• Aucun résultat trouvé

la nouvelle lettre RENDEZ-VOUS DE LA REFORME

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "la nouvelle lettre RENDEZ-VOUS DE LA REFORME"

Copied!
8
0
0

Texte intégral

(1)

la nouvelle lettre

Directeur de la publication : J. GARELLO Commission Paritaire : 0411G87909

ISSN : 1951-4727

N°956 du 28 Avril 2008 Hebdomadaire 1 €

EDITORIAL

RENDEZ-VOUS DE LA REFORME

Je vous parle cette semaine encore de réformes, mais l'actualité m'y oblige. Je voudrais commenter d'une part le rendez-vous que Nicolas SARKOZY a donné jeudi dernier aux Français, d'autre part le contexte politique qui entoure cette intervention, enfin et surtout ce que les libéraux réunis en Assemblée Générale de l'ALEPS pensent de la réforme.

En quête de popularité, de lisibilité et de crédibilité, le Président s'est présenté aux Français dans un style qui se voulait plus conventionnel, plus maîtrisé. Il a joué sur la corde de l'humilité, reconnaissant les erreurs commises ; il en a confessées beaucoup. Bien évidemment ces erreurs sont portées au débit de la communication, ce qui n'est pas tout à fait faux puisqu'on a assisté ces derniers mois à une belle cacophonie ministérielle, mais ce qui n'est pas tout à fait vrai puisqu'il s'agit d'erreurs de fond, comme l'obstination à considérer le Grenelle de l'environnement comme une grande chose alors que c'est une stupidité coûteuse et vraisemblablement sans lendemain (heureusement).

A mes yeux (atteints sans doute de myopie libérale), les erreurs d'orientation sont toujours lourdes et nombreuses, soit que les vraies réformes ne figurent pas dans les 55 évoquées par le Président, soit que les positions présidentielles soient à contre sens de ce qu'il faudrait dire et de ce qu'il faudrait faire. Pour la réforme de la Sécurité Sociale, on ne va pas plus loin que des artifices de financement pour l'assurance maladie (assortis d'une dose supplémentaire de médecine socialisée, remise entre les mains des Préfets à travers les Agences Régionales de Santé) et on considère le recul de l'âge de la retraite et le travail des seniors comme des solutions, alors qu'ils ne servent qu'à pérenniser le système par répartition en demandant aux Français de se payer eux-mêmes leurs retraites tout en continuant à cotiser à l'URSSAF. Je ne vois pas non plus d'évolution visible dans le domaine de l'Education Nationale, en l'absence de toute mesure tendant à instaurer autonomie et concurrence des établissements primaires, secondaires et universitaires.

Pour le reste, le Président est toujours décalé par rapport aux réalités de l'entreprise et de la mondialisation. Il persiste à opposer entrepreneurs et spéculateurs, à vouloir "moraliser" le capitalisme alors que c'est l'étatisme qu'il faut moraliser, et à inventer un "modèle social européen"

dont aucun de nos partenaires ne veut, et pour cause : les peuples ont besoin de liberté, pas de modèle.

Dans tout cela, je ne vois pas les instruments d' une thérapie de choc, et la tortue des réformes risque de se hâter lentement, comme depuis un an. Faut-il s'en étonner ? Il n'y a pas de souffle ni d'expression libérale dans la classe dirigeante actuelle. Il y a sans doute quelques parlementaires libéraux, je m'en réjouis et je les rencontre avec plaisir – eux aussi ne croient guère au lièvre des réformes. Mais un seul ministre, Hervé NOVELLI, se réclame ouvertement du libéralisme. Avec le groupe des réformateurs, en quête de reconnaissance au sein de l'UMP, il avait organisé pour le 6 mai prochain un "rendez-vous de la réforme", mais on lui a demandé de mettre fin à cette velléité d'autonomie – qui aurait pu passer pour une sécession – et la manifestation prévue se fera sous un chapeau différent : celui de l'UMP. Les libéraux ont donc juste le droit de se taire. Cette absence totale d'un courant libéral dans la vie politique française est dramatique, elle constitue une exception française et laisse la voie libre aux aventures étatistes et socialistes. Les peuples ont besoin de réformes libérales, pas de mesures étatistes.

