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Déterminisme de la surface des vaisseaux du bois des chênes indigènes (Quercus robur L, Quercus petraea Liebl). Effet individuel, effet de l’appareil foliaire, des
conditions climatiques et de l’âge de l’arbre
F Huber
To cite this version:
F Huber. Déterminisme de la surface des vaisseaux du bois des chênes indigènes (Quercus robur L, Quercus petraea Liebl). Effet individuel, effet de l’appareil foliaire, des conditions climatiques et de l’âge de l’arbre. Annales des sciences forestières, INRA/EDP Sciences, 1993, 50 (5), pp.509-524.
�hal-00882862�
Article original
Déterminisme de la surface des vaisseaux du bois des chênes indigènes (Quercus robur L,
Quercus petraea Liebl). Effet individuel,
effet de l’appareil foliaire, des conditions climatiques
et de l’âge de l’arbre
F Huber
INRA, station de recherches sur la
qualité
des bois, 54280Champenoux,
France(Reçu
le 17juin
1992;accepté
le 6 avril 1993)Résumé — Les résultats de 2 études concernant le déterminisme de la surface individuelle des vaisseaux du bois initial de chênes
indigènes
de France(Quercus
robur L et Quercuspetraea Liebl)
sont
rapportés :
l’une a été menée sur 15jeunes
chênespédonculés (3 ans)
de provenance «Vallée de l’Adour», surlesquels
la surface individuelle des vaisseaux de lapremière rangée
formée auprin- temps
a été mesurée ; l’autre a été menée sur 37 chênes adultes (200 ans environ, sans distinctiond’espèces)
surlesquels
l’ensemble des vaisseaux du bois initial a étépris
en considération : sur 17 années pour le boisjuvénile
et 20 années dans le bois adulte. Les résultats obtenus peuvent se ré-sumer de la
façon
suivante :- chez les
jeunes plants :
l’effet del’âge
cambial est hautementsignificatif ;
les vaisseaux de l’annéequi
suit celle de l’ablation des feuilles ont une surface moindrecomparée
à celle du lot témoin ;- chez les arbres adultes : dans le bois
juvénile,
les variations dues à l’arbre lui-même et àl’âge
cambial sont de même
importance ;
ellesexpliquent
à elles deux 67% de la variabilité totale. Dans le bois adulte, l’effet de l’arbre à lui seulexplique
60% de la variabilité totale. L’effet de l’année calen- daire, bien quesignificatif, n’explique
que 4% de la variabilité totale ; une corrélation faible mais si-gnificative
existe entre la surface individuelle des vaisseaux et l’une des donnéesclimatiques
étu-diées
(températures
maximales des mois d’automneprécédant
la formation desvaisseaux).
Aucunerelation
significative
entre la surface individuelle des vaisseaux et lalargeur
des cernes n’a été miseen évidence dans le bois adulte
(niveaux
inter- etintra-arbre).
Quercus
petraea
/ Quercus robur / anatomie / bois initial / vaisseaux / variabilitéSummary —
Determination of the area of vessels in theearlywood
ofindigenous
oaks inFrance
(Quercus
roburL,
Quercuspetraea Liebl).
Effects related to individual trees, foliar cover, climatic conditions and cambial age. The results of 2 studies on the individual area of ves-sels in the
earlywood
ofindigenous
Oaks in France(Quercus
robur L and Quercuspetraea Liebl)
are
reported:
one was carried out on 15 young Pedunculate oaks(3
yrold)
from the AdourValley,
inwhich the vessels of the first row formed in
early spring,
were measured; the trees had beensubjec-
ted to 3 defoliation treatments; the other was carried out on 37 adult Oaks
(about
200 yr old, withoutdistinguishing
thespecies)
in which all the vessels of theearlywood
were measured: for 17 yr for thejuvenile
wood and for 20 yr for the adult wood. The results can be summarised as follows: in youngplants,
the effect of cambial age ishighly significant
and the vessels formed in the yearfollowing
defo- liation have a smaller area than those of the control; in thejuvenile
wood of adult trees the individual effect and the cambial age of the tree areequally important, together they explain
67% of the total va-riability.
