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Remarques sur le timbre
L. Kœnig
To cite this version:
L. Kœnig. Remarques sur le timbre. J. Phys. Theor. Appl., 1882, 1 (1), pp.525-542.
�10.1051/jphystap:018820010052500�. �jpa-00238018�
525
REMARQUES SUR LE TIMBRE;
PAR M. L. K0152NIG.
[Extrait par l’Auteur (1).]
I.
Harmoniques
et sonspartiels.
Parmi les sons dans
lesquels
peut êtredécomposée
la masse so-nore
qui
émane d’un corpsvibrant,
il fautdistinguer
les harmo-niques
et les sonspartiels.
Ces derniers prennent naissancelorsque
le corps enquestion
exécute simultanémentplusieurs
modes de vibration
qu’il
peut aussiadopter séparément,
tandisque les
harmoniques
sont dus à ladécomposition
en mouvementspendulaires simples
des oscillationsimparfaitement pendulaires
du même corps exécutant un seul mode de vibration. Les sons
partiels
et lesharmoniques
sedistinguent,
quant à leur nature,en ce que les
harmoniques représentent touj ours
la série desnombres entiers dans toute sa
pureté,
tandis que les nombres de vibrations des sonspartiels
nefon t,
enr éalité,
que serapprocher plus
ou moins de leurs valeursthéoriques.
Cette différence essen- tielle entre les deuxespèces
de sons peut être constatée dans tous les corps sonores, que leurs sonspartiels
soientanharmoniques
ou
théoriquement représentés
par des nombres de la série harmo-nique.
Pour s’assurer de la
pureté
absolue des intervallesharmoniques
des sons dont se compose le timbre des corps exempts de sons
partiels,
parexemple
celui des ancheslibres,
il suffit de désaccor- der de la valeur d’un battement deux sons fondamentaux à l’unis-son et de compter les battements des sons
supérieurs.
On con-state alors que la
fréquence
de ces derniers augmente exactement dans lerapport
des nombresexprimant
l’ordre de ces sons. Demême,
en observant lesharmoniques
de même ordre dans le con-(’ ) Le Mémoire original a été publié par M. K0153nig dans un Volume ayant pour titre : Quelques expériences d’Acoustique, p. 218-243. Paris, 1882.
J. de Pliys., 21 série, t. 1. (Décembre 1882.) 35
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018820010052500
526
cours de deux sons fondamentaux accordés exactement à l’unis- son, on les trouve
toujours,
euxaussi,
exactement à l’unisson. Aucontraire,
cette méthode d’observation étantappliquée
à des sonspartiels,
on reconnaît dans tous les casqu’ils
s’écartent des va-leurs que leur
assigne
la théorie.Des
exemples
de sonspartiels anharmoniques
sont fournis par lesdiapasons
et lesplaques.
Dans ces deux cas, on remarque tou-jours
que les sonspartiels
ne sont dans desrapports
absolument fixes ni avec le son fondamental ni entre eux, car les sons par- tiels de même rang de deuxdiapasons
dont les sons fondamen-taux sont à l’unisson donnent
toujours
des battementsplus
oumoins
rapides.
Demême, lorsqu’on
a mis exactement à l’unis-son les sons de deux
plaques correspondant
à la mêmefigure,
ilse trouve encore
qu’elles
ne vibrentplus
à l’unisson pour d’autresfigures.
Des sons
partiels qui théoriquement
coïncident avec les harmo-niques
sc rencontrent d’abord dans tous lestuyaux d’orgue; mais,
dans les tuyaux ouverts comme dans les
tuyaux fermés,
ilss’écartent notablemen t des nombres de la série
harmonique,
enlaissant reconnaître une surélévati on
qui
augmenteprogressive-
ment avec l’élévation de leur rang, par
rapport
aux nombres decette série.