(2)

EDITORIAL

Il existe fort heureusement des libéraux qui ne sont pas condamnés à se taire ou à se cacher : ce sont ceux qui se retrouvaient à l'occasion de l'Assemblée Générale de l'ALEPS, jeudi soir dernier également. En dépit des vacances parisiennes, et de la rude concurrence de l'émission de TF1, nous nous sommes trouvés quatre vingt. En tenant compte de la qualité, voilà une force de frappe intellectuelle remarquable, que pourrait nous envier n'importe quelle formation politique si d'aventure elle avait besoin d'intellectuels, et se mettait enfin à penser. Autour de Pascal SALIN, Président du jury du Prix du Livre Libéral, une dizaine d'auteurs ont pris la parole pour résumer le contenu et le message de leurs œuvres respectives et toute la palette de la réflexion libérale a été couverte, depuis la philosophie (Yvan Blot, lauréat, Jean Philippe Delsol), jusqu'à l'analyse politique (Victoria Curzon-Price, Jean Michel Fourgous, Mathieu Laine), en passant par l'histoire économique (Gérard Minard, Fred Aftalion), la Sécurité Sociale (Georges Lane) ou l'écologie (Christian Gérondeau). Ces écrits devraient être les véritables guides des réformes. Voilà un rendez- vous avec les réformes qui avait un sens, qui permettait de juger notre pays par comparaison avec ses partenaires, qui soulignait le caractère éminemment social de la politique libérale, porteuse de promotion et d'harmonie, et qui préfigure les réformes du futur.

Nous le savons : il n'y aura pas de réforme vraie et durable autre que libérale. "Faisons la liberté, la liberté fera le reste", disait l'ami Jean Marc Varaut. Rendez-vous avec la liberté.

Jacques Garello

Conjoncture

ETATS-UNIS :

QUELLE POLITIQUE ÉCONOMIQUE EN 2009 ?

Nous allons abandonner la conjoncture immédiate, pour nous tourner vers l’avenir. En novembre, les Américains vont élire leur nouveau président, qui entrera en fonction en janvier 2009. Sa politique économique sera déterminante pour le monde entier, car les Etats-Unis restent la première puissance économique mondiale et ils sont en situation délicate, avec la crise des subprimes et la récession. Si on connaît le nom du candidat républicain, on ignore encore quel sera son challenger. Mais les deux candidats démocrates ont sur le plan économique des programmes assez proches. Le clivage sera clair entre les candidats des deux camps, et ce choix engagera l’Amérique et le monde pour longtemps.

Keynésianisme démocrate

Ce qui frappe dans cette campagne, c’est la diversité des sujets : politique étrangère, l’Irak bien sûr, mais aussi l’Iran, le Proche-Orient, la Russie, la Chine, les questions de société (avortement, mariage gay,…), le rôle de la religion. Au départ, les questions économiques paraissaient secondaires, dans un climat de prospérité. La crise des subprimes, le plan de baisse d’impôts de BUSH, la récession ont remis l’économie au centre de la campagne.

Du côté démocrate, les positions de Barack OBAMA et d’Hillary CLINTON sont assez proches. Le ton de leur affrontement est vif, parce que les résultats sont incertains, mais les programmes économiques se ressemblent. Ils se situent dans la grande tradition démocrate, et donc dans la lignée de ROOSEVELT et de son New Deal des années 1930. Sur le plan conjoncturel, l’analyse est simple : suivant la logique keynésienne, la récession actuelle viendrait d’une insuffisance des dépenses de consommation et d’investissement, que l’on devrait compenser par une hausse des dépenses publiques.

(3)

Conjoncture

Des baisses d’impôts, pour quoi faire ?

Cette analyse a été notamment en honneur quand George W. BUSH a proposé son plan de relance.

Il avait alors besoin de voix démocrates, n’ayant plus de majorité au congrès. Et il a réussi à faire passer les baisses d’impôts pour un encouragement de la demande (alors qu’il s’agit en réalité d’une relance de l’offre). Au même moment, CLINTON et OBAMA se battaient à coups de dizaines de milliards de dollars de dépenses publiques et de déficits budgétaires. Leur proposition majeure a été et demeure un programme de dépenses « sociales » pour les plus démunis, qu’ils présentent comme une politique du pouvoir d’achat de nature à gonfler la consommation. Leur plan n’a pas été retenu par le Congrès, mais il reste la base de leur campagne, aux côtés de projets de grands chantiers publics.

