelines est maus sade. Pardonnez-moi de vous le dire à ma fa çon.
Croyez que je n ’ai aucune prétention à briguer le privilège d’une petite place dans «Treize Etoiles ». Ceci est simplement une facétie per mise, je le pense, à une «jeune dame» de qua tre-vingt cinq ans!
Mon bon souvenir vous est acquis.
A. Lutier-Gross.
Enfin!
«Treize Etoiles», quand j e te reçois, J ’éprouve, j e le dis chaque fois,
Cette nostalgie un peu secrète D ’un lo in ta in passé!... Un peu inquiète, Car, s i souvent, j ’y a i cherché Le nom cher et ja m a is ou blié Pensant: «Dans cette vallée du Trient, M ais, ne se passe-t-il ja m a is rie n ? Ou bien les gens s on t-ils donc s i heureux Q u ’ils n ’a im e n t v ra im e n t pas qu'on p a rle d ’eux?» Je découvre, en Valais, ta n t de noms inconnus!... Dans ma géo, jadis, ja m a is ne les a i lus... Constatant com m ent ils v a n tent leurs beautés, D o n n a n t envie, souvent d ’y passer un été! J ’ai, j e l ’avoue, un e s p rit très chauvin. P o u rq u o i le silence de ces M a ré c o ttin s ? Sont-ils mis à l'in d e x ? devenus m uets?
P o u rq u o i «Treize Etoiles» n ’en p a rle donc ja m a is ? E n fin ! cette fois, grâce à un «encorné».
J ’y tro u v e le nom s i longtemps recherché! Le temps a beau passer, mais p o u r moi, M arécottes A la bourse aux valeurs a la plus haute cote!
A. Lutier-G ross.
La saison des prix
Prix Edmond-Troillet
Ce prix, fondé en 1977, couronne périodique ment une œuvre en prose ou en vers, éditée dans l’année, d'un écrivain valaisan ou étran ger au canton, mais dont le sujet se rapporte au Valais.
Pour 1981, cette distinction a été attribuée à Mme Roselyne König-Dussex pour «La dérai son».
A l’Académie de Lutèce
La poétesse valaisanne Marie-Antoinette Du- roux vient d’obtenir une médaille d’or pour son recueil de poèmes « Petite suite » et une mé daille de vermeil pour «Chiromancie» au concours de l’Académie internationale de Lu tèce, à Paris. L’Association valaisanne des écri vains avait déjà couronné ce dernier ouvrage. Le peintre-écrivain-poète valaisan Gilbert-Ber- nard Lathion a reçu la médaille d'or, section «lettres», de la même Académie de Lutèce, pour son livre «Alpha et oméga», à l’unanimité et avec félicitations du jury.
A la Renaissance française
Le Mérite de la Renaissance française vient d’être décerné à deux écrivains valaisans : Lu cien Lathion, d’Aproz (médaille d’or), pour son
Pensée de Vavent
M ém oire à ce verger de haut val Suspendu au vol de l’épervier D ’où l’on voit graviter les villages Du givre bleu aux flûtes de mars Que l ’étoile enfermée dans la pierre Se m ette au diapason de germer Cela se dit mourir ou renaître Pas un souffle en plus ne vient om brer La jeune herbe jouant sous les arbres
Pierrette Micheloud.
Novembre
Pénombre de l’hiver et liqueur d ’automne N ovem breJ’entends tes morts qui m ontent au Golgotha Ivrogne
Sang du passé M usique d e l ’au-delà et
Cercueils d ’astres saouls A rolles d e m ystère M artyrs de mélèze N ovem bre
Rhododendron d ’amour J’entends tes officiels au bal d ’un matin mort Sauvage
R ésine de prière Valais
Tes pleureuses sont belles e t ta vendange exquise Evêque de béton pour prêtres mécaniques Sanctus P astelle mélancolie et poix du cœ ur La b ête e st là
Sur la M ontagne Sainte Sanctus
A bsin th e du Valais ou
- patois de l ’e sp rit
maquignon des hauteurs 0 toi
N ovem bre
ivrogne e t revenant
_________Jean-Bernard Pitteloud.
œuvre d’historien et de sauvegarde du patri moine artistique, et Albert Mathier, de Mon tana (médaille d’argent), pour ses « Instantanés panthéistes» et ses poèmes sur la nature et les traditions populaires du Haut-Pays.