There is a low butsignificant
correlation between the individual area of the vessels that weretaken into account, and one of the climatic results. No
relationship
between vessel area andring
inthe adult wood have been observed
(inter
and intratreelevel).
Quercus petraea / Quercus robur /
anatomy
/early
wood / vessels /variability
INTRODUCTION
Ainsi que l’a
souligné Polge (1984),
la va-riabilité
anatomique
du bois de chêne indi-gène (Q
robur L et Qpetraea Liebl)
estconsidérable.
Cette variabilité est
probablement
àl’origine
despropriétés technologiques
va-riées
et,
par voie deconséquence,
desemplois
diversqu’il
est fait de ce matériau.Ces remarques ont conduit à 2
types
de recherche :-
impact
de cette anatomie sur lesproprié-
tés
technologiques,
sur les défauts et surl’aspect esthétique
de cebois ;
- déterminisme de cette anatomie avec
pour
objectif
de tenter de la maîtriser no- tamment par voiegénétique.
Parmi les éléments
anatomiques,
lesvaisseaux du bois initial sont apparus
comme
importants.
Citons à ce propos
quelques
références.Marchal
(1983)
a montré que le dia- mètre des vaisseaux est corrélé defaçon significative
etpositive
à l’écarttype
del’épaisseur
desplacages
tranchés.Pechmann et Aufsess
(1973)
ont fixé à0,4
mm le diamètre maximal des vais-seaux pour l’obtention d’un
placage
dequalité.
En
1986,
Savill a mis en évidence le fait que la surface moyenne des vaisseaux du bois initial était le seulparamètre
corréléde
façon positive
etsignificative
à lapré-
sence de fente dans les grumes, alors
qu’aucun
des autresparamètres pris
enconsidération
(nombre
de vaisseaux par unité desurface, largeur
du boisinitial,
lar-geur de cerne et
largeur
des rayons li-gneux)
nepermettait
de différencier defaçon significative
unepopulation
d’arbresà fentes
fréquentes
d’unepopulation
d’arbresexempts
de ce défaut.Ces résultats ont été corroborés par les travaux de Cinotti
(1990) qui
a montré luiaussi que la taille des vaisseaux était
parmi
lescaractéristiques anatomiques
celle
qui
différenciait leplus
nettement les arbresgélivés
des arbres sains.Avant même de soupçonner le rôle que
pouvaient
avoir les vaisseaux sur les pro-priétés
dubois,
certains facteurs avaient été retenus commepouvant expliquer
lavariation de la taille de cet élément.
i)
L’environnement : les travaux d’Eckstein et Frisse(1979)
ont montré que le climatexpliquait
unepart importante
de la varia- bilité de la taille des vaisseaux. Ces résul- tats sont contrecarrés par les travaux de Savill et Mather(1988,
communication per-sonnelle).
Cependant
ces auteurs ontmontré,
comme Flechter
(1975),
que pour les an- nées dont le climat est«exceptionnel»
lataille maximale des vaisseaux est faible
comparée
à celle des années dites nor- males.ii) L’appareil
foliaire : l’influence exercée par les feuilles sur la formation du bois afait
l’objet
d’études aux résultatsparfois
controversés.
D’après
Gradwell(1974),
il semble que la mise enplace
du bois initial et par voie deconséquence
des vaisseaux soit condi- tionnée par laprésence
des feuillesjusqu’en
automne. Huber(1982)
montraitque l’élimination des éléments
chlorophyl-
liens par les
hannetons,
c’est-à-dire dès le débourrementprintanier,
était sans in-fluence sur la
proportion
des vaisseaux du bois initial et sans influence sur l’accroisse- ment de ce dernier. Enrevanche,
l’accrois-sement du bois final.était moindre les an-
nées de défoliaison.
Malphettes (1990)
n’observe pas de réelle diminution de pro- duction
ligneuse
les annéesd’attaque
debombyx.