Pour eux, la baisse des impôts ne saurait concerner les hauts revenus : pas question de « cadeaux fiscaux aux riches » (air connu en France). Les démocrates ne croient pas que les entrepreneurs, travailleurs et épargnants soient encouragés à produire et investir davantage, ils ne croient pas que la solution aux accidents conjoncturels puisse être « du côté de l’offre » (supply side).

Le retour du protectionnisme

Il y a d’autres sujets importants sur lesquels les démocrates montrent leur choix pour le dirigisme suranné. Le premier concerne l’assurance maladie. Les deux candidats veulent la développer, avec un projet de « Sécurité Sociale à la française », plus radical chez Hillary CLINTON, qui reprend ainsi un projet que son mari n’avait pas réussir à imposer, car OBAMA ne parle pas de rendre l’assurance maladie obligatoire.

Mais c’est bien sur le plan de la mondialisation que les candidats rivalisent d’imagination. Alors que Bill CLINTON avait joué le jeu du libre commerce, Hillary CLINTON et OBAMA dénoncent les délocalisations et la « concurrence déloyale » dues aux accords de libre-échange ; même l’ALENA (accord avec le Canada et le Mexique) ne trouve pas grâce à leurs yeux : ils veulent le renégocier. Ce tournant protectionniste aurait à nos yeux des conséquences funestes. L’interventionnisme est également visible dans les projets de contrôle du secteur financier et des investissements étrangers aux USA, mais on dit Hillary CLINTON là aussi plus interventionniste qu’OBAMA.

McCAIN va-t-il renouer avec la reaganomics ?

Les projets de John McCAIN sont évidemment plus conformes à la tradition républicaine et marquent moins une rupture par rapport à BUSH. Mais il a répété pendant des mois que « l’économie n’était pas son point fort ». Face aux propositions de ses adversaires, il a été obligé de recentrer sa campagne sur ces questions.

Il soutient aujourd’hui les baisses d’impôts BUSH (bien qu’il ait voté contre en 2003) et souhaite pérenniser les réductions sur les hauts revenus, pour maintenir l’impact sur l’offre. Il propose aussi de baisser l’impôt sur les sociétés. Il a enfin déclaré que ce n’était « pas le devoir du gouvernement d’aider ceux qui agissent de façon irresponsable », faisant allusion à la crise des prêts immobiliers.

Sur le plan commercial, il n’a jamais tenu de propos protectionnistes et devrait maintenir la politique d’ouverture et de libre commerce, favorisant des accords de libre-échange, à commencer par l’ALENA. Cependant, comme beaucoup de Républicains, il paraît plus réservé sur le plan de la libre circulation des personnes, ayant notamment prôné une certaine fermeté vis-à-vis des travailleurs latinos clandestins.

Tout cela reste un peu conventionnel et timide. McCAIN a joué la carte, lors des primaires, d’une position centrale dans le parti, se démarquant de certains courants conservateurs et religieux, qui ne l’aiment guère, mais aussi des plus libéraux, au sens européen. Or il n’emportera pas l’élection s’il ne rassemble pas aussi la droite républicaine autour de lui. Le choix de son vice-président sera décisif.

On parle ces temps-ci de Condolezza RICE, ce qui serait politiquement habile (une femme noire damerait le pion à ses deux adversaires d’aujourd’hui), mais ses positions tant diplomatiques qu’économiques ne sont pas nettes.

Tous les observateurs lui conseillent de renouer avec ce qui a fait le succès des républicains : la reaganomics, faite d’économie de l’offre, de défiscalisation, de recul des dépenses « sociales », de déréglementation et d’ouverture commerciale. Ne pas commettre l’erreur de BUSH père, qui s’en était éloigné. Les Américains aiment les choix clairs.