Déjà
Wertheim a fait remarquer que, en déterminant leson fondamental d’un
tuyau
par l’un de ces sonspartiels,
on obtienttoujours,
pour lcpremier,
un nombre d’autantplus grand qu’on
a fait usage d’un
harmonique plus
élevé. J’ai trouvémoi-même,
avec un
tuyau
de2m,33
delongueur
et de o’n,12 delargeur
et deprofondeur, -que
l’excès du huitième sonpartiel sur l’harmonique, correspondant
s’élevaitdéjà
àprès
d’uneseconde,
de sortequ’il
coïncidait presque avec
l’harmonique
g.Les sons
partiels
des cordes coïncidentaussi, théoriquement,
avec les
harmoniques,
et ici encore on constate des écarts de lapureté
absolue desintervalles, qui,
à lavérité,
sont très faiblespour des cordes
métalliques longues
etminces,
et nepeuvent
être observésqu’avec
difficulté. Eneffet,
lacorde,
abandonnée à elle- mêmeaprès
avoir étéexcitée, parcourt
presquetoujours
une or-bite
elliptique,
d’où résultent des variations d’intensité du son,qui
rendent à peuprès impossible
la détermination de diflérences de hauteur trèspetites
par le moyen des battements avec un dia-527 pason
auxiliaire,
et le même mode de mouvement seprête
mal àl’observation au moyen du
microscope
du comparateuroptique.
Il n’en est
plus
de mêmelorsqu’il s’agit
de cordesqui remplissent
moins bien les conditions
théoriques
d’un filélastique
sansépais-
seur, telles que les cordes à
boyau
des instruments musicaux.Prenons encore un fil d’acier très
mince,
de 1 m delongueur,
etfixons à peu
près
au tiers de salongueur
une boulette de cire dela grosseur d’une tête
d’épingle ;
cette faibleirrégularité
artificielleproduira déjà
une altération sensible des intervallesharmoniques
des sons
partiels,
etsi,
ayant accordé une autre corde d’acier à l’unisson decelle-ci,
nous excitons dans les deux cordes des sonspartiels
de même rang, nous constatonsqu’ils
battent d’une ma-nière très
distincte;
demême, après
avoir mis à l’unisson deuxsons
partiels
de même rang, nous trouverons que les sons fonda-mentaux ne sont
plus
d’accord. Or lesirrégularités qui
existentdans la forme aussi bien que dans la densité des cordes à
boyau
sont
toujours beaucoup plus
sensibles que cetteirrégularité
localeque nous avons
provoquée
artificiellement dans iine corded’acier,
car entre les deux moitiés d’une corde de violon on constate sou-
vent des différences d’un demi-ton et même d’un ton entier. Il est
donc
permis
de supposer que dans les cordes àboyau
des instru-ments musicaux les sons
partiels s’éloignent toujours
sensible-ment des intervalles
harmoniques
purs.Quand
le son fondalnental d’une telle corde estaccompagné
d’un des sonspartiels,
la formedu lnouvement vibratoire de la corde devra donc
éprouver
unchangement continuel,
et c’est cequ’on
observe eneffet,
si l’oninscrit ce mouvement d’une manière directe.
La
fig.
ireproduit
uneinscription
de ce genre. Elle a été ob- tenue avec une corde d’acier danslaquelle
avaient été excitéssimultanément le son fondamental et
l’octave ;
ces deux sons nes’éloignaient
ici que très peu de1 intervalle juste,
maiscependant déjà
assez pour montrer nettement lechangement progressif
de ladifférence de
phase.
Afin de faciliter l’insertion dans le texte de lalongue ligne qui représente
cetteinscription,
on l’adécoupée
icien
cinq
tronçonssuperposés.
D’autresexemples
de la transforma- tionprogressive
du mouvement vibratoire de cordesqui
donnentsimultanément
plusieurs
de leurs sons propres se rencontrentparmi
les nombreusesinscriptions
des mouvements de cordesexcitées par l’archet
qui
ont étépubliées
par M. A. Neumann(1).