Marc Soutter:
Une voix authentique
«Il m’a pris trois ans, ce livre. Tous les matins de 8 à 11 heures j’étais à l’établi», me confie Marc Soutter avec une intonation qui en dit long sur la discipline de travail que doit s’impo ser tout créateur. Le résultat? «La fontaine de l’adieu», un roman de cent nonante pages, il lustré de douze dessins à la plume de Michel Roduit, avec une couverture de Franco Tamò, récemment paru aux Editions de la Tour, à Sion. Il est vrai qu’à l’origine le m anuscrit était gros de quelque huit cents feuillets. L’auteur a élagué, taillé dans le vif du texte, épuré inlas sablement jusqu’à obtenir l’essentiel et seule ment l’essentiel. Qu’en est-il advenu? Un livre émouvant dont les accents sonnent vrai; un bel ouvrage d’écriture.
Marc Soutter prend le temps d'écrire et d’éva luer chaque mot comme un musicien qui crain drait de frapper une note à côté, perturbant la symphonie.
Marc Soutter
Nos rencontres s’épicent invariablement d’un tableau où défilent misères et grandeurs du monde de la presse. Vingt ans de journalisme répartis dans nos plus grands quotidiens ro mands, cela compte mais ne marque pas forcé ment son homme car si, à plus d’un titre, on peut s’attendre au pire lorsqu’un journaliste tourne sa plume vers la littérature, Soutter est l’exception qui confirme la règle. Rien ici n ’est plus éloigné du style journalistique.
Chez nombre de contemporains la nature est utilisée comme simple élément de l’ensemble. Pour lui, elle constitue un tout dans lequel s’inscrivent les hommes et les choses. Elle seule confère une identité à l’épreuve du temps.
«La fontaine de l’adieu» regorge de poésie. Le vent dans les mélèzes, les tournesols régissant la vie du potager, un autobus, les ruelles fami lières d’un village de montagne sont, par exem ple, présentés sous le jour d'images riches, sa voureuses et ô combien insolites !
Ce qui fait que l’on revient souvent en début de chapitre pour en déguster les phrases comme une fine ambroisie. Les mots coulent naturels, simples et beaux. C'est un signe de grand art que de buriner pareillement son œuvre sans laisser paraître la moindre trace d’effort. Nous ne lèverons pas le voile de cette histoire dont la passion d’un homme face à l’indiffé rence ambiante forme la trame. Les protago nistes principaux évoluent parmi des villageois aux traits soigneusement dessinés, typiques de chez nous. «La fontaine de l’adieu» est un livre rude et tendre comme ce pays du Valais qui l’a inspiré. Un livre à lire en priorité, tant il nous interpelle tous. Souhaitons que cette première œ uvre soit suivie d’autres de semblable fibre.
Jacques Tornay.
LE
LIVRE
DU
MOIS
TESSIN Vallées et Villages
Corinna Bille,
le vrai conte de sa vie
Corinna Bille était la fille d’un peintre neuchâ- telois qui avait construit un château à Sierre. Sa mère était une jeune paysanne qui portait encore le costume valaisan. La liberté provo cante de l’artiste et les traditions montagnar des furent le double héritage dont elle est par venue à bâtir une grande œuvre littéraire.