(4)

l'actualité qui nous fait réfléchir

FMI : UN PLAN ANTIRECESSION TRÈS INNOVANT

Bien sûr, il y avait déjà eu, en avant première, les propositions de Dominique STRAUSS-KHAN, directeur général, dont nous avions fait état ; mais elles ne reflétaient pas encore le point de vue officiel du FMI. Désormais, c’est fait, le FMI a présenté officiellement ses prévisions (pessimistes) pour 2008 et 2009 et surtout ses propositions pour sortir de la crise. Les prévisions n’ont rien d’original : croissance mondiale en baisse (3,7% en 2008 au lieu de 4,2% dans la prévision précédente), 0,5%

seulement aux USA, 1,4% en France (bien loin des espérances gouvernementales), mais toujours 7,9%

en Inde et 9,3% en Chine : la crise n’est pas la même partout.

Le point intéressant porte sur les remèdes, ce que Le Figaro Economie appelle « un plan global anti récession ». Le FMI propose de mettre en place « trois lignes de défense, monétaire, budgétaire et d’aide publique aux marchés financiers ».

Sur le plan monétaire, voilà une grande innovation. Le FMI et ses experts « valident totalement les baisses des taux d’intérêt pratiqués par la FED américaine ». Par contraste, la BCE est montrée du doigt car « elle peut se permettre d’assouplir sa politique monétaire ». Certes, l’inflation actuelle est excessivement élevée dans la zone euro, mais « il est prévu qu’elle retombe en dessous de 2%, les perspectives de croissance étant de plus en plus négatives ». Il fut un temps où le FMI prêchait aux Etats la rigueur monétaire et la lutte contre l’inflation. Le voilà qui approuve ou appelle de ses vœux la baisse des taux d’intérêt et donc la création monétaire massive qui va avec : finie la gestion monétaire rigoureuse ; vive l’inflation et la relance keynésienne par les bas taux d’intérêt. Alors que la baisse des taux d’intérêt a inondé le marché de liquidités, accélérant l’inflation.

Sur le plan budgétaire, le FMI fait sienne la doctrine avancée il y a quelques semaines par DSK : « En cas de sérieux ralentissement de l’économie mondiale » affirme le FMI, et c’est le cas selon ses prévisions, « il serait envisageable de fournir une aide budgétaire temporaire dans une série de pays qui ont assaini leur situation au cours des dernières années ». Voilà cette fois la politique keynésienne de relance par les dépenses publiques ressuscitée. Une aide budgétaire temporaire, c’est exactement cela la relance par la demande globale, en l’occurrence par les dépenses publiques, tout à fait conforme aux canons keynésiens.

Ce qui est intéressant, par rapport aux propositions de DSK, c’est que le FMI donne la liste des heureux gagnants : l’Allemagne, le Canada, la Chine, plusieurs petits pays avancés, des pays émergents d’Asie de l’Est et d’Amérique latine, les pays exportateurs de produits de base du Moyen-Orient et d’Asie centrale. L’exemple de l’Allemagne, parmi bien d’autres, est intéressant : voilà un pays qui a eu des déficits budgétaires considérables, notamment à cause du boulet Est-allemand ; ce pays a fait des efforts énormes pour redresser ses finances publiques, en particulier sous les injonctions de Bruxelles. Voilà qu’on lui demande de sauver le monde en dépensant à tort et à travers de l’argent qui n’existe pas et en mettant à nouveau son budget, qu’elle a eu tant de mal à rééquilibrer, en déficit. Tout cela pour un effet nul sur la croissance, puisque jamais un déficit n’a relancé l’économie.

Enfin, troisième proposition du FMI : « compte tenu des risques d’interférence entre l’immobilier et les marchés du crédit », la troisième ligne d’action porte sur « l’utilisation du bilan du secteur public pour soutenir le secteur du logement et les marchés financiers ». Le langage du FMI vous échappe (Le Figaro parle poliment de « formule alambiquée ») ? Traduction du journal : il s’agit d’un « sujet tabou », « la nationalisation au moins temporaire des pertes du secteur privé ». Là, on atteint des sommets. Les ménages ont été imprudents ; les banques aussi. Aucune importance : l’Etat paiera la facture. La nationalisation, même temporaire, voilà une autre proposition innovante, jamais utilisée : cela vient de sortir.