Mais il faut noter que ces in- sectesattaquent
les feuilleslorsque
celles-ci sont
déjà
bien formées et n’ont alorspeut-être plus
un trèsgrand
rôle sur la for- mation du bois.iii) L’âge
du boiscompté
parrapport
à lamoelle : ce sont les travaux de Gasson
(1984, 1987) qui,
lespremiers,
ont mis enévidence le fait que, durant la
phase juvé- nile,
la taille des vaisseauxaugmentait
defaçon
linéaire avecl’âge
cambial. Par la suite ces résultats ont été confirmés par Savill et Mather(1988,
communication per-sonnelle).
iv)
L’individu lui-même : cette variabilité avait d’ailleurs étésoupçonnée
pour d’autresparamètres
que les vaisseaux(Polge et Keller, 1973).
En
comparant
les 2espèces
de chêne(Q petraea
Liebl etQ
roburL),
Savill et Mather(1988,
communicationpersonnelle)
ont montré que le
rapport
des 2 diamètres(tangentiel
etradial)
des vaisseaux ne dif- férait pas entre les 2espèces,
maisqu’en
revanche à l’intérieur desespèces
il y a un effet de l’individu hautementsignificatif qui,
en ce
qui
les concerne,expliquait
23% dela variation totale. Des travaux
plus
ré-cents de Kanowski et al
(1991)
ont mis enévidence l’héritabilité de la surface moyenne des vaisseaux très élevée.
Il est évident que, si
l’importance
tech-nologique
de la taille des vaisseaux du bois des chênesindigènes
était tellequ’elle
rendrait incontournable leurprise
en
compte
ensélection,
il est aupréalable
nécessaire de bien en connaître le déter- minisme.
Face aux propos
parfois
contradictoires desauteurs,
et en absence de travaux concernant le déterminisme de la taille desvaisseaux,
nous avonsentrepris
diffé-rentes études dont nous
rapportons
ici lesrésultats.
La
première
a été conduite sur desplants
de chênepédonculé (Q
roburL)
deprovenance connue : vallée de l’Adour.
Pour ces travaux
qui
concernaient l’étude de l’effet del’appareil
foliaire sur les vais-seaux de
jeunes plants âgés
de 3 ans,nous nous sommes affranchis de l’effet de la concurrence, du
climat, etc,
dont il estparfois
difficile de faire lapart lorsque
l’on considère des arbresadultes,
en travaillanten
pépinière.
La seconde étude nous a
permis
denous intéresser à la variabilité
individuelle,
à l’effet de
l’âge
cambial et de lalargeur
decerne sur la taille des vaisseaux dans le bois
juvénile
et dans le bois adulte des mêmes arbres. Deplus
sur le boisadulte,
nous avons testé l’effet du climat.
L’ensemble de cette étude est considé- ré comme une
première étape
en vued’envisager
lapossibilité
d’une sélectionportant
sur lespropriétés
du bois dechêne.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Nous avons étudié la surface des vaisseaux du bois initial de chênes
indigènes
sur dejeunes plants
et sur des arbres adultes.Le tableau
I présente
lespoints
traités pour chacune de ces 2expériences.
Toutes les mesures ont été réalisées à l’aide d’un
analyseur d’image
en utilisant des pro- grammesspécifiques
mis aupoint
à la stationde recherches sur la
qualité
des bois(Aubert,
1987; Hofmann,1987).
L’ensemble des don- nées a étéanalysé
à l’aide des modules de cal- culstatistique
dulogiciel
Statitcf.Les tests
statistiques, analyse
de variance (testF)
et corrélation (r) ont été mis en oeuvresur la moyenne
arithmétique
de la surface des vaisseaux calculée cerne par cerne pour cha- que individu.Expérience sur jeunes plants :
variabilité individuelle et effet de
l’appareil
foliaireMatériel
végétal
et traitementL’étude a été menée
uniquement
sur deschênes
pédonculés (Q
roburL).
Cesplants,
issus de
glands
de provenance de la vallée de l’Adour, ont été élevés enpépinière (pépinière
d’Amance,Meurthe-et-Moselle).