Gilberte Favre
Ces forces contradictoires, Corinna Bille les a aussi maîtrisées dans sa vie, qui fut extraordi naire. Un vrai conte, disait-elle. Gilberte Favre est allée interroger les personnes qui ont le mieux connu l’écrivain. Elle a relu ses lettres, ses œuvres. Elle a rassemblé les entretiens qu’elle avait accordé aux revues, à la radio et à la télévision. Elle a recomposé de cette ma nière, en un simple récit, l’existence de celle qui fut princesse et bohémienne, modèle et script-girl, Parisienne élégante et fille des bois, compagne d’errance puis épouse du poète Maurice Chappaz, admirable mère de famille, observatrice émue des bêtes, des plantes, des pierres, femme de grande culture, aux immen ses lectures, exploratrice des mondes inté rieurs, notant chaque matin ses rêves, voya geuse saisie par la Russie ou l’Afrique. Les mondes qui foisonnaient autour d’elle et en elle ne l’ont pas engloutie. Elle les a domi nés en les exprimant. Elle était écrivain, à vrai dire l’un des plus grands écrivains que la Suisse aura connus en ce siècle. Elle le fut en cachette depuis son enfance. Elle l’est restée jusqu’à sa dernière heure, sans que l’épuisant travail de l’écriture, qui lui fut aussi naturel et nécessaire que la respiration, n ’altère sa bonté, son ouverture, sa grâce.
«Corinna Bille, le vrai conte de sa vie», une vie qui fut belle, est un ouvrage passionnant. Il vient de paraître aux Editions 24-Heures dans la collection «Visages sans frontières» dirigée par Bertil Galland. Ce livre compte 176 pages au format 16 x 23 cm., illustré de 230 photogra phies. Il est en vente dans les librairies, les kiosques et aux Editions 24-Heures, avenue de la Gare 39, 1001 Lausanne.
Noël dans les cantons romands
Les artisans de ce livre ont rassemblé avec fer veur et respect ce que nos cantons romands ont conservé chacun de traditions populaires, d’œuvres d’art, de témoignages, d’objets, de do cuments de toute nature. Ils racontent com ment on célébrait jadis et comment on célèbre aujourd’hui encore la fête de Noël. Du Moyen Age à nos jours, ils emmènent le lecteur par le texte et par l’image de l’Ajoie au val d’Anni-' viers, de Genève ou du val de Travers à Gruyè res ou à Château-d’Œx en passant par Valey- res-sous-Rances, le Vully, la Chiésaz ou le Cha- blais.Noël, la fête chrétienne la plus populaire, la plus simple de toutes, a pourtant connu chez nous - dans les cantons catholiques comme en pays réformé - une histoire curieusement mouvementée. Car les Eglises, soucieuses de préserver l’esprit de la fête de la Nativité, ont
freiné plus d’une fois les débordements de ré jouissances, les coutumes, voire les supersti tions que la joie de Noël suscitait dans l’imagi nation populaire.
Ces deux tendances entre lesquelles nos aïeux n ’ont cessé d’être tiraillés illustrent d’ailleurs parfaitement la nature de cette fête dont l’at trait reste vivace en chacun de nous : d’un côté la venue de Dieu sous l’apparence d’un nou veau-né pauvrement emmaillotté et couché sur la paille d’une étable; de l’autre la jubila tion causée par cette nouvelle, qui se traduit par l’humble adoration des bergers, mais aussi par l’or et l’encens des Rois mages - jubilation perpétuée, au milieu de nos longs hivers, par l’ardeur des fidèles nourris de croyances an cestrales. Et puis, même dans les cœurs et les foyers les plus détachés de la religion, Noël a la douceur unique d’une fête où le don, la fra ternité, l’amour (appelons-le comme nous vou lons) prend pour un jour la première place. «Noël dans les cantons romands », inventaire chaleureux, tantôt grave, tantôt bonhomme, de nos croyances et de nos traditions, reflète toute la richesse du cœ ur humain.
Un très beau livre, qui mérite de pénétrer dans chaque famille du pays.
H. G.
«Noël dans les cantons romands», 1 vol. relié toile sous cou verture illustrée, format 19 x 25,5 cm., 172 p., 112 illustra tions, la plupart en couleurs. Editions Payot Lausanne, avec la collaboration des Editions Ringier.
Tessin, villages et vallées
La collection «Arts et paysages de Suisse» des Editions 24-Heures vient de s’enrichir d’un nouveau titre avec la publication de «Tessin, villages et vallées ».