Nous avons pour notre part une autre solution, fort simple. Fermer le FMI. Cela diminuera le nombre de sottises en circulation et cela fera quelques économies. Et en prime le parti socialiste pourra récupérer DSK.

(5)

l'actualité qui nous fait réfléchir

UNE LOI DE MODERNISATION DE L’ÉCONOMIE BIEN TIMIDE

On en sait un peu plus sur la fameuse loi de modernisation de l’économie, qui a été présentée au Conseil d’Etat, et qui devrait passer bientôt devant le Parlement. Les sujets concernés seront nombreux, y compris la création d’une Haute Autorité de la Concurrence dont nous avions parlé. Mais l’essentiel concerne l’effet de la concurrence sur la baisse des prix. A en juger par ce que nous savons sur les taxis ou les pharmaciens, ce n’est pas gagné.

Il y a un point qui n’aurait pas dû poser de problème, et qui était soulevé dans le rapport ATTALI, c’est ce qui concerne la liberté de négociation des prix entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs. Déjà, elles peuvent plus facilement répercuter leurs marges arrière, mais ce n’est qu’un pis aller : il faut que chaque grande surface puisse négocier librement ses prix avec les producteurs. Le gouvernement y semble prêt. Mais c’est compter sans le lobby des fournisseurs de la grande distribution, qui ont rédigé une déclaration commune contre cette réforme de la loi GALLAND. Les grossistes, les industries de consommation, la FNSEA bien entendu et bien d’autres réclament des contreparties « tangibles et vérifiables » à la négociabilité future des tarifs de la grande distribution. Ils aiment bien la concurrence, mais pas quand cela les concerne : on verra si le gouvernement préfère l’intérêt des consommateurs ou celui des producteurs. Pour l’instant la loi LME ne leur donne pas satisfaction.

Un autre volet important concerne cette fois la loi RAFFARIN. On se souvient qu’elle limite considérablement la libre installation des grandes surfaces, elle porte donc atteinte à la concurrence en fermant le marché. Certes, il existe des possibilités d’autorisation, mais elles passent par une demande préalable auprès d’une commission dans laquelle les entreprises qui vont être concurrencées sont largement représentées ; inutile de dire qu’elles freinent la liberté d’installation.

Ici aussi, le rapport ATTALI était prometteur. Il proposait de « restaurer complètement la liberté de l’installation de tous les acteurs de la distribution », ce qui est bien le moins dans une économie de libre marché. Or ici, la timidité du gouvernement est impressionnante. Il propose seulement de relever de 300 à 1000 mètres carrés le seuil de déclenchement de la procédure d’autorisation préalable d’ouverture. Cela vise à permettre un peu plus d’installations libres, en particulier de magasins de hard discount, qui font baisser les prix (ce que RAFFARIN voulait éviter). Certes, la durée d’examen de la demande serait divisée par deux, ce qui est mieux.

Mais, d’une part, pourquoi limiter la liberté à 1000 mètres carrés ? Un magasin de plus de 1000 mètres carrés ne peut-il pas contribuer lui aussi à la concurrence ? Et, d’autre part, pourquoi écarter un certain nombre de secteurs comme l’hôtellerie, les stations de distribution de carburant ou l’automobile ? Souhaite-t-on une demi-concurrence grâce à des demi-mesures ? D’ailleurs, la législation européenne n’est-elle pas contre ces limitations artificielles au nom de la concurrence et ne demande-t-elle pas en cas de besoin d’autorisation qu’un nombre limité de documents (et non comme aujourd’hui une étude économique justifiant le projet d’installation) ? La Commission départementale retirerait aux chambres de commerce et d‘industrie leur pouvoir actuel de décision, mais les remplacerait par une majorité d’élus. Est-on sûr qu’ils décideront toujours en fonction des seuls intérêts des clients ?

C’est ce que Les Echos appellent pudiquement « ne pas suivre complètement le rapport ATTALI sur la libéralisation de la croissance dans le domaine de la concurrence commerciale ». Nous avons souvent dit que le rapport ATTALI n’était pas la bible. Il oublie des pans entiers de la libéralisation nécessaire.

