FACULTÉ
DEMEDECINE ET
DEPHARMACIE
DE BORDEAUXANNÉE 1898-1899 N° 94
CONTRIBUTION
AL'ÉTUDE CLINIQUE
DES
Effets de l'Opotliérapie hépatique
Dans le Diabète sucré
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 28 Juillet 1899
PAR
Bernard-Maxime-Casimir ROQUES
Né à Montréjeau (Haute-Garonne), le 21 Février 1872
ANCIEN EXTERNE ET LAURÉAT DES HOPITAUX
professeur.... Président.
professeur....\
agrégé
j
Juges.chargé decours)
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
Examinateurs de la Thèse:<
MM. FERRE JOLYET
RONDOT RÉGIS
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
9i — RUE PORTE -DIJEAUX — 91
18D0
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyenhonoraire.
MM. MICÉ ^
AZAM DUPUY MOUSSOUS
Pr ofesseurs honoraires.
Cliniqueinterne Cliniqueexterne Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique
Médecine opératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Anatomie pathologi¬
que Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie Hygiène
A
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
N.
VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
GRK€iÉS «A
Médecine légale Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique desmaladies chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Clinique médicale des maladies des enfants Chimiebiologique...
IIXHRIMII :
MM.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
dk NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
section demédecine (Pathologie interneetMédecine légale.) MM. CASSAET. | MM. Le DANTEC.
AUCHÉ. | HOBBS.
SABRAZÈS.
section dechikukgie et accouchements (MM. BINAUD.
Pathologie
externe]
BRAQUEHAYbCHAVANNAZ.
Accouchements \MM. CHAMBRELENT ') FIEUX.
Anatomie..
sectiondessciencesanatomiques et physiologiques
JMM.
PR1NCËTEAU
[ Physiologie MM. PAGHON, CANN1EU. Histoire naturelle BEILLE.Physique.
section des sciencesphysiques
MM. SIGALAS. I Pharmacie.., M. BARTHK.
t onus ( OiaEUT \ i n ks
Clinique des maladiescutanées etsyphilitiques Clinique des maladies des voiesurinaires Maladies dularynx, des oreillesetdunez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Pathologie oculaire
Conférenced'HydrologieetMinéralogie
LeSecrétaire de laFaculté:
MM. DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCÉ.
CHAMBRELENT.
DU POU Y.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANGE.
CARLES.
LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thèsesqui lui sont présentées doivent êtreconsidérées commepropres àleurs auteurs, et qu'elle n'entend leur donnerniapprobation ni improbation.
A LA MEMOIRE DES MORTS AIMES
A MON GRAND-PÈRE
A MON PÈRE ET A MA MÈRE
A MES PARENTS
A AIES AMIS
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DENABIAS,doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. MICÉ \
AZAM DUPUY MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
Clinique interne..
Cliniqueexterne..
Pathologie et théra¬
peutique générales.
Thérapeutique Médecineopératoire.
Clinique d'accouche¬
ments
Ànatomie pathologi¬
que Anatomie
Anatomie générale et histologie
Physiologie Hygiène
A
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
VERGELY.
ARNOZAN.
MASSE.
LEFOUR.
COYNE.
N.
VIAULT.
JOLYET.
LAYET.
GRÉC1ÉS Kl
Médecine
Physique .
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique Clinique médicale des maladiesdesenfants Chimiebiologique...
EXERCICE :
MM.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
de NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
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A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
•section demédecine (Pathologie interneet Médecine légale.) MM. CASSAET. | MM. Le DANTEC.
AUCHÉ. | HOBBS.
SABRAZÈS.
sectiondechiuukgie et accouchements
[MM. B1NAUD.
Pathologie
externe]
BRAQUEHAYECHAYANNAZ.
Accouchements.\MM. CHAMBRELENT FIEUX.
Anatomie..
Physique.
section des sciences anatomiques et physiologiques
(MM. PR1NCETEAU | Physiologie MM. PACHON,
•••/ CANNIEU.
j
Histoire naturelle BE1LLE.section dessciencesphysiques
MM. SIGALAS. I Pharmacie M. BARTHE.
COURS COIIPMIUIIITAIRFS
Clinique des maladies cutanées etsyphilitiques MM Clinique des maladies des voies urinaires
Maladies dularynx, desoreilles etdunez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie Physiologie Embryologie Pathologie oculaire
Conféi'ence d'HydrologieetMinéralogie
Le Secrétairede la Faculté: LEMA1RE.
DUBREL1LH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCE.
CHAMBRER DUPOUY.
PACHON.
CANNIEU.
LAGRANGE.
CARLES.
UN T.
Pardélibération du5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dansles Thèsesqui luisontprésentées doivent être considérées commepropres àleurs auteurs, et qu'elle n'entendleur donner niapprobation ni improbation.
A LA MEMOIRE DES MORTS AIMES
A MON GRAND-PÈRE
A MON PÈRE ET A MA
MÈRE
A MES PARENTS
A MES AMIS
A MONSIEUR LE DOCTEUR RONDOT
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX MÉDECIN DES HOPITAUX
I
A mon Président de
Thèse
MONSIEUR LE
DOCTEUR FERRÉ
PROFESSEUR DE MÉDECINE
EXPÉRIMENTALE
ALA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
DIRECTEUR DU SERVICE
ANTIDIPHTÉRIQUE DE LA VILLE DE BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
INTRODUCTION
Remplacer un organe
malade par un organe sain, tel est
le
principe de l'opothérapie. Mais, si l'idée d'une telle mé¬
thode estaussi
vraie qu'elle paraît simple et logique à pre¬
mière vue, ne
conduit-elle
pasà une thérapeutique qui sera
idéale
puisqu'elle
seraéminemment rationnelle?