Un photographe, un journaliste-écrivain et un marcheur amoureux de ce canton si proche du Valais se sont unis pour créer cet ouvrage en tièrem ent illustré en couleurs. Edmond van Hoorick, photographe, vit au Tessin depuis huit ans. Caméra au point, il a sillonné cette ré gion, visitant villages et vallées dont l’extrême diversité est ignorée des touristes. Des paysa ges au charme réputé et des spectacles pleins de surprises captivent le lecteur de ce magni fique album. Dieter Bachmann, journaliste- écrivain et l’un des critiques littéraires les plus connus de Zurich, est familier du Tessin de puis son enfance. Il le décrit en connaisseur. Jean Schmid a parcouru le Tessin à pied, en tous sens. On lui doit plusieurs guides sur ce canton.
Ce livre magnifique vous perm et de pénétrer dans ce canton enchanteur. Il vous apprendra à mieux connaître un Tessin authentique, dans toute sa beauté, tel que vous l’imaginiez. «Tessin, villages et vallées», au grand format 24 x 28 cm., relié, compte 180 pages richement illustrées de 116 photographies, dont de nom
breuses sur deux pages, toutes en couleurs. Vous pouvez obtenir ce véritable programme de plain air et de beauté, en français ou en al lemand, dans les librairies et aux Editions 24- Heures, avenue de la Gare 39,1001 Lausanne.
Nos ancêtres les Sarrasins
Etonnant, amusant, tonifiant: on peut sans doute qualifier ainsi le livre de Bojen Olsom- m er consacré aux Sarrasins. Quant à lui don n er une étiquette pour le cataloguer dans un genre littéraire précis, l’entreprise est déjà plus difficile. L’auteur se défend d’écrire un ouvrage scientifique, même si les citations, les faits et les dates surabondent. On ne saurait s’y méprendre, d’ailleurs, car le ton alerte et
pi-Bojen Olsommer
quant n ’a rien de la démarche austère d’une thèse historique. C’est à la fois le panorama d’une aventure - avec l’évocation colorée d’une époque riche en hauts faits et en coups bas - et un plaidoyer en faveur d’une race trop longtemps décriée.
Mais, dans cet essai de réhabilitation, on a sou vent le sentiment que l’auteur se fait avocat plus qu’historien, qu’il en rajoute et caricature un peu les faits, pour corriger les excès de la caricature opposée, entretenue soigneuse ment depuis des siècles par une histoire ten dancieuse qui considérait les Arabes comme «les autres», dont les mauvais!
Ouvrage fort utile, qui rétablit certaines don nées et nous apprend à être prudents, face aux présentations historiques les plus tradition nelles: quant on connaît mal les faits, il est si facile de proposer des hypothèses qui embel lissent le passé de nos ancêtres en noircissant celui de leurs adversaires ! Bojen Olsommer dénonce utilement cette tendance bien ancrée dans nos habitudes et, si les Arabes furent ja dis les victimes de ce procédé peu honnête, il redore d’autant plus aisément leur mémoire qu’il souligne, du même coup, tout ce que nous leur devons, et tout d’abord une part incontes table de nos gènes!
Des croquis, des dessins illustrent ce petit li vre plein de verve et d’humour, qui relativise des événements comme la célèbre bataille de Poitiers, dépeint avec vigueur la vie brillante de Cordoue au temps des Arabes, et finit par nous faire regretter que ces braves pillards de nos vallées aient été ainsi maltraités et chassés par des Croisés trop zélés. Si l’histoire avait été ce qu’elle ne fut pas, nous y aurions gagné quelques bons siècles de civilisation!
M. V.
Bojen Olsommer: «Nos ancêtres les Sarrasins», Collection Jaune soufre, Ed. Bertil Galland, 1981.
Combien coûte la pratique du ski?
La Reka (Caisse suisse de voyage) édite pour la saison d’hiver 81/82 une nomenclature prati que des téléskis, télésièges, télécabines, télé phériques, funiculaires et chemins de fer à crémaillère de Suisse. La brochure décrit 1921 installations de 545 stations de villégiature, classées en six régions.Reka, Neuengasse 15, 3001 Berne, tél. 031/22 6633, au prix de 3 fr.