Tout n’y est pas libéral. Mais si le gouvernement trouve encore excessif le peu de libéralisme du rapport ATTALI et prend des mesures à minima, il ne faudra pas qu’il s’étonne si la concurrence ne joue pas suffisamment et si les prix ne baissent pas. Ce n’est pas avec des commissions et des procédures maintenues d’autorisation préalable d’ouverture que l’on va faire baisser les prix et augmenter le pouvoir d’achat.

(6)

l'actualité qui nous fait réfléchir

REMPLACER LA SÉCU PAR LES COMPLÉMENTAIRES ?

C’est un débat très ambigu qu’avait ouvert Nicolas SARKOZY et que vient de relancer Roselyne BACHELOT, ministre de la santé : celui du rôle des mutuelles et autres assurances complémentaires.

Le Figaro pose directement la question « Pour réduire le trou de la Sécu, faudra-t-il transférer certaines dépenses de santé aux mutuelles et aux assureurs privés ? ». Interrogée sur ce point, et par exemple sur le transfert total du remboursement des soins d’optique, le ministre de la santé a répondu

« La question est posée », façon polie de dire que c’est déjà tranché.

Il y a dans cette suggestion un aveu de taille : la Sécu n’est plus capable, ce que nous crions dans le désert depuis des années, de jouer son rôle dans le financement des dépenses de santé. Elle coûte de plus en plus cher pour rembourser de moins en moins de choses. Cela devrait suffire à poser la question même de l’existence de la Sécu, en tous cas de son monopole sur l’assurance santé « de base ». Bien entendu, le sujet est tabou et il n’est pas question de toucher aux vaches sacrées de la République. Mais transférer des dépenses « de base » aux assurances complémentaires, c’est reconnaître que la Sécu a fait son temps.

Que propose la ministre ? Un transfert supplémentaire sur les mutuelles et les assurances privées.

Elle y met des conditions : une plus grande concurrence tout d’abord. Qui s’opposerait à cette idée ? La concurrence existe déjà dans ce secteur et elle est insuffisante. Mais c’est l’hommage du vice à la vertu : les partisans du monopole public de la Sécu font l’éloge de la concurrence pour les régimes complémentaires ; ensuite, que ces régimes apportent « un plus » dans l’efficacité à gérer : pas de discussion sur ce point, chacun sait bien qu’une mutuelle en concurrence est plus efficace qu’un monopole étatique. Enfin, que « tous les Français soient couverts par une complémentaire ».

Rappelons tout de même que seuls 8% des Français n’ont ni complémentaire, ni CMU. Le problème est donc marginal. Et on peut imaginer une obligation d’assurance (comme pour l’automobile), sans obligation de s’assurer auprès d’un monopole public ou sans imposer tel type d’assurance complémentaire précise.

Bien entendu, cela n’aborde pas le problème de fond : celui du régime de base monopolistique, et de son incapacité à se réguler, faute d’indicateurs marchands (pas de liberté des prix, pas de libre choix de l’assureur, pas de concurrence, gratuité apparente et méconnaissance des coûts réels). Mais si les assurances complémentaires et leur mise en concurrence ont tant de vertu, pourquoi s’arrêter en si bon chemin et ne pas permettre à chacun de choisir son régime de base, en mettant fin au monopole ? C’est la seule piste sérieuse, car le développement des complémentaires sans réduction du service de base de la Sécu revient à faire payer deux fois les Français (un peu comme pour les retraites) : une fois pour le régime de base qui ne marche pratiquement plus et une fois pour les complémentaires.

D’ailleurs toutes les autres pistes évoquées par R. BACHELOT ont déjà échoué : hausse des recettes (CRDS), « rationalisation des dépenses » (ce qui est impossible avec une pseudo-gratuité apparente), etc. La grande mode est aux futures « agences régionales de santé », prévues pour l’automne avec une grande loi santé, agences qui auraient « autorité » sur les hôpitaux comme sur la médecine libérale (qui du coup ne serait plus libérale). Dernière proposition présidentielle : « les préfets de région devront y jouer un rôle essentiel –sans doute les présider ». Faire présider les agences régionales de santé par le préfet de région, voilà en effet une proposition ultralibérale qui va permettre d’achever l’étatisation de la Sécu, donc d’avancer l’heure de sa disparition.