Il est donc très
intéressant de fouiller cette idée et de la
contrôler,de
rechercher si l'idée peut devenir un fait, de voir,
par
des expériences, si à des conceptions dès l'abord très
simples
peuvent correspondre des phénomènes réels.
Aussi les
questions touchant l'opothérapie ont-elles sou¬
ventexcité notre
curiosité, et c'est avec empressement que
nousavons accepté la
proposition de M. le professeur agrégé
Rondot,
lorsqu'il
nous aengagé à étudier, dans notre thèse
inaugurale,
les'effets thérapeutiques de l'extrait de foie sur
le diabètesucré.
A l'intérêt
qu'offre tout
cequi touche à l'organothérapie
s'ajoute
d'ailleurs celui qui s'attache à toute question nou¬
velle.
Nous ne voulons pas
dire
quenotre sujet n'ait pas été
traité, ou ne
l'ait été qu'incomplètement. Au contraire, il a
déjà
fait l'objet d'études sérieuses, comme nous le dirons
plus
loin; la physiologie, la chimie, l'expérimentation, la
clinique
même ont déjà parlé; mais le champ est vaste qui
s'offreencore à
l'observation et, reconnaissons-le, rares sont
les observateurs
qui
sesont hâtés de l'explorer. Nous aurons
donc la satisfaction
d'être parmi les premiers.
Mais plus
l'ouvrier aime l'oeuvre à laquelle il travaille,
- 8 -
plus il est anxieuxsur le succès de ses efforts. Il craint que son habileté ne réponde pas à sa volonté, et, pour l'aiderà vaincre les difficultés du travail, il emprunte le secours de plus habiles que lui. Ainsi, pour parer à notre inexpérience d'écolier, nous avons appelé à notre aide le savoir de maî¬
tres et d'amis qui ont employé toute leur bienveillance à faciliter notre tâche.
Lesremercier ici est un devoir qu'il nous est bien doux de remplir.
Aleurs noms nous devonsjoindre les noms de tous ceux
qui,par les
leçons
dévouées ou les marques d'intérêtqu'ilsnousontdonnées, nous ontouvert la voiequi nous a permis d'atteindre aujourd'hui au couronnement de nos études mé¬
dicales.
Nos remercîments s'adresseront d'abord à M. le professeur Ferré. Nous avons trouvé constamment en lui un maître bienveillant, un conseiller éclairé et un protecteur puissant
et toujours dévoué. Aux témoignages de haute sympathie que nous avons reçus de lui, il ajoute le grand honneur qu'il
nous fait de présider aujourd'hui la soutenance de notre thèse. Nous le prions
d'accepter
des remercîments qui n'ex¬priment pas assez, à notre gré, toute la gratitude que nous lui gardons.
Auprès de M. le professeur agrégé Rondot, nous avons
toujours trouvé l'accueil le plus affable et d'excellents con¬
seils. Aprèsnous avoir inspiré le sujet de notre thèse, il en a dirigé l'exécution et nous aaidé de ses meilleurs avis.Qu'il veuille bien agréer le respectueux témoignage de notre vive reconnaissance.
Tous ceux de nos maîtres auxquels nous avons demandé de faciliter notre tâche nous ont fort bien accueilli : M. le professeur Moussous, M. le professeur agrégé Pousson et M. le Dr Bouvet ont mis gracieusement les malades de leurs services à notre disposition afin que nous puissions expéri¬
menter la méthode thérapeutique qui fait l'objet de notre travail.Qu'ils nous permettent de leur offrirnos respectueux
— 9 —
remercîments. Nous
les offrons aussi aux maîtres éminents
qui
ont dirigé
nosétudes, et nous prions particulièrement
M. le D1' Dudon, MM.
les professeurs Bergonié et Boursier,
et M. le Dr
Mandillon d'agréer l'expression de notre pro¬
fonde
gratitude.
Nos plus
chaleureux remercîments à M. le Dr Cabannes
pour
le précieux concours qu'il nous a prêté. Ses bons con¬
seils et son aide
efficace
nousont permis de mener notre
œuvreà bonne fin.
C'est donc
entoute justice et avec le plus
grand
plaisir
quenous partageons avec cet excellent colla¬
borateur le succès
qu'elle
pourraobtenir.
M. le D1' Rocaz,
chef de clinique infantile, nous a commu¬
niqué d'utiles renseignements sur un des malades que nous
observions. Noussommes
heureux de pouvoir lui en expri¬
mer ici notre
gratitude.
Parmi nos
condisciples, MM. les internes Andérodias,
Balians, Bouyer,
Rocher, Martinet, MM. Garraud et Soulard,
pharmaciens des hôpitaux, ont mis le plus gracieux empres¬
sementà faciliter
notre travail. A tous ces excellents condis¬
ciples, nos
remercîments les plus cordiaux.
DIVISION DU TRAVAIL
Après
les travauxchimiques
etd'expérimentation
animale dont a étél'objet
pendant ces dernières annéesPopothérapie hépatique,
nous avons pensé qu'il n'y avait pluslieu d'envi¬sager cette question qu'au point de vue purement
clinique.