Made in Switzerland
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M. Gaétan Cassina et des membres de la Société d'hist \ du Valais romand devant le chœ ur de la cathédrale de $
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S ion c é lè b re c e tte a n n é e le 1600e a n n iv e r s a ir e de s a in t T h éo d u le. R aison p o u r la q u e lle la S ociété d ’h is to ire d u V alais ro m a n d av ait ch o isi la c a p ita le p o u r sa c e n t q u in z iè m e se s s io n ; elle e n te n d a it a in si p a r tic ip e r à l’h o m m ag e r e n d u p a r le V a lais, à tr a v e r s les siècles, à so n p r e m ie r év êq u e.
U ne p a rtie a d m in is tra tiv e et u n ex p o sé s u r le D é p a rte m e n t d u S im plon (le V a lais) e n t r e 1810 e t 1813, o n t a n im é le d é b u t de l’a s s e m b lé e d ’a u to m n e . U ne co n fé re n c e , ou p lu tô t u n d é v e lo p p e m e n t co loré, s u r s a in t T h éo d u le, p r é s e n té p a r l’a b b é F ra n ç o is-O liv ie r D u b u is, a rc h é o lo gue can to n al, a cap tiv é u n a u d ito ir e p as fo rc é m e n t s p é c ia liste e n la m a tiè re , m ais p a s s io n n é d ’h is to ire .
M. D u b u is a p r é p a r é u n e é tu d e s u r ce p e rs o n n a g e h is to riq u e - d o n t les m u lti p le s lé g e n d e s o n t à la fois d é fo rm é e t a u ré o lé le so u v e n ir - la q u e lle d o it p a r a î tr e d a n s l’é d itio n 1981 d e s « A n n ales valai- san n es» . A u ssi n o u s b o rn e r o n s -n o u s à d é c o u v rir avec lui, e t s u r les p a s d u p h o to g ra p h e , l’é ta t a c tu e l d es fouilles r é a li s é e s à Sion e n tr e 1960 et 1964. E n effet,
en 1959, à l’occasio n de la r e s ta u r a t io n de l’église S ain t-T h éo d u le, M. D u b u is en v i sag ea d ’e n t r e p r e n d r e d e s r e c h e r c h e s so u s la d ite église, e n d é p it d es m a u v a ise s lan g u es d é c r é ta n t q u ’o n allait to u t au p lu s d é c o u v rir les r e s te s d ’u n e vieille b â tisse et de sa grange.
In trig u é p a r la s itu a tio n de l’a c tu e l é d i fice, to u t com m e de celle de la c a th é d ra le d ’a ille u rs, q u i fu r e n t é rig és à l’é p o q u e en d e h o rs d es m u rs de la ville, M. D u b u is en d é d u is it q u ’il av ait d û se p a s s e r q u e lq u e ch o se à ce t e n d ro it. M ais la r é a lis a tio n de ce p ro je t n e fu t p a s ch o se aisé e . La visite d es lieux n e p e u t q u e n o u s e n c o n v ain cre. O n a a ffa ire là à u n e c ry p te q u a d ra n g u - la ire , g e n re M oyen Age, s itu é e so u s le c h œ u r de l’église p r o p r e m e n t dite, qui c o m p re n d u n sy stè m e de c o u lo irs é tro its et bas, fa is a n t le to u r de l’édifice, ta n d is q u e d e u x p o rte s p e r m e tte n t l’e n tr é e e t la s o rtie ; c a r d a n s to u s les p è le rin a g e s du M oyen Age, il s ’o rg a n isa it u n e s o r te de se n s u n iq u e p o u r la v isite. Le sol e n te r r e b a ttu e , d ’e n v iro n u n m è tre in f é r ie u r à ce lui de la nef, a é té so ig n e u se m e n t balayé, n e tto y é , e x p lo ré à la m a in . U n a u t r e co u