Or, si,
comme le montrent toutes cesinscriptions,
l’existence simultanée du son fondamental et d’un ou deplusieurs
sons par- tiels provoque, dans les cordesqui
ne satisfont pas aux conditions d’une cordeidéale,
des mouvements vibratoiresqui changent
con-tinuellement de
forme,
il s’ensuit évidemment que, dans le cas où les vibrations successives de ces cordes neprésentent
pas de telschangements,
mais s’écartent néanmoins de la forme d’une sinus- oïdesimple,
cet écart ne peut être attribué à la coexistence d’une série de sonspartiels,
et que la corde doit vibrer dans toute salongueur
sans subdivisions.En
général,
les vibrations d’un corpsqui
n’émetqu’un
seul deses sons propres s’écarteront d’autant
plus
de la vibration pen-Fig. i. - Incription des vibrations d’une corde donnant le son fondamental et l’octave.
dulaire
simple,
et son timbre se composera, enconséquence, d’harmoniques
d’autantplus
nombreux etplus forts,
que les am-plitudes
de ses oscillations serontplus
considérables parrapport
àsa section transversale. Ainsi les
harmoniques
desdiapasons
nepeuvent
s’observer quelorsque
ces derniers ont des brancheslongues
et minces etqu’ils
vibrent avec desamplitudes
relative-ment très
grandes;
tandis que, dans lesdiapasons
courts, àbranches
épaisses,
lesharmoniques
sont si faiblesqu’il
devientimpossible
de les constater. Les cor des faisant d’ordinaire des(1) Bulletin de l’Acade’,nie des Sciences de Yienne, j87o, t. l, fig. 1-4.
529 oscillations d’une
amplitude
trèsgrande
relativement à leurépais-
seur, et l’effet de l’archet
qui
les excite devant yproduire
un mou-vement
vibratoire
bien différent d’un mouvementpendulaire,
iln’y
a rien d’étonnant à ce que leur timbre renferme presque tou-jours
desharmoniques
nombreux et d’unegrande intensité, qui
ne doivent pas
plus
être confondus avec les sonspartiels,
que lesharmoniques
très fortsqui
existent dans le timbre d’une anche libre ne sont dus à une subdivisionquelconque
de l’anche. Cela.
ne veut
point dire, évidemment,
que les vibrations des sons par- tiels nepuissent
accompagner dans les cordes celles du son fonda-mental,
etcontribuer,
pour unelarge
part, à leurtimbre; grâce
àla facilité avec
laquelle
les cordes un peulongues adoptent
unmode vibratoire avec
subdivisions,
c’est même cequi
arrivera trèssouvent, surtout
lorsque
les cordes sontfrappées
oupincées.
Cependant
les considérationsqui précèdent
montrent que l’on nedoit pas confondre ces sons avec les
harmoniques qui
résultent dela
décomposition
en vibrationspendulaires simples
des vibrationsqui répondent
à un seul son propre de lacorde,
ainsiqu’on
lefait habituellement.
II.
Influence
de ladifférence de phase
(lesharmoniques
sur le tÙnbrc.
Si le timbre n’était
produit
que par le concours des sons par-tiels d’un corps
vibrant,
iln’y
aurait pas lieu des’occuper spécia-
lement de l’influence des différences de
phase,
lechangement
continuel des différences de
phase
entre les sonscomposants
étant
précisément
cequi
caractériserait unpareil mélange
de sons.Mais les
harmoniques
danslesquels
sedécomposent
les vibrations isoléesqui s’éloignent
des vibrationspendulaires
forment des in-tervalles
parfaitement
purs, et c’est là cequi
faitl’importance
dela
question
de l’influence des différences dephase
pour la théorie dutimbre,
car il est clair que, si cette influenceexiste, l’hypo-
thèse
qui
avait cours avant les travaux de 1lI. Helmholtz sur cesujet,
etd’après laquelle
le timbredépend
de la forme des vibra-tions,
devra êtreconservée,
tandis que, si cette influence n’existe pas, on seraobligé
de la modifier comme l’a fait M.Helmholtz,
530
en admettant que le même timbre
peut
résulter de formes trèsdiverses,
pourvu seulement que cesformes, décomposées
en vibra-tions
pendulaires simples,
donnent les mêmes sonsélémentaires,
avec les mêmes intensités.