(7)

l'actualité qui nous fait réfléchir

CARDINAL MARADIAGA :

« L’ETAT N’EST PAS UNE ENTREPRISE »

On a beaucoup vu et entendu, dans les médias français, le cardinal Oscar Rodriguez MARADIAGA, du Honduras, en particulier parce qu’il vient de sortir un ouvrage sur la solidarité à l’échelon international (« De la difficulté d’évoquer Dieu dans un monde qui pense ne pas en avoir besoin »). Il est devenu le chouchou des médias, qui rappellent qu’il avait été présenté comme l’un des successeurs possibles de JEAN-PAUL II, sous-entendu comme le représentant de « l’aile gauche » de l’Eglise face au cardinal « conservateur » RATZINGER, devenu entre temps BENOIT XVI. Et comme il préside Caritas Internationalis, le voilà étiqueté comme « social », donc favorable à l’Etat, alors que Caritas est un organisme strictement privé.

Son entretien avec Martin HIRSCH dans Le Figaro permet d’y voir un peu plus clair. Les libéraux bondiront sans doute lorsqu’ils liront : « un des malheurs de notre époque est que la globalisation du marché, ce nouveau dieu, n’est pas accompagnée par une globalisation de la solidarité ». Mais il est vrai que JEAN-PAUL II lui-même avait parlé du « risque d’une idolâtrie du marché ». Rien de très nouveau donc sur ce point : pour l’Eglise, aucune réalité humaine, même bonne, ne doit être un absolu.

Deux points nous ont semblé plus novateurs. Le premier porte sur les échanges internationaux :

« Mes conversations avec Pascal LAMY furent intéressantes, encore que vaines à ce jour.

Aujourd’hui le commerce mondial est inégalitaire ; il n’est pas libre, contrairement à ce qu’on dit.

Comment parler de libre commerce quand le protectionnisme protège les plus riches ? Presque tous les pays d’Amérique centrale ont signé le traité de libre commerce avec les Etats-Unis. Mais ceux-ci nous mettent des barrières. Ils sont protectionnistes. Et c’est un grand obstacle pour le développement. Il faut nous permettre d’exporter le peu que nous possédons ».

Et encore : Quelle réforme avez-vous suggérées à Pascal LAMY (Directeur de l’OMC) ? « L’égalité.

On dit que les pays sont égaux dans les relations commerciales, mais ce n’est pas vrai. Quelques-uns sont plus égaux que les autres. Par exemple, les Etats-Unis ont interdit, voici quelque temps, l’importation du melon. Cela a été une tragédie pour nous, car c’est l’unique source de revenus pour trois ou quatre grandes usines de notre pays. Des milliers de personnes vont être au chômage ». On remarquera que pour lui, l’inégalité dans le commerce international ne vient pas de problèmes de taille (les « gros » et les « petits », les « impérialistes » et les autres,…) mais uniquement du protectionnisme. La suppression des barrières douanières devrait donc rétablir l’égalité. Le commerce égalitaire, c’est donc le commerce libre.

Autre thème, l’Etat : « L’Etat reste nécessaire, mais il faut redéfinir ses fonctions. Il n’est pas là pour

(8)

l'actualité qui nous fait réfléchir

LE PRIX DU LIVRE LIBÉRAL 2007 A YVAN BLOT

Pour son ouvrage magistral "Herbert Spencer et l'évolutionnisme libéral", publié aux Editions des Belles Lettres, Yvan BLOT a obtenu le Prix du Livre Libéral 2007. Ce résultat a été proclamé au cours de l'Assemblée Générale de l'ALEPS tenue jeudi 24 dernier par le président du jury, le Professeur Pascal SALIN.