Aussi nous a-t-il paru convenable de traiter notre sujet
d'après
le plan suivant :Chapitre
Premier. — Esquissehistorique
surl'opothêrapio hépatique.
Chapitre
II. — Méthode que nous avons suivie dans nos essaiscliniques d'opothérapie hépatique.
Chapitre
III. — Observationsde malades atteints de diabète sucré et traitéspar notre méthode.✓Chapitre
IV. — Considérations permettant d'embrasser dans une vued'ensemble les résultats obtenus.Chapitre
V. — Conclusions.Index
bibliographique.
CHAPITRE
PREMIER
Esquisse historique sur l'Opothérapie hépatique.
L'histoire de
Topothérapie hépatique présente deux époques
bien caractérisées :
dans la première, dont le début paraît
remonter aussi loin
dans l'antiquité que celui de l'organo-
thérapie en
général, la médication par le foie est surtout
employée
contre les affections auxquelles on a reconnu de
tout temps une
origine manifestement hépatique.
La deuxième époque ne
commence qu'au mois de novem¬
brede Tannée 1896. Les
théories alors en cours sur la patho¬
génie
du diabète, reconnaissant des rapports de causalité
entre les altérations
du foie et la glycosurie, établissent les
indications du
traitement du diabète sucré par l'extrait de
foie.
Les travaux de ces
trois dernières années sont donc les
seuls qui se
rapportent directement à notre sujet. Aussi,
malgré le
grand intérêt qu'offre l'histoire de Topothérapie
hépatique dès l'antiquité jusqu'à Cl. Bernard, nous ne nous
arrêterons pas au
sujet de la première époque, puisqu'on n'y
voit pas
l'hépatothérapie dirigée contre le diabète.
Peut-être
cependant devons-nous mentionner deux obser¬
vations qui
datent de 1850, et paraissent peu connues. Il
s'agit de
deux
casde diabète sucré traités avec succès par
l'huile de foie de
raie,
parle Dr Rousset, membre de la
Société de
Médecine de Bordeaux.
— 12 -
Mais ce n'est que le 21 novembre 189G qu'une note de MM. Gilbert et Carnot à la Société de
Biologie
donne à l'hé-patothérapie
une existence officielle.Dès lors, ses diverses étapes seront
marquées
par trois publicationsprincipales
qui résument toutes les autrescom¬munications au monde savant : un article de MM. Gilbert et
Carnot,
paru le 19 mai 1897 dans la Semainemédicale;
les rapports au Congrès de Montpellier, ou mois d'avril 1898;enfin la thèse de M. Lamoureux, qui permet d'embrasser d'un regard lestravaux nombreuxdonta été l'objet
l'opothé-
rapiehépatique.
Nous voyons dans ces publications les essais
d'opothéra-
pie n'être que l'utilisation et, en même temps, l'épreuve des plus récentes théories des fonctionsmultiples
du foie, etparticulièrement,
dans la question qui nous intéresse, de la théorie de Cl. Bernard sur la glycogénie hépatique.Les expériences faites sur la fonction
uropoiétique
et sur la fonctionglycogénique
sont celles dont les résultats nousintéressent le plus, puisque les troubles deces fonctionssont des symptômesdu diabète.
Nous voyons ainsi qu'au point de vue de la fonction uro¬
poiétique, lesauteurs qui nous ont
précédé
sont arrivés aux résultats suivants :Sous l'influence de l'extrait de foie, la quantité d'urée éli¬
minée est accrue. D'après M. Lamoureux, il en serait de môme de l'acide urique. Mais le volume des urines paraît diminuer; ce seraitencontradictionavec ceque nous savons de l'action diurétique de l'urée : si sa quantitédans l'orga¬
nisme augmente, elle devrait entraîner plutôtde la polyurie.
Au point de vue de la fonction
glycogénique
les auteursse sont livrés auxtravaux suivants :Expérimentalement ils ont réalisé sur les animaux diffé¬
rentes formesde glycosurie en variant leurs procédés : la glycosurienerveuse par la
piqûre
du plancher du quatrième ventricule; la glycosurie toxique, par les injections sous-cutanées de phloridzine; enfin la glycosurie par excès, en
-13-
pratiquant des injections intra-veineuses de solutions de
glycose.
Chezl'homme
normal, ils expérimentent sur la glycosurie
alimentaire.
En clinique
enfin, loin de choisir les cas, ils observent
toutes les formes de
diabètes sucrés.
Par ces diverses
expériences et par ces nombreuses obser¬
vations, ils ont
clairement démontré que l'usage d'extrait de
foie a uneaction
efficace
surla glycosurie, qu'il fait souvent
diminuer beaucoupou
même disparaître définitivement ou
pourun
temps plus ou moins long.
Autantnous
admirons le grand progrès qu'ont fait faire à
l'opothérapie hépatique les travaux de MM. Gilbert, Garnot,
Choay
qui les
aaidés dans la préparation de leurs extraits,
Lamoureux leur
élève, Mairet et Vires, autant nous sommes
étonnéde voir
si
peusuivie la voie qu'ils ont ouverte.Ceux qui
ontvouluutiliser
d'aussi précieuses recherches sont en bien
petit nombre. Nous ne retrouvons dans la littérature médi¬
cale que
trois observations de M. Jousset où l'extrait de foie
s'est montré
efficace; deux observations de M. Landouzy :
uneoùil a
été efficace, et une où il n'a donné aucun résultat;
enfin deux
observations de M. Bondet, rapportées par
M. Linossier et
n'enregistrant que deux insuccès.
