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CHAPITRE VI. La pratique. Jingli ou Ching Li : Le Salut

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CHAPITRE VI

La pratique

Jingli ou Ching Li : Le Salut

LE SALUT ET LART DU POING

Le simple salut du tigre et du dragon

Le salut est un élément essentiel de la pratique car il permet d’ouvrir une porte vers le monde intérieur.

La particularité des Arts du Poing, ou Arts Chevaleresques, que l’on nomme improprement arts martiaux, avec ou sans majuscules, est de se référer à une tradition généralement issue d’Extrême Orient.

Or, que ce soit en Chine, au Japon, en Corée, au Vietnam, en Inde, en Malaisie, en Indonésie, en Thaïlande et dans tous les autres pays concernés, cette tradition inclut nécessairement le rituel du salut.

Et le salut est l’ultime marque de respect envers cette tradition. Il est le rituel de passage entre l’être vulgaire, celui qui ne sait pas, et l’initié ou, du moins, celui qui cherche à savoir et à progresser sur la Voie et dans une voie issue d’Extrême Orient.

Il est également le rituel de passage entre un lieu vulgaire, où l’on peut faire n’importe quoi, et un lieu consacré à la pratique et à l’étude de la Voie.

Dans la tradition il permet à la fois de se purifier soi-même et de purifier le lieu de la pratique.

Le salut est un rituel mais aucun rituel ne peut avoir lieu sans salut.

Il est donc un rituel essentiel.

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Il est malheureusement souvent oublié, négligé, critiqué puisque cette notion de rituel fait peur. En latin classique « ritus » signifie simplement « selon la règle » et implique une notion de rectitude, de droiture. Il n’est donc pas ici question de religion ou de secte mais simplement de respecter une règle. Étymologiquement celle ou celui qui ne la respecte pas devient « per-versus » puisqu’il se situe en dehors ou à côté de cette règle ce qui, de tout temps et en tous lieux, a été considéré comme perturbateur. Il semble qu’il soit préférable d’accepter de se rectifier afin, simplement, d’emprunter la Voie. Le Daodejing (Tao Te King) de Laozi (Lao Tseu) explique simplement :

«Lorsqu’un être évolué (Zhengren – littéralement être qui a trouvé la rectitude) entend parler de la Voie, il la suit simplement.

Lorsqu’un être éduqué entend parler de la Voie tantôt il la suit, tantôt il s’en écarte. Lorsqu’un crétin (Xiaoren – littéralement “petit être” ou “homme de rien”) entend parler de la Voie, il éclate de rire. Si le crétin n’éclatait pas de rire en entendant parler de la Voie, la Voie ne serait plus la Voie.» (DDJ 41)

Dans la pratique de San Yiquan il existe plusieurs saluts (Jingli).

Le grand salut implique cinq respects particuliers :

• le respect de la pratique ;

• le respect de l’outil de la pratique (arme ou bâton…) ;

• le respect de l’espace de la pratique (lieu de la pratique) ;

• le respect de l’enseignant ;

• le respect des pratiquants ;

• et éventuellement, en cas de démonstration, le respect du public (élément extérieur).

Il représente donc un cycle complet.

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Fu (Hu) Long : Le Tigre et le Dragon

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Le simple salut de l’école San Yiquan : « Le Tigre et le Dragon rugissent ensemble ».

1. Position d’attente (Yi Ma Bo) : les pieds sont joints mais ne se touchent pas. Les bras tombent naturellement le long du corps, paumes vers les cuisses.

2. Préparation : les poings se ferment et montent au niveau des hanches, paumes vers le haut. Simultanément on commence à légèrement fléchir les jambes.

3. Ouvrir le pas : le poing gauche se ferme tandis que la paume droite demeure ouverte. Les jambes ploient.

4. Pas de l’Eau (Tao Bo) : paume et poing viennent sur le côté gauche au niveau de la taille. Le poing pousse vers le ciel et la Le chercheur Kim Minh Ho dans son ouvrage L’origine et le développement des Arts Martiaux – pour une anthropologie des techniques du corps (L’Harmattan, 1999) prend ce grand salut de San Yiquan comme exemple et constate (p.141) : « Nous remar - quons que le processus de ces mouvements est similaire à un processus cosmogonique. Un pratiquant qui n’a pas commencé l’exécution d’un enchaînement est assimilé à l’état de chaos originel. Pour qu’il soit prêt à cette pratique, il effectue des gestes similaires à la création de l’univers. Dans ce sens, ils révèlent les étapes de mobilisation du Qi et d’équilibrage des parties du corps pour les unifier».

Comme il s’agit ici d’un simple ouvrage, j’ai préféré présenter un

« simple salut », le « petit salut » consistant simplement à joindre paume et poing et à s’incliner.