lo ir «galerie m é d ian e» c o n d u it a u to m b e a u . A l ’étage se tro u v e le c h œ u r et so u s l’a u te l s ’o u v re u n e n ic h e «confessio» avec u n e o u v e rtu re a p p e lé e « fen estella» ; s o rte de tr a p p e au -d e s su s d u to m b e a u , signe é v id e n t q u e le s a in t é ta it h o n o ré d a n s c ette c ry p te a u V IIIe et a u d é b u t d u IXe siècle. A u p a ra v a n t il av ait d û ê tr e e n t e r r é a ille u rs, on n e sait p a s e n c o re avec p r é c i sio n où. P e u t-ê tre e n d e sso u s. D an s les re m b la is, on a tro u v é d es d é b ris de p e in t u r e s q u i p o u r r a ie n t b ie n p r o v e n ir d ’u n e église fu n é r a ir e a n té r ie u r e . U ne tom be, vide ég alem en t, a é té d é c o u v e rte e n d e s so u s de la cry p te. Les re liq u e s a u r a ie n t p u ê tr e e x tra ite s d ’u n c im e tiè re p ré e x is ta n t p o u r se v o ir d é p o sé e s d a n s le to m b e a u de la c ry p te , celui-ci é ta n t de to u te façon de d im e n sio n tr o p r e s tr e i n te p o u r c o n te n ir u n ho m m e le jo u r de s a sé p u l tu r e . P a r u n e p a s s e re lle c o n to u rn a n t le m a ître- au tel, les v is ite u rs d é b o u c h e n t s u r la zone d u s a n c tu a ir e , c’est-à-d ire la nef, sé p a r é e du m a ître -a u te l p a r u n g ra n d m u r, le ju b é . C ette p a rtie , s itu é e so u s le c h œ u r d e l’a c tu e lle église, d é p a s s a it les lim ites
d e c e tte d e r n iè r e . O n a tr o u v é l’a m o rc e d e c e tte p ro lo n g atio n q u i la is s e ra it s u p p o s e r l’e x iste n c e d ’u n d e u x iè m e c h œ u r à l’e x tré m ité o rie n ta le de la nef, m ais les vestiges o n t é té d é tr u its p a r la c o n s tr u c tion d u XVe. Et puis, p lu s bas e n c o re , a été d écelée l’e x iste n c e de te r m e s ro m a in s : le frig id a riu m , d e s p iles de b r iq u e s d a n s le c a ld a riu m avec, a u m ilieu, la p iscin e et q u e lq u e s é lé m e n ts de m o s a ïq u e .
U n tra v a il im p o r ta n t r e s te à acco m p lir, c a r si le p la n de l’église c a ro lin g ie n n e e st facile à lire, celu i d es te r m e s l’e st b e a u coup m oins. Les fouilles, m a in te n a n t r e m ises e n c h a n tie r, v o n t p e r m e tt r e l’é tu d e de ces d e r n i e r s , e n c o lla b o ra tio n avec les arc h é o lo g u e s de M artigny.
C ar il r e s t e e n c o re de n o m b r e u x p r o b lè m es à ré s o u d r e , n o u s confie l’a b b é Du- buis, n o ta m m e n t: r e p o s e r les p ro b lè m e s p o sés (!), c o m p lé te r les fouilles q u i s e m b le n t s ’é t e n d r e b ie n a u -d elà de celles m i ses à jour.
C’est-à-d ire c r e u s e r , g ra tte r , p io c h e r, b a layer, tr ie r , classer... e n a tte n d a n t de p o u voir p u b lie r des ré s u lt a ts s c ie n tifiq u e s qui a u t o r is e r o n t à s o r tir des h y p o th è se s. R endez-vous d o n c a u x m e m b re s de la So ciété d ’h is to ire d u V alais r o m a n d e t aux a u tre s a d e p te s de l’arch éo lo g ie, v e rs 1 9 8 4 /1 9 8 5 .
Vue su r la crypte: à gauche, le tombeau sous la confessio et les éléments de base du maître-autel.
Eliette L uisier.