Au cours de la 2e année, à la mi-août, 15
plants
ont été sélectionnés etrépartis
en 3 lotsde 5
plants
dontl’aspect,
la taille(hauteur
etdiamètre du
collet)
étaientcomparables
à l’inté-rieur de
chaque
lot et entre les lots.À
cette même date, des traitements diffé- rents ont étéappliqués
sur chacun de ces lots.Les traitements ont été les suivants :
- 1er traitement : les
plants
ont été totalement défoliés ;- 2etraitement : les
plants
ont étépartiellement
défoliés ; la moitié des feuilles, en nombre, a été enlevée.L’ablation a été réalisée de
façon homogène
sur toute la
longueur
de latige.
Ceci est d’autant
plus
vrai que dans le cas de ce 2etraitement, comme dans le cas des 2autres, nous n’avons observé aucune vague de croissance en hauteur
après
la date des diffé- rents traitements de défoliaison ;- 3e traitement : les
plants
ont été conservés in- tacts(lot témoin).
Au cours du mois de novembre de leur 3e année de
végétation,
c’est-à-direaprès
une sai-son en
pépinière
où ils n’ont subi aucun traite-ment et ceci
quel
que soit le lot, les 15plants
ont été arrachés aux fins de mesures.
Mesures réalisées
Les mesures ont été réalisées à
partir
decoupes
microscopiques
de 12 μmd’épaisseur, pratiquées transversalement
dans unfragment
de
tige prélevé
à 3 cm au-dessus du collet.Pour
chaque plant,
nous avons mesuré 20 vaisseaux par année devégétation
soit 900 autotal (20 vaisseaux par année de
végétation
x 3années de
végétation
x 5plants
par traitement x 3traitements).
La limite entre le bois initial et le bois final n’est pas bien
marquée
dans le bois des 3 an-nées les
plus proches
de la moelle comme elle l’est dans un boisd’âge
cambialplus
élevé(fig 1).
C’est
pourquoi,
afin d’éviter une erreur dans la délimitation de chacun des bois(bois
initial -bois
final),
nous n’avons mesuré que les vais-seaux de la 1re
rangée,
c’est-à-dire ceuxadja-
cents au bois final de l’année
précédente
ou auxylème primaire
pour la 1 reannée cambiale.Expérience
sur arbres adultes :variabilité
individuelle,
effet de la
largeur
de cerne, et de l’année calendaireMatériel
végétal
et méthodeL’étude a été menée sur les chênes des forêts de Bride et Saint-Jean
(Moselle),
sans distinc-tion
d’espèces (Q
robur L etQ petraea Liebl).
Sur 37 arbres, arrivés à
l’âge d’exploitabilité
200 ans
environ),
nous avonsprélevé
unfrag-
ment de bois à la base de la bille, en évitant le bois de
l’empattement,
soit à une hauteur ap-proximative
de 1 m à 1,30 m àpartir
du sol.À partir
deradiographies
de barrettes de 1,5 mmd’épaisseur (Polge,
1966), nous avons mesuré la surface des vaisseaux du bois initial ainsi que lalargeur
des accroissements an-nuels.
Ces mesures ont été réalisées d’une part sur les 20 derniers cernes les
plus proches
del’écorce (année 1960 à 1979
inclusivement),
etd’autre part sur les 17 années les
plus proches
de la moelle en excluant les 3
premières
an- nées, pour les raisonsévoquées
auparagraphe
«Mesures réalisées».
Il faut
rappeler
que, dans cette étude portantsur les chênes adultes, nous n’avons pas distin-
gué
les chênespédonculés
des chênes rouvresqui
se côtoient dans ces forêts.Pour cette raison, nous avons
préféré
mesu-rer la surface de ces éléments
anatomiques plu-
tôt
qu’un
diamètre, car la surface ne tientcompte
d’aucunparamètre
de formeauquel
ladistinction entre les 2 variétés de chêne fait
appel (Walker, 1978).
Notre choix est conforté par les travaux de Savill et Mather (1988, com- municationpersonnelle) qui
ne trouvent pas de différence au niveau de la surface des vais-seaux entre les 2
espèces
de chêne.Données
météorologiques
Pour la
période
de 1960 à 1965, nous avons uti- lisé les données del’aéroport
deNancy-
Tomblaine,qui
est situé à unevingtaine
de kilo-mètres des forêts de Bride et de Saint-Jean;
pour la
période
de 1966 à 1979, nous avons re- tenu celles du Centre de recherches forestières deChampenoux.