Pour déterminer l’influence de la différence de
phase
des sonssupérieurs
sur letimbre, j’emploie
la sirène à ondesqui
m’a serviprécédemment
pour l’étude des battements des intervalles harmo-niques (4).
J’appelle
sirène cc oizcies unappareil
où un courant d’air est di-rigé
par une fente étroite contre une courbe ondulatoire de formequelconque, découpée
dans une feuille decuivre,
à peuprès
comme, dans la sirène
ordinaire,
ondirige
un courant par des ou-vertures circulaires contre des trous
également
circulaires. La courbe enquestion
pourra être construite etdécoupée
soit sur unesurface de
cylindre
tournant autour de son axe, soit sur le contourd’un
disque.
Dans lepremier
cas, la fente duporte-vent
devra êtreparallèle
à l’axe ducylindre,
dans le second elle devra êtredirigée
suivant le rayon du
disque.
J’avais d’abord
entrepris,
dans le courant des années1867
et1868,
la construction d’unegrande
sirène à seize sons harmo-niques simples,
danslaquelle
les sonssimples
s’obtenaient enfaisant passer le courant d’air d’un sommier
cylindrique,
par d’étroites fentesverticales,
contre les ouverturesdécoupées,
enforme de
sinusoïdes,
dans uneenveloppe cylindrique qui
tournaitautour du sommier. Ce
procédé, indiqué
parmoi,
pour faire naître des ondulations d’une forme donnée(et
enparticulier,
comme dans le cas
présent,
des ondulationspendulaires),
a étédéjà
mentionné par M.Terquem
dans son Mémoire sur le timbredes sons
produits
par des chocs discontinus et enparticulier
par la sirène(2),
etl’appareil
enquestion,
surlequel je
reviendrai dansune autre
occasion,
a étéexposé
pour lapremière
fois àLondres,
en
1872.
Quelques
annéesplus tard,
M.T0153pler (3)
a eu recours à un ar-tifice
amalogue
pourobtenir,
avec lasirène,
des mouvementspério-
Voir Journal due Physique, Ire série, t. X, p. 408.
(i) Annales scientifiques de l’École Normale supérieure) t. vil, p. 32; 187°.
(3) Annales de Poggendorff. Jubelband, 1874, p. 498.
531
diques
de l’air d’une formedonnée,
ensoufflant,
nonplus
par desfentes contre des ouvertures distribuées suivant une certaine loi
ou des bords
découpés
ensinusoïdes,
mais par des orifices con- struits suivant de telles lois contre des fentesqui blissaient
surces orifices.
La sirène à ondes peut être
employée
de deux manières pourproduire
un timbrecomposé
d’une séried’harmoniques
détermi-Fig. 2. - Sirène à ondes pour la production des sons de battements.
née. On
peut,
soit exécuter d’avance lacomposition
des sinusoïdesqui correspondent
à cesharmoniques
et souffler contre la courbeainsi obtenue
(fig. 2),
soit construire les sinusoïdessimples qui correspondent
à chacune de cesharmoniques,
et souffler simulta-nément contre les courbes en
question
de manière àproduire
en532
même
temps
les diversharmoniques qu’il s’agit
de combiner(fig. 8).
Pour toutes les courbes que
j’ai
construites en vue desexpé-
riences
d’après
lapremière méthode,
lalongueur
de la sinusoïdedu son fondamental était de
Om, 84 ;
les courbes résultant de lacomposition
desharmoniques
ont été ensuite réduites par lapho- tographie
aux dimensions convenables. Cescourbes, découpées
dans le contour de bandes de laiton
qui s’appliquaien t
sur desroues, tournaient devant les fentes du porte-vent en communica- tion avec un vaste réservoir d’air et
pouvant
être ouvertes à volontéen appuyant sur des Louches.