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paume est tenue verticale. Simultanément le pied gauche avance d’un pas et se place à angle droit orteils tournés vers l’extérieur à gauche. Le pied droit se pose sur les orteils talon levé. Cela correspond au « pied volé » ou « pied escamoté » et, symbo liquement, au Trigramme Kan, l’Eau ou l’Abîme (un trait yang entouré de deux traits yin).

5. Pas du Feu (Ting Bo) : paume et poing viennent sur l’avant au niveau de la poitrine et rentrent en contact. Ils symbolisent le soleil et la lune, donc le caractère Ming qui représente la lumière, la clarté, mais aussi la compréhension globale.

Simultanément le pied droit passe devant le pied gauche et se pose sur les orteils. Le Ting Bo (posture du T inversé ou posture du caractère solaire) représente le Trigramme Li, le Feu (un trait yin entouré de deux traits yang).

6. Retour : on revient en posture Tao Bo comme en 4 puis Yi Ma Bo comme en 1.

Remarques : il convient de bien coordonner le mouvement des pas avec le mouvement des mains car « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » et ceci afin de réunir le grossier (Terre) et le subtil (Ciel) au travers du salut, donc de l’être humain.

Paume et poing symbolisent le Soleil et la Lune et, lorsqu’ils se joignent, représentent le caractère chinois « Ming » qui désigne la lumière et donc « l’illumination ». Jadis il représentait également le signe de ralliement des résistants chinois à l’envahisseur Manchou.

Il opposait donc deux dynasties impériales : les Ming et les Qing (prononcer Xing ou Tsing).

Le temple de Shaolin ayant pris part à cette résistance, ce salut devint un moyen de reconnaissance entre Chinois.

Les Mandchous ayant appris ce fait proposèrent donc un salut inversé où la paume gauche était enserrée dans le poing droit et qui signifiait alors Qing « la pureté ».

En fait il s’agit alors d’un salut dit « féminin » ou yin qui était jadis utilisé par les femmes chinoises lorsqu’elles voulaient se différencier des hommes.

Il est donc, aujourd’hui, tout à fait possible de pratiquer les deux saluts sans pour autant prendre parti pour l’un ou l’autre camp ! Ce salut représente également un autre principe symbolique utilisé comme moyen de reconnaissance mutuelle par « les braves des

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marais et des rivières » décrits dans le fameux roman épique Au bord de l’eauet il était alors question d’exprimer la formule « Entre les quatre mers, tous les braves sont frères ». Dans ce cas le pouce est légèrement replié et vient au contact de l’index et du pouce du poing fermé et les quatre autres doigts sont dressés vers le ciel.

Dans un autre contexte les Trigrammes Li et Kan (Feu et Eau) se lisent « Kami ». En effet, en Japonais Ka représente le Feu et Mi représente l’Eau. Les Kami sont donc, à l’origine, les forces essentielles du Feu et de l’Eau. Donc du yang et du yin présents dans la nature.

Dans tous les dojos (lieu où on étudie la Voie) il existe donc un endroit particulier, situé sur le côté droit du mur principal, qui leur est réservé et qui se nomme justement « kamiza », en chinois Likanzuo, littéralement « Où s’assoient (Za) les forces du Feu (Ka) et de l’Eau (Mi) », donc les forces essentielles de la nature. Au Japon, le Shinto (en chinois Shen Dao – la Voie des Esprits) est donc ce qui permet de mettre l’être humain, le cœur de l’être humain, en relation directe avec ces forces de la nature, ces « Esprits » de la nature. Il ne s’agit donc pas de « diviniser » un arbre, une chute d’eau, un rocher comme on le prétend généralement en Occident.

Il n’a jamais été question de « dieux » mais d’« Esprits » ce qui est, quand même, fort différent. De même qu’on ne « divinise » pas un arbre, on ne « divinise » pas un dojo mais, plus pratiquement, on en respecte l’Esprit.

C’est au niveau du kamiza qu’on effectue des offrandes, généralement des bouquets (compositions florales) puisque le végétal représente la renaissance des forces de la nature.

En entrant dans un dojo c’est l’endroit qui est salué en premier.

Par contre le salut d’ouverture ou de fin de cours s’effectue face au Shinza (en chinois Shenzuo) « où s’assoit l’Esprit » situé au centre du mur principal. Cet espace est classiquement réservé à une calligraphie qui « ouvre l’Esprit ».

Sur le côté gauche du mur principal se situe le shimoza ou Shimuoza (Shizuzuo en chinois) « où s’assoient les Ancêtres ». C’est le lieu où, sous leur protection, on remet les distinctions.

Il est dit que « ces Trois s’unissent en Un » (San He Yi) formant l’Esprit du lieu, donc du dojo ou Dojang.

Mais, en Chine le Trigramme Li est associé au Dragon Vert et le Trigramme Kan est associé au Tigre Blanc.

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