La
question qui nous occupe est cependant de celles qui ne
peuvent plus être jugées que par une longue série d'observa¬
tionscliniques.
Il nous a paru donc opportun d'apporter le
modeste
résultat de nos observations comme appoint à la
statistique
qui doit contrôler et peut-être consacrer l'œuvre
de nos
prédécesseurs.
CHAPITRE II
Méthode que nous avons
suivie dans nos essais
cliniques d'Opothérapie hépatique.
Dans tout acte
thérapeutique il
yaà considérer :
1° Le malade;
2° Le remède;
3° Le mode
d'administration du remède.
1° Si l'on considère les diverses
théories du diabète, on
sera tenté de n'essayer
l'opothéràpie hépatique que dans le
diabèterelevant d'altérations ou
de mauvais fonctionnement
du foie. Cela seul paraîtra
rationnel. Mais agir ainsi, c'est
accepter comme
absolument vraie la division des diabètes
en différentes
espèces nettement séparées. 11 nous semble
cependant que
le dernier mot est loin d'avoir été dit sur ces
questions.
Aussi avons-nous préféré paraître ignorer ces
catégories de
diabètes et traiter par la même méthode tous
lescas que nousavons pu
rencontrer.
2° Quant au
choix de l'agent thérapeutique, il comprend :
a) le
choix de l'animal qui le fournit, et b) le choix de la pré¬
paration.
a)
Parmi les animaux dont l'utilisation est recommandée
par les
auteurs qui nous ont précédé dans l'étude de la
question, nous avons
accepté le bœuf, préféré par les hôpi¬
taux pour
de simples raisons économiques et contre lequel
nous n'avionsaucune
prévention.
Mais ici se pose
la question de la préparation physiologi-
— 16 -
que de l'animal. « La fonction fait
l'organe
». Si donc on désire obtenir un extrait actif, on devra développer d'abordau maximum la fonction de l'organe. Mais, d'un autre côté, n'était-il pas intéressant de savoir quels résultatsonpouvait
obtenir avec des animaux non préparés? Si l'opothérapie hépatique est
efficace, n'y
a-t-il pas tout intérêt à faciliter sa miseenpratique,et la préparation coûteuse des animaux nepourrait-elle pas devenir un
obstacle à
sa vulgarisation?Nous avons donc accepté le foie de tout bœuf vigoureux
et sain, mais
n'ayant
subi aucunepréparation physiologique spéciale.b)
Enfin nous avons adoptél'extrait glycérine qui
a été parmi les premiersemployés:
laglycérine
extrait le prin¬cipe actif de gros fragments d'organes,
l'épuisement
est en même tempstrès
complet et la conservation est facile.Enfin
la glycérine
n'est-elle
pas unbon aliment
pourles diabéti¬
ques ?
Voici la formule de la préparation, on doit avoir : Foie de bœuf )
. • P- E.
Glycerme
)
Laver d'abord à l'eau stérilisée la surface du foie.
Diviser le foieen menus morceaux avec des ciseaux stéri¬
lisés,l'asepsie
absolue favorisant la conservation de l'extrait.
Laisser macérer les morceaux de foie dans la glycérine pendant vingt-quatre
heures.
Filtrer sur papier
stérilisé.
Ajouter, pour aider à
la conservation
:Solution de chlorure de sodium à
7/1000
:quantité moitié
moindre que
celle de glycérine.
Mettre l'extraiten flacons stérilisés.
On obtient ainsi un liquide brun très clair ou rosé et ressemblant à du sirop de framboises
très
étendu d'eau.L'odeur et le goût
rappellent
ceuxde la viande
crue.3° Cetextrait est administré à la dose de 60grammes pour- un adulte. Cette dose a été choisie par M. le professeur
- 17 -
agrégé
Rondot
parcequ'elle parait correspondre, comme
activité, à la dose
d'extrait
aqueuxadministrée par MM. Gil¬
bert et Carnot et
qu'elle
neprésente
pas unvolume trop
considérable pour
être conservée quand
onla donne par
la voie rectale.
C'est en effet par la
voie rectale
que nousla faisons absor¬
ber. La voie buccale doit être
rejetée,
car.indépendamment
du dégoût que
les malades éprouvent généralement pour
cette
préparation, l'expérience
aprouvé que les modifications
que
lui font subir les
sucsgastrique et pancréatique dimi¬
nuent son activité.
Letraitement est donc dirigécomme
suit
:Un lavement d'eau
tiède
estd'abord administré
pourfaire
évacuer le rectum. La
quantité d'eau varie de 250 à 500 cen¬
timètres cubes.
Après effet produit, et quand le malade a pris un instant de
repos, on
donne les GO grammes d'extrait de foie en un
lavement, sans y
rien ajouter. La température de ce dernier
lavement,laplus
favorable à
saconservation dansle rectum,
varie avecchaque
malade, et l'on doit à
cepropos obéir aux
indications du patient. La
température
pourraêtre élevée
au bain-marie.
Cette technique est
répétée toutes les vingt-quatre heures.
Le traitement peut
être continué,
sansinterruption, pen¬
dant
plusieurs mois.