Dans les
fig. 3, 4, 5, cliaque ligne
horizontalecontient,
ré-Fig. - Courbes résuhant de la superposition de sinusoïdes qui représentent
de::, bons harn10niqllcs de même intensité.
duites à une échelle
plus petite, quatre
courbes obtenues par lacomposition
des mêmes sinusoïdesharmoniques,
coïncidant res-peclivenlenL,
àl’origine,
auquart,
à la moitié et aux troisquarts
de leurlongueur;
dans cequi suit, je distinguerai
cesquatre
casen disant
simplement
que la différence dephase
est o,1 4, 1 2, 3 4. Au-
dessous de
chaque
courbe sontindiqués,
avec leurs intensités res-pectives (J),
lesharmoniques qui correspondent
aux sinusoïdesdont elle a été
composée.
Dans lafig. 4
c,d,
la lettre Hsignife
la hauteur absolue des sinusoïdes combinées.
Toutes les courbes ont
dû, nécessairement,
êtredécoupées
dansles
bandes,
defaçon
que leurs sommets devenaient des creux, et les creux des sommets,puisque
ce sont les creuxqui,
en décou-533
vrant les
fentes, produisent
les maxima d’intensité des ondesaériennes,
tandis que lesparties
saillantes les rétrécissent et pro- duisent les minima. En ne tenant pas compte de ce renversement descourbes,
on peut facilement setromper
d’une vibrationsimple
dans l’évaluation de la différence de
phase,
de manière à con-fondre,
parexemple,
une combinaison de sinusoïdes àphases 1 4
avec une combinaison à
phases ’.
En n’associant d’abord au son fondamental que
l’octave,
avecune intensité
égale,
on obtient le son leplus
fort pour la diffé-Fig. 4. - Courbes résultant de la superposition de sinusoïdes qui représentent des sons harmoniques dont l’intensité décroit régulLèremcl1L.
rence de
phase 1 4,
leplus
faible pour laphase 3 4,
les intensités moyennescorrespondant
auxphases
oeu
En combinant les huit
premiers harmoniques,
avec des inten- sitéségales (fig. 3a),
les différences d’intensité et de timbre deviennent encoreplus
sensibles pour les quatrephases
enquestion.
La masse sonore a leplus
de force et d’éclat pour laphase ’11,
le moins de f orce et leplus
de douceur pour laphase -1,
lesphases
oet ; correspondent toujours
à desqualités
moyennes.
Fig. Superposition d’une série de sinusoïdes qui représentent harmoniques sans différence de phase.
Fig. 6. - Superposition d’une série de sinusoïdes qui représentent des sons harmoniques avec différence de phase 1 4.
Dans la combinaison des sons 1,
3, 5,
7, avec intensitéségales (fig.
3b),
la forme des ondes est la même pour les différences dephase
o et2,
et pour lesdifférences 1 4 et 3 4
Dans ce dernier cas,on obtient un son fort et
nasillard;
dans leprelnier,
un son trèsfaible, plus
doux et moins nasillard.On
conçoit qu’il
n’est pas facile de donner unedescription
exacteet claire de ces différences de
timbre;
mais onpeut,
faute demieux,
comparer le timbre variable du même son fondamental à tellesvoyelles,
dont la ressemblance avec le timbre enquestion
est aisément constatée
lorsqu’on
cherche à lereproduire
en chan-tant.
Ainsi le timbre obtenu par la combinaison des
harlnoniques
I,
3, 5, 7 pouvait,
pour une certaine hauteur du sonfondamental,
être
comparé
à unae, qui
serapprochait
d’unÉ quand
la diffé-rence de
phase
étaitzéro,
et d’un Aquand
eileétait §.
Des timbres comme ceux
qui
viennent d’êtreétudiés,
où tousles
harmoniques
ont la même intensité que le sonfondamental,
nesont
probablement jamais produits
directement par les corps so-nores que l’on rencontre dans la nature;
lorsqu’on
a besoin de lesemployer
enmusique,
on se les procure enproduisant
simultané-ment une série de sons
harmoniques,
comme dans lesregistres
mixtes de
l’orgue.