Ne
disposant
pas de relevés pour unepé-
riode commune aux 2 postes, nous n’avons pu les comparer.
Cependant
nous avonspensé
que le climat différait peu entre les 2 localités : elles sont distantes de 10 km et situées à même altitude.
Les données dont nous
disposions
étaient :- les
précipitations journalières exprimées
enmm;
- les
températures
maximales et minimalesjour-
nalières
exprimée
en °C.Nous avons
regroupé
ces données en 53pé-
riodes
climatiques
dont la durée variait de 2 à 14 mois.RÉSULTATS
ET DISCUSSIONExpériences
menéessur jeunes plants Importance
de la variabilité individuelle de la surface despremiers
vaisseauxformés dans le bois initial
Cette étude n’a été menée que sur les 5
plants
du lot témoin afin d’éviter toute inter- férence avec les traitements de défoliaison.Le tableau Il
qui présente
les résultats del’analyse
de variance montre un effet del’âge
cambial hautementsignificatif.
Les différences de surfaces sont
impor-
tantes : 5 570
μm 2
la 1 reannée,
16 670 et32 340
μm 2
pour les 2e et 3e années(ta-
bleau
IV).
Ces résultats confirment
globalement
ceux de Gasson
(1984,
communicationpersonnelle)
et de Savill et Mather(1988,
communicationpersonnelle).
Ils montraient que, dans laphase juvénile,
la taille des vaisseauxaugmentait
defaçon
trèsimpor-
tante avec
l’âge
du cambium.Mais,
contrairement aux résultats de Savill et Mather citésprécédemment,
nous n’avonspas trouvé d’effets dus à l’arbre.
Toutefois rappelons
que nous n’avons travaillé que sur 5 arbreshomogènes
etque nous n’avons
pris
encompte qu’une partie
de l’ensemble des vaisseaux du bois initial(ie
ceux de lapremière rangée
dubois de
printemps).
Importance
del’appareil
foliairesur la taille des
premiers
vaisseauxformés dans le bois initial
Sur le tableau
III,
nous voyons que la sur- face des vaisseaux est sous ladépen- dance,
à la fois del’âge
du cerne et du trai- tementappliqué.
Le tableau IV de
comparaison
de moyennes montre que :- chez les
plants
totalement défoliés(trai-
tement
1)
la surface des vaisseaux aug-mente peu et de
façon
nonsignificative
avec
l’âge
du cerne, elle estcomparable
àcelle rencontrée la 1re année chez les
plants
des 2 autreslots ;
- l’absence de feuilles se marque sur la 3e année des
plants :
la surface des vais-seaux des
plants
défoliés estsignificative-
ment
plus petite
que celle des arbres in- tacts et que celle des arbrespartiellement défoliés;
- la surface des vaisseaux est peu affec- tée par une ablation
partielle
dufeuillage.
Nous pouvons donc penser que les vaisseaux des chênes ne
répondent qu’à
une modification très
importante
de lamasse de leur
feuillage.
Il faut remarquer, sans
qu’aucune hypo-
thèse ne soit
émise,
que dès la 2e année les arbres témoins avaient des vaisseaux de surfacesignificativement plus impor-
tants que les arbres
ayant
subi une défo-liaison,
alors que celle-ci n’était intervenuequ’après
la formation des vaisseaux. Une remarqueanalogue
est faite dans l’étude de l’effet calendaire sur la taille des vais-seaux. Il semblerait que des facteurs exté- rieurs aient un effet rétroactif sur le bois
(Bazerque, 1974).
Expérience
menée sur arbres adultesImportance
de la variabilité individuelle de la surface des vaisseauxdu bois initial
Étude
dans le boisjuvénile
La surface moyenne des vaisseaux de
chaque
arbre calculée sur 17 années est extrêmement variable d’un arbre à l’autre(fig 2).