Un
Valaisan
\
a
Paris
La G alerie s u isse de P a ris v ie n t d ’o rg a n i s e r u n e tr è s in t é r e s s a n te ex p o sitio n c o n s a c r é e a u s c u lp te u r m o n th e y s a n A n d ré R ab o u d . F r u it d ’u n e h e u r e u s e colla b o ra tio n e n t r e M. P ie r r e von A llm en, d i r e c t e u r de la g alerie, e t les se rv ic e s c u ltu re ls d e l’E ta t d u V alais, c e tte m a n ife s ta tio n a c o n n u u n su c c è s ré jo u is s a n t. La q u a lité d e s œ u v r e s p r é s e n té e s et la s itu a tion de la G alerie s u is s e - d e r r iè r e l’église S aint-Sulpice, d a n s u n q u a r t ie r r i che e n lo c au x d ’ex p o sitio n - r e p r é s e n ta ie n t d es a rg u m e n ts so lid es p o u r a s s u r e r u n te l succès.
P o u r la c irc o n sta n c e , A n d ré R a b o u d avait eu l’id é e sage de lim ite r le n o m b r e de se s œ u v re s , afin de g a r a n tir l’u n ité de l’e n sem b le. M ieu x q u e n e l’a u r a i e n t fait u n e
ex p o sitio n p lu s d iv e rsifié e et la p r é s e n ta tio n de p iè c e s d ’é p o q u e s e t de sty les dif fé r e n ts , c e tte u n ité en gageait le v is ite u r à c o m p a r e r le s œ u v r e s le s u n e s a u x a u tr e s , e t d o n c à d é c o u v rir le ta le n t d u s c u lp te u r v a la isa n com m e c r é a t e u r de fo rm es. Q u el q u e so it le m a té r ia u u tilisé - b ro n z e , m a r b r e de C ollom bey ou de Saint-Tri- p h o n - A n d r é R a b o u d a s s ie d ses œ u v r e s s u r de ro b u s te s socles, c o m b in a n t le s fo r m e s e m b o îté e s, le s m a s s e s e t les vid e s avec u n e fo rc e p e u c o m m u n e. C e rta in e s p iè ces é v o q u e n t, l’e s p a c e d ’u n in s ta n t, d es fo rm e s fa m iliè re s. M ais ce n ’e st q u ’u n e im p re s s io n fugitive, e t l'œ il e st im m é d ia te m e n t ra m e n é à l’e ss e n tie l, à c e tte s t r u c t u r e v itale c o m b in a n t, e n les d é p a s s a n t, les m o d è les n é s de la géom
é-André Raboud
tr ie a b s tr a i te e t c e u x q u ’e n g e n d re le voi sinage d es o b je ts c o u ra n ts.
L’e x p o sitio n p ro p o s a it a u ss i u n c e rta in n o m b r e de p h o to s d ’œ u v r e s m o n u m e n ta les, q u i p e r m e tt a ie n t a u p u b lic p a ris ie n de c o m p lé te r s a c o n n a is s a n c e de l’a rtis te , g râce à la d é c o u v e rte d ’u n style to u t a u ss i rig o u re u x , m a is d o n t les lignes a r r o n d ie s c r é e n t u n m o u v e m e n t fait de so u p le s s e et de fe r m e té . C e rta in e s œ u v r e s a tte ig n e n t tro is, q u a tre , v o ire six m è tr e s de h a u te u r, com m e c e tte e sp è c e de tr ip le m e n h ir m o d e r n e q u e R ab o u d a p la n té a u x u s in e s G iovanola.
H e u r e u s e in itiativ e q u e c e tte exposition, Elle ra p p e la it u tile m e n t a u p u b lic f r a n çais q u ’e n V alais la c u ltu r e n e se lim ite p a s a u x v ins e t a u x to m a te s, m a is rim e a u s s i avec u n e a u th e n tiq u e s c u lp tu re .