Pour ne point
fausser
nosrésultats, nous n'avons admi¬
nistré aucun médicament
pendant
nosexpériences. Les
observateursqui nous
ont précédé
nesoumettaient même pas
leurs malades à un régime
alimentaire antidiabétique. Mais
si nous avons cru ne pas
devoir influencer les différents
symptômes du diabète par des médicaments, nous avons
pensé que nous
pouvions toutefois empêcher la pénétration
du sucre dans l'organisme.
Dans
cebut,
nousavons mis
nos malades à un régime
alimentaire antidiabétique, mais
sans l'ordonner
aussi rigoureux
quelorsqu'il est employé
comme seul moyen
thérapeutique.
Ro.
- 18 -
Cependant, en pratique et en dehors de toute expérimen¬
tation, nous ne pensons pas qu'a
priori Topothérapie
hépati¬que exclue tout autre
médication simultanée.
Tel est aussi l'avis desexpérimentateurs
qui nous ontdevancé.
CHAPITRE III
OBSERVATIONS
ObservationI
(Personnelle).
(Service de M.le professeur agrégé
Rondot.)
Diabète sucré 225 gr. 40 de sucre par 24
heures. Opothérapie
hépatique.Disparition
complète du
sucre.Guérison durable.
Femme desoixante-troisans, ménagère, entrée à
l'hôpital le 30
mars 1899, salle 4, lit 17.Antécédentsfamiliaux. — Le
père de la malade est mort à l'âge de quarante-cinq
anS, sansdoute à la suite des fièvres intermittentes, qui
sévissent dansl'Agro Romano, où
il
aséjourné quelque temps.
Lesrenseignements que
le malade fournit
sur samère sont très va¬
gues; celle-ci avait,
paraît-il, les jambes enfiées quand elle est morte,
à l'âge de
soixante-huit
ans.Nous n'avons obtenu aucun l'enseignementintéressantsur
les grands-
parents,
oncles
etcousins
;le mari, habituellement bien portant, est
mort àcinquante-troisans
de la fièvre typhoïde. Trois frères de la malade
sontmorts d'accidents. Sa sœur serait morte
de faiblesse à l'âge de quatre-vingt-dix-huit
ans.Lamaladea eu quatre
enfants: les deux aînés ont toujours été bien
portants,
le troisième est mort
enbas âge d'une attaque de vers, nous
dit la mère. Aprèsunegrossesse
terminée
par unefausse couche, une
cinquième grossesseamena unefille, morte à trois ans et demi à la suite
de la vaccination.
— 20 —
Antécédentspersonnels. — A
Yâ,ge
de sept ans.rougeole. A neuf
ans,fièvretyphoïde.
A douze ans, premières règles; elles ont toujours été
régulières
etnormaleset ontcessé à l'âge de quarante-deux ans. La ménopause
s'ac¬
compagna de douleurs lombaires, de
malaise-général, phénomènes qui
persistèrentpendant
quatreoucinq mois
avec une assezgrande inten¬
sité. Rappelonslesquatre grossesses à terme et
la fausse couche déjà
citées. La malade n'ajamais eu de pertes
blanches.
Sonhistoirepathologiqueneprésente
rien d'intéressant jusqu'en 1893.
A cette époque, des pertesd'argentet des
peines de famille affectèrent
profondément lamalade.
Unecrise de rhumatisme poly-articulaire
aigu,avecfièvre, éclata; lesdouleurs
selocalisèrent bientôt
auxdeux
genoux. La crise
céda
aubout de six mois à l'usage des bains sulfu¬
reuxet de l'iodurede potassium.
Pendant cette crise apparut au nez un furoncle qui s'accompagna
de
rougeuret de gonflement énorme
du
nez avecchaleur
etdouleurs inten¬
ses. L'incision faite par lechirurgien ne ramena quedusang.
L'examen desurines n'indiqua rien d'anormal.
Après cettepremière crise
de rhumatismes, il
nepersista plus
que quelquesdouleurs aux genoux et entreles épaules,
peuintenses, de
duréevariable, revenant à intervalles irréguliers, sans cause détermi¬
nanteconnue, ou sous l'influence du froid. Cet état se maintint, sans
grandes variations,
jusqu'au mois d'octobre 1898.
Histoire de la maladie. —A cetteépoque survint unenouvelle crise aiguë de rhumatisme. Deux
mois plus tard,
un grosfuroncle
semontra
à lapartie supérieureet externe
de la cuisse gauche. Il guérit
aubout
de quinzejours. Il y a
deux mois, la malade
commençaà éprouver dans
le membre inférieur droit une sorte de faiblesse qui l'obligeait à traî¬
nerlajambe. Il lui
semblait de plus qu'il existait,
parmoments, de
grandesdifférences de température entreles deux membres inférieurs.
En même temps se manifesta une
polydipsie
intense, avecgrande
sécheresse de la bouche. Cettesoif continuelle s'accompagna depolyurie considérable,d'amaigrissement et
d'affaiblissement.
La vueetl'ouïe,
quiétaient très bonnes,devinrent plus faibles. A ces troubles s'ajoutèrent
unegrandecéphalée, des
palpitations, de l'essoufflement
aumoindre effort,
unepetite toux sèche surtout
la nuit. L'appétit diminua sensiblement.
- 21 —
Cesdifférents
troubles décident la malade à entrer à l'hôpital le 30
mars 1898.Admise dans
le service de M. le professeur agrégé Rondot,
elle esttout
d'abord traitée"pour les rhumatismes. On fait des frictions
et des
applications de salicylate de méthyle sur les parties douloureuses.