Sur le tableau
V,
nous voyons que les surfaces des vaisseauxpeuvent
passer dusimple
autriple :
11 164μm 2
chez l’arbreayant
lesplus petits
vaisseaux contre 34 988μm 2
chez l’arbreprésentant
lesvaisseaux les
plus importants. C’est-à-dire,
en admettant que les vaisseaux soient de section
circulaire,
un diamètre de 119 μm à 211 μm.L’analyse
de varianceprésentée
dans letableau VI montre que la variabilité est contrôlée par l’arbre mais aussi par
l’âge
du cerne. Ces 2 effets
expliquent respecti-
vement 35 et 32% de la variabilité totale
(tableau VIII).
La surface des vaisseaux du bois initial du côté
juvénile apparaît
donc sous un contrôle assez étroit del’individu,
cequi
est une condition nécessaire pour soup- çonner un facteur
génétique,
et del’âge
ducerne
puisque
ces 2 facteurs à eux seulsreprésentent
67% de la variabilité totale.Ce
pourcentage
est unminimum, l’analyse
de variance est une
analyse
à 2 facteurssans
répétition
et l’effet de l’interaction indi- vidu x année se trouve ainsi inclus dans la variance résiduelle.Il existe une relation linéaire
(r
=0,983,
test
significatif
au seuil de1‰)
entre lasurface moyenne annuelle des vaisseaux et
l’âge
du cerne(fig 3).
Les résultats que nous avons obtenus
sur des chênes adultes et sur de
jeunes plants,
enrappelant
que chez ces derniersnous ne
prenions
encompte
que la pre- mièrerangée
devaisseaux,
sont compa- rables à ceux obtenus par Gasson(1984,
communication
personnelle)
et Savill etMather
(1988,
communication person-nelle).
Ces auteurs montraient quel’aug-
mentation de la taille des vaisseaux se
produisait jusqu’à l’âge
de cerne de 20 anset
parfois
bien au-delà. Dans lepeuple-
ment que nous avons
étudié,
lafigure
4montre d’ailleurs que les vaisseaux n’ont pas encore atteint leur «dimension adulte»
à
l’âge
cambial de 20 anspuisque
à cetâge
la surface moyenne des vaisseaux est de 22 148μm 2
alors que, dans le bois situé auvoisinage
del’écorce,
elle est de 57 494μm 2 (tableau V).
Dans le bois adulte
La surface moyenne des vaisseaux de
chaque arbre,
calculée sur 20 ans, est elleaussi extrêmement variable entre les indi- vidus
(fig 5).
Sur le tableau
V,
nous voyons que cette valeurpeut
passer dusimple
au doublepour les arbres extrêmes.
La variabilité que nous
présente
le ta-bleau VII est due pour 60% à l’effet de l’arbre et 4% seulement à l’effet de l’année calendaire
(tableau VIII).
La
part
de l’effet arbre est iciimportante,
il
paraît
difficile de ne l’attribuerqu’à
l’ab-sence de distinction entre les 2
espèces
de chêne
(Savill
etMather, 1988,
commu-nication
personnelle).
Il faut aussi remarquer que l’effet de l’arbre est
plus important
dans le boisadulte que dans le bois
juvénile :
nousconstatons en effet que dans ce dernier
cas la
part
de variabilité due à l’arbre est de 35% contre 60% dans le bois adulte.Effet de la
largeur
de cerne sur lasurface des vaisseaux du bois initial L’étude de la corrélation entre la surface des vaisseaux et la
largeur
des cernes aété réalisée à «différents
niveaux»,
quenous
définissons ci-dessous.- Niveau arbre : nous avons calculé la cor-
rélation entre la surface moyenne des vais-
seaux et la
largeur
de cerne moyenne cal- culée pourchaque
arbre. Cette corrélationnous
permet
de savoir si la vitesse moyenne de croissance en diamètre d’un individu est lié à la surface moyenne deses vaisseaux.
Dans le bois
juvénile
comme dans lebois
adulte,
nous avons obtenu un coeffi- cient r calculé sur 37couples.
- Niveau
«âge» (bois juvénile)
ou«caiendaire»
(bois adulte) :
nous avonscalculé la corrélation entre la moyenne des surfaces des vaisseaux et la moyenne des
largeurs
de cernes calculéesâge
parâge
dans le bois
juvénile
ou année calendaire par année calendaire dans le bois adulte.Dans le bois
juvénile
nousdisposions
donc de 17
couples
et de 20couples
dansle bois adulte.