Ce ne sont donc pas, à
proprement parler,
destimbres,
maisplutôt
desmélanges
de sons. Il arrive très souvent, aucontraire,
que les corps sonores naturels
produisent
des timbres où l’in ten- sité desharmoniques
décroîtrégulièrement
suivant une loi déter-minée ;
c"est le cas des anchesqui
ne sont pas surniontées detuyaux
derésonance,
des cordesqui
ne donnentqu’un
seul deleurs sons propres, des
diapasons
à brancheslongues
et trèsminces, qui
vibrent avec degrandes amplitudes.
Les courbes
qui
résultent de la combinaison des sinusoïdes cor-respondant
à une telle série de sons, d’intensitérégulièrement
dé-croissante,
deviennenttoujours
finalement deslignes
ondulatoires d’unaspect
trèssimple, qui
montent et descendentpériodique-
ment. L’échelle considérable à
laquelle j’ai
construit lesépures
de mes courbes m’a forcé d’aller
jusqu’à l’harmonique
1 1quand
l’intensité des
harmoniques
étaitsupposée
en raison inverse de leur rang(fig. 4 a),
pourapprocher pratiquement
de cette forme537
simple
de la courbe résultante(’ ). Mais,
en diminuanttoujours
demoitié les intensités relatives des
harmoniques
successifs, la formesimple
étaitdéjà pratiquement
réalisée en arrivant au son 6. Lacourbe obtenue par cette dernière combinaison n’a pas été indi-
quée
dansla fig. 4,
parcequ’elle
diffère si peu de laprécédente (fig. 4cz)
que, vu lapetitesse
del’échelle,
la différence eût été àpeine
visible.Ces combinaisons
d’harmoniques
d’intensité décroissante ont encoreprésenté,
comme lesmélanges d’harmoniques
d’intensitéségales,
le maximum de force et d’éclat pour la différence dephase 1 4,
le minimum pour ladifférence 3 4,
les différences oet t
cor-respondant
auxqualités
moyennes.Avec les courbes
fig’. 4c,
obtenues par lacomposition
d’unesérie de huit sinusoïdes
harmoniques
dontl’amplitude
absolue di- minue de moitié d’unharmonique
ausuivant,
on arrive à des ré-sultats tout
semblables,
c’est-à-dire que lesphases 1 4 et -1
corres-pondent respectivement
au maximum et au minimum de force etd’éclat.
Les timbres
(fig. 4
b ete), composés
exclusi veInent d’harnlo-niques
de rangimpair,
ontplus
de force et d’éclat pour la diffé-rence de
phase § ou 3 4
que pour laphase
o ou2.
Une troisième
catégorie
est formée par les sonscomplexes
oitles
harmoniques,
au lieu d’offrir des intensitésrégulièrement
dé-croissantes,
sont alternativementplus
forts etplus
faibles.Cette
espèce
de sons n’est pas d’ordinaireproduite
directement par les corpsvibrants,
mais résulteplutôt
du renforcement acci- dentel dequelques
termes d’une séried’harmoniques régulière-
ment décroissante par la résonance d’un corps
étranger;
c’est cequi
alieu,
parexemple,
pour lestuyaux
à anche munis depavil- lons,
ou pour la voix humainequi,
née dans lelarynx,
est modi-fiée par la résonance de la masse d’air confinée dans la cavité buc- cale. A ces sortes de sons
complexes répondent
les courbes cz,1,
c( ftg. 7), pour la
constructiondesquelles j’ai
attribué aux har-moniques
les intensitésqu’ils possèdent, d’après
M.Auerbach,
(1) Les fig. 5 et 6 sont les réductions, obtenues par la photogravure, des ta- bleaux originaux, qui montrent la formation des courbes de la fig. 4 (a et b ) par la superposition des sinusoïdes.