v e n ta ir e de la flo re e t c a rto g ra p h ie de Ta v ég étation, in v e n ta ire d e s o iseaux, écolo gie d e s m o u stiq u es... T o u te c e tte p ro s p e c tio n s c ie n tifiq u e fait q u e la ré s e r v e de G rô n e e s t l’u n d es s ite s les m ie u x c o n n u s de n o tr e can to n . Ces d o c u m e n ts p ro u v e n t so n in c o n te s ta b le o rig in alité, la v a le u r du s ite r é s id a n t a v a n t to u t d a n s les g ra n d e s s u r fa c e s de ro s e a u x et de fo rê ts a in si qu e d a n s les v a ste s p la n s d ’e a u q u i a t tir e n t les oiseau x , p a r o p p o sitio n à d ’a u tr e s m i lieu x de p la in e, p a r e x e m p le le m a ra is d ’A rd o n -C h a m o so n c o n n u p o u r sa flore tr è s ric h e , la rég io n de F inges p o u r les p i n è d e s e t le lit sauvage d u R hône.
Les oiseaux
La re n o m m é e o rn ith o lo g iq u e de la r é s e r v e de G rô n e e s t a v a n t to u t le fait du g ra n d n o m b r e d ’o ise a u x q u e l’on y voit. A l’ép o q u e , c e r ta in s c h a s s e u rs o n t d ’ail le u r s jo u é u n rô le t r è s im p o rta n t p o u r la p r o te c tio n de ce site, r é s e r v o ir et refuge p o u r les c a n a rd s sauvages, e n p a rtic u lie r L. S tu d e r q u i a réglé, p o u r le C onseil d ’Etat, les a s p e c ts p r a t iq u e s de la m ise so u s p ro te c tio n .
C e rta in s o ise a u x f r é q u e n te n t ces m a ra is to u t a u long d e l’a n n é e , te ls les c a n a rd s co lv erts, fo u lq u e s, g rè b e s castag n eu x , p o u le s d ’ea u , h é r o n s c e n d ré s , m a rtin s- p ê c h e u rs ... d ’a u tr e s n ’y v ie n n e n t qu e Q u ’il e s t loin le te m p s où le R h ô n e p r o m e
n a it so n lit ici e t là d a n s la pla in e, e m p o r ta n t r o u t e s e t te r r e s , in o n d a n t c u ltu r e s et h a b ita ts . P e rs o n n e , h e u r e u s e m e n t, n e v o u d ra it s a c r ifie r la p r o s p é r ité actu e lle a u x f a n ta s m e s d u fleuve. La c o n se rv a tio n de q u e lq u e s té m o in s de c e tte r u d e é p o qu e e s t p o u r t a n t in d is p e n s a b le à la com p r é h e n s io n de n o tr e p a ss é , à l’h a rm o n ie de n o s p ay sages, à la ric h e s s e d e n o tr e flo re e t de n o tr e fa u n e . Q ui d ir a e n quoi u n coin de n a t u r e sauvage, u n s ite c a r a c té r is tiq u e de n o tr e e n to u ra g e s o n t si a g ré a b le s e t d é la s s a n ts .
La m ise so u s p ro te c tio n des m a ra is de P o u ta -F o n ta n e a été u n im p o r ta n t ja lo n p o u r la p r o te c tio n de la n a t u r e e n V alais. U n p r e m ie r a r r ê té p ro m u lg u é p a r le C onseil d ’E ta t v a la isa n le 5 o c to b re 1948 cla ssa it c e tte zone h u m id e site n a t u r e l p ro tég é. D e v a n t les m u ltip le s p re s s io n s e x e rc é e s s u r le site, e n p a r t ic u l ie r p a r l’e x p lo ita tio n de la g ra v iè re , le C onseil d ’E ta t d écid a, le 20 ju ille t 1960, l’a c h a t d e s p a rc e lle s in t é r e s s a n te s . D epuis, le site e s t p ro té g é e t u n e co m m issio n g ère c ette u n iq u e r é s e r v e n a tu r e lle c an to n ale. De n o m b r e u x p ro b lè m e s se p o s e n t r é g u liè r e m e n t a u x q u e ls d o it ê t r e tr o u v é e u n e s o lu tio n a d é q u a te . Cela n é c e s s ite p a rfo is d es é tu d e s s c ie n tifiq u e s et u n p e u de p a tie n c e a v a n t le s r é s u lt a ts : é tu d e s h y d ro g éologiques p o u r le rég im e des eau x ,