- Niveau «années calendaires décalées»
pour le bois adulte
uniquement :
les vais-seaux du bois initial de l’année n se met- tent en
place,
en absence de toutefeuille, grâce
aux réservesemmagasinées
par l’arbre au cours de l’année devégétation précédente
soit l’année n-1(Wareing, 1951). Pour
cette raison la corrélation aété calculée sur les données décrites
comme
ci-dessus,
mais la corrélation a été calculée entre lalargeur
de cerne del’année n-1 et la surface des vaisseaux de l’année n soit 19
couples
de données.Les corrélations
largeur
de cerne-surface des vaisseaux au niveau «année»
ou
«âge» peuvent
nousindiquer
si lesconditions
climatiques (effet
«année calen-daire»)
oul’âge depuis
la moelle ont uneinfluence favorable ou défavorable sur la surface des vaisseaux d’un cerne à l’autre à l’intérieur d’un individu.
Dans le bois
juvénile
Le tableau IX montre que dans le bois
ju-
vénile les individus à croissance
rapide
nesont pas ceux
présentant
des vaisseauxspécialement
gros oupetits.
Nous constatons que, si nous nous
pla-
çons au niveau
«âge»,
la surface des vais-seaux est corrélée de
façon significative
etnégative
à lalargeur
de cerne moyenne(fig 3). Lorsque
lalargeur
de cerne aug-mente,
la surface des vaisseaux diminue de manière très nette.Il faut remarquer que la surface moyenne des vaisseaux
augmente
avecl’âge
cambialquelle
que soit la fourchette danslaquelle
évolue lalargeur
de cerne(fig
6a etb).
Dans le bois adulte
Le tableau IX montre que, dans le bois
adulte,
lalargeur
des cernes et la surface des vaisseaux du bois initial sont 2 para- mètresindépendants
tant au niveau«arbre»
qu’au
niveau«calendaire» ;
c’estun résultat
analogue
à celuiqu’avait
trouvéSavill
(1986)
au niveau «calendaire».Il vaut d’être noté que nous n’avons pas
non
plus
mis en évidence de corrélation entre la surface des vaisseaux de l’annéen et la
largeur
de cerne de l’année n-1comme
pouvaient
le laisser supposer les travaux deWareing (1951).
Effet de l’année calendaire sur la taille des vaisseaux du bois initial
dans le bois adulte
Le tableau VIII nous avait
indiqué
que l’effet del’année,
bien quen’expliquant
que 4% de la variabilité totale de la surface des vaisseaux du bois initial
(contre
60%pour l’effet
arbre),
étaitsignificatif.
Nousavons cherché les facteurs
climatiques qui pouvaient expliquer
ces effets(discrets)
de l’année calendaire.Cette
étude, qui
est différente de celle de l’effet del’âge
cambial n’a été réalisée que sur le bois adulte(tableau I).
En toute
rigueur,
nous devons considé-rer que, dans notre cas, l’effet de l’année est un effet résultant de la combinaison de l’influence du climat et des traitements
syl-
vicoles.
Dans notre étude nous n’avons pas pu différencier ces 2 effets.
Toutefois,
lesarbres
provenant
de 6parcelles
diffé-rentes,
nous pouvons considérer que des effetssystématiques
de lasylviculture
nesont pas à craindre pour
expliquer
l’effet calendaire.En
revanche,
une influence du climatsur la surface des vaisseaux
peut
êtresoupçonnée.
Le climat
auquel
nous avons à faire est un climatsemi-océanique,
où la moyenne desprécipitations était,
pour lapériode étudiée,
de 733 mm d’eau par an, la moyenne destempératures
maximales de11,4
°C et destempératures
minimales de1,1
°C.Les
précipitations
étaientréparties
uni-formément sur l’ensemble des mois de l’année. Il faut noter 2 années
plutôt
sèches : 1964 et 1976 et 2 années hu- mides : 1970 et 1979.