538
dans les
timbres
desvoyelles OU, 0, A,
le son fondamental étantl’Ut2’
àsavoir,
l’intensité totale de la masse sonore étantprise égale
à I oo,
Je n’ai étudié ces trois timbres
qu’avec
les différences dephase
oet i, et j’ai toujours
trouvé le sonplus
fort etplus
strident pourFi g. 7. - Courbes résultant de la superposition de sinusoïdes qui représentent
des sons harmoniques dont l’intensité ne suit pas une loi régulière.
la
phase t que
pour o ;cependant
la difl’érence n’était paségale-
ment sensible dans les trois cas; elle était le
plus
sensible dans lepremier
cas, et le moins dans le dernier..1 II. Les résultats fournis par la seconde méthode coïncident très bien avec ceux que nous venonsd’exposer.
Je n’entrerai ici dansaucun détail et
je
me bornerai à ladescription
del’appareil
quej’ai employé
dès1867
et 1868. Il devait être mii par un mouve-539
ment
d’horlogerie;
il avait, donc fallu donnerbeaucoup
delégèreté
à la
partie
tournante,qui
consistait dans uncylindre
creux,percé
d’ouvertures dont les contours étaient
découpés
ensinusoïdes,
etFig. 8. - Appareil pour les recherches sur le timbre des sons par la synthèse.
je
l’avais exécutée enaluminium;
dansl’appareil
nouveau, la lé-gèreté
a été sacrifiée à la soliditéindispensable.
Il estreprésenté
dans
la fig. 8,
sans lesupport
où se trouvent levolant,
la mani-velle eu la
pédale.
540
Les sinusoïdes
qui représentent
les seizepremiers harmoniques
sont
découpées
dans les contours de seize anneaux de laiton dont les diamètres vont en croissant dupremier
audernier,
etqui
sontfixés,
à depetites
distances les uns des autres, sur un cône de fonte àgradins,
vissé lui-même sur un axe. Le mouvement de rotation fait passer ces courbes devant les fentes desporte-vent,
dont ellesreçoivent
lejet
d’air.Lorsclu’on souffle,
par une fenteperpendiculaire,
contre unesinusoïde
simple,
on entend un son faible et trèsdoux, qui
sembleavoir tout à fai t le caractère d’un son
siniple ; mais,
dès que la fenteest un peu
inclinée,
le son devientplus
fort etplus strident,
etpour une inclinaison convenable de la fente il
prend
le timbreFig. g. - Figure qui montre comment se modifie l’onde qu’on produit dans l’air quand on soufle contre une courbe découpée par une fente étroite, selon l’incli- naison de cette fente.
d’une anche
libre,
c’est-à-dire un timbre pourvud’liarmoniques
très sensibles. En
effet, quand
la sinusoïde défile devant la fente normale ab(fig. 9), la
lumière de la fente varie exactement sui-vant la loi du
sinu s ; mais, lorsqu’elle
passe devant la fente inclinéeab’,
la lumière varie suivant une loi trèsdifférente,
et les chosesse
passent
comme si la fente verticale cxb défilait devant la courbec e’ g’ i’ ... ,
que l’on obtient en coupant la sinusoïde par les droitesdc, Iii,
... ,parallèles
à ccb’ et menant par
lespoints d, f, la,
...les
perpendiculaires de’, fg’, hi’,
..., delongueur égale
aux seg- mentsde, jg, hi, ....
Lechangement
d’intensité et detimbre,
dû à une inclinaison de la fente à droite ou à
gauche
de laverticale,
se manifeste si vite et avec une telle
netteté,
que laposition
con-541 venable pour la
production
d’un son a peuprès simple
peut êtredéterminée,
dans des limites trèsétroites,
sansregarder,
par lejugement
de l’oreille.Les porte-vent sont montés sur une
plaque
oii ils peuventglis-
ser dans des rainures
concentriques,
pour obtenir les différences dephase quelconques
entre les diversharmoniques.
On les dé-place
à l’aide deplaques découpées
en forme depeigne qu’on
fixesur un levier
qui
peut tourner autour du centre del’appareil,
etcontre les dents
desquelles
les porte-vent sontpressés
par des rubans de caoutchouc. Le levier étant amené à un certainniveau,
tous les
porte-vent
se trouventplacés
dans les situations respec- tives déterminées d’avance par la forme dupeigne.