L'analysedes
urines ayant démontré la présence du sucre, le traite¬
ment du diabèteaumoyen
du
suchépatique commença le 20 avril.
Le poids
de la malade qui, il y a quatorze ans, était de 200 livres, et
de 110 ilya dix ans,
était, le 15 avril dernier, de 79 kilogrammes ; le
1er mai,ilétait de
78 kilogrammes.
L'analysedes
urines faite le 20 avril donna les résultats suivants :
Caractères généraux.
Volumedes24 heures Densité à+15°
Réaction Couleur Odeur
Aspect
'
Sédiment
Eléments normaux.
Urée,9 grammes par
litre 44 gr. 10 en 24 heures.
Acide
phosphorique, 0
gr.00..
.2 gr. 94 —
Chlorurede sodium,5 gr.
70... 27 gr. 93
—Eléments anormaux.
Albumine
Néant.
Glycose,
46
gr. parlitre 225 gr. 40 en 24 heures.
Pigments
biliaires Néant.
Urobiline
Néant.
Examen microscopique
du sédiment.
—Quelques leucocytes.
Etatactuel (10
mai 1899).
—15 lavements de suc hépatique
ont étéadministrés, à
raison de
untous les jours, sans interruption,
depuis
le début du traitement (20 avril). Ils sont gardés environ de un
quart
d'heure à
unedemi-heure.
4 lit. 900.
1.030.
Acide.
Jaune.
Normale.
Transparent.
Très faible.
— 22 —
Lasoifa diminué,la bouche est un peu moins sèche, lalangue est humide.
La quantité d'urine en 24 heuresest d'environ 2 litres.
L'appétit revient, mais il n'existepas de polyphagie ; les digestions
sont plus faciles, bien que la maladesoit constipée. —Petite toux sèche
assez rare avec picotementsà lagorge. Pas d'expectoration. Point de côté
inconstant,
passager,de siègevariable. Douleurs inter-scapulairestenaces etfixes. Lesdouleurs lombaires persistent. La région du foie
est particulièrement douloureuse avec irradiation vers l'épaule et le brasdroit, l'aine droite et le bas-ventre, sans aucune ressemblance ce¬
pendantentreces douleurs et celles de lacolique hépatique aiguë.
Lalégère paralysiedu membre inférieur droit et la paresthésie de la plante du pied, qui donnaient l'illusion de la présence d'un tapis épais quand le pied reposaitsur le sol, ontdisparu il y a huit jours. Mais les alternatives de différences de température, non seulement subjectives maisréelles, persistentencore aux genouxet aux pieds sans être con¬
tinuelles.
Quelques fourmillements àla main droiteetauxtrois premiers doigts de la même main.
Quelques vertiges sans chute, ni perte de connaissance,mais précédés
etsuivis de sifflements, bourdonnements ou tintements d'oreilles. Cé¬
phalée intense etfréquentesur le sommet du crâne, sur les pariétaux.
Il sembleà la malade qu'entre cesdeux os son crâne s'ouvre comme une boîte. Sensation depoidssur le front, la région sous-orbitaire etles paupières.
Lavues'affaiblit de plus en plus, surtout àdroite.
Al'examen, on setrouve enprésence d'une femme de taille moyenne, intelligente; le visage, ridé,estpâle,àl'exceptiondespommettesqui sont
un peu rosées.
Malgré la diminution du poids dont nous avons déjà parlé, une
épaissecouche adipeuse existe encore aux membresinférieurs, au tronc et auniveau del'abdomen. La peau,soupleet moite, est parsemée de
varicesaux membresinférieurs et devergetures surleventre.
Lalangue esthumide, les bords ensont rosés,mais la partie médiane
est saburrale. Lesgencives ne sont ni saignantes, ni fongueuses. Les dents sont bonnes à l'exception d'une molaire; une molaireet une
incisive sont absentes;
L'estomac n'est pas
dilaté.
Lamatité hépatique
paraît
commencerà la 5e côte, empiétant même
surle 4e espace
intercostal, mais elle
nedescend pas au-dessous du re¬
bord des fausses côtes;il nous a
été impossible de sentir à la palpation
lebord inférieur du foie. La
pression et la percussion de la région hé¬
patique
exagèrent la douleur que nous avons déjà mentionnée.
A l'examendu cœur, on
constate
quele deuxième bruit aortique est
retentissant.
Lepouls bat
70 fois
parminute ; il est fort et plein sous les artères
molles et non sinueuses.
Rien d'anormalau poumon.
Rien de
particulier du côté du système nerveux.
Le 11 mai 189!), la
malade pèse 80 kilogrammes. Elle a eu hier un
vertige avec
bourdonnements et sifflements dans les oreilles. M. le pro¬
fesseur Badala examinéses yeux
et déclaré qu'elle était atteinte d'am-
blyopie et
de névrite légère double.
14 mai. Unenouvelle
analyse des urines
aété faite et adonné le résul¬
tatsuivant :
Caractères généraux.
Volumeen 24 heures Densité à+ 1
5°
Réaction Couleur Odeur Aspect Sédiment
4 litres.
1.020.
Acide.
Jaune pâle.
Normale, Louche.
Très faible.
Eléments normaux.
Urée, 9 gr. 80 par
litre 37 gr. 20 en 24 heures.
Acide
phosph. total Ogr. 58
p.lit. 2 gr. 32 —
Chlor. de sodium,7 gr.
50p. lit. 30
gr.»
—Eléments anormaux.