Entre le mois d’août de l’année n-1 et le mois de
juin
de l’année n, nous avons pro- cédé à 54regroupements qui
allaient de 1 à 14 mois pour chacune des 3 données cli-matiques
suivantes : latempérature
maxi-male,
latempérature
minimale et lespréci- pitations.
Nous avons ensuite calculé les coeffi- cients de corrélation entre la surface des vaisseaux de l’année n de l’arbre moyen et la moyenne des données
climatiques
re-groupées,
c’est ainsi 162 coefficientsr qui
ont été calculés
(54 regroupements
x 3données
climatiques).
Les corrélations entre les
paramètres
du climat et la surface des vaisseaux ne sont pas
significatives
àl’exception
d’uneseule
qui
lie la surface des vaisseaux auxtempératures
maximales de lapériode
deseptembre
à décembre de l’annéeprécé-
dant leur formation
(r = 0,530,
ddl17,
seuil designification 5%) :
auxpériodes
froides deseptembre
à décembre de l’annéen-1,
semblentcorrespondre
des vaisseaux de surface un peuplus
faible(ceci
est relati-vement bien
apparent
pour1969).
Nos résultats sont différents de ceux de Eckstein et Frisse
(1979) qui
écrivaientque la variation de la taille des vaisseaux était influencée par les
précipitations.
Au
regard
de lafigure 7,
la taille des vaisseaux en 1976 est difficilementexpli-
cable par la moyenne des
températures
maximales deseptembre
à décembre de l’annéeprécédente qui
n’était pasparticu-
lièrement basse.
Cependant
Savill et Mather(1988,
com-munication
personnelle)
montrent que,certes,
l’effet du climat influe sur la taille desvaisseaux,
maisqu’en 1976, malgré
lasécheresse
enregistrée
aussi en Grande-Bretagne,
les vaisseaux ont une taille peu différente de ceux des autres années.Dans notre étude nous ne pouvons
peut-être
pas attribuer cette faible surface des vaisseaux à lasécheresse,
car elles’est
produite
en étélorsque
les vaisseaux étaientdéjà
formés.(Il
fautrapprocher
cette observation de celle faite au
chapitre
«Importance
del’appareil
foliaire sur lataille des
premiers
vaisseaux formés dans le boisinitial».)
CONCLUSION
L’objectif
de cette étude était de mieux connaître le déterminisme de la surface des vaisseaux du bois initial des chênesindigènes (Q
robur L et Qpetraea Liebl).
Ces
éléments,
assez peu étudiésjusqu’ici,
avaient en effet étéremarqués
comme
influençant
certainespropriétés technologiques
de ce bois. En mieux connaître le déterminisme était donc unecondition nécessaire pour
espérer
mieuxles maîtriser.
À
la lumière de cestravaux,
ilapparaît
que la surface des vaisseaux est peu mo- difiée par l’environnement.
Sur les
plants
de 3 ans, seule l’ablation totale des feuilles a une influencesignifica-
tive sur leur
surface ;
chez les arbres adultes seules lestempératures autom-
nales
agissent
sur ceséléments,
mais de manière peusignificative.
Cependant
la surface des vaisseaux nedemeure pas constante tout au
long
de lavie de l’arbre. Elle évolue très sensible-
ment en fonction de
l’âge
cambial dans laphase juvénile
de l’arbre. L’évolution estsans doute due à une
programmation
en-dogène
difficile à contrecarrer.Une remarque
s’impose
et c’est unpoint important qui
ouvre leplus d’espoir
en ma-tière de sélection : la variabilité individuelle
(entre arbres)
est tout à fait considérablejusque
et ycompris
dans le boisjuvénile.
Nous allons
poursuivre
cette étude ennous intéressant à la relation entre la sur-
face des vaisseaux du bois adulte et du bois
juvénile,
afin de voir si une sélectionjuvénile
estpossible
et àquel âge
mini-mum celle-ci
peut
intervenir.Des travaux
similaires,
déterminisme et liaisonjuvénile adulte,
seront aussiprésen-
tés au
sujet
d’autrescaractéristiques
ana-tomiques.
REMERCIEMENTS
Ce travail a été réalisé avec la collaboration
technique d’É
Varcin et PGelhaye
queje
remer-cie.
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