Les
porte-vent communiquent
avec un sommier par des tuyaux de caoutchoucqui n’empêchent
pas leursdéplacemenus,
et le cou-rant d’air
qui
estenvoyé
dans lestuyaux,
enappuyant
sur les touches duclavier,
traverse, dans l’intérieur dusommier,
destrous que des tiroirs
permettent
de fermerplus
ou moins com-plètement
afin derégler
à volonté l’intensité des sons.Pour donner
plus
de force au sonfondamental, qui, produit
parune seule
fente, paraît
d’autantplus
faiblequ’il
estplus
grave, on peutdiriger
le vent contre sa sinusoïde non seulement par une fentedisposée
comme les autres, mais encore par quatre tubes fixés sur un même sommierqui communique
directement à la soufflerie par untuyau spécial.
On peut obtenir des sons
qui
s’écartent des intervalles har-moniques
etpermettent
d’imiter les sonspartiels,
en fixant les porte-vent sur un levier mobile autour du centre de l’axe del’appar eil,
et en faisant marcher ce dernier dans le sens de la rotation des anneaux, si l’on veut baisser les sons des courbescontre
lesquelles
onsoufile,
ou en senscontraire,
si l’on veut lesélever.
L’appareil
est monté sur un solide support enfonte,
et mis enmouvement à l’aide d’un volant que l’on fait tourner à la luain par
une
manivelle,
ou bien en appuyant lepied
sur unepédale.
Oncommence par le faire tourner très doucement à la
main, puis
onaugmente
progressivement
la vitesse de rotationjusqu’à
ce que les sons aient atteint la hauteurvoulue ;
il devient alors facile de maintenir cette vitesse au moyen de lapédale,
et l’on réussitJ. de Phys., 21 série, t. I. (Décembre 1882.) 36
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même à la conserver
remarquablement
constante,grâce
aupoids
considérable du cône de fonte.
En
résumé,
cequi
ressort avec évidence des recherches quej’ai
exécutées soit par la
première,
soit par la secondeméthode,
c’estla loi suivante :
Le son
complexe
obtenu par lacomposition
d’une série de sonsharmoniques,
de rangpair
aussi bien que de rangimpair,
a tou-jours,
toute abstraction faite de l’intensité relative des harmoni- ques, le maximum de force et le timbre leplus plein quand
lacoïncidence des
phases
a lieu à desondulations,
le minimumde force et le timbre le
plus
douxquand
la coïncidence a lieuaux ’
desondulations ;
les sonscorrespondant
aux différences dephase
oet 2
sontcompris
entre ces deuxextrêmes,
sous le doublerapport
de l’intensité et du timbre.La
composition
d’une série de sonsharmoniques pris
dans lasérie des nombres
impairs
donne le même son pour les différences dephase 1 4 et
et aussi le même son pour les différences oet 1 2 ; mais,
clans lepremier
cas, le son estplus
fort etplus
éclatant que dans le second.Si donc le timbre
dépend
en effetprincipalement
du nombre etde l’intensité relative des
harmoniques
danslesquels
onpeut
ledécomposer,
l’influence de la différence dephase
de ces harmo-niques
n’est pas tellement faiblequ’on puisse
lanégliger complè-
tement. Il sera
permis
de dire que, si deschangements
dans lenombre et l’intensité relative des
harmoniques
donnent lieu à des différences detimbre,
tellesqu’on
les remarque dans les insuru-ments
appartenant
à des famillesdifférentes,
ou telles que lesmontre la voix humaine dans les différentes
voyelles,
leschange-
ments de la différence de
phase
entre les mêmesharmoniques
sont encore
capables
deproduire
des différences de timbre au moins aussi sensibles que cellesqu’on peut
constater dans des instruments de la mêmeespèce
ou dans les mêmesvoyelles
chan-tées par des voix différentes.