Albumine
Olycose,
32
gr.30
Néant.
129 gr. 2 en
24 heures.
Pigments
biliaires. Urobiline;.
..Néant»
Sédiment.— Quelques leucocytes.
23 mai. La malade pèse 78 lui. 500. Il n'y a ni
polydipsie,
nipolyphagie; elle n'a uriné en 24 heures que 1 litre
1/2.
Elle aéprouvé des douleurs abdominales assez intenses. La main etl'avant- bras sont douloureux.
21 mai. Analyse des urines :
Caractèresgénéraux<.
Volume en 24 heures. 1 litre 300.
Densité à-f- 15° 1.013.
Réaction Acide.
Couleur Jaune.
Odeur Normale.
Aspect Transparent.
Sédiment • Très faible.
Eléments normaux.
Urée, 12gr. 80par litre 10 gr. 64 en 24 heures.
Acidephosph.0gr. 85parlitre. 1 gr. 10
Chlor. desodium5gr. 90 p. lit. 7 gr. 67 —
Eléments anormaux.
Albumine Néant.
Glycose,
2 gr. 75par lit 3 gr. 57 en 24 heures.Pigments biliaires. Urobiline. .. Néant.
Examen microscopique du sédiment. — Leucocytes. Nombreuses cellulesépithéliales.
31 mai. Appétit presque nul; quantité de boissonabsorbée en 24 heu¬
res : 2 litres.
Quantitédes urines excrétées en21 heures : 1 litre 1/2.
Langue sale; bouche très sèche.
Douleurs lombaires. Douleurs à l'hypocondre droit et à la moitié droite du thorax; douleur faciale en masque. Avant-bras engourdis,
surtout l'avant-bras droit. Insomnie. Pas de fièvre. Poids : 79 kilo¬
grammes. Garde le lavement de suc hépatique environ 1 heure.
'wêêè
MÊ&gmiïmi1*5 îWm-
— 25 —
0 juin.
Ni faim, ni soif, malaise général, nausées. Un purgatif est
administré. Poids : 78kil. 800.
8juin.
Analyse des urines
:Caractères généraux.
Volume des24 heures
1 lit. 500.
Densité à-f- 15°
1.014.
Réaction
Acide.
-Couleur
Jaune.
Odeur
Normale.
Aspect
Transparent.
Sédiment.
Faible.
Elémentsnormaux.
Urée, 12 gr. 40par
litre 18
gr.60 en 24 heures.
Acidephosph.,
0
gr.83
parlit. 1 gr. 24
— Chlorure desodium,14gr. p.lit. 21
gr. » —Eléments anormaux.
Albumine ...
Néant.
Glycose
Néant.
Pigments
biliaires. Urobiline Néant.
Examen microscopique
du sédiment.
—Rien d'important.
Malgré l'absence
complète de glycose, nous continuons le traitement
quelques
jours.
17juin
1899. Céphalée depuis trois jours, mais moins intense toutefois
qu'au
début de la maladie. Douleurs persistantes à la région lombaire
et au genou
droit. Pas d'appétit. La malade ne boit que 2 litresenviron
(tisane
nonsucrée, eau vineuse, limonade), elle urine de 1 litre 1/2 à
2litres. Elle tousse
toujours
un peuet présente un peu d'essoufflement.
L'examendes organes
thoraciques
nerévèle cependant aucune compli¬
cation.
Malgré ces
troubles, elle dit qu'elle est plus forte, un peu plus alerte
et n'éprouve
plus la lassitude et le malaise général des premiers jours.
Ellegarde
le lavement médicamenteux 1 heure 1/2 environ.
19juin
1899. Analyse des urines :
26 —
Caractères généraux.
Volume des urinesen 24 heures 1 lit. 800.
Densité à -{-15° 1.011.
Réaction Acide.
Couleur faune.
Odeur Normale.
Aspect Transparent.
Sédiment Faible.
Eléments normaux.
Urée, 7gr. 70 par litre 13 gr. 86en 24 heures.
Acide phosphoriq.,0.48 parlit. 0 gr. 86 Chlorure de sodium, 7 gr. 30
par litre. 13 gr. 14 —
Eléments anormaux.
Albumine Traces légères.
Glycose Néant.
Pigmentsbiliaires. Urobiline Néant.
Examenmicroscopiquedu sédiment. —Leucocytes nombreux; cel¬
lules épithéliales.
Nouscessons les lavements, maisnous maintenons lerégime.
29juin 1899. La malade ditqu'elle aéprouvé cestrois derniersjours
des frissons,puis unesensation de chaleur. Nous ne constatons pas ce¬
pendant de fièvre.
Cuisson et douleurlégère à la gorge, sensation de corps étranger dans le pharynx, qui est un peu rouge. Langue très sèche. Céphalée in¬
tense, aussitôt calmée par 0 gr. 7o centigr. de phénacétine en deux cachets.
Urines foncées, variantcesjours derniers entre 1 litre 1/2et 2 litres par 24 heures.
Boisson : 2 litres en 24 heures.
Les douleurs lombaires etthoraciquespersistent à droite et àgauche,
mais semblentsecalmerà l'hypocondre droit.
6
juillet 1800. Hier soir, douleurs thoraciques très violentes pendant
10 minutes environ. Insomnie. Toux
sèche,
rare,la nuit seulement.