Yvan BLOT a présenté Spencer comme un précurseur de HAYEK, qui a d'ailleurs reconnu la dette intellectuelle qu'il devait à cet Anglais très célèbre et très influent à son époque, et sans doute jusqu'à la fin de la première guerre mondiale. La thèse de Spencer : les sociétés humaines passent progressivement de la barbarie à la civilisation, parce qu'elles débutent par la guerre, elle-même à l'origine de la concentration du pouvoir appelée Etat, et qu'elles découvrent peu à peu les bienfaits de la liberté. Ainsi une société dominée par la violence devient-elle un espace d'échanges et de compréhension. Herbert Spencer était farouchement opposé à la guerre, mais aussi à ce que nous appelons aujourd'hui la "guerre économique". Le "protectionnisme", à connotation plutôt positive puisque les gens sont protégés, devrait s'appeler en réalité "agressivisme" car c'est une véritable agression contre les consommateurs au bénéfice des producteurs. Libre échangiste, pacifiste, Spencer a anticipé l'avenir et le XXème siècle en bâtissant deux scénarios : les guerres mondiales et le totalitarisme d'une part, la mondialisation d'autre part.

Les autres auteurs n'ont pas été en reste, ils ont été tous très appréciés pour l'originalité et la pertinence de leurs écrits. La prochaine Nouvelle Lettre vous en donnera un compte-rendu plus détaillé. Les personnes, fort nombreuses, qui ont participé à cette Assemblée Générale, ont particulièrement apprécié la variété et la profondeur des huit ouvrages qui ont été présentés par leurs auteurs.

_________________________________________________________________________________

AU SOMMAIRE DU N°956 :

EDITORIAL :Rendez-vous de la réforme pp. 1-2

CONJONCTURE :Etats-Unis : quelle politique économique en 2009 pp. 2-3

ACTUALITÉ QUI NOUS FAIT RÉFLÉCHIR :FMI : un plan antirecession très innovant p. 4 - Une loi de modernisation de l’économie bien timide p. 5 - Remplacer la Sécu par les complémentaires ? p. 6 – Cardinal MARADIAGA : « l’Etat n’est pas une entreprise » p. 7 – Le prix du livre libéral 2007 à Yvan Blot p. 8.

ABONNEMENT DE 1 AN (40 Numéros) : € 40.00.

ABONNEMENT DE SOUTIEN (UN AN) : € 95.00.

LIBERTE ECONOMIQUE ET PROGRES SOCIAL

35 Avenue Mac Mahon - 75017 PARIS - Tél. : 01 43 80 55 18 www.libres.org

Références

Documents relatifs

la nature pour ne citer qu’elles et les sciences humaines, qui ont pour objet le comportement de l’Homme au sens large, dans la dimension individuelle et collective.. Toutefois,

نﯾﻠﻣﺎﻌﺗﻣﻟا قوﻘﺣﻟ رﺑﻛأ ﺎﻧﺎﻣﺿ رﺑﺗﻌﺗ ﺔﻘﯾﻘﺣﻟا ﻲﻓ ﺎﻬﻧأ ﻻإ ﺎﻬطﺎﺷﻧ نﻣ لﻠﻘﺗ ﺎﻬﻧﻷ ﺔﺳﻓﺎﻧﻣﻟا نﻣ دﺣﺗ ﺎﻬﻧﺄﺑ ودﺑﺗ دﻗ وﻧﺎﻘﻟا ﺎﻫرﺎطإ ﻲﻓ ﺔﺳﻓﺎﻧﻣﻟا ﻊﺿﺗ ﺎﻬﻧﻷ ،ءاوﺳ دﺣ ﻰﻠﻋ

Ces propositions relatives aux niveaux de base, de solidarité et complémentaires font partie d'une stratégie, qui devrait tendre à garantir une "protection

Argument : Il s’agira au cours de cette journée d’interroger les processus historiques qui sous-tendent les dynamiques ethniques dans les sociétés coloniales d’Amérique latine

ATTENTION copyright : Code de la propriété intellectuelle : Article L335-2 Les régimes à visée esthétique... Généralement c’est la deuxième étape d’un régime, surtout à

Ce projet de règlement a pour objectif de mettre fin au financement selon l’approche de solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées enregistrés auprès de

La Loi RCR prévoit que les acquittements des régimes à prestations déterminées doivent être effectués selon le degré de solvabilité déterminé dans le rapport d’évaluation

Certains travailleurs du Québec peuvent participer à un régime complémentaire de retraite dont la surveillance relève d’une autre province que le Québec ou d’un autre