Améliorationsensible de la vue. La
malade suit régulièrement le traite¬
ment de M. leprofesseur
Badal
:1° M. : Alcoolatured'aconit
j
Teinture de noix vomique > ââ
30
gr.Baumede Fioraventi
1
Pourfrictions auxtempeset au
front.
AI. : 2o Borax
0
gr.25 centig.
(tlycérine
10 grammes.
IIIgouttesen
instillation dans l'œil en trois fois tous les jours.
13juillet
1890. La malade pèse 00 kilog. 300.
Touslestroubles fonctionnels du
diabète ont notablement diminué
ainsi queles
douleurs rhumatoïdes et névralgiques. La vue est très
améliorée, surtout à
l'œil gauche. Le foie est très peu douloureux à la
pression.
On faitl'analyse des
urines
:Caractères généraux.
Volume des24 heures
850 cc.
Densité à -f-15°
1.016.
Réaction
Acide.
Couleur
Jaune foncé.
Odeur
Normale.
Aspect
Transparent.
Sédiment
Faible.
Eléments normaux.
Urée, 16gr.
70
parlitre 11 gr. 19 en 24 heures.
Acidephosphor.,
1
gr.26
parlit. 1 gr. 07 —
Chlor.desodium,8gr.
30
p.lit. ?
gr.05
—Eléments anormaux.
Albumine Glycose..
Pigments biliaires
Traces trèsfaibles.
Néant.
Néant.
Examenmicroscopique du sédiment. — Leucocytes. Cellules pavi-
menteuses.
Diabète sucré : 17 gr. 36 de sucre. Disparition complète, rapide
Homme de soixante-dix ans, sans profession. Entré à l'hôpital le 22 juin 1899. Salle 13, lit 12. Le malade nesait rien de l'histoire patholo¬
gique de ses ascendants. Ilappartient à unefamille de vingt-unenfants
surlesquels il ne peut nous donner aucun renseignement.
Antécédentspersonnels. — Notre maladeest né à Barcelone et y a vécu dans une certaine aisance durant la plus grande partie de sa vie.
C'esten 1870 que traqué comme carliste, il s'est réfugié àBordeaux
où il a vécu depuis cette époque sans exercer de profession. Il nie
tout antécédent pathologique antérieur à ces deux dernières années : ni arthritisme, nipaludisme, ni affections du foie, nimaladiesvénériennes.
Il n'ajamais été obèse, il dit avoir été généralement sobre, mais il fume beaucoup.
Histoire de la maladie. — Le début de sa maladie paraît remonter
à un anet demi environ. Il eut un grosfuroncle à la fesse qui dura trois
ouquatresemaines, furoncle guérissant sanss'accompagner d'une nou¬
velleéruption, lorsque survinrent des vapeurs, une pénible sensation de chaleursuivie de sueurs abondantes, de la sécheresse de la bouche,une soifintense, accompagnée de polyurie, du prurit anal, un certain degré debalanite, un malaise général, de l'affaiblissement de la vue.
Ilneparaît pas y avoir de polyphagie. Son poidsn'a pasvarié.
Cet étatde choses a persisté sans beaucoup de variantes jusqu'à ce
que, effrayé par la ténacité de ces symptômes que ne combattait
aucune thérapeutique intelligente, un médecin n'ayant jamais été consulté, le malade s'estdécidé à venir à l'hôpital.
Observation II
(Personnelle).
(Service deM.le professeur agrégé Rondot.)
et persistante.
- 29 —
Etatactuel
(22 juin 1899). —Au point de vue des signes fonctionnels,
nous n'avons àajouter
à
ceux que nousavons énumérés déjà qu'un peu
deconstipation
et d'anorexie.
Examenphysique. —
On
setrouve en présence d'un homme de taille
moyenne,
dont la
peauest souple, non sèche, avec une couche adipeuse
d'une épaisseur assez
notable, surtout au tronc. Ce qui frappe le plus
quand
ondécouvre le malade, c'est l'état des seins et des mamelons qui
sontrelativement
volumineux. Ceux-ci émergent du milieu d'une aréole
large,
constituée
parla réunion d'une multitude de tubercules, le tout
trèsfortement
pigmenté de brun. Sur la région pubienne et à la partie
antérieure et internedes
cuisses,
onvoit une desquamation à larges pel¬
liculeslaissantsous
elles
une peaujeune et rosée.
La
partie supérieure du gland est un peu rouge et irritée.
Le
prurit autour de l'anus n'est accompagné d'aucune éruption en cette
région.
Langue
blanchâtre,
assezsèche. Nombreuses dents absentes ; elles sont
tombées, ily a
quelque temps, sans douleurs et sans que le malade s'en
aperçût.
Actuellement pas de gingivite.
Rien à signaler
du côté de l'abdomen. Le foie va du 5e espace
intercostal droit
jusqu'au bord des fausses côtes, qu'il ne dépasse pas. On
netrouve pas la rate.
Bruitsducœur un peu
sourds. Retentissement du deuxième bruit pul¬
monaire.
• L'examen de
l'appareil respiratoire ne révèle que des râles de conges¬
tion àla base
gauche.
La sensibilité
parait normale et les réflexes rotuliens un peu diminués.
Le traitementpar
les lavements de suc hépatique est institué.
Poids : 09kilogrammes.
On faitl'analyse
des urines
:Caractères généraux.
Volumedes 24 heures
1 lit. 400.
Densitéà-(-15»
1,018.
Réaction
Acide.
Couleur
Jaune.
Odeur
Normale.
Aspect
Louche.
Sédiment